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 Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]

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Message Sujet: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Dim 21 Juil - 15:42

Nina Hagen, grande galeriste de New-York, possédant plusieurs galeries dans les quartiers les plus tendances de la ville et notamment une dans le Queens huppé. Un petit bout de femme énergique et obstinée, qui ne lâche rien et obtient toujours ce qu'elle veut. Elle a ce terrible look qui se veut élégant et ostentatoire avec ses énormes parures de bijoux, ses tenues haute-couture et ses coiffures. Il faut bien lui reconnaitre cependant qu'elle manie le maquillage à la perfection pour conforter ce look tout en ne faisant pas ses cinquante printemps.

J'ai attrapé un coup de soleil...

Mademoiselle Hagen - comme elle souhaite être appelée - a su faire de moi son obligée, comme elle a fait avec tant d'autres artistes avant moi et continuera de le faire. Elle voulait cette exposition et elle l'a eu, retraçant au fil des murs mon histoire avec la peinture, mon évolution et ma vie. Elle a su me convaincre de ressortir des œuvres que je cachais au fin fond de mon atelier de peur de les regarder, dont ce si joli et immense portrait d'Hannah à quatre ans. Il est impossible de négocier avec cette femme, enfin presque. Elle m'a dit un jour que j'avais un caractère de cochon, ce que j'ai pris pour un compliment puisqu'elle cédait enfin à ma requête d'exposer aussi des œuvres plus récentes. Les gens aiment tes portraits, ne cessait-elle de répéter, pas ces gribouillis déprimants. Elle n'avait pas tout à fait raison là-dessus. Ces œuvres avaient leur audience et elles faisaient sens avec le reste, il suffisait juste de s'attarder un peu plus longtemps dessus, de les exposer comme il se doit car elles faisaient toujours échos à une autre œuvre, à un autre moment de ma vie. Et puis cela ferait une bien piètre rétrospective si on occultait un tiers de ma vie ; c'était l'argument qui l'avait fait plier. Après quoi elle n'avait jamais admis que j'avais bien fait d'insister, non, bien sûr, c'était devenu son idée.

... Un coup d'amour, un coup d'je t'aime...

Hagen courrait partout lorsqu'elle était fière de quelque chose, ce qui arrivait souvent,  elle allait alors chercher tout le personnel et les artistes en s'égosillant "La Grande Mademoiselle a encore frappé !" avec son accent terrible pour annoncer sa dernière idée ou dévoiler le fruit de ses travaux. Elle était douée en affaire et clairement autant en art, un œil avisé et un esprit créatif. Je me souviens de ce moment où elle avait dévoilé les photos de mes plus belles peintures murales, des photos extraordinaires. Elle avait embauché un jeune photographe rien que pour ça et organisé avec lui toute une mise en scène. Puis elle avait fait imprimé les photos sur de gigantesques panneaux, impression mat et texturée pour un rendu incroyable de réalisme. Elle en avait fait imprimer un taille réelle et pour une fois dans une galerie, il était possible de toucher une œuvre.

... J'sais pas comment, il faut qu'j'me rappelle...

Je susurre ces mots tout bas. Mon français est très mauvais. En face de moi le World Trade Center en proie aux flammes colorées qui redessinent les cris d'effrois des personnes qui se jetaient des fenêtres par désespoir. C'est toujours la chanson qui me vient quand je vois mes toiles du 11 septembre. Cette chanson avait retenti dans la rue depuis un commerce et c'est sur ces notes que j'ai aperçu Cohle pour la première fois. J'éprouve toujours de la nostalgie pour notre histoire, lui et moi, une telle alchimie ça ne se retrouvera jamais. La vie nous a séparé de la pire des façons, néanmoins je reste persuadée qu'il aurait pu en être autrement malgré la tragédie. Et cette exposition fait l'effet d'une véritable thérapie. Grâce à elle j'ai réalisé que je pouvais regarder les portraits d'Hannah sans m'effondrer complètement ou me mettre à pleurer. La douleur est là, profondément ancrée et pourtant je me suis prouvée que je pouvais vivre avec. La garder dans un coin de mon être et la mêler aux souvenirs heureux. Ce qui me manque maintenant c'est de lui pardonner, lui, de laisser s'échapper ma colère. Peut-être alors que je pourrais me reconstruire. Malheureusement pour moi, j'ai plus envie de lui nuire que de lui pardonner. Heureusement pour lui, on ne s'est pas revu depuis le divorce et nous n'avons plus aucun contact. Je ne vois pas ses amis, il ne voit pas les miens et rien ne pourrait nous permettre de commettre un acte d’ingérence.

Mais tu n'es pas là, et si je rêve tant pis.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Lun 22 Juil - 19:08

j'fais des voyages sur des bateaux qui font naufrages × ft. MAXINE & ISKANDAR

Tourne et tourne… Et tourne encore l’invitation. Les coins enfoncés dans la pulpe des doigts, marques brûlures, marques ravages. Sur la peau moribonde. Tourne et tourne… Et tourne encore les horizons. Renversés, désoeuvrés. À l’abandon d’une vie, au seuil d’une autre que l’on a d’abord choisie. Puis honnie. Tourne et tourne… Carton blessé, carton abandonné. L’invitation délaissée sur le coin de la seule table basse de cet appartement négligé. Les lettres noires, sur l’ivoire, qui tranchent, qui tranchent. Et qui font mal. Parce que son prénom n’est plus assorti à mon nom. Parce que son prénom est reparti dans l’autre sens, à l’origine de son monde, où je n’existais pas. Où nous n’existions pas. Nous n’existons plus. Tourne et tourne… Amertume au coeur, amertume au corps. Se mouvoir est délicat dans la journée brumeuse. Une journée, puis une autre. À fouiller des archives, à excaver les crimes d’un autre pour oublier les miens. À courir, courir, tourner en rond pour refaire la boucle. Haut le coeur. Déraison. Puis mort. Mort sur les lèvres, mort dans la tête. Jusqu’à devenir aphone, et repartir, repartir en arrière. Me terrer dans ce lieu qui ne m’appartient pas vraiment. Les traces de mon passages sont des blessures dans l’espace, qui se refermeront bientôt. Dès lors qu’il faudra partir. Partir pour mieux avancer, partir pour mieux ramper, partir pour mieux exister. Ou se le dire, quand quelques secondes diffuses, la peine s’élève, la peine s’enlève. Puis retombe. Plus de souffle après cela, et les yeux en direction de la table basse, où le carton gît comme une preuve de trop. Lâcheté sans nom, vu qu’elle a su quitter le mien, et qu’il ne reste vraisemblablement plus grand chose de moi. Tourne et tourne… Les pas sur le carrelage froid. Nus, à déraisonner dans les pensées éventrées. Les lettres sont belles, fières. Arrogance. Une lame chauffée à blanc qui s’enfonce entre les côtes. La respiration est laborieuse, et la pluie dégouline au dehors. Chanson diaphane pour une nuit toujours sombre. Il y a un lampadaire qui grésille, juste sous ma fenêtre. Mes yeux mornes se posent. Ivoire plein d’élégance sur la table noire. Délimitation crue, deux espaces distincts. Irréconciliables. Ce n’est pas son écriture au dos, ce n’est pas son écriture. Je l’aurais reconnue. Et bien entendu… Bien entendu, elle ne m’aurait pas invité. Bien sûr. Bien sûr. Tourne et tourne… Encore… Encore. Un pas, un seul. Je m’accroupis, considère le sacrilège, les doigts tremblants qui frôlent l’invitation. La main la saisit, la considère, cesse de la malmener, elle est déjà froissée. Colère. Mortifère. Les sensations se froissent à leur tour, à l’intérieur. Elles existent toujours et c’est un échec cuisant. Un déshonneur supplémentaire sur les lèvres qui se pincent. Je mets le carton dans la poche de mon jean. Et je sors… Dans des habits qui ne ressemblent en rien à ceux que les obligations me voient porter. Pas de costume, pas de parure. La date s’allonge, elle a été boudée, reniée, elle a voulu s’oublier. Deux jours, puis trois. Le vernissage est terminé, et sans doute que de toute manière la galerie n’est pas ouverte aussi tard. Sans doute. Sans doute. Mes doigts cherchent, caressent l’arête du carton, suivent ses hommages avec une délicatesse étrange. Le pas est lent, puis précipité sur les derniers mètres. J’ai marché trop longtemps, et je suis hagard sous la pluie battante. Hagard, et pas encore mort. Pas encore. C’est elle qui l’a dit, et murmuré, dans le creux de la nuit. C’est elle. Sybil. Et quand je songe à ces tortures promises, à ces injures indéfectibles qui furent portées dans l’écrin d’une rencontre, pour que ces futurs noirâtres soient marqués par le sceau d’une solennité implacable, je me dis que je préfèrerais qu’elle me brise, qu’elle me broie, plutôt que de traverser la rue. Plutôt que de me confronter à cela. Lueurs. Au milieu de la nuit, la vitrine qui s’expose. Normal. Sans doute. Oui. Sans doute. On éteint rarement le beau, on souhaite qu’il se prolonge même quand l’esprit s’endort. Je reconnais de loin, les teintes, le mouvement, une chromatique à elle, qui s’en va vers le noir. Dans mon carnet, toujours la pointe désormais du graphite, plus jamais de couleurs. Plus jamais. Vies monochromes. Désunion à grands traits. Brisés. Je sais. Je sais. Je sens. Quelle pièce sera maîtresse de l’exposition, le regard qu’il me faudra croiser. La lâcheté hurle, dans les muscles et dans la tête. Jusqu’au creux des entrailles. La lâcheté me commande de ne pas regarder, de ne pas voir. De ne plus rien savoir d’elle(s). De continuer à oublier, dans la saveur enfuie d’une existence infaillible. Froide. Froide. Comme cette nature profonde qui s’est forgée dans l’enfance, puis qui s’est exhibée, altière, affreuse, dans l’agonie. Un pas. Un autre. Tourne et tourne. Tourne petit homme, sur la courbe du trait, qui te ramène au seuil. Au seuil. La lumière m’aveugle, et la pluie me claquemure dans une musique harassante. J’ai froid. Jusque dans les os je crois. Ma chemise est froissée, humide, imparfaite. Il n’y a personne à l’intérieur, personne. Pas une âme. C’est fermé, c’est fermé. Tu resteras sur le seuil, tu resteras là. Oublié. Oublié. Ma main tremble, la clenche cède. Elégante, laiton froid sous les doigts. Un pas encore. Un pas de plus. Et les hurlements qui retentissent jusque dans les tempes. Une vie entière, une vie entière, exposée, éprouvée. Tout contre la dureté des murs. Il y a des visages. Il y a des visages. Visages vestiges. Qui furent à nous. Il y a le sien, en plein milieu, alors mes paupières se ferment, ma tête se tourne, refuse la confrontation d’un passé encore bien trop présent. Je ne peux pas la voir. Je ne peux pas la regarder. Notre petite fille. Je ne peux pas. Les doigts qui se figent, contractés. Un poing mais aucune velléité si ce n’est de partir. De partir. Retrouver la pluie, retrouver la nuit. Se confondre à l’oubli. En tournant mon visage, c’est elle que je cueille, au détour de la galerie. Elle. Il y a des gestes qui s’interdisent, de ces instincts reniés qui soulèvent quelque chose, irriguent un mal-être dans chaque parcelle de mon corps. Assiégé par sa présence, le tremblement est entier. Il me faut plusieurs secondes pour décider un pas. Encore un. De plus, de trop, je ne sais pas. Dans sa direction. Face aux tours. Écroulement. Les flammes, la folie. Un monde qui s’écroule pour une vie qui se construit. À deux. Il y avait cette foutue chanson, qui crachotait son étrangeté, dans le décor de fin du monde. Son murmure dans l’espace, je le reçois tel une gifle, j’approche. Langueur. Lenteur. Mon pas lent, décidé. C’était celui que je dessinais quand je la rejoignais. Quand je l’ai rejointe la première fois, pour lui dire d’évacuer avec les autres. Et cette foutue chanson. Tourne, et tourne, et tourne. Les mots sont crépusculaires, venus d’un autre temps. Des origines. Les nôtres. Les nôtres.
_ Je les ai toujours entendus. Et ressentis. Les hurlements… En regardant ta toile. Toujours.
Peinture pleine d’harmonie… Désastres vivants. Déchaînements humains pour un art tumultueux. Elle m’a appris comment faire, comment dire ce qui manquait cruellement au départ, dans les portraits que je griffonnais. J’ai su après. J’ai su. Et je n’ai jamais arrêté de les tracer. Je chasse mes cheveux en arrière, discipline la pluie. Destine une illusion alors que les ravages sont criants. Comme dans sa peinture. Lignes et brisures.
_ Tu diras à ta mécène de me rayer du répertoire à l’avenir.
La guerre, entière. Jamais totalement portée, jamais totalement achevée. Querelles intestines qui demeurent rentrées. Les mots, détachés. Glacés.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Mer 24 Juil - 22:53

Ce n'est pas cette musique qui résonne, non définitivement pas cette musique. Un doigt tapote mes lèvres pensives. La piano est doux, la voix mélancolique. Cette musique est triste. Non pas cette musique, moi. Pas triste, nostalgique. Ce timbre accompagne les émotions que suscitent mes œuvres. Je l'imagine, je ne suis pas assez étrangère pour avoir un regard neutre, pour moi ces œuvres ne sont qu'émotions pures. Ces notes amènent l'esprit à la divagation contemplative sans jamais le perturber, pas un son de trop, jamais dérangeant. Cette exposition me rappelle certains musées que j'aime parcourir, ceux où l'ont peut s'asseoir et regarder, méditer, contempler l'émotion, la comprendre, creuser à l'intérieur de soi ou de lui, l'artiste.

Jour d'horreur, jour sublime. Je ne l'ai pas vu entrer, ni entendu. Je l'ai senti, inconsciemment. Il est là comme dans mes rêves, sa peau, son souffle. Et quand ils se mêlent au miens. Pas encore, plus jamais. Je ne les connaissais pas, je ne les connais plus. J'allais les connaître, c'est passé si vite, trop vite. J'aurais dû attendre, profiter de sa présence, sa simple présence. Sans même la connaître, je la découvrais. Dans mon dos, je le sentais, j'étais happée, je me suis retournée, trop vite, trop tôt. J'aurais dû profiter de l'énergie de son corps, la chaleur de son âme, encore un peu, juste un peu plus avant que le venin ne nous consume. Je n'aurais pas dû me retourner, pas si vite, et puis jamais. Ni hier, ni aujourd'hui. Attendre, profiter, ignorer. Et pour toujours. Juste fuir les deux tours. La fumée de notre ivresse et ses volutes chaudes, ses courbes blanches diffractées sous mes doigts. Terrible coïncidence, si annonciatrice de nos malheurs. J'aurais dû fuir.

Mais je me suis retournée. Et il était là. Si beau, si captivant. Je voulais avancer vers lui, le lancer me prendre dans ses bras pour apaiser ma panique, trouver du réconfort contre son torse et la protection de son insigne. Un attrait immédiat que je n'ai bien sûr pas concrétiser si vite. Ni hier, ni aujourd'hui. Il est si beau, il a changé, marqué par la vie. Encore plus beau. Je chasse ces pensées interdites. Il n'est plus rien, ou beaucoup trop. Mes bras le long de mon corps, mes poings se crispent. Mon visage exprime milles choses. Je n'ai jamais su mentir. Heureuse, furieuse, peinée, saupoudrés d'angoisse et d'incompréhension. Que fais tu ici... Reste coincée dans ma gorge, elle est si incroyablement nouée. Pourquoi me suis-je retournée ? Je me demande, puis je sais, je l'ai sentie, non pas lui, sa présence, son charisme, son aura, son désir qui cherche le mien. Tout cela appartient au passé désormais. Je déglutis, il parle. Je regarde la toile par dessus mon épaule. Les hurlements n'ont jamais quitté nos mémoires, mais dans les taches de couleurs je vois tant d'autres choses, tous les prémices à notre premier baiser. L'espoir. L'amour. Je le regarde à nouveau comme si je voulais le transpercer, comprendre ce qu'il fait ici, pourquoi. Je comprends vite pourquoi, je connais la galeriste. Mais pourquoi est-il venu ?

J'ai tant rêvé nos retrouvailles, imaginé le pardon, espéré guérir ensemble, prendre soin de l'autre, comme avant et pour toujours. Suturer notre plaie qui ne saurait cicatriser. Jamais l'un sans l'autre, plus fusionnel encore. Pour le meilleur, comme pour le pire. J'ai avancé vers lui sans m'en rendre compte, pleine de mes interrogations. Je ne souris pas, évidemment. Le cœur est lourd, l'air est électrique, je ressens pleinement la tension entre nous. Et je m'en nourris, comme cet entre nous, qu'importe ce qu'il contient a pu me manquer... Il n'aurais jamais du venir, nous n'aurions jamais dû nous revoir. Comme un alcoolique qui passe devant une bouteille, je divague, mes pensées se perdent. Esprit égaré, troublé. Convictions oubliées. Je ne sais plus rien, je ne vois plus rien, je n'entends plus rien. Mon univers vient de se rétracter subitement et cette sensation est effroyablement douloureuse. Ces mots tranchent dans ma peau, son ton brise mon âme et ce qu'il restait de mon cœur. Je soupire, non je peste, j'enrage presque. Tu es venu pour ça ?!

- L'invitation indiquait un e-mail.

Mon ton est tout aussi odieux, je ne l'aurais pas cru. C'est sorti ainsi, certainement mérité mais pas vraiment utile. Je recule, je me détourne.

- Va-t-en... Et tu lui diras toi-même, c'est elle la maîtresse des lieux.


J'en ai les yeux humides. Je n'ai jamais rêvé ces retrouvailles, ni cette rencontre. Il est entré, est ressorti avec perte et fracas. Même si pas complètement de sa faute. J'ai perdu ma fille, puis l'amour de ma vie. Je me sens si injustement traitée. Je ravale mes larmes, pas ma fierté, hors de question qu'il me voit ainsi, que je le laisse m'atteindre. Je le déteste, j'espère qu'il s'en va alors que je m'éloigne vers une autre partie de l'exposition. Peu importe où, loin de son venin. J’attrape un verre d'eau, salue quelques visiteurs alors que je voudrais les jeter dehors. Sourire forcé. Seule avec mes pensées, voilà ce qui m'attend, nuit de cauchemar. Nuit d'insomnie. Nuit d'art. Les yeux cernés. Attendre la plus profonde solitude pour s'effondrer. S'imaginer s'endormir et ne plus se réveiller. Cette souffrance doit cesser.

Mais pas ici, pas maintenant, je ne cèderais pas, je ne serais pas faible. Je regarde ma fille, son sourire, mon sourire. Son regard obstiné, le sien. Sa force, mon inspiration. S'il veut une guerre, il l'aura. Mon visage se durcit, les larmes sont loin. Lui aussi.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Ven 26 Juil - 14:52

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Décor de songes, où le souffle allonge tous les interdits. Il y a des paroles proscrites dans l’émoi d’un silence, qui dessine sa silhouette dans un espace immense. Un couple est entré derrière moi, et puis plus loin il y a ces âmes de passage, qui aiment à se perdre dans les expositions, se confronter à l’art quand la nuit vient les prendre. Pour refuser de s’éteindre. Peut-être même de s’étreindre. Je ne les entends pas, je ne les considère plus, il n’y a que cette réalité qui tangue, s’approche d’un gouffre, passé aux échos multiples. Des facettes, et puis les lignes de son corps qui s’en détachent, frôlent les horizons pour tous les dévaster. La connaître par coeur, et puis l’oublier. L’oublier encore. Je la sais dans cette patience qui se distille dans ses muscles, cette distinction qui s’évoque dans les gestes qu’elle n’a pas besoin de porter. L’inflexion de la nuque suffit. Je la connais. Je la connais. Je la reconnais jusque dans ma chair, et il y a un sursaut dans les nerfs. Vous n’êtes pas encore mort. Vous ne l’êtes pas encore. Je ne suis pas mort non, et je n’ai pas su l’oublier elle. Pas tout à fait. Jamais, jamais. L’hier qui saute à la gueule par l’entremise de son oeuvre. Oeuvre prophétique pour un mythe dévoyé. Les couleurs et les traits, les lignes qui s’effondrent et puis la sensation qui naît. Au coeur. Au coeur. Je t’ai vue. Je t’ai vue, au milieu de la rue, alors que le monde tanguait. Il tanguait comme ce soir, et je t’ai vue. Je t’ai su lorsque nos mains se sont touchées, sans le comprendre vraiment, sans le réaliser. J’ai voulu au plus profond de mon désarroi sauver quelque chose. Sauver quelque chose de l’horreur, tracer une autre fatalité pour enjoindre la condamnation à se retirer dans un plus grand fracas. Combattre la fascination profonde qui m’étreignait, parce que mes songes les plus noirs rencontraient enfin le plus tangible qui soit. Des vies éteintes sous les cendres… Mais une part de mon être, une part excavée de la plus pure des résolutions s’est arrêtée sur elle, a souhaité préserver ce qui pourrait être, avant de laisser sombrer ce qui fut. Et tandis que je la rejoins, dans cette galerie silencieuse, il y a ce bruit blanc qui s’insinue avec la brutalité de la mémoire. La même résolution qui hurle, en même temps que les traits, en même temps que les lignes brutalisés par le pinceau. Mélopée dans le noir, où il n’y a plus qu’elle, et le tableau. Elle et moi. Ca ne dure qu’une seconde. Et c’est déjà bien trop. Une seconde à vouloir la sauver, une seconde à imaginer la préserver encore. De la peine qui assiège son visage lorsqu’elle se retourne et qu’elle m’aperçoit. Je distingue d’autres stigmates, de ceux que l’on renie pour mieux savoir les supplanter. Elle est toujours celle que je connais. Mais je ne la connais plus. Elle est toujours celle que j’ai aimée. Mais… Mais… La pensée fane, le nihilisme le plus entier ne peut toutefois oblitérer ce qui hurle encore. L’amour déchu, mais pas encore mort. Pas encore. L’amour déçu. Et toujours combattu depuis que nous avons surplombé la sépulture. Vivants. Vivants. Survivants et hurlants. Le décor s’effondre, et je tiens bon, je tiens bon face à elle, même si dans mes iris surnagent des inflexions contraires, des instincts révoltés qui aimeraient s’apposer tout contre elle. Alors la vindicte, pour sauver quelque chose. Le fiel pour ôter l’amertume. Même lorsque je reviens à elle, c’est pour fixer un point au-dessus de son épaule. Virulence d’une couleur pour mon univers gris. Il m’est si difficile de jouter avec elle, c’était déjà difficile alors. L’enfermement dans mon mutisme éloquent fut la voie la plus simple. La plus cruelle aussi. Les raisons renoncent à seulement s’évoquer même si elle brillent au fond des prunelles juste avant de crever. Je n’aurais jamais dû venir. Je n’aurais jamais dû oser la confronter encore. Pourquoi ? Pourquoi ? Il n’a fallu que cela, son prénom qui hurlait sans moi, sur le papier ivoire. Rien que cela. Rien que cela. Union mythique devenue cadavre. Un cadavre de plus pour accompagner celui de notre enfant. J’ouvre la bouche, réflexe pour mieux rétorquer mais je choisis de me taire. Ce foutu silence restauré entre nous. Un mur piteux que l’on élève pour mieux se dissimuler derrière. Son timbre est une blessure qui vient s’apposer sur ma peau. Dans les quelques syllabes outrées, il y a le sursaut de sa peine, cette peine immense dont j’ai su me nourrir. Pire encore, j’ai su la préserver alors, quand j’aurais pu l’en départir. Va-t-en. Va-t-en. C’est ce qu’elle m’a dit alors. Quand ce silence, ce silence et ces colères immondes devenaient insupportables. Va-t-en, si tu ne sais plus m’aimer. Va-t-en. Murmure d’une voix rauque, en décalage du sens. Je réponds à côté, les yeux revenus à sa peinture, alors qu’elle s’éloigne de moi. Qu’elle s’éloigne puis s’en va :
_ Ce jour-là tu étais en rouge. Oui… Sur des lieux dévastés, âme de passage.  Âmes en partage. Comme ce soir. La maîtresse des lieux c’est toi. Ça a toujours été toi.
Ça n’a plus d’importance. Je baisse les yeux et ouvre la bouche une nouvelle fois en fronçant mes sourcils. J’aimerais la retenir, la retenir. Faire briller ses pleurs devant moi. Parce que c’est ce que nous étions alors, l’un face à l’autre. Émotions pures, brutales. J’aimerais la retenir… Mais je renonce. Aux discours, aux remords. Et à tous les instincts qui meurent, dans la langueur de la nuit. Je reste planté là, considère au loin la silhouette d’une dame distinguée, sans doute la galeriste pour ce que j’en ai à foutre. Je pourrais poursuivre la guerre, porter l’humiliation jusque là, désunir ce qui l’est déjà, dans un hurlement supplémentaire, mais je ne le fais pas. Non. Je dessine quelques pas, plus illusoires, plus incertains, mais la destination qu’elle a choisie, l’ombrage qui la protège est alors plein d’effroi. Mes épaules ploient, et mon regard change, change. Du sombre au clair, de la déraison à l’Enfer. Hannah. Hannah. Obstination d’enfant pour des résolutions qui ne purent atteindre l’âge adulte. Hannah. Deux passions. Brûlante. Glacée. Dans le même visage, fixé dans l’oeuvre, contraint sur la toile. Immortalité factice. Immortalité usurpée. Mon souffle court, et un bouleversement sur mes traits. La voir et la subir en même temps, le corps de Maxine, et le visage d’Hannah. Ensemble sacrilège qui fut damné par le néant. Et moi… moi en dehors. Moi à la marge. Celle qui fut mienne dans mes jeunes années, puis à l’aube de ma vie d’homme, avant de la rencontrer. Avant elles. La marge entière, et le mur imparfait. Une seconde s’érode dans mes yeux pleins de peine, et aussi de colère. Je la regarde, la regarde longtemps, jusqu’à ce qu’elle ose me confronter. La salle. Le silence. La colère. Elle et moi. Moi et elle. Porte sur le passé. Porte sur le présent. La ligne de la peine en héritage, et la rage au-dedans, enclavée quelque part. Ma main sur la poignée, le souffle court, avant de relever le menton, et presque de la provoquer. La même question, la même. Pourquoi. Pourquoi es-tu là à ton tour ? Pourquoi as-tu fait cela ? Qu’es-tu venue chercher dans ce qui nous appartenait. Une seconde immense, entre toi et moi. En toi, et moi. Avant que la porte ne se referme sur ma silhouette, et que je ne retourne à la nuit. A la marge. A la marge.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Lun 5 Aoû - 8:37

J'ai tant envie de lui crier ses quatre vérités, ce qu'il m'a fait subir, la culpabilité qu'il a mis sur mes frêles épaules. Ce qu'il me fait subir encore aujourd'hui, par son ombre qui me recouvre sans cesse tel un manteau. Il est là, il est toujours là, je ne le savais et désormais cela irrigue ma colère. Dans un coin de mon esprit, il n'a de cesse de me juger, de m’interdire, de me brimer. J'ai perdu ma liberté lorsque j'ai dit "oui, je le veux", je le savais mais j'ignorais alors quelle tournure cela prendrait dans le pire, alors même que les préceptes du mariage prévoient de se soutenir. Ce n'est pas tout à fait de la haine pour autant, ni de la rancœur, j'ai entendu sa colère et je l'ai comprise, il n'a juste jamais entendu la mienne. Responsabilité partagée, car je ne l'ai jamais hurlé, je l'ai cristallisé. Aujourd'hui encore alors que je le revois, alors qu'il l'exprime, je ne fais que le repousser. Pas d'esclandre, non pas ici, pas dans ce lieu d'art et de paix. Pourtant il faudrait.

J'ai pris appui sur un mur, sur la tranche d'une ouverture, les jambes flageolantes du fait de l'émotion vive. Tout mon corps m'abandonne, épuisé et je me sens flotter comme un être éthéré. Je disparais dans la douleur, l'impression de ne plus exister, de n'être plus rien. Plus rien pour lui, lui qui ne saurait être remplacé. La nostalgie d'un bonheur éteint et passé intensifie ma peine. Je le regarde, main sur la poignée, alors qu'il me défie du sien. Derrière-moi Hannah. Son emprise m'étrangle. "Il faut ranger tous les portraits d'Hannah, je ne peux plus les voir." C'est la seule chose qu'il avait dit, en ce jour noir. Les tableaux avaient alors trouvé place dans un carton, mes tableaux. Puis tous les autres les avaient bientôt rejoins jusqu'à ce qu'il n'y ait plus trace de notre histoire ou de ma peinture. J'étouffais. Depuis, je n'avais plus osé les sortir jusqu'à cette exposition, par crainte de sa réaction. Comme aujourd'hui. Pourquoi était-il venu ? Pourquoi ? Aujourd'hui je réalise que je vis avec son spectre constamment sur mon dos et que je ne peux plus, je ploie, je ne supporte plus ce poids. J'ai envie de vomir.

Il est parti, respire... Je ne peux pas, il est venu, cela suffit. Et cela ne suffit pas. Va-t-en. Sors de moi, de mon existence. Pourquoi ne puis-je te chasser simplement par la pensée ? Sa peau contre ma peau, ce souvenir m'enivre, ajoute à ma peine, à ma colère. De cela aussi je me prive, pourquoi ? Je l'imagine avec d'autres femmes, j'enrage, sans aucun doute, il se le permet. Idée insondable, insupportable. Ni avec moi, ni avec une autre, il ne pourrait en être autrement. Mais là aussi j'en suis sûre, il me parjure. Je ne peux plus rester là, à ne pas exister, à ne pas vivre. Soudain j'attrape mon imper et je sors.

La pluie, les lumières floues, des parapluies qui passent. L'air frais remplit mes poumons, apaise leur douleur. Je ne le vois pas, je l'ai perdu, perdu à nouveau. Désespoir incohérent. J'avance, rapidement trempée, j'avance au hasard d'une silouette que je crois reconnaître. Non, j'en suis sûre. Il ne bouge pas, il s'est arrêté. Je le rejoins, sans un mot, sans un bruit. Nos regards se croisent, sans rien dire et tout se dire en même temps. Il reprend son pas, j'avance avec lui, toujours sans un mot. Ma colère s'est effondrée mais pas pour longtemps. Les minutes s'écoulent et mes pensées se bousculent, toujours les mêmes, en boucle. Elles montent en puissance, reprennent l'énergie de l'émotion. Les minutes passent, la rue défile et soudain, j'explose. Je me vide plutôt car, je sonne plus désespérée que colérique.

- C'est mon art, Iskandar. Tu ne peux plus me faire ça. Tu l'as detesté en même temps que moi, tu ne te rends pas compte. Je ne peux plus peindre et cacher mes oeuvres par crainte de ta réaction. Je ne peux plus vivre avec ton idée sur le dos, tu n'as pas le droit de me demander de les ranger, c'est odieux. Si tu savais combien de toiles se terrent chez moi, si tu savais ce qu'elles représentent... Rien ne te force à venir les voir, mais moi j'en ai besoin. C'est mon art, c'est ma vie, c'est mon métier aussi, j'ai besoin d'en vivre. Si tu savais comme cela me fait du bien... Voir son portrait et la peindre, c'est le seul moyen que j'ai de faire mon deuil. Je suis sa mère aussi, tu ne crois pas que j'ai assez souffert ?

Mon timbre est si faible, alors que je le regarde dans les yeux sans rien lâcher, en contradiction. Je ressens mes jambes à nouveau, la douleur dans mes pieds perchés sur des talons, j'ai mal au ventre, envie de vomir. Je ne pleure pas pourtant, je fais face. J'ai si froid et je tremble, je tremble de tout de qui se passe dans mon corps et dans mon esprit. Tous les signes d'un combat, d'un grand paradoxe. J'ai si peur qu'il le prenne mal, que l'égo parle avant l'empathie. A-t-il encore un peu d'empathie pour moi ? J'ai si peur qu'il fuit, je veux qu'il reste avec moi. Qu'il avance avec moi, toujours.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Ven 16 Aoû - 19:53

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Âme empesée de souffrance, sous la pluie battante. La déraison dans un parcours qui semble trébucher malgré toutes les résolutions que dicte la colère. Il y a des résolutions que l’on ne tiendra pas, on le sait avant même de les envisager. Et la fuite dans les ténèbres, pour oublier leurs images, pour avorter le lien en partage, bute sur les idées insensées qui continuent de battre sous les côtes. La pluie poursuit le rythme d’une chanson entêtante, contrapposto de la musique dans le coeur, l’idée lui plairait certainement. L’idée du mouvement arrêté dans un élan, capturé sur la toile, comme les airs de notre petite fille. Les airs d’Hannah, arias doucereux devenus oraisons, la pluie les noie. La pluie les noie. Mes habits, déjà flattés par la sentence du ciel, se retrouvent une nouvelle fois embrassés par un courroux bienvenu. La fuite brisée, il n’y a plus que des pas incertains et une silhouette ployée sous le désarroi. Les images défilent, la pluie les cadence, la pluie les saccade, Maxine dans sa robe ivoire, et ce sourire altier qu’elle seule savait tracer, puis ce mouvement, ce mouvement arrêté, dans les iris, dès lors qu’ils se portaient dans ma direction. S’apercevoir alors ne faisait pas résonner les sonorités vives du conflit qui nous a enchaînés, même si nous étions rendus l’un à l’autre. Vaincus par ces fatalités qui finissent pas nouer les êtres qui aspiraient pourtant à paver les chemins de la liberté. J’étais ce genre d’homme sentencieux, qui ne croyait pas en grand chose, elle était ce type de femme idéaliste, fierté au coeur et pensées irréelles qui s’épanouissaient dans le secret du canevas. Puis le premier coup de semonce, idéaux rencontrés, liberté fracturée. Concevoir l’existence, la créer pour l’inscrire dans une temporalité pleine de pragmatisme ne représentait que l’aliénation. Et pourtant… pourtant, Hannah est née. Hannah est née et tout a changé. Je ferme les paupières, je repousse les images tout comme j’ai si froidement jugé le portrait exposé sur le mur. Les pas s’arrêtent, ils heurtent la mémoire, ne complètent plus ces divagations qui emportent le corps pour mieux enfermer l’esprit qui se retrouve à hurler. Silences. La pluie pour tout équipage. Et son regard. Son foutu regard. Là, directement dans l’âme. Là. Directement sous le crâne. Les paupières se plissent plus fort. Les mots en écho, hurlements décomposés dans le noir, ceux que j’ai su porter pour qu’elle ne puisse plus jamais me voir, plus jamais me poursuivre. Pour que la liberté fracassée nous soit rendue, quitte à ce qu’il n’en demeure plus que quelques éclats acérés à cacher sous nos chairs meurtries. Je respire mal, je viens chercher le secours d’un décompte, mais les chiffres se brouillent, ils deviennent matière opaque, je ne sais plus compter vu que je cherche à la faire disparaître, à ce qu’elle ne compte plus. Elle non plus. Alors qu’elle compte bien trop. Entre les chiffres, ses oeuvres, couleurs, puis noirceurs. Une peine étranglée pour celui qui a tant souhaité ne pas l’entendre. Et ne jamais la concevoir. La pluie, entremêlée de chiffres éparses sonne faux. La respiration se sature toujours, le front vers le ciel pour que l’onction retombe tel un jugement que je ne lui ai jamais accordé, quand elle aurait dû pouvoir le porter à son tour. Je ne me suis pas privé à l’époque, ni dans mes mots, ni dans mes silences pleins de rancoeur. Silences abandonnés sur sa peau pâle que je ne pouvais plus frôler. Jamais. Jamais. Est-ce que d’autres doigts que les miens savent marquer l’épiderme désormais ? Est-ce que le froid se substitue à la brûlure amante pour mieux décharner son être de ce que j’ai su y abandonner. En partant dans mes élans de fuite, tout en demeurant en arrière, lovée sous sa chair, pour mieux la soulever de dégoût. Elle est restée en moi, elle aussi, à pourrir. À pourrir. Je reconnais ses pas, je n’ai pas besoin de la voir pour m’assurer que c’est elle, mais une envie irrepressible me fait rouvrir sur elle un monde en camaïeu de gris difformes et étranges. Elle seule se voit nimbée de couleurs quand tout le reste du monde semble soudain aphone. Je respire toujours avec une frénésie malsaine, et je ne dérobe à son inspection ni ma tristesse ni ce qui s’apparente à ma perdition. Naufrage ancien, ne reste plus que des débris, comme ceux de notre union qui continuent d’entamer nos poignets, et de nous faire saigner. Sous la pluie battante. Mon mutisme recueille son désespoir tempétueux, il me cingle, me gifle, m’étreint avec la douleur d’un contact que l’on ne souhaite ni promulguer, ni recevoir. Surtout pas recueillir sur les plaines immenses où le feu de la rage n’a laissé que des ruines qu’il serait si simple de convoiter. Le passé rebrousse un chemin chimérique, les reproches, la douleur fusionnent sous ses pas irrités. Marche martiale pour une guerre que nous avons perdue, l’un et l’autre. L’un à côté de l’autre. Nous sommes dorénavant face à face. Je la laisse parler, aucune interruption si ce n’est le bruit irritant de la pluie sur mes épaules trempées, sur le tissu de son imperméable, sur le bitume où les passants choisissent de nous ignorer. Les fuites brutalement rompues ne peuvent se transformer qu’en duel, aucune présence tierce ne saurait être tolérée. Plus encore lorsqu’il s’agit de nous. Ce nous qui fait si mal à savoir exister. Nous trivial. Nous spectral. Ma bouche se pince, la peine irrigue des élans contradictoires, et il suffit d’un seul tremblement qu’elle sait esquisser pour que je ne dessine un pas en sa direction. Corps en souffrance, âmes déchirées, la pluie autour, les débris au-dedans, qui tanguent sur ces pleurs qui ne savent plus être versés. C’est trop tard, trop tard. Car je n’ai pas su te l’accorder. Je n’ai pas su. Je n’ai pas pu. Peut-être est-ce la seule chose que je puisse te céder encore… Un pas, un autre, bientôt un geste qui cette fois-ci ne se fracture pas avant d’être porté. Pourtant il me semble qu’il s’esquisse dans une lenteur extrême, fragilité du trait qui tremble, sur la toile vierge. Effacée, à grands gestes, pour ne plus avoir à la contempler. Ma main vient frôler son visage où l’émotion danse, somptueuse. Somptueuse et abyssale. L’on pourrait y sombrer, et j’y sombre un instant. Un instant. Qui se suspend, à sa haine, à sa peine. Souffle court, pour aveu désolé :
_ Je sais. Je sais, Max.
Son surnom fait trembler mes propres lèvres, familiarité aussi douloureuse que nécessaire sans doute. Elle me soulève l’estomac. Je ferme les yeux une fois encore, mon pouce trace sa joue comme pour m’en rappeler. Geste sous la pluie, qu’elle pourra effacer. Rien n’existe dans ce décor noyé. Ni elle. Ni moi. Ni ce nous de jadis. Ni Hannah. Le murmure se prolonge, prunelles dévoilées pour l’aveu que je ne lui ai jamais fait. Mais qu’elle sait. Qu’elle sait depuis des années :
_ Tu crois que je déteste ton art parce qu’il la ressuscite mais… c’est tout le contraire. J’ai peur, si tu savais, de ne plus jamais pouvoir en détourner le regard. Vivre dans cette illusion-là, et basculer. Basculer. Encore plus loin…
Plus loin de toi, plus loin de la réalité. Me perdre quelque part, sur les territoires d’une folie que j’ai déjà frôlée. Mon pouce cajole, lenteur, langueur, les mots sont délicats, difficiles. Elle a si froid, je le sais, je le vois. Mais je ne parviens pas à l’étreindre, un pas que je ne sais franchir, emmuré dans les contradictions qui continuent de nous torturer.
_ Je croyais pouvoir. Je le croyais. Je suis venu te dire adieu, je suis venu pour que tu puisses enfin partir. Mais…
Je baisse les yeux, la honte répugnante rampe dans ma gorge et la serre une longue seconde. Les mots irrévérencieux, honnis, proscrits :
_ Je ne peux pas te laisser partir. Je ne peux pas…
Toi. Elle. Ce nous que je hais et qui m’est pourtant familier. Je veux être inscrit dans ta mémoire, je veux être ancré dans ta chair, puis révulser ton art, et le rendre effroyable. Si les ténèbres ne nous tuent jamais, alors je crève de les voir brûler. Et c’est tout ce dont je me suis gardé, tant ces songes envieux viennent en contradiction avec mon incroyance, et ce détachement que j’aimerais porter jusqu’à l’absolu. Et l’absolution de nos âmes. Enfin dénouées.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Sam 17 Aoû - 20:30

Ce n'est plus de la pluie, c'est un torrent. Il n'y a pas de rythme, pas de musique, pas d'art. Pas encore. Nous, en fusion avec le ciel, face à face, dans ce décor fascinant. Sombre et triste. Ce soir, je sais ce que je vais peindre alors que la nuit ne voudra pas m'emporter. Nous deux, nos silhouettes, fondus sous la pluie. Une pluie de couleurs même, qui sait. Menacés par nos propres ombres. Je peindrais chaque instant, dans cette frénésie qui m'habite lorsque je ne sais plus que faire de mes émotions.

Dans ce tableau froid et humide, vacillant même, j'ai su délivrer ma raison avec une certaine fermeté et justesse. Je n'ai pas encore ouvert mon cœur. Je le regarde, j'attends, je guette sa réaction. J'ai si peur qu'il s'emporte, qu'il me renvoie mes reproches. Une peur presque infondée. Je le connais par cœur et je sais que je l'ai touché, je sais aussi qu'il voit la tendresse dans mes traits là où personne n'en est capable. Seulement je le supplies de ne pas fuir à son tour, ni cette fois. Quatre ans plus tard, peut-être sommes nous enfin capables de nous comporter en adultes, de ne pas nous pourrir la vie mutuellement et de nous parler.

Je me souviens de cette assiette vide en face de moi à l'heure du dîner, de ces tentatives de le prendre dans mes bras repoussées, non sans douceur, de ces nuits à pleurer, seule. Je me souviens aussi de mes regards durs à chaque fois, cette façon que j'avais de le juger sur la manière dont il vivait le drame, de mes idées extravagantes et désespérées qui n'avaient aucun sens et qui ne faisaient que l'enrager un peu plus, presque bipolaire en ces heures troubles. Je n'ai pas été tendre à ma façon, que ce soit la froideur de mon regard ou des mots volontairement placés pour faire mal. J'aimerais tant qu'il en eut été autrement, qu'on ait su continuer à s'aimer sans se déchirer.

Finalement c'est sa main qui vient se poser avec délicatesse sur ma joue. Cette tendresse achève mes remparts. Je ferme les yeux une seconde, mais je ne me laisse pas aller contre sa paume, à prendre appui sur elle j'en suis incapable. La peine est plus profonde que les lignes de la main. Un peu de chaleur, un peu de douceur, enfin... Après tant de temps... Je ne me souviens même plus de la dernière fois. Et puis ces mots. Il sait !  Une larme s'écoule, se mêlant à la pluie. Je suis certaine qu'il a vu la nuance pourtant. Je retiens le reste, malgré l'émotion que cette révélation suscite. Je ne veux pas exploser en sanglots, je ne peux pas, même s'ils sont là, à bousculer mon esprit. Laisser partir la souffrance pour accueillir un brin d'espoir, voilà ce qu'ils veulent. Je ne peux pas. Je ne peux pas parce que je voudrais que lui, s'ouvre à moi en premier, qu'il laisse sa virilité de côté et qu'il laisse parler ses émotions. J'ai tant de portraits de lui qui pleure dans mes cartons.

J'accueille avec grands plaisirs ces mots qui viennent du cœur en compensation. Max, comme j'aime quand c'est lui qui prononce ce surnom. Et alors qu'il parle, j'essaye de lui rendre son geste. Sans réfléchir, sans calculer. Mon bras se tend vers sa joue, à l'opposée de la sienne. Ma paume frôle ce visage que j'ai appris à maudire. Je n'arrive pas à lui répondre, je ne sais quoi lui dire, je n'ai aucun conseil pour l'aider à faire son deuil. Peut-être qu'il devrait recommencer à la dessiner, comme moi. Mais je n'ai jamais compris la façon dont il vivait ce deuil.

Il continue, ses mots me touchent. Ma main n'arrive pas à se poser. J'en suis incapable. Elle retombe sur son blouson, appuie sur son cœur. Je ne peux plus toucher sa peau, torture infâme et diabolique. Je n'ai plus touché personne, j'ai fermé mes désirs seulement pour les laisser vagabonder durant quelques nuits solitaires, sous la peau de satin. La seule que je puisse supporter. Si je le touche, comment pourrais-je penser et désirer autre chose. Ma joue me brûle alors, je le repousse doucement en appuyant sur son avant-bras, le pressant sans le lâcher.

Soudain ses mots me paniquent et je baisse les yeux, craignant la suite. Me dire adieu... Et puis il y a ce mais, comme une virgule salvatrice. La suite n'arrive pas, j'attends. Ne fuis pas Iskandar, ne fuis pas. Finis cette phrase je t'en supplies. Ma main se balade sur son blouson, joue avec son col, l'eau est partout, elle ne compte plus vraiment, si ce n'est pour nous alourdir un peu plus. Mon autre main serre encore un peu plus son bras. Le glas sonne, mon corps tremblant se détend d'un coup, des larmes s'échappent à nouveau, pas les sanglots. Je le regarde, incrédule, sans être capable de lui sourire, sans être capable de combler ce pas entre nous. Pas encore. Je tiens fermement le col de son blouson. Mon murmure brise à nouveau la mélopée insupportable du ciel.

- Je ne veux pas que tu me laisses partir. Et je n'ai jamais voulu que tu partes. Et puis je me confesse, comme pour lui prouver que je ne mens pas, encore plus bas. Je n'ai jamais connu un autre homme depuis...

Mon regard peiné le sonde. Je sais que cette relation est malsaine. Toutes mes amies me l'ont dit, coupe les ponts, passe à autre chose. Tant de phrases veines. L'amour n'a pas de raisons, pas de limites, il ne songe ni à la souffrance, ni au bonheur. Il est juste là. Quatorze ans d'histoires qui ne peuvent s'enfuir. Quatre ans à suffoquer, à haïr. Je passe de l'un à l'autre comme on tourne une page. Il est venu ce soir raviver cela, la haine ou l'amour ? Il est venu j'espère reconstruire un nous, une nouvelle fois mais autrement. Même si je ne suis pas naïve, je dois absolument savoir s'il souhaite la même chose, ou s'il veut juste me torturer, me garder pour ne pas me voir partir, sans vraiment être avec moi.

- Qu'est ce que cela fait de nous ?

Je suis déjà perdue. Ma joue brûle toujours plus, sans la douleur, je m'imagine l'attirer à moi, combler ce vide et l'embrasser avec une passion qu'il ne connaît pas de moi. Je n'en fais rien bien sûr, je suis paralysée. Je tremble. Je suis submergée par des émotions si diverses, la peine de plusieurs années, ses mots dans la galerie, et ses nouveaux mots si bouleversants, un feu dormant tout juste attisé et Hannah, à jamais. Je t'en supplies Iskandar, choisis un côté, la haine ou l'amour ? Choisi pour moi, même si j'ai déjà choisi ce soir. Mes yeux le supplient.
Et je le tiens fermement, pour ne pas qu'il me fuit.


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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Sam 24 Aoû - 14:36

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Et ces silhouettes, sous l’onde torrentielle, sauront-elles se relever ? Et ces silhouettes éteintes, éteintes et délavées, sauront-elles encore exister ? Estampées sur fond d’abîme. Perdues, perdues. Et ces silhouettes, et ces silhouettes, dis-moi. Dis-moi encore, que quelque part, en dessous, il y a une étincelle qui brûle. Qui brûle le néant et dévore la foi. Et ces silhouettes qui brûlent, sous l’onde, estampées sur fond d’abîme. Pas d’avenir, pas de passé. Et un présent en pointillés.

Je suis atteint, blessé. Fiévreux et trahi, par les gestes et par les mots, qui se tracent ou se disent à rebours. Je suis blessé, honteux, face à elle, face à toi. J’ai imaginé très longtemps ce que ce serait de la revoir, ce que cela me ferait de croiser son regard. Imaginaire repoussé, imaginaire prostitué et abandonné au froid. À l’intérieur, ce froid qui répand ses élans irisés et mordants, instincts de survie qui sont taillés dans la pierre la plus dure. Les arêtes qu’ils exposent sont prompts à blesser. Prompts à tuer. Elle en a passé pourtant la barrière avec la facilité de ces êtres qui toujours sont ancrés. Quelque part au-delà, quelque part au-dedans, elle a toujours été de l’autre côté, préservée, choyée dans ce silence froid. Sous la pierre. Sous la pierre. Elle. Hannah. Et moi. Le tombeau nous enferme, le tombeau nous protège. Ce qui fut est resté là, à attendre, incapable de devenir, incapable de mourir. L’échéance semble cise dans le geste que je prolonge jusqu’à elle. Lenteur, lenteur et effroi. Les images passent, impriment des couleurs si vives qu’elles pourraient appartenir à un souvenir récent. C’est pourtant loin d’être le cas. Les soirs à fuir, les soirs à ne pas rentrer, les messages repoussés, ceux à qui l’on ne donne aucune réponse, si ce n’est le silence. Si éloquent silence. Qui suit les lignes. Lignes de cocaïne, lignes de fuite, sur le dessin qui dégoûte du sang d’un tout petit cadavre. Je n’étais pas là pour la serrer dans mes bras, je n’étais pas là. Je n’étais pas là pour hurler à côté de Max, ni pour recueillir le vertige d’une mort indigne. J’étais loin, alors je suis resté loin. Je suis apparu à la morgue. Puis je suis reparti. Retourné dans le sillage de ces enquêtes devenues déraisons. Chicago, fuir plus loin, fuir encore, dans l’appartement de fonction. Oublier de rentrer, oublier à jamais. Puis revenir, reparaître soudain, quand le silence, le mien, devenait insupportable, intenable. L’accabler, lui reprocher d’être froide, d’être éplorée, d’être artiste, d’être femme, d’être ma femme, d’être un désir mort, un plaisir asséché, d’être là, d’être toujours là. D’être. D’être, oui. Juste ça. Image fragmentée qui me saute à la gorge. Je la suis du bout des doigts, je la suis, la modèle, l’imagine, et la crée. Tout à la fois. Créature fragile, indocile et froide, perfection de la matière brute. Brute et dure. La même qui me constitue désormais. Nous sommes des sculptures à jamais inanimées. Quelque chose est mort ce jour-là. Quelque chose est mort et le restera. Au champ des pierres tombées, plus de combat. Les mots s’envolent et se fracassent, pour se coucher tout contre les masques mortuaires. La douceur est une fraude, presque plus ignoble que le froid. Sous la paume, sous la paume. Les larmes, la pluie. Mes émotions ruissellent, les pleurs qui se noient eux aussi. Je m’aperçois que mes paupières chassent cette peine qui m’étreint. Une étreinte pour remplacer celle que les statues de pierre ne peuvent même imaginer. Silhouettes disjointes pour toute l’éternité. Sous le dessin parfait, ça tremble, ça tremble. L’esquisse d’une sensation pourrait craqueler le plus beau des marbres et le faire exploser. L’aveu est là, mais l’émotion se tait, elle se claquemure sous les tremblements qui bientôt s’interdisent. Maîtrise, maîtrise. Implacable matériau, immonde. Immonde à soutenir, immonde à regarder. Celui dont je suis entièrement constitué. Geste miroir, la pierre saillante gît sous les doigts, elle se laisse caresser, incapable de se dérober. Sensation immuable. Avant que sa main ne vienne s’abandonner à l’orée du vêtement. Gonflé de pluie, et de désespoir. Ma main retombe, presque inerte, contre mon corps, parce que l’indignité du geste vient d’être refusé. Et j’accueille ce refus comme une meurtrissure. Le contact demeure, elle est partout à la fois, l’avant-bras, le coeur, sur le tissu, mais pas véritablement sur moi. Je ne la touche plus, je ne la touche pas. Je reste cependant, docile sous ses doigts. L’apaisement, doucereux mensonge, semble vouloir éclore dans l’apaisement qu’elle impose. Imposition des mains, c’est ainsi que l’on guérit ces maladies incurables. Mais le deuil, le deuil ne se guérit pas. Jamais, jamais. Les phalanges cherchent la vérité dans les mots, les aveux qui filent entre les lèvres, sensations éplorées, le col qu’elle froisse, le muscle qu’elle serre et qui réagit malgré moi. La pierre s’anime, sursaut de vie dans ses nervures. Filons oubliés, enfouis, enfouis sous la terre. Les mots qu’elle trace, infinis, sur ce champ de sculptures laissées inanimées. Sous les parjures passés, les serments toujours inégaux. Elle n’a connu personne et mon orgueil mâle s’épanouit un instant, c’est un instinct qui gronde, ancestral, trivial. Comment puis-je seulement me réjouir une seconde de ce corps que personne n’a touché depuis que j’ai cessé de le désirer ? Les noms disjoints eux aussi, les chairs que l’on a pas su profaner. Union presque spirituelle. Je baisse le regard, fronce légèrement des sourcils, cherche à comprendre pourquoi elle me confie cela. D’autres corps qu’elle, il y en a eus, il y en a eus. Consolation inutile, animale. Instinctive. Lorsque mes prunelles lui reviennent c’est pour lui offrir cette pulsation déraisonnable, notable car j’ai toujours été quelqu’un de distancié. La passion d’elle pulse, chante, appelle. Un lien que l’on ne saurait jamais défaire, jamais dénouer. Le corps sait, et l’esprit se rappelle. Mais ce que je lis, ce que je vois en retour, c’est l’espoir, l’espoir infirme, l’espoir infâme. L’espoir que je n’ai jamais su, ni concevoir, ni dessiner. me au noir, âme en noir. me endeuillée, de toute éternité. Je secoue la tête, l’incrédulité est un froissement, un déchirement. Nous ? Nous… Le murmure file, et tombe. Inerte.
_ Rien.
Et tout à la fois, tout ce qui ne peut partir, tout ce qui ne peut mourir. Mais ça ne donne aucun futur pour autant, il n’y a pas de destinée pour ceux qui furent condamnés. C’est à mon tour de me dérober, mon bras cherche à se libérer quand elle me retient. Sursaut instinctif, douleur, douleur. Intacte. Une douleur si dure, si pure. Tous les rêves sont morts, avortés, et tout ce que je reconnais de ses facilités à tisser des chimères me terrifie autant que cela me désarçonne. Mon regard n’est plus perdu, il n’est toutefois pas froid, encore moins éteint.
_ Je n’ai plus rien à donner. Ni à exiger. Encore moins ta fidélité.
Ce que tu espères ne peut pas exister. Ne doit pas exister. Quelque chose se révulse, se soulève, comme la dernière fois, où elle espérait face à moi, que je ne signe pas. Que je ne signe pas, l’échec, et la fin de la guerre. Reddition si amère. Mes mots résonnent en moi, et fêlent la pierre, et tout ce qu’elle savait protéger. Elle, Hannah, moi, les images se déchirent, et je secoue la tête une nouvelle fois. Car je ne suis plus… Je ne suis plus celui qu’elle a connu, ni celui qu’elle a aimé. L’espoir ne peut s’élever au-dessus du charnier. J’ai mal, et je la confronte, d’un ton abrupt, où la passion meurt, bien qu’elle continue de s’insinuer sous la peau :
_ Qu’est-ce que tu crois ? Qu’est-ce que t’espères ? Qu’on va aller baiser dans une ruelle, comme quand elle existait pas ?
Agressivité froide, je hausse rarement la voix, mais ça n’en est pas moins délétère. Nous… Nous et l’espoir. Nous et son putain d’espoir, sur le champ exhumé, sur le champ de pierres tombées. Nous fracassé. Nous inhumé.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Sam 24 Aoû - 16:55

Est-ce que vous l'entendez ? Même en tendant l'oreille vous ne pourriez pas. Ce n'est pas un rythme joué par l'averse, ni le son d'une quelconque perturbation. C'est le bruit de son âme qui s'apprête à me faire du mal. Vous ne pourriez pas l'entendre, il n'y a que moi qui le connaît par cœur, jusque dans ses moindres pulsations.

La pluie s'écoule, le temps passe, les vieilles pierres restent ce qu'elles sont, immuables, éternelles. Le cœur figé, l'âme dur comme la roche. J'en reconnais chaque palpitation, sens le magnétisme qui nous unit, tout comme la foudre lorsqu'elle arrive. Sa déraison qui ne cessera donc jamais. Attirer, repousser, ce cercle infernal qui me détruit. Celui-là même qui m'empêche de désirer quelqu'un d'autre, au delà-même de mes principes. Parce que je ne suis plus rien. Je ne suis plus mère, ni épouse, et encore moins femme. Parce que l'amour que je me portais est mort en même temps que son désir pour moi. Je ne me veux pas moi, alors qui voudrait de ce corps flétri, de cette âme frigide, de ce cœur vide ? Et j'ai la stupidité de croire qu'il serait capable de me sortir de ce calvaire, lui, d'une façon ou d'une autre, dans une vie où nos deux être pourraient s'harmoniser. Je ne parle même pas d'amour, ni de sexe, juste apprendre à vivre en se côtoyant. Foutue utopie encore. Foutue moi. L'envie de croire, l'envie d'espérer. Encore un peu moins d'amour propre, un peu plus d’auto-flagellation, saupoudré d'un soupçon de victimisation.

La tension monte, gronde. Il n'a rien dit, il n'a rien fait, mais je sais. J'ai toujours su ce qui se cachait sous les silences, les regards et les tremblements. Mon visage se déconfit d'avance, fiévreuse déjà, je me raccroche à lui, à cette veste pour ne pas tomber, parce que c'est le seul point d'attache que j'ai pu trouver. Et puis la sentence tombe.

Elle tombe et je sombre. Je le lâche, tant pis si je tombe aussi. Je recule d'un pas. Ce rien fatal, ce rien qui me transperce et me tue. Je me sens mal, soudain. La peau pâle, l'envie de vomir. Je ne peux plus respirer. J'ouvre mon imper qui de toute façon ne sert plus à rien, j'essaye de dégager ma poitrine, ma gorge. J'ai si chaud, pourtant je tremble toujours. Je vois trouble. Je respire tellement fort que mes poumons hurlent de douleur. Une envie irrépressible de me libérer, de m'envoler. J'enlève l'imper que je jette au sol, carcan devenu insupportable, tant pis pour le froid. Je ne peux plus, je ne peux plus être rien. Qu'il parle de nous, de moi, quelle différence. Je n'a pas existé depuis si longtemps. Lui non plus, il n'existe pas. Les yeux révulsés, je le regarde, hébétée, trahie. Voilà ma récompense pour avoir abaissé mon mur, avoir confié mes plaies profondes. Je recule encore d'un pas, j'enlève ces talons que je ne supporte plus non plus. Je ne l'écoute plus, cela ne m'intéresse plus. Je te veux, je ne te veux pas, que peut-il ajouter de plus que son indécision devenue éternelle ?

Jusqu'à ce que les mots dépassent les bornes, une vulgarité intolérable qui fait ressortir la colère, jamais bien loin, enfouie, profonde et viscérale. La gifle part toute seule, une impulsion nécessaire pour défendre le peu qu'il me reste : ma survie et ma dignité. Je recule encore. Ce geste m'a redonné de la force, tout en me rendant plus malheureuse que jamais. Et une douleur vive dans les muscles qui n'ont pas été préparés pour cela.

- NE ME REPARLES PLUS JAMAIS COMME ÇA, TU M'ENTENDS ? JAMAIS. Qu'est-ce que tu crois, que je suis désespérée à ce point ? J'en ai rien à foutre de ta baise, tu peux te la garder pour tes putains.


Je lui crie dessus. Mes chaussures volent vers lui, tour à tour, transportant le surplus de colère que le ton de ma voix et mes mots à eux-seuls ne suffisent pas pour lui transmettre. Je vise mal et cela m'énerve encore plus. J'ai tant envie de lui abîmer le visage à mon tour, il n'y a pas de raison que tout le monde ait ce droit sauf moi. Cette gueule complètement dénaturée mérite bien que j'y laisse ma trace.

- Alors, dans quoi est-ce que tu t'abandonnes le soir pour oublier ta petite vie de merde ? Hein ? Pour oublier Hannah ? L'alcool ? Le sexe ? La drogue ? La baston ? Ton putain de boulot ? Tout en même temps ? Si tu voyais ta gueule Iskandar, et ta mine, on dirait un fantôme. Pire qu'un fantôme, un type qui cherche à rejoindre sa tombe au plus vite. Tu sombres, toujours plus bas, et quand tu ne sais plus comment faire pour que ta vie soit encore un peu plus un enfer, tu viens me chercher pour que je sombre avec toi c'est ça ?

Il n'y a plus de tendresse, que des mots déchirants placés pour faire mal. Une langue qui siffle telle une vipère. A mes heures, je sais très bien faire. Quand le couteau me traverse et me tue, je ne sais plus rien faire d'autres que de le transpercer à mon tour. Arme pour arme, dent pour dent. Il n'y a plus que la haine. Évoquer son boulot, et dire que je l'ai si peu fait ces dix-huit années. J'ai toujours respecté son métier au FBI et les silences qui allaient avec, femme compréhensive, aimante même lorsque celui-ci le bouffait. Maintenant plus que jamais, je vois toutes ces heures de travail et ces sacrifices sur sa propre santé dans chaque pore de sa peau, dans chaque ride trop marquée pour son âge. Il a une sale mine, un visage vieilli.

J'ai toujours détesté son travail au fond. Ce travail qui est en train de le tuer. Et même si moi aussi je suis plongée nuit et jour dans mon art pour oublier, ce n'est pas pareil. Et le pire, c'est que je n'ai jamais su ce qu'il avait à endurer, je n'ai jamais pu l'aider, je n'ai été que l'observatrice impuissante de sa descente aux enfers.
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Message Sujet: Re: Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar]   Le radeau de La Méduse. [Maxine & Iskandar] Empty Mer 28 Aoû - 18:56

j'fais des voyages sur des bateaux qui font naufrages × ft. MAXINE & ISKANDAR

Je l’entends oui, je l’entends tout bas. Je l’entends en moi, c’est le chant des amours condamnées, qui surent frémir avant même d’exister. Rappelle-toi de ces idylles antiques que nous savions regarder, épaule contre épaule, à l’ombre d’une toile dans un musée. Amours frénétiques, amours tragiques. Il n’y a pas de survivant. Il n’y a plus aucun survivant. Ni toi, ni moi, ne saurions survivre. Ni toi, ni moi. Tu le sais, tu le sais. Sur mes lèvres que tu n’embrasses pas, sur mon front que tu n’adoubes plus. Dans mes regards que tu cherches, fièvre au coeur, fièvre au ventre, mais que tu ne supportes pas. Il n’y a pas de survivants.

L’orage gronde. Le ciel se zèbre d’un déchirement presque extatique tandis que la pluie continue de nous assiéger. Les mots, la flotte, qui dégoulinent, cherchent à effacer les souvenirs et les pensées. Le rejet d’un simple constat sous la nuit délavée, parjure de ce que nous étions, injure de ce que nous aurions dû devenir. La négation d’elle dans le reniement de soi, je n’ai jamais voulu comprendre la dualité qui finit par se fondre pour ne plus former qu'une entité infinie. De moi à elle, de elle à moi. L’union entre les doigts serrés de ces heures amantes, qu’en reste-t-il désormais ? Union désespérée, une âme en fuite face à un esprit enfermée. Le dégoût que je nourris pour moi reparaît sur son visage, tous ses traits qui se figent dans la froideur d’un coeur déserté. Je n’ai pas su le rejoindre. Je n’ai pas su te rejoindre. Quand les ténèbres se déchirent, c’est nos espoirs qui s’enfuient, s’évadent à l’horizon des songes au front de nos insomnies. Les traits qui s’affaissent, le corps qui suit, ses doigts qui mordent la chair pour mieux se raccrocher à celui qui la renie. Je cesse de tenter de m’échapper, je demeure inflexible dans ma sentence, les résolutions font de ma posture une sorte de jugement. Le mot chevillé au corps, le nihilisme dans les veines. Humeurs froides qui y gisent, alourdies, passagères d’une infamie que je cherche à verser jusqu’à elle. Pour mieux m’en détacher, ou pour mieux l’enfermer. A jamais dans le noir, avec moi. Là où elle aurait dû demeurer. Puis la fracture. Corps tuméfiés, coeurs détachés, qui dérivent. Je le fais avec la même fixité qui m’est propre. Elle réagit avec la violence que je lui connais, onde brimée qui se mue pour devenir un châtiment tempétueux. Le feu qui s’élance à la hauteur de mes éloignements glacés. Si la luxure se prononce, la langue darde une autre mélopée. Injure plus impure, pour couvrir une provocation de circonstance. Comme pour la pousser plus loin encore, à la marge de cette folie qui cherche à annihiler tout espoir. Je pourrais la planter ici, l’abandonner comme je le fis à l’orée du deuil, avec la même lâcheté. J’ai quitté le domicile quand je ne souhaitais plus l’entendre parler, ni même la voir, j’ai couru hors des murs, pour disparaître dans un autre caveau de béton armé. La ville, et ses évasions tentaculaires, qui nous ramènent toujours à l’origine d’un monde honni. Creuset plein de haine que les âmes endeuillées aiment tant à habiter. Royaume pour ces rois déchus, qui firent de leur couronne des serments à trahir, des images à haïr. Ces mêmes images qu’ils avaient su idolâtrer. Je ne l’idolâtre plus désormais. C’est peut-être cela, lorsqu’on finit par trop aimer. Lorsque la sensation sombre, et vous laisser une impression brûlante, brûlure qui infecte les idéaux et les réduit en cendres. Et sous les cendres, cette rage indomptée. Celle qu’elle ressent, celle qu’elle déploie. La gifle est un très maigre châtiment, quelque chose en moi s’y expose sans même chercher à amortir le choc ou les blessures d’un amour-propre décharné. Les hauteurs, ces sphères inaccessibles qui surent m’accueillir, s’inclinent en même temps que ma nuque, port altier où l’arrogance giflée se voit assortie d’une colère plus brutale. Sous le masque infirme de cette très factice résilience, la brutalité qui feule, qui crisse, qui cherche à déchirer les entraves pour mieux se déployer. Mon poing se fige, et mes iris la narguent. Frappe encore. Détruis, détruis, tout ce qui fut et tout ce qui reste. Affranchis-toi de moi pour finir éplorée, estropiée comme je le suis déjà. Mes allusions grivoises et vipérines recueillent ses hurlements, s’y complaisent un instant. Je ne rétorque rien une seule seconde mais sans doute qu’à cet instant-là mon expression dit tout. Sous l’arrogance, cette once de mépris qui indique que la fidélité murmurée n’a su s’inscrire que de son côté, confirmant ses craintes. Puis l’instinct de mort qui prononce sur un ton assassin :
_ Ça te dérangeait pas, ce genre d’allusion, quand tu ressentais ce putain de frisson à fréquenter quelqu’un hors de ta petite caste.
Ancienne blessure, différence sociale qui nous fit parfois nous opposer. Ses parents ne m’ont jamais véritablement accepté et que dire des miens que j’avais entièrement évincés de mon existence. La phrase fuse, les chaussures lui répondent, j’évite la première sans avoir réellement besoin de faire un pas de côté, la seconde roule à mes pieds sans même savoir heurter ma cheville. Elle n’a jamais su lancer. La pensée pleine d’affection tranche la résolution qui s’imprime dans les muscles et convole avec la colère pour distiller une douleur croissante. J’ai avancé vers elle, sous les pas, le précipice immense. J’ai avancé vers elle comme pour la confronter encore, la poursuivre peut-être. La hanter toujours. Je suis de nouveau à portée lorsqu’elle interroge mes exactions, le voile impudique se lève pour exposer cette vie que l’on ne saurait plus nommer. Le précipice est là, et j’y gis avec complaisance depuis des années. Un mouvement dans l’ombre, sous la ferveur de la pluie et de la colère qui nous unit. J’attrape son bras à mon tour, la ramène à moi pour qu’elle mire cette dépravation que sa bouche se plaît à chanter. Crache, crache tes mots et tes pensées. A l’intérieur, la monstruosité née dans la trivialité du désespoir s’épanche, et mes doigts serrent son poignet. Je susurre :
_ Et alors ? Et alors… Si c’était ça la vérité ?
Plus la blessure qu’elle inflige est profonde, puis j’appuie sur la lame de ses propos. Pour l'enfoncer. L’amour imparfait qui montre son visage bestial pour mieux effrayer les sentiments, pour mieux rendre triviales les sensations. Et alors, si je souhaitais te traîner jusqu’à ces ténèbres que j’ai élues comme seule destinée ? Si je souhaitais t’y voir régner à présent que mon monde a su crever ? Si j’étais venu jusqu’à toi pour que tu saches me repousser, tout en comprenant ne pouvoir y parvenir, comme je suis incapable de te laisser t’enfuir ?
_ Si tu savais, Maxine, si tu savais ce que j’ai su trouver comme déchaînement. Ce que tu ne comprends pas, c’est que l’enfer, tu y es déjà.
Le ton est monté d’un cran, plus agressif sur les dernières syllabes, et la sentence fige le temps, la pluie, l’hérésie d’un instant. De toute notre vie. J’ai son poignet entre mes doigts serrés, son visage bien trop près.
_ Mon travail ne m’a pas tué encore. Mais moi, j’ai su buter quelqu’un.
Aveu, implacable. Dans la rue, le bruit, au-dedans tous les hurlements de la culpabilité. Et le précipice immense, immense sous nos pieds. Les enfers ouvrent leur gueule putride pour nous avaler tout entiers. Car nous sommes reliés. Nous avons donné la vie, et nous avons donné la mort. Puis j'ai su le faire seul, dans le cadre même de ces fonctions qu’elle a appris à haïr de toutes ses forces comme ces femmes de flics qui savent que l’instinct de la traque leur volera toujours ceux qu’elles ont choisis comme rempart. Rempart effondré. Le crime sur les lèvres, il est loin celui qui souhaitait tant la protéger. Je n’ai pas abattu l’innocence mais j’ai trahi tous les serments que mon insigne m’avait appris à porter. Et cela, cela, elle seule peut l’entendre. Elle seule peut le comprendre. Car ces enfers élus n’ont jamais été que ceux que je lui destinais. Je lui ai chanté cette déraison dans le noir, avant de l’abandonner. Il n’y a que toi qui puisse savoir, qui puisse ressentir, ce dont je suis coupable, ce que je me suis infligé, pour mieux périr. Pour mieux porter la mort de notre petite fille. Pour mieux échouer à le faire avec la dignité que je ne peux brandir. Il n’y a pas de survivant. Sous les cendres, la brûlure a tout dévoré. Ni toi, ni moi, ne saurions survivre à ses feux insatiables. Ni toi, ni moi. Tu le sais, tu le sais.
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