Taby ♦ Soirée masquée

Est-ce que cela avait une importance qu'elle se rapproche de lui ? Toby haussa les épaules, affichant un nouveau sourire, tendre. "Je pense que oui car ça voudrait dire que tu as un coeur malgré le fait que tu le caches de toutes tes forces." répondit-il finalement, sur un ton taquin et amusé. Il savait que cela ne plairait pas à son interlocutrice de l'entendre émettre ses hypothèses, et c'était autant plus amusant de la voir nier l'évidence. Décidément, elle voulait la garder, cette image de la reine des glaces. Sans doute car ce type de réputation faisait d'elle une femme dure et solide en affaires. C'était ce qui lui donnait du pouvoir dans un monde régie particulièrement par les hommes. Lorsque l'on est une femme, à son niveau, ce doit être parfois beaucoup plus difficile. Certains étaient encore retardés à ce sujet.

Alors qu'elle semblait prête à lui répondre, quelqu'un de visiblement éméché s'approcha, basculant, et renversant au passage le contenu de son verre sur la chemise de notre jeune prêtre. Il sentit le liquide atteindre sa peau, alors qu'il épongeait machinalement. Amy lui retira rapidement le mouchoir des mains, avant d'émettre un avis négatif sur la situation. Ou plutôt de gourmander Toby à propos de son comportement. Il leva les yeux sur elle, les sourcils haussés par l'étonnement. "Mais..." commença-t-il. "Je n'allais quand même pas entrer en conflit pour une chemise. C'est dommage, mais c'est pas grave." répondit-il. "Je préfère m'excuser et éviter de tergiverser avec quelqu'un de potentiellement ivre. Il m'a insulté, c'est vrai, mais je ne l'ai pas pris personnellement. Pourquoi gâcher un bon moment comme ça? " expliqua-t-il ensuite, avec calme. Amy avait l'air particulièrement choquée par le fait qu'il se soit "écrasé" comme elle le dit précisément.

Certes le costume était cher, mais ce n'était qu'un objet. Il n'y avait pas mort d'homme, ni même un coeur brisé dans l'histoire. Amy avait l'air vraiment déçue par le comportement de Toby et il ne parvenait pas à comprendre pourquoi. Qu'avait-il fait de mal mis-à-part éviter de parler des dizaines de minutes juste pour se donner raison? Respect de lui-même? Mais il se respectait, il prenait simplement la situation avec zen, et si donner raison à l'autre permettait d'éviter une dispute inutile, c'était tant mieux. Cela ne changerait rien à sa vie que l'autre homme avoue avoir été l'initiateur de cette bavure.
"Ce n'est pas pareil! Il ne m'a pas agressé exprès, de toute façon. Bon d'accord, il m'a insulté, mais initialement, ce n'est qu'un accident. Avec des gens comme ça, on perdrait des dizaines de minutes rien que pour qu'il accepte enfin d'avouer son tort. Je trouve que c'est inutile! Autant laisser aller et profiter de la tranquillité. Tu ne trouves pas?" s'exclama-t-il. "Et d'abord, je ne vois pas pourquoi je me justifie, ce n'est pas comme si c'était important ce que tu penses de moi, non plus." finit-il par dire, simplement. Et bien oui, Amy pouvait bien le payer pour qu'il l'accompagne à ses soirées, mais elle ne le changerait pas pour autant. Il était déjà suffisamment un autre homme de par son accoutrement. Il n'était pas le type viril et bad boy qui se faisait respecter à coup de coups de poing et de mots blessants. Non, du tout. D'ailleurs, il voulait prendre les choses avec philosophie, bien qu'il sortait tout de même de ses gonds.
"Ah bon?" demanda-t-il ensuite alors que son interlocutrice fermait sa veste et lui indiquait qu'ils feraient mieux de rentrer se changer. "Tu penses que c'est si visible?" Toby n'avait pas trop la notion de ce qui était acceptable ou non, pour les gens de ce monde.

Amy devint subitement plus froide encore qu'elle ne l'était déjà. Elle qui avait commencé à s'ouvrir, s'était subitement refermée une nouvelle fois. Le jeune homme la regarda simplement, sans rien dire alors qu'elle lui confirmait que la tache de vin était clairement visible. Elle rappela le chauffeur et ils se retrouvèrent tous deux en voiture. Jusque-là, en public, elle lui tenait encore la main, mais dès que la portière s'était refermée, Amy l'avait lâchée subitement, avec une sorte de colère mêlée à la glace de son caractère.

Enfin, elle prit la parole. Oh, c'était donc cela, elle était vexée qu'il ait pu lui tenir tête alors, pour cette histoire sans intérêt ? "Je ne comprends pas. Excuse-moi, mais je ne comprends vraiment pas." déclara-t-il finalement, la regardant dans les yeux quelques instants. "Ce que j'ai dit t'a vexée?" demanda-t-il finalement, un sourire apparaissant sur son visage, presque un rire. "J'avais raison, la reine de glace ne l'est pas tant qu'elle le voudrait!" ajouta-t-il. Ce n'était très certainement pas le moment de l'exciter davantage ou de la provoquer par ces paroles. Mais Toby n'avait pu s'en empêcher, c'était exceptionnel à quel point elle pouvait se dévoiler. Finalement, il songeait qu'il l'aimait bien, cette femme aux allures de danger.

Elle était énervée, vraiment énervée. Et il fallut un certain temps pour Toby pour comprendre qu'elle n'était pas en colère à cause de cette histoire, mais simplement parce qu'il avait osé lui répondre. Elle avait envie de tenir une image, de femme froide et distante, et il était en train de découvrir qu'elle pouvait bien être l'inverse, finalement. C'était la raison de son courroux, et notre abbé pouvait le comprendre. Oui, il pouvait comprendre qu'il tirait sur l'un des fils les plus sensibles de l'héritière. Il sourit doucement, finalement.
Elle disait ne pas vouloir s'attacher à lui et pourtant, elle semblait vexée qu'il ait pu lui dire que son avis le concernant n'avait pas d'intérêt pour lui. "Oh, Amy, excuse-moi." Il s'excusait sans arrêt en ce moment, décidément. Ses sentiments se mêlaient et toutes les nouveautés dans sa vie l'empêchait de vivre comme autrefois, les tourments venant frapper à sa porte. Le pire de tous: les doutes sur qui il était.
"Je n'avais pas l'intention de te vexer, ni de me moquer... J'ai juste été un peu amusé par la situation." commença-t-il. "Et c'est faux ce que j'ai dis, ton avis m'importe. Mais je suis comme je suis..." Sous-entendu qu'elle ne devait pas vouloir le changer, mais plutôt l'accepter avec ce qu'elle prenait pour des défauts. Après tout, n'avait-elle pas initié tout cela pour le connaître davantage? Pour découvrir le soit-disant mystère derrière le prêtre. Ce dernier la suivit dans la demeure immense qu'elle habitait et haussa les sourcils lorsqu'elle lui demanda sa chemise. Là, comme ça? Il s'exécuta cependant, ôtant sa veste pour le mettre sur un cintre et enleva ensuite sa chemise tachée, puant l'alcool. Il tendit le vêtement à son interlocutrice, se retrouvant torse nu devant elle. "Voilà..' souffla-t-il, un sourire gêné sur les lèvres.

Elle ne voulait pas le changer, et elle ne voulait pas changer. Voilà un point sur lequel ils pouvaient se mettre d'accord. Ce n'était pas la peine d'en dire plus, ni même de répondre.
Toby fut soulagé qu'elle ne s'intéresse pas à son physique. Il ne se croyait pas beau, il n'y pensait pas, mais il aurait trouvé cela gênant si la demoiselle avait eu l'idée de s'attarder du regard sur son corps, par simple curiosité. Elle ne fit aucune remarque et plaça les vêtements à tromper, Toby la suivant dans la salle de bains, tandis qu'elle reprenait la parole. Et il haussa les sourcils, d'étonnement. Ce qu'elle venait de dire, c'était... mignon? Gentil? C'était comme si, quelque part, elle s'inquiétait pour lui, jugeant que son comportement le lésait. Il sourit, de façon bien moins gêné cette fois-ci. "Je n'ai pas si grande importance." répondit-il finalement. Oui, il n'avait pas une importance première, enfin pas plus qu'un autre. Ce qu'il méritait, il le récolterait sûrement. Et pour le moment, c'était des doutes et des questionnements.
Le trentenaire suivit ensuite son aînée dans son dressing, un endroit gigantesque pour stocker ses affaires. Et pas que les siennes visiblement. Elle lui tendit alors une chemise et un pull. A première vue, son mari faisait environ la même taille que Toby. Il attrapa les objets, doucement. "Tu es sûre que tu veux que je porte ça?" demanda-t-il. Elle s'était muré dans sa froideur à cause de ses pertes, notamment celle de son époux, alors voir un autre homme porter ses vêtements, qu'elle avait gardé comme des reliques, ce ne devait peut-être pas être une bonne idée.
Cependant, il hocha la tête alors qu'elle lui indiqua qu'il ferait mieux de prendre une bonne douche avant de mettre ces habits tous frais.
Il attrapa donc une serviette, dans une pile de tissus proche, après avoir demandé la permission à la demoiselle, avant de prendre la direction de l'une des salles de bain de la demeure. Le voilà enfin sous l'eau, à se savonner soigneusement et rincer cette odeur d'alcool qu'il ne supportait décidément pas, avant de sortir de la douche. Au moment de se sécher, il se rendit compte qu'il avait laissé tomber sa serviette quelque part en chemin... Vraiment, quel maladroit! Quel étourdi! Après quelques minutes d'hésitation, espérant sécher à l'air libre, il commença à avoir froid, alors il passa sa tête à travers l'embrasure de la porte. "Amy, tu es là?" demanda-t-il doucement, les joues rouges.