leo - this is not a love song

traits de caractère /

Leo a grandi  dans un cocon doré où tout a été mis en oeuvre pour que la petite princesse rende fière son père, sans jamais se demander ce dont elle avait envie, puisque ça n'a aucune importance. Enfermée dans cette prison dorée, Leo a rapidement cherché à la fuir sachant pertinemment au fond d'elle qu'elle ne le pourrait jamais. Qu'elle ne pourrait échapper à ce paradis artificiel et prédateur où le plus puissant écrase le plus faible. Où l'argent coule à flot, où l'argent est sensé tout remplacer et tout créer, avec lequel tout est sensé être  provoqué, contrôlé. Tout ça la dégoûte, toutes ces vieilles aux seins refaits qui viennent s'acheter une nouvelle voiture dans les ventes de charité pour les petits éthiopiens. Mais qu'est-ce qu'elle en a foutre la femme qui se fait refaire le cul et les seins, par peur de ne plus être désirable, des petits africains qui crèvent de faim ? Rien, absolument rien. Mais ça donne bonne conscience, et une bonne image, d'être attristé par le sort de tous ces gens-là. Et si Leo, aujourd'hui décide sur un coup de tête de s'acheter une nouvelle paire de chaussure au prix exorbitant, de partir à l'autre bout du monde pour faire la fête ? Elle n'en aura rien à foutre non plus. Tout simplement parce que l'argent les pourrit, jusqu'à la moelle. Elle la première. Ce monde la débecte, mais elle ne connait rien d'autre. Incontestablement elle en est un membre à part entière. Alors, elle préfère se perdre dans des paradis qu'elle se crée, au gré de ses envies. Et prend un malin plaisir à tout détruire aussitôt. Persuadée que tout s’effondrera de nouveau comme s'est déjà arrivé à de nombreuses reprises.

« Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord ... »

Les proies qui s'offrent à elle sont acceptées avec plaisir, mais refoulées aussitôt qu'elle le décide. Tourbillon insensé et violent, elle ne supporte pas d'être seule physiquement parlant. Ce qu'elle veut, elle l'obtient. C'est elle qui fixe les règles du jeu, et personne d'autre. Possessive avec ses jouets, il est extrêmement dangereux d'aller virevolter sur ses platebandes, les terres conquises ne sont pas à vendre. Terriblement autoritaire, colérique à ses heures et arrogante non dissimulée, Leo est détraquée, introvertie presque impassible. Dans ce monde de rires superficiels et de coupes de champagne, on ne peut se permettre de fléchir. Montrer une faille serait signe de mise à mort future par la communauté. Faux semblants et doubles visages sont donc le quotidien de Leo. Devenue maître dans l'art du camouflage, on lui reconnait une certaine réserve par moment, on la qualifie parfois de secrète. Difficile de cerner ce personnage qu'elle s'est construit au fil des années. Même elle commence à s'y perdre et oublier qui elle est. Peu à peu elle devient l'ombre d'elle-même.

« ... me plonge en une extase infinie et m'endort. » *

Leonide se fout des avertissements, elle se fout de la mélancolie latente qui s’est fichée au cœur de son existence jusqu’à faire de ses rares émotions de constantes résurgences d’un idéal démoli. La vérité ? C’était grandiose, elle a pris plaisir à ruiner toutes les choses qu’on l’avait avertie de préserver. Crois-tu que l’équilibre l’intéresse ? Crois-tu que tu pourrais la rendre heureuse ? Elle, elle fume au nez des dieux de fines cigarettes et elle se fout d’avoir raison, elle se fout pas mal d’avoir tort. Tu ne pourrais pas comprendre ce que c’est, toute ta stabilité est basée sur l’absolue certitude que ces émotions-là ne sont que des illusions. Elle se fout des illusions ; tout ce qu'elle veut, c’est signer sa perte, et, coûte que coûte, comme ce méandre bleu, vers le ciel se tordre.

*Jules Laforgue

Partie trop tôt  Léonide a perdu sa mère lorsqu'elle avait sept ans, emportée dans un accident de voiture. Aujourd'hui Léo n'en a que peu de souvenirs ; elle se souvient des effluves de chanel n°5 qui émanaient de la salle de bain lorsqu'elle se préparait à sortir, des boucles brunes qui coulaient en cascade le long de son dos, des pigments carmins de son rouge à lèvre qui contrastaient avec le blanc éclatant de son sourire, de la douceur de ses mots et de la tendresse de ses gestes. Lorsque sa mère est partie, elle a emporté avec elle le semblant de vie de famille qu'ils étaient parvenus à construire et le sourire de son père. Si ce dernier n'a jamais refait sa vie depuis le décès de sa femme, il n'a pas pour autant épargnée ses enfants d'un défilé de femmes trophées plus jeunes les unes que les autres. Et s'il avait déjà une appétence pour les absences prolongées, ces dernières se sont multipliées, allongées avec la mort de sa femme. Il a fuit le cocon familiale autant qu'il le pouvait, peut-être car il ne supportait par de reconnaître le reflet du fantôme de son épouse dans le regard de ses enfants, peut-être car il n'était tout simplement pas intéressé par cette vie-là. Léo et son frère ont donc grandi seuls, accompagnés de nounous et jeunes filles aupair.

Envers et contre tous Theodore est né quelques mois avant la mort de leur mère. Bébé, il ne souriait pas beaucoup, il avait souvent le regard vague et ne réagissait pas à son prénom. Le père de leo ne semblait pas concerné, les nounous semblaient mettre ça sous le fait de l'absence d'une véritable mère, du traumatisme prématurée de la vie qui commence. Ce n'est que lorsqu'il a eu 4 ans, et alors qu'il n'avait toujours pas prononcé un seul mot, qu'on lui a diagnostiqué un autisme infantile. Si le regard de leur père s'est d'autant plus détaché du bambin à cette annonce, la responsabilité de s'en occuper lui semblant encore plus insurmontable, celui de leo ne s'est jamais désempli d'amour à son égard. Theodore est la personne la plus importante sur terre pour leo, pour lui elle serait capable du meilleur comme du pire ; prête à tout pour le protéger, prête à tout pour le faire sourire. Et si theo n'est pas fait pour les relations sociales et a de grandes difficultés pour communiquer, il existe entre eux une connexion indéfinissable ; il est certainement le seul à connaître la véritable Leonide. Depuis le décès de leur mère, Leo s'est toujours occupé de son frère, malgré les difficultés, les crises et parfois les coups. Et si aujourd'hui Theodore passe la plupart de ses journées et certaines de ses nuits dans un centre d'accueil pour jeunes adultes handicapés, Leo l'appelle tous les jours,  et elle est toujours là pour l'attendre à la sortie, elle l'y attendra toujours.

L'amour de la lumière Leonide mentirait si elle venait à dire qu'elle n'aime pas que tout le monde la regarde, qu'elle n'aime pas prendre la lumière. Leo, elle se nourrit du regard des autres. Non pas qu'elle se soucie de ce qu'ils pensent d'elle, mais plutôt car elle prend un malin plaisir à y construire ce qu'elle souhaite. C'est l'un de ses professeurs au lycée qui l'a poussée à prendre des cours de théâtre, sans vraiment qu'elle ne se l'explique encore aujourd'hui elle s'est laissée convaincre. Et depuis qu'elle y a goûté, elle n'a jamais pu s'en passer. Elle a toujours aimé les arts en tous genre, le théâtre a été une véritable révélation. À la sortie du lycée elle a intégré une des plus grandes écoles du pays, et a rapidement commencé à se faire un nom, car elle est divinement douée leo. Et si aujourd'hui on connaît son nom dans les théâtres de New-York, ils sont nombreaux à dire qu'elle aurait pu allée bien plus loin et toucher les étoiles leo. Elle aurait pu, mais elle ne l'a pas voulu. Réussir signifiait partir loin de Theodore, et ça elle en était incapable. Aimer, c'est renoncer.

Tu ne choisiras point Leo a toujours cherché à attirer l'attention de son père, en vain. À la mort de sa mère, la petite leonide a désespérément cherché son réconfort sans jamais parvenir à le trouver. En grandissant elle a continué ses appels de phares, en dénigrant les femmes trophées qu'il ramenait à la maison, en excellent à l'école puis en décrochant périodiquement. Même si elle ne se l'avoue pas, le fait même de s'être dirigée à l'adolescence vers le théâtre n'était pas si anodin. Peut-être la verrait-il enfin une fois montée sur scène ? Mais qu'elle soit sur scène, devant lui et ou à des kilomètres n'y changeait rien, rien n'y faisait. Et Leo a donc finit par se réconforter dans les excès, l'alcool, la drogue, les troubles alimentaires, espérant qu'il finisse un jour par la remarquer. Alors quand il y a quelques mois son père a enfin posé son regard sur elle pour lui annoncer qu'il lui avait trouvé un fiancé, au lieu de lui hurler que jamais elle n'accepterait, elle s'est pliée sans broncher, acceptant la nuque baissée sa volonté, pensaant qu'il lui accordait enfin un peu d'intérêt. Elle est encore loin de s'imaginer la vérité derrière ce mariage arrangé leo ; elle est encore loin de s'imaginer qu'il l'a simplement perdue aux cartes comme une vulgaire rolex.