ego death (opale)

Des lettres imprimées dans la boîte crânienne,
prennent la teinte de son sang, les saveurs de sa chair.
Des lettres qui ne veulent plus vivre,
et meurent, chuchotant son chaos.

Blondie dérouille pour quelques mots,
voyelles qui lacèrent les parois émoussés,
ce quelque chose derrière le sein qu’on sait pourtant oxydé.

Opale et les maux d’or.
Murmure délaisser l’Amour,
et batifoler avec la mort.

Opale aux trésors de misère,
sur ses épaules le poids de centaines de chimères.

Toutes ont volé son ombre,
chacune son répit.

Et Amour, pour ne s’être jamais appesantie sur l’idée de la voir mourir un jour,
s’est subitement sentie jalouse,
étouffée par le fléau d’une trahison.

Car si elle devait crever, ne crèverait-elle pas d’Amour?

Elle hait cette pauvre gamine,
parce qu’elle a volé la foudre qui servirait à l’évincer.
Et ses tempêtes émotionnelles,
qui l’attire dans son halo miteux.

Époumonée, devant sa porte,
à forcer cette putain d’poignée,
claquer du poing contre le battant.

Dans sa caboche,
O fait ses pirouettes,
moque la persévérance de blondie.
La serrure cède la première,
car O n’est pas encore morte.

« C’est quoi ce bordel, O? C’est quoi ce message? »
trouvée, derrière la cloison, enfin
« À quoi tu joues putain? »

@opale millstone ego death (opale) 3227196488

dangling feet from window frame, will they ever ever reach the floor, more, give me more, give me more. -- @amour vaughn

Ils se bousculent, les milliers de sentiments de son cœur. La partition sans fin, la bataille sanglante entre le mal et le bien. D’un jour à l’autre, tout change. D’un jour à l’autre, l’équilibre déjà si précaire vacille. Il n’y a qu’à souffler dessus, même doucement, même sans force, pour la regarder s’envoler, faible poupée à l’esprit brisé. Il n’y a rien, plus rien qui compte, aujourd’hui. Plus rien sauf cette envie criarde, criante, d’en finir. Une bonne fois pour toutes. Et après quoi ? Personne ne viendra te pleurer. Personne ne viendra te sauver. C’est ta destinée, la solitude. Encore et toujours. Comme une malédiction. D’abord ce sont eux, qui sont décédés, ta famille. Puis c’est elle, celle que tu aimais, celle qui t’a trompé. T’es vouée à être seule, depuis tes quinze ans. T’es vouée à être seule, vouée à mourir seule.

Seule. Et malgré cette solitude, les doigts se sont baladés contre le clavier. Un message glissé, un message envoyé, celui qui disait je t’ai aimé. A destination de celle qui porte le plus beau des noms, Amour. Elle s’en moquera, certainement, parce que rien n’est jamais simple, entre elle. Parce que rien n’est jamais beau, parce que rien n’est jamais pur, entre ces deux carcasses dures.

Elle s’en moquera certainement, qu’elle se répète, l’alcool coulant dans ses veines, les yeux vitreux, le regard dans le vide. Elle s’en moquera certainement, qu’elle se répète, quand l’absence de traitement et l’ivresse ne font pas bon effet. Si bien qu’affalée sur le canapé, elle croit rêver, quand la chevelure blonde d’Amour lui fait face. - Je n’joue pas… Paroles faiblement balbutiées. - Qu’est-ce que tu fais là ? Alors que tu prétends n’en avoir rien à faire de moi.

(c) calaveras.

Le corps-épave,
l’iris flegmatique cingle l’ombre sulfureuse.
O, la gymnaste, a détaché ses membres assoupis,
pour se donner l’air d’une poupée disloquée.
Amour est trahie par son air répugnée,
pour celle qu’elle a maintes fois redoutée.
Le torse qui se goinfre encore d’oxygène n’occulte point sa rengaine.
“C’que j’fais là? J’en sais rien, j’viens voir si c’est décent d’te laisser crever solo.
Mais tu vas m’dire qu’t’as pas vraiment voulu t’tuer hein, qu’c’était une blague pour occuper ta misérable journée?”

La rancune rend sa fièvre insupportable;
Amour assimile la léthargie infectieuse à de la désinvolture.
“J’ai rien à foutre ici, j’me casse”
Elle la gracie d’un vocable prosaïque,
de quelques flammes sous les paupières maquillées.

Pour se rendre invisible,
elle surpasse quelques obstacles,
découvre les cadavres de verre qu’au moment où ils éclatent sur le carrelage.
Il est alors évident qu’O navigue sur les vagues de sa démence,
que sur le rivage, bien au sec, Amour hésite à l’abandonner à son naufrage.
Ça n’a pas vraiment d’importance,
les raisons qui conduisent l’action prochaine.
Se débarrasser du corps prendrait du temps, et autant que de sa haine.
Peut-être qu’elle peut pas s’convaincre de la voir mourir, elle.
Peu probable.

Elle virevolte dans le foutoir,
saisissant de ses griffes le visage somnolent,
renifle le coup de fouet d’une haleine alcoolisée.
Elles pourraient s’foutre le feu;
la flamme et le souffle,
mais se satisfont des braises pour le moment.
“Tu sens la mort. Sérieux, tu t’es enfilée ça toute seule?”
Les doigts se détachent de la brune au cuir brûlant,
désintègre.

@opale millstone

dangling feet from window frame, will they ever ever reach the floor, more, give me more, give me more. -- @amour vaughn

Qu’elle reste, qu’elle parte, aucune éclaircie pour la guider dans ce tunnel de noirceur. Qu’elle reste, qu’elle parle, Opale n’est qu’une carcasse vide, qu’un danger vivant, pour elle-même bien plus que pour les autres. Amour n’y peut rien. Amour est sans solutions. Dénuée de tous sentiments.
Amour n’est rien, Amour est tout, les deux à la fois.
Amour l’enfonce comme elle la relève.
Amour l’abandonne comme elle accourt.
Elle accourt, aujourd’hui. Accourt pour l’aider, comme si elle pouvait encore être sauvée.
L’esprit apathique d’une folle enivrée par l’alcool, les mots peinent à être décelés.
La colère gronde, se ressent dans le ton de sa voix, glisse de son esprit pour heurter son cœur déjà trop détraqué. La colère gronde, Opale la ressent, le débit est trop rapide et sa conscience trop lente. Tu ne comprends pas tous les mots qu’elle prononce. Pense qu’elle va partir, te laisser là, quand finalement son visage apparaît de nouveau face à toi.
Ses mains sont fermes, dures, autant que les mots envoyés. Autant que la haine étalée, offerte sur un plateau alors qu’elle n’avait rien demandé. Peut-être que naïvement, t’espérais un dernier au revoir avec elle, Opale. Peut-être que naïvement, t’avais envie d’un peu d’amour, rien qu’une fois. Rien qu’un peu d’Amour, rien qu’une fois.
L’étreinte de la furie se resserre sur son visage, la force à reprendre conscience, à s’éveiller autant que possible. - J’pensais que tu n’en avais rien à foutre… Ce qu’elle a cru comprendre, à travers ses mots. Ce qu’elle croit lire dans son regard. Tu ne vois pas ce qui se trouve derrière cette colère, Opale. Tu ne vois pas ce qui pourrait te pousser à la guérison.

(c) calaveras.