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 Pesanteur et Tendresse (Imra)

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Grisha Orlov;

-- gros méchant pas bo --
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Grisha Orlov



Mads M.
WALDOSIA (ava)
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(Veuf) Agnieska la femme, l'unique. Tuée sauvagement par la loi du Talion, fameuse, cruelle, elle a laissé dans un dernier soupir les souhaits pour sa fille, mais de cette dernière le corps aussi retrouvé.
Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

MISHA OKSANA BARBIE
MEDEE SAHEL JAMES

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Message Sujet: Pesanteur et Tendresse (Imra)   Pesanteur et Tendresse (Imra) Empty Ven 4 Sep - 11:50


Pesanteur et tendresse
Les terreurs enfantines devenues chair et cuir ; la première, la plus archaïque des terreurs, la terreur de la dévoration. La bête et son lit d'ossements carnivores, et moi, blanche, agitée de tremblements, nue, l'approchant comme pour lui offrir, en moi même, la clé d'un royaume paisible, dans lequel son appétit ne serait pas forcément ma perte.

     Le dossier s’écroule sur la table, table de verre où sont dispersés des photographies – ces corps nus qu’on exhibe, qu’on expose sur des feuilles de papier blanc – et des verres de cognac et des cigarettes, dans le salon de cette maison récente, où les chambres sont désertes, où les présences des âmes asservies sont absentes, d’une main vieillie mais forte masculine et les doigts sur la pochette. Trois hommes discutent, débattent ; Grisha préside. Le costume se pare d’ornement sur la cravate brodées des poignets soumis –  Aissé avait les mouvements lestes de la féminité qui tissait – les couleurs de l’innocence, de la pureté, le crème et le brun se marient, efficaces teintes pour rassurer. Ils décident des proies, ces hères mâles dont le regard auscultent les formes et les visages. Sur la droite le potentiel, sur la gauche les condamnées, celles qui bientôt, deviendront les poupées. Elles présentent des talents, des facettes, des particularités ; des artistes, des surdoués, des marginales, des divines et l’une d’elle sublime, subjugue, d’une chevelure de sorcière, brune et lisse et des éclats de colère rugissant dans les iris, le faciès poli dans la dureté, elle fascine déjà par la tristesse qu’elle arbore parfois sur certains tirages.  « Elevée dans un coven, par des femmes et seulement des femmes. Elle tire les cartes. » et dans la voix du centaure la croyance du religieux. Il ne l’a rencontré qu’une fois, suffisante pour cerner, déjà, la promesse de cette nymphe, parier sur la qualité et l’aura transcendante, à ces clients qui se moquent de l’irrationnel, qui s’effrayent de l’au-delà, il la proposera. Les deux cerbères doutent ; je ne suis pas sûr qu’une Médée puisse faire bon ménage avec nos lois, Hyacinthe énonce. Mais Grisha n’écoute pas, l’obsession engloutie les prunelles chrysanthèmes. Il s’est vêtu de nuances paradis pour mieux dévorer l’esprit, tester l’objet sous couvert de sourires séduits, Grisha excelle dans cette mascarade de désir, faire croire l’amour quand les chiffres remplissant ses comptes en banque se parent de convoitises. Lentement il enfile ses gants de cuir, Je vais au théâtre ce soir en sa compagnie, avant de claquer la porte du nouveau bureau et délaisser la maison si vide.

 Les immeubles dessinent des tours de briques et de vitres ; des fenêtres dévoilent l’intimité, une chambre de fillette, un salon dans lequel le piano grésille, il voit la tête d’enfants, des corps si fin, si fragiles, et la pensée de ses Edelweiss, l’une marque la préférence. Les ruelles sont des artères, un organe où les gens marchent, un rouage de silhouettes dressées pour obéir et se lamenter, les ruelles sont des artères dans lesquelles gisent les âmes transformées en adorateur du pognon. Grisha se dirige prestement vers le haut bâtiment, ancien immeuble de rouge usé, il verse dans les pensées cultivées les images de ces vieilles années cinquante où s’ébattaient le feu d’une vie de gangsters. La voiture se gare devant l’entrée. La posture adossée sur la portière, il semble une apparition de charisme et de danger quand il croise ses bras contre son torse, la nicotine à ses lippes. Et quand la jeune fille se meut près de lui, il fabrique déjà le monde de l’intime, à l’inviter à pénétrer dans la berline avant de s’y installer lui-même et de démarrer. Dans l’habitacle, la musique d’un piano résonne, les sonorités douces et apaisantes de Debussy  « La fille aux cheveux de lin. » annonce-t-il. Ils tournent le carrefour et s’arrêtent devant le long monument d’architecture, le théâtre rutile de personnes aux habits éclatants de couleurs et de grâce.  « Tu excuseras mes manigances, je t’emmène voir Antigone de Jean Anouilh. » Et le sourire comme un poignard doucement s’acheminant vers les coeurs, il ne joue pas de la séduction mais se vêt de la fascination qu’il distille, quelques mots mais le silence qui avale et transforme la bienséance en atmosphère de mystère.  


(c) corvidae

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Message Sujet: Re: Pesanteur et Tendresse (Imra)   Pesanteur et Tendresse (Imra) Empty Ven 11 Sep - 19:01

Cent.
Cent-cinquante.
Deux-cents.
Deux-cents-cinquante
...


Les belles feuilles vertes récoltées lors de son dur labeur laisse enfler la joie dans le mausolée où son cœur pourri. Il soulève des vents de cendres à chaque battements qui pourraient bien faire expirer un soupir lasse à ce corps famélique. Les doigts vernis d’un mauve discret, et pour une fois sans plis ni écailles, laissent filer les billets jusqu’à ce qu’elle leur offre le doux refuge de son porte-feuille. La bouche sèche d’avoir tant parlé, tant brodé de mensonges pour les plus naïves et tant avoués de vérité pour les plus croyants, elle rêve d’une bière, d’un vin acheté à la supérette du coin, de solitude et de calme se brodant grâce au fil d’une musique douce. Étirant sa carcasse vêtue d’un trop grand sweat à l’effigie d’un groupe de rock jamais écouté se drapant sur une longue jupe de dentelle blanche, elle ne ressemble qu’à une enfant ayant enfilé à la va-vite les vêtements usés du grand-frère et de la mère. Ses bottes vernis dérangent les tapis alors qu’elle s’active à tout éteindre, soufflant de ses lèvres boudeuses les mèches des bougies ayant couvées leurs âmes oscillantes tout au long de la journée. Le crépuscule oublié, la nuit tombe comme une couverture noire que Nyx aurait drapée sur New-York. La porte claque, la clé tourne et voilà le secret de ses divinations bien gardé. Elle entend les voisins aux enfants trop nombreux piétinés le sol au-dessus de sa tête, levant ses yeux torves vers ce plafond moisi. Un soupir lui échappe, le corps porté par le bonheur fugace, maigre et gris de s’enfuir de cette place où les esprits ont tant parlés. Son sac de toile accroché à l’épaule, elle piétine la marche du perron, échouant dans la mer de béton d’un trottoir à peine peuplé à cette heure.

Il n’y a pas d’hésitation. Ses yeux se fichent comme des flèches aux bouts huilés de poisons dans les crevasses d’un regard déjà croisé. Le cœur persiffle de ces battements effrénés, n’aime pas, exècre et elle manque de grimacer d’agacement. L’homme est un titan, alangui contre sa boite de fer luxueuse, faisant tache dans ce quartier vermineux. Haussant un sourcil, elle ne comprend pas la porte qui s’ouvre, l’invitation hasardeuse à pénétrer dans le piège tendu par le monstre tout droit recraché par les enfers. Il n’est pas cerbère, la mise est trop belle, le charisme trop étouffant. Il domine l’espace, souffle sa grandeur sans même avoir à parler. Et elle serre les dents, haïssant ces grands hommes pensant tenir l’univers dans leur poing aux phalanges si fragiles. Prise dans la toile qui se tisse autour d’elle, elle laisse s’évader son regard d’un bout à l’autre de la rue, curieuse malgré elle, attirée par le mal et par tous les démons, qu’ils soient hommes ou femmes, promettant de tenter de lui faire mal. Car Imra est de celles qui n’ont rien à perdre, pas même leur dignité et c’est bien ce qui finira par les perdre elles-mêmes. D’un pied posé dans la voiture, elle abdique. Dans son silence boudeur, elle entend l’oscillation de ces notes douces qu’elle a tant espéré en sortant de son coffre à divination. A l’entente de ces premiers mots depuis l’invitation, elle détourne le regard vers lui, sans répondre, examinant la route qui file vers ce point d’arrivée. Le masque blasé pourrait se fissurer et laisser découvrir le désappointement.

Elle s’attendait peut-être à pire, à une cave humide, à un local désaffecté, à une longue route menant vers l’inconnu, peu importe mais pas à ce théâtre devant lequel les fourmis de la haute se confondent dans leurs beaux atours et leurs rires soyeux d’hypocrisie. Dans la symphonie poursuivant son ascension doucereuse, la voix du diable murmure à son oreille, esprit infernal venant guetter son attention. Elle se détourne de son propre reflet dans la vitre et de ce spectacle ennuyeux de la haute sphère brillant de mille éclats, capable de rendre aveugles les prolétaires comme elle, cillant sans hâte devant ce sourire qui n’a rien d’innocent. Rien ne l’est dans les ridules de ce visage, dans cet esprit vieillard que le sien rencontre. Et à son tour, elle murmure, ajoutant ses paroles à la mélopée touchante « Vous avez bon goût. » Point de naïveté pourtant. Fascinée et curieuse, elle pourrait se laisser tenter par le fruit qu’il lui tend mais à la place s’esquisse ce sourire plein de lassitude et d’amertume « Mais il fallait pas se donner tant de mal. Le théâtre on réserve ça à nos belles épouses, pas aux filles passables qu’on veut baiser. » Les orbes sombres dégringolent sur la silhouette que la sienne n’a fait que frôler une unique fois et la sérénité se plisse pour laisser voir la contrariété d’avoir été vu comme le bétail qu'on pourrait mener à l'échafaud d'une nuit fauve que l'on oublie vite. « Sérieusement, qui êtes-vous ? »

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Grisha Orlov;

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Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

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Message Sujet: Re: Pesanteur et Tendresse (Imra)   Pesanteur et Tendresse (Imra) Empty Dim 4 Oct - 15:52


Pesenteur et tendresse
Les terreurs enfantines devenues chair et cuir ; la première, la plus archaïque des terreurs, la terreur de la dévoration. La bête et son lit d'ossements carnivores, et moi, blanche, agitée de tremblements, nue, l'approchant comme pour lui offrir, en moi même, la clé d'un royaume paisible, dans lequel son appétit ne serait pas forcément ma perte.

   La prunelle observatrice se confond dans les réflexions, elle s’accapare les gestes de la victime, analyse l’expression perturbée et colérique de la jeune fille, déjà, l’entrée du théâtre, déjà les spectateurs toujours bien vêtus, semblent l’étourdir dans une colère sauvage qu’elle ne cache pas. Grisha retire ses gants, méthodique les place dans sa boite à côté du volant. Sort de la voiture et s’allume une cigarette avant la pièce et la joliesse d’Antigone. Il espère bien que l’actrice soit vêtu de peu, juste de son exaltation et de son jeu, qu’elle paraisse solitaire, incapable de se sauver. Quelques personnes le saluent, ne s’approchent pas, des regards de convenance, des secrets distillés dans l’orbe des clients qui se cachent, une mascarade de politesse. Grisha a appris la diplomatie et les masques que l’on enfile, enfant, déjà, voyait-il les hommes se faufiler discrètement ou confiants derrière les rideaux de la maison sordide. Le père avait commencé à investir dans les briques usées, une insalubre demeure dans un quartier pourri, les cris rugissaient et les cadavres rougissaient le macadam défloré. Ce théâtre, Grisha possède la majorité des parts, caprice d’un homme cultivé, ayant le désir brûlant et éternel de se hausser jusqu’au sommet, l’hubris n’a pas d’égal dans son sang, la démesure une agonie d’heure en heure.  « A quoi sert une épouse si ce n’est de la baiser chaque soir quand le mari rentre de son travail ? » Contemplatif des marches de marbre et des belles de jour accompagnées, il perd son œil dans le paysage de ces grisants qui pénètrent dans le hall. La rapidité de sa joute a le nimbe des épées pourfendant les naïfs, sa misogynie éructe, naturelle et sensible, Grisha ne comprendrait pas le point de vu inverse, un homme lui expliquerait que la femme lui est égale, Grisha se gausserait.

 Finalement, il change d’avis, ce théâtre ne conviendra pas pour l’exposition de la nouvelle, cette fille d’ébène que l’on s’arrachera ; une Anémone de choix, talentueuse par sa manipulation et ses fantaisies, elle tire les cartes, murmure aux oreilles, chuchote aux désespérés et, sous sa paupière nage les poisons de la volupté, une aura d’infernalité.  « Suis-moi. » Les ordres, comme sa misogynie, revêtent un naturel expérimenté ; le chasseur conquiert la proie d’un sourire enjôleur et placide, il y a dans son expression l’amusement de l’initié. Ils traversent les artères du quartier, quelques ruelles de fleurs et de maisonnettes, pièces architecturales du siècle dernier ; ces faubourgs il les connaît, gamin avait l’habitude d’admirer les vertiges des formes de l’architecture, forme d’art adoré, l’espace prenait alors la dimension de l’immensité, un paradis d’intensité. Il marche les mains dans les poches, à l’aise dans son costume et son corps. Jusqu’à une porte de bois, jusqu’à un immeuble aux sculptures élégantes, des Vénus et des Pans. Dans le hall sur lequel règne un lustre de cristal propre, une femme aiguise ses mouvements derrière le comptoir ; sans un mot, sans une demande de circonstance, elle tend le trousseau de clé dont Grisha s’approprie. Dans l’ascenseur il garde un pas de distance avec la ronce, puis foule la moquette carmine aux arabesques discrètes, des motifs psychédéliques et se référant aux fleurs de lys, le lys, une classe de fille aux aurores sépulcrales ; il avait abandonné l’idée, trop intellectuelle et ne rapportant guère. Cependant, cet hôtel lui appartient également, lieu destiné aux plaisirs lascifs et intransigeants. Aux expériences cruelles et délétères des plaisirs charnels. La suite s’ouvre sur une chambre aux larges vitraux, New York se présente dans son humilité, microcosme vivant et fourmis de passant. Il défait son manteau, puis celui d’Imra, les range dans l’armoire vide. Assis sur la chaise de velours à côté du lit à baldaquin aux voilures écarlates, Grisha, s’exclame dans la neutralité d’un ton enroué de nicotine. Il fume comme un charretier.  « Qui suis-je, en effet. » et, du bout de ses doigts, fait glisser à la biche un paquet de carte de tarot.  


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Message Sujet: Re: Pesanteur et Tendresse (Imra)   Pesanteur et Tendresse (Imra) Empty Mar 10 Nov - 12:46

Autrefois, elle aurait pu avoir l’impulsivité adolescente de grogner contre le loup noir l’invitant dans sa tanière d’or. Au milieu de ces sacs hors de prix arborant fièrement les lettres de marques luxueuses, son propre cabas de toile et ses haillons de fille banale ne passent pas inaperçue. Elle n’a pas pu ignorer les regards qui l’ont déshabillés, mordant comme des vipères l’assemblage de vêtements n’allant pas de pairs mais qu’importe, elle n’est pas ici pour s’exposer aux yeux d’une meute curieuse, bête sauvage nourrissant l’intrigue malsaine d’une populace baignant dans l’or et la soie véritable. Les mots de l’homme résonnent, laissant tourner de vaines paroles belliqueuses dans sa gorge serrée, haïssant ceux qui pensent tenir en laisse leurs épouses, leurs maîtresses, leurs amantes d’un soir, des putains bonnes à saisir par la croupe et dont le visage ne les intéresse que peu, des épouses que l’on pense ravir en finissant de s’accomplir entre leurs cuisses qu’elles veuillent bien leur ouvrir. La réalité sordide dans laquelle sa mère n’a jamais voulu qu’elle baigne, sans se douter que sa propre fille, progéniture du mal, s’est laissée happer par l’appât du gain facile. Concubine ou salope, peu importait, elle prenait le fric qu’on voulait bien lui donner pour des acmés bien vite oubliés. Elle ignore pourquoi elle poursuit le grand loup qui a pour projet de la dévorer. Il n’y a aucun secret dans son acte, dès le premier regard et la portière ouverte comme une ordre, elle a compris qu’elle ne sortirait pas indemne de la collision. Une rencontre qui marquera la peau et le peu d’âme qu’il lui reste. Imra est un jour née pour mourir et ce jour est peut-être arrivé ce soir. Elle observe encore sa jupe aux volants blancs, se fait la réflexion étrange qu’elle sera parée de pureté pour sa propre mort. Résignée. Blasée. Impassible. Rien ne la trouble quand il décide d’ordonner à nouveau. Elle laisse faire. Elle laisse sa langue et ses crocs se montrer pour lui faire croire qu’il pourra longuement jouer avec elle.

La balade est presque paisible et les regards s’accrochent à leurs silhouettes bien différentes tandis qu’ils prennent la route vers l’inconnu, un El Dorado qu’elle n’espère pas, l’espoir ayant quitté ses veines, ses yeux, ses lèvres. Elle en vend aux plus offrants, aux plus perdus mais elle ne se donne rien à elle-même. Quelques œillades vers ce grand homme l’aide à dessiner un portait dans sa psyché brisée, dessinant la rudesse des traits, le pli amer des lèvres, la trogne d’un parfait antagoniste fait pour en rencontrer d’autres. Ils auraient pu faire partie de la même histoire, faire souffrir ensemble mais il l’aurait trahi à la fin car les hommes trahissent toujours. Le décor dans lequel ils pénètrent viol sa rétine par ses dorures, son luxe et là encore, elle n’est qu’une tache noire dans le grand bain d’ocre et de marbre, ne fait que peu attention au coup d’œil jeté par la réceptionniste qui ne saurait dire si elle est encore une catin ou une fille brisée qui n’a pas idée de l’Enfer dans lequel elle se jette. Silencieuse, elle suit, elle suit parce qu’elle le veut bien, aurait pu prendre la fuite, le planter dix fois pour le faire souffrir, une lame jamais bien loin planquée dans son sac à l’allure désuète et inoffensive. La chambre les accueille, grande, trop grande, immense. Les mains qui viennent vers elle, elle les fuit, lui offrant son manteau d’elle-même pour ne pas l’autoriser à la frôler, la vipère manquant de siffler de son regard enragé. Le sac tombe à terre, ses bottes salissant le sol si bien nettoyé par une sous-fifre qui a dû passer il y a peu de temps. Tout sent le propre et l’hypocrisie, la baie vitrée offrant ce panorama royal de buildings aux paupières illuminées, des bagnoles, la fourmilière entière de passants ne la fascinant qu’à peine. Imra rêve d’ailleurs et de rien à la fois.

C’est la voix de l’autre, du Diable lui-même qui la fait se détourner de sa posture contemplative, coupant enfin ce mutisme entre eux. Les yeux de rapace se déposent sur lui, le découvrant princier dans son trône, l’odeur de tabac lui donnant l’envie d’en griller plusieurs à son tour avant de tomber sur le jeu qu’il pousse vers elle. Alors, un sourire lui vient, un rire sec, le moquant lui et son audace « Sérieusement ? Vous vous voulez que j’vous tire les cartes ? » Elle secoue la tête, s’avance vers lui, mouton noir prêt à jouer avec le museau du prédateur qui la mordra bien un jour « Allez, dites moi … Vous les aimez comment ? Vous aimez quand elles pleurent ? Quand elles jouissent forts ou qu’elles sont silencieuses ? Vous les aimez maigres comme moi, jeunes et pas trop laides ? Ou hideuses au contraire. » Ses doigts comme des serres de corbeau se saisissant du jeu de tarot pour le battre plusieurs fois, se fichant bien des dessins qui défilent. D’un geste habile, elle se déchausse, révélant ses chaussettes à résilles, se baladant dans la pièce comme si elle lui appartenait, cernée par le regard de l’animal, par le parfum masculin et le tabac qui s’engonce dans les plis de ses vêtements avant de cesser sa valse devant la baie vitrée, à nouveau, percevant son reflet, celui de la lumière qui tamise la pièce et éclaire le mâle de sa lueur tentatrice. « Pauvre homme. Vous avez besoin d’une femme pour savoir qui vous êtes ? C’est bien triste. Le masculin ne domine finalement pas tant que ça le féminin, pas vrai ? » Elle joue, tente d’effleurer les plaies qu’il doit bien avoir sous son masque d’acier, quitte à se briser. Ce soir sonnera sa perte, peut-être mais elle résistera. Il saignera à ses côtés. Abaissant les yeux et ses paupières, elle murmure un dernier châtiment « Mes prédictions ont un prix. Combien êtes-vous prêts à mettre contre mes services ?  »

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Pesenteur et tendresse
Les terreurs enfantines devenues chair et cuir ; la première, la plus archaïque des terreurs, la terreur de la dévoration. La bête et son lit d'ossements carnivores, et moi, blanche, agitée de tremblements, nue, l'approchant comme pour lui offrir, en moi même, la clé d'un royaume paisible, dans lequel son appétit ne serait pas forcément ma perte.

    Elle transpire la colère, colère surgit que l’homme ne comprend pas ; un léger froncement de sourcils apparaît sur le visage puis le rictus enfiévré de mépris.  « Je me suis peut-être trompé sur toi. » lui dit-il, se levant de la chaise dans laquelle il était assis. Calmement, sans répondre au monologue, il se retire de la pièce, ses mains dans les poches. Un flegme que Grisha adopta lors de ses débuts dans la Romashka. Commandant à l’ascenseur sa descente, il n’adresse pas un regard à la jeune femme, restée certainement dans la chambre. Il oubliera son nom, il oubliera ses orbes, il oubliera son existence, déçu par ce comportement de féministe enragée, de ces femmes modernes gueulant et jappant comme des chiennes. Le visage de marbre se présente au comptoir, salut la réceptionniste, toujours si polie, si chétive. Héloïse s’appelle-t-elle, d’un ancien prénom également disparu. Enfin le désir de la tourmente cède à la placidité, c’est autoritaire qu’il lui ordonne de s’installer dans la voiture avant de l’emmener chez les glaïeuls.  


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