bleus à l'âme (irma)

traits de caractère / douce vipère aux allures lointaines. solitaire soumise à la volonté du père. sang chaud endormi, obstinée oisive aux revendications silencieuses. vieille âme au corps qui affole. obstinée gracieuse à l'insolence aphone. pleurnicharde introvertie à l'allure généreuse.
t'es brillante irma, un peu brisée aussi mais t'es solaire et tu finiras pas rayonner à force de rêver. t'as la colère farouche et le coeur un peu trop tendre. tu fantasmes sur "il était une fois" mais t'as arrêté de croire en ta fin heureuse. ballerine désabusée aux crocs acérés. t'as l'obstination des reinhardt comme un trophée nuisible. t'es une sensible dissimulée, de celles qui finissent toujours par pleurer devant les classiques romantiques. t'es fragile et tu finiras par te briser à force de trop crier.

parfois dans la vie. il y a ces mots qui façonnent. ceux qui t'accompagnes, t'élèves ou te couches. et puis il y a les maux, ceux qui pleurent et ceux qui rient.



vendetta.

tu pleureras maria. tu souffriras. tu vivras maria. trois commandements pour un seul destin, les trois commandements d'une descente prématurée. elle était jolie et pure maria, c'était le soleil et la lune en même temps à crier et pleurer dans la même phrase, à se perdre dans ses diatribes. elle brillait, de ces étoiles qu'on éteint pas. et puis elle a rencontré diego, mauvais garçon au destin scellé. elle a arrêté de crier, elle a seulement pleuré. elle est partie un jour quand elle en a eu assez de pleurer mais on rentre pas chez soi quand on a pas sa majorité et le ventre arrondi par la vie. c'est pas comme ça la vie dans les quartiers aux apparences alors elle est restée, il l'a éteinte maria pour avoir essayer de se sauver avec la descendance reinhardt alors elle a même arrêté de parler. la bavarde devenue muette au fil des coups assénés. il avait l'amour violent diego, l'amour maladroit des ascendants au sang chaud. il l'a aimé, il l'aime encore, il l'aimera toujours de cette manière bien particulière. dresseur de fauves sur la piste, revendicateur derrière le rideau et dictateur dans la caravane. il a un nom à assurer et une affaire à faire perdurer alors il l'a couché au fil des années maria. et cinq enfants élevés plus tard, elle a fini par s'en aller avec le corps contusionné par la passion.



oracle.

et puis cheyenne a rencontré juan, d'une certaine manière lointaine. c'était une question de destinée puisqu'ils n'étaient même pas nés. c'est comme ça chez nous qu'il avait imposé diego à maria alors qu'elle pleurait encore sur l'enfance de son premier né. jongleur maladroit, il rêvait d'autre chose juan. il rêvait d'une autre vie ailleurs mais on s'enfuit pas quand on s'appelle reinhardt. alors il est resté, il a jamais trop brillé au contraire de cheyenne qui rayonnait pour deux. jolie écuyère aux allures royales. reine du chapiteau, reine des cœurs. elle a jamais eu la tête pleine de rêves, elle savait que c'était encombrant d'espérer alors elle s'est contentée des cartes que la vie lui a donné, de l'ombre que juan a bien voulu lui accorder. c'était une histoire de destinée plus qu'une histoire enflammée entre les deux alors ils ont vogué en duo sans destination précise. héritier controversé de la violence héréditaire, il a commencé à s'énerver juan quand ça allait pas au départ et puis finalement, quand ça allait aussi. il a cogné au gré des frustrations accumulées. elle s'est mise à pleurer cheyenne, à s'éteindre aussi. et puis un jour, elle a rencontré la vie. celle qui lui a redonné le goût de scintiller. la vie nommée bambins. ils sont nés avec l'espoir de la cavalière. vous serez grands les enfants parce qu'on étincelle chez les reinhardt ou on est pas.



talisman.

les cris se sont multipliés au fil des années et les tâches océan se sont additionnées dans des calculs un peu malsains, presque fétides. elle disait rien cheyenne, elle riait toujours plus fort comme un pied de nez à la colère de juan. ils savaient les passants que c'était pas rose la vie derrière le chapiteau, ils parlaient les collègues mais on ne dit rien chez les tziganes. la femme est la propriété de l'homme, victime de sa lassitude. au gré du temps, il a même fini par arrêter de les cacher ses coups de sang juan. alors cheyenne a continué d'encaisser pour éviter à sa progéniture d'être impactée. c'est comme ça que t'es née irma. première fille après deux garçons, première fille avant deux autres filles. environnement malsain pour grandir. tirage au sort un peu foireux à la loterie du destin mais on a les cartes qu'on mérite. c'est ce que ta mère t'as toujours répété quand elle venait te bercer, ça ira mieux demain. alors t'as appris à avoir peur d'aujourd'hui et te focus au futur. sauf que demain, il est pas venu et cheyenne a plus suffi pour encaisser les humeurs paternelles alors c'est ton corps qui a subi les affres de la vie conjugale, les déceptions de la vie familiale. mais le silence s'est imposé, c'est toujours comme ça chez vous. elle t'as éloigné cheyenne en t'accompagnant de l'autre côté du queens pour danser, ton refuge aux angoisses domestiques. et t'as brillé sur le parquet avec ta grâce héritée d'un autre temps. tu seras ballerine ou tu ne seras pas irma et finalement, t'as pas été. un coup dans les côtes de maman quand t'as parlé de tes espoirs d'ailleurs, de ton goût pour le futur conjugué au présent alors tu as abandonné tes rêves pour la piste et son trapèze. t'es une gamine encombrée par le poids de l'héritage. tu ne seras jamais qui tu veux. la gamine solaire au sourire séduisant, l'acrobate éperdue. et puis il y a eu la vie, l'âge et ses espoirs. c'est comme ça chez nous qu'il a répété juan à cheyenne quand elle pleurait encore sur les chimères abandonnées de sa première née. sauf qu'elle a pas cédé cette fois là, elle s'est pas mariée irma. et puis il y a eu les sorties en douce, l'affront surnommé hippocrate, l'affront nommé passion. les premiers émois, les premiers chagrins. l'enfant devenu grand. et il est parti hippo, sous la pression familiale. il s'est envolé l'espoir de liberté, remplacé par des coeurs brisés.


tribulation.

génétique comme un fardeau. les yeux brillants de promesses silencieuses, il est arrivé sans se presser et il a tout fait valser à coup d'irrévérences aidan. il s'est assis sur tes certitudes. premier regard, le coeur qui vrille sans un seul mot échangé. le coup de foudre qu'ils diront alors que tu te contentes de t'en rappeler comme le début des emmerdes. il avait l'accent curieux avec son charme britannique et toi, t'étais jeune. un peu naïve. tu voulais t'évader alors tu t'es précipitée. le loup à la gueule d'agneau. les premiers coups de sang ont pas tardé à arriver. on choisit jamais les bons, question de génétique. les sorties nocturnes en cachette. le palpitant qui vrille toujours autant à chaque bonjour et puis, le retour de manivelle. la jalousie qui devient fléau, ta soumission comme revendication. l'infidélité comme religion. il aime pas que tu t'inclines, il veut que tu t'affirmes. les premiers cris, les premières assiettes qui s'effritent. sauf que t'es pas tes aïeules, t'as la grande gueule et la colère des opprimées qui t'ont précédé. alors tu rends coup pour coup dans des au revoir toujours trop sanglants. son appartement qui vibre au gré de vos humeurs, de vos retrouvailles toujours plus passionnées. vous vous retrouverez quand vous serez meilleurs l'un pour l'autre mais t'es pas capable de ne pas revenir. vous êtes nocifs, amants nocturnes mais vous êtes incapables de vous quitter irréversiblement. alors tu fuis toujours ta caravane pour venir le retrouver dans son recoin du queens parce que t'as froid sans lui. t'as l'amour capricieux irma, et vous allez finir par péricliter à force de vous nuire sans jamais rien vous dire.