a n i m a l ; hadès

( b e . t h e . k i n g ) le narcissisme dans son plus obscure apparat. ses idées de grandeur qui par leur folie aveuglent. hadès il siège au plus profond du trépas. balance les sains esprits dans la mort qui coule à ses pieds, garde perséphone pour épousée. jalousement séquestrée. on ne défie pas les enfers. on n'attend pas le revers. le loup rôde entre les pierres éboulées, le terrain pour avantage sans qu'on puisse le nier, il sait où et quand frapper. l'anarchie pour dessein. l'absolution aux chiottes. il se balance nerveusement d'là où il peut tous les surplomber. ( n o t . t h e . q u e e n ) l'infidélité pour rançon. hadès il pense qu'à sa gueule. et à ses crocs mal lavés entre lesquels restent encore des morceaux du dernier mal luné. parce qu'un entêté n'a besoin d'être aidé. parce que le pouvoir est son ciel étoilé. il manipule avec un fin doigté. profite de la crédulité comme inlassable intérêt. roi dans l'art de mener à bon port les âmes piégées. maestro des combines bien ficelées. ( y o u r . t h r o a t . i ' m . h o l d i n g ) les ongles courts, arrachés parfois. le cuir dur et les marques nombreuses. les pupilles dilatées et c'bonheur dans les canines dénudées : celui de faire danser les balles et les gorges éraillées. il a souvent soif de c'que l'on peut cautionner. hadès, il aime les cris étouffés autant que ceux qui rendent aphones. il se délecte de son impulsivité et du son des poumons lorsqu'ils sont éclatés. du sang sur les doigts. du sang sur les murs. et la mort qui le soir lui murmure. ( u . s t a r t . d y i n g ) le coeur bouffé par les passions qui l'animent. le roi désabusé par c'foutu muscle qui bat dans sa poitrine. il est un homme passionné, blessé ; un gamin abandonné qu'la vie a laissé d'côté. un type peu chanceux. un bloc de glace qui parfois fond un peu. il aimerait rien r'ssentir, il maudit ceux qui ont un jour créé la vie qui respire. il balance l'indifférence comme référence et entre ses côtes, c'est la puissance de l'humanité qui danse. 

neuf mois.
trente neuf semaines.
six mille six cent cinquante deux heures.
b e a u c o u p  t r o p  d e  s e c o n d e s.

le temps qu'il faut pour créer une vie. le temps qu'il faut pour en changer deux autres. à tout jamais. créer l'improbable. l'inimaginable. sortir de ses entrailles un bout de bidoche dont les poumons sont capables de s'oxygéner. dont les doigts sont capables de errer sur la paume trop large d'un père comblé. des cellules amenées à se multiplier. encore et encore. un être que le destin invite à s'évader. s'envoler. neuf mois, c'est l'temps qu'il faut pour qu'un matin, solomos se réveille père. qu'on lui balance dans les dents qu'un coup de reins n'est pas éphémère -neuf mois qu'il a réitéré, une fois, pour être certain, ses gamins, de les aimer.

mais il faut beaucoup moins de neuf mois pour torturer une âme. encore moins pour balafrer un corps. rien du tout pour bouffer une vie. et n'plus jamais la r'cracher. il a suffit de quelques secondes. peut-être quelques minutes tout au plus. pour asphyxier un désir de lendemain -désir à peine conscient lorsque l'on a même pas dix ans. il a suffit de quelques râles incompréhensibles dans une gorge où se sont mêlés bruyamment sang et effroi. la mort n'est pas silencieuse. la mort chante faux. elle rempli les crânes de sa mélodie gutturale. ce refrain étouffé que ces deux gamins ont entonné lorsque dans leur bouches s'est dilué l'hémoglobine dans la salive. moins d'une fraction d'seconde pour perdre toute paternité. légitimité. envie d'avancer.

depuis ils s'sont plus aimés.
un mariage putréfié,
dans les tombes des enfantés.

neuf mois. c'est aussi l'temps qu'il a fallu à l'âme vengeresse pour retrouver le premier. premier d'ceux sur la liste des suspects. enfances brisées pour des règlements d'comptes qu'elles ont jamais eu l'temps d'considérer. premier connard à prendre pour ceux qui suivent. au loin, les cloches sonnent les deux premières heures du matin d'un jour paumé dans l'année deux mille dix huit.

puis un grincement retenu. une plainte qui s'glisse entre les dents, qui serpente dans les gencives, résonne dans la mâchoire. l'indésirable vient d'en bas. solomos baisse les yeux sur l'homme à genoux. les points liés dans le dos. les sévices déjà séchés sur sa peau abîmée -un moment qu'ils se sont mis à discuter. un geste sûr, une main précise, il est est en train d'écraser sans un mot, la cancéreuse dans le cou mutilé de celui qu'il souhaite voir crever. les cinq autres doigts cramponnés sur la crosse tiède et le canon vissé dans la tempe du condamné. un soubresaut dans l'âme, hadès pourrait tirer. balancer maintenant ce corps dans son royaume inventé. il n'en fait rien. s'il était moins froid. si ses muscles étaient capables d'émotions. si les pertes ne l'avaient pas rendu inerte, un sourire se serait dessiné. un sourire aurait déchiré ses joues mal rasées. pas un rictus ne s'est échappé, si c'n'est celui du travail salement fait. du dégout prémédité. les bras qui tombent lourdement le long de son corps, solomos fait un pas un arrière. puis deux. puis trois. parker. barrow. par l'ombre il se laisse avaler tandis que se dévoilent lentement les épaules roulantes des deux bourreaux canidés. tout crocs dénudés. les babines meurtrières et la meute aguerrie. le commanditaire se retourne finalement, sort de sa poche les clefs de la triumph au moteur refroidi par le temps qu'il a pris. laisse les assassins en tête à tête avec le destin.

ce soir il est vrai,
la mort
s'est mise
à chanter
sans fausseté.