What about us ? (Toby)

✩ What about us ?

We are searchlights, we can see in the dark We are rockets, pointed up at the stars We are billions of beautiful hearts And you sold us down the river too far What about us ?What about all the times you said you had the answers? What about us? What about all the broken happy ever afters? What about us? What about all the plans that ended in disaster? What about love? What bout trust? What about us? We are problems that want to be solved We are children that need to be loved We were willin', we came when you called But man, you fooled us, enough is enough, oh What about us? …

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C’est comme ça qu’elle retrouve le sourire quand elle va mal, Cassey. Grâce aux hommes. Même si, paradoxalement, ils sont souvent la cause de son chagrin. Un peu comme un cercle vicieux dans lequel elle se complaît. Mais elle n’y songe pas, pas alors qu’elle est en si bonne compagnie. L’inconnu lui paraît agréable, bien plus que l’image quelque peu froide qu’elle se faisait des New-Yorkais. Il dégage quelque chose de chaleureux, quelque chose qui lui fait du bien. Il la fait même rire avec légèreté alors qu’il la compare à un Saint dont elle n’a aucune connaissance. – Je n’en sais rien, je dois dire que je séchais mes cours de catéchisme. affirme-t-elle d’une voix joueuse, presque aguicheuse. Comme pour lui signifier qu’elle n’est pas si sage, Cassey. Mais il l’a sans doute d’ores et déjà compris. Elle finit d’ailleurs carrément par lui proposer de quitter les lieux pour ne se retrouver plus qu’avec lui. Proposition qu’il accepte rapidement. Et les voilà tous les deux dans le froid beaucoup trop désagréable de New-York. Il va falloir qu’elle s’y habitue. Mais elle tente de ne pas y penser alors que son regard se pose une nouvelle fois sur son interlocuteur. Toby, il s’appelle Toby. Elle hoche simplement la tête jusqu’à ce qu’elle l’entende comparer son nom à celui d’un chien. Cette fois, elle éclate franchement de rire. C’est la première fois qu’un homme lui dit une chose pareille. – Vous semblez avoir pas mal de qualités, vous aussi. confie-t-elle avec un léger sourire. A cet instant, elle ne joue pas vraiment, c’est sincère. Il est la personne la plus gentille à laquelle elle a pu parler depuis un moment, Toby. Cela ne lui ferait peut-être pas de mal, quelqu’un de gentil, pour une fois. Alors elle se fait un peu plus entreprenante sans pour autant trop en faire. Les paroles en retour du jeune homme la font sourire sans qu’elle n’ajoute un mot. Son regard accroche le sien quelques secondes, les quelques secondes qu’il suffit pour créer ce contact particulier. Elle le contemple, silencieusement, juste avant qu’il lui parle de son hôtel. Un petit sourire s’échappe des lèvres de la jolie blonde face à ce qu’elle prend pour l’audace de son interlocuteur. Lui qui semblait si timide… – Hum, vous ne perdez pas de temps, vous. Elle s’arrête un instant dans ses pas pour lui faire face. Elle le contemple avec plus d’intensité. – Il est à quelques mètres seulement. Elle le désigne du regard une seconde, puis reporte son attention sur lui. Ses yeux à nouveau ancrés dans les siens, la belle pose sa main contre le torse du jeune homme pour lui offrir une très légère caresse. Et, comme pour le prévenir, elle ajoute dans un murmure. – Je ne suis pas un cadeau, vous savez.

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Il la regarda avec amusement, tandis qu'elle lui répondait qu'elle n'avait pas été très pieuse et n'avait pas hésité à sécher les cours de catéchisme. Il sourit, bien loin d'être offusqué par cette remarque. "Après tout, ce n'est pas dans les cours de catéchisme, mais dans le monde que l'on trouve le Seigneur..." indiqua-t-il, à mi-mot, en continuant de l'observer, ses yeux clairs suivant ceux de son interlocutrice. Elle avait deux magnifiques billes en guise de regard, et étrangement, il ne pouvait s'empêcher de chercher son contact.

"Autant de qualités qu'un chien? Vous me flattez, là!" déclara-t-il en riant à son tour, se joignant à cette voix cristalline propulsée dans les airs. Leurs pas heurtaient le bitume tandis qu'ils avançaient, ni trop lentement, ni trop rapidement. Toby n'avait pas pour habitude de rentrer tard, mais il ferait une exception cette fois-ci. New-York avait mille merveilles à offrir en soirée, alors que l'obscurité s'emparait peu à peu des lieux, ne laissant leurs chances qu'aux zones éclairées.

Finalement, ils s'arrêtèrent de marcher, se regardèrent de nouveau. Ce petit jeu commençait à réellement intriguer notre jeune homme, mais il s'y prêtait avec ardeur. Il suivit des yeux la direction indiquée, affichant un nouveau sourire. Il l'observa de nouveau, un sourire sincère contre les lèvres, ne comprenant pas pourquoi elle disait qu'il ne perdait nullement son temps. Croyait-elle qu'il voulait la ramener chez elle et mettre un terme à la soirée si vite? Qu'il avait insinué que cela ne lui plaisait pas? En tous cas, elle n'avait pas l'air fâchée, bien au contraire, tandis qu'elle apposait un contact contre son torse et lui murmurait quelques mots.
"Ah bon? Pourtant vous me semblez fort sympathique..." répondit-il avec sincérité et douceur. Ils se connaissaient à peine, et pourtant, Toby se sentait bien, là, en sa présence. Il y avait beaucoup d'échanges physiques : des regards, des ancrages. Beaucoup de choses qui lui donnaient la sensation que quelque chose se créait, comme un élan de confiance. Pourtant, ce n'était encore qu'une inconnue... Étonnant, parfois, ce que le vent et la providence peuvent apporter! Et sans trop comprendre, Toby lui attrapa la main. "Vous voulez continuer la balade alors?" demanda-t-il, haussant les sourcils.

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Un nouveau sourire se dessine sur les lèvres de Cassey quand elle entend la remarque de l’inconnu sur le Seigneur. Elle ne croit pas en Dieu, enfin, elle n’en sait rien. Toutes ces histoires, cela lui paraît beaucoup trop beau pour exister. Un peu comme les mecs biens, en fait. Puis c’est ce qu’il serait d’après les croyants, d’ailleurs, Dieu serait une sorte de mec bien, le meilleur, ce qui le rend encore plus impossible à exister pour la demoiselle. Hum, elle se perd un peu mais tente de se reconcentrer sur son interlocuteur. – C’est justement ce que j’expliquais à ma mère. dit-elle d’une voix faussement sérieuse, hochant même doucement la tête pour appuyer ses propos. Mais trêve de plaisanteries. Ce n’est pas avec Dieu qu’elle a envie de passer cette nuit, mais avec lui. Toby, donc. Un petit rire spontané s’échappe à nouveau quand elle l’entend faire remarquer qu’elle le compare à un chien. Ce n’est pas du tout ce qu’elle voulait dire, bien entendu. Elle s’est certainement mal exprimée mais l’humour de sa nouvelle connaissance lui plaît bien. Elle est du genre souriante, Cassey, du genre à rire facilement. Mais, depuis son arrivée à New-York, elle n’en a pas encore eu beaucoup l’occasion. Cela fait du bien. – Hum, vous savez, c’est beaucoup plus que la plupart des hommes ! assure-t-elle avec un sourire malicieux, poursuivant sur sa lancée maintenant qu’elle a commencé ses bêtises. Mais les sourires disparaissent, tout doucement, pour laisser place à des regards beaucoup plus équivoques. Beaucoup plus prolongés et intenses, aussi. Elle sent bien que le jeune homme a du mal à décrocher ses prunelles des siennes, il semble même les chercher encore et encore. Et, finalement, elle cesse de marcher pour mieux porter son attention sur lui. Il lui paraît plus entreprenant qu’au début de leur conversation, il finit même par saisir sa main dans la sienne. Elle lui sourit, de ce sourire charmeur, ce sourire qui lui a permis d’avoir tant de choses qu’elle désirait. Et là, celui qu’elle veut, c’est lui. Elle a tenté de le prévenir, il ne semble pas s’inquiéter de la personne à qui il a affaire. Alors elle ne réfléchit plus, Cassey. Pas plus qu’elle ne répond à sa question. Non, elle préfère avancer doucement son visage près du sien pour déposer délicatement ses lèvres contre les siennes.

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Les remarques recherchées de la demoiselle plaisaient énormément à Toby. Son rire se joignit rapidement à celui de la demoiselle, alors qu'il plaisantait à propos des diverses qualités du jeune homme. Ce dernier avait toujours été trop modeste, ce qui lui permettait une autodérision de première classe. Sans pouvoir retenir son geste, lui qui était toujours si tactile, attrapa la main de la demoiselle dans la sienne, avec douceur, avant d'indiquer qu'ils pouvaient continuer la balade nocturne. Après tout, il lui avait promis un New-York by night. Mais la réaction de la demoiselle ne fut pas celle attendue. Au lieu de lui répondre, elle se rapprocha, et sans qu'il n'ait le temps de se rendre compte de ses intentions, voilà que ses lèvres rencontraient celles de sa belle interlocutrice. Le baiser était chaud et doux, et Toby se laisse faire. Il y avait quelque chose, chez elle, qui l'obnubilait.... Fatalement. Il se surprit même à prolonger quelques secondes ce baiser, avant de s'extraire, avec énormément de délicatesse de l'étreinte dans laquelle ils se trouvaient tous deux.
"Je..." subitement, alors que son regard s'ancrait de nouveau profondément dans celui de la demoiselle, il perdait la voix. Alors, c'était cela qu'elle avait cru, quelques minutes auparavant... Qu'il s'était montré entreprenant. "Cassey, je...euh... je" Voilà qu'il balbutiait. Mais pourquoi? Il suffisait de clarifier les faits. Il avait déjà été dans ce cas auparavant, par mégarde, c'était arrivé. Il avait été gêné, mais pas de cette façon. Là, c'était pire, son esprit se perdait, il ne savait même plus quoi dire. La vérité. Mais alors pourquoi les mots ne franchissaient guère la barrière invisible de ses lèvres? Il avait peur. Peur qu'après cela, elle ne veuille plus le voir... Mais ce n'était qu'une inconnue. Alors pourquoi? Pourquoi était-ce différent avec elle? Un fait indéniable se présenta à lui... Elle lui plaisait.
"Je veux dire, j'ai choisi de vivre dans la chasteté du célibat et... enfin..." Toby était rouge, d'un rouge tomate, ces propos n'étaient pas plus clairs. Ce n'était jamais arrivé de cette façon, jamais il ne s'était senti si paniqué. Il venait à peine de la rencontrer, mais il ne voulait pas la perdre. "Je suis désolé si j'ai envoyé ce genre de signaux... Je voulais qu'on parle tous les deux, qu'on se connaisse, qu'on passe un bon moment en visitant la ville..." Il rougit encore, baissant le regard. "Après tout, on se connait à peine..." Et alors qu'il disait cela, son regard se relevait de nouveau, pour chercher les belles iris de son interlocutrice, et s'y perdre de nouveau.

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C’est un frôlement d’abord. Pareil à une délicate caresse, le genre de caresse douce mais enivrante, de celles qui électrisent tout le corps des pieds à la tête, de celles qui provoquent des frissons jusqu’en bas du dos. Et quand il vient prolonger avec la même douceur son baiser, la belle sent une agréable chaleur l’envahir. Elle laisse sa main se nicher contre la nuque du jeune homme. Ses doigts qui s’agrippent à peine à ses cheveux, elle rend le baiser plus passionné, plus aventureux, aussi… Peut-être trop, parce qu’il recule finalement avec lenteur. Rouvrant les yeux qu’elle avait fermés, Cassey plonge son regard émeraude dans celui de son interlocuteur. Elle le contemple avec une certaine intensité, attendant de voir ce qu’il veut lui dire. Il se met à balbutier, ce qui déclenche un petit sourire en coin sur les lèvres de la jeune femme. Elle ne pensait pas qu’il serait aussi intimidé, comme s’il n’avait pas l’habitude, comme si… Il a choisi de vivre dans la chasteté. Un petit rire, non de moquerie, plutôt de surprise, s’échappe de ses lèvres. – Quoi ? Elle se demande si elle a mal entendu, mal compris. Elle se demande si c’est vraiment possible qu’il lui ait dit une chose pareille. Elle ne s’est jamais retrouvée dans une telle situation. Elle ne s’est jamais retrouvée face à un homme qui lui dit non. Elle se sentirait sans doute frustrée, interloquée… Si elle n’était pas tant surprise par la raison de Toby. Elle ne comprend pas, peut-être qu’elle n’a pas envie de comprendre. Elle a toujours tout ce qu’elle veut, Cassey. Sans doute est-elle capricieuse sur les bords, mais c’est vrai, elle a toujours eu ce qu’elle voulait. Et là, c’était lui qu’elle voulait, merde. Et puis, il avait l’air d’apprécier, non ? Il a même prolongé son baiser, sans parler de tous ces regards qu’ils ont échangé. A moins qu’elle devienne dingue. A moins qu’elle voit l’envie et la luxure partout à force d’y être si coutumière. C’est ce qu’elle commence à se dire, là, alors qu’il lui explique qu’il voulait simplement profiter d’un bon moment avec elle… Elle aussi, en fait, mais ils n’avaient pas la même définition. Faut-il qu’elle soit tant désespérée ? La vérité, c’est qu’elle a pris l’habitude de résoudre beaucoup de ses problèmes par le sexe. Comme si le plaisir pouvait faire disparaître la souffrance alors que, non, il ne fait que s’y complaire. Bordel, ce qu’elle a honte. – Je suis… Vraiment désolée… confie-t-elle, sérieuse, une fois n’est pas coutume. Elle est même quelque peu chamboulée, Cassey. De sorte qu’elle ne voit pas vraiment l’émotion de son interlocuteur. – J’ai cru que vous aviez envie d’autre chose. Je ne pensais pas qu’il y avait encore des hommes capables de se contrôler. Et cela ne le rend que plus attirant. Merde.

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Les joues rouges, l'air penaud, il était bien loin de faire le fier, le coq de la basse-cour devant cette femme qui pourtant le convoitait. Et ce baiser, ce baiser avait été extraordinaire...Tant qu'il l'avait laissée faire jusqu'au bout, jusqu'à s'enflammer et passer de quelque chose de chaste à un baiser bien plus tumultueux. Il se sentait encore toute chose, Toby. Décidément, non, Cassey n'avait pas été mise sur son chemin par hasard. Elle était différente. Il y avait quelque chose de différent entre eux... La complicité si vite gagné, les rires échangés, en étaient bien la preuve. Toby n'aurait jamais été si ému avec une autre inconnue. Il aurait clarifié la situation aisément, et avec son charme ainsi que sa douceur habituelle. Cette fois-ci, il se sentait légèrement chancelant.
Cassey avait l'air très surprise... Mais pas mécontente. Elle n'avait pas l'air en colère non plus, ce qui le rassurait grandement. Pourquoi voulait-il à ce point qu'elle le considère? Pourquoi? Il ne le savait pas. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il voulait mettre un terme à la gêne présente, évacuer cette tension qui gâchait un si parfait moment. "Non, ne soyez pas désolée... C'est moi." indiqua-t-il "J'aurais peut-être dû vous indiquer dès le début que j'avais pris la voie d'un homme d'église, mais je ne pensais pas à mal..." ajouta-t-il doucement, un très léger sourire sur les lèvres. Il ancra son regard dans le sien, s'y plongeant entièrement. "Est-ce que.. hum...." Il sourit timidement. Il savait que cela pouvait prêter à confusion, mais il n'avait pas envie de résister à ce que son coeur lui dictait : passer un peu de temps avec cette nouvelle connaissance. "Est-ce que tu veux bien continuer la promenade malgré tout?" demanda-t-il finalement, passant sans s'en rendre compte, au registre beaucoup plus familier du tutoiement. Il conclut son discours par un petit sourire sincère.

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Idiote, idiote, idiote. Elle se demande parfois s’il ne lui manque pas une case. Pour voir des signaux là où il n’y en a pas, pour voir de la séduction là où il n’y a que de la bienveillance, là, elle peut être sûre que oui. A croire que tout est perverti sous son regard, à croire que tout est sali. Car elle a le chic pour se mettre dans les situations les plus foireuses qui puissent exister, Cassey… Mais, celle-là, c’était une première. Et encore, elle n’est pas au bout de ses peines. Alors qu’elle tente de présenter ses excuses, malgré l’émotion, malgré la honte, le jeune homme qui lui fait face prend la responsabilité de ce qui s’est passé. De ce… Quiproquo. Elle a du mal à appeler la situation ainsi parce qu’elle a réellement senti un truc se passer entre eux. Il y a eu ce baiser enflammé, certes, mais pas seulement. Quelque chose s’est créé, quelque chose qui, généralement pour la jeune femme, ne se finit pas… Chastement. Mais voilà qu’elle recommence, bon sang. Elle chasse ses pensées de son esprit pour se concentrer sur la voix de Toby qui continue sur sa lancée. Il veut l’achever, bordel. Un homme d’église. Elle a embrassé un homme d’église. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? – Bon Dieu… laisse-t-elle échapper en passant fébrilement la main dans ses longues boucles blondes. Et puis, elle la retire brutalement quand elle se rend compte de ses paroles. – Merde ! Euh, désolée…T’en loupes vraiment pas une, Cassey. Elle prend une profonde inspiration. C’est bon, il va falloir qu’elle se reprenne. Ce n’est qu’un prêtre après tout. Pas de quoi se mettre dans des états pareils. C’est ce que la jeune femme se répète, comme pour relativiser, comme elle fait tout le temps. Il choisit ce moment pour se manifester à nouveau. Elle avait presque oublié qu’il était toujours là, tiens. Etonnant qu’il ne se soit pas encore enfui. Mais, contre toute attente, il ne semble avoir aucune envie de la fuir… Au contraire, il lui propose de continuer la promenade avec lui. Peut-être qu’il le fait uniquement pour lui faire comprendre qu’il ne lui en veut pas. Seulement elle remarque aussi qu’il est passé subitement au tutoiement, comme s’il acceptait ce rapprochement entre eux, comme s’il n’avait pas vraiment envie qu’elle reste une inconnue. Son regard océan croise celui, similaire, de son interlocuteur sans qu’elle ne sache quoi lui répondre. Elle se mordille la lèvre inférieure. – Hum… D’accord. finit-elle par accepter, esquissant un très faible sourire. Elle ne résiste pas, elle peut être très facile à vivre quand elle veut. Quand elle ne saute pas sur des inconnus, hum. Malgré tout, la blondinette n’est pas franchement à son aise, elle est encore quelque peu embarrassée par son baiser. Alors qu’ils recommencent à s’avancer dans la nuit, elle croise les bras, à cause du froid, ou peut-être à cause de cette gêne qui subsiste. – Vous êtes… Tu es vraiment prêtre ? demande-t-elle, pour confirmation, refusant encore un peu d’y croire.

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Toby leva les yeux au ciel avant de se mettre à rire, devant le visage choqué et la petite gourde de langage de la jeune femme. Elle était amusante sans le vouloir, et cette petite remarque eut le chic de faire baisser un peu la gène, du moins du côté de Toby. Cassey, quant à elle, avait toujours l'air très abasourdi par les dernières nouvelles. Les joues de notre trentenaire commençait à pâlir, perdant peu à peu leur teinte rosée, tandis que son regard cherchait toujours le Nord dans les yeux de son interlocutrice. Il ne savait pas encore quoi, mais il y avait bel et bien quelque chose entre eux, c'était évident. Et encore une fois, à la voir ainsi embarrassée, mais le suivre quand même, il se conforta dans l'idée qu'ils ne s'étaient pas rencontrés sans raison. Il avait voulu l'écouter, lui égayer la soirée, peut-être lui venir en aide, elle qui semblait si seule et sans personne à qui se confier... Pour finalement se retrouver dans une drôle de situation. Toby ne savait vraiment pas ce qui pourrait en découler... Mais certainement pas un adieu, pas maintenant. Jamais. Jamsi, ce mot résonna dans son esprit, subitement. Pourquoi jamais, puisqu'il ne la connaissait pas? Il déglutit en y songeant, avant que les deux orbes azurs de la demoiselle viennent rencontrer de nouveau les siens. La gêne subsistait, bien que Toby se soit quelque peu décontracté. Il souriait, d'un petit air timide, loin des rires francs précédents. C'était un peu comme si on avait pris un gamin la main dans le sac de bonbons.
"Oui, pourquoi? J'en ai pas l'air?" demanda-t-il doucement, presque malicieusement, en vérité, sur un ton légèrement taquin. Il était vrai qu'on lui avait très souvent fait la remarque à ce sujet. Beaucoup ne pouvaient accepter qu'un garçon comme lui soit entré dans les Ordres, surtout qu'il était bien différent, même dans sa façon de pensée, de la caricature que certains se faisaient d'un prêtre. Peut-être que la demoiselle se faisait la même réflexion. Il remarqua alors qu'elle se tenait les bras croisés... Petit détail qui ne lui échapperait pas. Pas dans ce cas de figure.
"Tu as froid?" demanda-t-il, naturellement. "Tu veux mon écharpe?" ajouta-t-il ensuite, dénouant déjà le bout de laine de son cou.

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Le rire léger, presque surnaturel de Toby dans une telle situation a un certain don pour l’apaiser. Un petit peu. Peut-être que c’est grâce à ce rire qu’elle accepte de le suivre malgré ce qui s’est passé. C’est peut-être aussi parce qu’elle est intriguée par le jeune homme. Rien, absolument rien chez lui ne l’a interpellée pour qu’elle puisse imaginer être face à un prêtre. Mais, maintenant qu’elle y pense, elle aurait pu soulever beaucoup de détails. Comme le fait qu’il ne semblait pas à son aise dans ce bar, ou même la boisson non alcoolisée qu’il avait l’air de siroter… Mais alors, cette femme qu’il attendait, de qui s’agit-il ? Elle se pose beaucoup de questions, Cassey. Et c’est sans doute une raison de plus pour elle de suivre le mystérieux garçon à travers les rues de la ville. Quand elle l’interroge, elle entend presque l’amusement dans la voix de son interlocuteur, un peu comme s’il avait l’habitude qu’on lui pose la question. Peut-être qu’il a l’habitude mais, elle, c’est bien la première fois qu’une chose pareille lui arrive. – Non, enfin… C’est juste que… Elle marque un temps d’arrêt, les bras toujours croisés contre sa poitrine, comme par une pudeur soudaine. C’est lui qui interrompt le silence en lui demandant soudain si elle a froid. – Oh… Non, merci. Je ne dois pas avoir l’habitude. Cassey Warren qui refuse l’attention d’un homme, c’est nouveau. Il y a une partie d’elle qui s’y refuse, comme encore mal à l’aise, encore gênée. Embarrassée d’avoir sauté sur le prêtre, elle ne va pas en plus le déshabiller pour mieux se réchauffer. Même si, effectivement, elle ne dirait pas non à quelques degrés supplémentaires. Le froid, non, elle ne connaît pas. Son soleil californien lui manque un peu, il faut l’avouer, mais pas plus que sa fille. Elle prend une petite inspiration alors que ses yeux se posent sur les immenses immeubles qui lui font face, puis elle tourne à nouveau la tête vers Toby. – Mais comment tu fais ? Je veux dire… Ça doit être horrible de renoncer au… Sexe. Elle a l’impression de dire un gros mot. Ce qu’elle trouverait plutôt risible si elle n’était pas en train de parler à un prêtre. Mais elle se pose vraiment la question, Cassey. Elle ne comprend pas pourquoi… Comment… Par quel miracle… Il peut préférer prier. Et puis, foutue pour foutue, elle peut bien interroger directement le principal intéressé.

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Il la regardait, tout en marchant, l'observant, guettant sa réaction. La gêne laissait de nouveau place à l'amusement...Enfin dans une certaine mesure. Ils marchaient d'un pas franc, d'immenses buildings leur faisant face, laissant paraître une ville entre très active malgré la nuit qui l'enveloppait de son manteau noir.
Il sourit de nouveau. "Tu es sûre?" demanda-t-il, tendant l'écharpe à la demoiselle. "C'est pas un souci pour moi. Et il est vrai qu'il fait un peu plus chaud en ce moment à Los Angeles." indiqua-t-il avec énormément de bienveillance. Ce n'était pas une moquerie, ni même de la pitié ou quoi que ce soit. C'était ce pour quoi Toby était conçu : de l'altruisme, aucune arrière-pensée. Il n'avait rien à lui prouver et était bien loin de vouloir la charmer... Enfin, cela était discutable, car il faisait tout pour. Bon sang, quelque chose n'allait pas sereinement dans cette affaire...
Ce fut alors qu'elle lui posa une question... Une question qu'on lui avait déjà posée, mais pas de façon si directe. Les joues de Toby s'empourprèrent. Non pas qu'elle avait mis le doigt sur un tabou, mais c'était sa timidité qui parlait pour lui. "Et bien, je ne m'y attendais pas, à celle-là!" rétorqua-t-il, laissant échappé un rire intimidé. Mais après tout, c'était une question comme une autre, légitime. "Et bien, ce n'est pas si difficile quand on prend le temps d'y réfléchir..." indiqua-t-il. "Je suis rentré au séminaire à l'âge de 19 ans, et en y entrant, je savais pertinemment que je devrai faire promesse de célibat, que je n'aurai ni femme, ni enfant. Mon petit-frère m'en veut pour ça, d'ailleurs... C'était mon choix. C'est vrai, des fois, on se remet en doute, comme pour tout... Des fois, on se demande pouquoi ce célibat...Mais j'ai fait ça par Amour. Sacrifier l'amour de l'un pour celui de tous." indiqua-t-il simplement. Mais alors qu'il lui racontait cela, il pensa à Isa. Il aurait pu tout laisser pour elle, parce qu'il n'était qu'un homme et que son coeur pouvait tout autant s'embraser. Tout comme son esprit était devenu si confiant en la présence de cette demoiselle, cet élan de confiance inexpliqué, non-soumis à la raison, mais au coeur, comme ce regard qu'il ne pouvait plus poser ailleurs que sur son interlocutrice. L'immensité New-Yorkaise était toute petite, comparé à cela. "Et tu fais quoi dans la vie?" demanda-t-il finalement, pour changer de sujet, même s'il était ouvert à toute autre question.

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