i became insane, with long intervals of horrible sanity (ostara).

traits de caractère /



de ses prunelles aux allures d’immensité azures, se reflètent ce lugubre chemin. amante de l’étrange et de ces tréfonds sinistres, ses lèvres s'étirent en symbole de perfidie. trésor de ces Enfers dans lesquelles elle vit depuis sa plus tendre enfance, la lumière en ennemi, tel Lucifer, elle se nourrit de ces âmes qu’elle empoche à chaque nouveau pacte. tentatrice du pêché et adoratrice du Mal, elle se dit sorcière. St-Clair, plus précisément. l’ombre de ce coven au dessus d’elle, régnant dans ses entrailles depuis tant d’années. c’est à croire que la calamité ne peut s’empêcher de la suivre ; elle hait, s’amuse de ces malheurs quotidiens et pourtant, derrière tous ces sorts et ces formules qu’elle prononce avec assiduité, ce sont des souvenirs enfouis qui ne cessent de l’emporter. abandonnée à cette famille élimée à la violence, elle n’a que de choix de s’accommoder en faisant poursuivre ces traditions sanglantes. alors elle manipule, de cette gueule tout droit sortie d’un poème de Poe, elle se joue. de ce désir qu’elle leur fait accroître, elle les brise. l’orgueil à son paroxysme, elle ne jouit que sa réussite et de ces vengeances qu’elle fait perdurer, de cette noirceur qu’elle ne semble pas pouvoir refuser. et pourtant, de sa solitude naît cette amertume incomprise. amoureuse meurtrie d’une réalité qui semble lui échapper, d’un bonheur qui semble s’éloigner à mesure des pas accomplis mais la nostalgie ne fait pour autant partie d’elle. sentiment qui lui évoque la faiblesse, elle n’est faite que pour la détresse. sorcière des tréfonds qui se doit de respecter les règles de son clan. prisonnière de ce macabre destin dont elle semble pourtant être maitresse.

from childhood's hour I have not been
as others were; I have not seen
as others saw; I could not bring
my passions from a common spring
from the same source I have not taken
my sorrow; I could not awaken
my heart to joy at the same tone;
and all I loved I loved alone.

à l’aube d’une jeunesse terrifiante, les interrogations deviennent alors des faiblesses. en devenant le centre de son monde, la violence est d’abord apparue comme une simple banalité à travers cette vie qu’elle ne connaissait pas encore. rêvant d’une normalité affolante, d’une famille au bord de l’ennui et de problèmes insignifiants, c’est pourtant la démence qui a su prendre le dessus. emportée dans ce tourbillon cauchemardesque, son innocence à peine effleurée, s’est transformée en nocivité dont elle ne se serait alors jamais cru capable.

dans ses bras, le réconfort retrouvé,
lumière absolue dans son monde d’obscurité,
il était l’innocence pure de cet amour immaculé.

ils étaient jeunes. bien trop jeunes pour vivre tout ça. bien trop jeunes pour voir la mort défiler devant leurs yeux et pourtant, ils ne purent y échapper. en se croyant invincible, on aspire à une vie qui nous semble meilleure, à un destin alors inconnu mais dans lequel on rêve de se jeter. et ils y ont cru. fort. très fort. dans cette Cadillac défilant au milieu de la nuit, ils y virent la liberté, la seule percée de jour possible. en laissant le cavent derrière elle, elle laissa alors toute cette violence dont elle avait été victime mais surtout témoin. elle laissa les siens, seul poison de son existence. et elle pria. toutes les nuits implorant leurs noms pour qu’ils ne puissent les retrouver un jour.

mais ça ne dura pas bien longtemps.

en digne tortionnaires qu'ils étaient, les St-Clair ne les laissèrent jamais. pour eux, il n’était pas question de laisser l’une d’entre eux s’échapper, lui laissant alors une option secondaire d’une vie moins sanglante. il n'en était pas question et elle savait qu’il ne s'agissait alors que d'un cours instant. celui qu’elle avait pour habitude d’appeler Amour fut prisonnier de leur emprise, sa peau halée se transformant alors en ecchymoses, ses lèvres craquelants sous les phalanges du bourreau et leurs coeurs, battants à l’unisson, se brisant sous les coups sanglants. la nuit fut ravagée de ses cris, les implorant de le laisser en vie, implorant pour sa propre vie mais c’est comme si personne ne semblait l’entendre. comme si, dans cette vision d’horreur, son corps se séparait de son esprit, complètement impuissante quant à son sort. et elle les aurait suivi à l'autre bout de la Terre pour lui laisser la vie sauve. mais au lieu de leur donner son corps, elle leur donna son âme. et tout ce qu'elle sut, c’est que cette échange avait de drôles ressemblances avec un pacte fait au Diable.
et en faisant ce pacte, elle l’abandonna, lui laissant une vie sans elle, une vie dans laquelle elle lui promit de ne plus jamais revenir, de ne plus jamais le remettre en danger. et c’est ce qu'elle fit, en s'en aller avec les siens pour retrouver cette demeure aux murs encrés de secrets et au goût acerbe d’impétuosité. mais ce qu’elle ignorait encore, c’est qu’en l’abandonnant ainsi à son sort, elle devrait laisser une énième partie de lui se mourir.

un enfant.

le ventre arrondit, symbole d’un grossesse déjà quelque peu avancée ne fit en rien l’unanimité chez les St-Clair. et surtout pas, lorsqu’on apprit qu'il s’agissait d’un garçon. toute cette histoire n’aurait pu être pire qu’avec l’annonce d’un garçon. la réputation des St-Clair la précédait déjà et elle savait parfaitement le sort qu’on réservait à ces mâles encore innocents, à ces enfants qui ne verraient jamais le jour. elle le savait et même si elle aurait souhaité mourir plutôt que d’abandonner la seule chose qui lui rappelait son Amour, on l’en empêcha. et encore une fois, le sang coula et elle lutta. de toutes ses forces, de tout son coeur mais cet avortement forcé fut sa punition pour sa fuite. un acte qui aurait pu rivaliser avec ces tortures qu’on infligeait au Moyen-Age. une barbarie qu’on lui imposa, lui brisant cet avenir qu’elle aurait tant voulu se construire.  

et le cauchemar ne fit qu’empirer, trouvant son chemin parmi les nuits pour devenir que plus réel lorsque le jour se levait. enfermée, apeurée et annihilée, elle l’était.

« tout ça est entièrement sa faute. »
« ce démon a voulu t’enlever à nous. »

les mots s’écrasant sur sa peau, les reproches faisant leur route jusqu’à son esprit embaumé, jusqu’à cette raison qu’ils venaient d’aspirer. et la haine s’immisça un peu plus en elle, les mots du clan trouvant toujours une raison pour la violence dont elle avait victime. les hommes. Amour. tout ça n’était que de leurs fautes. démons envoyés sur Terre pour les détourner de leur chemin. les St-Clair en perpétuelle course à la mise en garde contre ces monstres qui n’appelaient qu’aux pêchés. les hommes. simples objets qu’elle prit fin goût à torturer et à effrayer comme elle l’avait été. leur promettant des vies sans plaisir et sans jouissance, elle était devenue leur propre Enfer sur Terre. impitoyable et haineuse. son innocence s’évaporant d’elle à mesure que son esprit buvait leurs paroles venimeuses. la blanche colombe se transformant en ce corbeau perfide.

et puis, de cette noirceur grandissante, vint ce destin macabre et funeste qu’elle avait tant redouté étant plus jeune. elle était devenue cette ombre flottante qu’elle avait tant voulu échapper, qu’elle avait tant souhaité faire disparaitre pour ne plus avoir à faire à ce coven qui ne cherchait que le malheur. elle devint cette femme froide, narquoise que tout le monde redoutait et que personne n’ignorait. sorcière flamboyante aux croyances mortuaires. de ses sorts, elle se servait pour parvenir à ses fins. mais de ceux-là se confondait son talent de manipulatrice. on aurait pu la confondre avec ces personnages mystiques des romans gothiques. à la fois mystérieuse et effrayante, la peur pour meilleure amie et la violence comme amant. c’est ainsi qu’elle décida de rejoindre le presbytère. là, aux côtés de celle qu’elle considérait comme une soeur, elle en oublia presque sa douleur, promettant alors de leur arracher leur âme une à une. de cette stérilité barbare, elle en tira son meilleur jeu ; promettant à ces enfants alors tout l’amour qu’il lui était impossible de léguer à un nouveau-né. mère des abimes, mère corbeau mais surtout, femme dédiée à ces ténèbres qui ne cesseront jamais de graviter autour d’elle.