couleurs d'hier
les veines palpitent, tambourinent contre tes tempes. y'a trop peu de sang dedans, noyé dans ce trop plein d'alcool qui engloutit depuis si longtemps la solitude des samedis soir. mais rien ne pouvait la combler davantage que les femmes.
une femme, pour une unique nuit.
celle-là, pour les désirs d'aujourd'hui.
ses hanches se lassent et se délassent comme ondule la couleuvre. lascive et tentatrice, elle fait son oeuvre jusqu'à éveiller tes faiblesses les plus masculines. les doigts se serrent un peu plus contre le goulot teinté, mais la bouteille menace de se faire la malle hors de la moiteur de tes mains.
et tu deviens mâle primitif, ne vois plus d'elle qu'un corps fantasmé - jusqu'à ce que sa crinière ne laisse dévoiler à la lumière artificielle le visage séraphique de ton plus beau souvenir.
j o y
et ses traits d'une même finesse.
et le hâle de sa peau de l'exacte même nuance - même sous l'éclairage cérulé qui ne te trompe pourtant pas.
alors les secondes s'éternisent quand l'esprit se retrouve momentanément prisonnier des affres d'un passé dont les réminiscences étaient aussi exquises que destructrices.
dieu que le ravissement est cruel.
dieu que la douleur est exaltante.
et ses hanches se lassent et se délassent devant les yeux qui ne voient plus.
t'es devenu aveugle cez, aveugle aux courbes dont le galbe divin emboîterait pourtant parfaitement le creux de tes paumes, initialement affamées de n'importe quelle chair un peu trop tendre.
mais tu ne vois plus qu'
elle.le plus beau des simulacres.
et tu voudrais le voir t'appartenir.
(...)
une poignée de billets verts et tu l'as faite tienne la poupée, conséquence d'une pulsion inconsidérée qui te vaudrait presque un semblant de regret quand la divine se dessine dans l'embrasure de la porte, à deux doigts d'imposer cette solitude à deux que tu as tant voulue.
mais tout à coup, tu sais plus pourquoi tu l'as voulue.
pour une torture non assumée ou pour une illusion provisoire ; quelques minutes de paradis dans une vie devenue enfer.
pourtant, t'en profites pas, cez. les gestes que tu aimerais initier se meurent au sein d'un cocon de pudeur que tu ne te connais pas.
parce que tu n'as encore jamais caressé un ange.«
comment tu t'appelles ? » dis, c'est quoi ton nom, j o y ? «
t'as bien un prénom, non ? et tu viens bien de quelque part ? d'où ? tu viens d'où ? »
les lèvres portées au goulot comme dans un état d'urgence, tu fixes la silhouette en face de toi d'un regard emprunt d'autant de tendresse que de méfiance.
parce qu'elle était à la fois
elle et son usurpatrice.
parce qu'elle était les bonheurs éteints et toutes leurs cicatrices.
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