Chiara ☽ brûler nos âmes.

Toute cette émotion fait que je sombre depuis quelques mois. Tellement sombre que mon ombre est plus claire que moi. Quand le jour s'est levé, tu m'as demandé des news et quand la lune s'est levée j'ai downloadé tes nudes.
(nekfeu - énergie sombre)

C’est comme si rien n’avait jamais eu de sens, jusqu'ici. Tous ces vides, tous ces silences stridents. Toutes ces fois où tu ne t’es pas sentie à ta place, pas complètement là, pas complètement toi. Tous ces moments de doutes, d’incompréhension, d’incertitudes grandissantes. Toutes ces fois où les accords sonnaient faux, où la mélodie n’était pas tienne, où elle ne savait pas te faire danser comme eux. Toutes tes peurs et tes insécurités, toute cette pression comme un poids lourd sur tes épaules d’adolescente en quête d’identité, d’émotions, de frissons. Rien n’a jamais fait sens. Absolument rien de tout ce que tu nourrissais à l’intérieur de toi, de tout ce qui t’a toujours hanté profondément. Rien, jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui les silences font du sens, ils font du bruit. Les insécurités de ton âme et cette sensation de n’avoir jamais été et de n’être jamais réellement à ta place ; tout devient limpide. Clair comme de l’eau de roche et en même temps si confus, étrange. Papa et maman ont posés les mots sur cette douleur silencieuse qui te ronge le cœur depuis ton plus jeune âge. Tu as été adopté, Chiara. Petite poupée dont ils ne voulaient pas, tes géniteurs. Petit être sans défense, qui n’avait rien demandé et qu’on a abandonné sans rien lui laisser. Pas même un nom. Maman a déposé les mots avec douceur, consciente des maux ancrés en toi. Elle a toujours été comme ça, très attentive, agréable et souriante. Le véritable soleil de la maison. Papa a toujours été plus dur, plus difficile à cerner, moins démonstratif. Voir des perles d’eau salées rouler sur ses joues à l’annonce de la vérité qu’ils t’avaient si longtemps caché te soulève le cœur. Tout est embrumé et tu ne sais pas ce que tu ressens face à ça. Le tourbillon de tes émotions en oppositions t’emporte, t’envole violemment. Tout implose en toi. Ton cœur, ton âme. Tes pensées se mélangent. Plus rien n’a de sens. Mais tout en a tellement, du sens, au final. Ils sont là, face à toi. La main de maman serre la tienne très fort, comme si tu allais t’envoler, disparaître, l’abandonner là. Pourtant, tu te sens seul. Comme s’il n’y avait plus rien autour de toi, simplement un vide et un silence interminable. L’immensité de cette réalité te fait peur. Elle te terrorise, même. C’est comme si tu n’avais plus que toi-même. Le problème étant que tu ne sais même plus qui tu es, au final. Tout ce que tu prenais pour vrai, que tu considérais comme acquis, comme des parties de toi, ne sont que des mensonges. Jeune femme bancale construite sur un mirage. Pourtant l’amour était là. Alors que faire ? Que dire ? Que ressentir ? Tu n’en sais rien. Tout ce que tu sais, c’est que tu ne te sens pas apte à sécher leurs larmes, à les rassurer. Pas maintenant.  

☾ ☾ ☾ ☾

Ton téléphone sonne. Le prénom de Mia illumine l’écran, encore. Tu l’ignores depuis des jours. Depuis que tu ne sais plus qui tu es. Depuis que tu ne sais plus si tout ce que vous avez construit est vrai. Si tu n’es pas toi-même, l’aimes-tu vraiment ? Et elle, aime-t-elle l’image qu’elle a de toi ? Si tu lui disais ce qui te ronge depuis des mois, les choses seraient-elles différentes ? Ton psychisme est surchargé de questions dans les airs, qui ne trouveront jamais de réponses. Tu le sais, parce que tu ne veux pas lui en parler, à Mia. Cette vérité, c’est un bout de toi, de ton histoire, que tu ne te sens pas prêt à partager avec elle. Pourquoi ? Tu n’en sais rien. Probablement parce que tu ne sais pas encore ce que tu vas en faire. Les chercher ? Probablement pas. Laisser mourir cette information ? Peut-être. Pourquoi pas, après tout ? S’ils n’ont pas voulu de toi, pourquoi devrais-tu vouloir d’eux ? Pourquoi maintenant, alors que tu as tout pour être heureuse, tu devrais remuer le passé ? Peut-être parce que tu n’es pas réellement heureuse, au fond. Peut-être. Les mois s’étiolent et le temps s’accélère mais rien ne change. C’est toujours là, dans un coin de ta tête. T’es plus capable de leur dire que tu les aimes, depuis que tu sais que tu ne descends pas d’eux, que la connexion n’est pas primaire. Tu as l’impression qu’on t’a volé quelque chose, qu’on t’a pris l’essence même de cette relation qui t’unis à eux. Eux, parce qu’ils ne sont plus papa et maman. Des mots que tu ne dis plus. Que tu ne sais pas si tu pourras un jour leur offrir encore. Une injustice dont tu as conscience pourtant. Parce qu’ils ont voulus de toi, eux. Tu as été leur petit miracle. L’enfant qui est venu amener de la joie dans un foyer triste de ne pas pouvoir être plus que deux. Ils ont rempli le rôle de parents, t’ont donné une éducation et ont tout fait pour toi. Poupée heureuse, tu n’as jamais manqué de rien. De rien, sauf de ton père parfois. Avocat occupé, aux ambitions reportées sur tes épaules ; c’est ça qui a rendu les choses compliquées entre vous. Il a toujours espéré que tu deviennes comme lui. La réalité en a décidé autrement. Les rapports de forces prennent finalement tout leur sens. Rien ne s’efface. Tu les aimes autant que tu leur en veux de t’avoir menti aussi longtemps.  

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Elle est toujours là, à côté de toi. Mia, son sourire n’a pas bougé. Il est toujours grand, toujours vrai, quand ses opales se posent sur ton visage. Elle a compris que tu n’allais pas bien Mia, mais elle ne dit rien. Le silence a toujours été une peur et un remède. Avec elle, il prend les deux sens en même temps. Tu as peur de vous laisser mourir dans ces silences vides d’âme que tu lui imposes. Tu as peur de la laisser se noyer dans ton océan, de la laisser dériver, dans l’espoir de pouvoir de nouveau accéder à ton cœur. Parce que même à elle, tu lui as fermé. Elle aurait tout compris si tu ne l’avais pas écarté, tu le sais. Elle le sait aussi. Ces derniers temps, elle se blottit contre toi et murmure à demi-mots ses angoisses. Et toi, tu l’écoutes. Tu l’écoutes, c’est tout. Parce qu’elle a raison, Mia. Tu n’es plus toi. Mais l’as-tu un jour été ? Et, si finalement, la véritable Chiara c’était ça ? Cette étendue de silence, de vide et de froid ? Tu te perds pour oublier. Tu laisses les substances douces t’emporter, te détendre, te dénaturer. Elle n’aime pas ça, Mia. Te voir te détruire lentement la blesse tous les jours un peu plus. Tu le sais mais tu n’es plus capable de faire autrement. Lui parler ? Impossible. L’abandonner ? Lui briser le cœur maintenant pour qu’elle ne souffre plus jamais à cause de toi ? Tu aimerais. Mais tu es trop lâche pour ça. Parce que la vérité c’est que tu t’accroches à elle, à vous, pour survivre dans ton immensité, dans ton océan. Mia, elle est ta bouée de sauvetage. Et tu t'accroches à elle comme si tu l'aimais toujours. Réalité égoïste. Elle ne mérite pas que tu écorches son essence en cherchant la tienne. En perdant la tienne.  

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Un jour, c’est arrivé.  
Malheur inévitable. Cœur qui implose au réveil. L’effluve de son corps, l’odeur de votre nuit, encore imprégné sur les draps de ton lit. Mais rien. Rien d’autre qu’un bout de papier. Elle ne disparaît jamais comme ça, Mia. Toujours collé à toi, comme ton ombre, quand tu ne la fuis pas. Le regard dans le vide, tu comprends le silence qu’elle t’a laissé. Il est bruyant, destructeur et effrayant. Trop lourd pour que tu l’acceptes. Mais tu n’as pas le choix. Elle ne te l’a pas laissé, comme tu ne lui laisses jamais. La douceur de son visage te manque. Le son de sa voix te manque. La mélodie de son rire te manque. Elle te manque. Elle et son amour. Elle et tout ce que tu l’as aimé. D'une force adolescente maladroite, souvent égoïste. Elle a tout emporté, Mia. Tout, sauf toi. Tu es portant la seule chose que tu aurais aimé qu’elle emporte. Toi. Comme pour survivre encore un peu. Comme pour rester accrochée à un bout de passé qui n'a plus réellement de sens. Tout est différent, maintenant. Tout sera toujours différent. Tu finis par te redresser pour lire l’écrit qu’elle t’a laissé. Ton cœur se brise, encore un peu plus. Il se brise, ou se libère. Tu ne sais pas réellement. Au fond, n'était-elle plus qu'une habitude ? A mesure que tu lis ses mots, tu comprends ses maux. Tu les partages. Plus tu lis, plus tu sens des morceaux de toi se détacher. Tout est en miette en toi. Tout, sauf le bout de ton âme qu’elle a emmené avec elle. Seul vestige de ce qui a été. De ce qui ne sera plus jamais.

Elle a brisé son cœur sur moi.
Brisé son cœur sur moi.
Y avait écrit blanc sur noir,
C'est fini entre toi et moi.
Elle a brisé son cœur sur moi.
Brisé son cœur sur moi.
C'est fini entre toi et moi,
Je m'en vais, je n'reviendrai pas.
Hier encore, j'avais les yeux posés sur ton visage.
Les yeux posés sur ton visage.
Hier encore, j'avais les yeux posés sur ton visage.
Les yeux posés sur ton visage.
(nekfeu - elle pleut)

Elle a disparu de ton monde, Mia. Physiquement, elle n’a plus jamais été là. Alors, tu l’as gardé près de toi, comme tu as pu, en écrivant ta peine et tes sentiments, tes regrets et tes espoirs. Mia, elle fait à jamais partie de toi. Elle est ta plus grande joie, ton plus beau souvenir et ton plus grand regret. Elle s’est libérée et tu n’as pu que l’accepter, que l’encourager, en ne lui courant plus après. En la laissant vivre.  

Comment on a pu en arriver là ?
Malgré une infinité d'trajectoires possibles,
Le destin a choisi d'nous mener à cet instant précis dans l'univers.
Qui aurait pu prévoir c'que le passé nous réservait ?
(nekfeu - alunisson)

Ecrire c'est ce qui m'a rendu ma liberté.

(nekfeu - écrire)

Le métronome ne s’arrête pas, pourtant tu te sens morte à l’intérieur. Plus rien ne vit, plus rien ne chante. Plus rien ne brille. Presque comme si tu avais perdu cette lueur au fond de tes yeux. A la recherche de toujours plus de latence, de mort lente, tu te perds dans les rues sombres de la ville. Les trésors qu’elles renferment, ces rues trop sombres, trop froides, t’aident depuis presque deux ans maintenant à tenir le coup. Ton addiction n’échappe à personne et papa ne l’accepte pas. Il pose des ultimatums tous les jours, comme si les choses allaient changer à grand coup de menaces. Toi, tu les laisses s’évaporer, tu le laisses hurler et tu laisses maman pleurer. Pourtant, tu essaies simplement de faire de ton mieux, en faisant tout ce qui te semble nécessaire pour t’aider à te sentir mieux. Rien ne change. Rien ne changera jamais. Tu penses juste moins. Tu maîtrises ton psychisme vacant le temps d’un moment. Ce sont ces moments qui te permettent d’écrire, de créer, d’exposer tes ecchymoses et de les comprendre, de les connaitre un peu plus. Mais cela ne semble pas avoir d’importances pour eux. Ta rancœur s’est nourrie de tous ces hurlements, de toutes ces larmes, de tous ces regards noirs. Parce que peu importe tes sentiments ; seule ta façon de les gérer compte. Du moins, c’est ce que tu ressens. Peut-être est-ce de ta faute. Peut-être que si tu ne t’évertuais pas à bâtir et renforcer tes murs, ta forteresse, l’écart entre eux et toi, tout serait plus simple. Le fait est que tu n’es plus capable de parler, plus capable de donner accès à ton âme. Du moins, pas comme ça. C’est la raison pour laquelle tu tiens tant à écrire, la raison pour laquelle tu as lâché tes études de lettres en cours de route. Jeune femmes aux capacités qui auraient pu lui permettre de briller, comme ils l’auraient voulu eux. Mais tu n’es pas ce qu’ils voudraient que tu sois. Tu ne le seras jamais. Peut-être est-il temps, autant pour eux que pour toi, de l’admettre.

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Tes affaires dans des valises devant la maison. Il t’avait prévenu pourtant. Tu dois bien admettre que tu n’imaginais pas être mise à la porte de la résidence familiale des Kostas. Pas comme ça, du moins. Tu as voulu jouer avec le feu et tu t’es brûlée. Mais qu’importe, au final. C’est comme la fin d’un contrat, le début d’une liberté. C’est comme si tu allais enfin pouvoir te trouver, sans ne plus avoir peur de blesser personne. Plus de chaînes, simplement toi et la liberté de te trouver. Tu traînes tes valises sur quelques mètres, sans trop savoir où aller mais sans avoir peur. La rancœur est nichée en toi mais, tu dois admettre que la nouvelle ne te rend pas réellement triste. Pas en surface du moins. Pourtant, au fond de ton âme, ça sonne comme un éternel recommencement. Comme un abandon, encore. D’abord celui de tes géniteurs puis celui de Mia et enfin le leur. Routine meurtrière qui blesse ton cœur en silence ; la fierté trop lourde pour l’admettre. Tu sors ton téléphone et pianotes dessus rapidement. D’ici demain tu auras très probablement trouvé un endroit où vivre ; jeune idiote aux relations nombreuses, te trouver une colocation ne sera pas compliqué. Le problème c’est cette nuit. Tu te mords les doigts d’avoir osé, de lui avoir envoyé un message à elle. A Mia. Tu sais qu’elle a fait sa vie depuis toi, depuis vous. Tu sais vaguement qu’elle a quelqu’un, qu’elle semble heureuse. Et, ça fait des mois que tu tentes de te persuader que c’est tant mieux, que c’est tout ce qui compte et que tu es heureux pour elle. Tu l’es, au fond. Simplement, tu vis toujours assez douloureusement le fait que ce ne soit plus avec toi. Tu finis par tourner dans les rues alentour, le cœur en suspens, pourtant persuadé qu’elle ne te répondra pas. Pourquoi le devrait-elle ? Ton soleil te manque, un peu tous les jours. Tout est de ta faute. Tout. Tu finis par perdre espoir quand ton téléphone se met à vibrer, presque deux heures plus tard.  

J'ai vraiment b'soin de me confier,
Mais c'est toi ma seule confidente,
Alors je sombre.
(nekfeu- énergie sombre)

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Les rayons du soleil filtrent au travers de la fenêtre et viennent te réveiller. Elle est là, à tes côtés Mia. Parce que hier soir vous vous êtes retrouvés. Vos lèvres se sont déposées les unes sur les autres, vos rires ont flotté dans les airs et vos corps se sont mélangés. L’odeur de sa peau n’a pas changé et la voir là te rend pleinement heureuse. Pourtant, tu sais cette parenthèse éphémère est malsaine. Elle n’est plus tienne. Et ça fait toujours aussi mal. A contre cœur tu te glisses hors du lit et enfiles tes vêtements, comme pour ne pas lui imposer de regrets en restant là. Mia, t’as la certitude de ne jamais te la sortir de la tête. Mia, elle est la moitié de toi. Mais elle n’est plus pour toi. Tu fouilles brièvement dans tes valises, voulant lui laisser, à ton tour, des vestiges de vous. Tes mots, tes maux.  

J'aime pas les chansons d'amour,
Mais celle-là elle est pour toi.
J'ai pas envie qu'on s'amoche,
Tellement jaloux, j'préférerais presque que tu sois moche.
Et les conseils que les gens m'donnent,
Je les écoute pas, je n'ai plus peur d'aller trop vite.
J'ai jamais été ce genre d'homme,
Tu m'taquineras si je chantonne.

T'es tellement belle quand on se clashe.
Je t'emmènerai un de ces quatre.
Dans le village de mon grand-père, là-haut c'est calme.
Tu seras belle comme les éclats de soleil dans les Cyclades.
On a les mêmes goûts musicaux,
Donc on récitera nos ssiques-cla,
En bicyclette sur piste cyclable
En se moquant de tous ces rappeurs recyclables.

On se voit, on s'en va, on s'envoie en l'air.
L'enfer à l'envers, j'ai la tête en l'air.
Y a les morts, y a le manque, y a les mots en l'air.
J'veux le bien pour les miens et les mains en l'air.
(nekfeu – chanson d’amour)

Toi aussi, tu auras finalement pu lui dire au revoir.