voyou. (trejan)

◐ ◐ ◐  
{ voyou }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Non j'ai braqué personne, planté personne, buté personne
mais j'suis un voyou c'est comme ça qu'on dit tout simplement
j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment
suffisamment pour y penser tout l'temps

Sa vie n’a jamais été aussi vide. Vide de sens depuis qu’elle a perdu sa fille. Vide d’amour et d’affection, vide de substance, vide de tout sauf de cette souffrance. Elle a englobé son cœur tout entier, comme une ombre beaucoup trop noire en train de l’intoxiquer. Alix, elle se sent asphyxiée, même en plein air, même ici, sur cette plage où elle a donné rendez-vous à son frère. Trejan, le plus frêle, le plus fragile mais aussi  le plus sensible ; celui qu’elle aime, peu importe ce qu’il fasse, peu importe ce qu’il dise. Celui qu’elle protégerait de tout, des inconnus, de leurs frangins, ou de lui-même. C’est sans hésiter qu’elle a décidé de partir le retrouver. Pourtant, Alix, elle a cessé de voir tout le monde depuis qu’elle s’est retrouvée endeuillée. Des âmes les plus proches de son cœur à celles qui effleurent constamment son quotidien, elle les a tous mis de côté, elle a tout arrêté.
Toute sa vie s’est, comme, mise à l’arrêt.
Seulement il y a quelque chose de plus fort que sa détresse. Il y lui, son petit frère, qui a besoin d’elle. À ses mots balancés, dans quelques messages envoyés, elle a reçu l’appel à l’aide. Le putain d’sos que Milo ou Gregor n’ont pas la clairvoyance (la patience ? l’envie ? Le sens de l’écoute ?) d’entendre. Peut-être car l’un a toujours exécuté le devoir familial sans remettre en cause l’autorité paternelle ; peut-être car l’autre s’est toujours senti à son aise, trop en colère contre le monde lui-même, pour se rebeller dans leur sphère. Peut-être parce qu’au fond, y’a qu’Alix qui le comprenne. Y’a qu’Alix, qui a essayé de partir. Sans y arriver véritablement puisque, dès la seconde où on lui a demandé de prendre en charge cette affaire, elle l’a accepté sans rechigner. Comme un travers dont elle ne saurait pas se passer, Alix, elle est aussi piégée dans ce monde que son petit frère. Elle parvient juste un peu mieux à faire croire le contraire. À lui, à son mari, à toute sa vie, puis surtout à elle-même.

Et tu veux lui faire comprendre,
qu’il n’a pas à supporter cette existence,
tu veux qu’il saisisse,
qu’il existe aussi une autre vie,
et que s’il ne fait pas les mêmes erreurs que toi,
peut-être qu’il sera heureux, Trejan,
le plus heureux des Ferreira.

Elle, elle a frôlé le bonheur du bout des doigts. Mais trop ancrée dans la famille, trop précieuse pour leurs crimes. Alix, elle a l’esprit plus pragmatique que ses cadets, mais plus enflammé que son aîné. Alix, douceur infinie, violence inouïe.  Alix, elle est le parfait équilibre. Alix, elle a tenté l’éclipse, mais elle voudrait que lui, il y arrive. C’est pour ça qu’elle voulait le voir ce soir, aussi. Pour lui parler, seule à seul, en tête à tête, loin de leurs frères. Loin de la pression de leur père. Loin de tout ce qui pourrait les empêcher de parler à cœur ouvert. Elle voudrait connaître les maux qu’il ne dit pas, elle voudrait lui donner la force d’y croire. Elle ne sait pas si elle y parviendra, Alix. Une dispute a éclaté entre eux la dernière fois. Conflit aussitôt oublié, conflit sans importance, pour le frère et la sœur de sang. Elle a seulement besoin de le retrouver. Et quand elle le voit, déjà là, dos à elle, face aux vagues échouées, elle n’hésite pas à s’approcher. « Salut petit frère. » elle brise le silence apaisant de la mer, à une heure pareille. Le rendez-vous paraît presque suspect, comme caché au reste de l’univers.
Rien qu’elle et son petit frère,
rien qu’eux, à cœur ouvert.

c'est comme si les disjoncteurs avaient sautés, comme si plus rien ne pouvait être éclairé, c'est comme ça, les démons s'acharnent, les dieux punissent des incandescentes folies qu'ils peuvent faire, et c'est amplement mérité. le monde se plaint, les tout-puissants se vengent des pêchés commis, punir par le fer rouge, le fouet et le bâton. il sait même pas c'qu'il lui est arrivé, quand il a limité insulté alix. il est reparti, enragé, a failli s'empaler dans un lampadaire mais ça c'est pas bien grave, et pourtant il reprends le volant aujourd'hui, et comme tout les garçons de son âge, c'est un danger public, il aurait pu tuer une famille dans un monospace, mais soit. parlons pas du fait qu'il soit parti dix minutes avant le rendez-vous pour faire de base trente minutes qui seront devenues vingt, oui il a du retard, mais il a eu un moyen de se chronométrer. et le temps a l'air plutôt bon, il aurait même pu être pilote de course dans une autre vie (bon peut-être pas, mais ça l'aurait fait kiffé). aujourd'hui, c'est pas toi qu'on doit protéger, c'est plus toi qu'on doit protéger. du moins c'est ce que tu t'efforces a dire, a répéter et personne ne semble avoir compris l'appel, personne ne souhaite entendre la raison: tu n'es plus un enfant à protéger. comme un louveteau, tu as grandi, en charge d'une propre meute de dealers, guetteurs et t'en passes, des sous-fifres dont tu t'en fous presque, tout ça pour l'appât du gain.
et en y pensant, même avec son retard, il est le premier arrivé, y'a le regard qui se pose sur le siège passager vide, puis qui glissera vers la boite a gants, puis le vieil autoradio, et y'a bizarrement une rage, un truc dans le bide inexplicable qui lui donnerait presque l'envie de traverser l'océan, la plage, le lac ou peut-importe l'étendue d'eau qui s'élance devant toi, partir tourner le regard, haïr cette ville pour mieux en aimer une autre, oiseau en cage, il rêve de voler, mais il en est incapable. et l'autoradio qui s'éteint un instant, c'est incroyable mais c'est la goute de trop. comme un gamin qui a le trop plein, tu cognes le volant, se retenant de gueuler ou presque. et tu t'avoueras vaincu, tu sortiras de la voiture pour venir claquer la porte violemment, ta vielle veste en jean sur le dos, et la capuche de son sweat-shirt qui servira de protection contre le vent qui entraine le sable de la plage, et tu te retrouves assis sur le sable, a juste regarder les vagues s'échouer si près de toi, seul.

Partir de là c'est la vie dont j'rêve
J'suis comme mort, c'est étrange
Toutes mes histoires se terminent en haine
J'arrive pas à comprendre

il se perds dans le rythme des vagues, incessante mélodie qui fait peur tout autant qu'elle peut attirer, et il a limite envie de tout foutre en l'air, que ce soit la vie ici, où peut-être même lui, parce qu'il n'y a pas forcément mieux autre part, il y pense, et se trouve perdu dans un monde dans lequel il ne se sent simplement pas membre, monde qui le dégoûte presque au plus haut point. il sursautera presque aux mots de sa sœur, avant de répondre simplement "bordel j'ai failli mourir." ajoute t-il presque naturellement, alors qu'il regarde alix pour simplement dire "tu veux t'asseoir ou marcher?" pas que ça le fait chier de marcher, mais il est que trop bien installé dans le sable pour avoir la foi de se lever.

◐ ◐ ◐  
{ voyou }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Loin de la tendre enfance,
ils ont grandi dans la violence,
celle contre leurs ennemies,
celle au sein de leur famille.
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, rares sont ses disputes avec son petit frère. Loin des rivalités des deux autres membres de la fratrie, ils sont, tous les deux, dans une bulle hermétique. À tous ces conflits, à toutes ces compétitions pour savoir lequel sera le favori. Lequel sera le meilleur, aussi. Elle s’est toujours fichu de tout ça, Alix. Peut-être bien car elle est la seule fille de la famille, celle également qui a voulu partir.
Trejan, c’est différent.
Il rêve d’indépendance et, de faire ses preuves en même temps. Il a le désir secret qu’on lui offre sa liberté mais, aussi, qu’on lui reconnaisse ses capacités. Un océan de contradictions chez le petit cadet qui, assurément, le rend plus fragile, plus préoccupant, aux yeux de son aînée. La louve a toujours tenté de garder un œil sur lui mais, peut-être, l’a-t-elle négligé sans s’en rendre compte. Elle n’avait pas conscience de toute la rancœur qui le frappait au cœur. Pas conscience de tout ce mal-être chez son petit frère. C’était à elle, pourtant, de le voir. Sans doute trop occupée dans leurs réunions de famille, par le restant de la fratrie, puis par celle aussi qu’elle s’est construite. Son mari, sa fille. Sa fille qui a laissé ce vide. Et ce besoin, la dernière fois, de se focaliser sur lui pour oublier sa propre détresse. Se concentrer sur son frangin sans se douter, une seule seconde, de l’avalanche qu’elle risquait de provoquer, en lui donnant subitement, l’attention jamais délivrée. Elle s’en veut, Alix, mais ce soir, elle ne veut penser qu’à lui. Loin de leur dispute, loin de toute chamaillerie. Les injures mises de côté, même oubliées. La violence, ils y sont trop habitués, pour s’en offusquer. C’est sans aucune rancune qu’elle s’approche de lui. Devant son air effrayé, un petit sourire navré sur les lippes. Elle s’installe avec lui sur le sable en guise de réponse, persuadée qu’ils seront tous deux plus sereins pour avoir une véritable conversation. « Assis, ça me va. » Tous les deux, face aux vagues. Elle observe l’écume s’échouer sur le sable. Elle se surprend à imaginer la silhouette floue de sa fille, elle la voit courir, elle la voit s’amuser avec son mari. Il y a tellement de choses qui lui rappellent Flora. Des choses qui lui brisent le myocarde à chaque fois. Mais la ténébreuse évacue les idées sombres qui la submergent, les pensées tournées vers son frère. « Si je t’ai fait sursauter, tu devais être très profondément plongé dans tes pensées. » douce ouverture qu’elle lui tend, l’air de rien, juste pour ne pas le brusquer. Alix, elle le connaît. Trejan, il est comme un oiseau blessé. Il faut savoir l’approcher et s’en saisir avec délicatesse pour espérer pouvoir le soigner. Sinon, il s’effraie, il commence à s’agiter, à se débattre pour se libérer. Alors que tout ce qu’elle veut, elle, c’est l’aider.

Et je voudrais que tu te rappelles,
quand on était gamins,
on se disait qu’on partirait loin,
on se disait qu’on méritait un ailleurs,
loin de cet univers,
loin de ces ténèbres,
loin de ce monde qui nous met plus bas que terre.

oh trejan, tu te perds a regarder les vagues, innocemment presque, l'air las et morbide, triste vérité qu'est devenue ta vie. plus qu'un simple spectacle de marionnettes. une sorte de Truman Show remasterisée. il souffle, épuisé de tout, il n'a qu'envie de tout foutre en l'air, loup en cage qui veut son indépendance, tu ne comprends même pas pourquoi tu as accepté toute cette merde, t'avais qu'à dire a tes parents d'aller se faire foutre et t'aurais eu la vie que tu mérites. t'aurais adoré bosser dans trop de domaines, que ce soit de l'astronomie à la musique en passant par le sport, t'aurais juste aimé avoir la vie de monsieur et madame tout le monde, là où t'as la vie la plus pourrie de terre. te voilà a moitié alcoolique et camé, quand c'est toi même qui vends ce que tu consommes. a moitié mort sur le bar du cabaret de gregor est devenu l'habitude de son ainé qui ramasse son cadavre de frère.
t'as l'impression, d'être un zombie, enfermé dans un corps sans vie, dans un monde où l'on ne prête attention à rien, dans un monde où si tu décidais de te foutre en l'air, ça ne changerait rien, parce que personne ne le remarquerait. t'aimerais qu'on reconnaisse ce que tu fais, qu'on t'offre ce que tu veux, tu demandes pas le plateau en argent, seulement celui en plastique du fast-food du coin de rue. tu rêves secrètement de pouvoir te balader en voiture avec n'importe qui la musique à fond, sans risquer d'se faire cramer par on-ne-sait-qui. juste vivre la vie de jeune adulte. là où les gens rêvent de l'argent, les billets maintenant te dégoûtent, t'es devenu adepte de la carte-bancaire, parce que voir des liasses de billets, d'argent sale dans tes mains ça te dégoûte presque, alors tu ne fais que l'effort pour compter après chaque journée. en espérant que la prochaine fois, ce sera plus simple à digérer. tu n'sais même pas pourquoi ils ont joués les obstinés a te faire vivre cette vie quand du plus jeune âge tout faisait comprendre que tu n'aurais pas les épaules, parce que oui, tu n'as pas les épaules, alors tu fais semblant. peut-être trop bien ? y'a l'amertume qui dégouline des narines, des yeux, d'un peu partout, non tu chiales pas, mais t'en serais pas forcément loin. puis la conversation avec isaure n'arrange pas tout, tu ne t'attendais pas à ce qu'elle revienne, ni même que vous puissiez vous parler sans même être irrespectueux l'un envers l'autre comme ça l'a été à la fin de votre histoire.

alix, alix, alix, elle t'extirpera de tes pensées moroses, alors que t'en es surpris, tu t'es même demandé si elle allait venir, qui sait ? questions d'obligations ? impossible de savoir. puis il regardera sa sœur s'installer à ses côtés, là où il reposera le regard sur l'étendue d'eau, relevant ses genoux contre lui, pour finalement croiser ses bras sur eux et poser sa tête, le regard perdu au rythme de l'océan. et aux mots de alix, il ne marmonnera qu'une réponse pas vraiment voulue, plus du genre à être le gamin qui parle pas au final, parce que personne n'a jamais vraiment cherché a l'écouter. "c'est isaure." qu'il avoue un instant, parce que c'est clairement le cas, il n'a eu qu'une once d'amour pour quelqu'un, une seule personne, elle, que ça n'a été que comme ça toute sa vie, isaure ça a été le tout de trejan, et c'est une plaie encore béante qu'il n'avoue pas. mais bon, c'est une plaie parmi tant d'autres. alors il rajoutera simplement "elle m'a renvoyé des messages." souffle-t-il d'un air agacé. alors qu'il déposera son regard sur alix, l'air impassible avant de dire d'une voix terriblement calme et froide "tu sais très bien ce que je pense de tout ça, d'elle, de tout." et pas forcément que de isaure, de tout ce qui se trame, elle le sait mieux que personne, s'en doute. là où les autres ont besoin des mots pour se comprendre, alix n'a qu'à être a quelques mètres du garçon pour comprendre.
parce que alix et trejan, c'est différent
différent comparé à gregor, milo.
c'est comme ça.
et c'est pas autrement.

◐ ◐ ◐  
{ voyou }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Alix, elle a osé. Elle a osé faire ce que personne n’avait jamais fait. Ce qui, durant des générations de Ferreira, n’a jamais été envisagé. Elle, elle l’a fait. Elle s’est barrée. Elle a quitté le navire au risque qu’il coule sans elle. Alix, elle n’a pensé qu’à elle. Jusqu’à sacrifier la passion qu’elle a cru invincible avec James, jusqu’à provoquer les foudres de Milo qui lui en voudra sûrement une vie entière, jusqu’à laisser à Gregor la seule responsabilité de tous les problèmes qu’il aurait à gérer. Et jusqu’à lui, l’abandonner. Le laisser, avec eux, sous l’influence morbide de cette famille qu’ils n’ont pas choisie. Il n’était qu’un gamin, Trejan, quand elle est partie. Encore livré à lui-même, vulnérable et fragile, surtout trop sensible. Trop sensible pour cet univers, mais trop sensible aussi pour le quitter. Elle aurait dû l’emmener, elle aurait dû au moins mieux l’épauler. S’assurer qu’il encaissait le coup, insister davantage pour qu’il choisisse une autre voie, une dans laquelle il se serait épanoui. Une dans laquelle il aurait été heureux, aussi. Alix, elle s’en veut, chaque fois qu’elle pose ses prunelles sombres sur lui et qu’elle devine les fragments de lui qu’il essaie de cacher. Ceux qu’il arrive à voiler, avec leurs ennemies, avec leur fratrie. Mais qu’elle, voit de plus en plus s’agrandir, au sein de ses iris.
Trejan, il n’est pas fait pour ce monde-là.
Il est trop bien pour ça.

Et j’aurais voulu te libérer quand je me suis cassée,
j’aurais voulu t’emmener avec moi pour te protéger,
j’aurais voulu que tu vives la vie que tu mérites,
je le veux encore aujourd’hui.

Elle contemple ce petit frère qui a grandi trop vite. Sans qu’elle n’en ait envie, sans qu’elle accepte de le voir aussi. Elle l’entend parler de cette fille, la seule qui n’a jamais compté pour lui. La féline tente de faire abstraction ses instincts protecteurs pour jouer seulement son rôle de sœur. Celle qui l’écoutera sans le juger, celle qui l’épaulera sans lui dire comment il devrait se comporter. Alors elle ne dit rien, Alix, elle se retient. Ses prunelles sont uniquement teintées de tendresse, de cette affection qui lui rappelle tout son soutien. C’est quand elle entend les mots suivants qu’elle sent son cœur se serrer, malgré elle, devant la vérité qui paraît si lourde à porter. « Je sais que t’es pas heureux dans cette vie-là. Mais que tu le dis pas. Est-ce que c’est notre faute ? Est-ce que tu restes seulement parce que tu penses que tu n’as pas le choix ? » elle lui demande calmement, désireuse d’obtenir plus de confidences. Elle a besoin de savoir ce qu’il éprouve exactement. Quelles sont ses craintes et quels sont ses doutes précisément. Pour mieux l’en débarrasser, pour mieux les ôter. « Tu sais, Trej’. Je me souviens quand papa nous racontait ses histoires. Il y a Gregor qui l’écoutait attentivement comme s’il cherchait à s’en imprégner, à les retenir pour mieux apprendre. Milo, il s’en délectait, il avait juste l’air de vouloir grandir au plus vite pour vivre la même vie… et il y avait toi. » Toi, si différent. Toi, si bouleversant. Toi, tellement loin déjà, de tout ça. « Toi, tu n’avais pas l’air de comprendre. Tu n’avais même pas l’air de vouloir entendre ce qu’il racontait. T’étais tout petit, mais ça se voyait déjà… t’étais différent. Pas parce que t’en étais pas capable, mais parce que t’aspirais à mieux que tout ça.  » Comme moi. Peut-être que c’est pour ça que je le voyais. Parce que j’étais comme toi. Parce qu’on se ressemblait. Parce qu’on a jamais demandé à avoir cette vie-là. Alors pourquoi ? Pourquoi tu restes, Trejan ?

il souffle un instant, remarquant aucune réaction de sa sœur, il n'haussera que les épaules un instant, se doutant trop de ce qu'elle a sur le bout de la langue, un malheureux regard sur une malheureuse situation, cercle vicieux jusqu'à la moëlle, mais who cares? c'est comme ça. c'est pas autrement. on y peut rien, fin c'est ce que tu crois. tu n'sais pas vraiment encore ce que tu fous assis ici, t'aimerais courir, sauter, hurler, frapper, chanter, et t'en passes, juste le temps d'un instant être jeune, rattraper le temps perdu, se barrer en road-trip avec un pote sans se retourner, gratter l'asphalte au rythme de la musique, du soleil et de la nuit, des étoiles et des nuages. il se laisse aller un instant, puis il va finalement poser son regard sur sa sœur, quand elle parlera enfin, que ce blanc sera effacé par la voix de son aînée. il arquera un sourcil, avant de dire simplement "tu sais tout aussi bien que moi qu'on a pas le choix. si même on l'avait, pourquoi t'es revenue ?" qu'il lâche froidement, alors qu'il posera son regard sur la mer, un instant avant d'ajouter presque instinctivement "tu sais tout aussi bien que moi, que si ils apprennent que j'arrête tout ça pour rentrer dans les rangs, on va m'foutre de côté, me renier où j'ne sais quoi." qu'il lâche, alors que la mâchoire se resserre instinctivement. ils c'est la famille, des parents aux frères, jusqu'aux sous-fifres de notre monde.

tu peux pas partir, tu le sais, et te dire que tu peux n'est qu'ineptie, tu sais qu'elle te mens, où qu'elle se voile la face, t'en es quasi sur, si tu te tailles de tout ça, tu vas finir dans un bas-côté, une balle dans le crâne. le regard qui se pose tout là-bas, alors qu'il écoute la fille parler, hochant la tête, soufflant du nez il rajoutait simplement "moi qu'on laissait sur le bord de la route comme un chien errant mais oui.. j'étais là." parce-que c'est comme ça que tu as toujours vu la situation, et qu'il n'y a pas a la voir autrement. t'as tout été sauf ce qu'il fallait, alors on t'as laissé sur le bord, comme un gamin lâché en adoption par une mère alcoolique et droguée. il regardera alix en arquant un sourcil a sa nouvelle phrase, avant de bêtement dire "comme quoi tout le monde se trompe alix. t'as peut-être besoin d'un ophtalmologue." souffle-t-il l'air las, alors qu'il semble rapidement lancer le sujet qui lui tient vraiment a cœur.
oh que oui c'est l'heure de son procès, qu'il soit là où non.
parce-que de ta famille t'en as peur, mais aps de lui.
tu ne l'aime pas.
"t'es sûre que ça va avec ezio?" qu'il lâche comme ça, ravalant sa salive aussitôt, prénom qui lui fait presque hérisser les poils mais dans le mauvais sens. t'es presque sûr de l'anguille qui se planque sous la roche, du piège a ours fourré dans la neige, des dents qui s'enferment sur la proie. sauf que t'as l'impression que cette fois-ci, c'est pas alix qui a les crocs les plus dangereux.

◐ ◐ ◐  
{ voyou }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Pourquoi t’es revenue, Alix,
pourquoi t’as pris ce risque,
celui de perdre tout ce que t’as construit,
toute cette famille,
ta fille.
Pourquoi. Pourquoi elle est revenue. Question simple, aux réponses aussi multiples que complexes. Alix, elle est revenue parce qu’elle est intrinsèquement rattachée à sa famille. C’est en elle, ça pulse dans ses veines, c’est elle. C’est ce qu’elle est, même si, elle a tenté de se dérober. Même si, elle aurait voulu oublier. C’est cette obscurité scintillante qui brille dans ses prunelles, chaque fois qu’elle règle une de ces affaires, un  de ces soucis criminels sans qu’ils ne la concernent. C’est quelque chose qui fait partie d’elle parce que, peut-être, qu’une partie d’elle aime ça, une vérité qu’elle ne s’avouera pas. Pourquoi elle est revenue, parce qu’elle a été incapable de dire non. Incapable de partir définitivement.

Alix, douce éclipse,
astre du jour dans l’obscurité,
astre de nuit dans la clarté,
trop solaire dans les ténèbres,
trop lunaire dans la lumière,
trop déchirée par des aspirations contradictoires,
trop désagrégée entre deux vies irréconciliables,
Alix, amère paradoxe,
Alix, l’équinoxe.

Le silence comme la plus âpre des réponses, elle porte ses billes sombres sur l’océan à l’horizon. Elle voudrait voir les vagues balayer cette vie qui n’est pas la sienne, encore moins celle de son petit frère. Les mots de Trejan lui brisent le cœur. Car elle le sent pris au piège, prisonnier d’un engrenage de douleur. Elle se tourne vers lui, à la recherche de ses iris. Elle voudrait lui effacer cette tortueuse mélancolie, cette amertume qu’il est trop jeune pour ressentir. « Quoi qu’il arrive, tu restes notre frère. Moi, ils ne m’ont pas reniée. Ils ne le feraient pas non plus avec toi. » Et moi… moi, tu sais que je n’y songerais même pas. Tu sais que je serais toujours là. Toujours avec toi. Mais Trejan est si persuadé qu’il ne compte pas, une idée qui s’est immiscée dans son esprit sans que son aînée ne s’en aperçoive. Elle a émergé, elle a poussé, comme une plante vorace qui se met à tout ronger. À le dévorer. La fille Ferreira pose ses mains contre les genoux de son cadet, pour mieux capter son attention alors qu’elle continue sur sa lancée. « Je ne sais pas pourquoi je suis revenue, je… je suppose que c’était plus fort que moi. Mais ça ne veut pas dire que toi, tu n’auras pas la force de t’émanciper. Il y a que ce que tu ressens toi qui compte Trej. » et qu’ils viennent s’y opposer. Qu’ils viennent, leurs frères, leur père. Elle sera là pour les accueillir, Alix. Ce monde est en train de le détruire. Alors elle se fiche des trafics, elle se fiche de l’organisation de la famille, elle se fiche de tout parce qu’elle ne voit que lui. Lui, Trejan, qui finira par craquer. Qui finira par céder. Elle ne veut pas le voir un jour s’écrouler, parce qu’il n’aura pas su s’échapper. Mais c’est elle qu’il dit aveuglée, peut-être à raison. Son retour dans les affaires en est une preuve tristement flagrante. Peut-être qu’il est plus lucide qu’elle, Trejan. Peut-être qu’elle se voile la face, Alix, alors qu’elle est encore prête à tout pour obtenir vengeance. Même à embrasser les ténèbres que tous les deux, ils rejettent tant. « Je vois assez bien pour comprendre que ça te ronge… » elle soupire, la voix tiraillée de le voir dans cet état. Meurtrie et coupable, d’être impuissante face à son désarroi. Mais elle ne s’attend pas à ce que, soudain, ce soit le sien qui soit pointé du doigt. Ezio, le nom la surprend presque, de la bouche de son petit frère. Elle le contemple, une brève seconde, un brin décontenancée. Pas mal troublée. Elle n’était pas prête à ce sujet. Sûrement car, en réalité, elle ne sait même plus où elle en est. « Je… je ne sais pas. Il se plonge dans la culpabilité, il croit… que c’est sa faute, pour Flora. » et elle, elle ne lui dit pas. Elle ne lui avoue pas être la seule responsable de son trépas. Elle n’avoue pas, que c’est elle, la coupable pour Flora. Pointe au cœur, qui se ravive de douleur, alors qu’elle garde plus ou moins contenance. « Et il se doute que je lui cache quelque chose. » la dispute de l’autre fois lui revient en mémoire. Les insinuations, les accusations, tout ce qu’elle redoute de voir détruire leur couple. Leur famille, ils l’ont déjà perdue.

il n'est qu'un rouage usé dans la machine, il le sait, que la rouille va le faire céder d'ici peu, qu'il va partir, il se sent vriller a chaque souffle, presque capable d'en blesser les proches qu'il aime pour s'offrir cette liberté, où peut-être même a l'extrême venir se foutre en l'air pour s'enlever de ce mal, de cette boucle insupportable. une sorte de rôle digne d'un oscar porté sur les épaules, les gens résignés a accepter cette image sous des apparences de violence, tu sais que t'as ôté des vies, même sans forcément tuer. le boulet au pied, résigné a être enfermé dans ce monde, l'âme qui se tue a petit feu quand tu t'occupe de tuer ton corps au rythme des drogues et de l'alcool ingurgité chaque jour, des trous dans les comptes que tu caches pour ne pas dévoiler ta consommation personnelle.
parce-que tu le sais,
et qu'elle doit s'en douter.
et que alix va surement t'arracher pour ça,
qu'elle va te foutre la plus grosse soufflante possible,
et dans le pire des cas tu pourrais même te prendre une claque.
le silence s'empare de la conservation, paraît-il que c'est potentiellement le pire poison possible dans une discussion, mais tu n'sais que dire, tu dis tout et rien, tu n'sais pas où te placer, comment aborder des choses. c'est tristement problématique. une sorte de statue enfermée dans un musée qui s'éveille la nuit, gamin qui déambule dans ces longs couloirs du cabaret où sa plaque tournante se situe aussi, assis dans la pénombre. et elle parle enfin, brise les liens du silence qui torturent l'âme. il hausse les épaules en guise de réponse, il sent l'épée qui le pourfends dans un poids insoutenable, il ne répondra qu'un instant "on a jamais eu la même place dans la famille alix." et c'est vrai. la seule fille, princesse a protéger, proche des autres, et toi, brebis galeuse laissée a l'abandon qui doit faire ses armes seul, a la force de ses bras et de sa folie intérieure. il semble a la phrase de alix, rire nerveusement avant de reprendre presque aussitôt "parce-que tu crois qu'ils vont bien le prendre quand je vais dire que je me taille pour espérer faire de la boxe professionnelle? ils vont se foutre de ma gueule c'est tout." il ne relèvera pas les prochains mots de sa sœur, il écoutera simplement, évidemment que oui tout cela le ronge, mais il ne le dira simplement pas, parce-que ça ne mène a rien de nouveau. alors il encaisse. et change de sujet pour ne pas penser à ça. il écoutera alix simplement, sans jugements (ou presque), il essayera de faire comme elle a toujours fait. a vrai dire, tu t'es toujours dis que c'était la faute d'alix comme celle d'ezio pour la mort de leur fille, mais t'as eu une occasion de le détester, parce-que dans l'histoire tu as perdu ta nièce malgré tout, et que même si tu ne le montres pas, ça te fends tout autant le cœur. alors tu hoches la tête de haut en bas, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser, ni même sans savoir comment utiliser tes cordes vocales à cet instant. son regard posé sur alix a l'instant d'après, pour lui répondre "je doute qu'il soit tout blanc aussi alix." parce-que personne ne l'est, et personne ne peut l'être.

◐ ◐ ◐  
{ voyou }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Elle ferait n’importe quoi pour lui. Vraiment n’importe quoi.
Elle serait capable de tout pour sa famille, pour les autres Ferreira aussi. Mais il y a quelque chose de différent avec Trejan. Parce que Trejan, lui, il est différent. Il a beau abhorrer le fait d’être considéré comme un gamin, il n’empêche qu’il éveillera toujours cet instinct protecteur chez sa sœur. Ce besoin impérial, incontrôlable, de veiller sur son âme autant que sur son cœur. Alors elle ne peut pas rester indifférente face à une telle scène, Alix. Elle ne peut pas contrôler son propre myocarde qui perd son rythme si régulier, quand elle entend les confidences de son petit frère. Elle ne peut pas rester à l’écouter, sans se battre pour lui faire entendre raison. Pour l’inciter, un jour, à partir pour de bon. Elle évoque son propre exemple, bien trop vite avorté quand elle a choisi de revenir apporter son aide. Mais la vérité amère sortie des lèvres de son frangin lui serre un peu plus le cœur. Alix, elle garde le silence, incapable de contredire la sentence.
Elle sait.
Elle sait qu’ils ne sont pas dans la même position.
Elle sait que c’est plus facile pour elle ; princesse de ses trois frères. Elle sait qu’on lui passe beaucoup de choses, parce qu’elle entretient une relation privilégiée avec Gregor, parce que Milo – quoi qu’il en dise – la déteste encore moins qu’il ne l’adore. Parce que Trejan. Trejan. Il est son autre.  Seule figure féminine, elle a aussi disparu sans demander un quelconque avis. Elle a suivi sa seule envie, sûrement car c’est ce qu’elle a toujours fait. Les décisions prises comme la deuxième aînée, le tempérament posé comme enflammé selon ce qu’il faudrait, elle a su s’imposer. Elle a su garder sa liberté. Même si, au fond, elle est peut-être la plus grande prisonnière de ce monde qui est le leur, elle qui est vouée à leur revenir, encore et encore.
Nouveau soupir, s’échappe de ses lippes, alors qu’elle finit par dire. « Ils t’aiment autant qu’ils m’aiment. » sur ça, il ne la contredira pas. Ou bien, elle l’empêchera. « Et puis, justement… je serais là, moi, avec toi. Quoi que tu fasses. » Fait incontestable ; peut-être plus vrai encore que tout ce qu’elle pourrait dire. Trejan, il ferait la chose la plus terrible, c’est encore lui qu’elle protégerait, au-delà de sa vie. La louve protectrice esquisse, cette fois, un faible sourire, quand il imagine sa carrière dévoilée au reste de la famille. « Tu leur mettras une raclée à ce moment-là alors. » elle essaie de le faire sourire, à défaut de pouvoir l’aider à s’en sortir. Peut-être… peut-être qu’il n’est pas encore prêt. Car il cherche la reconnaissance des leurs autant que son indépendance, Trejan. C’est ce qui le tue, comme ça l’a tant de fois rongée elle aussi. Ce conflit intérieur entre sa famille et son instinct de survie. Le sujet qu’il change toutefois, elle le respecte sans protester, déterminée à lui donner un peu de tout ce qu’elle semble avoir tant de mal à lui livrer. À lui, comme aux autres en vérité. Alix, elle ne sait pas se confier. Mais il est vrai que c’est encore plus délicat avec le plus jeune de ses frères. Celui qu’elle voudrait protéger de tout, et donc aussi, d’elle-même. Un peu pensive, alors qu’il évoque son mari, elle ne sait ce qu’elle est censée dire, ni même ce qu’elle peut ressentir. Elle est fatiguée, Alix, fatiguée de ce vide qu’Ezio n’arrive pas à combler. De ce vide dans leur maison, dans leur cœur, qui ne fait que se creuser. « Il a peut-être manqué de vigilance… une minute, peut-être, pas plus… mais tu sais qu’ils attendaient que ça. Qu’ils auraient trouvé un moment, quoi qu’il arrive, pour la kidnapper. » ce n’était ni un accident, ni une coïncidence. Ils étaient ciblés et ça… ça, elle en a la seule responsabilité. « C’est ma faute en réalité. C’est ma faute et je suis incapable de lui avouer. » elle laisse échapper, la voix qui se met à chevroter. Car c’est la première fois qu’elle ose enfin la prononcer, sa putain de culpabilité.