the wrong feels right (perle)

Il y a la nuit qui gueule à corps et à cris. À rendre sourds les parfaitement lotis, noyés dans les draps de satin, les baldaquins et quelques catins. La naphte fait rugir les mécréants piégés par la lune et les étoiles, et Louison, comme tant de soirées où les clés du château tombent en même temps que le rideau du théâtre, est prise entre les putes et les astres. Mais elle n’est pas seule à jurer au crépuscule; une meute de lépreux près de sa tignasse blonde jacasse d’insanité, des apatrides à leur propre conscience qu’elle exècre de digues glaciales. « Regarde-nous, les Cosette du Queens » elle éructe à la môme de jais, Perle, crachant un volute d’air frais vers le ciel. La brise gifle ses joues, rosit son teint tandis que la louve abat le regard sur l’enseigne lumineuse d’une épicerie. « Je meurs de faim, qu’est-ce t’en dis? » elle plante ses mirettes inquisitrices sur la toile de son portrait. Elle a trouvé Perle dans la misère, mais celle-là n’avait rien de précieux, mais elle avait le don de rendre les loques et les haillons précieux. Mais Louison voit bien, qu’ils lui ont bousillé son nacre, qu’il n’y a plus que le satin qui glisse sur les aspérités de son âme. La blonde a relevé la capuche de son sweat, longe la ruelle dans l’ombre de son acolyte. Les réverbères se tiennent hauts et fiers dans le gouffre de la nuitée, le boulevard sur lequel elles arrivent n’as plus la même allure quand le jour tire sa révérence. « Hé les mignonnes, barrez-vous d’là c’est mon territoire » elles se sont pétées les dents sur le phallus, elles ont les lèvres fendues, sont maquillées de leur propre sang. Louison jette un regard à Perle et traverse de l’autre côté de la chaussée jusqu’à l’épicerie qui projette cette lumière blanche aux relents médicaux. « J’te suis » parce qu’il n’y a véritablement qu’elle qui sache, Perle la trouble-faite, que la blonde n’a que le culot et, surtout, rien à perdre.