Qu'il le donne à d'autres
le paradis
j'en n'en voudrais pas.
Il était assis. Au milieu des debris. Au milieu des cendres de leurs passé. Pas de réaction. Un souffle continue qui passe à travers sa bouche. Seul indication qu'il est encore en vie. Malgré tout ça. Malgré qu'elle soit morte. Sa vie. Son tout. Les debris tombe encore au dessus de sa tête. Il pense à ce film où le mec brûle son propre appartement. Il pense à ce type insomniaque qui a ouvert le gaz pour laisser tout cramer. Et il comprend pas pourquoi le type à fait ça. En dehors du rejet matérialiste y'a des souvenirs, des photos, des histoires à raconter à leur futur avec un sourire aux lèvres et non un grimace de douleur. Il revoit Jean qui passe la porte pour la première fois de leur appartement. Qui éclate en sanglot en criant qu'elle est heureuse. Puis Le mouvement des mains ganté qui recouvre délicatement sa tête d'un drap blanc.
Il reste assis. A contempler le chaos. On s'pose derrière lui. Deux grandes bottes en cuir. On le relève. Il s'laisse porter. Il s'laisse guider. Il a l'impression qu'aucun de ses pas ne touchent véritablement le sol. Et on l'conduit dans une salle. Comme s'ils s'étaient tous téléporté. On l'assoit. Lui sert un gobelet, et les néons lui font palpiter sa tempe droite.
Nous sommes vraiment desolé pour....Oui ça doit être pas facile.Il réagit pas. Il ne les regarde toujours pas. Son regard est perdu dans la salle. Il a l'impression d'être mort lui aussi. D'être une marionnette qu'on trimbale, qu'on sort pour jouer.
Nous avons quelques questions à vous poser Monsieur....monsieur Masson c'est ça ?Oui. Machinalement. Sans effort. Sans aucun ton de voix. Oui c'est ça.
Vous étiez en voyage d'affaires au Texas c'est correct ?Oui. A 3h14. Madame Masson entre dans votre appartement. Elle …Non. Il se réveille. Les regarde enfin. Comme s'il venait de comprendre quelque chose. Et un drôle de sourire tombe sur son visage. Il aurait pu rire. Il allait rire tellement la situation était dramatique. Un mauvais télé film.
Non. On aller se marier. On a pas eu le temps. Pas madame Masson. Nichols. Nichols son nom. Et ils s'jettent des regards entre eux. Ils comprennent pas trop la réaction du gars. Du gars qui s'apprête à rire en repensant à tout ça.
Pardon. Madame Nichols ? C'est ça.Oui. Oui c'est ça. Jean nichols s'installe sur son canapé à 3h14. Elle écrit deux trois lettres puis allume le gaz. Laisse passer quelques longues minutes puis s'allume une cigarette et...Non. Jean ne fumait pas. Regard croisé.
Monsieur Masson. Nous avons retrouvé plusieurs paquets. Et le filtre sur la scène de … Et l'autre perd patience. Il est presque cinq heure. Il est fatigué. Sa femme l'attend lui. Sa femme et son fils et leurs chiens. Et il a enregistré le match hier. Alors oui. Il perd patience.
Votre fiancée s'est suicidé monsieur Masson. D'après le médecin légiste...écoutez on a retrouvé des traces d'une quantité d'anti dépresseur trop élevé et pour ce qui est de votre appartement il ne s'est pas flambé tout seul...Silence.
Il ne les regarde pas. Il ne bouge pas. Il ricane un petit peu. Cette situation est juste impensable. Il se dit qu'il y a sûrement une caméra. Se dit que Jean n'a jamais pris d'anti depresseur. Qu'elle était très heureuse. Qu'elle était très....
La chaise tombe. Les flics tentent de reculer. Il fonce sur eux, le stylo a la main. Il fonce sur le premier et tente de l'étrangler.
Piqure et il tombe. Il voit les néons. Il ferme les yeux. Les muscles se detendent. Fais de beaux rêve.
Jeune trader au grand rêve. Jeune bourgeois à qui tout réussit. Se pavanant fièrement dans Wall Street avec son grand frère. Costumes bien repassé. Sourire colgate. Cheveux gominé. Les téléphones sonnent et les billets pleuvent. Ils se partagent tout. Ils enchaînent les
high-five complices. Se disent que le monde leur appartient. L'un rentre chez lui auprès de sa fiancée. L'autre en compagnie de professionnelle. Ils vivent
l'american-dream. Pensent à leurs parents heureux en mariage, à leurs richesse familiale. Ils sont la famille Masson. Exemplaire. Parfaite. Ils lâchent quelques pièces aux sans abris pour bonne conscience, gardant aux chauds leurs centaines de dollars dans leurs portefeuilles. Jean et Liam couple parfait. Harry, grand frère radieux, se dit lui même que toutes femmes rêverait de l'épouser. Prétentieuse fratrie. Vivant pour l'argent. Liam suit, Liam aime. Liam s'applique à garder ce rythme de vie. Ne pense pas. Il vit et dort Wall street. Il imite son frère comme s'il suivait un code de règle.
Liam avance dans les rues du Queens. Il tangue, traverse les routes esquivant de peu les voitures. Il est saoul. Il hurle sur les passants. Sur les jeunes couples. Il se fait tabasser devant une boite quand il tente d'embrasser une jolie blonde qui lui rappelle sa défunte fiancée. Il erre aussi dans Wall street, comme avant. Il s'dit qu'il pourrait tout brûler. Comme elle. Brûler la ville entière. Un énorme incendie. Et il dégueule. Il dégueule tout ce qu'il a bu. Pas son repas. Que du liquide car il ne mange plus. Il boit à ne plus jamais en avoir soif. Il rentre chez lui. Dans son appartement minable récupéré avec les restes de sa fortune. Fortune distribué dans des associations. Thunes qui ne servirait plus de toute façon. Liam dégueule sur son canapé, passe un jet d'eau glacé sur sa tête et se met à chialer. Il n'a plus rien en lui. Plus aucune force. Il cicatrice ses plaies, appuie un coton d'eau froide sur son coquard. Il écoute les messages sur son répondeur. Son frère. Sa mère. Son père. Ses tantes. Tous lui demandent comment il va. Lui demande s'il veut un travail. Tante Melinda lui parle d'une femme qui cherche un mari. Pour pas perdre les économies du mariage...pour pas perdre un centime. Harry lui dit de se ressaisir, de revenir et de travailler, ça lui changerait les idées. Madame Masson lui dit qu'il pourrait au moins leur répondre, qu'ils s’inquiètent tous pour lui. Qu'il pourrait au moins leur dire où il habite maintenant.
Il appuie pour effacer toutes ses conneries. Se dit qu'il pourrait prendre un chat. Ou un chien. Et sort un whisky pas frais. Pas de verre. Juste la bouteille. Et il s'endort avec, devant une série policière.
Et le lendemain il fera pareil.
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