our eternal youth

p't'être qu'il fera moins le con ce soir.
p't'être qu'il limitera les doses, qu'il s'mettra pas autant d'poudres dans le nez.
p't'être pas. p't'être que ce sera pire, mais il ne déprimera pas. il sera heureux. un bonheur pas tellement éphémère. voir son meilleur ami, ça n'peut quel lui faire du bien, non ? il pourrait se reprendre en main, il pourrait faire les choses correctement. mais c'est déjà trop tard pour ça. de toute manière, mitch arrivera. à l'faire atteindre un point de non-retour qu'eux deux connaissent. tant pis pour demain, pour les maux de crânes habituels. il n'veut pas que ça s'arrête.
il est déjà très tôt dans ce bar. en avance. c'est peut-être son excuse pour se défoncer la gueule avant qu'son meilleur pote n'arrive. même s'il reste raisonnable. deux joints. pas plus. peut-être plus tard, même si mitch le connaît comme personne et qu'il sait très bien les sujets à éviter. ce soir, il pourra peut-être se sortir la blonde de sa tête. il pourra peut-être aller plus loin, avoir l'impression d'avancé. il s'cassera juste à nouveau la gueule demain, quand à son réveil, il n'aura qu'comme réflexe de la chercher à ses côtés. et d'ne retrouver qu'des draps froids, sans son parfum. sans rien.
rien d'elle.
mais non. arrête robin. tais-toi. n'y penses pas. ça hurle de partout. alors il s'force à commander un verre d'alcool. un premier. en suivra un second vu le retard de son meilleur ami. il n'a pas pris son téléphone. cette petite merde qui ne lui permet pas de faire grand chose. peut-être qu'un jour, il sera riche. peut-être qu'un jour, il s'ra capable d'se prendre un d'ses beaux téléphones qu'tout le monde veut par dessus tout. p't'être qu'il deviendra un adepte à instagram, et à ses réseaux sociaux. d'choses qui pourront forcément le rapprocher d'elle.
ta gueule.
il boit en entier ce second verre. jette des regards toutes les deux secondes vers cette porte de bar qui ne s'ouvre pas. mitch arrive dès qu'il a le dos tourné vers ce désormais troisième verre. lamentable, robin. tu vas payer comment, toutes ses merdes ? avec l'peu qu'il a dans les poches, hein. la fin du mois est bien présente. tant pis. il se débrouillera. il finira bien par vendre son âme au diable vu où il en est.
mais mitch est là. alors ses pensées arrêtent d'un coup. robin lui offre un beau sourire. il n'a pas les yeux rouges vifs, c'est déjà un bon début. mais la soirée ne fait que commencer, et il est bien indécis sur la fin de cette soirée qui s'ra sûrement une bonne gerbe au beau milieu d'une ruelle étroite. rien d'bien nouveau, finalement. je t'ai attendu. hein. genre. j'en suis absolument pas à mon... troisième verre. t'as du retard à rattraper, mon pote. il lance avec un semblant de sourire qui fait presque peur. comme un éboueur qui pue la merde. et tu m'as fait attendre. alors vends-moi du rêve maintenant, j'suis tout à toi. une soirée avec mitch. c'est d'ça dont il avait besoin entre la noirceur des ténèbres.

deux verres et demies dans son organisme, il inspire un bon coup dès que mitch arrive. il en a mis, du temps, c'est certain. mais maintenant... maintenant qu'il est là, ça ira. il va pouvoir décrocher un peu de cette vie bien trop monotone. il sourit. même. un vrai sourire, non ? un peu. il est content, ça lui change clairement là. ouais, mais se mettre dans l'ambiance seul, c'est pas ouf mitch. un semi-reproche, mais c'est surtout de la plaisanterie, rien de bien méchant. robin termine son verre par la même occasion, dès que son meilleur ami commande deux verres. il va le rattraper son retard, si ce n'est pas avec l'alcool, robin lui trouvera une occupation bien plus amusante finalement. mitch qui devance, quand il s'apprête à ouvrir la bouche pour pester. mais à quel moment il pourrait râler ? il a sans doute dix dollars dans sa poche, pas plus. dix dollars, c'est même pas le prix d'un seul verre dans ce bar. l'rajouter à la note, il pourrait. ils sont des habitués. mais non, là non plus il ne fait rien. maintenant, ou dans un mois, ses revenus ne changeront pas. il s'ra toujours dans la merde, demain, les autres jours. robin se tait, oui, mais il n'en pense pas moins et sans doute que mitch le connaît malgré tout par coeur. à la place, il lève ce second, regarde cet homme qui est sans doute l'un des rares à ne pas le juger, ou, à ne pas l'avoir jeté d'sa vie. non, le vomi me va. on frôle l'overdose aussi ? c'est pas pour rire, ils le savent tous les deux. ils en sont capables, de repousser les limites, encore et encore. et là, il y a son verre qui vient s'entrechoquer dans le sien. son regard, qui ne quitte toujours pas le sien quand il termine d'une traite ce ... quatrième verre, maintenant ? quatrième oui. t'es en retard de trois verres mecs. j'veux que tu fasses trois shooters, que du pur. pas de chichi entre nous. c'est bien ce qu'il voulait, non ? trinquier à un potentiel vomi. robin n'est pas prêt de se défiler, mais c'est maintenant qu'ils vont voir s'il tient parole. c'est maintenant, oui, que les choses vont se passer. vont commencer. on évite les sujets qui fâchent, ce soir ? son ton change, l'inquiétude s'entend. la musique n'est pas encore assez forte, hormis le brouhaha permanent, hormis les verres qui se touchent. le billard et que les boules qui sont propulsés par les cannes. les rigolades. la bonne ambiance. dans ce bar, tout le monde est en train de vivre. et lui aussi, pour une fois, il vit un peu. juste un peu. parce que c'est simple avec mitch. c'est simple que ça paraît presque surréaliste. à un moment, il s'dit que lui aussi, il va finir par partir. par s'barrer. ça fini toujours comme ça dans ses histoires. robin est né seul, il s'attend à crever seul par la même occasion hein.

sa vieille tante vivianne ? wow. cette même femme qui ressemble à une truite ? robin pourrait clairement sauter sur l'occasion pour lui envoyer une belle remarque à la gueule, se foutre de sa gueule en prétextant une calvitie inexistante. mais non. il n'en fait rien, hormis rire très, très fort là. ça lui fait du bien, honnêtement, d'être avec mitch. pendant un instant, il oublie l'enfer quotidien, il oublie les flammes rouges qui détruisent une à une ses organes. oui, pendant un instant, il se sent juste... bien.
son épaule vient cogner celle de son meilleur pote, il lui montre son majeur en rigolant à nouveau comme un pauvre con. ses yeux rouges vifs sont présents, ses pupilles dilatées mais ça va. il fait comme il peut pour tenir, pour ne pas se laisser aller dans les douleurs de la drogue. il aimerait que mitch ai encore plus ou moins une belle image tant que ce dernier n'est pas défoncé. ça va arriver, les joints, et toutes ses merdes. juste un peu plus tard, dans la soirée. robin a un coup d'avance, robin vient clairement de lui couper l'herbe sous le pied avec cette avance folle d'alcool. mais... mitch sait se venger. la preuve est là, le défi est fou. et pourtant ? ok. trois contre cette merde. il réclame la fameuse boisson au barman. est-ce qu'il fait les gros yeux, surpris lui aussi que cette merde soit réclamée ? faut croire. mais robin ne revient jamais, jamais sur un défi. c'est sa passion, d'se mettre minable. autant continuer de le faire avec quelqu'un de confiance, non ? réclame, en attendant que l'horrible arrive, d'éviter des sujets qui fâchent. il n'est pas prêt honnêtement, à ressentir une ambiance électrique. surtout s'ils viennent à parler d'elle. de cette blonde qui hante son esprit, toutes les secondes, toutes les nuits. même mitch, ce sujet passe pas. personne pourra lui faire comprendre qu'il doit se détacher. mais putain. lui, il veut vivre cette romance, il veut rester dans cette folie que silène lui offre bien plus qu'un joint, ou qu'une ligne, est capable de faire. quand on est sobre, tu dis ? bon. c'est pas pour demain qu'on parlera des sujets qui fâchent. il lance, un peu trop sérieusement. à la limite, il sera sobre demain deux petites heures, au levé du soleil, quand il se réveillera en pensant qu'il doit aller vider les poubelles d'autruis, avant de se rappeler qu'il ne bosse pas et que c'est bien pour cette raison qu'ils se retrouvent tous les deux. je pense qu'à la limite, le jour où je serai vieux et obliger de manger des flageolets pour tous les repas, on pourra revenir aux sujets fâcheux. et on s'foutre de nos propres gueules. il s'marre, il s'marre, pourtant, la boisson de la mort est là, sous ses yeux. pas la peine d'avoir un oeil de lynx pour comprendre que c'est dégueulasse. mais il a accepté le défi, non ? alors il se doit de le tenir. robin trinque, réclame déjà les trois verres de son meilleur ami. et puis, le voilà qui boit tout d'un coup. il essaye de ne pas s'arrêter, mais l'arrière goût est clairement dégueulasse.
mais il doit réussir. alors.
inspiration, expiration,
cul sec.