sensitifs. (maxine)

Quoi ? Tu ne veux pas recommencer quand même ? en guise de réponse il arque un sourcil amusé. l'idée lui a bien traverser les sens, mais non, il est satisfait pour cette fois. rester contre elle, la regarder et l'écouter parler lui suffit. il la voit la peine au fond de ses pupilles, il ne sait pas d'où elle vient, cette tristesse. il cherche, fouille tendrement au fond de ses yeux mais ne trouve rien. et les questions attendront. elle balaie d'une phrase les doutes qui l'habite, recule à plus tard la conversation -qui peut-être n'aura jamais lieu. pourtant, il faudra qu'ils y passent. leur bulle ne résistera pas bien longtemps aux aléas de la vie extérieure. elle ne résistera pas à cette alliance qui lui brûle soudainement l'annulaire. elle le repousse, il se laisse faire acceptant la douche d'un signe de tête.
c'est à deux qu'ils la prennent, comme des gosses ne voulant pas se lâcher d'une semelle. les taquineries sont de mises, la complicité n'est plus à prouver. ils s'embrassent, restent bien trop longtemps sous l'eau chaude. c'est du courage qu'il leur faut pour s'en extirper. elle enfile un peignoir, lui ne noue qu'une serviette autour de ses hanches avant de la suivre jusqu'à son atelier. une nouvelle fois il est émerveillé l'irlandais. il aime l'odeur de peinture qui enveloppe la pièce. elle ne perd pas le nord la blonde, une toile en cours est très vite remplacée par une vierge. il s'installe devant, fixe le blanc immaculé. qu'est-ce que tu vas peindre alors ? il hausse les épaules, un fin sourire au coin de ses lèvres. je ne sais pas, ses azurs de tournent vers elle, la femme est assise non loin de lui, passionnée par ce qu'il pourrait faire, ça fait tellement d'années que je n'ai pas, ses doigts caressent les pinceaux se trouvant à côté de lui, peint quelque chose de personnel. ou même dessiner quelque chose pour son propre plaisir. il n'a fait qu'imiter, à la perfection, mais des immitations tout de même. tout à coup il est gêné, ça ne lui ressemble pas. j'suis plus fusain, dans l'instant. qu'il annonce avant de s'en emparer d'un. il commence à tracer quelques lignes, c'est le visage d'une femme qu'il se met à dessiner.
il se concentre.
fait appel à des souvenirs lointains.
le temps passe, il ne le remarque qu'à peine.
il oublie tout ce qui se trouve autour de lui.
et quand il termine ses derniers tracés, il est presque étonné du résultat. c'est alba, comme dans ses souvenirs. douce et souriante. maxine a déjà les yeux rivés sur l'oeuvre. j'ai mis plus de temps qu'habituellement. pour un mec diplomé de la meilleure école d'art de new-york, j'en suis pas très fier. qu'il lance dans une grimace.

Elle l'observe peindre. Elle n'avait jamais imaginé à quel point cela pouvait être passionnant de regarder un autre artiste à l’œuvre et ce sans même se mettre de l'autre côté de la toile. Elle admire juste ses expressions qui changent, tout se qui transparait sur son visage et qui laisserait deviner ce qu'il fait. Elle devine assez rapidement qu'il dessine quelque chose de son esprit, au fusain. Un souvenir ? Une personne ? Un animal peut-être même ? La position et les mouvements de sa main sur la toile lui suggèrent que c'est plus quelqu'un ou quelque chose qu'un paysage en tout cas. Trop de verticalité. Elle sourit, toutes ces hypothèses ne valent rien. Elle se dit aussi qu'elle pourrait peut-être donner des cours à l'occasion, une activité moins solitaire pourrait lui faire du bien. Pour observer d'autres personnes dans cette situation. A moins que ce ne soit que lui qui soit particulièrement beau à regarder ainsi. Soudain, elle pense à Archie, son vieil ami revenu vivre et qui tient une place particulière dans son cœur, sans penser à rien de particulier qu'elle lui montrerait bien cette pièce qui est un peu son âme après tout.

Et puis elle s’éclipse alors qu'il est parfaitement concentré, si bien qu'il ne semble pas le remarquer. Elle revient quelques minutes plus tard avec le vin sur un plateau, ainsi que des olives, du pain et des rillettes. Elle pose se plateau où elle peut, la bouche pleine d'une tartine et prend son verre avant de venir se poser derrière lui. Elle boit une gorgée, regarde la toile, manque discrètement de s'étouffer. Son cœur se met à battre douloureusement et le malaise la gagne. C'est une femme. Il n'aurait quand même pas eu l'indélicatesse de dessiner sa femme dans l'appartement de sa maîtresse ? Maîtresse... Elle déteste déjà ce mot, et il sonne si faux pour caractériser ce qu'ils ont partagé cette nuit. Elle pose sa main sur son épaule, se recollecte au mieux afin de cacher son trouble.

- Le temps n'a aucune importance, aller vite ne fait pas l'artiste, le diplôme non plus. Dessiner de mémoire demande forcément du temps. Elle a l'air douce, qui est-ce ?

Ses doigts se crispent légèrement, tapotent doucement sa peau, mais sans aucun doute un peu trop nerveusement.

il sent la main de la femme se crisper sur son épaule.
ce n'est pas malin, c'est vrai. d'avoir dessiner le portrait d'une femme alors qu'il se trouve en compagnie d'une autre. elle pourrait croire qu'il s'agit de sa femme. ce n'est pas le cas. c'est peut-être pire que ça, quand il y pense. Le temps n'a aucune importance, aller vite ne fait pas l'artiste, le diplôme non plus. Dessiner de mémoire demande forcément du temps. Elle a l'air douce, qui est-ce ? il tourne légèrement son visage, il cherche le regard de maxine qui est perdu sur la toile. dans un geste tendre, il laisse ses doigts glisser contre sa main qui s'agite, comme pour la rassurer. puis il se saisit lui aussi d'un verre, de l'alcool, encore de l'alcool pour endormir les sens.
rassure toi, ce n'est pas ma femme. qu'il se décide à dire dans un demi-sourire. c'est une femme, qui faisait partie de ma vie, il y a plus de vingt cinq ans maintenant. il est morose tout à coup, ça ne dure pas bien longtemps, quelques secondes tout au plus, c'est le souvenir le plus net que j'ai d'elle... j'aurai pu faire un portrait de toi, mais ça aurait fait un peu trop cliché, tu ne trouves pas ? il ricane à présent. dans un geste rapide, il fait en sorte que l'artiste se retrouve assise sur ses genoux, ses phalanges déjà à la recherche de sa peau sous le peignoir, il embrasse son cou une nouvelle fois. sa mâchoire. laisse sa barbe chatouiller sa joue. il se comporte comme un réel adolescent, insouciant, alors qu'ils feraient mieux de se soucier tout les deux de ce qu'ils viennent de partager. ce n'était pas rien. ce n'était pas une simple baise. c'était irréfléchi. diablement bon, mais irréfléchi. n'a-t-il pas réprimander son fils il y a quelques semaines à peine, d'avoir jouer les hommes sans appréhender les conséquences ? frida avait raison, tel père, tel fils. il est vrai que tu avais voulu changer pour le romantisme ceci-dit. qu'il murmure à son oreille.
et leurs yeux se rencontrent une nouvelle fois.
il se laisse aspirer par la profondeur de son regard. ses muscles se contractent. est-il en train de paniquer ? il ne sait pas lui même. il devrait retarder l'instant fatidique, encore un peu. mais il n'y arrive pas. c'est plus fort que lui. est-ce qu'on doit en parler ? de... tout ça ? ... j'veux dire. tu sais que je suis marié, mais... il s'arrête, la vérité c'est qu'il ne sait pas quoi dire.

Elle entrelace ses doigts dans les siens, un geste tendre, presque amoureux qui relève plus du couple que de l'amant. Ce n'est pas bien. Elle a beau se le répéter, il est bien trop tard. Et elle trouve cela injuste, le premier homme qui lui plait réellement depuis Iskandar appartient à une autre. Ce monde n'a décidément pas fini de lui faire payer, payer quoi ? Fait-il cela pour nourrir les émotions négatives qui la poussent à créer ? Détruire pour créer. Parfois elle se demande si elle ne choisit pas ces destins elle-même.

Le portrait n'est pas celui de l'épouse, Maxine est soulagée, elle ne veut pas voir le visage de celle qu'elle l'aide à trahir. - Cliché et risqué, qu'elle ricane avec lui tout en basculant sur ses cuisses. "Imagine si tu m'avais raté ?" Puis elle enchaine sur un ton bien plus sérieux, laissant parler l'artiste avant la femme. "Elle est très belle, il y a une certaine mélancolie qui se dégage de ce portrait. Tu as su y mettre ce que tu ressens." Qu'elle commente simplement, pas tellement expansive.

Est-ce qu'il l'écoute au moins ? Il semble bien plus occupé à titiller sa peau, ce qui ne la dérange pas, au contraire. Elle retrouve son sourire, partage cet instant de jeu, lui rendant coup pour coup. Tels deux gamins. Elle est insouciante elle aussi, elle n'y pense même pas, elle a eu tellement de mal à avoir Hannah déjà, alors à quarante ans elle image ses ovaires aussi sèches qu'un désert de sel. Et puis il faudrait un sacré paquet de chance et de facteurs concordants pour transformer cette nuit en lien d'une vie. Elle n'a aucune envie de réfléchir à tout ça, aucune mais alors que son regard s'enfonce dans le sien, elle le sent se tendre et c'est la panique qui s'infiltre aussitôt. Elle a beau refuser de se lancer dans cette discussion par tous les pores de sa peau , c'est lui qui sonne le glas de leur rêverie. Ses mots viennent lacérer son cœur, c'est une lame empoisonnée qui s'enfonce dans le trou béant que son divorce a laissé. Même si... Elle ne réagit à peine dans un premiers temps, si ce n'est sa mine qui sombre. Elle a toujours été calme et mesurée en toutes circonstances. Il n'y a bien qu'Iskandar pour l'emmener dans ses pires retranchements et des contrées qu'elle n'aurait jamais voulu explorer. Quand elle repense à leurs mots échangés il y a quelques semaines, à ce qu'elle a osé dire... Elle préfère le considérer comme un mauvais rêve.

Elle se relève lentement, d'un mouvement emplit de désespoir et finit son verre, réflexe pas spécialement sain puis elle part se resservir. Elle ne le regarde pas, elle n'ose plus, c'est l'extérieur qui captive faussement son regard alors que c'est en son for intérieur que son attention se perd. La colère monte, contre elle-même, pourtant sa voix est calme, légèrement tremblante, plus fataliste qu'énervée.

- Mais ? Il n'y a rien à dire, je savais dans quoi je m'engageais, le reste te regarde. D'un regard en coin, elle jette un œil dans sa direction mais sans oser croiser son regard toujours, préférant la vue de ses pieds. Peut-être qu'il est temps que tu partes... Elle murmure, elle n'a pas envie qu'il parte, elle cherche juste à fuir cette discussion. En même temps, elle cherche son alliance du bout des doigt, machinalement, alliance qu'elle a enlevé il y a bien un an maintenant. Et d'un coup c'est toute sa peine qui remonte à la surface, comme s'il avait gratté le vernis qui la protège de la réalité en ayant fait naitre l'espoir dans son cœur. Elle ne lui en veut pas, elle s'est autorisée ça elle-même, dans un instant de pure folie. Elle s'en veut, de désirer qu'il reste, de désirer s'endormir dans ses bras. Elle en veut à cette alliance qui orne son annulaire. Et toutes ces barrières longuement mises en place pour survivre et l'empêcher de sombrer sont en train de se fracasser sur les récifs de ses amours déchus et de son âme brisée. Elle tient pourtant, elle ne s'effondre pas, pas encore.

Elle regarde le sol et ne voit plus rien d'autre que le corps d'Hannah.

Et si...

Elle murmure à nouveau, incapable de continuer, de formuler tous ses regrets et cette vie qui aurait dû être la sienne.

il n'aurait pas du prononcer ces mots.
aurait du garder le suspens jusqu'à ce que le jour se lève.
il le voit, à son regard, qu'elle sombre maxine. dans des pensées qu'il ne peut atteindre et ça lui égratigne le coeur malgré lui. il ne devrait pas se laisser aller à ressentir. il devrait tout cloisonner, tout bloquer comme il a toujours su si bien le faire. mais face à son regard océan, il est déstabilisé. elle le quitte, se redresse. il ne fait rien pour la retenir tant il se sent stupide d'avoir emmené ce sujet sur le tapis. Mais ? Il n'y a rien à dire, je savais dans quoi je m'engageais, le reste te regarde. il n'y a rien à dire, oui. il est marié, c'est un fait. il aime sa femme, s'en est un autre. alors pourquoi se sent-il autant coupable de lui faire ça, à elle, la blonde qu'il ne connait que depuis quelques heures ?
ce n'était qu'un moment d'égarement.
un coup, comme ça.
ça ne veut rien dire.
il se répète ses phrases comme un mantra auquel il ne croit même pas. Peut-être qu'il est temps que tu partes... évidemment, il devrait s'habiller et rentrer chez lui. là où sa femme l'attend sans doute, ou pas. peut-être est-elle entre les bras d'un autre homme ce soir. il ne bouge pas du tabouret, regarde droit devant lui pendant un moment. un long moment. silencieux. pensif. Et si... il se tourne vers elle, se redresse lui aussi pour s'approcher à pas de loup. elle a les yeux rivés au sol maxine, il cherche ce qu'elle regarde, mais il n'y a rien là, sous leurs pieds. et si ... ? qu'il répète dans l'attente d'une réponse qu'il ne laisse même pas venir. tu savais dans quoi tu t'engageais ? il demande, s'approche encore un peu plus ses bras balants, parce qu'il n'ose plus la toucher de peur de se faire rejeter, parce que, moi, je n'en avais aucune idée. il est sincère, sa voix déraille légèrement alors qu'il cherche ses mots, je ne pensais pas que, je partagerai autant avec toi, en seulement quelques heures. vraiment, je ne pensais pas. il inspire, une bonne bouffée d'oxygène pour ne pas perdre pied, je n'ai pas pour habitude de, enfin, tu vois, que ça se passe comme ça. j'ai toujours été un adepte de la fuite une fois l'affaire conclue, il est maladroit mcgrath, il s'en rend compte, ça le fait sourire nerveusement. le soucis qui se pose, c'est que je n'ai pas envie de m'enfuir là. au contraire... mais je comprendrai que tu préfères que je parte maintenant. ce serait la chose la plus logique. celle qui ferait le moins de mal. comme un pansement qu'on arracherait d'un coup sec.

Et si ?

Qu'elle répète à nouveau, comme un écho douloureux du passé, du présent et du futur. Alors que le reflet fantomatique s'estompe de ce regard céruléen qui se relève vers lui avec une langueur infernale. Elle repousse les larmes, se refusant à se laisser aller dans le dramatique. Un geste de tête finit de laisser s'envoler le cauchemar, achève l'absence. Elle est de nouveau là, avec lui, alors que la peine qui a pris d'assaut son cœur ne s'est pas évanouie, elle. Et si quoi ? Et si Hannah était vivante ? Et s'il n'était pas marié ? Et si la vie n'était pas aussi dure ? Et si on ne pouvait absolument rien changer à tout ça ? Alors ces phrases ne méritent pas d'être terminées.

Elle le laisse parler, l'écoute dans ce qui ressemble à un plaidoyer. Ce qu'elle a dit plus tôt n'avait rien à voir avec ce qu'elle ressentait, c'était la raison qui parlait, la bienséance aussi sans doute. Parce qu'il y un autre si qui trotte, celui qui refuse d'en rester là, de le laisser partir. Et si je devenais ta maitresse ? Elle n'aime pas cette phrase, mais c'est sans doute celle qui lui semble la plus réaliste malgré tous les problèmes que cela implique et qui créeront une souffrance bien plus que celle de le laisser partir ici, maintenant.

Il continue et elle l'observe, ce visage un peur dur et froid, si beau, ce torse musclé et ses cicatrices, ces longs bras retombant le long de son buste. Ces bras, elle voudrait qu'ils l'embrassent, la serrent pour la réconforter. C'était le cas il y a une minute mais tu les as fuis. Il ne reste que le regret, comme toujours. Ce qu'il dit, ce qui se passe entre eux, elle l'a bien sentie elle-aussi même si c'est toujours rassurant d'entendre que le sentiment est partagé. Une fois qu'il a terminé, seulement, elle répond, le cœur lourd, s'engageant dans cette conversation qu'elle ne voulait pas avoir tout de suite, pas avant le lever du jour. Sa voix est tremblante. Elle est toujours au bord des larmes.

- Tu as raison, je ne savais pas dans quoi je m'engageais. Mais je savais que tu étais marié, je n'ai jamais eu de relations d'un soir, alors je savais que c'était plus que ça, j'ai juste chassé l'idée, en pensant que ça irait. Sauf que ça ne va pas. Je ne savais pas que ce serait si dur. Je ne préfère pas que tu partes, non, bien sûr que non, je voudrais m'endormir dans tes bras et m'y réveiller et puis prendre le petit-déjeuner à tes côtés. A un moment ou à un autre tu devras bien partir pourtant, et à la fin le résultat sera le même... Toi, qui retrouvent l'hypocrisie de ton mariage et moi, qui étalent des couleurs sur des toiles de désespoir et de solitude... Elle s'assoie sur le tabouret qui est déjà presque sous ses fesses, profondément exténuée par ces dernières années. C'est d'un mince filet de voix qu'elle reprend.
... Excuse mes mots, ils sont durs et injustes. Mais je ne comprends pas... Je ne comprends pas l'infidélité... Pourquoi tu aurais eu besoin d'une autre femme alors que tu l'as elle, plusieurs mêmes selon tes dires. Cette situation me met tellement mal à l'aise... Pour ta femme, pour toi, pour moi. Je n'ai jamais trompé mon mari et encore aujourd'hui, je culpabilise alors qu'il a bafoué nos vœux il y a quatre ans.

Son regard s'est à nouveau perdu dans le vide pendant qu'elle parle, quelque part au niveau de son torse.

- Tu n'es certainement pas un choix de raison, néanmoins mon cœur voudrait que tu restes, et que tu reviennes... Je ne sais pas à qui je dois obéir.

Le front plissé par les doutes et le chagrin, son regard inquiet vient trouver le sien. Elle pensait qu'elle avait tant souffert qu'elle ne craignait plus rien, finalement elle doute pouvoir survivre à un nouveau malheur. Pourtant elle espère qu'il lui dise de suivre son cœur, et si elle continue de le fréquenter, elle tombera amoureuse, c'est certain.

elle est au bord des larmes maxine et son empathie qui le frappe de plein fouet l'irlandais.
il ne veut pas la voir pleurer.
il ne veut pas la savoir mal.
pourtant c'est bien ce qui est en train de se passer. elle prend la parole. un flot de confessions s'échappe de sa bouche. elle balance tout, tout ce qu'elle a sur le coeur. tout ce qui encombre son cerveau. elle ne veut pas qu'il parte, c'est un soulagement le brun qui ne se voyait pas passer la porte tout de suite. qui lui aussi, à besoin de mettre ses idées au clair. il n'a de cesse de la regarder, restant parfaitement immobile alors qu'elle se livre entièrement. elle n'a jamais eu de relation d'un soir, là où lui en a eu beaucoup trop tout au long de sa vie. c'était une échappatoire, un moyen de se révolter face à ce mariage qu'il n'avait pas voulu. mais maintenant ? maintenant qu'il a sa famille, maintenant qu'il aime sa femme. il écoute, suit ses mouvements sans même s'en rendre compte. lui aussi, il voudrait qu'elle s'endorme dans ses bras, qu'il passe une nuit calme et paisible où le matin ne viendra pas bousillé tout ce qu'ils auraient partagé. ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? est-il hypocrite, comme elle vient de l’énoncer ? sans doute. hypocrite et égoïste. elle vient de s'asseoir, il reste debout.
la suite de ses paroles lui font légèrement froncer les sourcils. il se remet en question l'homme, tout va trop vite. elle était mariée, elle culpabilise. pourquoi culpabiliser ? quand elle ose enfin le regarder de nouveau, c'est toute la peine qu'elle éprouve qu'il prend en pleine figure. ça l'affecte, et pendant des secondes qui paraissent une éternité, il ne sait pas quoi dire. à son tour de se laisser tomber sur le tabouret, juste en face d'elle. il passe une main contre son visage, mais il a perdu toute contenance.
c'est plus compliqué que ce que tu crois... mon mariage a été basé sur de l'hypocrisie pure et dure, oui. mais ... je me suis marié jeune, trop jeune, et je ne voulais pas de ce mariage. qu'il commence, se sentant obligé de se justifier, ce n'était pas un mariage d'amour, c'était tout bonnement arrangé entre nos deux familles. les deux aînés ensemble, pour sceller une sorte d'amitié. il ne veut pas rentrer dans les détails de ses affaires, de toute cette partie de sa vie qu'elle ne pourrait assumer à l'heure actuelle. mon père, était un de ces hommes à qui on ne peut pas dire non. j'ai essayé. et ça s'est soldé par ... enfin, quelqu'un en a souffert.[/i]celle qu'il aimait est morte trop jeune. alors, j'ai trompé ma femme oui, parce qu'elle en faisait de même. parce que nous n'étions pas heureux. parce qu'elle cherchait un amour dans les yeux de quelqu'un qui aurait pu lui en donner. le fait est, qu'actuellement, il l'aime plus que de raison, il est seulement trop aveuglé pour s'en rendre compte. si nous avions tout les deux écouté nos raisons, je serai partie depuis le musée... mais je suis là maxine. il prononce ces mots en attrappant les mains de la femme, qu'il serre tendrement dans les siennes. on est pas obligé de se promettre quoi que ce soit. à vrai dire, tu ne me connais pas, peut-être qu'au bout de quelques heures passé en ma compagnie je vais te taper sur le système et tu voudras me mettre à la porte, il sourit, tente de détendre l'atmosphère, il ne veut pas parler de son ex-mari, alors que les questions se bousculent à l'orée de ses lèvres.

Ils se connaissent depuis quelques heures et pourtant ils se parlent à cœur ouvert, se mettent complètement à nu chacun leur tour. Est-ce le pouvoir de l'art ? Ou juste qu'ils ont cette entente innée qui ne s'explique pas plus qu'elle ne se contrôle ? Mais la belle blonde, elle gobe ses mots qui la réconfortent un peu sans se douter de tout ce qu'il y a derrière, les différents trafics, le banditisme, le fait qu'il aime sa femme contrairement à ce qu'il semble affirmer devant elle. Toutes ces choses qui lui donnent de l'espoir, même si elle essaye de le taire, même si elle ne sait pas vraiment ce qu'elle espère. Son côté romantique, passionnée, idéaliste, cet aspect de sa personnalité qu'Iskandar déteste tant depuis la mort de leur fille. Quoiqu'il puisse se passer, elle ne peut s'empêcher d'y croire, quitte à croire en des chimères et ne pas voir la réalité en face.

Elle entrelace ses doigts entre les siens à nouveau, se perd dans ses beaux yeux et il arrive même à lui faire esquisser un sourire. Elle repense à ce jeune homme qu'elle avait rencontré il y a quelques semaines et qu'elle n'avait plus revu depuis ; comme quoi les raisons de se marier était légion, encore aujourd'hui. - Moi qui croyait qu'on ne se mariait plus que par amour de nos jours...Dans notre pays en tout cas. qu'elle confesse d'un léger sourire et les joues rosies par sa naïveté. Elle avait remarqué son expression cependant, au moment où il avait arrêté de parler, ses yeux comme pris de doutes et ses lèvres qui s'agitaient et elle avait le sentiment d'avoir parlé trop vite et trop tôt.

- Excuse-moi je t'ai interrompu non ? Tu voulais ajouter quelque chose ?

Elle se rapproche un peu plus de lui, en avançant sur son siège et en se penchant en avant, comme s'il était devenu le nord de sa boussole. Machinalement, ses doigts quittent les siens pour dessiner des vagues sur sa peau, le long de ses avant-bras, gommant la peine qu'elle vient de ressentir et cette discussion qu'elle n'était pas prête à avoir. Bien sûr, ils ne sont pas obligés de se faire de promesses, peut-être que comme il dit, ils pourraient se lasser l'un de l'autre rapidement. Cela arrive. Et par son geste, elle donne son accord tacite. De toute façon, elle est déjà prise au piège.

Il ne dit rien, vient trouver ses lèvres avec douceur. Elle n'a pas envie de relancer cette discussion qui ne la tentait déjà pas à la base. Elle l'emmène plutôt à sa suite, se glisser sous les draps et tomber dans le sommeil dans les bras l'un de l'autre. A l'aube, il la délaissera, un dernier baiser sur son front assoupi.

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