this is the start of something new. (andreanis)

il rechignait à sortir le moindre billet. tout cet argent qui lui était tombé dessus le dégoûtait. il avait mis quelques mois à prendre conscience qu'il fallait qu'il fasse quelque chose. edoardo avait déjà versé une grosse partie à une fondation à son nom à elle. puis, il était devenu évident qu'il devait quitter leur appartement. le deuil devait prendre fin, passer à autre chose devenait nécessaire. on lui répétait, les collègues, les amis. on lui disait que ce n'était pas normal de se morfondre comme ça à son âge, qu'il avait tout le temps de refaire sa vie. tu parles, regarde toi edoardo, elles doivent se bousculer au portillon. mais tout ce qui l'inquiétait vraiment c'était de savoir comme emballer ses effets personnels. il y avait des tas de choses auxquelles il tenait trop. alors, il les emballa soigneusement dans des cartons annotés à son nom. et il y avait toutes ces choses auxquelles elle tenait particulièrement. il décida de constituer un carton qu'il donnerait à ses parents. comme gage de ses bonnes intentions. jongler avec ses parents, avec leurs émotions. voilà finalement le véritable fardeau qu'elle lui avait laissé. le nouvel appartement était plus petit, mais ça lui convenait. edoardo avait consenti à payer des déménageurs qui s'étaient chargé de monter quelques gros meubles. quant au reste, il avait fait appel à la meilleure des équipes. il prit le temps d'embrasser ses sœurs chacune leur tour. soucieux comme toujours de leur offrir assez d'amour à chacune. j'avais besoin d'un regard féminin et je vous promets qu'il y a une récompense à la fin. dit-il en tirant gentiment gaia et tehani. il fit en grand geste de bras pour désigner le salon - qui n'en était pas encore vraiment un, encombré par les cartons. ça comptait qu'elles prennent part à l'emménagement, c'était un peu leur nouvelle maison à elles aussi. je vous sers à boire avant? vous avez des choses à me raconter? demanda-t-il, tout émoustillé par sa journée avec la tribu. ça comptait ça, ce qu'ils avaient dans la fratrie andreani. il pourrait se contenter de ça. de s'assurer que ses sœurs ne manquaient de rien, qu'elles étaient heureuses. il leur devait beaucoup, en particulier maintenant qu'il avait émergé de la torpeur qui l'enveloppait depuis sa disparition. elle était toujours là, comme une ombre qui planait au-dessus de lui. mais quand il retrouvait son équipe de jolies brunes, il se sentait étrangement complet.

Une douleur intense qui vient à tortiller tout ton être, ton esprit. T’es dans le mal petit cœur, t’es pas bien. Il est de retour, et les souvenirs avec. Facile de continuer de sourire alors que chaque effort que tu mets à offrir un rictus te tue, laisse des coups s’abattre sur ton âme, ton cœur. Tu ne donnes pas cher de tes entrailles. Ils prennent  cher ces pauvres petits. D. de retour, ce n’est pas une chose que tu aurais voulu, mais il est de retour, il a pris le soin de bien te le faire savoir. Marchant sur tes plates-bandes. Puis ton boulot par forcément très légal te force à le faire avec lui. Tu ne  l’as pas revu depuis la dernière fois, heureusement. Il faut blinde ton cœur et tu ne sais pas encore comment faire. Personne ne sait vraiment votre histoire, ta sœur le sait, mais t’en parle pas, tu ne veux pas y penser. Tu ne veux plus jamais revivre cette douleur immense de ressentir la perte d’un enfant. Une perte que tu as vécue si jeune. Déstabilisant et renversant.

Mais tu souris aujourd’hui, tu le fait, car tu vas aider ton frère, avec tes sœurs, enfin Gaia ne sera que la seule à être présente, les autres ayant des choses à faire, malheureusement. Les Andreani, du moins la fratrie te donne une force immense que personne ne pourrait soupçonner. Tu tiens le coup grâce à leur sourire, grâce à cette force qu’ils te donnent quand tes opales croisent les leurs. Et tu es sûr qu’ils ne s’en rendent même pas compte, mais peu importe, tant que toi tu le sais. Plus proche de ton frère ? Il ne le sait pas que l’épreuve qu’il vit, tu l’as vécu, avec D. , ton gosse jamais venu au monde. Tu le sais que c’est dur mais ton frère est fort, il gère ça de son mieux, les rythmes sont différent dans le deuil, des étapes, des phases à passer. Alors, quand il avait décidé de quitter cet appartement partagé avec celle qui le rendait heureux, la femme de sa vie, tu avais compris.

Alors tu es là, tout sourire, l’écoutant parler de récompense, Gaia qui saute sur cette réplique et toi tu ris. «  J’espère ça vaut le coup, quand même ! »  Que tu lâches suite à la demande de ta grande sœur, un style de dédommagement encore inconnu. Pas d’argent c’était sûr. Tes opales foudroie l’endroit avec douceur, une toile blanche dans la vie de ton frère, une toile qu’il allait pouvoir refaire à force de faire des pas en avant, parfois il reculera, il aura les coups bas, les entrailles qui le tirailleront, mais vous serez là pour lui sans aucun doute. «  Une limonade bien fraiche ? »  Toi tu précises le style de boisson que tu veux, tu aurais pu taper dans de l’alcool, mais en ce moment ton traitement et un petit plus chargé, le soleil était si fort, que les endroits n’étant pas toujours si bien protégé de ses rayons, tu écumais les douleurs, les sueurs froides. «  J’aime cet endroit, pas trop exposé au soleil ! »  T’es une plaie pour ta famille, dés fois tu le pense, car le soleil ruine ta vie comme tu ruines leur vie, laissant le soleil leur échapper. Les rencontres se font la nuit, ou alors tu es couverte comme un diable, un vampire voulant échapper à ces rayons brulant chaque grain de ta peau. «  Ça me fait du bien de passer un moment avec vous ! »  Que tu lâches heureuse, sans savoir vraiment pourquoi ces mots.

c'était un grand pas pour lui. edoardo le faisait vraiment pour son propre bien. il avait de merveilleux souvenirs dans l'appartement qu'il avait partagé avec elle. dans un premier temps, c'est là-bas qu'il avait voulu faire son deuil. un peu isolé, c'est vrai. simple attribut masculin ou nature profonde, il s'était montré pudique sur son chagrin. puis le tapage médiatique autour de l'accident et ensuite les tensions autour de l'héritage avaient fini par le convaincre qu'il valait mieux qu'il se tienne à l'ombre. il pouvait maintenant quitter son cocon, retrouver un semblant de vie normale. avec l'impression d'avoir été amputé, avec la douleur d'un membre fantôme, mais quand même. il attendait le jugement de ses sœurs. gaia et tehani posaient leurs regards experts et à la fois bienveillants sur le nouvel appartement de leur frère. elles avaient l'art de la négociation même si un bon restaurant était d'ores et déjà réservé par le trentenaire depuis que le rendez-vous avait été fixé. vous connaîtrez votre récompense quand je jugerai votre boulot satisfaisant. il dit pour les taquiner. le plus gros du boulot avait été fait par les déménageurs. il s'agissait plutôt de ranger quelques bibelots et accrocher les quelques chemises d'edoardo aux cintres de son nouveau dressing. il avait de toute façon toujours voyagé léger, pas sentimental pour un sou. ça avait été l'occasion de faire le tri. c'est comme si c'était fait! il lança en allant chercher trois verres bien frais dans sa cuisine. il ramena le tout sur un plateau pendant que les deux brunes continuaient de déambuler dans l'appartement. il sourit à gaia, heureux d'avoir son aval. il hocha la tête à la remarque de tehani, prévoyant comme il était, c'était un critère qu'il avait pris en compte même si lui adorait se faire griller au soleil. ça me fait plaisir, il n'était pas très cher. enfin, c'était une occasion. justifia-t-il, il détestait passer pour un flambeur même si cet appartement lui avait coûté une somme qu'il ne s'était jamais permise auparavant. il était content aussi de voir ses sœurs dans un contexte un peu moins larmoyant pour lui. comment ça se passe pour vous? demanda-t-il en poussant les cartons du canapé pour qu'elles puissent s'asseoir. question un peu formelle, mais pour aborder les sujets les plus personnelles, la fratrie andreani avait toujours fait dans la pudeur.

Ça te fait du bien de sourire et de voir ta famille. Ça te fait toujours du bien. Tu t’en rends compte toujours qu’après coup. Sans doute que dans le fond tu es bien trop impliqué dans les affaires du casino, que tu gères bien trop de chose pour oublier ta vie, D. et bien d’autre chose. Que parfois t’en oublierais ta famille, mais que finalement ils sont sans doute ce qui restent de toi de plus beau. Ce qui n’a pas été détruit par la vague que tu es, la tempête tumultueuse que tu laisses agir pour pourrir ta propre vie avec force et agilité. Tu souris à la remarque de Gaia. «  On l’a toujours eu, alors ça ne va pas changer ça !  » Que tu rétorques. Avoir le grand frère à l’usure c’est une chose que vous faites forcement. On ne le dit pas assez souvent, mais les sœurs sont espiègles avec leur frère, de petite peste, mais tout ça dans un amour digne des plus belles familles. Ce qui n’est clairement pas votre cas et pourtant la fratrie que tu as, est soudé. Une limonade fraîche fut ton seule souhait, ta grande sœur avait l’air de vouloir la même chose, alors qu’Edoardo s’attelait à vous servir, tu laissais tes yeux flirter avec l’endroit. Pas de soleil, c’est forcément une chose que tu remarques aisément, tu es obnubilés par ça, faut dire que si tu peux éviter de cuire et de devoir subir des chirurgies ou autre cela arrangeaient bien tes affaires. Carrément même. Tu pinces tes lèvres en souriant au fait que cet endroit soit une occasion, cet endroit est surtout très beau et quelque part il ressemble à ton frère. Tu le vois bien là, même si tu te doutes que rien ne sera si facile. On n’oublie pas et tu es sans doute, malheureusement, l’une de celle bien placé pour le savoir. Chaque jour t’y penses. Tu te morfonds avant de fonce r à nouveau dans la vie, pour être souriante. Puis tu oublies tes sentiments en cultivant le charme, cultivant l’envie folle de frôler de nouveau corps dénudé pour y trouver du plaisir et y oublier les sentiments, les peines qui font bien trop souvent râler ton organe central. Enfin, tu ne penses à rien, ils sont comme un petit nuage d’amour ton frère et tes sœurs te faisant oublier le reste du monde, laissant ton âme se dorloter un moment, comme toujours. Heureuse d’être avec eux, comme toujours. Tu es là, attendant donc que Edoardo réponde à la question que ta sœur vient de poser, toi aussi cette réponse t’intéresses. Puis ton tour. Comment ça se passe dans ta vie ? D. est de retour, il est déjà en train de meurtrir à nouveau ton cœur. Mais, tu ne diras rien. Personne sauf Gaia sait pour l’enfant que tu as porté et perdu. Tu sens encore parfois durant la nuit que tout ça n’était qu’un maudit rêve et tu espères en secret que e soit le cas et que l’enfant promit soit là. Un sourire se fixe sur ton visage. « Je vais bien … toujours un rat de bibliothèque et la nuit de bosse toujours dans ce restaurant chic … j’ai pas à me plaindre. » ne t’aimes pas qu’on s’inquiète pour toi, puis tu n’es pas totalement droite avec eux, et ça te fait chier. Ça te fait enrager que tu ne puisses pas leur dire ce que tu fais vraiment. Mais te mettre autant à nu ça te ferait carrément trop de mal. Tu es là, attendant donc que Edoardo réponde à la question que ta sœur vient de poser, toi aussi cette réponse t’intéresses. «  Et donc toi aussi tu aurais envie de reprendre un nouveau départ ?  » Que tu interroges ta sœur.