trop de faux semblants. (rex)

il regarde passer les gens. pour vulgariser, c’est tout ce en quoi consiste le métier. faut se savoir physionomiste, avoir l’œil pour repérer ceux qui vont casser les couilles du proprio et ravager des trucs. regarder passer des inconnus tous les soirs et sur une simple intuition leur refuser le privilège d’une soirée au pays de l’opulence. ce ne sont pas des gens aimés, les videurs. un peu comme les flics, les livreurs de pizza en retard et les huissiers. on leur crache à la gueule dès qu’ils utilisent leur pouvoir et la moitié du salaire devient une compensation pour des insultes. ça le fait juste hausser des épaules, tout ça, rex. garder les portes d’un club dans lequel il ne mettrait jamais les pieds en tant normal, c’est pas vraiment la carrière à laquelle il se prédestine de toute façon. faut bien commencer quelque part et recommencer à chaque fois si la flamme ne prend pas. et y’a pire comme job, il suppose. il pourrait être de ceux qui nettoient les chiottes une fois le jour levé ou alors comme sa mère avant lui, il aurait pu devenir pute. c’est le genre de mec qui reste optimiste quand même le rexou. faut bien ça pour faire bonne figure, pour pas inquiéter l’entourage et les gens qu’il aime. alors c’est avec un air presque trop sympa qu’il recale les petits cons qui se croient malins avec leur fausse carte d’identité. leur crédibilité est à la hauteur de la contrefaçon : minable. et c’est là qu’y’en a une autre comme ça qui se pointe : mignonne comme un chaton avec ses grands yeux et son maquillage d’adulte. rex lui sourit en la voyant arriver, mais ça n’a rien de sympathique. c’est le genre de petit rictus qu’il affiche quand il a cramé les menteuses à dix kilomètres. et bien qu’elle lui tende des faux papiers, sa façon de dire ″bonsoir″ sans aucune assure confirme ce que rex suspecte déjà. « t’as quel âge pour de vrai, sweetheart ? » doux dans ses paroles, comme s’il s’adressait à une enfant et pourtant intransigeant dans sa décision. d’un geste, il lui rend sa carte d’identité et secoue la tête pour lui indiquer qu’elle n’entrera pas. « je suis désolée mais les petites filles ne peuvent pas entrer. t’as l’air d’avoir seize ans, grand max. » il ment. elle les fait bien ses vingt-et-un ans, mensonger. probablement parce qu’elle est jolie. mais son minois ne prend pas avec rex. sa sœur est de la même trempe : toujours à vouloir se glisser entre les mailles du filet. avec le temps, il a appris à les reconnaître. « t’es venue toute seule? » il demande en premier lieu pour s’assurer de recaler aussi ses bébés de potes s’ils se présentent. mais dans son interrogation, son cœur de grand frère ne peut s’empêcher de s’inquiéter un peu pour elle.

être quelqu'un d'autre pour un soir. faire semblant d'appartenir à la haute. prétendre qu'on est pas celle que l'on est. juste pour une soirée. juste pour s'amuser. voilà ce qu'elle veut isa. ce n'est pas bien compliqué en soit. il suffit d'un peu de make-up et d'une tenue empruntée. elle se dit que ce n'est pas si difficile que ça du moins, ça ne l'est pas jusqu'à ce qu'elle se pointe devant le videur. comme d'habitude, il en impose un peu et la gosse, elle tente de ne montrer à quel point elle est gênée de mentir. sourire aux lèvres, elle lui tend sa carte d'identité, frafiquée bien évidemment, avec le plus d'assurance possible. son coeur bat un peu plus vite mais, elle tente d'y faire abstraction. elle se concentre sur les beaux yeux bleus du jeune homme et ce, jusqu'à ce qu'il lui demande son âge... son âge. et merde ! elle se dresse sur la pointe des pieds, lui indique la date de naissance présente sur sa carte. j'ai vingt-et-un ans. c'est marqué sur la carte. elle hoche la tête positivement pour appuyer ses propos. finalement, le gars lui rend sa carte et la recale. forcément. le pire dans tout ça, c'est qu'il ne lui donne que seize ans. elle reste stupéfaite. ses yeux s'écarquilles, ses sourcils se froncent et ses épaules se soulèvent. quoi ? seize ans ? pas plus ? c'est super vexant, tu sais. elle croise les bras la gamine, faisant semblant d'être vexée par rapport à ses propos. en réalité, elle a l'habitude. à chaque fois on lui fait le coup. sauf que d'habitude, on la laisse tout de même entrer. c'est pas le cas cette fois-ci. cette fois, il est plus déterminé que jamais le videur et isa, prête à lui faire comprendre qu'il se trompe. il lui demande si elle est accompagnée, question qui la fait sourire. c'est pas un sourire sincère, c'est le genre de sourire ironique qu'on emploie lorsqu'on est vexée. oh, donc c'est ça! en fait, tu me recales parce que je suis pas accompagnée?! tu sais, c'est de la discrimination ce genre de comportement. elle hoche la tête négativement comme pour lui prouver que tout ça, ça lui plait pas forcément. encore une fois, on la traite comme une gamine irresponsable et ce n'est pas forcément ce qu'elle déire. isa, elle veut qu'on la traite comme une grande personne. elle veut grandir trop vite. tout le monde le sait. elle n'y peut rien, elle tente juste de prendre exemple sur les plus grands.

elle se hisse sur la pointe des pieds pour indiquer l’année de naissance sur la fausse carte et appuyer sa prétendue majorité. ça en serait presque mignon, comme un enfant tentant d’atteindre la boîte de cookies placée trop haut. mignon : tout à fait mais convainquant : pas une seule seconde. elle fait encore plus jeune quand rex la titille en lui donnant à peine seize ans. il rigole. si en insistant un peu, elle aurait peut-être eu une chance – même infime – de le faire céder, elle ne pourra pas rattraper cette moue boudeuse de gamine. rien n’est plus enfantin qu’une personne qui fait la tête parce qu’on la trouve trop jeune. mais miss toute petite est décidée à montrer qu’elle n’est pas contente. « je pense avoir été généreux en te donnant seize ans. divise ça par quatre et on atteint l’âge juste. » là, il se marre franchement, ravi de pouvoir un peu l’embêter. elle n’a pas l’air bien méchante, juste un peu naïve de penser se glisser aussi facilement à travers les yeux avisés des chiens de garde. et puis, ça l’amuse aussi, ça lui change de tous ces autres emmerdeurs à qui il a affaire d’habitude. « un conseil petite : si tu veux qu’un videur te croit quand tu mens sur ton âge, évite de bouder comme un bébé quand il dit te trouver trop jeune. » il se permet la remarque parce qu’il sait très bien qu’aucun videur avec une paire de mirette fonctionnelle ne laisserait passer un tel visage juvénile sans au moins poser quelques questions. et il en pose une de question, d’ailleurs rex. il s’inquiète du fait qu’elle soit peut-être venue seule. visiblement, ce n’était pas la chose à faire puisque que ça la contrarie encore plus la madame boudin. elle affiche de genre de sourire d’ado qui n’a rien de sympathique mais au contraire qui témoigne d’une évidente frustration. elle crie à la discrimination et rex peine à ne pas exploser de rire juste devant elle. « c’est pas plus mal que tu sois venue toute seule, tu sais. parce que si t’avais ramené ta bande d’écoliers avec toi, ça aurait juste eu l’air d’une sortie scolaire. » là, il la cherche carrément, il le reconnait volontiers. mais c’est qu’elle est adorable avec ses grands airs et ses mots puérils. ses yeux lourds de maquillage qui le fusillent et ses bras croisés dans une attitude ostentatoirement fâchée. « et puis c’est pas parce que t’es toute seule que tu rentres pas, miss j’fais-la-tête. c’est parce que t’as douze ans et que tu réagis comme si t’en avais cinq. » il la rajeunit encore plus. probablement un peu dur dans ses paroles, mais toujours tendre dans sa voix. il se sait condescendant, mais faut bien ça pour leur faire comprendre à cette nouvelle génération bien trop hardie. « tu voudrais pas appeler tes parents ou quelqu’un d’autre pour qu’on vienne te chercher ? tu devrais pas te promener toute seule la nuit. » plus de moquerie dans sa dernière phrase ; juste l’inquiétude naturelle de celui qui a lui une petite sœur tournant autour du même âge.

gosse paumée qui tente de se défendre du mieux qu'elle le peut. isa, elle met toutes les chances de son côté pour que le videur la laisse pénétrer à l'intérieur. elle veut voir ce que ça donne derrière ces murs de briques. elle veut apercevoir la population et jouer aux grandes filles même si c'est encore qu'une gosse. isa, elle veut faire semblant d'être quelqu'un d'autre pour une seule nuit et lui, il l'empêche de faire ce qu'elle désire. il lui met des barrières, comme la plupart de son entourage soit dit en passant. alors, vexée, elle ne montre boudeuse. ouais parce qu'isa, elle est un peu capricieuse sur les bords. étant la petite dernière d'une fratrie de trois enfants, elle a du faire des pieds et des mains pour créer sa place, pour se faire remarquer. et, elle a trouvé le bon moyen. elle fait comme les plus grands. elle transgresse les lois. seulement ce soir, le mec n'a pas l'air de vouloir la laisser faire. il blague sur le fait qu'elle est surement encore plus jeune que ce qu'il ne raconte. foutaises. elle fronce les sourcils. adopte son air contrarié. il en rajoute une couche en précisant que ça empire lorsqu'elle fait la gueule. en guise de réponse, isa lui tend son majeur de façon très affirmée. encore un comportement puéril, elle en a conscience. et s'il n'était pas un minimum gentil le gars, il l'aurait déjà viré depuis longtemps. seulement isa, elle ne peut pas s'empêcher d'en faire des tonnes et au lieu de renoncer, elle reste à ses côtés. à croire qu'elle compte lui tenir la jambe toute la nuit s'il le fallait. c'est d'ailleurs ce qu'elle va faire. son plan bien encré dans le crâne, elle ne bougera pas d'un poil. soupire bruyamment lorsqu'il énonce les avantages de sa solitude. tu parles mais, t'as quel âge ? j'suis sûre que t'es pas beaucoup plus vieux que moi ! elle roule des yeux, sans rire cette fois-ci. c'est pas parce qu'elle est petite que tout le monde doit la voir comme une gosse de dix ans et demi. elle coise les bras contre sa poitrine, boude en criant discrimination. surement l'hôpital qui se fout de la charité mais au moins, elle aura tout tenté. je suis assez grande pour me débrouiller toute seule, j'ai besoin de personne. déclaration qu'elle fait sans le moindre doute, d'une seule traite. ouais, elle est sûre d'elle isa. mais ce n'est pas pour autant qu'elle part pour gagner une autre boîte de nuit. à la place, elle s'installe à ses côtés. elle s'appuie contre le mur et laisse tous les gosses de bourges entrer à l'intérieur après avoir obtenu l'approbation de monsieur le videur. isa, elle est un peu dégoûtée, surtout que certains d'entre eux doivent avoir à peine deux ans de plus qu'elle. c'est vraiment pas juste. je pense essayer un autre soir. quand tu bosseras pas. qu'elle déclare de manière déterminée sans tourner la tête en sa direction. ses yeux sont posés sur la file d'attente qui diminue au fil des minutes. pas juste. vraiment pas juste pour le coup.

un majeur tendu qui lui arrive en pleine face et rex fait semblant de s’en offusquer. un autre videur aurait sans doute déjà dégagé la gamine sans ménagement à cette heure-ci, mais lui s’amuse de ses réactions enfantines. il croise les bras devant sa résignation, lui aussi déterminé à ne pas la laisser passer. visiblement, sa résolution lui est miroitée puisque la starlette d’un soir semble avoir prévu de rester planter là. elle soupire, mécontente et sans lâcher un sourire exige de connaître l’âge de rex, certaine que la différence ne peut pas être si grande. il hausse les épaules l’air de rien, refusant, par pur jeu, d’admettre qu’elle a raison. bien qu’elle s’interdit de révéler les chiffres véridiques de sa carte d’idientité, rex l’estime âgée de dix-sept, peut-être dix-huit ans. même pas une dizaine d’année de moins et pourtant c’est un univers entier qui les sépare. un véritable gouffre de possibilité entre les gens de l’âge de rex et ceux de l’âge de cette fille. « j’ai l’âge qu’il faut, petite. et toi ? tu ne m’as toujours pas dit quel âge tu as pour de vrai. » boudeuse, elle doit probablement être habituée à être prise de haut à cause de ses traits juvéniles et sans grande surprise, elle doit détester ça. chaque ado a dans la tête un air de rébellion contre son âge jugé trop grand et contre la majorité, jugé arbitraire. rex était comme ça, sans doute qu’elle aussi. « j’suis pas sûre de ça, sweetheart. blague à part, tu devrais vraiment pas traîner toute seule la nuit. » c’est ce qu’il lui dit quand elle déclare avec toute l’assurance du monde qu’elle peut se débrouiller toute seule. loin de rex l’idée de la paternaliser, mais ses élans protecteurs sont bien trop forts. heureusement pour sa conscience, plutôt que de s’enfuir, la gamine se pose à côté de lui, regardant avec envie les autres chanceux prenant sa place dans le club. je pense essayer un autre soir. quand tu bosseras pas. « aucun videur avec des yeux et une paire d’oreilles ne te laisserait passer, petite. En plus, les autres ont tendance à être bien moins sympa. a dire vrai, t’as eu de la chance de tomber sur moi. » il ne ment pas. pas franchement connus pour leur douceur, les pieds de grue des boîtes sont très peu portés sur la tendresse et la patience. souvent pressés de foutre dehors – avec violence au possible – tous ceux qui gênent, les videurs ont une sale réputation à travers le monde entier. en trouver un aussi gentil que rex, c’est un fait rare, à marquer d’une pierre blanche, même. armé de blagues et de compassion, plutôt que d’envouer bouler cette ado qui souhaite juste s’amuser, il la garde près de lui. c’est presque comme être en soirée, en un tout petit peu moins bien. « fais pas cette tête, c’est pas très grave. moi non plus, je peux pas entrer et je boude pas pour autant. » il lui sourit, incapable de s’empêcher de s’adresser à elle comme à un bambin. Du haut de toute sa taille pourtant, elle apparaît si frêle, minuscule et fragile. « bon, voilà ce que je te propose, tu restes ici avec moi jusqu’à la fin de mon service – tu pourras même recaler les têtes que t’aiment pas – et je te raccompagnerai chez toi après ? j’aurai vraiment mauvaise conscience si je te laissais partir toute seule. être à l’entrée, c’est toujours mieux que de ne pas y être du tout, tu crois pas ? » un compromis pour enfant avec une bien maigre récompense. la vérité, c’est qu’il ne pense qu’à la faire rester par peur de la voir disparaître dans la nuit et d’apprendre au petit matin qu’une fille correspondant exactement à sa description s’est faite découpée en morceaux et violée – dans cet ordre – dans une ruelle sombre aux abords d’une boîte. « je m’appelle rex. tu veux bien me dire ton prénom ou tu fais encore la tête ? » il la taquine encore mais c’est un gage de paix. de toute façon, vu la tournure qu’ont pris les évènements, ils étaient coincés ensemble pour encore un petit moment.

il semblerait que le jeune homme soit aussi têtu que la demoiselle. pourtant, il ne la dégage pas pour autant. isa, elle sait qu'elle peut-être lourde parfois -souvent. et, elle a l'habitude qu'on la mette de côté à cause de son jeune âge. pourtant, le videur la garde prêt de lui malgré tout et insiste pour qu'elle lui offre son véritable âge. après avoir longuement soupiré, les bras croisés, isa finit par craquer. j'ai dix-huit ans... et dans certains pays, elle aurait pu rentrer mais, pas ici, pas dans le queens, pas aux états-unis. elle espère qu'ainsi, il lui pardonnera son insistance et qu'il se montre un peu plus sympa à son égard. peut-être en lui donnant quelques informations sur lui en retour, qui sait. en tout cas, mineure ou non, elle est capable de s'occuper d'elle isa et c'est ce qu'elle essaie de lui prouver. elle n'a besoin de personne et encore moins d'un inconnu. malgré tout, elle reste à ses côtés et ce, même lorsqu'il affirme ne pas être certain de cette affirmation. la gosse, elle se force pour ne pas s'énerver de plus belle. elle va passer pour la gamine boudeuse à souhaits et ce n'est pas ce qu'elle aime dégager. du coup, elle se contente de soupirer et de l'informer qu'un autre soir, lorsqu'il ne bossera pas alors, elle tentera de rentrer encore une fois. lui, il n'est pas convaincu. il place sans doute beaucoup d'espoir en ses collègues mais est-ce qu'au moins il les connait ces abrutis ? elle en sait rien isa et elle s'en fiche. elle est bien trop occupée à pester pour le moment. devant son air boudeur, il lui propose un deal. ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait ais, c'est mieux que rien. bon de toute façon, je ne pourrais rien obtenir de plus venant de ta part alors, on a qu'à faire comme ça. ouais pouvoir recaler des gens, c'est mieux que rien. ça peut même être fun lorsqu'on y réfléchit. d'ailleurs la gamine, elle abuse directement de son pouvoir lorsqu'un jeune homme se pointe devant eux avec sa gueule d'ange. si tu me laisses pas rentrer lui, t'as pas le droit de l'autoriser à faire un pas de plus. sérieux mec, t'as dix ans et demi ou quoi ? et puis c'est pas sapé comme ça que t'as une chance. elle appuie ses propos en secouant la tête, levant les yeux au ciel d'un air abusé. lorsque le jeune homme lui demande son prénom, elle pivote dans sa direction, sourire aux lèvres : isa. elle lui tend la main histoire de faire les présentations bien comme il faut. dans les règles de l'art.

dix-huit ans, donc. rex lui sourit, compatissant. dix-huit ans, le nombre magique de l’autre côté de l’océan, l’âge auquel toutes les portes s’ouvrent. mais ici, dix-huit c’est encore trop petit. assez vieux pour conduire, assez mature pour acheter une arme à l’épicerie du coin, pour aller en taule, pour mater du porno mais toujours trop jeune pour faire la fête avec les grands. c’est qu’il la comprend, aussi rex. il a été comme elle. tout le monde a été comme elle un jour. à vouloir se faire passer pour plus vieux, à mentir sur son âge pour se sentir plus adulte. la chance d’être né avec un zgeg entre les guibolles sans doute, parce que c’est tellement plus simple quand on est un mec. « si ça peut te faire plaisir, j’ai menti en disant que tu faisais toute petite. quelqu’un d’autre t’aurait surement laisser entrer, mais moi j’suis attentif. » un mot gentil pour la faire sourire, mais qu’elle ne le prenne pas pour une invitation à se repointer. c’est juste qu’à cet âge – et cette mentalité – là, les ados ont tendance à aimer qu’on leur dise qu’ils font réellement l’âge qu’ils prétendent avoir. ça doit leur paraître rassurant de se dire qu’avec un peu de chances, leur fausse carte d’identité pourrait fonctionner une autre fois. en tout cas, que ce soit pour sa gentillesse ou ses beaux yeux, la gamine finit par accepter la proposition de rex et de rester auprès de lui comme assistante du videur. elle ne tarde pas une seule seconde à recaler le premier type qui passe sans le ménager une seule seconde. le malmène sur son apparence juvénile et sur son style vestimentaire laissant à désirer, le type reste bouche bée sans doute surpris qu’une jeunette le rembarre aussi brutalement. des yeux, il cherche le soutient de rex qui ne peut qu’hausser les épaules. « t’as entendu la demoiselle, mon vieux. c’est plus moi qui fait la loi. j’suis désolé mais tu rentres pas. tu peux toujours aller tenter ta chance ailleurs avec quelqu’un de plus gentil. » s’en va l’air abattu et rex qui rigole parce qu’elle se prend vraiment au jeu sa nouvelle partenaire. isa, qu’elle s’appelle. elle lui tend la main, il la prend. pour faire bien comme il faut, évidemment. elle lui sourit enfin et ça fait plaisir à rex. avec ses grands yeux de chatons et se sourire qui lui fend les lippes, elle est chou comme une chupas chups. « t’es pas très sympa, quand même. tu te laisses pas attendrir si facilement. il était pas si mal habillé que ça. » pour dire vrai, rex l’aurait probablement laissé entrer. il sait très bien qu’il laisse passer des mineurs parfois sans s’en rendre compte et ce type n’aurait été qu’un exemple de plus sur la liste. takes one to know one comme on dit. y’a personne de plus apte qu’un ado à reconnaître un autre ado. « alors dis-moi, pourquoi est-ce que tu sors toute seule, la nuit ? t’as fugué ? » puisque la nuit va durer, autant lancer une conversation. et peut-être qu’entre deux questions, elle aura le plaisir de recaler une personne de plus.