not your barbie girl † michelle

1/Daddy’s girl. Black. Un nom connu dans les hôpitaux du Queens. Célèbre neurologue, le père de la jeune femme a gravi les échelons pour devenir ce qu’il voulait être. Ses soirées de travail acharné auront fini par payer. Nul New-yorkais un tant soit peu familier au monde médical n’est insensible aux talents de l’éminent médecin. Son portait étant ainsi décrit, comment serait-il possible que sa progéniture fasse autre chose que suivre son exemple ? Il en était ainsi depuis toute gamine : je serai docteur comme papa. Ca n’aurait pas pu en être autrement. Elle ne s’est même jamais posé la question, c’était une évidence. Comme beaucoup de petites filles, Michelle avait voulu se marier avec son papa lorsqu’elle était enfant, et cet amour qu’elle lui portait s’était transformé au fils des années. Elle l’idolâtrait. Durant son adolescence, elle clamait à qui veut bien l’entendre qu’elle était la fille Black et que son père avait fait ceci, que son père avait fait cela. Pourtant, elle se souvient de peu de moments de tendresse avec lui… De peu de moments tout court en réalité. Pourrie gâtée, la rousse n’avait jamais manqué de rien. Elle a vécu son enfance dans une immense maison au design épuré avec quelques bonnes s’affairant à leurs différentes tâches. Mais pas de parents. Son héros se déplaçait de conférence en consultation, de diagnostic complexe en articles diverses. Quand il partait, l’enfant n’était pas encore levée. Quand il rentrait, elle venait de se coucher. Lorsqu’ils arrivaient enfin à se croiser, il la couvrait de cadeaux comme pour se faire pardonner.  Michelle est la petite princesse à son papa, et papa est l’homme parfait pour sa princesse, malgré tous ses défauts. La mère ? Oh, un détail dans sa vie. Ils ont divorcé alors que la rousse n’avait que trois ans. Depuis, elle est allée vivre en Arizona et a refait sa vie. Elle a de nombreuses fois tenter de reprendre contact avec sa fille, sans succès car cette dernière lui en voulait terriblement d’être partie. Et Michelle est de nature rancunière. Cette femme semblait ne pas être digne de l’amour de son père, pourquoi s’y intéresserait-elle ?

2/Redder is better. On ne naît pas mauvaise, on le devient. C’est comme tout, nous sommes influencés par notre environnement dès notre naissance. Est-ce pour cela que la gentille fille aux cheveux de feux est devenue si hargneuse envers ce monde ? Très certainement, mais pas que. Dans sa tendre enfance, la petite en a souffert de sa chevelure. Tu pues ! Sans âme ! Les roux vont s’éteindre ! ainsi qu’un tas d’autres clichés lui furent et lui sont répétés encore aujourd’hui, quand bien même ils se font plus rare. Sauf qu’à la place de partir râler dans un coin comme elle le faisait étant enfant, elle réagit en moquant encore plus de l’attaquant. Chacun a sa faiblesse, chacun a un complexe, un point sensible sur lequel appuyé. Michelle a appris à le débusquer et à l’exposer sur la place publique. Ces stéréotypes, elle en a fait sa force de frappe.

3/Queen bee. Nevaeh, Daphne, Luna et Emma. Au fils des années, ces cinq jeunes filles étaient devenues bien plus que des amies. Agissant comme cinq sœurs, se suivant l’une l’autre dans les coups les plus foireux, elles n’ont pas passé une seule journée sans se voir ou se parler. Dans leurs années de lycée, elles se sont vues prendre des options quasiment identiques afin d’être ensemble dans une majorité de cours. Cela n’a pas manqué, elles étaient indécollables. Mais comme dans tout groupe social, aussi soudé soit-il, il faut une hiérarchie. Michelle le pensait profondément et elle s’est vite imposée comme la meneuse de la bande, celle qui donne des ordres déguisés en des idées jetées négligemment dans une conversation. Quand elles se pavanaient dans les artères de leur lycée comme s’il leur appartenait, c’est Michelle qui était devant. Quand elles discutaient, c’est Michelle qui parlait le plus fort. Quand elles étaient en classe, c’est vers Michelle qu’on se tournait pour avoir son avis. Elle était dans son élément, une princesse portée au rang de reine de son bahut. Elle méritait cette attention, elle qui était si belle, si populaire, et certainement plus riche que la plupart des adolescents fréquentant ce milieu. Pourtant, la rousse était bien consciente que sans ses amies elle ne se serait pas élevée à ce rang d’idole du lycée. Elle ne serait pas réduite à rien évidemment, pas Michelle, étoile scintillante du Queens. Mais l’union fait la force et le plus gros de son assurance avait été créé par la synergie qu’elles s’apportent entre elles dans leur bande. La jeune femme aime profondément ses amies, elle aime rire avec, elle aime pleurer avec dans les coups durs. Aujourd’hui, les cinq avaient pris un chemin d’étude différent et il ne tenait qu’à elles de maintenir cette relation en dehors des murs de l’école.

4/Charming prince. Du collège à la fin du lycée, Michelle enchaîna les amours furtifs et sans grande importance. Toujours le même type d’homme : grand, musclé, populaire. Pas question de s’abaisser à sortir avec une personne qui n’était pas de la même classe sociale qu’elle. Pourtant, sous ses airs de tombeuse, Michelle n’a jamais été très loin avec ses conquêtes. Très puritaine, elle est convaincue que le grand amour existe et qu’elle doit se garder pour lui. Pas avant le mariage, telles étaient les dernières paroles qu’on entendu la majorité de ses ex-petit copains avant qu’elle ne se retourne sans revenir. Car oui, c’est la belle qui met fin à ses relations, pas le contraire. Il suffisait qu’ils tentent quoi que ce soit pour qu’elle pourrisse leur réputation en les transformant en pervers sans vergogne. Comment sauras-tu que c’est le bon si tu fuis si vite ? Michelle restait dubitative devant les interrogations de ses amies. L’amour, c’est un feeling particulier. Lorsqu’elle aurait trouvé le bon, elle le saurait, le ressentirait. Mais ses conditions étaient si strictes et ses attentes tellement nombreuses que princesse pourra attendre bien longtemps avant de trouver son prince charmant.

5/This guy. Et puis il y a eu ce type. Pour elle ce n’était qu’une manière de plus d’assoir encore plus son autorité, pour lui un tournant décisif de sa vie. Elle se souvient de son prénom original, Rainer. Michelle l’avait remarqué au début de ses années de lycée, ce gars du fond de la classe, toujours seul, habillé en noir. Il lui paraissait bien différent d’elle, semblant ne pas se soucier de son apparence, comme vêtu de guenilles, toujours le même vieux bonnet, un air renfrogné. Elle aurait pu le laisser au fond de son trou mais non, l’occasion était trop bonne. Il est différent et princesse ne supporte ce genre de personne. Au début ce n’était que des petites remarques cinglantes suivies par de près par celles de ses amies. Tu l’as vu lui ? Tu pense qu’il se change parfois ou il a trente fois le même t-shirt dans son armoire ? Il est gay tu crois parce qu’on a jamais vu une fille traîner avec lui.. Enfin aucun garçon non plus en fait. Je suis sûre il vit dans une caravane à l’arrière du lycée ! Qu’il est maigre, que quelqu’un lui paye un sandwich ou un os va tomber. Et ainsi de suite, plusieurs mois. Toujours en groupe, Michelle au premier plan, s’en allant en jetant ses cheveux en arrière, fière d’elle. Ensuite ça a empiré, devenant hors de contrôle. Une petite tape humiliante derrière la tête, un pantalon baisser dans un couloir,… pour finir par se retrouver la tête dans les toilettes, maintenu par le petit copain de Michelle et une partie de son équipe de football. La vidéo, filmée par les bons soins de la belle, a vite été diffusée sur les réseaux sociaux. Le lynchage était devenu général. Michelle, devenue inquisitrice, en était à attendre l’arrivée du garçon, bras dessus bras dessous avec les filles, le sourire aux lèvres. Puis il a manqué un jour, deux jours, une semaine. Et plus il manquait de cours pire c’était. Fragile, victime, tapette et j’en passe. Jusqu’à ce qu’il ne vienne plus du tout. Quand le directeur a fait une annonce convoquant la rousse et sa bande dans son bureau, ça a fait l’effet d’un choc électrique. Trois semaines de renvoi pour chacune d’entre-elles ainsi que pour la moitié de l’équipe. Ils avaient tiré un adolescent plus bas que terre mais ils n’auraient pas plus de sanctions. En revenant en cours, ils ont été acclamés. Ils se sentaient intouchables. Ils étaient intouchables. Son père ? Une signature sur une feuille de papier, un « ne le refais plus », c’est la seule réaction qu’avait eu Black. Michelle est une reine à présent et ce n’est pas un pouilleux qui allait l’empêcher de dormir la nuit ou d’étendre l’empire qu’elle avait bâti dans l’enceinte du bahut.

6/The power of make-up. Crème hydratante. Base. Fond de teint. Anticernes. […] Et enfin la touche finale, rouge à lèvres. Rouge classique, bordeaux, vieux rose, qu’importe tant qu’il mettait son teint de poupée en valeur. Cet enchaînement constituait un rituel auquel elle ne manquait pas depuis plusieurs années. L’apparence est quelques chose de primordial pour Michelle. Il était hors de question qu’elle sorte de chez elle non maquillée ou mal habillée. Pour elle, la façon dont les gens prennent soin d’eux démontre ce qu’ils sont à l’intérieur. Si tu es beau alors tu mérites qu’on s’intéresse à toi, dans le cas contraire ne tente même pas une approche. N’est-ce pas ce que nous apprennent les contes depuis l’enfance ? La jolie dame finira toujours avec le prince alors que le bossu restera seul dans sa tour. Et Michelle est loin d’être de la plèbe, elle se doit de mettre son physique avantageux en valeur. La rousse est hautaine et elle le sait. Pourquoi changer lorsqu’on est réellement meilleur que tout le monde ?

7/What about now? Aujourd’hui, Michelle vit seule dans un petit appartement non loin du campus dans lequel elle suit des études de médecine. Elle y a de bonnes appréciations, comme depuis le début de sa scolarité. Elle est toujours en contact avec les filles, leurs relations n’a pas changé malgré la distance. Récemment, en se baladant sur un réseau social quelconque, elle recroisé ce gars seul au lycée, Rainer. Elle s’est alors souvenu des longs fous rires avec les filles à son propos et a eu l’idée de rentrer en contact avec pour revivre ce temps, l’espace de quelques conversations… Elle a donc insisté pour que Daphne ait lui parlé et leur fasse un rapport détaillé et croustillant à chaque réponse. Mais depuis un moment, celle-ci ne donne plus trop de nouvelles à ce propos et Michelle trouve ça plus que louche. Il lui faudra éclaircir tout ça.