I dreamed I was free. (Jez)

traits de caractère / L'aventure au bout des ongles, tu trépignes d'une impatience qui grandit à mesure que tu te languis de ces chaînes qui t'enchaînent. Le monde que tu observes de ta cage dorée te donne envie de t'échapper loin de ces murs qui t'emprisonnent. Tu rêves de découvrir ce que c'est que de vivre. Tu interprètes le rôle qu'on a écrit à ta place. Un personnage que tu magnifies mais qui ne te ressemble pas. Une pâle copie d'une autre que toi. Cette coquille vide, insipide qui apparaît quelques fois ici et là, avec ce regard éteint mais un sourire étincelant d'une futilité écœurante. Un cliché ambulant qui n'a de similarités que ton visage que tu lui as prêté. Le paraître avant l'être ou la définition même de superficiel. Et t'envies presque cette contrefaçon, elle qui arrive à attirer leur attention. Elle qui correspond à leur fille idéale. Une version aseptisée à leur image. Tu ne t'es jamais retrouvée dans cet univers guindé, loin de la vie réelle qui t'appelle. Alors Jez, t'es à deux doigts de mettre Jezabel au placard. Tu serais prête à lever l'indifférence qui te caractérise en leur présence, leur montrer que t'es pas qu'un simple pantin bon à exécuter ce qu'on lui ordonne. Que t'es pas qu'une putain de poupée docile. T'as la rage au ventre et la colère qui fait bouillir ton sang. Une fureur qui se fait plus bruyante à mesure que le temps passe et que s'égrène ton existence. Tu brûles de reprendre en main ton destin. Et pourtant, tu restes muette face à cette injustice qui te consume toute entière. Comme si leur emprise imperceptible parvenait à te leurrer suffisamment pour endormir ton esprit de rébellion grandissant. L'âme en peine, tu déambules dans cette demeure bien trop grande, te rappelant ta propre solitude. Tout cet amour enfermé à double tour dans le creux de ta poitrine, cette passion que tu réserves à qui saura la mériter. Parce que Jez, tu t'accroches pas à n'importe qui. Ta loyauté est sans borne mais tu te méfies. Les cicatrices d'une enfance chaotique n'ont laissé qu'un cœur sur le qui-vive.

« T'es au moment d'ta vie où tu peux devenir c'que tu veux. »




Passée de main en main, des visages inconnus qui n'arrivent pas à calmer ta détresse. Des pleurs qui résonnent dans cette grande bâtisse qui deviendra, par la suite, ta forteresse (désenchantée). Il est difficile de quémander de l'attention à des parents démissionnaires. Après tout, tu n'es que leur héritière. Un boulet qu'ils ne peuvent se permettre de traîner lors de leurs nombreux voyages aux quatre coins du globe. Tu grandis parmi des étrangers qui partent alors que vous vous apprivoisez tout juste. Et lorsque tes géniteurs daignent, enfin, s'occuper un minimum de leur progéniture, c'est uniquement pour apparaître dans les magazines comme la famille parfaitement unie que vous n'êtes pas et que vous ne serez jamais. Tu t'es longtemps accroché à l'espoir que cette fausse réalité puisse se transformer en votre quotidien. Une illusion d'enfant en mal d'amour, refusant d'accepter l'évidence de parents défectueux manquant à tous leurs devoirs. Sans aucune once de compassion ni de regrets pour toutes ces maltraitances à répétitions. Tu n'es, finalement, que le successeur de cet empire à succès. Un contrat passé bien avant ta naissance que tu te dois d'honorer. Des attentes hors normes pour le p'tit bout de chou que tu es.




Fais comme ci. Fais comme ça. Mets-toi ici. Dis ça. Souris. Montre leur à quel point la famille McKinney est une réussite du début jusqu'à la fin. Ce cirque s'intensifie à mesure que tu grandis. La presse raffole de ta bouille d'ange et en redemande. Tes parents surfent sur ta popularité grandissante sans manquer de faire de la publicité à leur empire financier. Tu es devenue l'image de leur entreprise. Adulée ou détestée par la population qui ne se soucie guère de ton âge et de tes états d'âmes. 10 ans et déjà sur-médiatisée, pourtant tenue à l'écart du monde. Tu vis dans un cocon aseptisé, réduit au simple rôle de Jezabel McKinney, la petite héritière qui pèse des millions. Tu assistes à ses soirées mondaines où les riches restent entre riches. Un cercle prisé, très fermé qui te paraît ennuyeux à souhait mais tu fais bonne figure. Tu n'as pas le choix de toute façon d'être là. Tu évolues au bon vouloir de tes géniteurs lorsqu'ils sont dans les parages. Le reste du temps, t'es souvent livrée à toi-même. Alors t'imagines l'extérieur, tu rêves ta vie en couleur. Une Raiponce des temps modernes.




Tu commences à te lasser de cette maison prison, de ces fausses relations sans profondeur. Un monde étriqué qui t'étouffe et accentue ce mal-être qui t'habite depuis toute petite. En perte de repères, tu cherches un point d'ancrage. Quelque chose à quoi te raccrocher pour ne pas complètement t'oublier. Tu n'es pas à ta place ici et les années défilant ne font qu'attester de cet écrasant constat. Besoin de renouveau. Une envie de t'évader, d'enlever définitivement ce costume qui irrite ta peau. Solitude qui te pèse un peu plus chaque jour. Et quand la noirceur gagne ton cœur, tu te surprends à désirer ardemment cesser d'exister. Ce ne sont, pourtant, que des idées noires. T'es pas capable de passer à l'acte. T'es anéantie, pas complètement désespérée. Juste en mal de liberté. Et puis, un beau matin, il a débarqué. Ce visage familier que tu as déjà croisé de loin. Une nouveauté tant convoitée que tu peines à réaliser qu'il est bien là. Cet inconnu connu qui, par sa simple présence, vient de chambouler toute ton existence. Prudente, tu gardes tes distances. Pour peu qu'il disparaisse comme tous les autres. Son regard qu'il pose sur toi, déclenche -néanmoins- nombre de réactions incontrôlées qui ébranlent tout ton être. Pas habituée à être désirée, une sensation agréable à laquelle tu pourrais peut-être succomber si il est assez patient pour réussir à te faire baisser ta garde.