we all need someone / gala.

Quelques textos envoyés, et c’était rapidement réglé. Le besoin de se changer les idées, de se retrouver en compagnie qui ne demandait pas trop. Juste un café, juste une conversation, parfois il ne faut rien de plus pour apaiser les coeurs un peu écorchés. Dom en a bien besoin, les cernes sombres sous les yeux, les derniers jours passés à se crever dans son ambulance. Dom qui n’arrive pas à relâcher, qui se noie dans son boulot à défaut de trouver autre chose pour passer ses humeurs. Au moins, quand il a son uniforme sur le dos, il sent comme s’il faisait une véritable différence. Qu’il aidait vraiment les gens, à défaut de savoir comment s’aider lui-même. Pourtant les solutions sont là, mais il n’a pas envie d’y faire face. Les cauchemars qui se font violents, et les souvenirs qui remontent dans la gorge. C’est à ne plus savoir où se placer, comment agir, comment penser. L’envie de ne plus rien ressentir, le whisky comme solution trop facile. Pas aujourd’hui, aujourd’hui il a envie de parler, et personne de mieux que Gala pour le faire. Gala elle sait écouter, elle sait comprendre, mais elle sait surtout ne pas juger. Alors il frotte ses yeux fatigués, Dom, enfile sa casquette sur sa tête et file en direction du café. Le quartier un peu plus huppé que le sien, mais il n’y est pas complètement étranger, et c’est sans peine qu’il trouve l’endroit où Gala lui a donné rendez-vous. Il est un peu d’avance, il constate en regardant sa montre. Pas de soucis, il commande un café noir et il prend place dans un coin tranquille. Casquette retirée, les doigts qui se glissent dans ses cheveux, il essaie de relâcher le noeud dans son estomac. Détendre un peu cette horrible sensation d’avoir des mains autour de la gorge, prête à serrer à tout moment.

Il remercie la serveuse quand elle passe, et boit une première gorgée. Le café fait du bien, il en avait bien besoin. La chaleur et l’énergie qu’il y trouvera, le sommeil qui l’a fuit les derniers jours. Tout qui tourne trop vite dans sa tête, le boulot et les rêves et Lila et son frère et la famille et cette étrange envie de déguerpir en Grèce pour se changer les idées. Retourner aux sources, et redécouvrir la patrie sans la noirceur de la famille, ça pourrait être une bonne idée, non ? Il ne sait pas trop. Et alors Gala apparaît, toujours aussi élégante avec ses cheveux sombres et son regard d’acier, et Dom lui sourit sincèrement. Content de la voir, c’est toujours le cas - Gala qu’il connaît depuis bien longtemps par le bias de son frère à elle. « Hey. » Il se redresse quand elle arrive à sa hauteur, pour déposer un baiser sur sa joue. Formalité, alors qu’il lui semble voir des traits tirés et des yeux un peu préoccupés. Le sourire pas aussi doux qu’à son habitude, on dirait bien que tout comme moi, la vie ne t’a pas gâtée dernièrement. « Content de te voir. Ça commençait à faire longtemps. » La vie occupée, et le temps qu’on ne trouvait pas, parfois. « J’te commande quelque chose ? » Et il fait signe à la serveuse pour que celle-ci approche.

Ça n’a pas trop l’air d’aller pour Gala, non plus. Quelque chose dans le regard qui indique à Dom que le sommeil n’a pas été paisible pour elle non plus. Que le ciel reste gris, malgré le bleu qui peut s’y mêler. Ça l’inquiète, tout de même, de la voir dans cet état - Gala qui était une femme si forte, si solide. Il l’avait rarement vue ébranlée, depuis qu’il la connaissait. Il savait donc qu’il devait se passer quelque chose, et que ça devait être loin d’anodin. Toujours aussi belle, avec sa peau pâle et ses cheveux sombres, l’élégance et la grâce dans ses mouvements. Peu importe comment elle est, elle le porte bien - et il l’avait toujours trouvé belle pour ça, Dom. « Je suis contente que tu ais écrit. » Il lui sourit, doucement. Pas vraiment l’énergie de fournir ce qu’il pourrait habituellement, mais c’est sincère tout de même. Soulagé, de savoir que l’envie de partager un moment était réciproque - et que peut-être, il lui faisait autant de bien qu’elle lui en faisait. Rien ne vaut un ami, parfois, n’est-ce pas ? Il la laisse commander son thé, en se rasseyant confortablement sur le chaise. Dehors, le temps est un peu fade, comme pour faire miroir à leurs humeurs. Pas tout à fait maussades, tous les deux - doués pour garder la facade, mais comme tout le monde, le besoin d’exprimer un peu ce qui ravage les entrailles. « Et puis… Comment tu vas ? » Il sait bien que ce n’est pas juste de la politesse, Dom. Qu’elle a très bien compris que ça n’allait pas. Ils se connaissent, au fond, sont capable de se comprendre. Que l’envie de la revoir est amicale, autant qu’elle parle de l’état du coeur dans sa poitrine, un peu trop écorché aujourd’hui pour qu’il parvienne à sourire sans failles.

« Oh, tu sais. J’suis pas dans ma meilleure période. » Il a un petit sourire, doux malgré tout. La tasse brûlante autour de ses doigts, qui lui fait du bien. La présence de Gala qui fait pareil, un peu de douceur dans la gorge, comme un cuillère de miel. « Mais j’me doute que t’avais déjà compris. » Le coup d’oeil complice, en sa direction. N’est-ce pas ? « C’est rien d’particulier. Juste le cafard. J’fais des cauchemars. Sur le boulot. J’sais pas. » Il hausse les épaules, en buvant une gorgée de café. Le sourire qui étire ses traits l’espace d’un instant. « J’ai adopté un chien. Un peu sur un coup de tête, mais… Ça faisait un temps que j’y pensais. » Il ne sait pas trop pourquoi il parle de ça, alors que y’aurait trente-six autres choses à dire. Mais il est un peu maladroit, sans doute. « Et toi, alors ? » La question qui rebondit en direction de la belle Gala, pas nécessairement pour changer de sujet - mais pour y aller doucement. Une chose à la fois. Un pas à la fois. C’est ce qu’ils disent tous, n’est-ce pas ?