to the moon and back (flashback)

T’essaie de graver chacune des secondes passées avec elle dans ta mémoire, chaque instant, chaque regard, chaque sourire, chacune des odeurs qu’elle dégage, chacun des sons qui viennent chatouiller tes oreilles. Tu veux tout garder d’elle, tout absorber, tout connaitre, t’imprégner d’elle, de ses effluves, et de son aura. Tu sais déjà que t’en a besoin, comme un drogué qui tire sur son premier joint, prend son premier rail, son premier shoot, tu sais déjà que tu auras besoin d’elle, pour survivre, vivre, et aimer encore. Tu sais déjà qu’elle est un tout, t’espère qu’elle le sait elle aussi, qu’elle acceptera de le devenir. tu ne peux déjà plus te détacher d’elle, ni du contact visuel, ni de sa peau contre la tienne. Et tu recules, pour mieux la laisser venir, pour qu’elle se rapproche encore, une danse, un pas en avant, deux en arrière, des corps qui explosent les uns contre les autres. Tu réclames un prénom à la beauté devant toi, voudrais savoir comment tu l’appelleras cette nuit, puis toutes les autres nuits qui suivront. Elle taquine, demande si tu mérites de connaitre son nom, comme une promesse que l’on offre qu’au plus méritant, te demande ce que tu comptes lui donner en échange. Tu pourrais tout lui donner, ton nom, ta vie, ton appartement, les richesses de ton père, ton corps tout entier. Tu hausse les épaules, sans jamais la lâcher des yeux. “Confie-moi tes rêves les plus fous et je les réaliserais”, prêt à tout pour l’avoir, prêt à tout pour la garder auprès de toi. Et elle avance, enfin. Une démarche lente. Une beauté sans pareil. Des cheveux au vent, la robe flottante, le sourire qui ne la lâche pas. Et c’est tant mieux. Elle gomme la distance, s’approche de toi, laisse son parfum dans son sillage, se mélange à l’air de la nuit, t’envahis. Elle s’approche encore, encore un peu plus près, une distance réduite, un contact qui se crée, ses mains qui se posent de chaque côté de ton visage. Le contact que font ses lèvres contre les tiennes, une caresse des pulpeuses, du sourire qu’elle porte toujours, de la question qu’elle te pose, qui force le sourire sur tes lèvres.

Et tu ne réponds rien, ne veut rien gâcher, la laisse mener la danse. Quand elle t’embrasse enfin, t’embrasse vraiment, un baiser de chaleur, de fièvre et de désir. Baiser annonciateur de ce que sera tous les autres baisers que tu pourras lui donner. ta main remonte contre sa joue, se mêle à ses cheveux blonds, s’y accroche, la retiens. Baiser brûlant, baiser vibrant, baiser qui fait trembler tout ton être, sépare ton cœur, tes tripes, tout le reste. Baiser qui pourrait te faire oublier tout le reste, la douleur, les voix, la chaleur du liquide dans ton corps, le plaisir que tu éprouves quand tu te détruisis. Baiser qui pourrait te sauver. Ou au contraire. Te faire chavirer. Pour de bon. Et puis alors ? T’es prêt à crever Roméo, prêt à crever après avoir reçu un tel baiser, après avoir vu une telle beauté, après avoir senti son parfum, toucher sa peau, goûter ses lèvres. tu pourrais crever, là, à cet instant, y passer pour de bon que ça n’aurait aucune importance, que le paradis ne pourrait pas être plus beau que cet instant-là. Plus rien ne compte vraiment, même pas la soirée qui se déroule en dessous de vos pieds, les coups que l’on donne à la porte en fer un peu plus loin, celle qui lâche en quelques instants, les sbires de ton père te cherchant, le visage décomposé de ton paternel. Le charme est rompu quand il s’approche, te serments sans même que tu n’entendes, ne comprenne le sens de ses paroles. Peu importe, il peut bien te déshériter, peu importe. Tu comprends qu’il faut déjà partir, que tu devras obéir, encore, et encore, et encore, parce que tu ne sais rien faire d’autre, parce qu'au fond t’es toujours ce petit garçon qui plie les genoux devant son paternel. “Je n’avais jamais vu un si beau prénom”, un murmure lâcher sur ses lèvres, alors que tu la quittes déjà, que tu comprends juste les ordres qu’ont t’aboie, celui de suivre, de redescendre, de revenir sur terre, rentrer dans le rang. il t’arrache déjà au bras de ta belle, aux lèvres de la sirène qui a capturé ton âme. “Est-ce qu'on se reverra ?”, la question lancé comme une bouteille à la mer, mayday, mayday, tu demandes qu’elle te rattrape, te sauve enfin, te sorte de là. Navire en détresse, tu demande refuge, viens de trouver ton phare dans la nuit.

démarche féline, fauve prêt à le bouffer. le suis moi, je te fuis qui te plait, galvanise tes pensées, tes organes. l’coeur qui palpite, myocarde qui chancelle. d’excitation, d’impatience. et d’un je ne sais quoi sans que tu ne trouves de mot. Confie-moi tes rêves les plus fous et je les réaliserais gorgée de champagne à ton arrivée près de lui, la mine rêveuse le temps de quelques instants.
j’en es tellement... devenir qu’un.
devenir la seule.
briser son coeur.
briser ses rêves.
prendre tout ce qu’il possède avant de te détourner sans un regard.
mais pas tout de suite. attend un peu, de voir, de sentir. contre ses lèvres avant qu’elles ne jouent. elles titillent d’un appel à la luxure. elles s’y déposent, d’une réponse à ses envies.
fiévreux, intense. indice de ce que vous serez. ses mains sur ton corps, indice de ce qu’il ne pourra quitter.
les coups contre la porte n’est qu’un demi-retour à la réalité. je n’avais jamais vu un si beau prénom murmure et tu souris. je savais qu’il te plairait. je l'aime bien aussi réponse contre ses lèvres avant qu’il ne s’éloigne. avant qu’on te l’éloigne de toi.. je sais qu’il te hantera. le regard qui passe de son père à lui, copie conforme. version plus vieille qui te plaît.
t’aurais pu, choisir le père plutôt que le fils.
t’aurais pu, faire en sorte de détruire une famille.
est-ce qu'on se reverra ? appel à la mer. la recherche d’un phare dans une tempête mortuaire. c’ton coeur qui se déchaîne. pas par amour. par passion et colère. c’est la colère d’une gamine, celle à qui l’on vient d’arracher son nouveau jouet. fine moue sur tes charnues qui se dessine quelques secondes.
si tu me trouves. ça brille au fond de tes yeux. trouve moi. l’enjeu, le défi, le jeu lancé alors qu’elle reste là, à le regarder partir. les yeux sur sa carcasse, le regard détailleur. l’intense qui brûle. l’intense qui laisse sa marque. tu sais qu’il le fera. tu sais qu’il réussira, à te retrouver. ou sinon, tu le feras. juste parce qu’il est maintenant à toi, pacte scellé par le contact de vos lèvres. jgraverai mon prénom sur ton corps, roméo.
j’ouvrirai ta poitrine pour graver mon prénom sur ton coeur.
pour qu’il soit fou de toi.
pour qu’il n’y est plus que toi.
pour que tout te revienne. l’importance. la muse. l’argent. sa vie.
ça vibre en toi, l’envie de le revoir. celle qui se transforme en impatience. une hâte. que ce soit rapide. que ce soit dans quelques jours, demain, dans une heure ou dans quelques minutes. qu’il quitte tout pour toi. qu’il envoie balader son père, ses exigences et obligations pour toi.
dernier sourire énigmatique et la porte claque.

@roméo saint-clair