fini mes parents qui s'demandent comment ils ont raté un fils. (noor)

01/ Il n'existe aucune belle façon de partir, ou peut-être uniquement dans les romans et films diffusés sur de grands écrans, quand le héros, par amour se sacrifie pour sa dulcinée et que le guerrier met enfin un terme au règne du grand vilain en sacrifiant sa vie pour sauver l'humanité. Dans la vraie vie cela n'arrive jamais. Et c'est cette pensée qui la tiraille alors que l'on met en terre sa mère, emportée brusquement par le cancer. Il y a tant de choses joyeuses à raconter, de belles histoires qui lui sont arrivées, de beaux et bons moments passés en sa compagnie ; quand la famille était encore soudée et pourtant, pourtant le fil de ses pensées ne suit guère. Eleanor devrait se concentrer sur les souvenirs agréables des soirs d'été passés à se raconter des histoires à la lueur d'un feu de camp, des journées automnales où ils s'amusaient dans les feuilles teintées d'orange. Les rires, l'amour. Rien n'y fait. Elle savait, au plus profond de son être, du haut de ses 13 ans, que tout allait changer et le plus triste dans tout cela, c'était qu'elle avait raison. Alors la petite gamine brune s'était faite la promesse de vivre pleinement sa vie. 02/ Les éclats de voix qui heurtent les murs et raisonnent l'ont vite amenée à la conclusion qu'au plus tôt elle quitterait le foyer, le mieux ce sera. Fuguer, s'éloigner de la maison qui l'a vue grandir lui a effleuré l'esprit un nombre incalculable de fois, mais Robin était ce qui la retenait là. Né bien avant elle, avait même valu à son paternel l'envie d'abandonner la petite famille alors que Noor était à peine âgée de 7 ans. Démissionnaire jusqu'au bout, incapable de faire face à quelconque situation, parce que le handicap de son aîné lui avait fait prendre les jambes à son cou des semaines pour ne pas parler de mois. Reculer pour mieux sauter, c'est cela ? A tout instant la gamine s'attendait à retrouver son père pendu au plafond du salon avec un mot d'excuse pitoyable, le genre qui n'excuse en aucun cas ce genre de geste lâche. Mais il n'en fit rien, préférant s'accrocher à la vie et continuer de la subir. 03/ New-York s'est présenté à elle, la belle aubaine. Quitter le Maine pour une grande ville qui n'a de cesse de bouger, abandonner la campagne aussi morte que son père, loin de son emprise néfaste, loin de cette famille qu'elle portait à bout de bras depuis bien trop longtemps. Prise de remords à l'idée d'abandonner son frère qui finira par être placé par son père dans un foyer spécialisé sans même que ce dernier n'en parle à sa fille, naturellement. L'indépendance, l'égoïsme et la joie de découvrir la vie, de la mordre à pleine dents sans même se soucier de quoi que ce soit. 04/ Les expériences, c'est à ça que sert l'université non ? Ca et se trouver un mari ou bien se faire des contacts et quels fussent-ils ? Noor... Il lui fallait bien fréquenter des gens plein de vie, si bien qu'ils suivaient parfois des voies qui les menaient tout droit sur des chemins glissants ; Quelle merveilleuse idée de poser pour des photos afin d'arrondir les fins de mois compliquées. Mais l'apothéose fut sans doute de se laisser convaincre d'utiliser sa plastique afin de gagner de l'argent. 05/ Son père ne paierait plus l'établissement spécialisé dans lequel il avait enfermé Robin, fraîchement mit à la porte il se voyait forcé de vendre la maison qui avait vu grandir ces deux gosses paumés. C'est à ce moment-là qu'elle prit la décision de sauter le pas. Disparue la jeune femme forte et intelligente, s'installait en son seing une survivante avide de facilité. Si durant son cursus scolaire Eleanor, Monica, Jean Swain s'était permise d'escorter quelques hommes de-ci, de-là à des soirées mondaines, c'est au moment où elle apprit que son frère se retrouverait à la rue qu'elle à plongé. Rapatrié l'aîné dans la grosse pomme, tout près d'elle. 06/ C'était pas la carrière d'une vie, Swain n'avait pas fixé de date de prescription à cet emploi qu'elle qualifiait de "job alimentaire", mais au plus profond d'elle la jolie brune savait que quelque chose de plus grand et enrichissant l'attendait après, oui, elle savait qu'il y aurait un "après", quand ? L'américaine n'en n'avait pas la moindre foutue idée, mais cela viendrait. Quel fut son déclic ? C'était quoi, l'étincelle qui lui a donné envie de claquer la porte, tourner les talons et se tirer de là ? 07/ Au cours de sa carrière Eleanor avait été amenée à croiser bien des hommes, parfois même des femmes, tous aussi différents les uns des autres, mais des tordus il n'y en avait pas eu des masses. La goutte de trop était bulgare, portait un nom aussi doux qu'amer. Des gens peu fréquentables l'entouraient, la belle le savait, mais ne s'en formalisait pas, bataillant afin de ne pas avoir dans son sillage direct des personnes nocives ou dangereuses ; mais parfois cela arrive, même si les efforts fournis pour éviter ces personnes sont énormes. La vie et son drôle de sens de l'humour. Toujours est-il que cet Angelov a tenté de marquer la jeune femme au cours de la soirée qu'il passait avec elle. Noor s'est débattue, l'a frappé à de multiples reprises. Sur le haut de sa cuisse, juste sous sa fesse se trouve une brûlure : ses initiales à lui. 08/ Travailler dans le social était comme une évidence, aider les personnes en difficulté lui semblait être une belle reconversion, bien qu'après tout, Eleanor ait toujours eut ce petit côté "assistante sociale" en se faisant payer pour donner à certains hommes ce que d'autre femmes ne voulaient pas leur offrir. L'espoir de retourner étudier naît en elle, mais les économies qu'elle planque sous son matelas y passeraient au complet et Robin serait forcé de quitter la maison médicalisé dans laquelle il réside depuis 5 ans maintenant et dans laquelle il se plaît... Alors pour ne pas tout dépenser, elle charbonne au point de donner des cours de yoga le samedi matin dans un coin du Queens Huppé.

Accrochée à ses espoirs, celui de mener une vie meilleure, se violente afin de ne pas laisser mourir celui de retourner étudier un jour. Celui de trouver un sens à sa vie, un jour. Enfin... Non, ça ne meurt pas l'espoir.