des bleus au cœur. (ezio)

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{ des bleus au cœur }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Les cauchemars s’accumulent.
Ils se bousculent, dans sa vie, comme autant de démons qui semblent vouloir la posséder. Depuis que Flora est décédée, chaque jour paraît plus terrible à affronter que celui qui l’a précédé. Chaque jour, un nouveau monstre surgit dans sa vie. Puis, il y a eu lui.
Ezio. Ezio.
Les images se succèdent dans son esprit torturé. Elles se répètent, encore et encore, sans jamais s’arrêter. Ses crocs acérés contre son derme souillé, ses serres douloureuses contre ses poignets abîmés. Elle s’en souvient, elle se le rappelle. Et, même quand elle fait tout pour l’oublier, la douleur ne cesse jamais de la frapper. Gregor, et puis Trejan. Ses frères se doutent de quelque chose. Mais elle ne dit rien, Alix.
Que pourrait-elle dire ?

Elle ne comprend pas elle-même ce qui est arrivé.

Je t’ai violée.

Les mots d’Ezio, balancés dans un putain de texto, ils la hantent, eux aussi.

Je t’ai violée.

Est-ce que c’est vraiment arrivé ?

Elle n’arrive pas à le concevoir.
Comme si son esprit refusait d’accepter ce que son corps a subi.
Ou c’est son cœur en déni, devant une telle image de son mari.

Ils faisaient l’amour. Ils faisaient l’amour ensemble. Bien consentants. Elle avait envie de lui, envie de le sentir en elle, depuis la première fois depuis des semaines. Elle se sentait en vie, grâce à lui. Mais il y a eu ce moment, où tout a basculé. Ce moment où le pire est arrivé. Elle ne se souvient plus très bien, Alix, des mots qu’il a dit. Il voulait juste qu’elle les prononce, ces trois petits mots.

Je t’aime,
il voulait juste qu’elle lui dise, je t’aime.

Elle est incapable de décrire la suite. Incapable de penser à cette emprise. À son corps lourd, si lourd, contre sa carcasse vide. Vide d’envie, vide de vie. Remplie, plus que de lui. Le cœur en miettes autant que l’âme est dévastée, la ténébreuse n’a aucune envie de le retrouver. Mais elle ne peut pas rester éternellement chez Gregor. Elle ne peut pas… fuir plus longtemps sa propre demeure. Si elle attendait de vouloir le retrouver, peut-être qu’elle ne reviendrait jamais.

Alors elle est revenue,
ici dans cette maison qui respire le luxe,
ici dans cette maison qui la voit se détruire,
chaque jour un peu plus.

La porte qu’elle ouvre, doucement, elle entre comme si elle n’était jamais partie. Les clés qu’elle dépose contre le premier meuble à sa portée, elle retire son sac à main, puis son manteau signé d’un grand couturier. Elle appréhende le face à face avec Ezio. Elle espère qu’il soit encore au boulot. Elle ne sait pas si elle sera capable de dormir dans leur lit, capable de dormir avec lui. À pas feutrés, la féline rejoint le salon, quand elle entend sa présence.
Puis, là voilà, devant son bourreau.
Ezio.
L’aurait-elle cru, seulement ? Se retrouver face à son visage la plonge une semaine plus tôt, dans les souvenirs que son esprit refuse d’oublier. Les images gravées. Comme l’esprit est hanté. Comme elle est, elle, marquée à jamais. « Salut. » elle lâche, la voix machinale. Elle est là, comme il l’a demandé. Car il reste son époux, hein, malgré tout. Ils sont toujours mariés, même s’il a parlé de divorcer.
Peut-être qu’elle continue aussi de l’aimer,
même si tout son être devrait le détester,
le haïr pour ce qu’il a fait.

il ne sait pas. il ne sait pas comment il a pu faire ça. il ne sait pas à quel moment il a vrillé dans sa tête pour n'être plus que l'ombre de lui-même. il s'en veut. il s'en veut vraiment. il est comme tout le monde finalement. et c'était pas ça qu'il était censé faire ; il devait aimer alix si fort et la préserver de tous les monstres, tous les connards en dehors de cette maison. ce même endroit qui devait être un havre de paix. pourquoi, finalement ? qu'il soit le monstre aux immenses griffes ?
elle est partie. elle est partie si longtemps et pourtant, il le mérite de se retrouver seul. les cernes montrent à quel point il a été incapable de dormir correctement, certain qu'il ne le pourra plus vraiment d'ailleurs. il a pleuré. lui, l'homme si fort qui refusait les larmes de la perte de sa fille, pleure la violence qu'il a commis à sa femme. cette main bandée qui l'a forcé à aller à l'hôpital, la veille de ce jour. ce jour où alix va enfin rentrer à la maison sans qu'il ne le sache. là, dans son bureau, un homme n'est plus maître de lui-même. dans son bureau, l'homme au visage détruit, au corps meurtri, maintient ce verre d'alcool. les yeux rouges, pas tant par la liqueur, plus par la fatigue, il inspecte sa main qui a désormais une multitude de points de sutures vu qu'il... a peut-être à nouveau forcer la main contre la façade de cette maison qu'il déteste plus que tout.
il l'a violé.
il n'y avait plus rien de consenti quand elle lui a dit, qu'elle avait mal.
il l'a violé.
car, juste une fois, elle ne lui a pas dit qu'elle l'aimait quand il avait réellement besoin de l'entendre.
il l'a violé.
il mérite rien, si ce n'est la mort.
il mérite d'être à la place de leur fille, et que leur princesse soit encore vivante et qu'elle puisse profiter de la vie à pleine dent.
et pourtant. la porte d'entrée claque, à un étage plus bas. et quelques minutes après, un simple mot le sort de ses pensées alors qu'il se lève un peu trop vite. et qu'il pose ce verre trop fort, s'foutant des liqueurs qui tâchent les documents qu'il a ramené du travail. car, depuis exactement huit jours, il n'y est plus allé. alix... il murmure. il s'approche, et pourtant ? il est certain qu'il n'a pas le droit de la prendre dans les bras et de l'embrasser. alix. je suis désolé. je suis vraiment désolé. il sait qu'elle ne veut pas en parler, mais lui ? il a besoin de surpasser un simple échange de message. je sais pas quoi faire. y'a rien que j'peux faire pour effacer. mais putain. je suis désolé. je m'en veux... il n'a plus de force. il se sent atrocement vide. dès qu'elle a claqué la porte et qu'il a pris une douche froide en réalisant ce qu'il venait de faire. son regard croise le sien. il a encore envie de pleurer, pourtant, il n'est pas celui qui doit être en position de victime là.

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{ des bleus au cœur }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Elle ne s’est jamais sentie dans cet état. Alix, quand il lui arrive quelque chose, elle a l’habitude de se battre. L’habitude de se confronter à son mal. Elle ne s’est jamais laissé le droit de s’effondrer, juste, parce que ce n’est pas de cette manière qu’elle a été élevée. Elle a grandi comme une guerrière, Alix, une femme prête à supporter les souffrances pour mieux les vaincre. Elle a appris à affronter les démons qui hantent son existence. Même l’agonie qu’elle éprouve, à chaque souffle qui l’éloigne de sa fille, elle l’endure. Elle la supporte avec cette vengeance qu’elle est prête à s’offrir. La vendetta pour Flora, c’est aussi le moyen qu’elle a trouvé pour survivre. Mais… jamais, on ne lui a appris ça. Jamais, elle n’aurait cru que c’est contre lui qu’elle devrait se battre.

J’aurais pu affronter tous les monstres,
me confronter à tous les démons,
j’aurais pu… j’aurais pu, Ezio,
mais toi,
toi, j’en suis incapable.

Car comment est-elle censée affronter l’homme quelle a épousé ? L’homme avec lequel elle s’est engagé, pour le meilleur et pour le pire. Le pire. Le pire, elle ne savait pas qu’il serait aussi horrible. Elle croyait, Alix, elle croyait qu’il serait son pilier. Cet homme bon et lumineux qui vient éclairer ses chemins les plus sinueux. Elle croyait qu’il lui donnerait la force d’accomplir tout ce qu’elle aurait jugé impossible. Elle croyait qu’il serait sa rédemption.

Là, tout de suite, il a tout d’une malédiction.

Malédiction qu’elle porte à l’annulaire, l’alliance qui la rattache intrinsèquement à l’homme qui a abusé d’elle. Alix, elle ne sait pas. Elle ne sait pas ce qui est arrivé. Chaque fois qu’on a essayé de la faire parler, les mots lui ont manqué. Il lui est simplement impossible, en vérité, d’admettre avoir été violée. Se voir comme une victime serait la chose la plus terrible, pour une femme comme Alix. Elle n’est pas une victime. Le visage éreinté, les demi-lunes violacées, la peau marquée, elle refuse encore d’être qualifiée de victime. Surtout pas celle de son mari. Son mari, ici. À nouveau confrontée à lui.

Et je te regarde,
la tête à l’envers,
le cœur en miettes,

et je te regarde,
passé de la lumière,
aux ténèbres.

Une drôle de sensation l’envahit quand elle se retrouve face à lui. Comme si elle n’arrivait pas à poser véritablement sur lui ses iris assombris. Il se lève, les prunelles aussi cernées que rougies, plongé dans u  mal-être certain. Elle sent la douleur, Alix, mais elle reste digne. Le visage ferme quand elle entend sa voix remplir la pièce. La voix qui lui a offert tant d’allégresse. À cet instant, elle entend juste son timbre plus rauque, lui donner cet ordre. Dis-le. Que tu m’aimes. Dis-le. Pourquoi tu le dis pas ? Elle tente vainement de se sortir cette voix dans sa tête, mais celle qui englobe le bureau ne l’aide guère mieux. Elle le fixe, sans bouger, quand lui commence à s’approcher. Elle le fixe, comme une panthère prête à bondir. Pourtant, elle n’a pas sorti les griffes cette nuit-là. Elle ne s’est pas débattue, cette nuit-là. Pourquoi ? Pourquoi est-elle restée aussi… paralysée ? Pourquoi n’a-t-elle pas bougé ?

C’est à elle qu’elle en veut le plus, Alix.

En silence, elle l’observe. Elle entend ses excuses qui ne parviennent hélas pas à l’atteindre. C’est comme si… comme si elle était spectatrice de la scène. Qu’elle ne la vivait pas vraiment elle-même. Sa tête se détourne alors qu’il répète, encore, encore combien il est désolé. « C’est bon… je veux juste … oublier. » Elle n’y arrivera pas. Pas comme ça. Mais elle n’est pas prête à lui offrir autre chose pour le moment. Les opales s’abaissent et tombent sur la main d’Ezio, bandée, comme s’il était blessé. « Il t’est arrivé quoi ? » elle l’interroge, pour comprendre, mais aussi pour penser à autre chose. Autre chose que lui sur son corps.

il va finir par se ronger. sois à cause de la culpabilité, sois à cause des ferreira qui vont finir par lui tomber dessus. et il mériterait, de crever. car ezio ne se pardonnera jamais de ce qu'il a créé. il était censé être l'être le plus présent pour alix, par son amour, par cette alliance le jour où ils se sont promis la vie. mais c'est donc ça, la vie ? perdre sa fille, et se perdre lui-même dans les ténèbres ?
car, si c'est ça, alors il ne veut plus en faire parti.
là, au beau milieu de son bureau, la plus belle étoile vient de faire son entrée, mais il n'y a plus rien qui brille autour d'elle pour la maintenir assez illuminé.
là, au beau milieu de son bureau, le trou noir s'approche. retient de justesse le moment où il va tout aspirer dans le vide et créer quelque chose de terrible.
à moins que ce ne soit déjà trop tard. elle ne le regarde pas tellement que ça lui brise le coeur. il inspire, n'a le droit à rien. supplier alix ne servirait à rien, il attend surtout le moment où elle se rendra compte qu'elle ne voudra plus jamais, jamais, être avec un monstre comme lui. il devait la préserver, la protéger. et il n'a rien fait putain. il est devenu le bourreau, le tortionnaire. à cause d'un simple 'je t'aime'.
et elle veut juste oublier. il devrait se sentir soulager, ça veut donc dire qu'elle n'a pas envie de partir. mais les mots ne le rassurent pas, bien au contraire. son regard s'abaisse sur sa main bandée. elle veut vraiment savoir ce qu'il lui est arrivé ? j'ai des points. il dit, en haussant les épaules. comme si ça n'avait pas son importance. pourtant, si trejan arrive ici il comprendrait. il comprendrait à quel point ezio est un monstre qu'il n'hésiterait même pas à tirer finalement, dans le but de se protéger contre ezio qui n'est sans doute pas le pire qu'ils ont déjà vu, mais qui est le pire monstre dans l'entourage de sa grande soeur. j'ai cogné le mur, encore et encore. quand t'es partie. et qu'il a réalisé. réalisé l'ampleur de ses gestes car, sur le coup, ezio avait perdu le contrôle. il a un black-out, ne se souvenant plus vraiment de ce qu'il s'est passé. il n'a que l'acte en tête, et c'est déjà trop inhumain pour lui. donc j'ai six points de sutures. et avec sa main correcte, il lui montre le dos et les phalanges des endroits où il s'est le plus fait mal. même si, d'une certaine manière, il ne sera jamais assez fort comparer à ce qu'il a causé dans son ménage. est-ce que je peux te prendre dans mes bras ? on en est à là ? à ce qu'il demande la permission ? faut croire. il n'a pas envie de... la brusquer. ou peu importe. son but est de bien faire, ou du moins, de tenter de réparer quelque chose qu'il ne pourra jamais, jamais vraiment refaire correctement.

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{ des bleus au cœur }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Il a toujours été cette lumière,
cet homme présent pour elle,
cet homme prêt à tout pour elle.
Amour passionnel, ravageur, qui a rendu leurs étreintes aussi volcaniques que leurs disputes ont pu être explosives. Plus d’une fois, ils se sont disputés fort, ils sont allés loin. Le tempérament de feu de la princesse derrière la glace, et lui, lui qui n’a jamais redouté d’affronter celle qui fait baisser tant de billes sur son passage. Lui, Ezio, si loin des Ferreira, et de tout le chaos qu’ils provoquent partout où ils passent. Ils ont créé leurs propres cataclysmes, tous les deux, loin de sa famille. Juste, de cet amour si violent qui les unit. C’est peut-être ce qu’il lui a fallu, Alix, pour la tenir suffisamment en haleine, pour qu’elle ait la force de construire sa propre vie. Sentir qu’elle pouvait encore frôler ce précipice.
Mais c’est là une limite interdite,
de celles qu’ils n’auraient pas dû franchir.
Le deuil qui les a marqués, les abysses de cette souffrance incommensurable qui les a submergés. Ils vivent avec la pire agonie au monde depuis des semaines sans rien pour les raccrocher. Et c’est quand ils arrivent, enfin, à se retrouver, que tout se met à nouveau à vriller.

Et je ne cesse de me demander,
comment tout a pu si vite basculer,
comment toi, tu as pu déraper,
comment moi, je n’ai rien fait.

Victime consentante, alors, Alix. Elle a encaissé cette violence comme une dispute à laquelle elle doit pouvoir s’adapter, un pardon qu’elle doit donner. Elle essaie de faire face, auprès de son époux, en revenant à ses côtés. C’est bien pour cette raison qu’elle est rentrée dans leur grande maison beaucoup trop vide, pour retrouver son mari. Elle ne veut pas laisser cette nuit tout gâcher. Elle ne veut pas le perdre à jamais. Pour autant, elle a du mal à supporter sa proximité. Plutôt que sur ses pupilles dans lesquelles elle s’est si souvent noyée, l’âme en perdition se focalise sur sa main blessée. Elle baisse les deux lunes claires-obscures vers le bandage, comme pour s’assurer, sans le toucher, que tout est bien fait. Louve protectrice, même meurtrie. « Tu n’aurais pas dû faire une chose pareille. » Mais il y a tellement de choses qu’il n’aurait pas dû faire. Une telle demande, elle non plus, il ne devrait pas la faire. La ténébreuse détourne la tête devant cette question qu’il ne lui avait peut-être encore jamais posée. Avant, il savait, il savait qu’il pouvait. Mais il y a tout qui a changé. Et son cœur continue, encore un peu plus, de s’émietter. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. » sa voix est calme, mais elle a ce nœud à l’estomac. Cette impression de malaise qui persiste alors qu’elle finit par croiser les bras dans un geste défensif. « Il me faut… un peu de temps. » elle prend soin de préciser, comme pour lui dire, que ce n’est pas quelque chose qui va durer. Hein, ça ne durera pas ? Elle y arrivera ? Elle arrivera, un jour, à ne pas sentir un effroi, rien qu’à l’idée d’être dans ses bras ? Ses prunelles se posent sur l’intérieur, partout dans le bureau, plutôt que sur le détenteur de son cœur. « Je peux te laisser travailler si tu veux… » elle ne sait pas pourquoi elle dit une chose pareille. C’est lui qui voulait qu’elle revienne. Mais elle ne se sent pas à sa place, Alix, elle se sent étrangère dans sa propre demeure. Étrangère face à l’homme qu’elle aime.

il ne s'attendait pas à ce qu'ils se jettent des confettis, loin de là. mais l'ambiance est terriblement glacial. c'est mérité, tout l'est. il n'ose rien faire, si ce n'est être debout face à elle à attendre qu'elle veuille bien le regarder. à attendre qu'elle s'approche ou... peu importe. juste qu'elle accepte qu'il vienne et qu'il lève ne serais-ce que sa main pour caresser son visage. il y a beaucoup de choses que je n'aurai pas dû faire. il se permet de dire. forcément qu'il parle de ce qu'il lui a fait. mais il a compris qu'elle ne voulait pas en parler, alors, il se contente simplement de l'effleurer. du bout des lèvres, dans un gros sous-entendus qui va finir par les blesser plus qu'ils ne le sont déjà. regardant d'une part cette main bandée, de l'autre... il préfère se relever pour garder son visage vers alix. alix qui refuse qu'il s'approche. du moins, alix qui refuse qu'il la touche. comme tu le sens. il sent son propre coeur qui se serre un peu plus, cet organisme meurtri par ce qu'il a commis. non. je ne travaillais pas. et il n'a pas envie qu'elle parte, pas quand elle l'a fait de nombreux jours sans qu'il soit capable de faire quoi que ce soit pour la retenir. il a tellement besoin de blottir ses bras autour de son corps et de lui assurer que ça va aller. mais... il n'en fait rien. car elle n'a pas envie.
si tu l'sens pas, je peux dormir dans le bureau. ou ... juste, comme t'as envie alix. dis moi, et je fais. certain que dans la nuit, ses bras risquent de venir contre son corps et... non. il se doute déjà de la réaction, il préfère l'éviter. il continue de regarder un peu partout autour de lui, jusqu'à souffler un bon coup et prendre la décision de sortir de son bureau.
il sait qu'elle le suit car il entend ses pas.
jusqu'à la cuisine, où il sort deux verres qu'il remplit d'eau. il y a encore l'armoire remplit des biberons pour flora. peu importe son grand âge, forcément qu'elle avait encore de temps en temps le plaisir de boire son chocolat chaud là dedans. ça va bientôt faire un mois qu'on l'a enterré. j'sais pas. peut-être que tu veux qu'on aille sur sa tombe ? ou peut-être qu'elle veut y aller sans lui.
peut-être qu'elle veut faire sa vie sans lui.
il mériterait le divorce, il mériterait la balle qui l'attend du côté des ferreira. il mériterait tout, incroyablement tout, si ce n'est le bonheur ui vient pour de bon de le lâcher. je t'en prie, regardes-moi. car, il ne supporte pas de la voir regarder un peu partout, tout. tout sauf lui.

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{ des bleus au cœur }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

Le cœur en miettes,
leur amour à terre.
Elle est incapable d’en observer les débris éparpillés, Alix, les éclats de ce qu’ils ont eux-même fracassés. Incapable de le regarder, lui. Incapable de plonger ses prunelles dans les iris où elle s’est si souvent noyée, incapable de l’affronter. Prête à se battre contre la terre entière, la guerrière, ne devient qu’une âme misérable soumise au cœur qu’il possède. Car il continue, Ezio, à détenir son amour entre ses mains, même après tout ce qu’il a fait. Tout ce qu’il évoque sans oser mettre les mots qu’il faudrait. Tout cela parce qu’elle, elle refuse d’en parler. Le silence qu’elle lui offre comme seule réponse, la princesse des ténèbres laisse ses opales affronter la pièce tout entière, tout sauf l’homme qu’elle aime. Une simple inspiration qu’elle retient entre ses lippes, presque imperceptible, juste capable de se contenir. Il n’y a que pour refuser sa demande que l’âme meurtrie retrouve l’usage de sa voix.

Non, Ezio, tu ne peux pas,
ou c’est moi qui n’peux pas,
j’peux pas imaginer tes bras,
ton corps autour de moi,
ton corps contre moi,

ça me fait trop mal,
tu me fais trop mal.

Peut-être qu’elle serait mieux, oui, s’ils ne se retrouvaient pas dans le même lit. Ou peut-être qu’elle prendrait le risque que tout empire. De ne plus jamais être capable de dormir auprès de son mari. De ne plus jamais vouloir être avec lui. « Je ne sais pas. Non. C’est… ta chambre aussi. » Elle n’a aucune envie de le repousser comme… comme un criminel. Un violeur. Un homme qui a abusé de son corps comme il lui a brisé le cœur. Aucune envie de penser à lui de cette manière. Ils se sont disputés, hein, les choses ont dégénéré. Rien d’autre, rien qui… rien qui implique qu’elle doive le repousser. Pour autant, la tension est électrique, tellement présente dans l’atmosphère. Elle a enveloppé toute la pièce. Comme si elle pouvait la sentir, Alix, comme si elle pouvait la frôler du bout des doigts. Peut-être qu’il éprouve la même chose car son époux décide de quitter le bureau. Dans une démarche mal assurée, elle choisit de le suivre, jusqu’à la cuisine. Comme si… comme s’ils pouvaient, juste, continuer de vivre. Elle a le cœur en vrac et toujours ce putain de nœud à l’estomac. Mais elle ne dit rien. Toujours rien.
Jusqu’à ce qu’il parle de Flora.
Adossée contre l’embrasure de la porte, elle baisse les orbes, rien qu’à l’évocation de cette foutue tombe.   « Tu le veux, toi ? » elle a peur, Alix. Peur d’être encore plus mal devant la dernière demeure de sa fille. C’est déjà tellement difficile de passer devant sa chambre vide. Alors… alors, se retrouver devant une pierre tombale, à imaginer ce qui est en train de se passer sous la terre, là, dans le corps désagrégé de son bébé… elle ne sait pas si elle pourra le supporter. La voix déchirée de son époux la tire de ses pensées macabres, et la pousse à relever enfin vers lui ses opales. Elle le regarde. Elle le regarde, comme il demande. Elle le regarde, comme si ça ne lui faisait pas mal. « J’te regarde. Je suis là. » elle précise, comme s’il ne le voyait pas. Comme s’il ne la voyait pas, elle, lui filer entre les doigts. Elle passe la main dans sa crinière indomptée, essaie d’évacuer toute cette tension accumulée. Elle voudrait parler… elle voudrait… briser cette glace qui s’est formée. Ce mur impossible à franchir, ce mur entre elle et son mari. Mais elle a du mal à trouver les mots pour combler tout ce vide. Du mal à être elle-même, Alix. Pour le meilleur et pour le pire, qu’elle avait promis.   « Je compte pas partir, Ezio. Si je suis revenue… c’est parce que je sais qu’on est plus forts que ça. » On l’est, hein ? Dis-moi qu’on l’est. Dis-moi qu’on n’a pas franchi le point de non-retour. Dis-moi qu’il est encore là, quelque part, notre amour.

c'est sa chambre.
c'est sa maison.
c'est chez eux.
pourtant, depuis que flora est morte, il n'a pas l'impression d'être à nouveau chez eux. quelque chose s'est brisé. dès qu'il a perdu des yeux flora et qu'elle est revenue morte, morceau par morceau, dans leur boite au lettre. non, rien n'est plus vraiment comme avant depuis que leur princesse s'en est allée dans un monde. certe, un monde meilleur, mais c'est trop tôt pour qu'elle séjourne déjà dans cet endroit. j'en sais rien. non, il a fait cette proposition car... il s'est dit que ça lui ferait du bien. même si, d'une certaine manière, c'est assez mal de trouver que... ça pourrait justement lui faire du bien. car non, hormis se faire du mal, il ne sait plus très bien comment faire les choses correctement.
alors, plutôt, dans cette cuisine, où deux verres d'eaux sont servis mais où ils n'ont pas pris la peine de boire quoi que ce soit, il la réclame. il réclame ce regard alors qu'elle pourrait lui dire d'aller se faire foutre et ça s'arrêterait à là. elle le regarde, elle est là. il le sait. elle est juste... pourtant si éloignée de lui d'une certaine manière. par sa faute. on l'est. il la rassure. même si, encore une fois, il n'est pas en droit de le faire. j'me pardonnerai jamais, d'accord ? mais on l'est. on est plus fort que ça parce que c'est toi et moi. et peut-être qu'aujourd'hui, ça n'a pas encore trop de sens, mais... mais je vais te prouver qu'on va s'en sortir. il compte se battre. il ne sait pas comment, car il est certain de ne pas avoir assez de carte en mains, là. je crois qu'on devrait déménager. ça sort de nul part, et pourtant, il le pense. ce n'est plus notre maison. on est plus chez nous quand on s'arrête un dizaine de secondes devant la porte de la chambre de flora. ce n'est plus chez nous quand on a dû mal à aller chercher le courrier, trop traumatisé, trop apeuré de retrouver ... putain. et notre chambre n'est plus notre chambre depuis que... que je t'ai fait ça. alors trouvons une nouvelle maison. trouvons un moyen que tu me fasses confiance à nouveau. essayons de nous battre parce que, comme tu le dis, on est plus fort. même si c'est compliqué. à l'heure actuel. et... que putain, non. il ne pensait jamais, jamais proposer ça. avant, c'était leur havre de paix. et maintenant ? ce n'est plus rien. peut-être qu'ils ont besoin d'autre chose. de se rappeler pourquoi ils s'aiment.

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{ des bleus au cœur }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ezio Romani

C’est insoutenable.
La mort de Flora, elle est insoutenable.
C’est un poids qu’elle porte, chaque jour, chaque nuit, chaque minute de sa vie. C’est un poids bien trop lourd avec lequel elle est contrainte de vivre. Mais c’est une souffrance qu’ils endurent à deux. Tous les deux. Car, dans la planète entière, s’il y a une personne en ce moment même qui éprouve cette même détresse, c’est lui. Il n’y a que lui. Que lui pour savoir comme le rire mélodieux de leur fille était devenu une drogue vitale. Combien sa voix pleine de joie était forte pour effacer tous leurs états d’âme. Comme elle était intuitive, et drôle, et attentionnée aussi. Comme elle était la plus belle personne qu’ils avaient dans leur vie. Comme ils l’aimaient, aussi. Ezio, il sait. Il sait comme c’est une torture de continuer à avancer. De même, vouloir encore, avancer.

Alors comment serait-ce même possible, sans lui à ses côtés ?
Comment pourrait-elle même y songer ?
Comment pourrait-elle avoir une raison de continuer ?

Elle se raccroche à lui, comme un lien indéfectible. Le fruit de leur amour a disparu, mais sa perte continue de les lier. Maintenant, à jamais. Elle a trop besoin de l’homme qu’elle aime à ses côtés. Trop besoin qu’il vienne la soulager, de ce poids qu’elle traîne, depuis des semaines. Trop besoin, qu’il soit là, pour de vrai. Sans se noyer dans le travail, sans rester si loin de cette maison trop vide sans Flora. Elle veut oublier ce qui est arrivé cette nuit-là. Elle a trop besoin d’Ezio, pour agir autrement. La voix grave et sérieuse de son mari, pour la première fois depuis qu’elle a franchi la porte de leur demeure, vient enfin la rassurer. Elle a la sensation, encore si incertaine mais bien réelle, qu’il est bien là, avec elle. « C’est ce que je veux aussi. » elle confirme, la voix adoucie. C’est ce qu’elle avait besoin d’entendre de sa bouche à lui. Qu’il est toujours prêt à se battre pour elle, pour eux. Pour cet amour qu’ils ne partagent plus qu’à deux. Toutefois l’âme émiettée ne s’attend pas à une telle proposition. Un déménagement. Loin de leur foyer, loin des souvenirs qu’ils ont créé. Loin de tout ce qu’ils ont partagé avec leur bébé. Elle a la nausée tout à coup, Alix, juste à l’idée de partir d’ici. Cette maison est cruellement vide, depuis qu’elle est partie. Douloureuse au possible. Mais c’est encore ce qui les rattache à leur fille. « Tu veux... déménager..? » qu’elle répète pour imprégner l’idée. L’encaisser. Il a des mots qu’elle ne peut pas véritablement contredire, mais il y a aussi toutes ces émotions qui l’envahissent. Parmi toutes, l’une d’elles prédomine : la peur d’oublier leur fille. D’apprendre à vivre sans leur fille. La gorge nouée, elle déglutit difficilement, les prunelles toujours rivées sur son mari. « C’est… c’est ici qu’on a tous nos souvenirs avec elle. » elle rappelle, comme s’il avait oublié. Comme une évidence qu’il omettrait. Comme si elle n’avait toujours pas réalisé, Alix, comme si elle était toujours dans un putain de déni. « Je ne veux pas l’oublier, Ezio, je… je ne veux pas faire comme si c’était juste un chapitre terminé de nos vies. » sa voix se fait moins claire, tandis qu’elle se souvient. Elle se souvient, le jour de l’enterrement, comme elle refusait de s’éloigner de la tombe de Flora. Elle se serait laissé basculer au sol, à même la terre, si elle avait pu la sentir plus proche d’elle. De son cœur qui l’appelait, et qui continue de l’appeler, encore, sans cesse. Non, Alix, elle n’est pas prête.

pourra-t-il assez se battre pour eux ? il n'a pas le choix. il n'a pas envie de la perdre, malgré l'atrocité qu'il a commis. jamais, jamais il ne se le pardonnera, préférant presque l'infidélité face à ce qu'il a fait. mais il n'a aucun moyen de revenir en arrière, et putain, s'il le pouvait... il reviendrait à ce jour ensoleillé, pour ne jamais perdre le fruit de leur amour et pour que cette dernière apporte encore cette dose de bonheur un peu partout dans cette maison qui était déjà trop grande à trois, mais qui l'est encore plus quand ils n'arrivent plus vraiment à être une seule et unique âme ensemble.
c'est ce qu'elle veut aussi, et dans un sens, ça le rassure quand même beaucoup. c'est ce qu'il a besoin d'entendre, qu'elle veuille encore de lui même si ça lui semble complètement fou. alors... ezio tente. de leur offrir la liberté de se retrouver. du moins, de se reconstruire. conscient que cette idée est encore trop difficile à supporter, mais... ça pourrait leur faire beaucoup de bien. j'ai besoin qu'on trouve un nouveau départ. et, certain qu'il n'y a que comme ça qu'ils peuvent réussir à le faire. et pourtant, dans quelques choses, des nouveaux souvenirs sombres s'ajouteront au tableau, et ezio ne pourra définitivement plus se regarder devant le miroir pour éviter de voir son nez complètement explosé. je sais. je le sais. il entend la voix difficile de sa femme, il voit ses pupilles qui brillent, mais qui ne le quittent pas du regard. et putain, ce qu'il aimerait s'approcher pour la prendre dans les bras. mais ça, il ne le fait toujours pas. flora ne sera jamais un chapitre terminé. elle sera présente dans tous les prochains chapitres qu'on va écrire. et tant pis, il se rapproche. pas trop proche pour ne pas la prendre dans les bras, pour ne pas la toucher, mais il se rapproche quand même. flora aura sa place dans cette nouvelle maison, car on va faire imprimer des photos de nous trois, d'elle toute seule, d'elle avec toi, d'elle avec moi, qu'on mettra le long du mur de l'escalier. car, ce sera forcément une maison aussi grande que celle-ci, mais différente. elle aura toujours sa place car elle est dans nos corps, et qu'on va jamais l'oublier. mais... on a besoin d'un nouveau chez nous aussi. pas pour tourner la page, mais pour avancer. et certain, que c'est la bonne décision. après sa mort. après le viol.