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 dix leurres (miles)

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Message Sujet: dix leurres (miles)   dix leurres (miles) Empty Sam 8 Déc - 13:52


Rentrer du boulot et trouver les flics chez soi, c’est une expérience. Une expérience dont Nate ce serait bien passé. Surtout que ça lui a foutu une trouille monstre. Pendant quelques secondes, il en a été persuadé : cette fois était la bonne, ils avaient retrouvé le corps sans vie de sa sœur quelque part, peut-être qu’elle s’était finalement décidée à se jeter d’un pont, et ils venaient le lui annoncer pour qu’il l’identifie. Comment est-ce qu’il allait pouvoir expliquer ça à Jimmy ? Était-il seulement assez vieux pour comprendre que sa mère ne reviendrait jamais ? Blanc comme un linge, le cœur battant à mille à l’heure, la mâchoire tendue, il a dû avoir l’air bien suspect. Mais ce n’était pas pour lui parler de sa sœur qu’ils étaient là. Nous fait pas croire que c’est un hasard si vous êtes tous les deux de retour à New York., ça doit être la première phrase qu’ils lui ont dit, ces cons de flics. Nate n’a rien compris. Et puis, le nom d’un fantôme. Miles Cooper. Vertige. Autre vie. Ça lui paraît si loin, l’époque où ils étaient amis. Les joints, la bière, les fausses bonnes idées. Des gamins entrain de filer du mauvais coton, recouvert de trou de boulettes. Ouais, c’était une autre vie, avant qu’il ne rencontre Gabin, quand il cherchait encore à remplacer sa vraie famille par celle, idéalisée, des gamins des rues. Aujourd’hui, il a l’impression d’être quelqu’un de complètement différent. Mais est-ce que c’est suffisant, le costume qu’il porte tous les jours pour aller travailler, pour être différent ?

Il a vite retrouvé les réflexes qu’il pensait perdus pour toujours. Mentir aux flics. Ne rien leur donner. Les envoyer sur une mauvaise piste. Sans avoir aucune idée de que ce con de Milo pouvait bien avoir foutu pour s’attirer la curiosité des poulets de la grosse pomme, il l’a couvert. Après s’être moqué d’eux et de leur incapacité à garder leurs informations à jour – il n’a plus parlé à Milo depuis dix ans – et leur avoir assuré qu’il n’avait même plus son numéro de portable, il s’est empressé de lui envoyer un SMS. 911. En d’autres mots : rendez-vous au QG, au plus vite. Il ne prend même pas le temps de se changer, file vers leur ancien bar favoris en costume. Autant en finir au plus vite, non ? Quel que soit le pétrin dans lequel Milo s’est foutu, il a le droit de savoir que les flics posent des questions sur lui. Même après dix ans, c’est une solidarité qui ne s’oublie pas. C’est sacré. Et puis, peut-être qu’il a envie de savoir ce qu’il est devenu. Il a sûrement arrêté le deal, nan ? Nate sait qu’en coupant les ponts, il a été un peu injuste. Mais comment est-ce qu’il était censé expliquer à son pote qu’il le considérait tout d’un coup comme une mauvaise fréquentation ? Milo n’aurait jamais pu lui faire de mal, bien sûr, ni à lui ni à Gabin, mais Milo venait avec les embrouilles, la drogue, ses clients, les problèmes. Et les flics, apparemment. Putain. Alors doucement, il avait arrêté de répondre à ses messages, à ses appels, et s’était enfermé dans sa bulle avec Gabin, bien décidé à s’éloigner de tout ça pour lui offrir un bel avenir.

Nate ne sait pas si Milo va venir. Peut-être qu’il a changé de numéro. Et même s’il a reçu son message, ça ne doit plus beaucoup l’intéresser d’avoir des contacts avec lui. Ce bar c’était leur bar parce qu’il a un grand fumoir à l’arrière. C’est bien sûr là qu’il l’attend, avec un verre de bière et une clope entre les lèvres. Il se sent con, à demi persuadé que personne ne le rejoindra, jusqu’à ce que Miles se retrouve à côté de lui. « Milo ? » Bêtement, Nate s’attendait à retrouver exactement le même adolescent que celui qu’il avait laissé derrière lui : maigre, quelques boutons, fringues en bordel. Mais il a devant lui un type musclé, vif, le regard brillant, à l’allure impressionnante. « Mec mais regarde toi putain. C’est à quel moment que t’es devenu baisable comme ça ? » Pour le coup, il en oublie totalement ce qu’il fait là. Il en oublie même les années, lui parlant comme s’ils n’avaient été séparés que pour les vacances d’été. Il ferait mieux aussi, sûrement, de prendre en compte la rancœur que son ancien ami doit avoir envers lui. La réalité le rattrape bien vite mais le vocabulaire ne change pas, lui. « Enfin, c’est pas pour te prendre dans les toilettes du bar que je t’ai envoyé ce message. Les flics sont passés chez moi. Pour poser des questions sur toi. Je pense qu’ils ont rien de concret mais, bon, c’est pas comme si j’avais la moindre idée de ce dans quoi tu pouvais bien t’être fourré. Alors je me suis dit que j’allais te prévenir. » Il sourit, un peu gêné, sans trop savoir où se mettre. C’était peut-être pas une bonne idée. Mais le prévenir par sms, c’était pas une option. Faut pas laisser de traces. Ou le moins possible.
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Message Sujet: Re: dix leurres (miles)   dix leurres (miles) Empty Lun 10 Déc - 5:26




DIX LEURRES

Nate & Milo

Une sonnerie stridente tira Milo d’un sommeil lourd et sans rêves – c’était là l’un des aspects, parmi tant d’autres, qui l’avaient séduit chez sa bien-aimée oxycodone : les cachets qu’il avait pris l’habitude d’engloutir comme s’il s’était agi de bonbons et non pas de dangereux morphiniques avaient chassé tous les cauchemars qui avaient hanté ses nuits pendant de longues années. Il entrouvrit un œil pour lancer un regard mauvais à son téléphone, qui était à l’origine de la perturbation, et bougonna dans sa barbe quelques jurons hauts en couleurs avant de l’attraper, peu désireux qu’il se mette à sonner une nouvelle fois pour lui rappeler de ne pas oublier de lire le message qu’on venait de lui envoyer. Si, sur bien des aspects, Miles avait conservé une âme d’enfant, sur d’autres, en revanche, il possédait celle d’un octogénaire mal léché – à commencer par la ferveur avec laquelle il abhorrait tous les appareils électroniques qui étaient parvenus à réduire en esclavage le monde moderne et dont il aurait bien aimé pouvoir se passer.

Son regard encore trouble et ensommeillé mit quelques instants à s’accommoder à l’écran que Milo avait sous les yeux, et il fut encore plus agacé de constater que c’était un expéditeur inconnu qui l’avait tiré des bras réconfortants de Morphée. Il ouvrit néanmoins le message, persuadé qu’il s’agissait d’une erreur. Toutefois, toute trace de sommeil se volatilisa instantanément de son regard vitreux dès lors qu’il prit connaissance du contenu du SMS – trois chiffres, rien de plus. 911. Il n’avait pas reçu un message de ce genre depuis… cela devait bien faire dix ans. Et il y avait une seule personne dans son entourage de l’époque qui avait pour coutume de lui envoyer ce message de temps à autres, et à laquelle, lui aussi, avait à de nombreuses reprises envoyé ces trois mêmes chiffres. Se pouvait-il que… ? Après tout ce temps ? Milo avait du mal à y croire. Son bon sens lui souffla qu’il devait s’agir d’une infortunée coïncidence, ou d’une étrange blague. Impossible qu’il soit le seul à recourir à ce code ; après tout, ce n’est pas comme s’il s’agissait de la métaphore la plus créative pour faire référence à une situation de crise. Et pourtant… Son instinct lui soufflait, lui, que malgré l’improbabilité monstrueuse de la situation, il devait forcément s’agir de lui. Lui, c’était Nate Harrington. Ils étaient comme cul et chemise, autrefois. Mais cela faisait désormais une décennie que Nate avait mis les voiles, sans cérémonie ni préavis, laissant son prétendu pote pour la vie baigner dans un flou et un mystère complets. Du jour au lendemain, Milo n’avait plus jamais reçu de nouvelles, et ce en dépit des efforts répétés et prolongés qu’il avait faits pour en obtenir. S’en était suivie une rancœur puissante et tenace, qui avait fini par s’estomper avec les années, en même temps que le souvenir de Nate et de leur amitié. Un souvenir qui ne s’était visiblement pas tant effacé que ça, à en croire le temps de réaction pratiquement inexistant de Milo devant ce message qui était le premier rebondissement en dix ans de silence.

D’abord partagé entre la rancœur, soudainement aussi vive qu’elle l’avait été il y a une décennie, et une curiosité dont il n’arrivait pas à se débarrasser, Milo finit par céder à cette dernière. Quand bien même n’était-il pas sûr de vouloir revoir celui qui l’avait aussi brutalement expulsé de sa vie, il avait besoin d’en avoir le cœur net. Quelque chose au fond de lui le poussait à croire que Nate n’aurait pas envoyé ce message sans avoir eu une bonne raison de le faire. C’est ainsi que Milo finit, au terme de deux ou trois minutes passées à cogiter dans la confusion la plus totale, par filer sous la douche, enfiler des vêtements et quitter son appartement pour le bar qui avait toujours été couplé à ce fameux 911. En parcourant les quelques pâtés de maison qui l’en séparaient, Milo se dit qu’au pire des cas, s’il n’avait pas vu juste, ce message aura au moins eu pour avantage celui de l’avoir fait pointer son nez dehors avant la tombée de la nuit, lui qui d’ordinaire vivait un rythme si décalé qu’il passait généralement le plus clair de ses journées dans son lit, avant de finir par s’en extirper uniquement pour aller se défoncer dans un cadre plus exotique que celui de son appartement.

Lorsqu’il franchit la porte de l’établissement, Milo eut l’impression de retourner dix ans en arrière – à l’époque où ils devaient brandir leurs fausses cartes d’identité pour obtenir la bière que, cette fois-ci, il n’eut évidemment aucun mal à se procurer. C’est donc un verre en main que Milo se dirigea vers l’arrière-salle du bar, dont il fut surpris de voir qu’elle faisait toujours office de fumoir. Il n’eut pas besoin de plus d’une demi-seconde pour constater qu’il avait vu juste en suivant son instinct : immédiatement, il reconnut son visage, pâle et aux traits familiers malgré les dix ans depuis la dernière fois qu’il les avait vus – ces grands yeux perçants, ces pommettes hautes et cette bouche charnue qui semblait naturellement former un cul-de-poule, un détail qui, à l’époque, avait inspiré à Milo de nombreuses taquineries. Comme à l’époque, il avait une clope au bec, et Milo fut frappé de réaliser à quel point il avait peu changé en dix ans. Il le rejoignit en quelques pas et s’installa à ses côtés sans un mot, de plus en plus perplexe face à la situation. Et si lui n’avait eu aucun mal à reconnaître Nate, qui était exactement le même, avec juste une décennie de plus, l’intéressé, lui, fut visiblement bien plus désarçonné par les effets qu’avait eu le temps sur Milo. Celui-ci ne broncha pas devant la remarque pour le moins surprenante de Nate, se contentant d’arquer un sourcil interrogateur. S’il avait dû parier sur les premières paroles que Nate lui adresserait après ces années de silence, il n’aurait certainement pas misé un seul centime sur ces paroles-ci. Il y a dix ans, il aurait éclaté de rire, arboré un air séducteur et adressé un clin d’œil charmeur à son acolyte. Aujourd’hui, il n’en est rien. Milo avait, jusqu’à preuve du contraire, une seule et unique envie : savoir pourquoi Nate l’avait convoqué ici et repartir d’ici.

Lorsque Nate finit par reprendre la parole, Milo, cette fois-ci, ne sourcilla pas face à l’obscénité de ses propos, toujours aussi peu d’humeur à la plaisanterie. Mais ses sourcils haussés ne tardèrent pas à se froncer lorsqu’il entendit la raison pour laquelle Nate avait envoyé ce message – visiblement, ce 911 avait été envoyé exactement pour les mêmes raisons que celles de l’époque. La police. Aussitôt, un flot de questions envahit la tête de Milo, qui n’avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle les flics seraient venus chez Nate en particulier, ni de celle pour laquelle ces flics lui cherchaient les poux. « Les flics ? Ils t’ont demandé quoi ? Tu leur as dit quoi ? », s’enquit-il, très visiblement déstabilisé et gagné petit à petit par un désagréable sentiment d’inquiétude. Il est vrai qu’il y a un peu moins de quatre ans, juste avant de mettre les voiles pour Seattle, il avait été interpellé et emprisonné pour une sale affaire, avant d’être acquitté uniquement parce que le rapport d’autopsie de la victime dont on lui reprochait la mort avait été falsifié. Et si Milo n’était pas parti en raison de cette affaire, il concevait sans peine que le timing pouvait toutefois sembler pour le moins suspect. Il soupira, se frottant les yeux du pouce et de l’index, comme rattrapé par le poids de toutes les emmerdes qu’il avait espéré laisser définitivement derrière lui il y a des années. « Putain de merde, dis-moi que c’est pas vrai… », murmura-t-il, avant de se laisser retomber contre le dossier de sa chaise et de prendre une grande gorgée de sa bière. Il resta immobile, les yeux fermés, pendant quelques instants, avant de poser ses prunelles sur Nate. Ils se regardèrent en silence pendant quelques instants, et Milo fut submergé d’une vague de sentiments aussi puissants que contradictoires – de la gratitude, bien évidemment, pour l’avoir prévenu alors que rien ne l’y obligeait, mais aussi, encore et toujours, cette rancœur tenace dont il n’arrivait pas à se départir. Et c’est peut-être pour cela que la phrase qui s’échappa ensuite de ses lèvres revêtait un caractère pour le moins particulier. « Eh bah, merci de m’avoir prévenu… Mais putain, sérieux, Nate ? Il a fallu que t’aies peur que je finisse en taule pour que tu me causes ? Parce que si c’est ça, laisse-moi te dire que t’façon, t’arrives trop tard. » La prison, il y avait déjà fait un tour – non pas que Nate pût s’en douter, après ces années de silence radio.
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Message Sujet: Re: dix leurres (miles)   dix leurres (miles) Empty Dim 16 Déc - 16:25


Milo reste de glace à son humour. C’était prévisible. Leur amitié n’est pas intacte. C’est même lui qui a veillé à y mettre fin. Sans rien lui expliquer. Comme s’il n’avait même pas mérité une rupture digne de ce nom. Mais comment on rompt avec un ami ? Comment on lui explique qu’il n’entre plus dans le plan d’avenir qu’un nouveau couple nous pousse à faire ? Il était jeune et con, il ne voulait pas prendre de risques. Gabin sortait difficilement d’une agression, il ne voulait pas continuer de côtoyer des types qui auraient pu être du mauvais côté de cette histoire. Même s’il n’avait jamais eu rien à craindre de Miles. Miles ne venait pas souvent sans les problèmes, apportant des mauvaises fréquentations dans son sillage.

Du moins, à l’époque. Nate ne savait pas ce qu’il en était aujourd’hui. Peut-être qu’il s’était complètement rangé. Mouais. Les flics ne seraient sûrement pas venus chez lui, si c’était le cas. Et Milo n’aurait pas cette réaction de panique en apprenant que les poulets fouinaient sur lui, s’il n’avait rien d’illégal à cacher. « Les flics ? Ils t’ont demandé quoi ? Tu leur as dit quoi ? » Il a clairement l’air inquiet, ouais. Nate essaye de réserver son jugement. Après tout, même si lui-même n’a rien à se reprocher, il serait peut-être quand même un peu affolé à l’idée que les flics se mettent à poser des questions sur lui à d’anciens amis. Ces connards-là, on ne sait pas toujours ce qu’ils trafiquent. Si ça se trouve, ils essayent de coller un crime sur le dos de Miles parce qu’il ferait un coupable idéal dans l’affaire ou quelque chose comme ça. Nate ne leur fait pas confiance, même des années plus tard à jouer les citoyens modèles. « Pas grand-chose. Ils voulaient savoir pourquoi t’étais revenu de... Seattle, c’est ça ? Si on était encore en contact, si j’avais des infos sur ta vie actuelle, ce genre de choses. J’ai dit qu’on se parlait plus. Que je savais rien. Qu’ils avaient pas le droit de m’interroger sur des trucs qu’on avait fait quand on était mineurs. La routine. » Même si, cette fois, c’était vrai. Il n’avait pas vraiment menti : il n’avait aucune idée de ce à quoi Miles pouvait occuper ses journées en ce moment. Et puis, il connaît ses droits. Le dossier de leur arrestation quand ils étaient mineurs ne devrait pas pouvoir être réouvert à tort et à travers par des flics un peu trop curieux.

Mais peut-être que ça a été autorisé par un juge ? Peut-être qu’il y a vraiment une nouvelle affaire sérieuse qui concerne Milo ? Putain mais qu’est-ce qu’il a bien pou foutre comme connerie ?! « Putain de merde, dis-moi que c’est pas vrai… », il souffle en se laissant tomber sur sa chaise, confirmant les soupçons de Nate quant au fait qu’il y a vraiment quelque chose de grave qui se joue quelque part. « Eh bah, merci de m’avoir prévenu… Mais putain, sérieux, Nate ? Il a fallu que t’aies peur que je finisse en taule pour que tu me causes ? Parce que si c’est ça, laisse-moi te dire que t’façon, t’arrives trop tard. » Il manque de s’étrangler avec sa bière. Pardon ?! Quand est-ce qu’il a bien pu finir en prison ? Il s’en veut de ne pas le savoir. Il leur arrivait souvent, d’en parler, quand ils étaient amis, de la prison. Majoritairement pour se faire peur, comme les ados peuvent le faire parfois. Mais aussi pour rire, pour se faire mousser, en imaginant qu’ils deviendraient les caïds de la prison, à deux. Parce que, ouais, s’ils plongeaient, ce serait à deux non ? Mais, bien sûr, ils ne faisaient rien d’assez grave pour que la prison soit vraiment une option. Ce n’était que des jeux de gamins. « Attend, tu peux me répéter ça ? T’as été en taule ? What the fuck, Milo ? » Il culpabilise, ouais, de pas avoir été là à ce moment-là. Mais d’un autre côté, ça lui prouve qu’il avait raison de couper les ponts. Il se voyait mal dire à son mec qu’il allait passer l’après-midi avec des potes et prendre tout droit le chemin de la prison pour le faire.

Il boit une gorgée de sa bière. Il ferait peut-être mieux de la terminer et de se barrer maintenant. Après tout, ils ne sont plus amis. Ce serait bête de prendre des risques. Il ne sait toujours pas ce qu’il peut le faire flipper dans cette situation. Pourquoi il a été en taule, pourquoi les flics pourraient vouloir essayer de l’y renvoyer. D’un autre côté, il n’a pas envie de le laisser seul en détresse. Et le Milo qu’il connaît ne pourrait pas faire quelque chose de vraiment grave. D’illégal, oui, mais d’immoral, non. « Mec, si j’avais pu faire quoi que ce soit pour que tu finisses pas en taule, je l’aurais fait. Mais c’est aussi exactement pour ça que je suis parti. Je pouvais pas embarquer mon mec là-dedans. » Ça lui paraît incroyablement égoïste et c’est pour ça qu’il ne lui en jamais parlé avant. Il avait trop honte. Sans remettre sa décision en cause, il la trouvait inavouable. Parce que, ouais, il aurait pu se compromettre pour son pote. Tout tenter pour qu’il ne finisse pas en prison. Foutre sa vie en l’air, pas de soucis. Celle de Gabin ? Impensable. « Merde, tu peux pas me dire que j’avais tort quand même 10 ans plus tard, les flics viennent encore me trouver ! Dans quoi t’es fourré ? Je pense que j’ai le droit de savoir, non ? » Qu’il soit au moins sûr de ne rien risquer. Même si, la vérité c’est que son inquiétude est beaucoup moins égoïste que ça. Parce que, en vérité, moins il en sait, mieux c’est pour lui. Non, il veut vraiment savoir parce qu’il veut évaluer l’étendue des dégâts, parce qu’il s’en fait pour lui. Même s’ils ne sont plus amis.

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Message Sujet: Re: dix leurres (miles)   dix leurres (miles) Empty Jeu 7 Fév - 2:10




DIX LEURRES


Milo se sentait progressivement gagné par un sentiment des plus contradictoires au fur et à mesure que s’écoulaient les minutes en présence de Nate. La présence de celui qu’il avait autrefois considéré comme l’un de ses amis les plus proches était à la fois familière et profondément étrangère. L’homme qu’il avait en face de lui ressemblait en tout point au Nate qu’il avait côtoyé autrefois, tant physiquement que dans sa manière de s’exprimer. Mais il avait l’impression étrange mais tenace que la ressemblance s’arrêtait là – car le Nate qu’il avait si bien connu ne l’aurait jamais regardé avec cette nette pointe de réticence dans les yeux. Milo se sentait passé au crible et ne pouvait se départir de cette sensation que Nate jugeait chacun de ses gestes et paroles. Quand bien même Milo avait été, en acceptant de rencontrer Nate dans ce qui avait autrefois été leur endroit à tous les deux, en position de force au moment de son arrivée, il avait désormais l’impression d’être soumis à une évaluation aux conclusions des plus déplaisantes. Le regard par moments désapprobateur de Nate n’avait pas échappé à son ancien acolyte, dont le visage se faisait de plus en plus fermé. Face à sa réaction régie par une inquiétude sur le point de se muer en panique, l’ancien Nate se serait fendu d’une blague plus ou moins grossière et d’une tape rassurante dans son dos. Mais pas ce Nate-ci – lui se contentait de cet air désagréablement surpris. Et ça, jamais Milo ne l’aurait vu venir.

Aux explications de Nate, il ne répondit rien, se contentant d’un bref hochement de tête lorsque son interlocuteur mentionna la ville où il avait passé les dernières années. Pendant quelques instants, il tenta de trouver une explication logique au retour des flics dans sa vie. Lorsqu’il réalisa que la seule raison pour laquelle ils pouvaient en avoir après lui était cette satanée affaire qui lui avait valu quelques semaines d’emprisonnement et un procès des plus pénibles, il céda, l’espace de quelques instants, à un début de panique. Et, aussitôt qu’il eut prononcé ses paroles suivantes, il regretta de ne pas avoir tourné sa langue sept fois dans sa bouche avant de l’ouvrir. La mine sceptique de Nate s’effaça au profit d’un air estomaqué, et, l’espace du seconde, Milo crut qu’il allait se ramasser un brouillard de bière en plein visage. La réponse de Nate et son expression choquée soutirèrent à Milo une grimace à mi-chemin entre l’agacement et l’embarras. Il n’avait pas envie de se justifier. Si Nate ne l’avait pas expulsé sans cérémonie de sa vie, il n’aurait d’ailleurs pas eu à le faire. Il tenta de dissimuler son impatience et se contenta de préciser, d’un ton un peu plus sec qu’il ne l’aurait voulu : « J’ai été acquitté. » Bien entendu, il ne précisa pas que la seule raison pour laquelle il avait été innocenté était que le rapport d’autopsie de l’homme dont on lui reprochait la mort avait été falsifié. L’idée que Nate le prenne pour un meurtrier ne le séduisait que moyennement, d’autant plus que Milo lui-même ne se considérait pas comme tel – s’il avait effectivement vendu, et ce dans la plus grande illégalité, les cachets décisifs dans le décès du pauvre malheureux, il ne se tenait nullement pour responsable de son suicide. Mais ça, bien entendu, Nate ne pouvait pas le deviner.

Lorsque celui-ci commença à justifier son comportement en se servant de l’arrestation qui avait eu lieu plus de six ans après qu’il avait coupé les ponts, Milo leva les yeux au ciel, l’ombre d’un rictus étirant ses lèvres pleines. Il eut envie d’éclater d’un rire sans joie à l’entente des paroles de Nate – d’une part parce qu’il semblait penser que s’il était resté dans la vie de Milo, il aurait pu lui éviter les ennuis, alors que c’était précisément ça qu’ils attiraient à l’époque où ils étaient inséparables ; et, d’autre part, parce qu’il était presque outré devant la façon dont Nate retournait la situation et semblait se féliciter d’avoir agi comme il l’avait fait. Toutefois, l’expression cynique de Miles fit place à une mine surprise, voire désarçonnée, à l’entente de la conclusion de Nate. Arquant un sourcil, il ne releva que celle-ci, laissant par conséquent de côté les dizaines de remarques acerbes qui lui avaient démangé la langue au cours des dernières secondes : « Ton mec ? Qu’est-ce que ton mec vient faire là-dedans ? » Pour le coup, il était complètement perdu. Jamais il n’avait été question d’un mec – à vrai dire, il n’avait pas été question de quoi que ce soit dans la mesure où Nate avait coupé les ponts sans la moindre explication. Et Milo était trop désarçonné pour relier les points qui lui permettraient enfin de répondre à la question qu’il s’était posée pendant des années, dès la première fois où Nate lui avait offert pour seule réponse le message d’accueil de sa boîte vocale.

La surprise ne tarda toutefois pas à faire place à l’agacement, qui fit son retour avec encore plus de force que quelques minutes plus tôt. Milo avait l’impression de se faire gronder, pour ne pas dire, plus franchement, qu’il était carrément en train de se faire gronder par celui qui, autrefois, était son bras droit lorsqu’il s’agissait de faire toutes les conneries possibles et imaginables. Les paroles et l’attitude de Nate suscitaient un sentiment d’embarras chez Miles – et c’était pour le moins remarquable, dans la mesure où, pas une seule fois, il avait éprouvé une réelle honte quant à ses activités illégales. Non pas qu’il en fût fier, loin de là. Mais il avait toujours assumé ce qu’il faisait, avec autant de franchise que le lui permettait la prudence qui était de mise dans sa situation. C’est ce dont il tâcha de se rappeler lorsqu’il réalisa qu’il était à deux doigts de baisser les yeux comme un petit enfant pris la main dans le sac – et ce qui lui permit de répondre avec cette contenance calme et arrogante dont il avait le secret. « Le
droit de savoir ? », répéta-t-il, les yeux légèrement plissés. « Non, non, non, mon bon Nathaniel, les personnes à qui je suis redevable, ce sont celles avec qui j’entretiens une relation – et laisse-moi te rappeler que, comme tu viens de le souligner avec beaucoup de fierté, t’as fait en sorte que ce soit absolument plus notre cas. Je te dois que dalle, mon vieux. » Il prit une gorgée de sa bière avant de poursuivre. « Arrête de me regarder comme si j’étais Ted Bundy », lança-t-il toujours avec cet agacement palpable. « J’suis pas serein uniquement parce que moins d’un mois après mon retour, les flics viennent poser des questions sur moi alors que juste avant mon départ, ils faisaient tout pour me faire croupir en taule jusqu’à la fin de mes jours. Et vu que ça a l’air de te démanger depuis que j’suis arrivé mais que t’as visiblement pas les couilles de poser clairement la question, ouais, j’ai pas les activités les plus légales du monde. Mais je balance pas des cadavres découpés en morceaux dans l’East River, putain ! »



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Message Sujet: Re: dix leurres (miles)   dix leurres (miles) Empty Sam 25 Mai - 14:19


C’est étrange, de se retrouver devant Milo après toutes ses années. Surtout dans ce contexte, d’apprendre qu’il avait fait de la taule. Même s’il a été acquitté, comme il le souligne, ce n’est quand même pas rien, de faire de la taule. Le danger planait au-dessus de leurs têtes quand ils étaient ado mais il n’était pas réel, juste de quoi leur donner un peu plus d’adrénaline, juste de quoi faire les mecs qui n’avaient peur de rien. Les vrais durs. Nate est partagé entre plusieurs émotions complexes. Bien sûr qu’il lui a manqué et, le voir comme ça, autour d’une bière, presque comme si de rien était ça lui donne un peu envie de revenir en arrière, de recommencer à faire les quatre cent coup avec lui, à cette époque où il n’avait rien à perdre. Ça lui manque encore souvent, l’amitié qu’ils partageaient. Mais il a toujours su que Miles était du genre à se retrouver dans tous des coups fourrés. Ça faisait partie de ce qui lui plaisait chez lui mais c’est aussi pour ça qu’il a coupé les ponts avec lui si brusquement. Tout d’un coup c’était fini les conneries, il avait une vraie raison de vivre. Un mec. Un mec un peu fragile à l’époque qu’il aurait voulu protéger de tout, pour lequel il aurait bien construit un monde magique dans lequel la violence n’existait pas comme Merlin offrit le lac à la fée Viviane.

Et les décisions radicales, ça lui connaît à Nate. C’est sûrement son pire défaut. Couper les ponts tout d’un coup, imposer ses choix aux autres. Comme il a viré Milo de sa vie. Et comme il est parti quatre ans en Allemagne. Sur un coup de tête, sans laisser de chance à personne de s’y opposer. « Ton mec ? Qu’est-ce que ton mec vient faire là-dedans ? », s’exclame son ancien ami, à qui Nate n’en a même pas parlé. Ça ne servait à rien, la décision était prise. Peut-être qu’il était trop naïf à l’époque, trop jeune. Il ne voulait rien laisser au hasard, pas laisser le moindre truc louche s’approcher de son mec. Il a été con. « C’est compliqué. Il a été agressé, ça a pas été facile. » J’avais super peur pour lui, il aurait rajouté si le moment était plus propices aux émotions. Mais il n’est pas sûr que Miles aie envie d’entendre cette histoire maintenant. Pas sûr qu’il ait envie de l’entendre un jour. Au vu de son attitude, il semble de plus en plus clair qu’ils n’ont plus rien à faire ensemble. Et ça le blesse, Nate, plus qu’il ne l’aurait cru.

Parce qu’il ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter pour lui, il lui dit qu’il a le droit de savoir. De savoir dans quoi il s’est fourré. Peut-être que ça lui donnera une idée sur comment l’aider, pour se rattraper de toutes ces années. Au pire, ça lui dira au moins s’il doit continuer à s’attendre de voir les flics débarquer à tout moment chez lui. A partir du moment où chez lui il y a de plus en plus souvent son petit neveu de quatre ans, il faudrait quand même qu’il puisse prévoir, non ? Miles a l’air un peu perdu un moment avant que son regard ne se durcisse encore bien plus qu’avant. Il est remonté contre Nate, ça se voit tout de suite. « Le droit de savoir ? Non, non, non, mon bon Nathaniel, les personnes à qui je suis redevable, ce sont celles avec qui j’entretiens une relation – et laisse-moi te rappeler que, comme tu viens de le souligner avec beaucoup de fierté, t’as fait en sorte que ce soit absolument plus notre cas. Je te dois que dalle, mon vieux. » Il a bien trop raison à son goût. Ils n’ont plus de relation, c’est vrai. Mais s’il n’y avait plus rien entre eux, il n’aurait pas répondu à son message, si ? Il ne le savait pas, Miles, que c’était de la police que Nate voulait lui parler. Alors ça doit bien vouloir dire quelque chose, qu’ils se retrouvent aujourd’hui l’un en face de l’autre, après bien dix ans d’absence.

« Arrête de me regarder comme si j’étais Ted Bundy. J’suis pas serein uniquement parce que moins d’un mois après mon retour, les flics viennent poser des questions sur moi alors que juste avant mon départ, ils faisaient tout pour me faire croupir en taule jusqu’à la fin de mes jours. Et vu que ça a l’air de te démanger depuis que j’suis arrivé mais que t’as visiblement pas les couilles de poser clairement la question, ouais, j’ai pas les activités les plus légales du monde. Mais je balance pas des cadavres découpés en morceaux dans l’East River, putain ! » Nate soutiens son regard, essaye même de fouiller ses yeux pour sonder à quel point il lui en veut vraiment. Il reste un peu interdit, voudrait poser des questions. Savoir ce que c’est, ces activités pas très légales. Potentiellement pas grand-chose. C’est vrai qu’il ne le croit pas réellement capable de jeter des cadavres dans l’East River.

Mais il ne peut pas vraiment dire qu’il ne connaît trop bien et qu’il sait qu’il en est incapable. Parce qu’il le connaissait trop bien. On change en dix ans, on change vachement. Non ? « Ok ok, je te crois. Excuse-moi de m’inquiéter. » Il fronce un peu les sourcils. C’est pas le meilleur du monde avec les sentiments au final, Nate, et il ne sait pas comment lui dire qu’il lui a manqué. Sûrement n’en a-t-il tout simplement pas le droit. L’histoire de sa vie, il fait du mal aux gens et il le regrette. « Je sais que t’es pas capable de faire des trucs aussi graves que ça. Mais de la taule, Miles, c’est pas commun non plus. » Sauf que si, c’est commun, pour ses anciens amis, pour les gamins des rues avec lesquels il trainait avant. Y en a sûrement plus d’un qui a passé quelques jours en cabane. Juste de quoi dorer le blason. « J’ai eu peur, c’est tout. Parce que c’est pas comme si j’étais capable de te balancer aux flics, mon vieux. Même si t’étais vraiment Ted Bundy. Alors, je sais pas, je voulais savoir à quoi m’attendre. Mais je comprendrais si tu voulais que je dégage. Maintenant que t’es prévenu, on a peut-être plus rien à faire ensemble. » Il hausse les épaules, crains un peu que Milo ne le confirme. Non, on n’a plus rien à faire ensemble. « Juste, je sais pas. Je suis content de t’avoir revu. Je me demande ce que tu deviens. J’ai pas été cool, je sais. » Il le regarde, cherche un signe qu’il y a peut-être une amitié qu peut redémarrer entre eux. Ou pas. Dans tous les cas, ça lui aura fait du bien de le revoir. Le vertige du passé. Tout était pas si pourri que ça, dans sa vie avant de rencontrer Gabin, y avait Milo, au moins. Et c’est pas juste de lui avoir tourné le dos comme ça.
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