(tw) if i had a tumor, i’d name it marla

traits de caractère /


Marla... the little scratch on the roof of your mouth
that would heal if only you could stop tonguing it,
but you can't.
fight club //

marla est ce casse-tête chinois, niveau trois, qui se révèle être plus compliqué que l'on ne l'aurait pensé. on essaie d'en comprendre la logique mais rien n’y fait. même quand on croit y voir se dessiner enfin un dénouement - heureux -, tout s’écroule tel un château de carte aux fondations fragilisées. elle tangue entre lucidité ardente et désirs malsains recouverts de promesses énoncées sur le bout des langues. on lui a appris une chose à marla : de ne faire confiance à personne - même pas en elle-même. monstre d'égoïsme auquel il ne faut certainement pas se fier. elle n’a aucun principe, aucune morale hormis celui de sauver sa peau peu importe ce que cela lui en coûte. c'est qu'on ne lui a jamais appris c'que ça voulait vraiment dire aimer les autres. il y a la colère du paternel qui se fracasse contre les verres, qui renverse les meubles avant d'attérir sur les peaux fragiles. alors elle se bat, marla, pour ne pas se noyer, pour continuer à flotter. elle se débat, marla, comme elle le peut pour donner l’impression d’être aussi inébranlable que ses frères, aussi résistante qu'une roche face à l’érosion marine. elle n'est pas fiable. elle ne prend rien à coeur, peut-être parce qu'elle n'en a pas - c'est ce qu'elle aime faire croire. elle passe son temps à prétendre le contraire de ce qu’elle pense au point de semer le doute sur ses réelles intentions. elle a le sarcasme facile et le sourire difficile. elle vous fixe dans les yeux, pendant longtemps jusqu'à vous mettre mal à l'aise. ils finissent tous par détourner le regard de peur qu’elle abatte son courroux sur leurs deux joues, dans leurs genoux. elle déclenche des crispations involontaires dès qu'elle pénètre dans une pièce. sensation d'un vent à la froideur sibérienne. elle n'a pas l'air commode et pourtant les gens sont attirés vers elle comme des aimants. elle hérite du charisme des hommes fahrenheit. elle a du bagou, tant pis pour vous. soyez plus intelligent qu’elle. par pitié, ne la laissait pas vous manipuler et surtout ne tomber pas amoureux d’elle - vous perdriez votre âme et votre dignité. c’est qu’elle est brillante la gamine, un peu trop brillante d'ailleurs - à parier qu'elle aurait presque un quotient intellectuel supérieur à la moyenne. elle aurait pu faire de grandes choses si on lui avait dit qu’elle le pouvait, qu’être une fille ça change rien. elle a le cerveau qui fonctionne en vitesse accélérée et ça l'empêche souvent de dormir. elle continue de réfléchir, à tout, à rien. marla, elle court après une reconnaissance qu'elle n'aura jamais. y'a de quoi chialer. de toute façon, marla ne pleure pas. les ecchymoses violacées ont réussi à lui faire oublier comment sangloter. son estime de soi n'est pas grandiose, mais celle qu'elle porte aux autres se noient dans les profondeurs des abysses. en fait, non c'est un mensonge. il subsiste quelques personnes pour qui marla porte un peu d'intérêt - votre majesté. avec marla, on ne sait jamais sur quel pied danser. elle dit oui puis change d'avis. elle apparaît comme par magie avant de disparaître sans rien dire. elle surgit perpétuellement quand on s'y attend le moins. c'est comme si elle avait toujours un coup d'avance.
échec et mat

il y a eu cette volonté maladive à vouloir faire disparaître la mère de la mémoire collective. non seulement, la mère de marla mais aussi toutes les autres qui ont eu l'infortune de croiser le chemin d'otto fahrenheit et autres parentés. ce n'est pas tant l'image de la mère qui excède, qui obsède que celle de la femme. elles sont les grandes absentes du tableau. ne le cherchez pas, elles sont nulles part : ni sur les photographies, ni dans les souvenirs. le forfait longévité est à date péremptoire, évidemment non renouvelable. la testostérone se déverse de façon insolente et se mêle à la violence amère que l’on juge suffisamment légitime pour la transmettre de père en fils. héritage rouge vermeille. il y a des frères qui traînent dans les parages pour rappeler qu’ils ont le droit d’aînesse et que dès lors ils possèdent le pouvoir. ils seraient les benjamins qu’ils le posséderaient quand même, le pouvoir. et au milieu de tout ça il y a marla, vilain petit canard.



les souvenirs ne sont même pas parcellaires. les questions enfantines ont été balayées d'un revers de main hargneux. l’identité a toujours été soigneusement cachée à la gamine insolente. adolescente, elle a mis la main sur une photographie d’une femme au sourire figé par le temps. elle sait que c'est elle ou elle a envie de se faire croire que c'est elle. elle ne sait pas si elle est encore en vie où si otto a pris soin de la faire disparaître comme les autres. aujourd’hui, marla est certaine d’une seule chose : otto fahrenheit est le diable en personne. toujours est-il qu’elle cherche désespérément le regard approbateur du malin.

confusion in her eyes that says it all
SHE LOST CONTROL AGAIN
joy division

elle passe son temps à élaborer des plans pour s’faire remarquer, pour s’démarquer. elle fait des choix qui se rélèvent particulièrement pitoyables. marla, elle ne réussit jamais à susciter même un peu d’intérêt de la part de ceux dont elle voudrait vraiment se faire remarquer. on l’ignore, on la rabaisse et elle encaisse. il y a la colère qui se nourrit du rejet. les hommes fahrenheit sont d'une exigence qui dépasse l'entendement. et pourtant, marla les croit dur comme fer, prêtant allégeance avec une telle dévotion qu’on en reste sans voix. elle joue la rebelle mais elle leur obéit au doigt et à l'oeil. déjà à dix ans elle enchaînait les bêtises sous les rires gras des aînées qui l’ont entraînés dans des saletés qu’il aurait été préférable d’éviter. en grandissant, la violence devient reine de son royaume intérieur. après tout, elle les imite ses frères. les violences scolaires à répétitions et de légers vols à l’étalage l’auront menés tout droit dans un centre éducatif fermé. elle a quatorze ans et sur son front est placardée délinquance juvénile. pendant un an, marla a été séparée de la meute. la perte de repère l'a dans un premier temps rendu mutique. elle a tant intégré le rejet de la femme qu'elle refusait de s'adresser à toute personne de sexe féminin. soudainement, il y a le goût de la liberté, la sensation d'être une unité à part entière.


il a les yeux azurs et marla se pétrifie sur place à chacun de ses passages. le myocarde s’agite souvent à contre-temps, saturé de rage, entre deux parties d'échec. respiration a tempo. on s'éloigne, on s'écarte et les corps se frôlent jusqu'à ce que les gestes s'égarent et viennent maltraiter les joues gênées. les forces contraires s'attirent et se repoussent agressivement. le jeu des âmes égarées a continué durant quelques années.

et pour la première fois, il y avait un autre homme qu'un fahrenheit dans l'paysage et marla, elle n'a jamais su gérer ça.


nom de code : médée

les historiques s'empilent,
les échanges se prolongent
au-delà de la lune, au lever du soleil