highway to hell. (Opale)

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{  highway to hell }
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

La douceur d’Opale… elle ne se voit pas tout de suite, pas au premier abord. Car la ténébreuse a d’autres parties d’elle si visibles, si vivantes. Son tempérament, sa vivacité, sa sensualité. Tant de fragments d’elle qui laissent timidement entrevoir combien elle peut être tendre, combien elle peut être présente. Mais, dès l’instant où l’écorchée vive a su déceler cette partie d’elle, c’est comme si elle était frappée par l’évidence à jamais. Évidence qui perdure à chaque regard, chaque mot, chaque instant de complicité. L’âme incomprise, si souvent incompréhensible, tu ne savais pas ce que c’était d’avoir une amie. Pas avant de l’avoir, elle, pour te le prouver chaque jour. L’avoir, elle, pour te donner tout cet amour. Au sujet de cet homme qu’elles ont en commun, elles n’ont pas même besoin de s’inquiéter, pas besoin de se rassurer. Elles ne se battront pas pour lui, ni l’une ni l’autre. Déjà, pour Ella, parce qu’elle ne se battrait jamais pour un homme. Mais, surtout pas avec elle. Surtout pas avec celle qui lui a fait découvrir l’amitié la plus authentique, la plus vraie, la plus sincère. Opale est au-dessus de ce garçon, de tous les garçons qu’elle pourrait rencontrer… car ils finiront tous par s’en aller.

Pas Opale.

Opale, elle restera.

Loin d’être blessée par les révélations de celle qui est sa meilleure amie, la féline réagit avec pragmatisme. Elle lui fait comprendre, en toute simplicité, qu’elle peut bien faire ce qu’elle veut avec Thomas. Elle ne lui en voudra pas. Un sourire amusé apparaît sur ses lippes quand elle entend les paroles de la gymnaste. – Mais ce n’est pas une aventure, je te dis ! elle le dit, elle le répète, elle s’entête. Comme une manière de s’en persuader même si, assurément, les limites de son amitié avec l’ancien dealer sont encore floues. Quoi qu’il en soit, elle comprend qu’Opale ne ressent pas ce genre de sentiments. Portant son verre jusqu’à ses lèvres, la tourmentée en boit une gorgée, comme pour garder le silence quelques instants. Elle songe à ses paroles, avant d’avouer, quelque chose de bien plus profond. Bien plus sombre. Et tu sais pas quoi lui répondre, Ella. Tu sens bien que tu n’arrives plus à faire confiance. Tu n’as même plus envie de tout ça… peut-être que t’as oublié ce que c’est en réalité. Peut-être que tu ne sais plus aimer. Peut-être que ça n’arrive qu’une fois dans une vie et toi, tu l’as gâchée. T’as tout gâché, comme, tu gâches toujours tout. – Je sais pas, je ressens rien… je dois pas être faite pour aimer. Parce qu’elle aime en entier. Elle aime tout ou rien. Sans demi-mesure, jamais. Elle aime jusqu’à la démesure, Ella. Mais il n’y a plus que pour ses amis qu’elle s’en sent capable. – Enfin, bref… et toi, quoi de neuf ? elle lui demande, comme pour changer de sujet. Oublier le vide de ta vie, le vide de ton cœur, juste te concentrer sur ton autre moitié. Cette siamoise que tu t’es trouvée. Peut-être qu’elle se souvient, elle, comment aimer.

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{  highway to hell }
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Il y a l’évidence qui la frappe, qui revient à chaque fois. L’évidence entre elles, dans cette amitié toujours fusionnelle. Elle se sent en phase, Ella, avec elle. Comme si, quelque part dans les profondeurs côtoyées depuis une éternité, la maudite avait fini par trouver une alliée. Opale, elle n’est pas celle qui la ramènera à la surface, parce qu’elle est submergée par la même douleur abyssale. Mais elle est cette présence chaleureuse, ce soutien inespéré au milieu de son enfer glacé. Elle est cette amie qui lui permet de supporter ses songes torturés, parce qu’il est plus facile de le faire avec quelqu’un à ses côtés. Présence réconfortante, devenue vitale, mais douloureuse à la fois. Car, tant qu’Opale lui tiendra la main, cela signifiera qu’elle est toujours plongée dans la même tourmente. Que son âme s’abîme toujours davantage dans la souffrance. Et elle aimerait, sincèrement, découvrir un jour que sa meilleure amie a su sortir de l’obscurité. Elle aimerait, réellement, la voir respirer dans la lumière méritée. Mais, dans les limbes, elle est prête à l’épauler ; la soutenir ; et lui dire, combien elle est loin de la vérité. – Au moins, toi, tu les aimes pour une nuit. elle fait remarquer, avec un petit sourire chagriné. Non, c’est vrai, l’âme tourmentée se laisse rarement approcher, même pour une nuit, surtout pour une nuit. Elle est, comme, dans l’incapacité de se donner. Comme elle a cadenassé son cœur d’écorchée, elle garde aussi pour elle son corps abîmé. Cela ne révèle en rien une meilleure capacité à aimer que celle de son interlocutrice. C’est seulement le signe qu’elle n’a plus rien du tout à offrir. – Tu sais quoi, on s’aime nous, avec toutes nos conneries, c’est déjà pas mal. elle conclue, sur une note plus positive. Car elle ne veut pas gâcher ses instants avec son amie, ils font partie des rares qu’elle apprécie encore dans sa vie. Relevant son verre en direction d’Opale pour poursuivre plus joyeusement la soirée, la tourmentée trinque avec elle à cette vérité. Tant qu’elle sera à ses côtés, tout le poids du monde sera toujours moins lourd à porter.