— silence is so freaking loud (genesis)

"on devrait pas être là..."
"j'te jure que j'le sens pas.. c'est trop calme trop.."
les bruits de pas qu'on entend au dernier moment, le fracas des armes qui se déclenchent, vous courrez, le coeur qui bat trop fort. c'est trop tard.
"on aurait dû t'écouter stenson, j'suis désolée..."
larme unique qui coule le long de ta joue, parce que tu ne veux pas paraître faible. mais celle-là t'échappe, tu fermes les yeux, pour te concentrer, pour te reprendre.  
le bruit de l'arme à tes oreilles, le corps de ton allié, de ton ami, qui chute. sa vie est terminée. tu as envie d'hurler, de vomir. mais t'es trop choquée. non, non, non. pas leur vie pour la tienne. jamais. j'suis désolée, que tu penses pour lui, pour toi, pour eux. tu as échoué.
"personne ne fait quoi qu'ce soit, personne ne bouge, c'est bien clair?"
"mais.."
"pas de mais! est-ce que c'est clair? c'est un ordre."
t'aimes pas ça, mais t'as pas le choix. t'accepteras pas de les perdre, pas encore un. tu les regardes les uns après les autres, tu ne clignes pas des yeux, tu ne flanches pas, malgré la peur qui te paralyse. ils acquiescent, difficilement tu le sais. et ça te fait un poids en moins sur les épaules.
les minutes se succèdent, les heures même, dans ce silence, cette ambiance qui t'oppresse. pis il revient, nouveau regard pour eux, qu'ils n'essaient rien, que tu pries silencieusement. ils bougent pas, baissant les yeux pour éviter d'croiser les tiens. l'autre te fait te lever, t'empoigne le bras violemment et te pousse à sortir de la tente. tu relèves la tête, tu voudrais être partout sauf ici. pourquoi t'es là.
"t'as intérêt d'coopérer aujourd'hui, sinon.." il finit pas sa phrase, sourire qui te fait frémir se dessinant sur son visage. t'inspires profondément, tu vas pas assez vite pour lui et il te pousse à travers cet abri, ton cauchemar et...

et tu te réveilles en sursaut, les battements de ton coeur en guise de symphonie à tes oreilles. t'es en sueur, et l'état de tes draps t'indiquent que t'as essayé de les quitter. tu tentes de reprendre le contrôle de ta respiration, tout en balayant les mèches brunes s'accrochant à ton visage. nouveau cauchemar, encore un. c'est rien, que tu te répètes. c'est normal de penser encore à ça. cela ne fait que quelques semaines que ça s'est produit et même si tu n'en parles pas, ça a été un véritable enfer. même si tu veux aller de l'avant, tu sais que c'est normal d'y penser encore. mais ça ne veut pas dire que tu as un problème. tu prends quelques minutes pour toi, à rester là, assise sur la banquette transformée en lit d'appoint par harry. y'a ton regard qui se dirige automatiquement vers son propre lit, d'où tu peux entendre sa respiration calme. tu veux pas le réveiller, alors, en faisant attention, tu te lèves pour t'éclipser de la chambre. t'as besoin de te dégourdir les jambes, de prendre un peu l'air.
t'erres un peu dans les couloirs, parce que t'es pas encore habituée à être ici, que tu as encore un peu de mal à te situer. pis en passant devant une porte, tu te souviens, ça mène au toit. parfait. tout ce dont tu as besoin. le silence brisé par les murmures de la ville, le ciel éclairé par les lumières de l'homme et par les étoiles qui le peuple, l'air frais. tu montes les marches qui te sépares du monde extérieur lentement, le corps encore à moitié endormi, mais corrompu par l'adrénaline ressentie par ton cauchemar. tu cherches encore à le calmer. tu finis par pousser la porte, et d'instinct, tu prends une grande inspiration alors que tu te faufiles à l'extérieur. tes pas te mènent directement à l'extrémité de la terrasse, tu as le regard perdu dans l'horizon, l'esprit encore embrumé par les images que ton esprit à du mal à se défaire. tu te rapproches du bord pour admirer la vue qui s'offre à toi, ça te donne comme une impression d'immensité quand tu vois tout ce que tu surplombes. tes mains se posent sur la surface de pierre qui limite cette terrasse, le contact du froid te fait du bien, ça te permet de t'ancrer dans la réalité. tu fermes les yeux quelques secondes, pour profiter de la brise qui te souffle dans les cheveux. c'est agréable, que tu penses en repoussant les dernières brumes de sommeil en toi. tu soupires d'aise en les rouvrant, et du coin de l'oeil tu aperçois du mouvement, une silhouette. un instant seulement, ça te fait paniquer, mais tu le sais, ici t'es en sécurité, tu risques rien. tu tournes la tête devant la personne à tes côtés. tu ne la connais pas, parce que t'es ici un peu clandestinement, pour échapper à la maison familiale qui t'étouffe un peu trop. "désolée je t'avais pas vu.. " que t'annonces d'une voix que tu veux plate, interdiction de montrer qu'sa présence t'as surprise. "c'est ok d'être ici?" que tu finis par demander, après quelques secondes de silence. après tout, t'es pas familière avec les codes et règles de l'endroit. tu le sais que ça ferait mauvais genre, si tu venais à t'imposer dans un coin qui ne t'ai pas permis. c'est déjà bien qu'on t'accueille sans poser d'questions, que tu te dis pour toi-même. pas de questions, pas de regard de pitié. t'es une inconnue. une parmi d'autres, et que ça fait du bien.