que no salga la luna.

traits de caractère / le silence est son mot d'ordre, observateur compétent se noyant dans les idées noires et les rêveries de ses meurtres passés. se prétend calme sous les regards curieux, s'enflammant pourtant en interne pour une simple éraflure sur sa bagnole. froid, distant pour que ses émotions demeurent secrètes. personne ne devrait entendre ce qui bat au plus profond de son être: la haine et la douleur qui frappent et frappent encore plus fort quand il se souvient qu'aujourd'hui elle aurait dû avoir douze ans. fervent croyant au cœur lourd qui porte sa pénitence comme une couronne, il ne se fait pas d'illusion et est déjà prêt à accueillir l'enfer à bras ouvert. il ne sait vivre que dans ses souvenirs, ne sourit que dans ses rêves, tient debout parce que son corps survit, quand lui, se sent déjà mort depuis bientôt une décennie. l'instinct de protection exacerbé, nando survit à chacune de ses journées en adoptant le comportement des prédateurs, réfléchit et pense comme eux, les terrasse avant même de se laisser mordre.  

voice message from vitoria, 4.02.2013, 10:05pm
qu'est-ce que t'as fais nando ? qu'est-ce que t'as fait ?! ils ont saccagé la barraque, ils m'ont braqué un flingue sur la tempe, ils l'ont prise, elle, en gage de ta bonne conduite. (un cri de rage, des larmes, trop de larmes.) j'veux revoir ma fille nando, j'veux que tu me la ramènes, tout de suite. (silence) j'suis sûre qu'ils t'ont déjà tué.

text message from vitoria, 12.02.2013, 12:09pm
je ne veux pas de toi à l'enterrement.
text message from nando,
elle était aussi ma fille.
text message from vitoria,
elle ne l'a plus été dès le jour où tu as cessé de la protéger.

le temps s'arrête et l'esprit se meurt.
sur ses mains coule le sang de l'innocence.
ça aurait dû être lui. sa vie pour la sienne.
ce soir là, c'est son âme qu'ils ont arraché lorsqu'il a découvert le corps sans vie de la môme dans le coffre de la mustang.

voice message from nando to vitoria, 09.10.2019, 12:05pm
je les signerai pas tes putains de papiers. tu peux me les envoyer en cent cinquante exemplaires, je les foutrai tous au feu. está claro?! j'suis épuisé de devoir sans cesse me battre contre toi en plus du reste. j'bosse plus pour eux, j'bosserai plus jamais pour eux. j'crois que j'ai droit à une deuxième chance, non ? (silence) j'espère que tu vas bien et que tu reçois bien mon virement toutes les semaines ... te echo de menos, corazón.



- t'as tué beaucoup de types ?
- j'sais pas, c'est quoi "beaucoup" ? nando se frotte la barbe, le corps droit, aux aguets.
- genre, une dizaine ?
- on va dire ça alors, quelques dizaines. ses dents grincent, il fouille dans la poche de sa veste taillée sur mesure, en sort une paquet de clope, il en coince une entre ses incisives sans en proposer à son nouveau partenaire. un ancien militaire, ou un ancien flic, il se rappelle plus.
- ça fait quoi ? ... de, enfin, t'as pigé.
- c'est pire que tout. ça te détruit au plus profond. le gars ricane et nando fronce le nez en le regardant.
- j'fais ce boulot pour ça justement, pour l'adrénaline, pour en voir un tomber raide mort sur le sol.
- l'seul qui risque de clamser, c'toi. tu fais pas ça pour en tuer quelques uns, tu dois faire ça en sachant qu'à tout moment, tu vas crever pour elle. il peste, tirant sur sa cigarette en donnant un coup de menton vers la veuve Rhodes qui revient de son rendez-vous, ses yeux clairs cachés derrière de gigantesques lunettes de soleil. tu crois qu'on est si bien payé sans raison ? ils savent qu'on profitera jamais de cet argent. il grimace avant de jeter d'une pichenette le mégot à même le sol, d'un mouvement d'épaule il dégage le nouveau qui a la tremblote, il ouvre la portière avant même qu'elle n'ait le temps de penser à le faire. d'un regard par dessus ses gucci il sait déjà où ils doivent se rendre. le coiffeur sur la cinquante deuxième. qu'il hèle au blond.
- t'es sûr ?
- conduit, c'est tout. qu'il crache en s'asseyant sur le siège passager, le plat de sa main contre sa cuisse, il jette un coup d'oeil sur la banquette arrière grâce au rétroviseur, écoute d'une oreille distraite la conversation téléphonique.