empire (dom)

Des poignées de main à n’en plus finir, des faux sourires balancés sur les visages fermés, sur des expressions hypocrites sont erronées. Te voilà revenu depuis peu, et déjà tu’es las de ces attitudes. Tu dois pourtant t’y habituer, tu sais que depuis la mort de Rafail tout à changer, c’est toi qui as pris les commandes, mis ta tête sur le trône, et par la même occasion sacrifie ta vie personnelle. Ta aussi volontairement mis un prix sur ton crâne, la nouvelle tête a coupé du clan lazaridis. Tu le savais depuis le début, que c’est toi qui finirais sur le trône, remplaçant volontaire et sans surprise du roi des Grecs. Pourtant, ça te pèse, remue ton cerveau, te rend complètement parano. Dans ces moments-là, ton oncle te manque, un peu plus qu’ont l’habitude. Il était toujours de bon conseil pour les affaires, savait parfaitement ce qu’il fallait faire, dans toutes les situations, dans tous les moments. Mais ce n'est pas seulement ça, pas seulement les affaires à reprendre, pas seulement ton “travail”, pas seulement dans ta tête. aussi dans ton cœur, les questions qui te taraude, le mariage qui prend une place incommensurable. Ce n'est pourtant pas le tien. c’est pourtant par toi qui épousera Lilas. pas a toi qu’elle dira oui, par a toi qu’elle passera l’anneau. pas toi. Tu comprends pas, t’arrive juste pas à comprendre comment ça a pu se produire, à quel moment Dom a pensé qu’il était temps de la marier, a quel moment elle a pensé qu’elle pouvait lui dire oui sans que ça te touche, sans que ça change quelques choses entre vous. A-elle au moins pensé à toi ? a-elle au moins pensé à vous, a ce que vous avez vécu, a ce que vous alliez vivre encore ? Tant de question qui te retourne le cœur, te révulse, te donne envie de dégobiller sur le plancher de ton appartement. Là, le cœur encore battant, vomi avec tes tripes.

Tu sais pas vraiment ce qui te pousse à repartir ce jour-là, alors que l’après-midi tend vers la fin, que le taxi te fait traverser le quartier. Tu t’arrêtes là, sur le trottoir de leurs appartements, ta clope à la main. souffle la fumée, jette le mégot avant de t’engouffrer dans le hall. La rangée de boîtes aux lettres, les escaliers, t’observes les moindres recoins, observe les détails, te pose à chaque fois cette question qui transperce ton cœur. “ce sont-ils aimé à cet endroit ?”, tu les imagines dans ce tableau, deux corps qui s’enlacent, trop pressé de s’aimer, des corps qui se frottent et s’entrechoque, des vêtements que l’ont fait disparaître pour découvrir des corps. tu t’engouffres dans les escaliers, montent les marches quatre à quatre jusqu’à son étage, le doigt sur la sonnette. l’a-t-il embrassé ? là, juste sur le pas de la porte, avant de la porter jusqu’à son lit ? Il t’ouvre, tu l’accueilles avec un grand sourire. “Dom !”, une accolade, un baiser sur la joue, tu entres sans attendre d’y être invité. de toute façon il l’aurait fait non ? quelques pas pour te dégager de l’entrée, un regard que tu poses sur ton petit frère. “j'te dérange pas au moins ?”, peu importe la réponse, tu ne comptes pas partir, observe autour de toi le petit appartement où ils vivent, s’aiment, et rêvent d’une vie de famille. d’une vie sans toi. la vue de ses affaires sur le canapé te donne envie de vomir. Est-ce qu'il l’a désiré sur ce canapé ? ce fauteuil ? devant cette fenêtre ? tu te forces à oublier ce genre de penser, redirige ton attention sur ton frère. “J'suis rentrée, je voulais que tu le saches”, comme une réponse évidente à ta visite, comme une explication pour ta présence, comme une certaine menace…

@amos lazaridis
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Il a les paupières lourdes, Dom. Le corps fatigué des nuits passées à parcourir la ville, l’ambulance filant dans les rues de New York. Encore dans les yeux la scène d’accident, motocycliste ayant perdu le contrôle, fracassé contre un muret de ciment. Emmené à l’hôpital dans la plus vigilante des urgences, Dom ne savait pas dans quel état il était, à présent. Entre la vie et la mort, aux dernières nouvelles - il irait jeter un coup d’oeil en retournant à l’hôpital. Bassin brisé, choc à la tête, le sang avait coulé de son front et sur l’uniforme du grec. Rien d’inhabituel, rien d’extraordinaire - et c’était peut-être ça, le pire. Combien de catastrophes tu encaisseras avant de t’écrouler ? Capable d’encaisser, l’esprit habitué, mais la fatigue se ressent dans tout son corps. Besoin d’une nuit ou deux de congé, avant de retourner sur le terrain pour s’abimer encore un peu. Heureusement, il n’a rien de prévu sinon se reposer, et s’occuper du chiot qu’il avait recueilli y’a quelques jours. Le petit animal somnole, lui aussi, couché à ses côtés sur le canapé. Le soleil est un peu las à ce moment de la journée, Dom se dit qu’il devrait aller préparer pour quand Lila va rentrer. Juste un peu encore, qu’il se souffle en fermant les paupières. Profiter de la noirceur et de la quiétude, pas un bruit pour rompre le silence, avant que la sonnette ne vienne le faire. Le chiot relève les oreilles, en même temps que Dom rouvre les yeux. Il n’attend personne, pourtant.

Grognement alors qu’il se redresse, le chiot le suit à un milimètre près, et il lâche un baillement en se frottant les yeux. Porte ouverte, et c’est la silhouette de son frère qu’il y a sur le seuil de sa porte. Regard surpris, mais le coeur tranquille. C’est juste Amos. « Dom ! » Il a le grand sourire, lui donne l’habituelle accolade et Dom lui rend le tout. Le sourire aussi qui naît, malgré tout - un bail qu’il l’a pas vu, son frère. « Le retour du prodige. » Qu’il dit avec une pointe de malice, sans arrogance - porte refermée derrière l’aîné qui ne se gêne pas pour entrer. « J’te dérange pas au moins ? » Dom secoue la tête, en passant une main dans ses cheveux ébouriffés. « Pas du tout. J’faisais la sieste, pour être bien honnête. » Il hausse les épaules, après tout Amos sait bien quel métier il fait. « J’suis rentré, je voulais que tu le saches. » Dom lâche un petit rire qu’il ne sait pas retenir, en acquiesçant lentement de la tête. « J’vois bien ça. Bon retour, alors. Tout s’est bien passé ? » C’est le voyage qui m’intéresse, pas tellement le reste. La petite amertume dans la gorge, en pensant à la Grèce. Trop longtemps qu’il n’y a pas mis les pieds. Le chiot qui s’approche d’Amos pour lui renifler les pieds, le regard curieux et la queue qui s’agite. Calme, cependant - pas trop affolé par les étrangers. « Oh, ouais. On a un nouveau coloc. Presque aussi mignon qu’moi, hein ? » Sourire en direction de son aîné, en haussant les épaules. « J’ai fait la surprise à Lila. T’aurais du la voir. Elle a toujours voulu un chien, t’sais ? » Et il se dirige vers le salon, Dom, en faisant signe à son frère de s’installer. On a tout de même des trucs à rattraper, et si t’es passé, c’est que t’as envie de parler. « J’te sers un truc à boire ? Café, bière ? »