(cole) ; close enough to start a war.

01/ Gamin effrayé, recroquevillé sur lui-même dans sa chambre, les doigts dans ses oreilles pour essayer de ne plus entendre les cris de sa mère. Il sait, Cole. Que son père a encore trop bu. Que sa mère lui a tenu tête et qu'elle subit cette colère gratuite. Il n'a pas la force, Cole. De descendre et de se faire entendre. Pauvre gamin impuissant et sans cran. 02/ Le coup de trop. Celui qui l'envoie pendant plusieurs jours à l'hôpital. Il ne quitte pas cette chambre, Cole. Sa main plongée dans la sienne. Elle lui promet. De partir. De prendre toutes leurs affaires et de quitter cet homme. Il acquiesce, n'attend que ça. Il n'y a plus que lui et sa mère maintenant, mais il est heureux. Se croit heureux. 03/ Enfant turbulent. Enfant qui a besoin de sa canaliser. Les poings serrés qui se fracassent contre les visages de ces jeunes. La rage ce lit dans son regard, alors que la demoiselle, apeurée, le supplie d'arrêter. Il doit apprendre, Cole. Il doit se maîtriser. Brochure de l'armée posée sur le coin de son lit, il hésite. Il ne veut pas partir. Il se renseigne et soudain, tout devient clair et limpide. 04/ Crane rasé, uniforme bien trop grand pour ce jeune homme en devenir gringalet. Il a pourtant le regard fixé devant lui, la rage au ventre et l'ambition d'y arriver. Les premiers jours n'ont pas été des plus faciles. Plusieurs fois, il s'est fait mettre à pied. Trop arrogant, incontrôlable. Il a frôlé le renvoi. Deux fois. Ce qui l'a fait rester ? Sa capacité à s'adapter aux pires des situations. Il a l'oeil, Cole. Il est bon, courageux. Le meilleur de sa promotion. 05/ Les balles qui fusent, frôlant son corps et tout son être. Les bombes qui explosent, les gamins et les femmes qui courent pour sauver leur peau. Et puis les moments de répit, entourés de ceux qu'il considère comme sa famille. Bière en main, musique des années 80' qui résonnent dans le camp et les rires qui mettent du baume au coeur. Plusieurs années à vivre ça. Plusieurs années à voir les pires horreurs du monde. Plusieurs années à voir ses amis, un à un, partir. 06/ A chaque retour au pays, cette ville qui l'a vue naître lui paraît de plus en plus étrangère. Il se braque, sursaute au moindre bruit assourdissant. Il n'y croyait pas à tout ça, lorsqu'on lui en a parlé. Mais il a commencé à le vivre. Mais ça, ce n'est plus une vie. L'envie constante de partir, d'y retourner. Bien qu'il y risque sa vie. Il est perdu. Perdu entre cette ville tant aimée, et ces pays où le coeur est brisé. 07/ Il est là, assis sur une chaise à l'attendre, le papier de son médecin militaire en main. Revenu au pays, contraint d'avoir des séances de kiné suite à une vilaine chute. Il n'a pas envie de tout ça Cole. Ça ira mieux à la longue. C'était ce qu'il répétait constamment. Et là, elle a ouvert la porte. Son regard s'est posé sur elle. Il s'est figé, incapable de bouger alors qu'elle prononçait son nom. Des femmes, il en avait vu, Cole. Bien qu'il en ait aimé peu. Mais des femmes comme elle ... Il n'en a jamais rencontrée. 08/ Il ne s'est jamais senti réellement à son aise lors des séances de kiné en compagnie de Ainhoa. Étrangement, elle l'a toujours intimité. En sa compagnie, il n'était rien d'autre qu'un gamin de quinze ans qui a son premier crush. Mais un beau jour, il a osé. L'inviter. Il s'en souvient parfaitement, Cole. Lui qui n'a jamais été à l'aise avec la gente féminine, il était persuadé qu'elle ne viendrait pas. Mais elle est venue. Et c'est là, que leur histoire a commencée. 09/ Deux ans. Pendant deux années, ils se sont choyés, aimés jusqu'à en crever. Une évidence pour eux et pour leur entourage. Elle était tout. Elle était son amour. Son deuxième amour. Car son premier, c'était sa patrie, son pays. Deux années à s'aimer à des milliers de kilomètres pour mieux se retrouver. Pour elle, il était prêt à tout. Jamais une femme ne l'a mis dans cet état. C'est ensemble, qu'ils voyaient leur avenir. À croire que le destin leur a donné leur dose de bonheur, pour la leur retirer. 09/ Nouvelle mission. Niveau départ. Quelques semaines plus tôt, c'est un genou guéri qu'il a posé par terre, lui tendant une bague. Ce départ, qui ressemblait à temps d'autre, à tous ces au revoir déjà prononcés, fut un adieu. Il a encore ses propres mots qui résonnent en lui. C'est fini. Je ne veux plus te voir Ainhoa. Tout est fini entre nous. Des mots prononcés à contrecœur. Le coeur gros et rempli de tristesse. Des mots qu'ils ne pensaient pas. Des mots qu'il regrette, mais qui étaient nécessaires. Car il ne veut plus lui faire de mal. Il ne renoncera pas à l'armée. Jamais. Il a vu ses amis mourir au combat et ô combien leur femme était anéantie de l'apprendre. Il a tout simplement voulu la préserver. Car Ainhoa, elle mérite mieux que tout ça.

EN VRAC/ Il est revenu du front il y a quelques jours, quelques semaines. Il a frôlé la mort, Cole. Il était à deux doigts d'y rester. Alors on l'a forcé à rentrer. Pour une durée indéterminée. // La seule personne qui sait qu'il est rentré n'est autre que sa mère. Il faut dire qu'il n'a jamais eu beaucoup d'amis, lui qui était tout le temps parti. // Il adore la musique des années 80', il n'y a qu'elle pour lui redonner le moral. // Dès qu'il revient, sa mère est la première personne à qui il rend visite. // Il n'a plus jamais eu aucune nouvelle de son père et n'a jamais chercher à en avoir. // Il est obligé de porter des lunettes pour lire depuis quelques années déjà. // Il adore cuisiner, c'est un véritable petit chef. // Il a toujours une arme chez lui. Juste au cas où. // L'activité new-yorkaise le stress et le fait se replier sur lui-même. Il souffre de SSPT depuis plusieurs années également et chaque retour au front n'arrange rien à sa situation. C'est pourquoi il ne sort que très peu. // Jusqu'à maintenant, il a écrit une lettre chaque jour dédiée à Ainhoa. Des lettres qu'il n'a pourtant jamais eu le cran d'envoyer.