kind heart, fierce mind, brave spirit (dee)

identité complète / donovan un patronyme bien connu des langues de vipères locales, de l'acide des petits racontars. famille de classe moyenne sans histoire, père instituteur et jovial, adoré de ses classes successives, mère sublime, reine de beauté déchue après le lycée, caissière insatisfaite déversant toutes ses ambitions déçues sur sa fille unique. une famille jolie de l'extérieur, soudée, avec comme ciment un couple ensemble depuis le bal du lycée. peter donovan, depuis toujours, n'avait d'yeux que pour rosie hamper, la plus jolie cheerleader du lycée, qui rêvait d'un ailleurs grandiose et détestait les rustres de l'équipe de foot. ils se sont aimés, désinhibés par l'alcool et se sont brisés, en apprenant la grossesse accidentelle de rosie, qui détruisit ses rêves et jeta l'opprobre sur sa réputation, sa sacro-sainte popularité. mais l'amour triomphera, qu'ils pensaient. cordelia est arrivée, papa a étudié très dur et maman a appris à se satisfaire d'une vie bien loin de ses aspirations. qu'ils croyaient. parce que finalement, maman est partie, enlevée par un homme d'affaires de passage, perdu dans la désolation la plus totale d'un village figé dans le temps. elle a saisi sa chance d'une vie meilleure, abandonnant sa famille sans se retourner, en laissant pour seul au revoir une lettre gondolée, constellée des larmes qui ont coulées sur le papier. les siennes, sans doute, celles de papa et puis celles de delia, la môme qui ne comprenait pas ce tragique abandon, la disparition la plus totale de ce fantôme qui hantait toujours les murs de son parfum, de ses vêtements, de ces éclats d'elle abandonnés derrière. donovan n'est pas un nom qui chante à hoxie. il y a eu maman, la pute enceinte à seize ans, papa l'alcoolique, papa le dépressif, papa le suicidaire. papa l'handicapé. et puis après, dans un cercle vicieux, c'est dee qu'on traita de salope dans cette ville nauséabonde. comme sa mère. elle aussi, elle est partie : mais sans abandonner personne derrière. surtout pas. jamais. cordelia. avec un tel prénom au goût de sud, elle aurait dû être une princesse, la fragilité au bord des lèvres et la délicatesse soyeuse comme unique halo. elle aurait dû être de ces enfants modèles dont on rêve, douces et câlines, souriantes et dévouées. mais derrière la tendresse de son patronyme suranné, dee est plus proche de la tragédie shakespearienne que de la parfaite fille à marier qu'imaginait rosie. elle, elle rêvait d'une publicité stakhanoviste pour la grandeur de l'amérique, d'une enfant chérie blonde aux yeux clairs et aux joues rosies par le soleil. elle rêvait de jolies robes immaculées et d'atours précieux, d'un écrin de perfection pour absoudre ses péchés d'une grossesse à seize ans. et dee, loin de la toile de maître, elle fut le brouillon, la gamine sauvage, la luciole au fond des nuit impossible à mettre en cage. à restreindre. lieu de naissance et origines / hoxie, arkansas. bled insipide de moins de deux mille habitants, connu pour abriter ce que les états unis produisent de pire : de pauvres zombies à foison, des oubliés du système aux idées nauséabondes. à hoxie, par défaut on est anti-tout, et surtout tout ce qui n'est pas blanc, masculin et hétérosexuel. ce dépotoir est, selon delia, là où les rêves viennent pour mourir. un grand cimetière à l'air libre dans une nature jolie, mais insuffisante. nulles grandes merveilles là-bas, pas de parc national à tomber à genoux devant la beauté du monde, rien de transcendant, juste des arbres à perte de vue et quelques lacs glacés où préparer un feu de camp, un grand brasier pour réchauffer l'âme. hoxie est une cage rouillée, éloignée de tout, perdue au bord d'un chemin de fer désuet. mais ici n'existent pas que les ténèbres de l'obscurantisme et la détresse éternelle d'un état qui n'a pas bougé depuis la glorieuse époque des belles du sud. parce qu'il y a eux, les meilleurs amis, la famille de coeur, celle qu'on choisit et chérit au lieu de la subir. il y a isaac et (uc), les éternels meilleurs amis, ceux qui se sont enracinés si loin dans son palpitant qu'ils y prennent toute la place, et leur ancien appartement okayish au-dessus des néons roses de l'unique diner de la ville. il y a eux ici, déracinés volontaires, prêts à saisir leur chance et à dévorer la frénésie new yorkaise. études ou métier / dee, elle aurait souhaité étudier. la dramaturgie, la littérature, la philosophie. ou alors, elle aurait aimé suivre des cours de comédie pour prétendre à une carrière d'actrice. sur les planches de préférence, à hollywood peut-être. ou broadway, elle n'a jamais su. mais ça n'a jamais été envisageable, seulement du domaine du songe quand les paupières se font lourdes : dee, elle devait subvenir aux besoins du foyer, s'occuper de papa, travailler et le surveiller du coin de l'oeil pour le maintenir en vie faute de parvenir à lui faire goûter à nouveau au bonheur. alors delia a rangé sagement ses rêves dans un recoin de son âme, sous un tapis poussiéreux, et a continué à servir des pancakes trop gras dans le diner en bas de chez elle, là où isaac travaillait aussi. et quatre soirs par semaine, c'est le vieux mo qui l'employait derrière le comptoir, davantage pour lui tendre une main amie que par réel besoin. dee, elle aimait bien servir des pintes ultrapleines, offrir des tournées générales, écouter les peines de coeur des ivrognes et raccommoder les egos en se laissant séduire pour quelques heures. ce n'est pas la vie dont elle rêvait, ce n'est pas ce qu'elle ressentait lorsqu'elle jouait un rôle tragique qui la prenait aux tripes, lorsqu'elle s'envolait sur un trapèze mais ce n'était ni compliqué, ni contraignant, lui laissant le loisir de consacrer toute son énergie à sa famille. papa, qui refusait sa joie de vivre contagieuse, et puis surtout ses amis les plus prodigieux. ici, elle s'enferme dans le même schéma, faute de réaliser son rêve. le sien s'est brisé à peine un pied posé sur le macadam : aucune école d'art dramatique pour elle, pas une. elle a raté ses auditions, encore entravée de la mort du père, ou n'a pas eu les moyens de payer ou bien il lui manquait quelque chose pour atteindre le graal de broadway. dee sait jouer, dee sait danser mais a le chant en horreur et la voix trop rocailleuse pour s'élever de façon mélodieuse. alors elle a ramassé ses espoirs éclatés sur un trottoir et vit dans le queens comme à hoxie : partage son temps libre entre ses meilleurs amis et sa petite troupe de théâtre amateur qui ne paye pas de mine mais pour laquelle elle donne tout, et travaille à nouveau comme serveuse dans un bar de quartier qui ne paye pas de mine, là où personne ne s'épuise à commander des cocktails compliqués. elle aimerait dire que ça lui va delia, elle aimerait l'affirmer et le croire mais elle n'a pas tout quitté pour construire ailleurs cette même existence sans grandeur. dee, elle vit plus, elle aspire à plus, elle rêve de briller, de brûler sur les planches et new york qu'elle a tant rêvé ressemble à un premier chagrin d'amour. douloureux. orientation sexuelle / hétérosexuelle. dee, elle adore les nanas. elle adore les observer de loin, détailler leurs courbes gracieuses et leurs visages enchanteurs et complexer, parfois, souvent, de tout ce qu'elle n'est pas. elle adore se mêler à elles, les écouter, leur parler, les aimer aussi, d'une façon tout à fait platonique. delia, elle aurait pu aimer embrasser les lèvres sucrées et caresser les peaux parfumées mais elle n'a jamais eu besoin de se poser la question : il n'y a que les hommes, pour faire battre le désir au creux de ses veines. elle n'est pas fermée pourtant, elle dit toujours en plaisantant qu'elle accepte bien volontiers les jolies filles si leurs copains sont de la partie mais il ne faut pas croire tout ce qui s'écoule d'entre ses lèvres : dee, elle n'a parfois que de la gueule et le flirt est chez elle si organique qu'il ose même se parer de second degré. statut civil / (éternelle) célibataire. dee, elle ne fait pas dans les relations de couple, les sérieuses, les suivies. ça la terrorise, la gosse qui préfère avancer dans la vie les yeux clos, à tâtons, du papier-bulle autour du coeur. delia qui n'a peur de rien, delia qui se jette dans le vide et a toujours suivi les garçons dans leurs bêtises, même enfant, elle a désastreusement peur du spectre des sentiments. elle a peur de souffrir, d'avoir mal, elle a surtout peur de l'abandon, ce poison qui a déjà trop corrodé ses veines, fantôme d'une maman partie trop tôt et d'un père dépassé, trop triste pour l'aimer tout à fait. au gré des épreuves la môme intrépide a développé, en grandissant, sa propre idée du croque-mitaine en le fondant dans son palpitant qu'elle imagine carnivore, un coeur qui voudrait trop, qui demanderait trop et finirait immanquablement abandonné, en souffrance, à l'abandon, d'une douleur qu'elle n'est pas certaine de supporter. alors elle le bâillonne et s'illusionne en amours éphémères. delia qui a peur de la solitude se perd souvent entre des draps, entre des bras, elle donne tout et ne demande rien, ronronne contre les jambes et se fait fuyante comme l'eau vive si l'on cherche à l'encager, à lui promettre des lendemains qui chantent. dee et sa désinvolture, dee et son insouciance, dee et sa séduction facile, absolue, organique, dee qui dit rarement non mais toujours oui devient méfiante dès que la décadence des corps laisse place aux chants des palpitants. l'amour, le vrai, le puissant et le tragique, elle ne l'aime qu'au sein des drames romantiques dont elle se nourrit, dans les rôles qu'elle habite par procuration, sur les planches. delia se préfère sur la berge, à regarder l'orage des sentiments déçus, des amours bafoués, gronder loin d'elle. elle, elle a l'âme libertine ou du moins, elle aime s'imaginer ainsi, dans un fantasme assumé. mais la réalité est plus nuancée et au fond d'elle, delia, elle aurait juste besoin qu'on l'aime et qu'on lui promette de ne pas partir, jamais. mais qui peut s'assurer d'aimer toujours ? alors l'amour qu'elle n'offre pas, pas comme ça, elle ne le confie qu'à ses amis de toujours, ses âmes soeurs, dans une confusion des sentiments qui n'a jamais fini d'épuiser les commères d'hoxie. pi, scénario ou prélien / pi.

traits de caractère / pétillante, spontanée, exaltante, libre (qu'elle pense), craintive des sentiments, craintive tout court derrière ses allures de tête brûlée, inconstante, sarcastique, impatiente, brûlante, attachante, éternelle insecure en proie aux doutes, difficile à suivre, souvent illogique, énigmatique derrière une faculté à se livrer pour se dissimuler, féline, effrontée, frondeuse, lascive, indisciplinée, fuyante lorsqu'elle se sent dépassée, émotive qui se cache derrière un faux détachement, nonchalante, dispersée, maligne à défaut d'être brillante, généreuse, loyale en amitié, mesure rarement la portée de ses actes, égoïste qui s'ignore, égocentrique aveugle ayant besoin d'attention pour s'épanouir, pour exister, needy avec ses amis mais l'inverse le plus absolu avec ceux qu'elle invite entre ses draps, impulsive et irréfléchie, solaire sauf lorsque le poids du deuil l'écrase, généralement positive et de bonne compagnie, désastreusement théâtrale, un poil tragédienne.

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