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 Collide (Melis)

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Malik Al Tahir;

-- rocketman --
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Malik Al Tahir



Adil Ali Noor
Strange Hell & Siren Charms
N/A
1137
808
Collide (Melis) Photofunky
25
Célibataire méfiant et défiant. Allergique à la mièvrerie et vacciné contre toute forme d'engagement. L'art de la démerde étant en soi un full-time job, il n'a absolument pas le temps pour ces marivaudages. Ni pour se poser les bonnes questions quant à ses nouvelles appétences et attirances, qu'il tente de refouler en bloc.
Etudiant en cinquième année d'Astrophysique, qui s'improvise ouvreur la nuit au D-Light, quand il ne la passe pas le nez en l'air à lorgner sous les jupons scintillants de ses amantes astrales.
Un modique appartement partagé en colocation dans le magma consumériste du Queens Commercial.


"I'm gonna reach for the stars. Although they look pretty far"

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Sage Nihjee Libre You

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Message Sujet: Collide (Melis)   Collide (Melis) Empty Ven 14 Mai - 13:20





EVEN THE STARS REFUSE TO SHINE


Profilée. Aérodynamique. Affûtée. Tonique. Des lignes pures et ramassées. Des courbes déliées et fuselées. Une robe noire métallisée, éclatante et rutilante. Sans accroc, ni éraflure d’aucune sorte. Sublissime reine de l’asphalte, répondant au doux nom de Ducati Panigale V4. Petit fleuron transalpin motorisé, et monté sur deux essieux. Elancée comme une panthère. La majesté d’une lionne, conjuguée à la vélocité du guépard. Force est de constater que pour une fois, ce cher "Monsieur Zegallo" n’a pas fait usage du terme surprise de manière surfaite – pour ne pas dire éculée. Ce qui n’est pas sans – sobrement – ravir son fidèle employé, soit dit en passant. Il est vrai que passé soixante ans, la notion et la définition de surprise deviennent … toutes relatives, dirons-nous. En effet, il n’est pas rare que ce que le propriétaire du garage juge détonnant, inhabituel ou épatant, apparaisse sous les traits de la plus affligeante des banalités, pour celui qui fut jadis son apprenti. Or dans le cas présent, il semblerait que les points de vue des deux hommes convergent et tendent à s’accorder. En même temps, et connaissant la passion de son protégé pour les belles et flamboyantes cylindrées, o vovô brésilien pouvait difficilement viser à côté sur ce coup là.

Bras croisés sous le muscle pectoral, Spyros caresse de son regard de braise serti d’étincelles, le resplendissant destrier des temps modernes. A bours et à rebours. Avec avidité, et sans la moindre once de lassitude. Aussi impressionné qu’un gosse découvrant une avalanche de cadeaux au pied du sapin le 25 Décembre au matin. En témoigne ce sifflement d’admiration, serpentant entre ses babines et qu’il ne peut museler, tant l’exaltation qui l’étreint se fait vive. Oui parfaitement, exalté. N’en déplaise aux apparences, qui pourraient laisser à penser le contraire. Tout se joue à l’intérieur : comme d’habitude. Drôle d’endroit, pour un si bel engin. Ca pour sûr, et même si on lui avait soutenu que cela serait le cas, jamais il n’aurait crû en se levant ce matin, avoir la chance inouïe de goûter à un tête-à-tête avec un pareil bijou. L’avoir là, offerte et à portée de main … le chypriote doit bien reconnaître, que c’est pour le moins grisant. D’autant plus maintenant qu’il sait que cette petite merveille va passer entre ses puissantes pattes d’ours – puissantes et, osons le dire sans excès de modestie, expertes.

"Vas-y fais toi plaisir, elle est tout à toi !". Telles furent les paroles aux allures de bénédiction – voire offrande – que lui formula son boss.

N’y tenant plus, le mécano s’avance à pas feutrés, tel un traître de velours, en direction de la moto souffreteuse. Sa paume glisse sensuellement sur le cuir de la selle. Exactement comme dans de toutes autres circonstances, où il explorerait en délicatesse la chute de reins d’un – ou d’une – amant(e). Avec autant – si ce n’est plus – de rigueur et de sérieux qu’un médecin auscultant un patient, l’enfant de la plèbe s’accroupit pour examiner le moteur et dresser les premières constations, en vue de poser un diagnostic. La pulpe de ses doigts maculés d’huile séchée, vient de temps à autres tâter les pièces pour confirmer ou infirmer ses impressions. La culasse semble n’avoir jamais servie, tant l’usure y est infime. Idem pour le piston et la partie du bas moteur. Les stigmates du temps sont en revanche davantage perceptibles sur le vilebrequin. La bougie n’est de toute évidence pas non plus de première fraîcheur, mais il est peu vraisemblable qu’elle puisse être la raison du problème. Car si problème il y a, l’orfèvre des engrenages est prêt à parier qu’il vient de la chambre à combustion, eu égard à l’état de détérioration affiché. Alors, verdict ? Un seul moyen de le savoir. Verticalité recouvrée, Spyros actionne la clef – restée sur le contact - et fait rugir la bête en tournant le poignée. Le regard fixé sur le mur obstruant l’horizon. Concentration à son paroxysme, afin de décupler l’acuité des sens – en particulier celui de l’ouïe. Une fois, deux fois … . Là ! C’est ténu, mais bel et bien là. Un frottement métallique inopportun. Souhaitant en avoir le cœur net, le trentenaire s’accouve de nouveau, approche son oreille du moteur et réitère l’opération. Aucun doute possible ; son pressentiment bascule désormais en certitude. La bécane promptement mise en sourdine, l’artisan pioche dans la boîte à outils à bâbord une clé Allen et s’attelle au gros œuvre. Un boulon et deux écrous desserrés plus tard, un bruit - caractéristique des petites roulettes d’une paire de patins ou d’une trottinette – taquine son sens auditif et s’amplifie à mesure qu’il se rapproche.

"Spyros !", s’exclame avec enthousiasme un petit filet de voix fluet, et de toute évidence juvénile. Non correction, enfantin.

La voix d’un petit d’homme aux billes de jais, arborant cinq insouciantes années au compteur. Emre. Et sa prononciation hasardeuse des "S", située à mi-chemin avec celle du "Z". Le fils de sa voisine de palier. Une femme dans la seconde moitié de la vingtaine, originaire d’Ankara. Mère célibataire, cumulant deux petits boulots et se saignant aux quatre veines pour que "son monde" – comme elle l’appelle – ne manque de rien. Son monde qui accourt, sans crainte ni appréhension, vers le tigre revêche. Ses petits yeux se résument à deux tirets, presque imperceptibles, tant ses zygomatiques travaillent pour étirer un sourire illuminant la planète sans contribuer à son réchauffement. Lancé comme une balle, le garçonnet abandonne comme un dératé sa trottinette, et caracole pour sauter à corps perdu au cou du badass sensiblement assagi. Ce dernier enroule ses bras autour de la boule de tendresse se cramponnant à lui, tout en veillant à garder ses mains encrassées loin de l’étoffe de sa parka, afin de ne pas la souiller. Une accolade, qui à elle seule suffirait à attendrir tout les petits chérubins, se prélassant au paradis sur leurs amas ouatés nommés nuages.

"Hey, salut Champion ! Alors, comment c’était l’école aujourd’hui ?", demande-t-il en mettant un terme à l’étreinte, pour mieux replonger les mains dans le cambouis.

Pétulant et pétri d’entrain, le gamin haut comme trois pommes relate dans un débit de mitraillette le récit de sa journée. Le tout en agitant ses petites mimines, comme un bambino italien. Tout y passe. La maîtresse qui leur apprend une nouvelle chanson. La jolie Tracy qui lui a souri et dessiné un petit cœur, sur un morceau de papier passé en douce. Mark et Dan qui sont trop nuls à chat perché. L’attention parcellaire et fragmentée, Spyros regarde de temps à autres le petit garçon et adapte ses expressions faciales – surjouées et exagérées – en fonction des propos tenus. Puis soudain, plus rien. Le silence le plus complet – exception faite des petits cliquetis métallique de la clé Allen s’agitant entre ses mains. Un regard accordé à sa droite, lui permet de capturer les étoiles pétillant dans les yeux du petit être, transformés en deux gemmes d’onyx.

"Tu veux m’aider à la retaper ?", propose-t-il en lui adressant une timide risette, enrobée à un coup de menton en direction de la Ducati.

Bien incapable de juguler sa joie, l’écolier exulte, sautille sur place et se rompt en un "Oh, oui !" de fausset. Un cri du cœur, qui met un savant coup de baume à celui du brave-la-mort d’autrefois. Et anime ses lippes en une esquisse presque … niaise ? Aficionado de voitures en culotte courte, Emre est ce petit feu follet qui a fait du garage de "Monsieur Zegallo" sa résidence secondaire, sur fond de parc d’attractions. Mais c’est aussi, et surtout, un enfant débordant de bonté et d’affection. Evoluant de guingois. Faute d’avoir un modèle masculin à prendre en exemple. Avec la force des choses, le kid de Kyrenia a petit à petit endossé ce rôle auprès du petit sultan ottoman. Un rôle dans lequel il improvise en permanence et évolue à tâtons. Qui mieux que lui pour savoir, ô combien il est capital de bénéficier d’un cadre de vie structurée afin de s’épanouir de la meilleure manière qui soit ? S’il peut éviter à ce petit chérubin aux boucles brunes, de s’égarer et partir à la dérive en grandissant ; la satisfaction personnelle qu’il en retirera ne souffrira d’aucun égal. Bien des choses auraient pu être différentes, s’il avait eu – plus tôt - dans sa vie une figure d’autorité pour le structurer, comme le fit "Monsieur Zegallo" … .

"Parfait, on va voir si tu as bien retenu notre leçon de la dernière fois.", déclare-t-il dans un simulacre de phrasé pédagogique, le faciès retrouvant son habituel masque de sérieux.

A ces mots, le marmot cesse instantanément ses gesticulations, et adopte par mimétisme une expression ressemblant comme deux gouttes d’eau à celle du roi du rafistolage. Le regard fixe et irradiant de détermination, sa petite tête s’articule positivement à deux reprises. Pour la petite histoire, la leçon de la dernière fois consistait à reconnaître les instruments entrant dans la panoplie du parfait mécanicien et savoir à quoi ils servent. L’heure de vérité à sonner. Spyros va enfin savoir si ses explications ont bien été assimilées … ou s’il a tout bonnement pissé dans un violon.

"Regarde dans la boîte à outils derrière toi et passe moi la pince à riveter, s’il te plaît.", lui demande-t-il poliment, un index pointé en direction de la caissette à la peinture rouge écaillée.

Ni une, ni deux, le garagiste en herbe fait volt-face, et farfouille joyeusement dans ce qui doit sans nul doute être à ses yeux une véritable caverne d’Ali Baba. Une poignée de secondes s’égrènent, avant que l’impubère revienne. Ses petites mimines lestées d’un outil – presque – aussi grand que lui. Le bon, qui plus est.

"Excellent !", le félicite-t-il en récupérant l’instrument, une large paluche levée et les pulpeuses déployées en un sourire tutoyant la béatitude. Pas peu fier de constater que ses explications, ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd.

Une fierté qui s’avère également des plus palpables chez le grand bambin, topant dans l’imposante paume caleuse lui faisant face en ricanant. Ou plutôt pépiant comme un oisillon. Disposant de tout ce dont il a besoin pour poursuivre sa besogne, Spyros en termine avec le démantèlement de la coque protégeant la chambre à combustion. Muni de la fameuse pince à riveter, il entreprend désormais le désossage de la pièce en fin de vie. Aspirant à pallier ses carences affectives, le jeune Emre enroule ses petits segments brachiaux autour du biceps renflé de son maître à penser, et y blottit la moitié droite de sa frimousse. Faisant fi de la pellicule de sueur le recouvrant et s’imprimant sur sa joue. Nullement indisposé par la forte odeur de mâle émanant du gaillard en cette fin d’après-midi. Les yeux scrutant émerveillés le moindre de ses gestes, et le pouce porté aux rieuses. De quoi attendrir les myocardes les plus adamantins. Difficile de nier l’évidence. Cet irrécupérable solitaire taciturne … le petit bonhomme l’apprécie bien plus qu’un simple voisin. Il l’aime. Comme un fils aime son père. Et ça, aussi triste cela puisse-t-il paraître : l’écorché vif ne veut pas en entendre parler. Si l'on aime comme on a été aimé ... alors il craint n'avoir rien de bon à offrir à ce petit être innocent. Comment ne pas redouter un ersatz de paternité, quand on a eu pour modèle un ivrogne camé jusqu'à la moelle, à la main leste qui ... qui vous prouvez combien il vous aimait en vous hurlant dessus et vous tabassant ? Comment ne pas être envahi par le doute et l'appréhension, lorsque aussi loin que vous puissiez vous en rappeler ; jamais le souvenir d'un baiser, d'une étreinte, d'un geste ou d'un mot tendre ne s'impose à votre mémoire ? Comment distribuer et couvrir autrui d'une chose dont vous ignorez tout ?

"Ta mère sait que tu es ici ?", s’informe-t-il – un peu tard – sans que son attention dévie de sa tâche. Les dents serrées et les traits du visage crispés, à cause de l’huile de coude employée pour faire céder de tenaces fixations.

"Oui, oui.", lui rétorque le gosse, presque du tac-au-tac, sans ôter son pouce de la bouche et en marmonnant.

Inutile d’être grand clair ou extralucide, pour deviner que le jeune Pinnochio ment éhontément et comme un arracheur de dents. En outre, et manque de chance pour lui, son père de substitution est ce que l’on pourrait appeler un détecteur de mensonges ambulant. Bien que digne d’un empoté pathologique dans les rapports avec ses semblables, l’immigré est néanmoins assez doué pour dissocier le faux du vrai et décrypter les intentions d’autrui à travers ses paroles. L’une de ses rares qualités. Au même titre que son côté physionomiste, clairvoyant et perspicace. Absolument pas dupe, il s’interrompt et se tourne vers le ouistiti cramponné à son bras. La trogne légèrement rembrunie.

"Dis donc jeune homme, je croyais pourtant avoir été clair la dernière fois. Je n’aime pas quand tu mens. Il faut que tu ailles prévenir ta maman que tu es ici. Tu ne voudrais pas qu’elle s’inquiète et se fasse du souci pour toi, hein ?", enchérit-il d’une voix grise, en dodelinant du chef, afin de capturer le regard fuyant du fieffé menteur rougissant sous les feux de la honte.

Tirer sur la corde sensible auprès d’un hypersensible, en jouant la carte de la maman chérie. Pas très orthodoxe comme manière de procéder. Cependant, et considérant qu’il s’agit là de quelque chose d’extrêmement sérieux, l’amateur de chicha estime que tout les moyens sont bons pour faire prendre conscience au petit garçon que l’on ne plaisante pas avec des sujets comme celui-ci. Confus et piteux, le mioche se contente de hocher négativement la tête. Spyros baisse alors imperceptiblement la sienne, et le scrute de ses orbes pralinés en arquant les sourcils. Un mutique "Alors, qu’est-ce que tu attends ?". Message reçu cinq sur cinq par le destinataire, qui réenfourche sa monture à deux roues et quitte en trombe le garage.

"Attention !", mugit-il, afin de prévenir une imminente catastrophe, en ayant le sentiment de vivre la scène au ralenti et d’être dans un mauvais film d’action, signé Luc Besson dans ses plus mauvais jours.

Au moment où le petit paquet d’énergie amorce son arrivée sur le trottoir, une silhouette féminine - admirablement bien proportionnée, dotée de beaucoup d’allure et évoluant dans une démarche plutôt classieuse – passe au niveau de la devanture du commerce de quartier. Sans la retentissante mise en garde du délinquant d’antan, il y a fort à parier que le jeune turc n’aurait jamais pu freiner à temps, en usant la semelle de ses baskets sur le ciment. Allah soit loué ; plus de peur que de mal ! Le pire semble être évité. Du moins en apparence. Si tel n’avait pas été le cas, et que des orteils se seraient retrouvés broyés, la plaignante aurait au minimum émis une exclamation de douleur, non ? Par acquit de conscience, et aussi parce que son boss et lui sont responsables en cas d'incident devant leur atelier, le smicard se relève et accourt en petites foulées sur les lieux de l’aléa. Dans sa course, il en profite pour attraper le chiffon souillé accroché à l’arrière de sa ceinture.

"Emre, qu’est-ce qu’on dit ?", demande-t-il en rejoignant les deux protagonistes de l’accident avorté, et frottant ses mains contre l’étoffe de la fripe jadis immaculée.

Penaud, le garnement se cramponne aux poignées de sa trottinette, comme un naufragé en mer se raccrochant à une bouée. Tête inclinée tel une fleur de tournesol battue par les intempéries, il mire le bout de ses chaussures durant quelques secondes, avant de rompre le silence.

"Pardon … .", murmure-t-il quinaud, en balançant le poids de son corps d’une jambe à l’autre.

En quête d’approbation, le petiot se retourne et lève la tête vers le mordu de photographie. Lèvres pincées, ce dernier remue le cap de droite à gauche. Pliant sur les jambes, et se mettant ainsi à la hauteur du petit bout, Spyros s’acquitte d’une petite piqûre de rappel en rapport avec une autre leçon dispensée dans la catégorie savoir-vivre.

"Non. Quand on s’excuse auprès d’une personne : on la regarde dans les yeux et on lui dit … .", dit-il tout en bienveillance, laissant son propos en suspens pour mettre le fauteur sur la voie et lui laisser compléter les blancs de lui-même.

Se retournant l’esprit dans tout les sens, le minot cogite à vive allure. Les iris fuligineuses jetées vers le très-haut, et la pulpe de l’index apposée sur le menton. Jusqu’à ce que cela fasse TILT et que sa bouille hâlée s’illumine. Si l’on était dans un cartoon, une ampoule serait à coup sûr apparue au-dessus de son crâne.

"Je vous prie de bien vouloir m’excuser, Madame.", atteste-t-il avec nettement plus d’assurance, et en établissant un contact visuel digne de ce nom avec son interlocutrice.

A nouveau, le p’tit gars vient quérir l’adoubement de l’enfant martyr d’un temps révolu. On ne peut plus satisfait de son petit scarabée, l’hellène lui fait la grâce d’un sourire aux accents élégiaques et opine du bonnet. Les phalanges plongées dans sa crinière de lionceau, qu’il ébouriffe affectueusement.

"Voilà qui est déjà beaucoup mieux. Aller terreur, file ! Et regarde bien où tu vas.", déclare-t-il en se remettant debout. Sa dernière phrase prononcée un octave au-dessus, dans l’espoir d’être entendu par le diablotin fendant déjà la bise.

Un espoir qu’il suppose famélique, pour ne pas dire vain. A moitié rassuré, Spyros tend un cou de cygne et suit de ses météores calcinés la frêle carrure rapetissant à vue d’œil, jusqu’à ce qu’elle bifurque. Disparaissant au coin de la rue. Un arachnéen soupir franchit le seuil de ses croissants charnus. Seul à seul, il tourne alors pour la première fois son attention vers la demoiselle ayant réchappé au crash. Soucieux d’à son tour pardonner le manque d’attention d’Emre.

"Excusez-le, il est un peu turbulent mais pas … .", explique-t-il avant de s’interrompre tel un appareil électronique tombant en rade sans prévenir.

Résurgence de souvenirs embrumés. De vapeurs de rhum blanc entrelacées à celles d’un irish de piètre facture. D’une pavane sensuelle et chaloupée, au gré de musiques gorgées de soleil. Elle. Une sirène ayant commis la bêtise de s’empêtrer dans ses filets. Ephémère captive au sein de son aquarium. S’étant évaporée au petit jour sur la pointe des pieds, pour mieux replonger dans l’océan de la vie.

"Melis ?", s’étonne-t-il, sur un ton incroyablement monocorde et ne laissant strictement rien entrapercevoir de sa stupeur. Sans ciller, broncher, tressaillir ou exprimer quoi que ce soit illustrant sa surprise. Rien. Eternellement rien. Encore et toujours.

Des bribes d’une soirée revenant au triple galop, sous forme de flashs. Fulgurants, furtifs et lacunaires. Des lèvres glossées et d’une onctuosité incommensurable, saveur agrume. Une peau laiteuse et tenant en respect la douceur des satins les plus cossus qui soit. Une chevelure soyeuse, brillante et aussi suave que du coton d’Egypte. De tenaces, envoûtantes et capiteuses fragrances de bergamote et de jasmin, laissées sur l’oreiller. Des jours durant.

"Je ne m’attendais pas à te recroiser par ici.", avoue-t-il en saisissant l’ourlet de son tank top, pour essuyer les gouttes de transpiration perlant de son front. Offrant ainsi à ses abdominaux caramel, une fugace prise d’air.

Et ce n’est pas peu dire. Eu égard à son standing et sa sophistication, Spyros a la quasi certitude que l’angélique poupée doit davantage être griffée Queens Huppé – ou Traditionnel – que Effervescent. Une fleur des beaux quartiers, virevoltant dans les bas-fonds aux allures de coupe-gorge … voilà qui est curieux. Et qui interpelle l’insulaire, quant aux raisons motivant la flânerie de la jeunette dans un endroit aussi malfamé.

"En tout cas, tu as l’air forme.", ajoute-t-il placidement, en épongeant à l’aide du chiffon la transpiration couvrant ses avant-bras râblés et ses biceps sculpturaux.

Oui, c’est nul. Oui, cela sonne faux. Oui, cela manque de panache. D’audace. Mais que dit-on dans ces moments là ? Que devrait-il dire ? Qu’aurait dû-t-il dire ? Lui qui ne connaît pas ces mots qui ravissent les tympans. Lui pour qui les mots ne sont teintés que de grossièreté, de vulgarité et de prosaïsme. Ces mots qui s’amoncellent, s’embouteillent et s’enlisent dans cette boule croissant au fond de sa gorge.

Code by Sleepy



* : "Le grand-père" en portugais.


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