fatal destinies. (anton)

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{ fatal destinies }
crédit/ tumblr ☾ w/@Anton Wolkoff

Des heures déjà que le ciel s'est drapé de son plus beau voile ; celui aux couleurs désespoirs. Le crépuscule tombé depuis longtemps, le ciel assombri attire dans les rues malfamées les âmes les plus noires. Parmi elles, dans cette nuit sans étoiles, il y a Alix. Alix, svelte et agile, la poupée sortie du lit une fois le mari assoupi. Alix, les idées ombrageuses et les envies vengeresses qui l'animent. Alix, cruelle éclipse, a attendu que l'astre d'or disparaisse et laisse place à celui d'argent, pour débuter sa vengeance. La robe satinée porte les teintes de son deuil mais le maquillage assombri masque la souffrance. Effacées, les demi-lunes violacées sous ses opales éteintes ; voilé, le visage macabre et le teint livide. Masqués la perte de sa fille , le vide qui l'a envahie, et la vie à l'agonie. Ce soir, pour quiconque ne la reconnaît pas, elle est seulement un oiseau de nuit. Une fêtarde parmi tous les autres, juste pour quelques heures.

C'est ce qu'elle doit être,
ce qu'elle doit paraître,
pour réussir sa quête.

Elle ne pourrait pas avoir moins envie d'être ici. Parmi les âmes nocturnes et pleines de vie, prêtes à s'amuser jusqu'au bout de la nuit. Alors qu'elle, est ravagée de l'intérieur. Elle, est détruite avec ce trou béant à la place du cœur. D'Alix, il ne reste plus que des débris du passé, des éclats morcelés d'un bonheur achevé. Elle a égaré tout ce qu'elle était, tout ce à quoi elle aspirait, à l'instant exact où sa fille lui a été enlevée. La cruauté de ceux qui l'ont tuée, elle, pour mieux atteindre sa mère l'a gagnée. Elle veut briser celui qui a ôté la vie de Flora. Elle veut l'assaillir de ses poings jusqu'à avoir mal, elle veut le faire saigner jusqu'à être recouverte de son fluide vital, elle veut lui arracher les membres pour qu'il la supplie de l'achever. Là, seulement, elle consentira à exaucer son souhait. Elle le tuera de ses mains, elle s'en est fait la promesse. Rien, absolument rien, ne pourra la détourner de ses désirs assassins. Sa revanche, c’est ce qui la fait encore tenir debout. Quand tout son être pourrait flancher à tout moment, les envies morbides l’envahissent, c’est à son meurtrier qu’elle pense.

Amer est le paradoxe car c’est lui,
ce tueur, qui la maintient encore en vie.

La carcasse affriolante, pourtant vide, se faufile avec adresse jusqu’au comptoir de l’euphoria. Elle commande un whisky sec au barman, les prunelles inquisitrices qui observent déjà ailleurs. Elle n’est pas venue ici depuis longtemps ; sûrement depuis la dernière fois qu’elle a vu Anton. Ce n’est pas lui ce soir qu’elle cherche en vérité, juste l’un des serviteurs du gardien des ténèbres à manipuler. Elle a l’espoir de tomber sur un larbin trop idiot pour reconnaître la fille Ferreira. C’est peut-être elle, la plus naïve parce qu’elle voit bientôt apparaître le corps beaucoup trop reconnaissable de son premier amour. Comme s’il avait été prévenu de l’arrivée de l’héritière du gang ennemi ; comme si c’était la seule chose qu’elle était, Alix. Celle qui, il fut un temps, a partagé sa vie. – J’ai le droit à l’accueil du maître des lieux en personne. elle énonce de sa voix sensuelle, opales toujours posées droit devant elle, la sirène issue des ténèbres similaires. Ils ont grandi dans le même, dans le même univers ; juste avec un patronyme qui diffère. Jusqu’à ce qu’elle parte, Alix, jusqu’à ce qu’elle en aille. Retrouver la lumière alors qu’il se complaisait, beaucoup trop pour elle, dans cet enfer. Enfer qu’elle a fini par retrouver, en fin de compte, l’obscurité jamais bien loin.

“ love, is the death of duty ” @alix romani  ◐ Il la voit avant qu’on ne lui indique sa présence, Alix. Un fantôme du passé qui traverse la foule, sans un regard en arrière, déterminée. Les souvenirs eux se bousculent, il serait mentir de dire qu’il ne pensait jamais à elle. On n’oublie jamais la première femme à avoir fait battre son coeur, même pas lui. Elle est de celles qu’il à perdu, une autre, encore. Les femmes sont la plus grandes faiblesse du roi des ténèbres, pas toutes, mais celles qui ont pris place en son coeur, celles qui ont su s’en emparer, et l’ensorceler. Alix elle connaissait bien trop de choses de lui, celui qu’il était avant. Avant de perdre son frère, avant de perdre la raison. Avant d’ôter des vies, qu’elles soient innocentes ou non, dans l’espoir de venger le meurtre de son unique famille. Elle avait connu l’oeuvre, vierge, celle qui n’avait pas encore accepté de sombrer dans les ténèbres, celle uniquement d’un garçon un peu perdu, hors du temps. Il n’a jamais été normal, certes, mais il n’a pas toujours été lui. Celui qui de son trône, observe avec attention les âmes qui s’offrent à lui, choisissant celles pour qui la fête sera bientôt finie … Non il a été, avant, un garçon un peu bagarreur, incapable de gérer ses émotions certes, mais un temps soi peu attachant. Un peu seulement. Mais Alix elle, elle c’était attaché à lui. Peut être parce qu’il lui rappelait sa vie, celle qu’elle a quitté aujourd’hui. Lui alors n’était pas encore totalement enseveli, ensorcelé par le pouvoir des ténèbres. C’était une autre époque, un autre temps. Deux gamins amoureux, sur lesquels ont aurait pu écrire bien des choses, des mots d’amour et des mots de passion.
Elle n’a pas perdu de sa beauté. Les années sont passés, ont marqué le diable, mais elle reste telle qu’elle était. Une poupée à la peau intouchable, au regard perçant. N’importe quel homme serait prêt à se damner pour elle. « Patron- » l’homme de main s’arrête, au signe de son maître. Elle n’était pas seulement Alix Romani, Ferreira avant tout, même si elle avait tout fait pour l’oublier. On ne chasse pas la personne que l’on est. Tandis qu’elle vient de s’arrêter au bar, les musique chaudes du club se reflétant sur peau, Anton lui prend le chemin qui le mène vers elle. Il savait ce qui l’avait touché, il s’était présenté en silence pour partager le deuil d’une femme qu’il n’avait pas réellement effacé de sa vie. Son coeur lui était resté immuable, mais perdre un enfant était une déchirure compréhensible. La seule qu’il acceptait.
Ferreira famille au pouvoir implacable, famille ennemi d’Anton. On ne pouvait avancer dans ce monde sans laisser derrière soit une trainée d’hommes voulant sa mort. Ils étaient peut être, eux, les premiers de la liste d’Anton. Alix elle, était l’intouchable, l’astre qui avait quitté les siens pour une vie meilleure. Et elle y avait perdu une fille. «  J’ai le droit à l’accueil du maître des lieux en personne. » Sa voix est une caresse d’un autre temps, plus grave, plus meurtrie que celle qui murmurait l’aimer à ses oreilles. Mais elle demeure, la même. Il s’adosse au bar, après avoir fait un signe de tête à son barman. « La princesse ennemie attirera toujours mon attention. » qu’il ronronne tandis que ses yeux eux observent. La mascarade monté par Alix pour tout cacher, la mort de son âme, la rage qui lui donne envie de vivre pour l’heure. Il l’observe en détail, en silence. Deux nouveaux verres apparaissent devant eux. « Le deuil te va à merveille, Alix. »

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{ fatal destinies }
crédit/ tumblr ☾ w/@Anton Wolkoff

Elle le devine sans poser ses iris sur lui,
comme une connexion qui subsiste,
un lien indélébile.
L’Amour d’antan, de ce temps où la lumière savait encore se refléter dans ses prunelles. Il l’a fait chavirer, longtemps, il l’a bouleversée au point d’être le premier. Le premier qui l’a caressée, le premier qui l’a aimée, le premier qui a compté. Mais, plus que tout, le premier avec lequel elle s’est prise à espérer. Espérer un avenir meilleur, loin des liens du sang, loin de toute cette noirceur. Elle a cru qu’ils pourraient partir, tous les deux, loin de cet univers qui ne leur promettait que malheurs. Elle l’a cru, Alix, mais il s’avère qu’il s’est laissé sombrer. Il a plongé la la tête la première, dans les ténèbres qu’elle a voulu fuir durant toutes ces années. Et, alors, leurs chemins se sont séparés.

Jusqu’à ce que tu le retrouves,
ce soir,
en embrassant ta part la plus noire,
c’est avec lui que tu renoues,
ton amour déchu.

Peut-être que tous les chemins mènent à la même destination. Peut-être que, avec la sève si obscure qui coule dans leurs veines, il n’y a pas d’autre solution. Pas de remède, pas de sortie de secours. La féline a voulu s’évader, mais le monde d’en-bas l’a ramenée irrésistiblement à lui pour l’éternité. Héritière bénie, dans les lignées réputées pour leurs crimes, Alix, elle se sent maudite. Maudite dans cette famille, maudite dans cette vie. Idiote, aussi, d’avoir cru pouvoir y échapper. On n’échappe pas à sa destinée ; surtout pas quand on porte le nom qui résonne avec fatalité. Même le changer, en l’épousant, lui, source de vie inattendue au milieu de l’enfer toujours connu ; non, même le changer n’a été qu’un subterfuge qu’elle a été la seule à croire.
Elle est née Ferreira,
elle finira Ferreira.
C’est précisément pour cette raison que, ce soir, elle est là. Elle a conscience qu’elle trouvera, chez le camp ennemi, bien plus de secrets inavoués qu’au sein de sa propre famille. C’est Anton qu’elle aurait préféré éviter, lui, le bonheur cendré venu tout droit du passé ; lui, et toutes les questions qu’il vient à amener. Lui, qui la connaît trop bien pour ne pas deviner tout ce mal, derrière la majesté des glaces. Les lobes assombris dressés droit devant elle, la princesse blessée garde la couronne relevée, l’allure fière. Impassible devant les mots que tant de poupées candides rêveraient d’entendre de la bouche de roi des ténèbres, Alix, elle, le connaît beaucoup trop bien. Elle ne peut pas se laisser impressionner par un homme qu’elle a aimé. Elle a accédé à son intimité, à ses pensées inavouées, à ses rêves gâchés.

Elle a tout connu de lui, il y a une éternité,
quand il l’aimait,
quand ils s’aimaient.

C’est le compliment qui suit qui – un peu plus – la brise. Le myocarde en miettes, la louve blessée ne laisse rien transparaître. Rien, sauf la liqueur qu’elle porte à ses lèvres, pour l’ingurgiter d’une traite. – Les nouvelles vont vite. elle énonce, la voix amère. Et, enfin, elle tourne son sombre minois pour plonger ses pupilles noires dans les siennes. Anton, toujours aussi beau, sûrement toujours aussi envoûtant, mais elle est résolue à rester hermétique à son chant. Ce qu’elle est venue trouver, ce soir, ce sont des réponses. Seulement des réponses. – Elles vont même beaucoup trop vite. Qui te l’a dit ? la demande est appuyée avec assurance, mais n’en demeure pas moins naïve, sans doute, pour celle qui ne vient pas de n’importe quelle famille. Ils s’observent, se surveillent, gardent en permanence l’attention l’un de l’autre. Familles ennemies, inexorablement rattachées, pas seulement par l’union qui a manqué de lier l’héritier Wolkoff à la seule fille Ferreira. Aussi parce qu’ils savent, l’un comme l’autre, que du pire, les deux clans sont capables.
Mais c’est différent pour lui, c’est différent pour elle ; eux qui se sont aimés de tout leur être.
Eux, ils sont intouchables,
au nom de cet amour qui ne s’oublie pas,

Alix, c’est ce qu’elle croit.

“ love, is the death of duty ” @alix romani  ◐ La règle d’or est toujours la même : ne pas s’attacher aux humains. Aux êtres faits de chaire et de sangs, ceux que l’on pourrait perdre, ceux que l’on pourrait utiliser comme monnaie d’échange. C’est la mort de son cadet qui lui fait comprendre, qui l’a gravé dans sa peau : aimer, c’était prendre le risque de perdre. Le problème c’est que comme la drogue était nécessaire à son frère, les femmes, une femme l’était tout autant à Anton. Maître de bien des choses, il n’a jamais été celui de son coeur. Incapable de prendre le dessus sur son myocarde capricieux, jamais. Incapable de lui ordonner de ne pas aimer, de ne pas sentir ses choses trop humaines pour survivre. Non, l’obstiné coeur d’Anton s’est émancipé tôt, très tôt et n’a jamais accepté que les choses ne redeviennent comme elles l’étaient avant. C’est qu’il à un faible particulier l’homme, il les a aimé ses femmes, celles qui se sont ancrées dans sa vie sans qu’il ne soit capable de les déracinées. Il les revoit dans ses songes, les regards ancrés dans le sien, les murmures d’amour soufflés à ses oreilles, et l’envie. L’envie d’elles. Elle n’est pas l’exception à la règle, Alix. Elle est celle qui à lancé la partie, celle qui a éveillé des sens qu’il ne connaissait pas. Trop jeune alors, le fruit interdit, le jeu que cela incombait l’a peut être poussé à continuer. Continuer de se rapprocher d’une gamine qu’il a fini par aimer, pris au piège. C’est sa toison des ténèbres, son regard envoutant qui ont eu raison de lui, sans parler du reste. De ses mains contre sa peau, de son corps contre le sien. Alix. Le prénom d’un ange descendu des cieux, cachant pourtant entre ses mains le destin d’une famille devenue concurrente à la sienne. Ceux qui un jour était comme la sienne, et ensuite se sont retrouvés êtres les ennemis qu’il n’aurait pas imaginé. La vengeance d’Anton elle à pris toute la place, partout. Il est devenu fou, de rage, de sang. Il est devenu diable, laissant au placard le petit renégat de pacotille qu’il était alors. Il s’est élevé et dans son ascension à perdu beaucoup, beaucoup d’autres choses. Les Ferreira d’abord. Alix, ensuite. C’est dans les rues de la ville que les échanges se font, sanglants. Ils ont des terrains trop proches, des points faibles trop connus des uns et des autres. Il ne les hait pas Anton, pour cela il devrait ressentir quelque chose. Et il ne l’a plus fait depuis trop longtemps. Pourtant sa poitrine bat, comme si à l’intérieur un mécanisme réagissait en fonction d’elle. L’entrée d’Alix dans son antre, et les choses changent. Il sait. Il sait Anton les ravages causés par les deux côtés. Il sait qu’elle à tout perdu, elle aussi et l’impact que cela peux avoir sur une personne. Du monde il se moque, d’Alix jamais. Il l’a libérée, jadis. Dans un passé presque enfoui, oublié. Il l’a libérée pour aller vers la lumière, car les ténèbres ne lui allaient pas. Ce sont elles pourtant qu’elle laisse sur son passage, traîné obscure qui la suit tandis qu’elle prend place dans les murs ennemis. « Les nouvelles vont vite. » Elle s’ancre en lui à nouveau, la princesse ténébreuse. Elle lui laisse l’opportunité de voir, à quel point elle est prête à entrer dans la danse. Il ne bronche pas Anton, regard de roi plongé dans le sien. Stature immuable. Les nouvelles allaient vite, oui. L’enfant chérie n’était plus, arrachée prématurément à la vie par des démons. Les siens certainement. Anton menait un point d’honneur, l’unique, les enfants étaient hors limite. Qu’importe les implications, on n’otait pas de vie aussi jeune, aussi naïve. « Elles vont même beaucoup trop vite. Qui te l’a dit ? » La question reste en suspend. Portée par les battements de la musique entrainante, les chants des sirènes dans le cimetière des âmes perdues. Il se détourne du spectacle, laisse se pavaner derrière lui la court des miracles. Attention portée seulement sur elle, déesse d’un temps, de tous peut être. « Tu me pose vraiment la question, Alix ? » il souffle, se penchant vers elle. La réponse était évidente. Il gardait ses ennemis sous surveillance toujours. Leurs victoires, et leurs défaites, rien n’était secret jamais. Il était important d’explorer les failles, et les exploiter jusqu’à la moelle. « C’est regrettable, cela n’aurait pas du arriver. » Il ne s’excuse pas, ne le fera jamais. Un roi, aussi déchu soit-il ne s’excusait jamais. Pas même à celle qu’il avait aimé. Pas même à celle qu’il aurait pu épouser. Les maudits. On lui serre son propre verre, doux liquide du péché. Il n’était pas la main qui avait ôté la vie de l’enfant, mais il la trouverait et lui en ferait payer le prix. Cependant … Il attends. Patient. Lui qui par le passé n’avait pas pris la peine d’embarquer la princesse dans ses funestes décisions, ressentait là, la chaleur du changement. Et de nouvelles possibilités semblaient se présenter à lui. A eux.

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{ fatal destinies }
crédit/ tumblr ☾ w/@Anton Wolkoff

Regarde-moi, Anton, regarde-nous,
tu ne crois pas qu’on aurait pu éviter tout ça ?
tu ne crois pas qu’on aurait mérité mieux que ça ?
et si on avait choisi de s’aimer,
au lieu de se déchirer,
si on avait choisi la vie plutôt que la guerre,
si on avait choisi notre amour plutôt que toute cette haine,

on serait où, aujourd’hui ?

Anton, il a laissé une empreinte indélébile sur son cœur trop amer. Car il était le premier, celui qui lui a fait entrevoir, sans même le vouloir, l’éclat d’un monde sans les ténèbres. En tombant amoureuse de lui, Alix, elle avait pris conscience pour la première fois qu’elle avait envie d’une autre vie. Seulement, il a préféré cet enfer ; il a préféré endosser la couronne de Lucifer ; plutôt que remonter vers la lumière. Il a préféré embraser un destin aussi funeste plutôt qu’une vie avec elle. Et ça, la louve ne l’a jamais accepté ; elle ne l’a même jamais compris,

jamais, avant aujourd’hui.

Depuis le jour où Flora a perdu sa vie, il y a cette noirceur perfide qui l’envahit. Elle est toxique, elle est corrosive, comme un acide qui ronge lentement en elle chaque parcelle d’humanité qui subsiste. C’est, comme, un nuage d’ébène qui pollue toute l’atmosphère. Comme un venin mortel qui empoisonne tout son être. Elle est en train de se perdre, Alix, ou peut-être qu’elle renoue avec les fragments d’elle qu’elle avait tenté de chasser tout au long de ces années. Peut-être que, enfin, elle accepte le sort qui, depuis sa naissance, lui est destinée.

Le cœur empreint de rage autant que de chagrin,
possédée par tes plus sombres desseins,
tu reviens vers celui que t’avais fui,
pour une plus belle vie,
comme si ton âme maudite,
n’avait jamais cessé d’être scellée à la sienne,
Anton, après tout ce temps, tu lui reviens.

Les prunelles ne se quittent pas. Il y a cette nonchalance feinte qui ne leur va pas. Car ils savent, eux, combien ils sont reliés. Combien ils se sentiront toujours rattachés. Anton, il était l’héritier de la famille si proche à la sienne ; les seuls qui se comprennent. Ils ont grandi ensemble avant que le cœur de l’adolescente ne s’amourache du prince Wolkoff. Tentation suprême qui a eu raison d’elle, de tout son être qu’il a su mettre en émoi. Ils se sont quittés, les deux clans se sont déchirés, le sang a si souvent coulé, mais aucun d’eux ne devait imaginer combien tout s’effondrerait. Qu’eux non plus, ne seraient pas épargnés ; que c’est sa fille qui finirait sacrifiée. L’âme endeuillée avait conscience du jeu dangereux auquel elle avait accepté de participer comme elle sait, indéniablement, qu’il garde un œil sur sa famille autant que les Ferreira le surveillent lui aussi. Elle sait, Alix, elle sait tout ça, mais reçoit les mots de son amour cendré comme autant de lames acérées.

Et t’es prise, Alix,
entre l’envie tout refouler,
puis celle d’éclater,
t’es prise, Alix,
entre celle que tu parais,
et celle que tu es.

Il y a cette partie d’elle qui n’a aucune confiance au roi des ténèbres. Il est maître du clan qui lui a pris sa fille, elle doit se méfier de lui plus que de n’importe qui. Seulement, il y a l’autre morceau d’elle, aussi. C’est l’homme qu’elle a aimé, l’homme qu’elle aurait pu épouser, qui lui fait face. Elle ne peut pas rester aussi impassible que devant un simple rival ; un ennemi lambda. Ce serait tellement plus facile en réalité, si elle n’y avait pas été autant attachée. Si, au fond, elle ne l’était pas encore un peu plus qu’elle ne l’avouerait. La ténébreuse saisit le verre commandé par le régnant des lieux, elle en avale une longue gorgée ; juste pour se laisser le temps de décider, puis d’opiner. – Je croyais qu’il te restait au moins une seule limite, Anton. elle clame, la voix dangereusement posée, ses rétines qui le fixent avec intensité, comme si elle y recherchait un reflet de leur passé. Alix, elle ne sait pas si elle tente de le provoquer ; pour mieux découvrir sa vérité. Elle ne sait pas si la question n’est posée que pour mieux observer ses réactions.

Ou si, peut-être, elle est sincère,
si elle cherche encore à comprendre comment,
comment Lui, a pu lui faire une chose pareille.

Elle a l’allure altière, l’air toujours fière ; mais c’est pour mieux cacher combien elle se sent faible ; combien elle est plus bas que terre, depuis qu’elle se retrouve plongée dans cet enfer. Elle est remplie d’assurance, la princesse Ferreira, c’est presque de l’arrogance. Seulement c’est un leurre de la part de celle qui vit avec ce trou béant à la place du cœur.

Alix, elle n’a jamais été aussi vulnérable.

Entre les murs ennemis, l’âme complètement détruite, elle oscille. Elle est, comme, en déséquilibre sur une vie qui n’a plus de sens sans sa fille. Ce sont les ailes de Flora qui ont été arrachées. Mais, privée de son ange, Alix a le sentiment que c’est elle qu’ils ont tuée.