la nuit je mens. (peyton)

☆ ☆ ☆
{ la nuit je mens }
crédit/ tumblr ☆ w/@Peyton Cooper 

Chaos de l’esprit,
le vacarme infini,
l’idée mûrit dans son esprit,
alors qu’avance la nuit.
Car elle a passé encore beaucoup trop d’heures à apporter son appui, offrir son oreille la plus attentive, être présente pour sa fille. Trop de soirées qu’elle essaie de lui faire retrouver le sourire. La peine qu’elle veut évacuer de son minois, celle qui lui fait oublier ses propres émois. Elle va mal, Arya. Elle va mal, et même toi, sa mère, tu ne peux rien faire. Même toi, tu te sens impuissante face à sa détresse. Ton sentiment d’être inutile qui se transforme en colère, au fil de la nuit, elle te submerge. Elle en veut à cette femme, cette femme aux quarante années bien essoufflées, d’avoir pensé à son propre bien-être, jusqu’à briser celui d’une gamine beaucoup trop jeune. Elle en veut à Quinn mais, aussi, à son amie. À Isabella, qui savait tout, mais qui n’a jamais rien dit. Puis, au gré des rouages torturés de son esprit tourmenté, la mère impuissante commence à penser à elle, la sœur cadette. Elle était présente au réveillon de Noël, au même titre que Quinn. Elle était là, aux côtés de sa frangine, elle aussi. Et tu commences à te demander ; si elle, elle savait. Si elle, elle a pu ta cacher une chose pareille tout en se liant d’amitié. Tu en veux aux autres mais c’est sûrement pire avec elle ; pire parce que tu as confiance en elle ; pire parce que tu l’aimes, elle. À force de se tourner et se retourner dans son lit, Cassey finit par se lever. Elle pourrait attendre le lendemain matin ; elle pourrait attendre que l’heure soit décente avant de se lancer dans sa quête d’une vérité qui sera, assurément, douloureuse à écouter. Mais la patience n’a jamais été son fort. Elle a besoin d’en avoir la certitude, besoin d’effacer tous ses doutes. Alors elle enfile ses vêtements en silence pour quitter l’appartement. Peyton n’habite pas bien loin, leurs quartiers se rejoignent. Elle connaît déjà par cœur le code d’accès à l’immeuble aussi, signe de l’amitié qui s’est si vite nouée entre les deux oiseaux libres. C’est devant la porte de l’appartement qu’elle s’arrête, un bref instant, juste le temps de retrouver une pensée cohérente. Mais c’est la tristesse dans les prunelles de ta fille qui te fait agir. Pour elle, Cassey, t’es sans limites. Elle tape à la porte enfin, sans songer au fait qu’elle pourrait réveiller la créatrice ; ou même la sœur aînée de celle-ci. Elle se fiche de tout, à cette seconde, elle tente seulement de se concentrer sur le fait qu’elle ne doit pas tirer de conclusions hâtives trop vite. Quand la porte de bois s’entrouvre, laissant apparaître le minois de Peyton, l’astre solaire, qui risque vite de devenir incendiaire, prend déjà la parole, un peu déroutée ; un peu chamboulée. « Salut Peyton… je suis désolée de te déranger à cette heure-là. » Mais il y a quelque chose qu’elle veut savoir, quelque chose qu’elle doit savoir.
Et t’as peur, Cassey,
t’as peur des réponses à tes questions,
t’as peur de la déception,
peur de sa trahison.

☆ ☆ ☆
{ la nuit je mens }
crédit/ tumblr ☆ w/@Peyton Cooper 

Toutes les deux, elles se sont si vite liées d’amitié. Comme un réflexe, un instinct, une évidence qui les a frappées. Au beau milieu d’un séjour familial, parmi tous les autres, elle était là, son coup de foudre amical. Elle la connaissait depuis quelques minutes à peine, Peyton, qu’elle avait la sensation de la connaître d’une autre vie. Comme si, dans un univers parallèle, elle était déjà sa meilleure amie. Rencontre solaire, rencontre sincère, elle respirait l’authenticité, tout autant qu’elle. C’est sûrement pour cette raison qu’elle a mis tant de temps à songer à ce qui aurait dû être une évidence. Le fait que son amie puisse connaître depuis le début la vérité qui a chamboulé l’existence tout entière de sa fille. Tu ne pourrais pas, Cassey. Tu ne pourrais pas accepter l’éventualité qu’elle savait, depuis tout ce temps, qu’elle te l’avait caché. C’est comme un mauvais rêve dont tu veux vite te réveiller ; et la réalité que tu veux retrouver. Alors elle n’a pas attendu, elle a déboulé, aussi rapidement qu’elle l’a pu. Et qu’elle se retrouve à entrer dans la demeure de sa jumelle brune. Ses excuses sont sincères, d’autant plus si Peyton lui apprend qu’elle n’en savait rien. La princesse s’en voudra, assurément, mais elle évitera au moins de se torturer comme elle l’a fait une bonne partie de la soirée. « Merci Peyton, c’est gentil… » elle laisse échapper, la voix déboussolée. Elle est déstabilisée, Cassey, elle a du mal à retrouver le fil de ses pensées. Elle ne sait pas comment elle va confier à son amie tout ce qui lui ronge l’esprit. Alors elle fait ce qu’elle sait encore faire de mieux, elle improvise. « Non, je… en fait, j’ai besoin absolument de te poser une question et que tu me répondes. Tu trouveras peut-être ça stupide ou ridicule, mais ça me prend la tête depuis tout à l’heure alors… il faut que je te demande. » Elle veut lui demander et, juste, oublier. Oublier les songes qu’elle a eus. Oublier l’éventualité que sa meilleure amie ait pu lui cacher une chose aussi importante pour sa fille. Une inspiration qu’elle prend, avant qu’enfin, elle n’entame. « Est-ce que tu savais que Quinn était mariée ? » et la question tombe dans le silence de la nuit,
laissant se diffuser les premières effluves d’une amitié trahie.

☆ ☆ ☆
{ la nuit je mens }
crédit/ tumblr ☆ w/@Peyton Cooper 

Deux astres qui se sont trouvés,
deux lumières qui ont coïncidé,
deux étoiles qui se sont entremêlées.

C’est ce qu’elles sont, depuis qu’elles se sont rencontrées, ce qu’elles donnent l’impression d’être depuis une éternité. Peyton et Cassey, elles sont comme les deux faces d’une même pièce. Sa vie, elle ne l’imagine plus, Cassey, sans sa siamoise brune. Coup de foudre amical de deux âmes similaires, deux âmes qui se rejoignent si bien. C’est ce qu’elle pensait tout du moins. Elle l’a pensé fort, si fort que son esprit a, comme, occulté le lien d’amitié entre la sœur de Peyton et celle qui a brisé le cœur de sa fille. Elle l’a pensé si fort, qu’elle ne pouvait pas la trahir. Qu’elle n’aurait pas pu lui taire une information aussi vitale sur Quinn. Elle l’a pensé si fort que, quand elle entend l’oiseau libre avouer que oui, elle savait, elle a la sensation de l’avoir rêvé.

Non, tu ne peux pas croire qu’elle le savait,
qu’elle était au courant d’un tel secret,
mais qu’elle a refusé de lui parler.

Tu ne peux pas croire qu’elle le savait,
car tu crois en sa sincérité, en sa loyauté,
car que cela signifierait-il pour votre amitié ?

Cassey, elle a toujours cru qu’elles étaient les mêmes, toutes les deux. D’une authenticité à toute épreuve, loin des faux-semblants, loin des trahisons. Sûrement pas aussi importante que sa famille, certes, la blonde met pourtant sur un piédestal toutes ses amies. Surtout elle. Surtout Peyton. Surtout celle qu’elle a vu, depuis le début, comme une âme sœur à la sienne. « Tu le savais… » elle murmure en se détournant d’elle, comme pour encaisser la nouvelle. Encore calme, le tempérament de feu de l’impulsive n’est pourtant pas loin. Il risque d’arriver bien vite si son interlocutrice continue sur une telle lancée. Les mots qui suivent, ils suffisent, à la sortir soudain de sa léthargie. « Tu n’y as jamais repensé ? Et chaque fois que je t’ai parlé d’Arya, ça ne t’a pas traversé l’esprit de me dire que sa copine était MARIÉE ?! » et déjà, elle sent le feu bouillonner dans ses veines. Extrême, Cassey, plus encore quand il s’agit de sa propre chaire. De son bébé, sa fille, en détresse. Toucher Arya, c’est bien la chose la plus impardonnable. « Je te parle de ma fille sans cesse, ma fille qui a le cœur brisé parce qu’elle a appris soudainement de la pire des manières que cette femme est mariée ! » et elle, elle aurait pu l’éviter. Elle, elle aurait pu penser à une gamine qui aurait nécessairement le cœur brisé, plutôt qu’à cette femme qu’elle ne connaît pas beaucoup. Elle, plutôt qu’Arya. Elle, plutôt que Cassey, par extension, celle qu’elle qualifie de meilleure amie.