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 cette nuit à côté de toi. (ambroise)

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Message Sujet: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Lun 6 Juil - 10:35


☾ ☾ ☾
{ à côté de toi }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall

Cette nuit à côté de toi, c'était comme du lait
Comme du coton qui m'a enveloppé de nulle part
Si on me l'avait dit j'y aurais pas cru
Alors j'me repasse le film en continu.


Et, pour la première fois depuis longtemps, elle dort d’un sommeil profond ; elle dort, toute la nuit durant. Le repos réparateur d’une carcasse trop abîmée, mais surtout l’apaisement salvateur d’une âme trop torturée. Elle dort, la poupée brisée, elle dort comme si elle pouvait être réparée. Mais ce n’est pas Morphée qui l’a accueillie cette nuit, c’est lui, celui qui était son ami. Les sentiments infinis, à la fois inexplicables et inexorables, enfouis durant toutes ces années, ont fini par la posséder. Comme un torrent retenu par le barrage de l’amitié, les vagues de haine ont fait éclater les barrières dans un fracas passionné. La colère, l’amertume et la rage ont disparu pour laisser place aux émotions véritables. C’est le manque qui a pris l’ascendant sur elle, sur eux, le manque de toutes ces années passées. L’absence devenue si intense qu’elle marquait, partout, sa présence. L’absence, devenue si violente, que les retrouvailles les ont laissés en transe.

Les limites franchies,
celles qu’elle s’est toujours refusée avec lui,
avec tous ses amis,
car ils représentent toute sa vie.


Mais, avec Ambroise, l’âme en perdition a été incapable de résister. Comme un instinct plus fort qu’elle, plus fort que tout le reste, elle avait besoin qu’ils ne fassent qu’un. Le corps ardent, la peau brûlante, c’est aussi son cœur qu’il a plongé en combustion. Elle n’avait jamais ressenti une chose pareille, Ella. Jamais, elle n’a eu l’impression de se sentir autant à sa place dans les bras de quelqu’un. Elle ne l’aurait jamais envisagé, autrefois. Parce qu’elle tenait bien trop à leur amitié pour ça. Peut-être a-t-il fallu que leur relation vole en éclats pour qu’elle s’autorise, enfin, à faire ce qu’elle n’aurait jamais osé faire, quand ils n’étaient encore que deux gamins.

Ou, peut-être, va-t-elle le regretter, à peine réveillée,
prendre peur, face à celui qui l’a déjà abandonnée,


Les premiers rayons de l’aurore viennent caresser les peaux nues et enlacées. L’écorchée vive, apaisée le temps d’une nuit, ouvre lentement ses paupières fatiguées. La première chose que découvrent ses iris encore endormis, c’est le torse qu’elle enlace avec possessivité contre elle. Sa tête se redresse, l’esprit encore embrumé des effluves de la veille, quand elle surprend le visage serein d’Ambroise. Elle peine à réaliser sur le moment mais, en quelques fractions de secondes, tous les souvenirs de la nuit passés viennent la submerger. La dispute, les cris, les larmes, elle qui craque complètement. L’étreinte, le baiser, lui qui l’embrasse tendrement.

Mais ils sont loin de s’être arrêtés à quelques baisers.

Ella, à la fois reposée et éreintée, de tous les vices accumulés, sent vite le trouble la submerger. Elle ne ressent rien, rien de bien clair à cet instant précis. Il y a seulement la peur d’être allée trop loin, la hantise d’avoir franchi une telle limite. Elle n’est pas prête à se lancer dans une relation avec un homme. La dernière qu’elle a eu a brisé son cœur définitivement. C’est bien pour cette raison qu’elle se tient à distance. Mais, avec Ambroise, elle n’a pas su le faire. Alors même que, c’est pire encore, d’avoir craqué pour celui qui a toujours été un allié. Elle ne peut pas faire comme si cette nuit n’avait pas compté. Elle ne pourra jamais faire, avec lui, comme s’il ne comptait pas. Il a toujours été là, Ambroise, enfoui dans son cœur.

Peut-être avec une place plus importante que tu le croyais,
peut-être que c’est pour ça que tu n’as jamais su l’oublier.


Cette seule pensée suffit à définitivement la terrorisée. Effrayée, la camée se redresse, un peu trop vivement, quittant les bras de son amant. Les prunelles déambulent dans la pièce, à la recherche de ses vêtements mais elle ne retrouve que la dentelle. Mais elle n’a pas même le temps de songer à s’échapper, car il vient déjà de se réveiller. – Hum, je… désolée, je t’ai réveillé… la voix un peu rouillée, le cœur encore plus rongé, les lunes noires se perdent pourtant déjà dans ses opales.
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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Mar 7 Juil - 22:35

Ambroise dormait d’un sommeil sans rêve. Ca n’était pas arrivé depuis une éternité : pas de réveil en sursaut, persuadé d’avoir entendu son bip retentir au beau milieu de la nuit, pas de pensée récalcitrante pour l’empêcher de fermer l’œil, rien de tout cela. Le calme après la tempête, le silence dans sa tête avant la tornade qui viendrait bientôt. Si bien qu’il lui fallut un certain temps pour émerger à peu près : il sentit Ella se défaire des draps plus qu’il n’en eut véritablement conscience, la rechercha du bout des doigts inconsciemment et avec elle, Morphée l’abandonna elle aussi. Le parquet craqua, les premiers rayons venaient lécher son visage : les volets étaient restés ouverts toute la nuit durant. Evidemment.

Le moment offrait une aura tout particulièrement apaisante : probablement parce que son esprit était encore bien trop embrumé.

Il n’avait toujours pas la moindre idée de ce que cela pouvait bien signifier. De ce qu’elle signifiait, cette nuit-là. Il n’avait pas conscience d’à quel point ça avait été important. D’à quel point elle, Ella, avait été le manque le plus criant de son existence toute entière – jusqu’à hier. Il ne savait pas analyser ce genre de situation. Tout au plus pouvait-il sentir combien ça avait brûlé brûlait d’authenticité : la veille, il avait parfaitement conscience du virage qu’ils prenaient. Il pouvait douter de tout, mais pas de ça : les yeux et les corps ne mentaient pas... Avec elle il n’avait pas peur, car Ella était tout sauf une mauvaise idée.

Enfin peut-être d’ailleurs qu’il était lui bien plus conscient de tout cela qu’elle (elle avait promis), submergée et défoncée (non et non, elle avait promis) : et c’est sur cette pensée parasite-là que la douceur de la nuit s’évada pour de bon.

Ambroise se redressa en passant une main dans ses cheveux défaits (comme son cerveau : en pagaille), le drap remonté jusqu’au niveau de ses hanches puisqu’il n’avait encore qu’une très vague idée d’où il (ou elle ?) avait bien pu expédier ses vêtements. Il marmonna distraitement, la voix matinale comme habituellement un brin éraillée par les cigarettes trop nombreuses : « Pas de problème » Précisons également que la première vision nette qu’il lui eut été offerte ce matin fut Ella en petite culotte – se faire réveiller n’était donc vraiment pas un problème. Il se garda pourtant de la dévorer des yeux (ou alors juste une fraction de seconde, le temps de retrouver ses bonnes manières) pour revenir docilement à ses prunelles sombres.

Il la sentit inquiète, Ella. Inquiète ou embêtée, quelque chose de cet acabit-là. Lui garda le silence, respectueusement d’abord, et surtout parce qu’elle possédait encore entre ses mains trop de petits morceaux fragiles de lui pour qu’il prenne le risque de la faire fuir. Il n’était pas certain de ce qu’il lisait, dans ses yeux – mais plus tard, la tempête et les questions tonitruantes.

C’est le radio-réveil qui les interrompit et le sauva quelques instants, alors qu’il commençait à réaliser tout doucement à la fois combien il allait se retrouver perdu (mais perdu comme il n’avait jamais été perdu) et à la fois la curieuse facilité qu’Ella avait de lui faire décrocher des sourires tendres.

" [...] Il est sept heures, dans un instant les titres, vous êtes bien sur Radio-N- ... "

Un coup rapide sur le poste plus tard et l’urgentiste était définitivement sorti de cette inhabituelle torpeur, enfilait rapidement un bas de survêtement et expliquait : « Je travaille aujourd’hui, mais je peux te déposer chez toi en passant ? » Il n’avait pas la moindre idée d’où c’était, chez elle, à présent. Et sans doute ne savait-elle pas non plus où il travaillait. Mais tant pis : deux ou trois évidences venaient de s’imposer dans son esprit. La première était qu’il avait très envie d’une clope – sale habitude matinale – mais cela attendrait. La seconde était qu’il n’était pas question de laisser Ella si légèrement vêtue dans sa chambre, aussi belle fut-elle, mais mal à l’aise. La troisième découlait logiquement de la précédente, il prendrait le temps de la raccompagner. Il passa devant elle tout en lui faisant ladite proposition, puis lança dans la foulée qu’il allait lui chercher sa robe, descendit et remonta rapidement les quelques marches d'escaliers du duplex, prenant entre les deux quelques secondes pour défroisser le vêtement abandonné quelques heures plus tôt. Lui n’était pas particulièrement pudique – mais elle serait probablement plus à l’aise avec un morceau de tissu sur le dos, pensa-t-il. « Oh et aussi, Ella décontenançante les yeux dans les yeux, le temps de lui tendre ladite robe. Aussi attentionné et gentleman qu'il savait toujours le faire - mais troublé d'une façon tout à fait inédite, il avait l'impression de mal aligner les mots. Prends la salle de bain si tu veux, je vais préparer du café. Ou du thé, si tu préfères ? Tu as faim ? »

Ella, Ella, Ella... Je t’en prie, ne t’enfuie pas !  
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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Mer 8 Juil - 11:01


☾ ☾ ☾
{ à côté de toi }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Tu te souviendras longtemps de cette nuit-là,
tu te souviendras longtemps de ses bras.


Elle se souviendra de cette lueur dans ses ténèbres ; de ses baisers emplis de fièvre, de ses caresses pleines de délicatesse, de toute cette tendresse venue d’ailleurs. Elle se souviendra des mots doux murmurés, les soupirs partagés, les promesses chuchotés. La promesse, plus que l’union charnelle, est venue lier leurs deux cœurs jusqu’alors séparés.

Mais tu croyais déjà, il y a quelques années,
que vous deux, c’était pour l’éternité.


Ils n’avaient jamais passé cette limite, elle n’y avait même jamais songé à vrai dire. Même quand elle le taquinait pour mieux (se) cacher qu’elle le dévorait de ses iris. Même quand elle le voyait discuter avec d’autres filles. Plus belles, plus intelligentes, plus talentueuses, plus comme lui. Il a toujours été trop bien pour elle, Ambroise. L’avoir comme ami était déjà un immense privilège. Le perdre, c’était à la fois extrêmement tortueux et, tristement, prévisible.

Il était bien plus imprévisible de le revoir,
bien plus imprévisible de finir dans ses bras.


Elle ignore ce que cette nuit peut signifier ; si elle signifie même quelque chose en vérité. Ils étaient tendus, à bout de nerfs, à fleur de peau. Elle était sous l’effet de la colère et celui de la dope. Les retrouvailles tant de fois imaginées, autant de fois refoulées. Toutes ces émotions si violentes ont créé un raz-de-marée, une tempête à l’intérieur d’elle, jusqu’à ce premier baiser. Cette nuit, elle était trop intense, trop prenante, pour être oubliée. Elle criait d’authenticité comme s’ils l’avaient espérée durant toutes ces années.
C’était beau,
c’était vrai.
Il a comblé un manque ancré en elle depuis qu’il est parti.
Il a comblé en elle, plus que personne auparavant, tout ce vide.

Et toi, Ella, ça te fait peur,
peur qu’il prenne si vite une place aussi grande dans ton cœur.


Il ne devrait pas, il n’en a pas le droit. Pas après être parti, pas après l’avoir abandonnée tout ce temps. Elle s’est offerte à lui, elle s’est abandonnée à lui. Elle se réveille confuse, apeurée, déstabilisée. Et, quand il ouvre les yeux à son tour, embarrassée. Prise sur le fait dans une tentative avortée de s’échapper, le corps encore à demi-dévêtu, elle le contemple sans pouvoir cacher combien elle est troublée. Le minois encore endormi, la voix rauque, le corps qui l’a fait chavirer toute la nuit ; elle se rend compte qu’il pourrait la faire craquer en pleine journée tout aussi vite. Il peut profiter de son trouble, Ambroise, pour lui faire cette proposition. – Euh… j’veux pas te déranger. L’invitation est tentante, parce qu’elle n’a aucune envie de se promener dans les rues de la ville en robe de soirée à sept heures du matin. Mais elle a des scrupules, néanmoins, à le laisser avoir sur elle un tel ascendant. Mais, quand elle le voit, si gentil, si doux, si… ambroisien, l’écorchée vive a du mal à se méfier de lui. Il part chercher sa robe avec la galanterie qui ne semble jamais l’avoir quittée pendant qu’elle essaie de remettre en place ses idées. Elle finit d’enfiler ses dessous avant qu’il ne revienne pour lui tendre le fin bout de tissu. – Merci… elle se mordille la lèvre et l’enfile rapidement avant d’acquiescer d’un léger signe de la tête à sa suggestion. – Ok je te rejoins et… t’embête pas, je mange rien le matin. elle lui fait savoir avant de filer dans la salle de bains. Elle y passe quelques minutes, à tenter de calmer son esprit. Le mal de crâne des lendemains de soirées commence déjà à l’envahir alors qu’elle passe un peu d’eau sur son minois. Elle essaie de se rendre présentable mais renonce à coiffer sa crinière. Puis, dans un dernier soupir, elle ne peut plus reculer et se décide à le rejoindre.

Et tu sens déjà tes jambes osciller,
ou c’est ton cœur qui se met à chanceler.


La ténébreuse pénètre dans la cuisine mais s’efforce de garder une certaine distance avec son ancien ami. Elle n’a pas la moindre idée de la manière dont elle est censée agir avec lui. Elle ne couche pas avec ses amis, Ella, encore moins ceux qui l’ont trahie. Elle glisse la main dans sa chevelure rebelle avant de s’installer sur la première chaise à sa portée. – Je… j’sais pas trop comment on est censé se comporter. Mais cette nuit… Cette nuit, c’était la plus belle, la plus inattendue de ma vie. Pour la première fois, depuis que t’es parti, j’ai cessé de ressentir ce vide. Cette nuit, c’était magique et, à la fois, si authentique. – j’sais pas ce qui nous a pris. Et elle prononce, les derniers mots auxquels elle pense. Elle laisse échapper, tout sauf la vérité. Terrorisée, Ella, elle préfère nier, plutôt que prendre le risque de se faire à nouveau abandonner.

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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Ven 10 Juil - 17:20

Ce paysage urbain. Toujours le même, tous les matins, année après année. Jamais fatigué, jamais si calme. Le Soleil qui illuminait les façades de quelques buildings, les crissements des pneus, les klaxons, les sirènes un peu plus loin, des éclats de voix. Et dans sa tête, le calme absolu. Sa cigarette finissait de mourir entre ses doigts, l’autre main occupée par une tasse de café très noir. Le tableau sous ses yeux n’avait rien d’envoûtant, rien de bien coloré, rien de poétique non plus, et pourtant Ambroise lui trouvait comme une certaine forme d’harmonie. Et chaque matin il le parcourait d’un regard inattentif, respirait calmement la fumée toxique, finissait de se réveiller au gré de l’air encore frais du matin.  

Le temps de sa cigarette, il s’interdit de laisser Ella lui torturer les pensées. Ca ne marcha finalement qu’à moitié, mais en apparence au moins, il garda appuyé sur la rambarde usée du balcon son calme éternel.

Il sentait les choses, Ambroise. S’appliquait à ne pas juger, mais sentait plutôt bien les autres ; il était bon pour observer et analyser, et puis il avait toujours eu cette espèce d’instinct qui ne le trompait pas souvent. Alors quand sa cigarette fut terminée pour de bon, il l’écrasa silencieusement dans le cendrier et soupira doucement mais profondément : il ne sentait pas du tout ce qui allait suivre. Il l’avait deviné rien qu’à la façon que ses iris avaient eu ce matin de fuir les siens.

Il devina les pas légers descendre les escaliers alors qu’il refermait la porte vitrée derrière-lui, retrouva la cuisine, son chat à peine plus loin occupé à jouer avec un bouchon en liège et les siennes à chercher à prendre la poudre d’escampette. A Ella il ne décrocha pas un mot, s’adossa contre un des meubles en prenant quelques gorgées du café encore brûlant – il était persuadé qu’elle allait lui vomir tout ce qu’il était coupable, combien elle était défoncée hier, elle avait les lèvres pincées et les prunelles agitées. Il se répéta une fois qu’elle avait promis, la trouva absolument terrible avec ses cheveux en pagaille, et attendit patiemment que le verdict tombe d’entre ses lèvres assassines.

Cette nuit j’sais pas ce qui nous a pris

Ainsi Ella brisa en deux secondes sa promesse. La promesse d’une nuit toute entière. A lui, il lui suffit d’un moment bien plus court pour la détester. Lui en vouloir tout à coup presque aussi fort qu’elle l’avait rendu fou. C’est ce qu’il s’imagina du moins, bien qu’il en fut fondamentalement incapable. Ella, fuyante, achevant de donner des coups de pied dans son esprit malmené, Ella qui avait obtenu sa confiance en un claquement de doigts, des mots plus qu’il n’avait jamais été capable d’en livrer à qui que ce soit avant, Ella qui avait fait tomber toutes les barrières de sécurité rien qu’en battant des cils et qui finalement entrait là tout au fond dans sa tête et pouvait maintenant y déposer son venin et ses flammes.

Ses pensées se révoltèrent soudain très fort, tambourinaient à ses tempes plus fort que son myocarde meurtri : elle n’avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit d’entrer et de tout casser, pas le droit de lui en vouloir alors qu’elle n’avait jamais lancé le moindre « sos », de le laisser se noyer tout contre sa peau nue et puis finalement d’être dégoûtée, pas le droit de le laisser encore sans rien y comprendre rien à rien (pas encore, pas si tôt). Elle n’avait pas le droit : elle avait promis, elle avait juré, bon sang ! Alors dans un coup d’éclat il manqua de lui rétorquer qu’elle n’avait qu’à partir si elle regrettait (si c’était ce qu’elle avait essayé de faire alors qu’il dormait encore, il ne la retiendrait pas – bien-sûr, c’était forcément ce qu’elle avait voulu faire, elle n’était pas partie pour chercher ses vêtements afin de leur cuisiner des pancakes). Ou d’abord, peut-être aurait-il préféré lui crier dessus (aussi fort qu’elle l’avait transpercé hier au Chantier) qu’elle était défoncée, que cela ne lui donnait aucun droit de jouer avec lui : qu’elle ne fasse pas comme si elle n’avait pas remarqué tout ce qu’elle l’avait chamboulé.

Un peu idiot probablement, il demeura toutefois de marbre. Ne dit rien, ne montra rien, ne fronça qu’à peine les sourcils (putain Ella je n’y comprends rien). Termina en quelques gorgées très rapides le café, disparut sans rien dire jusqu’à l’évier. Le temps de lui laisser éventuellement de quoi ajouter quelques précisions, revenir en arrière. Bien entendu, elle n’en fit rien. Et puis aussi avait-il la préoccupation de ne pas la blesser d’avantage, elle. Comme il avait été stupide.

Il encaisserait.

Il l’avait senti : et pourtant, pourtant il avait foncé toute garde baissée (et haut les cœurs !), il l’avait aimée trop fort le temps d’une nuit pour savoir être imperméable à ses coups.    

Ce matin Ella représentait à elle seule toutes les raisons pour lesquelles il n’avait jamais laissé approcher une femme aussi loin qu’elle l’avait fait.

Il retourna jusqu’à elle, le silence lourd et assourdissant comme seul témoin, le mélange acerbe de sentiments hurlant au fond de son ventre pas vraiment calmé par quelques secondes de réflexion, s’assit sur la chaise en face parce qu’il n’avait aucune envie de la prendre de haut. Et le plus dingue dans l’histoire fut qu’il la trouva encore renversante. Même injuste, même menteuse, même meurtrière. Lumineuse et volcanique malgré tout. Il soupira lentement et répondit une éternité après elle :

« Tu le penses vraiment ? »

Droit dans les yeux. Exactement comme elle l’avait si bien fait dans ses bras avant qu’il ne l’autorise à entrer pour de bon dans sa tête pour y lancer une énorme déflagration.

Parce que moi je ne te crois pas un seul instant. Je t’ai cru de toutes mes forces hier, j’ai pensé chaque mot que j’ai pu susurrer à ton oreille – je n’en regrette aucun, je ne retire rien. J’ai la folie de croire que tu étais sincère, que tu ne jouais pas. Alors ce matin je ne te crois pas, Ella.
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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Sam 11 Juil - 9:44


☾ ☾ ☾
{ à côté de toi }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall

Destructrice Ella, elle laisse échapper tout le poison qui coule dans ses veines. Les lèvres assassines projettent les mots noirs, les maux noirs, qui depuis trop longtemps déjà, la submergent.  La bouche si affectueuse il y a quelques heures se fait venimeuse, devient tortueuse ; car elle a toujours été le seul moyen de se protéger. Crier pour ne pas rompre, blesser pour ne pas plier, détester pour s’empêcher d’aimer. Et son leitmotiv, éviter d’être à nouveau abandonnée. Se faire mal, aujourd’hui, pour ne pas se briser. Leur faire mal, aujourd’hui, pour essayer, encore un peu, de survivre.

Le silence résonne dans la pièce,
plus fort que n’importe quelle parole qu’il aurait pu prononcer,
plus assourdissant que tout ce qu'il aurait pu crier.


Elle aurait préféré qu’il parle, elle aurait préféré qu’il cède. Qu’il lui en veuille, peut-être, qu’il se mette en colère. Qu’il lui dise qu’elle lui avait fait cette promesse ; qu’elle était parfaitement consciente de chacue de ses paroles, chacun de ses gestes. Elle aurait préféré, même, qu’il lui crache au visage combien il la déteste. La colère engendre la colère. La haine d’Ambroise aurait pu nourrir la sienne, bien trop inexistante. Mais il reste fidèle à lui-même, il reste tel qu’elle l’aime. Le calme implacable, déstabilisant, comme elle le connaît tant. Le lac apaisant empêche le volcan d’exploser. Les eaux diluviennes viennent bercer, même de loin, l’âme incendiaire pour calmer les flammes qui ont toujours su repousser les autres.

Et le feu reste désespérément éteint,
ici,
ce matin,
face à lui,


Comme s’il avait le pouvoir par sa seule présence, par sa seule prestance, de mettre en échec les rares moyens que la sulfureuse a su trouver, pour se préserver. Ambroise, il te rend vulnérable. Il te rend faible, fragile. Il te pousse à te révéler, telle que tu es, l’âme écorchée, le cœur abandonné. Elle n’a pas la moindre idée de tout ce qui peut traverser son esprit si raisonné. Son visage demeure opaque tandis qu’il finit par s’installer juste en face d’elle, ses opales plongées dans les siennes.

Et tu ne peux plus fuir, Ella,
pas quand il te fixe avec ces iris,
quand il te fixe avec ses iris,
ceux qui te supplient d’pas mentir.


La gorge nouée, l’estomac en vrac mais encore moins que ses pensées, l’âme en peine contemple, lui, celui qui a toujours été si proche de son cœur et son opposé à la fois. Elle le contemple, lui, l’air un peu coupable ; l’air un peu fatale. Ses prunelles noires continuent de se noyer dans les iris qui demandent la vérité, incapables de les braver. Incapables de mentir, elles, trop criantes de vérité. Trop criantes de toutes les émotions qui peuvent l’animer.

Tu le penses vraiment ?

Quatre mots demandés,
quatre mots murmurés,
quatre mots qui suffisent à la bouleverser.

Elle ne sait pas ce qu’elle est censée dire, comment elle devrait réagir. Ella, elle rejette les autres, tout le temps, constamment. Mais elle le fait avant, avant qu’ils n’aillent si loin ; avant qu’ils ne franchissent autant de barrières ; avant qu’ils n’atteignent de si près son cœur. Ambroise, il est arrivé trop vite, trop fort, pour qu’elle y arrive. Ou, peut-être que c’est uniquement parce que c’est lui. Elle n’a jamais eu les mêmes limites, avec lui. Les rétines qui se dérobent, la féline finit par retrouver un semblant de conscience, malgré l’angoisse persistante, malgré le trouble immense. – On s’est pas revu depuis… depuis tellement longtemps. On s’connait même plus. Et tu ne réponds pas à sa question Ella, tu fais que la contourner. Comme tes lunes qui ne cessent de se détourner. – On vit dans deux mondes différents, Ambroise. Toi, tu vis dans la lumière. Toi, t’es capable de croire en tes rêves. Et je continue, pendant ce temps, à avancer à tâtons dans les ténèbres ; à m’enfoncer toujours un peu plus dans les abysses de mon enfer. La tourmentée ferme ses paupières fatiguées, des vices consommés, de la nuit passée. Elle passe fébrilement sa main dans sa chevelure indisciplinée, avant d’oser à nouveau le regarder. – J’fais que dire un truc qui te sautera aux yeux en quelques jours.

Parce que t’en auras assez,

des soirées alcoolisées,
de la came absorbée,
des vices multipliés,

Parce que t’en auras assez,

d’mes crises de colère,
de ma rage et de ma haine,
de mon aversion pour tout l’univers,

Parce que t’en auras assez,

d’mes crises d’agonie,
de la souffrance qui m’anime,
de la douleur qui m’détruit,

Parce que t’en auras assez,
de moi,

t’en auras assez de moi, Ambroise, et ça, j’veux pas,
j’pourrais pas,
pas encore une fois,

pas encore une fois sans toi.



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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Dim 12 Juil - 23:54

Elles étaient là, les barrières qui avaient éclaté avant même qu’ils ne prennent le temps de les dessiner convenablement. Les barrières qu’ils avaient éclatées sciemment. D’un commun accord. Ils avaient tout fait à l’envers : Ella avait rebroussé chemin et fait volte-face dans sa poitrine en deux ou trois mots, comme un coup de révolver sorti de nulle part – et lui était bien incapable de faire marche arrière, le vertige le prenait s’il essayait seulement de fermer les yeux et d’oublier. Quoi qu’elle ait pu dire, croire, hurler à ses oreilles : il ne l’avait jamais oubliée, Ella. Il était incapable de l’oublier.

Son cœur tambourinait si maladroitement (si fort) dans sa poitrine qu’Ambroise se demandait s’il était possible que son ensorceleuse ne l’entende pas. Et ça n’était sans nul doute pas l’effet du café trop fort tout juste ingurgité.

Marshall était en colère.

Contre elle, un peu, d’abord. Rien qu’un peu. Pour s’être ravisée le temps d’un claquement de doigts, pour s’être fait du mal comme ça, pour l’avoir enivré et puis avoir essayé de prendre la poudre d’escampette, pour l’avoir autorisé à s’abandonner contre elle et puis fuir rien que son regard ce matin-là, pour crier « noir » et penser « blanc » quand lui n’y comprenait rien (bon sang, il n’y comprenait fichtrement rien). Pour l’avoir autorisé à croire... A croire à quoi, au juste ? Qu’est-ce qu’il s’était imaginé ?

En colère contre lui-même surtout. Pour la part de responsabilité qu’il avait quant à déchéance d’Ella – il n’inventait rien, elle le lui avait ouvertement reproché (et si ?). Pour avoir baissé sa garde si vite. Pour s’être méfié (il était sûr et certain qu’elle se raviserait le lendemain, et puis elle avait promis) et avoir oublié la prudence l’instant d’après, le temps d’un battement de cils. Pour s’être laissé berner comme un sombre idiot. Pour se retrouver comme un débutant avec ses sentiments en vrac, pour la toute première fois, sentiments dont il ne savait de toute évidence pas quoi faire. Il avait la tête sans dessus dessous. Et le tournis, et la rage au fond de la gorge, et la rancœur un peu aussi, et la dévotion plus forte encore, les pupilles happées par tout ce qu’elle était belle.

Cette fois-ci les mots d’Ella sonnèrent plus juste. Et autre chose aussi, qui acheva l’air de rien de lui briser le cœur, sans qu’il ne comprenne bien pourquoi – il comprendrait plus tard que la belle était tétanisée et usée, bien plus en miettes que son propre myocarde. Pourtant, par-dessus tout ce chaos désorganisé et le cadavre de ses espoirs, c’est le sentiment d’injustice qui se mit soudain à tonitruer plus fort que le reste : « Tu me juges trop vite. » Il répondit rapidement après elle d’abord, comme pour l’empêcher d’une fois de plus émettre l’hypothèse qu’il la laisserait tomber. Le ton était calme : sans appel certes, mais calme. Il sentait les choses, Ambroise... Et cette fois-ci, son instinct lui souffla que l’heure était à tenir ses propres promesses.

Même si Ella n’avait rien écouté. Tu me juges trop vite : et tu n’as pas écouté ce que je t’ai dit hier. Il ferma les yeux un instant, passa les doigts sur ses tempes endolories d’avoir enduré l’ascenseur émotionnel, inspira lentement.  « Tu te souviens de ce que je t’ai dit hier ? » Rappelle-toi : je ne te laisserai pas tomber. Jamais. Tu peux mentir, fuir, crier : j’ai promis. Je serai là, quand tu m’appelleras, quand tu ne me le demanderas pas, à chaque fois. Et puis bon sang, tu n’as rien entendu : mon monde sans toi, il est morne, il est triste et linéaire, ennuyeux et sans saveur. « Ella » Il attendit confirmation, rappela ses iris fuyants en direction des siens, faisant difficilement fi d’à quel point elle venait de l’envoyer sous l’eau (putain, qu’est-ce qui pouvait bien lui faire si mal que ça dans la poitrine ?). Il avait envie d’hurler combien elle se trompait, ils savaient très bien ce qu’il leur avait pris, elle savait combien ça avait été véritable et authentique. Elle avait été son tout et son néant cette nuit : c’était tout ce qui devait compter. Plus fort que le puits béant qu’elle creusait dans sa poitrine à lui – probablement même sans que ni l’un ni l’autre ne s’en rende compte. « J’ai pensé et je pense toujours chaque mot. Je t’aime déraisonnablement Ella, je voudrais partir rien qu’avec toi et pourquoi pas apprendre à danser avec toi, je serai là à chaque fois, tout le temps, toujours, car mon monde est morose sans toi : j’ai besoin de toi dans ma vie. Tu peux changer d’avis ; de mon côté je ne compte pas revenir sur mes propres promesses et je ne reviendrai pas non plus dessus dans quelques jours parce que tu prends de la cocaïne ou parce que... j’en sais rien, peu importe. » Pupilles beaucoup trop dilatées, pouls trop rapide, il avait l’habitude. Mais pas de se faire embarquer corps et âme dans la danse. Il fuit à son tour du regard, les mots plus rapides : déstabilisé. Comme à deux doigts de la sentence, tentant le tout pour le tout, dérouillant sévèrement, espérant encore stupidement qu’Ella reviendrait en arrière, qu’il ne lui avait pas offert sa confiance aveugle pour rien. « Ca ne veut pas dire que je sais comment me comporter... Mais il n'était pas question de te mettre dans mon lit et de me lasser en un claquement de doigts. Quoi que tu fasses cela n'arrivera pas. Tu parles comme mon père et ça me fait chier. » Le verdict final était sans appel. Parce que Tony Marshall l’avait jugé beaucoup trop vite quinze ans plus tôt : Ella ne s'était jamais effacée de ses pensées. Ella était revenue au grand galop, avait tout fait valser, et aujourd’hui c’était elle qui se trompait sur toute la ligne.

Ou elle qui était incapable de trouver les mots directs pour dire qu’elle ne voulait tout simplement pas de lui, finalement.
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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Mer 15 Juil - 20:22


☾ ☾ ☾
{ à côté de toi }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Il la laissera tomber.
Il la laissera tomber parce qu’il se rendra compte qu’il n’a plus rien à en espérer ; qu’elle est une cause désespérée ; qu’elle n’est plus que l’ombre de ce qu’autrefois, elle était.
Plus que l’ombre de la femme qu’il a, peut-être, un peu, aimée.

Il la laissera tomber.
Il la laissera tomber parce qu’il n’en aura rien à en tirer ; quelques effusions, peut-être, quelques moments de tendresse. Jusqu’au moment où elle reviendra, la colère. Jusqu’au moment où elle reviendra, la détresse.
Jusqu’au moment où il verra, combien elle est laide, Ella.

Il la laissera tomber.
Parce qu’il réalisera qu’en voulant l’approcher, en voulant la garder à ses côtés, c’est lui qui finira par chuter. C’est lui qui devra se plonger dans les abîmes torturés. C’est lui qui devra plonger au cœur de son enfer glacé dans l’espoir vain de l’en libérer.
C’est lui qui risque de tout perdre en voulant tout lui donner.

Il la laissera tomber.
Pas parce qu’il voudra une nouvelle fois l’abandonner ; pas parce qu’il ne sait pas tenir les promesses réalisées. Mais parce qu’il devra penser à lui, à un moment, à sa propre survie.
Pour ne pas laisser l’obscurité de l’âme damnée le submerger, il finira par la lâcher.

Il la laissera tomber.
Et il ne le fera pas par envie, il le fera peut-être même à contrecœur ; peut-être même jusqu’à s’en briser le cœur. Mais il le fera par instinct de survie.
Parce que lui, a toujours choisi la vie.

Et il ne sait pas, Ambroise, combien toutes ces sombres vérités sont en train de la bousiller. Combien elle a mal, elle, de le rejeter après toutes ces années à l’espérer. Combien c’est une torture de repousser l’être qu’elle n’a jamais su oublier ; celui qu’elle ne pourra jamais oublier.

Ce n’est pas lui qu’elle juge, l’âme en peine, c’est elle-même,
elle et tous ses travers,
elle et tout ce qu’elle se déteste.

Mais, pour la première fois, elle ne dit pas un mot, Ella. Elle se tait pour le laisser parler ; elle se tait pour s’accorder le droit de l’écouter. Elle n’a pas l’espoir qu’il lui fasse changer d’avis car il y a déjà trop longtemps qu’elle a perdu toute forme d’optimisme. Et pourtant, tu te souviens. Tu te souviens, plus jamais il lâcherait ta main. Tu te souviens des mots murmurés, de ses promesses au goût d’éternité. Tu te souviens de cet espoir fugace mais si intense de ne plus jamais le quitter. Tu te souviens de tout, Ella, mais t’y crois plus. Tu sais plus croire, plus en quoi que ce soit. Surtout pas en l’amour, surtout pas en toi.

Mais lui, elle continue d’y croire.

Comme une lueur dans les ténèbres, il ravive quelque chose d’insoupçonné dans son cœur en désarroi. Silencieuse mais attentive à la fois, elle a la gorge qui se noue, incapable de répondre quand il entend une confirmation. L’écorchée vive finit par acquiescer d’un signe distrait de la tête pour avouer. – Oui… oui, je me souviens de tout. Je me souviens de chaque mot, Ambroise, chaque geste. J’arriverais pas à te faire croire le contraire. J’arriverais pas à te dire que tu ne m’as pas retourné le cœur autant que la tête.  Il détient un pouvoir immense sur elle ; comme une emprise si forte mais douce et étonnamment saine, qu’il a sur elle. Elle se retrouve ici, assise face à lui, les prunelles irrésistiblement captées par ses iris. Elle se retrouve ici, calmement en train de discuter avec lui, alors qu’elle pourrait s’enfuir.

Elle se serait déjà enfuie,
avec un autre que lui.


Mais elle est incapable de bouger alors qu’il continue de parler.
De ce calme déstabilisant, de cette sérénité apparente ; Ambroise, tout entier, il est désarmant. Il ôte à la torturée toutes les armes, toutes les barrières qui l’ont toujours protégée. Il se rapproche de son âme ébréchée plus qu’il ne l’a jamais été ; plus que n’importe qui ne l’a jamais été.

Incapable de bouger, alors qu’il est en train de la faire chavirer.

Ses mots la chamboulent plus que de raison. Car il semble ressentir, pour elle, une telle dévotion. Une affection, un engagement indéfectible qu’il ne remet aucunement en question. Elle n’a pas l’habitude, Ella, pas l’habitude d’être si importante. Elle ne peut pas rester indifférente ; pas alors qu’il laisse échapper les mots qu’elle n’a jamais osé espérer, ni de lui, ni de personne. Il semble prêt à rester en dépit de ses vices, en dépit du pire… en dépit d’elle et son âme assombrie.

Comment pourrait-elle le repousser ?
Comment est-elle censée trouver la force de le rejeter ?

Alors qu’il affirme, avec évidence, tout ce qu’elle n’a jamais voulu entendre ?


Elle n’en est pas capable, Ella. Pas quand il lui confie ces mots-là. Pas quand il la contemple de ses rétines encore remplies d’espoir ; envers elle mais aussi envers la vie. Ambroise, l’optimiste, Ambroise la lumière éternelle dans sa vie. Elle laisse transparaître, sans le vouloir, un faible sourire quand il évoque le paternel qui la détestait tant, elle, la mauvaise influence. Peut-être à bon escient, finalement. – J’veux pas penser comme ton père, Ambroise… Non, c’est même là une sensation plutôt désagréable ; de se dire qu’elle est devenue si cynique qu’elle ne croit plus en une relation qu’elle pensait à l’époque inébranlable. Qu’elle est devenue trop brisée pour pouvoir envisager quelque chose avec un homme qui est son parfait opposé. – C’est pas… c’est pas toi que je juge, je te crois quand tu dis que tu veux être là et… Et je veux tellement y croire. Je voudrais tellement que ce soit vrai, dans la durée, autant que l’a été cette nuit à tes côtés ; autant qu’on est capables de s’aimer. – Mais… j’vais te faire du mal. elle lâche, fatale. Parce qu’elle est comme ça, la ténébreuse, elle fait du mal. Aux autres, presque autant qu’à elle-même. Elle bousille tout ce qu’elle touche parce que son propre cœur est ravagé, autant que sa vie est saccagée.
Elle est comme un poison contagieux, Ella, et elle ne veut surtout pas le contaminer.

Et pourtant, elle voudrait tellement se tromper,
elle voudrait tellement oublier ses pensées si tourmentées,
et le laisser, sa clarté, la guider,
le laisser, lui, l’aimer.



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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Mer 15 Juil - 23:42

Elle lui arracha avec une facilité déconcertante un sourire complice. Ils savaient tous les deux les menaces et les disputes à n’en plus finir qui à l’époque pleuvaient : quoi qu’il ait pu imaginer, Ella n’avait pas été la raison de tous les maux de Tony Marshall, son fils ayant décidé tout seul comme un grand que l’adolescence était une période propice à la rébellion, que les interdits étaient faits pour être bravés et les expériences pour être tentées. Avec ou sans elle, il aurait trouvé son paternel pourtant aimé étriqué d’esprit, terriblement rigide, trop de tout et jamais suffisamment à la fois. Avec ou sans elle, il aurait couru la nuit, laissé rugir l’esprit de contradiction juste pour la forme. Elle avait rendu ces années-là à la fois scandaleuses et inoubliables : Ambroise aimait son père infiniment, s’en était souvent voulu et s’en voulait parfois encore de lui avoir fait un sang d’encre si souvent et si longtemps – mais pour rien au monde il n’aurait échangé les punitions, les restrictions, les cris, les paires de gifles (amplement méritées, toute réflexion faite). Il ne retirait rien. Pour rien au monde, il n’aurait renoncé à Ella. A cette part incandescente et invincible qu’elle avait laissé brûler en son for intérieur. Il y a quinze ans, hier, aujourd’hui, demain, dans cent ans. La poudre d’indécence dans son univers si sage.  Leur univers qu’ils s’étaient crée. Sa mère, sans doute, avait un peu mesuré l’ampleur du phénomène – à quel point ça avait été important, peu importe combien elle pouvait s’inquiéter. Son père s’était contenté de transvaser sur la personne qu’était la gamine de l’époque une bonne partie de sa rancœur et de ses accusations, responsable à la fois de la peste et du choléra juste parce qu’elle ne respectait aucune forme de couvre-feu. Comme si la tenir à distance aurait pu suffire à l’effacer de sa tête et de sa vie. Trop tard : d’Ella, il en était déjà imprégné tout entier. Il y a quinze ans et dans cent ans.

Ella était la meilleure et la pire idée qu’il ait jamais eue à la fois.

La pire : parce qu’il s’apprêtait à sauter les yeux fermés avec elle (c’était déjà probablement trop tard pour cela aussi, d’ailleurs), sans réfléchir. Elle dérangerait assurément sa vie cadrée, organisée, droite et pré-dessinée. Il n’était préparé à rien et pourtant ce matin-là il était prêt à tout pour elle. Il ne savait pas souffrir et c’était bien-sûr ce qui se passerait s’il se contentait d’acquiescer bêtement et revenir sur ses promesses. La meilleure aussi, car son univers propre et rangé était aseptisé, il était incapable de tenir les sentiments sur la distance (oui mais ça c’était avant, parce qu’avant Ella c’était comme si aucune fille ne lui avait vraiment fait envie, ni corps ni âme) ; et peut-être finalement que tout cela avait fini par lui donner un peu la nausée, peut-être que la solitude non plus il commençait à ne plus la supporter, peut-être qu’Ella avait juste été la lueur de lucidité qu’il lui manquait pour l’éclairer. Ou un éclair de folie, plutôt. Qu’importe. La pire et surtout la meilleure idée.

En deux mots et en un regard elle lui faisait vivre les montagnes russes, elle lui donnait envie de hurler de rage puis d’injustice, elle le faisait mourir d’envie, elle le bouleversait la seconde d’après, l’affolait et malmenait son esprit mal habitué. Voilà qu’en quelques phrases elle calma (rien qu’un peu) ses inquiétudes ; elle l’avait écouté et en retour sa voix s’était adoucie.

Pourtant son cœur brinquebalant, qui depuis hier n’avait de cesse de tout donner pour la retenir, redoutait encore et toujours plus fort l’instant où elle soufflerait qu’elle s’en irait. D’abord, Ambroise avait pensé qu’elle avait tout oublié, qu’elle était défoncée, qu’il s’était éclaté et ramassé et trompé sur toute la ligne. A présent il pensait qu’elle finirait peut-être par imaginer que ce serait mieux comme ça ; peu importe la raison qu’elle invoquerait (pour lui ou à cause de lui, pour elle ou à cause d’elle : ce serait du pareil au même).

« J’entends. » Il aurait préféré que ce soit plus simple, qu’elle se contente de lui en vouloir à la mort, même après la nuit complice et les étreintes fiévreuses. Le brun soupira doucement, n’abandonna pas ses prunelles pour autant. Il aurait juré qu’elles brillaient un peu plus, dangereusement plus – oh, il aurait définitivement préféré être le seul responsable des maux qui occupaient la tête de sa muse. Quoi que ce cela fut finalement un brin égocentrique, peut-être. Il eut encore un sourire léger, discret mais bien perceptible, contrastant avec son cœur qui n’arrêtait pas de battre trop fort et péniblement. « C’est en effet un risque, concéda-t-il sérieusement. Risque qu’il était prêt à prendre, risque qu’il avait déjà pris naïvement en fonçant stupidement tête baissée. Ils n’en étaient pas conscients mais ils le savaient tous les deux. Il n’empêche que je pense très fort que cela peut valoir le coup. Je sais que tu ne vas changer d'avis de sitôt et tu sais que je n’en démordrais pas non plus... Mais je t’entends. Vraiment. »  Le silence. Encore. Pour elle, il avait l'éternité. Ambroise sentait qu’il arrivait au bout de tout ce qu’il était capable de comprendre au beau milieu de ce raz-de-marée émotionnel. A travers le capharnaüm, seule la culpabilité revenait à intervalles tout à fait réguliers. Acide, acerbe à la fois. Droit au cœur. Ella, Ella, si j’avais été là, serions-nous là à éviter de piétiner les miettes de ton être ? Ella, qui a osé faire ça, pour que toi tu ne te voies plus comme moi je te sens (vivante) ? Pourtant, il restait une réflexion, elle était juste là pendue au bout des lèvres, il hésita et la soupesa prudemment. « J’ai un millier de questions pour toi mais je crois que nous avons fait assez de remue-méninge pour aujourd’hui. » Les yeux dans les yeux, éternellement, les mots pas toujours indispensables, car même épuisés, ils étaient indestructibles et toute l’énergie dépliée par son père n’aurait jamais suffit à les faire ployer « Me diras-tu qui t’a fait du mal comme ça ? » Plutôt finir foudroyé que d’être encore responsable de ses larmes ; à elle qui lui offrait un accès inestimable à son être, et comme lui-même sentait le souffle lui manquer (il était exténué, dévoué jusqu’à ce que mort s’en suive mais exténué), il enchaina assez vite : « Je me prépare rapidement, j’en ai pour dix minutes et puis je te dépose chez toi. » Cette fois-ci, la proposition réitérée n’en était plus tellement une. L’urgentiste abandonna sa chaise, brisant en grande partie avec lui l’atmosphère bien trop pesante pour leurs quatre épaules et retrouvant un air mutin (tout pour retrouver ses sourires plutôt que des sanglots) : « Promets-moi de ne pas disparaitre le temps de ma douche – ou bien sinon je t’attache quelque part avec moi : tu as le choix. »
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Message Sujet: Re: cette nuit à côté de toi. (ambroise)   cette nuit à côté de toi. (ambroise) Empty Sam 18 Juil - 12:07


☾ ☾ ☾
{ à côté de toi }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Quand le feu rencontre la glace, une réaction chimique se produit. La glace, aussi solide soit-elle, se met à fondre comme neige au soleil. Elle se liquéfie pour laisser apparaître les eaux diluviennes. Mais le feu, lui, continue de brûler. Les étincelles incendiaires ne s’amoindrissent pas, bien au contraire, elles ne font que s’enflammer. Et le feu, il fait des ravages, il détruit tout sur son passage.
Ella, elle a ce même feu en elle ; un feu destructeur, un feu qui pourrait finir par briser des cœurs.

Le sien, mais surtout, celui d’Ambroise.

Elle n’est pas faite pour aimer. Elle ne sait pas, aimer. Sans doute car personne ne le lui a jamais enseigné. Un père violent, une mère victime, elle en a déduit que l’amour est une faiblesse qui ronge et qui brise. Elle a vu, de l’amour, les coups infligés, les suppliques implorées, et encore d’autres sévices répétés. Elle a grandi avec une image tellement erronée, tellement violente de l’amour ; qu’à son tour, elle n’a pas su aimer comme il faut. Le seul homme qu’elle s’est autorisée à aimer représentait à lui tout seul tous les fragments d’un amour impossible. Torturé autant qu’elle, il lui a préféré la guerre, il lui a préféré l’enfer… plutôt que la détresse qu’ils avaient en commun. Et elle n’a pas su mieux réagir, Ella, les infidélités comme seule réponse au vide qu’elle ressentait dans le cœur. Puis, il y a eu Djawny, la seule fois de sa vie où elle a eu le sentiment d’avoir une famille. Une famille qui était celle de sa sœur plus que la sienne, une famille qu’elle a fini par fuir, elle aussi. C’est à cela que se résume sa vie, à la camée, abandonner ou être abandonnée.

Ambroise aussi,
il est parti,
mais Ambroise est revenu,
et elle, toujours plus perdue.


Elle n’aurait pas été capable de partir, pas avec lui. Il était la première personne, de toute sa vie, avec laquelle elle se sentait bien. Le seul être dont, tout ce temps, elle avait besoin. Elle se serait contentée de lui plus que du reste du monde, Ella. Elle l’aurait choisi à l’univers tout entier. Mais, cette fois, c’est lui qui l’a laissée tomber. Et elle, n’a pas su le rattraper. Elle n’a pas été capable de le retenir. Pourtant, c’est ce qu’il fait, Ambroise, aujourd’hui. Il tente de la retenir à tout prix, il la rassure comme lui seul y arrive… elle se souvient, le sentiment d’apaisement, chaque fois qu’il venait la bercer de sa voix rassurante. Elle se souvient, comme il avait tendance à calmer les battements effrénés d’un myocarde constamment en ébullition.

Peut-être que l’eau sait, un peu,
adoucir le feu,
ça crépite, ça vit,
ça brûle en elle mais elle se sent si vivante auprès de lui.


Elle voudrait, tant, pouvoir oublier. Oublier l’appréhension de chambouler totalement une vie qu’elle devine déjà si bien rangée ; oublier la peur de bouleverser un peu plus son cœur déjà trop amoché. Mais ce qu’elle ne parvient définitivement pas à occulter, c’est cette crainte inexorable, la peur de ne pas être à la hauteur… à sa hauteur. Elle est persuadée qu’elle va le blesser, saccager sa vie autant qu’elle bousillera son cœur. Ambroise ne réfute pas cette possibilité, il semble se douter que c’est un risque… elle, Ella, elle est un risque ; un risque qu’il veut prendre. En silence, la tourmentée laisse les pensées de son interlocuteur s’immiscer ; se diffuser dans son esprit torturé. Il semble, quant à lui, deviner qu’il l’a suffisamment remuée, ou bien est-il tout aussi chamboulé. Les prunelles adoucies le contemplent, avec reconnaissance, avant qu’il ne formule cette question qu’elle n’attendait pas.

Lui diras-tu, ella,
combien t’as souffert,
lui confieras-tu, ella,
toute ta détresse,
lui avoueras-tu, ella,
combien tu l’aimes ?  


Autant de questions qui restent sans réponse. Les rétines se dérobent face à l’homme qui sait trop bien lire en elle. Comme un prolongement d’elle-même. Ambroise, il est à la fois son opposé, et son âme sœur. Il ne peut pas deviner tout ce qu’elle a vécu, tout ce qu’elle a perdu. Mais il sait déceler, mieux que personne, la souffrance qui se cache derrière ses grandes pupilles noires. Il fait naître un sourire sur les lèvres de la sulfureuse avec la promesse exigée ; signe qu’il a toujours confiance en elle, même au petit matin. – Je t’attends. elle promet, les opales plongées dans les siennes, comme une promesse solennelle. Elle ne sait pas où elle va, Ella, mais elle sait que le chemin sera toujours meilleur avec lui, plutôt que sans lui. Se relevant lentement, elle approche de lui à pas feutrés, l’air légèrement hésitante. Mais son instinct dépasse sa peur quand elle part entourer ses bras autour de son cou. – Merci… elle murmure, à son oreille, avant de déposer un doux baiser contre sa joue. Elle en profite pour respirer l’odeur qu’elle n’a jamais su retrouver ailleurs. Elle le remercie, Ambroise, de l’avoir retrouvée ; d’avoir surtout insisté ; de tenter encore de la garder. Elle a besoin de sentir qu’il est encore tout près d’elle ; que tout ce qui se passe n'est pas qu'éphémère.

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