sensitifs. (maxine)

tu veux venir chez moi ?
tu veux venir chez moi ?
ça sonnait plus comme un ordre à ses oreilles. une envie irrémédiable de ne pas en rester là, sur ce si peu qui l'avait rendu dingue. il a accepté l'irlandais, sans opposé la moindre résistance. ils boiraient du vin, grignoteraient quelques trucs trouvés dans son frigidaire, et surtout ils continueraient à se découvrir. au travers de leurs regards, dans l'écho de leurs soupirs.
ils sont montés dans un taxi en catimini, il l'a écouté donné l'adresse au chauffeur et a passé tout le trajet à glisser son regard sur elle. il l'a faite rire, à coups de blagues qui n'étaient pas si drôles, s'est comporté en parfait gentleman jusqu'à leur arrivée. avec l'envie débordante de la plaquer contre tout les murs environnants jusqu'à ce qu'ils pénètrent dans son appartement.
c'est le sol d'un loft qu'il foule, un atelier comment il n'en existe plus. où flotte dans l'air l'essence même de sa propriétaire. il est émerveillé par tout ce qu'il voit mcgrath, des œuvres terminées, à celles demandant plus de travail, en passant par d'autres recouvertes d'un drap. il se balade sans la moindre gêne. il n'est pas timide, au contraire. ses doigts caressent les différents textures du mur. il reste silencieux, peut-être une longue minute, peut-être deux. puis il se retourne vers maxine, sourire toujours ancré aux lèvres.
il ne sait pas vraiment ce qu'il fait là.
il ne comprend pas, pourquoi il ne lui a pas sauter dessus tout de suite en franchissant la porte. c'est ce qu'il aurait du faire. pour ne donner qu'un aspect physique à cette alchimie qu'il sent naître. c'est ce qui aurait été le plus raisonnable. à la place, il ne se lasse pas de l'observer. des pieds à la tête, de la tête aux pieds. une fois. une deuxième fois lentement. la situation lui échappe. d'ordinaire, il n'aurait pas aimé ça.
ce soir, il sent les battements de son cœur prendre le dessus sur sa raison. au même titre que l'envie qui se dessine une nouvelle fois au creux de ses reins. il ne dit toujours rien. garde ses distances avec difficulté. un sourire en coin et voilà qu'il se remet à déambuler, ôtant au même temps sa veste qu'il abandonne sur le canapé. j'adore, l'énergie qui émane de ces lieux. il trouve vite la cuisine, facile dans un appartement de ce genre. il s'accroupit et tente de choisir le vin, ce sera un Pomerol. il pose la bouteille sur le comptoir, cherche des yeux un tire-bouchon. tu m'as vraiment emmené ici pour que je me remette à peindre ? il devrait se débarrasser de sa chemise et lui montrer les gravures qu'il s'est fait à même la peau, de l'art dans un sens. parce que si c'est le cas, il va me falloir plus d'une bouteille. il se met à rire avec légèreté.

Dans un silence doucereux, elle le ramène chez elle, afin de faire perdurer cette folie et aussi de ne pas la laisser se finir sur quelque chose d'aussi abrupte. Elle sent bien que c'est de la connerie tout ça Maxine, parce qu'il a cette bague doigt et qu'elle, elle s'attache trop vite. Il y a trop de magnétisme, trop de facilité entre eux. C'est comme un coup de foudre. Sans parler d'amour. C'est juste qu'elle ne sait pas différencier désir et sentiments.

L'appartement qui ressemble plus à un atelier de peinture qu'à un lieu de vie est en désordre comme toujours. Il y a des toiles un peu partout, sur les murs, dans des cartons, empilées. Il y a une pièce évidemment dédiée avec plusieurs chevalets pour les œuvres en cours et tout le matériel. On sent que l'artiste a laissé en plan son travail sans nettoyer ses pinceaux parce qu'elle était en retard pour le vernissage. Dans sa chambre, les draps sont froissés et défaits, des vêtements trainent partout. Ça le ferait rire Iskandar s'il voyait, elle qui a toujours été plutôt trop ordonnée. Dans le salon, au dessus du canapé est accrochée son œuvre sur le 11 septembre, la plus connue et une des plus grandes qu'elle a réalisé. Cette toile a retrouvé sa place suite à la précédente exposition et elle fait partie de celles dont elle ne saurait se défaire. Elle le laisse l'observer et faire le tour pendant qu'elle observe l'incarnation de sa luxure. Il la regarde, elle rougit, elle a encore son odeur sur elle, elle a envie de l'embrasser encore mais aussi de calmer le jeu.

- Ce lieu vibre d'énergie créative et d'inspiration je présume.

Il fait comme chez lui et cela lui va très bien à Maxine, elle n'a pas à jouer les hôtes et puis ils ont passé un degré d'intimité où presque tout est permis. Elle en a encore les joues roses en y repensant. - Ce n'était pas mon unique but, et il y a largement assez de bouteilles pour la nuit si c'est vraiment ce dont tu as besoin, lui répond-t-elle tout en enlevant ses chaussures, enfilant ses petits chaussons afin d'être à l'aise puis en s'éloignant vers la salle de bain. C'est qu'elle avait une envie pressante et un grand besoin de se refaire une beauté et se remettre bien. Un rapide nettoyage, changement de sous-vêtement et un léger rafraichissement du maquillage et de la coiffure et elle est de nouveau à lui, fraiche comme un gardon.

- Qu'est ce que tu veux manger ?

Elle ouvre son frigo, remplit d'ingrédients plus américains les uns que les autres et de quelques légumes. Elle aurait bien envie de lui faire quelque chose de bon sans y passer forcément toute la soirée. Pas qu'elle soit pressée, elle a juste la dalle. Elle le regarde, lui sourit, se mord la lèvre. Pourquoi est-ce qu'elle a juste envie de combler le vide qui les sépare ?

Ce n'était pas mon unique but, et il y a largement assez de bouteilles pour la nuit si c'est vraiment ce dont tu as besoin,
il arque un sourcil à ses paroles. ce n'est pas son unique but, les autres éventualités piquent sa curiosité. mais il n'a pas le temps de lui demander qu'elle l'éclaire sur le court de leur soirée, qu'elle s'en va déjà. abandonnant ses chaussures et se dirigeant -il présume- dans la salle de bain. il a déjà bu un verre entier, quand elle revient, il est attablé au comptoir. les mains croisés sous son menton, ses yeux clairs ne manquant pas un instant de sa démarche jusqu'à lui. elle s'est refait une beauté la blonde, il remarque les nouveaux traits de maquillage. la coiffure plus soignée comme par magie. elle s'approche, il la suit du regard. qu'est-ce que tu veux manger ? le frigo s'ouvre, c'est à peine si il zieute à l'intérieur. la vérité, c'est qu'il n'a pas faim, pas au sens propre du terme du moins. je n'ai jamais été doué pour décider ce qui composerait un repas, il hausse les épaules, portant à ses lèvres le verre à pied. puis, je t'avoue que j'ai les idées ailleurs, pour le moment. il sourit en coin, lève ses fesses du tabouret pour s'approcher de l'artiste. une main sur la porte du frigo qu'il ferme, son corps en barrière frôlant celui de la femme. pas toi ? qu'il murmure doucement contre ses lèvres, il se retient de l'embrasser. une lutte féroce qu'il inflige à son corps qui s'embrase. où est cette toile vierge que tu voulais tant que je décore ? qu'il se force à dire sans pour autant réussir à se détacher. il ne sait pas ce qui se passe, une chose est sûr, il n'a pas envie de comprendre. pas tout de suite. peut-être jamais. il se laisse porter par ce qu'il ressent, entre ses cuisses -sans doute- mais aussi dans ses veines, dans son palpitant qui s'affole sans qu'il n'en comprenne la raison. finalement il ne tient plus, ses doigts se crispent à sa nuque et il l'embrasse avec une envie débordante. l'effet est immédiat, il sent son souffle se faire la malle, puis il s'écarte. excuse moi, je suis intenable, je sais. il a le sourire d'un gosse.

Elle regarde l’intérieur de ce frigo et strictement rien ne lui fait envie. Pourtant elle a faim, réellement, son estomac la tiraille. Mais son invité ne semble pas vouloir l’aider de ce côté, il a faim d’autre chose, elle le sait, elle le sait avant qu’il ne le suggère. Et l’instant d’après il est contre elle, la surplombant de quelques centimètres, lui faisant des propositions auxquelles elle va céder, elle en est certaine, la seule question est : quand ? Il a raison sur un point, son ventre peut attendre. Elle se contente de sourire pour toute réponse, un sourire fugace pour des lèvres happées par d’autres envies. Entre leurs quatre yeux d’un bleu glacier, elle a l’impression de retrouver son propre regard dans le sien, froid et désireux, d’une profondeur mélancolique de par les peines qu’il renferme et d’une beauté envoûtante. Elle s’y perd volontiers et s’y perdrait bien encore demain et les jours qui suivront. C’est bien le problème. Il les ramène à la réalité et alors qu’elle lui prenait la main pour l’emmener à son petit atelier, il cède l’irlandais et scelle leur futur immédiat. Les doigts de l’américaine glisse entre les siens et resserrent leur prise le temps de ce baiser beaucoup trop fougueux pour ce qu’ils étaient censés faire.

- Pire que ça.

Elle lui sourit tout en reprenant son souffle. Il est intenable et elle, contrôler sa libido a toujours fait partie de son éducation, ce n’est pas son genre, tout ça, elle pourrait très bien le laisser sur cette impression frustrante et reprendre le cours de la soirée comme elle était prévue. Elle aime bien en plus lorsque les choses sont ordonnées. Néanmoins, elle n’a qu’une envie à nouveau, l’embrasser et ne surtout pas écouter ses principes, ou peut-être deux envies si elle compte le fait de gouter ce vin. Son ventre peut attendre, la toile aussi. Et puis cette petite tête qui cogite ne perd pas le nord, si leur temps est limité, il n’y a aucune minute à perdre. Ce corps a bien trop envie de s’exprimer et elle n’a pas envie de le diriger. Avec un empressement marqué, elle se détache momentanément tout en l’attirant à elle, juste quelques pas vers le bar, qu’elle puisse attraper son verre. Elle a son bras dans son dos maintenant, afin de l’obliger à reprendre exactement la place qu’il occupait devant le frigo, à quelques millimètres d’elle et dans l’autre main, la coupe de vin. Elle ne le déguste pas, elle n’a pas le temps pour ça non plus, une bonne gorgée, juste un besoin de se rafraichir la gorge puis elle le repose. Enfin elle retrouve ses lèvres, le goût de sa langue qui a les mêmes délicieux arômes que le vin, tout en déboutonnant sa propre chemise. Le désir est exactement le même que dans la remise du musée, peut-être même plus fort encore, cependant il n’y a plus de précipitations, ils ne sont plus comme deux cocotes minutes brûlantes de désirs et prêtes à exploser, ou du moins plus autant. C’est avec délicatesse qu’elle ouvre un bouton, puis un autre, accompagnée de quelques maladresses, et quand elle se sera débarrassée de ce tissu elle compte bien lui ôter le sien. Elle a envie de prendre le temps de découvrir son corps, et surtout de lui laisser le temps de partir à la redécouverte du sien, telle une œuvre magnifique trop longtemps ignorée, remisée dans un vieux placard et qui est enfin ré-exposée, au centre de l’attention qu'elle mérite.

inconsciemment, il sait que leur temps est compté.
que dans quelques heures, ils devront reprendre goût à la réalité. la bulle explosera et il retournera à sa vie de famille. pour le moment, il ne réfléchit pas, a mis son cerveau en mode veille pour se concentrer sur celle qui se trouve au bout de ses lèvres. il s'est décalé pour pouvoir observer la moindre de ses réactions. elle sourit, il en fait de même avec la sensation d'être un adolescent en pleine découverte de ses sens.
c'est elle qui prend les devants cette fois, elle le force à faire dos au réfrigérateur. de là, il peut l'observer commencer son petit manège. le vin qu'elle goutte, avant de lui faire partager son arôme dans un baiser langoureux. puis elle se met à déboutonner son chemisier, avec délicatesse. il n'en perd pas une miette, reste contre l'électroménager, et profite du spectacle. bien que le fauve ne désire qu'une seule chose: se jeter sur elle à corps perdu. ce sont toutes ses pulsions qu'il enferme le plus soigneusement du monde, conscient qu'il ne tiendra pas bien longtemps. il a le sourire doux, le regard gourmand qui retrace les lignes du corps qu'elle dénude trop lentement. tu veux me faire languir ? qu'il murmure plus pour lui même. l'envie est déjà présente aux creux de son ventre, ça se tord dans tout les sens. elle se rapproche de lui pour venir s'attaquer aux boutons de sa chemise. elle veut franchir la barrière de ses vêtements à lui, il savait que cela se produirait s'il mettait les pieds chez l'artiste. qu'elle ne se contenterait pas d'un coup vite fait-bien fait comme dans la remise. qu'elle voudrait qu'il se dévoile. ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il est sur le point de lui montrer une partie de son âme. le premier bouton saute et son souffle se fait rauque. le deuxième, et il peut sentir le sang pulser dans sa carotide, se faire la malle jusqu'à son entre-jambe. il ne l'a pas quitté des yeux, est littéralement plongé dans les abysses de son regard. le troisième, et il pose sa main sur la sienne, ses lèvres s'entrouvrent, il a du mal à sortir le moindre son. tu es sûre ? question qu'il se pose plus à lui même, ferme les yeux, qu'il souffle doucement, avant de reprendre la marche une fois chose faite. il défait ce qu'il reste, puis attrape la main de la blonde pour la glisser contre son torse, où commence les cicatrices, il la fait descendre lentement jusqu'à son ventre où elles terminent. des frissons se mêlent aux marques indélébiles, elle est là, ma plus grande oeuvre,[/i] qu'il chuchote toujours.

- Peut-être bien...

En vérité, elle a un peu peur de dévoiler ce corps qui n'a plus vu le jour depuis plusieurs années. Qui sait ce qui reste de celui-ci, qu'elle a elle-même ignoré dans son reflet et qu'elle a laissé à l'abandon de soins divers et variés, qu'elle a nullement préparé à la rencontre avec un autre corps. Bien qu'elle n'ait plus dix-huit et qu'elle sait que le désir passe au-dessus de ces choses triviales que sont les vergetures, les cicatrices, les plis, les rides ou encore l'épilation, surtout quand il est déjà si impétueux. Ce n'est qu'une certaine frilosité, un brin de timidité. Et si ça le rend fou, ma foi, elle prend.

Elle se débarrasse enfin de ce chemisier qu'elle laisse glisser au sol, dévoilant un soutien-gorge qu'il connait déjà, noir et simple. Et guère plus avec cette jupe cintrée qui monte jusqu'au nombril. Et puis c'est son tour, un bouton, puis un autre, entre deux baisers dans la gorge. Un troisième. Il l'arrête. Est-ce qu'elle est sûre ? Bien sûr, elle n'a plus quinze ans, elle se sent encore capable de déshabiller un homme. Elle ne peut s'empêcher de rire une seconde avant d'obéir, un peu étonnée.

Les paupières closent, son corps s'éloigne et elle soupire. Elle essaye de deviner ce qui se passe derrière le bruit du tissu froissé. Elle a froid. Elle s'impatiente. "Est-ce que je peux les rouvrir ?" Il saisit sa main alors et elle retrouve son contact, sa peau, celle de son torse. Elle la parcourt doucement, glisse ses doigts et en devine les nombreuses cicatrices. Elle s'étonne et en même temps elle apprécie le relief de cette peau, loin de la lisseur habituelle. Iskandar ne manquait pas de cicatrices diverses et variées lui non plus, en bon flic. Elle ne réalise pas bien jusqu'à ce qu'il prononce ces quelques mots. Alors elle continue juste de les parcourir, avec ses doigts, parfois avec du bout des lèvres avant d'ouvrir les yeux et de les regarder, de ses yeux d'artistes.

- C'est une belle œuvre, mais est-ce qu'elle vaut toutes ces douleurs ? Sa voix est douce, sa question n'attend pas de réponse, elle passe toujours sa main sur lui. Elle n'a pas le monopôle de la souffrance après tout, et elle sait ce que c'est, de répandre ses pires pensées sur quelque chose. Elle a choisi la toile, mais pourquoi pas son propre corps après tout. Si elle peint majoritairement des portraits, des personnes ce n'est pas pour rien. Chacun gère ses émotions du mieux qu'il peut.

Elle s'éloigne de lui, quelques pas en arrière pour qu'il puisse bien la voir tout en dézippant sa jupe. Une fois suffisamment loin, elle la fait glisser sur ses hanches, jusqu'à ses pieds, dévoilant sa peau vieillit, la suite de ses sous-vêtements noirs et enfin, cette cicatrice dans le bas du ventre, pas spécialement jolie, celle de la césarienne.

- Chaque corps est une œuvre d'art unique, c'est pour ça que j'aime tant les peindre.

Malgré tout ça, il n'allait pas échapper à sa corvée de peinture. Zéro chance.

il se dévoile corporellement.
laisse les doigts de la femme parcourir sa peau. il se livre à une inconnue, avouant dans un murmure que son véritable art se trouve là, sous ses phalanges. il ne l’a pas pas toujours considéré comme tel, ce corps mutilé, mais au fil des années, il a appris à accepter ce qu’il y avait de plus noir en lui. tout est écrit là, sur son torse, et aussi dans son dos. semblable à des centaines de griffures profondes. Maxine ouvre les yeux, continue de redessiner les marques, y dépose même ses lèvres et ça le fait d’autant plus frissonner. la phrase qu’elle prononce le laisse silencieux, il ne saurait pas quoi répondre. a-t-il réellement souffert ? ou alors est-ce l’inverse ? n’est-ce pas une vague de soulagement qui le parcoure à chaque fois qu’il entaille sa peau ?
c’est quand elle s’éloigne qu’il revient à la réalité, se mordant la lèvre inférieur alors qu’il la dévore de ses yeux clairs. encore une fois, elle le fait se languir, se débarrassant de sa jupe pour lui offrir l’intégralité de son corps. c’est une belle femme. splendide. marquée par les années, qui n’ont fait que la rendre plus désirable. ses pupilles descendent le long de son corps, s’arrête sur la cicatrice révélant l’existence d’une naissance. des questions lui traversent le crâne, mais il se tait. oui, tu as raison, qu’il souffle, sans être certain du sens de sa phrase. c’est que ses neurones ne sont plus connectés. il laisse tomber sa chemise sur le sol tout en se rapprochant d’elle. et le tiens est vraiment, magnifique, qu’il prononce tout en se débarrassant de son pantalon maintenant trop serré. à quelques centimètres d’elle maintenant , son cœur bat la chamade. c’est incompréhensible, ce qui lui arrive. le temps s’est comme figé, et il ne réalise plus où il se trouve. il ne réalise pas qu’au levé du jour il devra prendre la fuite. il ne réalise pas, que le coup d’un soir se transforme en quelque chose de plus complexe. c’est à son tour de parcourir sa peau avec désir et curiosité. c’est lui qui retire les derniers sous-vêtements qu’elle porte, laissant tout le loisir à ses mains d’explorer son corps. il caresse, griffe de ses ongles courts, embrasse son cou, sa poitrine, s’aventure même jusqu’à son ventre avant de revenir à ses lèvres. le baiser est fougueux, presque douloureux. il veut la sentir vibrer contre lui, s’échapper avec elle dans des pulsions qu’il ne contrôle plus.

Pouce, dents, lèvres révèlent sa peau et elle fond littéralement, définitivement acquise à cette cause, qui n'est ni à lui, ni à elle, mais bien à eux. Un partage des sens, un partage d'effervescence. Il la met à nu, elle fait de même. Chacun explore le corps inconnu avec envie et bienveillance, et le trouble s'immisce. Ils restent ainsi longtemps, à s'embrasser, à se rendre fou, des minutes qui pourtant ne sont jamais assez longues. Elle embrasse chacune de ses cicatrices et convulse presque quand il s’empare de ses seins. Et quand leurs lèvres se retrouvent ce n'est que pour faire monter la fièvre un peu plus.

Elle l'attire vers le canapé, qu'ils continuent leur corps à corps. Au dessus d'eux les deux tours dans leur fumée. Ces deux tours qui n'existent plus là dehors, à cet instant. Et si elles devaient être l'allégorie qui les représente plutôt que celle d'une autre rencontre, l'attentat qui les détruirait arriverait au lever du jour. Un rappel assassin à la vie réelle alors que leur cœur semblent être liés de façon étonnante. Que cela serait mentir que de dire que ce n'est que purement physique alors que tout indique qu'ils feraient un très beau couple. Quand bien même cela est impossible. Elle ne regarde plus l'alliance Maxine, elle ne veut plus la voir, ne pas y penser et se laisser rêver. Croire qu'elle peut s'abandonner à l'ivresse de ses bras, au bonheur de ses baisers sans craindre une absence de future, sans craindre de souffrir lorsque le destin frappera leur relation. Qui ne devait jamais en être une. Qui ne sera pas. Elle se promet de ne pas se laisser aller à des sentiments tout en le reversant, repassant au dessus de lui pour doucement le glisser en elle. Oubliant encore une fois le bon sens, d'un réflexe qu'elle a perdu après quinze ans de mariage. Elle monte et descend entre le sofa et le world trade center. Son dos magnifiquement exposé, ses seins à sa merci. Et elle le regarde, ne le lâche pas, ne voudrait jamais plus le lâcher. Le bonheur entre ses cuisses, ceinturant fermement ses hanches.

ils s’agrippent. se découvrent. s’enlacent. s’embrasent. l’un comme l’autre, ils ne pensent plus à rien si ce n’est au moment présent. cette réalité qui les rattrapera tôt ou tard est loin derrière eux, à une décennies de la réalité qu’ils sont en train de créer.
leurs corps se réclament.
il avait tout pouvoir au musée, ici, c’est elle qui a toutes les cartes en main. l’artiste prend les devants, l’attire jusqu’au canapé où il y termine sa course assis. il ne peut s’empêcher de sourire quand elle lui grimpe dessus, mains sur ses hanches qu’il accompagne quand elle s’empare de lui. le plaisir lui parcoure l’échine, ses gémissements se perdent dans l’espace-temps alors qu’ils ne se sont toujours pas quitté des yeux. ce serait plus simple s’il se disait qu’ils étaient simplement en train de baiser. ce n’est pas comme ça qu’il le ressent. son cœur et son âme disent l’inverse. c’est un partage qui conclura à un drame. quand bien même, il n’arrêterait ça pour rien au monde. elle danse au dessus de lui.
il perd pied à chacun de ses mouvements langoureux.
leurs lèvres se retrouvent, en manque les unes des autres.
le temps s’étire.
il est assoiffé de cette femme.
ils le feront trois fois.
sous cette peinture de deux tours parties en fumée, langoureusement.
à même le sol, l’homme incapable de la laisser s’enfuir.
et une dernière fois dans cette cuisine, à même le plan de travail.
il a le souffle court, le palpitant détraqué quand il s’abandonne une nouvelle fois en elle. l’inconscient. il la garde contre lui, la serre sans doute un peu trop fort alors qu’il cherche à récupérer un semblant de raison. c’est impossible alors qu’il respire son odeur envoûtante.
un nouveau baiser.
puis un coup d’œil furtif pour l’heure clignotante sur le four.
il est tard, bien trop tard pour rentrer chez lui ou ailleurs.
je n’ai pas sommeil, qu’il chuchote à son oreille, une manière de lui demander s’il peut passer la nuit chez elle, toujours envie de peindre ? il sourit contre sa peau, s’écarte à peine pour capter son regard. il y cherche l’inquiétude du levé du jour sui arrive trop vite. il redoute déjà les questions.

Ils ne réfléchissent plus, se laisser aller à cette sensualité qu'ils partagent un peu trop bien. Quand c'est si facile et évident, il n'y a pas de questions qui se posent, ni beaucoup de mots pour se comprendre. Sa tête retombe sur son épaule après cette troisième fois, repue, pour cette nuit ou au moins pour un moment. Leurs corps sont collants de sueur, fatigués de ces ébats. Quatre fois dans la même soirée, Maxine ne croit pas que ça lui soit arrivée souvent dans sa vie. Peut-être qu'elle avait beaucoup de choses et de temps à rattraper, peut-être que c'est la nouveauté, ou peut-être que c'est juste lui qui la rend si dingue. Probablement un mélange des trois. Pendant tout ce temps dans ces bras, elle s'est laissée aller à un plaisir non-coupable mais la culpabilité revient bien vite maintenant qu'ils sont calmés. Elle n'avait pas pensé une seule seconde à Iskandar ou à Hannah et voilà qu'ils s'invitent dans ses pensées, pour lui rappeler qu'elle leur appartient. Elle ne devrait pas, il y a eu des promesses, il était d'accord. Elle ne l'était pas, et elle s'en veut. Ses yeux s'humidifient alors qu'un vide immense s'empare soudain de son âme, pour sa fille. Elle retient les larmes dans sa gorge, les refoule au plus profond d'elle-même et le serre toujours contre elle.

Une longue minute pour se reprendre, un baiser. La cloche de fin sonne mais pas assez fort pour les séparer. Un murmure, deux yeux qui se trouvent. - Quoi ? Tu ne veux pas recommencer quand même ? Elle chuchote aussi. Elle trouve un rire, plutôt nerveux, alors que l'inquiétude est bien là, bien visible. Pas tout à fait celle qu'il pense. Toujours dans les bras l'un de l'autre, toujours fusionnés dans l'inconscience. Elle ne veut pas y penser à ce lendemain alors elle ne lui dira rien. Elle sait très bien qu'il y a cet anneau au doigt, une autre femme et même des enfants, elle l'a vu avant de consentir à cet adultère, elle en comprend très bien les conséquences alors elle ne dira rien. Pire, elle ne veut même pas en parler. Elle aura bien le temps de le pleurer les jours d'après, après tout cette peine ne sera rien d'ingérable pour elle et elle valait pleinement cet instant de plénitude. Oh mais je ne comptais pas te laisser partir très cher. Elle lui répond sur un ton léger, pour dédramatiser l'instant et lancer d'autres promesses, d'autres bons moments à venir, et ce sans préciser jusqu'à quand. Elle évite bien soigneusement le sujet.

Elle le repousse doucement, non sans une pointe de déception puis se laisse glisser au sol. Mais d'abord, allons prendre une douche.

Ils sont comme des gamins sous l'eau chaude, à rire, à se taquiner, à s'embrasser. Elle enfile un peignoir, pourtant elle aurait pu rester nue, le tissu à quelque chose de rassurant. Puis elle le conduit dans l'atelier, dépose une toile vierge sur un chevalet à la place d'une œuvre en court. Deux autres chevalets trônent dans la pièce, avec d'autres pièces plus ou moins avancés. Elle s’assied sur le tabouret en face de lui et le dévisage. Qu'est ce que tu vas peindre alors ? Son estomac émet une plainte, elle a toujours faim, peut-être que lui aussi mais elle n'a certainement pas envie de le quitter des yeux.

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