Say goodbye to angel dust | ft. Cassey #2

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{ say goodbye to angel dust}
crédit/ tumblr ☾ w/@Cassey Warren

Offre-moi un seul sourire, un de tes merveilleux étirements de lèvres, un de ceux qui révèlent comme tu élèves les bons et les mauvais vers ton âme épurée. Offre-moi un sourire, un soupir peut-être. Offre-moi une main que je pourrai tordre, un sentiment que je pourrai distordre. Mais ne m'offre pas ta compassion car d'elle je ne saurais que faire. Ne trahis pas mes envies de tes pirouettes gentilles. Offre-moi juste ta bouche qui se soulève et qui pour moi se prend de fièvre. Laisse-moi en caresser les contours, laisse-moi t'apprendre qu'il n'existe pas d'amour.

La jolie blondinette lui tient tête. Les réponses qu'elle lui fait semblent à Carmin désastreuse. Son innocence était encore mignonne trois minutes plus tôt. Maintenant, elle dérive dans l'inconscience. « Ce n'est pas ce que j'ai dit. » il siffle entre ses dents avant de lui expliquer qu'elle a tout faux. « Nul besoin de commettre une erreur, le monde est déjà mauvais à la base, pourri de l'intérieur. » Comme lui, comme elle, comme Hazel et comme tous ceux qui viennent expier leurs pêchés sous la soutane du prêtre en espérant qu'un pardon avec des larmes plein les yeux leur permettra de s'offrir le paradis.

Vexée? T'ai-je offensée avec mes mots? Je sens ton ton qui se refroidit et ton corps qui se raidit. Tu me parlais d'amour et de mérite il y a quelques secondes encore. Mais t'ai-je poussée trop près du précipice? Ton visage rabougri me donne envie de lui mettre une petite gifle pour le désengourdir de ton envie de me juger. Mais je suis flatté, flatté que tu aies envie de sentir mon désir t'encercler, de viser.

« Tu m'as juste mal interprété. S'il n'avait tenu qu'à moi, cela ferait longtemps que ton corps aurait assouvi mes fantasmes les plus pervers. » Il ne cache plus ses bas instincts, il ne prétend plus être un homme bien. Jouant carte sur table, laissant la boisson l'aider, il dévoile son jeu. Ou une partie. Carmin analyse les réactions de la belle qui l'accompagne. Car au final, le vicieux personnage ne fait jamais rien sans calculer un peu ce qu'il pourrait en ressortir. Là, alors qu'il s'ouvre, alors qu'il lui dit des vérités encore jamais énoncées à qui que ce soit d'autre, il sait que demain il pourra prétexter que l'alcool et Hazel l'ont poussé dans les bras de la folie. Mais une toute autre question se posera le lendemain : aura-t-il vraiment envie de retrouver la normalité? Quel sens a tout cela?

« Le pêché par la pensée? » Il sourit avec un air rêveur avant d'évoquer un grand auteur. « Orwell condamnait la milice de la pensée dans son grand ouvrage qu'est 1984. Mais elle existe, c'est certain. Cependant, c'est là notre dernière liberté. Pourquoi m'en priver? Qui ira me dénoncer? Toi? » Comme l'enfant du voisin de Smith qui avait dénoncé son propre père? Cassey irait-elle révéler aux supérieurs de la paroisse que Carmin n'y avait sa place? L'idée germait de plus en plus dans son esprit. N'était-ce pas un pêché que d'ainsi détruire un homme? Et n'était-ce pas jouissif de la soumettre à un dilemme moral pour voir qui de lui ou du bon sens de la société l'emporterait dans son coeur? « Oui, je mens. » Aussi simple et plat que ça. Et elle ne sait pas encore à quel point. Et Carmin est prêt à tout lui révéler pour peu qu'elle livre les noirceurs de son âme en gage de confiance. Il fomente son idée, la laisse grandir encore quelques instants tandis qu'elle lui réaffirme qu'il pourrait être aimé. « Ce n'est pas dans mes buts. A quoi bon? » Sincère, il révèle une des grandes tristesses de sa vie. Il n'en a jamais pris conscience avec le drame qui s'imposait. Mais l'amour n'a jamais été un objectif. Et il ne le serait probablement jamais. Le vice quant à lui, le mal, la perversion, la décadence et la déchéance... voilà des buts nobles pour prouver à l'humanité entière qu'elle se mentait elle-même.

« Ni l'un ni l'autre. » Proche d'elle, il est décidé à ne pas mettre de barrière, à s'ouvrir réellement pendant quelques minutes. Alors il parle, il laisse sa bouche révéler ce qu'elle a si longtemps tu. « Je m'apprête juste à te dire les pires fléaux de mon existence. Je m'apprête à te confier mes secrets les plus dangereux, ceux qui feront de toi la maîtresse de mon destin si tu souhaitais me briser. » N'est-ce pas là de l'autodestruction? Ou peut-être est-ce de la confiance aveugle? Ou autre chose encore...? Il la regarde droit dans les yeux, saisissant chaque battement de paupière, analysant chaque dilatation de pupille. « Qui as-tu repoussé? » Il n'endosse pas son visage doux de prêtre qui encourage à la confession. Non, Carmin est fidèle à celui qu'il est réellement. Le visage droit, il la dévisage sans méchanceté. Cet air transparent qui lui est peu courant a de quoi déstabiliser. Il pose sa question, la pousse à se défaire de ce qu'elle retient dans la prison de ses sentiments. « Aucun secret? Tu n'as jamais tiré les ailes d'une mouche et retiré un plaisir à le faire? Jamais pris ton pied à voir un homme se languir de toi alors qu'il n'avait aucune chance? Tu n'as jamais fui une route où tu avais accidenté une voiture sans laisser de mot? Tu n'as jamais cherché à séduire un nouveau prêtre en fonction? Tu n'as jamais espéré qu'une amie viendrait à échouer? Tu n'as jamais... » Il s'interrompt, prend une gorgée de son scotch et revient à elle. « Je n'ai jamais voulu être prêtre. Je voulais être psy à la base. Mais ma famille est chrétienne, ma soeur une emmerdeuse, et j'ai toujours été le chouchou des parents. Quand j'ai fini ma première licence en psychologie, j'ai bifurqué vers la théologie. J'avais envie de montrer à mes parents que j'étais vraiment meilleur qu'elle. Je l'étais. Mais elle n'avait de cesse de me répéter que j'étais juste le chouchou mais qu'en vérité, s'ils ouvraient les yeux, ils verraient à quel point j'étais mauvais. » Il ne s'arrête plus, raconte son histoire comme s'il devait le faire maintenant qu'il a commencé. « Elle avait raison, j'étais mauvais. Mais sans son affection et sans celle des parents, je me retrouvais juste mauvais. Alors j'ai trouvé un but : être le meilleur d'entre nous. J'ai fait mon Master en théologie et, non content de mon diplôme, j'ai même fait un doctorat. La bonne blague, je suis Docteur dans le domaine de la religion. Non pas que je ne suis pas croyant, oh si, mais je ne suis pas un exemple au niveau de mes pensées. Puis, mon job étudiant au clergé s'est amélioré, je suis passé d'intendant à assistant d'un des prêtres. Je faisais tout avec lui. A la longue, ils ont même oublié que je n'étais pas moi-même prêtre et quand il est mort... » Il marque une pause pour voir si Cassey va comprendre d'elle-même ce qu'il est en train de lui avouer. Il ne sourit pas, reprend une gorgée de son scotch et s'approche d'elle en reposant son verre. « Si tout ça ne compte pas pour toi, si ce n'est pas la preuve que je suis quelqu'un de mauvais, j'ai encore d'autres histoires à te raconter. Mais si tu es persuadée que même en les connaissant, tu continueras de défendre que je ne suis pas que mauvais, alors... » Il se penche un peu plus vers elle, frémissant en sentant à nouveau son parfum l'enrober. « ... embrasse-moi. » Le baiser de Juda? Le baiser du pardon? Le baiser de la folie. Faudrait-il être folle pour se laisser aller à pareil comportement avec un homme qui prouve point par point son instabilité intérieure? Psychopathe dans l'âme peut-être, il cache son jeu depuis des années. Cassey pourrait-elle prétendre qu'elle croit qu'il n'est pas que le noir tableau qu'il vient de dépeindre?

☆ ☆ ☆
{  say goodbye
to angel dust  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Carmin Fletcher  

Reflet de ses contradictions,
parfait écho de ses paradoxes,
Carmin, quand il prône la lumière, lui donne la sensation d’être plongée dans les ténèbres,
Carmin, quand il affirme la bassesse, la pousse à prôner la bonté de l’univers.
C’est étrange, comme il éveille toutes les oppositions en elle.
C’est étrange, comme il l’incite toujours à se dépasser elle-même,
pour mieux le garder avec elle.
La joute verbale se poursuit, comme une danse endiablée qu’elle s’efforce de suivre. Mais lui est si convaincu de sa pensée, qu’elle réalise combien elle aurait du mal à la faire changer. Et ce n’est pas son but, à Cassey. Femme aux idées bien arrêtées, coutumière des débats aux réflexions impossible à concilier. Têtue, indéniablement, mais pas obstinée. Elle se contente de secouer la tête, de gauche à droite, tout en rétorquant. « T’es déprimant Fletcher. » plus familière avec lui qu’à son habitude, elle met légèrement de côté le prêtre pour se concentrer sur l’homme. Un instinct qu’il favorise plus encore en se révélant à elle comme jamais il ne l’a fait par le passé. Les désirs interdits, les envies de luxure, il les dévoile sans le moindre scrupule. Et elle, ça la trouble. Mais pas comme il le faudrait. La nymphe n’est pas embarrassée, ni même gênée. Elle est juste déstabilisée devant les confessions de ce prêtre qu’elle n’a jamais imaginé convoiter. Ses orbes le contemplent avec intensité, à la recherche d’une preuve qui indiquerait le fond véritable de sa pensée. Tout, pourtant, respire en lui la sincérité. « Je ne sais pas si je dois répondre au prêtre ou à l’homme, là. » elle confie son trouble avec un faible sourire en coin. Rares sont les fois où elle  a la sensation de ne pas avoir les cartes en mains. Mais elle a deux jeux, avec Carmin. Deux chemins qui s’offrent à elle, sans qu’elle ne sache véritablement où ils l’entraînent. Alors elle reste sagement à sa place, sagement n’étant pas ordinaire pour la pécheresse, mais elle tente encore de garder les idées claires.
Lui continue de se laisser consumer par l’éthanol,
lui continue de se livrer à elle sans pudeur.
Elle ne sait pas si c’est l’alcool,
ou la perte de sa sœur.

Mais il n’a jamais été comme ça avec elle, Carmin.

Peu à peu, il lui révèle des fragments de sa personnalité ; des éclats de son âme encore voilée. Elle apprend à le découvrir, autrement. Intéressant, captivant même, mais incroyablement cynique. Versatile, aussi. Le sourire en coin quand il évoque l’un de ses auteurs favoris, cette fois elle sait précisément quelle réponse lui offrir. « Non, je ne te dénoncerai pas. » ce n’est pas elle en vérité. L’astre solaire n’y songerait même pas une seconde en réalité. Même en voyant apparaître cette obscurité en lui, cette noirceur qu’elle n’avait encore jamais vue. «  Pourquoi consacrer ta vie à un mensonge dans ce cas ? » pure question rhétorique, question oratoire, qui trouvera sa réponse plus tard. Elle rebondit plutôt sur le moment, sur ce qui se passe dans l’instant. Sur ses sentiments. « Tu as dit tout à l’heure qu’il te serait bon de te savoir aimé… c’est vrai que tu mens, alors. » elle conclue en le fixant, de cet air amusé dans ses océans. Elle pourrait se sentir offusquée, effrayée même, par cet homme qui apparaît, à l’encontre de tout ce qu’il a toujours montré. Si opposé, Carmin, à ce qu’elle a toujours cru qu’il était.
Mais elle est captivée.

Tu me fascines, peut-être, un peu,
complexe et intriguant à la fois,
toujours empreint de cette sombre aura,
il y a quand même cette partie de moi,
qui a envie de déceler ce que tu es vraiment.

Elle retourne lentement à ses travers, Cassey. C’est lui, pourtant, qui l’a guidée mieux que n’importe qui en lui faisant prendre conscience, combien elle choisit mal ses relations. Combien elle devrait être plus prudente. Elle ne l’est pas une seconde. Non, là tout de suite, elle le laisse attiser ce feu en elle, ce feu qui lui donne la sensation d’être vivante. Ce feu qui flamboiera avant qu’elle ne finisse en cendres. Ce feu qu’il fait grandir à chaque mot qu’il peut dire, à chaque confidence qu’il laisse fuir. Elle n’essaie pas d’empêcher leur rapprochement, elle sent encore ses genoux contre les siens, mais c’est son regard plus que tout qui la retient. Elle le soutient de ses prunelles bleutées, sans flancher.

Non, je ne chercherais jamais à te blesser,
je resterai malgré tout à tes côtés,
c’est toi, Carmin, seulement toi, qui risques de le regretter,
toi qui t’es évertué avec tant de mal à me cacher la vérité,
tu me l’offrirais, vraiment, sans réfléchir,
sans t’en vouloir ensuite ?
sans tenter de me fuir ?

Elle est là, tout près de lui, mais elle songe à l’après. Au moment où il se réveillera de cette sorte de transe étrange, cette ambiance particulière qui s’est instaurée. Au moment où il se demandera comment il a pu autant en dire, lui qui n’a visiblement toujours fait que mentir. Elle, sûrement, n’est pas sujette aux mêmes enjeux. Se confier à lui ne l’effraie pas, car elle n’a rien à cacher. Au contraire, Cassey, elle a trop tendance à se dévoiler trop vite, ce qu’elle décide de faire encore une fois avec lui. « Ceux qui… auraient pu m’apporter quelque chose de vrai ? Mais j’essaie d’y remédier. Tu sais, cette histoire d’être gravé dans le bois, elle m’a marquée. » La preuve étant qu’il n’est pas si mauvais. À elle, il a su apporter la lumière. Même s’il semble si persuadé de n’être que ténèbres… au point que ce soit douloureux à entendre pour celle qui le considère. Celle qui l’estime, celle qui s’est attachée à lui. Il lui arrache un sourire, empreint de malice, quand il essaie de lui extirper des horreurs qu’elle aurait commises. « Non, je n’ai jamais fait tout ça. J’ai peut-être… usé de mes charmes trop souvent. Mais ça, ce n’est en rien un secret. » séductrice, la sirène, elle le sait. Les mots aguicheurs, les sourires enjôleurs, ils font partie de ce qu’elle est. Sans qu’elle ne cherche à le cacher. Elle ne prétend pas être une sainte, sans doute qu’elle approche davantage de la pécheresse. Mais, jamais, elle n’a cherché à paraître meilleure que celle qu’elle est.

Elle est ce qu’elle est, Cassey, entière, vraie,
bonne ou mauvaise, elle n’en sait rien,
mais sincère sans hésiter.

Son verre toujours entre ses doigts frêles, elle goûte une nouvelle gorgée du breuvage alcoolisé, silencieuse désormais. Attentive, toujours davantage, aux aveux confessés. Elle en découvre davantage sur cet homme d’église qui n’en est pas tout à fait un. C’est déroutant à écouter mais elle ne peut décrocher de lui ses opales. Devant le silence qu’il émet soudainement, elle sent l’ombre d’une insinuation qu’elle n’est pas prête à entendre. Comme un instinct, elle repose le verre quand il approche d’elle. Son souffle contre ses lèvres, elle l’observe, envoûtée par leur proximité moins encore que par les flammes qui semblent soudain les entourer. Elle n’aurait qu’à pencher son visage de quelques millimètres pour l’embrasser. « Je ne t’embrasserais pas, Carmin. » non pas que l’envie ne lui est pas venue, dans une telle atmosphère, ce rapprochement sensuel, sa voix charnelle. Carmin, tout entier, est une incitation lui-même. « Je sais que tu n’es pas que mauvais, parce que je suis persuadée qu’on est juste un mélange entre le bien et le mal. Avec toi, j’ignore simplement sur quoi penche la balance. Mais ce n’est pas pour ça que je ne t’embrasse pas. » elle recule légèrement, suffisamment pour avoir une vue d’ensemble. Pour garder, aussi, toute sa contenance. « Je ne t’embrasse pas parce que je suis uniquement mes envies. Pas celles qu’on me dicte. » elle lui offre son petit sourire en coin. Son petit sourire mutin. Celui qui rend dingue. Mais Carmin, il sait contenir ses ardeurs, bien mieux que ses prédécesseurs. « Et j’ai trop peur pour m'y risquer. Que tu regrettes tout ce que tu es en train de m’avouer. Et plus encore… de m’embrasser. » elle tient à lui, quoi qu’il en dise. Elle n’a aucune envie de lui porter préjudice en se perdant dans le vice. Car c’est la plus grande différence entre eux. Elle est libre mais… pas lui.

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{ say goodbye to angel dust}
crédit/ tumblr ☾ w/@Cassey Warren

L'ombre naît de la lumière
L'obscurité est soeur du jour
Pour tous ceux qui espèrent
Découvrir ce qu'est l'amour.

Mais dans les espoirs de l'humanité, rares sont ceux qui y ont vu se cacher celui que Carmin Fletcher se révèle autre que ce qu'il est. Noir et l'âme impure, n'est-il pas destiné à souffrir jusqu'à ce que les abysses de l'enfer l'englobent? Déprimant, ce n'est pas son futur qu'elle estime déprimant. C'est lui qu'elle juge ainsi. Et le blondinet ne souffre pas de ce commentaire qui est bien trop faible pour qualifier le faux prêtre. Cassey est trop bonne encore. Mais il se garde bien d'ajouter à ce qui l'attend, il se tait, préférant rester déprimant encore quelques secondes avant de sombrer dans le terrifiant. Car un homme qui écoute les secrets des gens, qui les absout et qui fait tout cela sans être sous serment... c'est un dangereux secret à partager. Si le prêtre prétend être soumis à la confidentialité et ne l'est pourtant pas, qu'est-ce qui lui garantit que la belle se taira?

N'est-ce pas ce visqueux espoir qu'elle pourrait tout révéler qui le pousse à ainsi braver la tempête et à en dire trop? Peut-être. Il n'y a de toute façon plus aucune limite. Un sourire en coin sur le bout de ses lèvres, la trop parfaite ne répond pas à la question. Elle préfère la relancer, éludant le problème. Mais Carmin aime les jeux. Et même à terre, il sait toujours comment rebondir pour le plaisir d'un clin d'oeil déplacé. «Réponds à celui qui te tente le plus. » Pour peu qu'un des deux l'intéresse encore. S'il nourrissait quelque espoir de la pervertir quelques semaines plus tôt, il les abandonne un à un en cédant à la folie de la vérité. Le fantôme de sa soeur posé sur son épaule, jouant le rôle du démon qui lui souffle de continuer, de se débarrasser de cette aura angélique qu'il a trop longtemps portée. Fardeau qui n'est désormais plus nécessaire vu qu'elle n'est plus là pour être confrontée, pour être rappelée à l'ordre, pour être forcée à le respecter.

Cassey ne le dénoncera pas. Cependant elle ne sait pas encore tout ce qu'il y a à savoir. Et comme un défi, ces mots semblent le pousser encore plus à tout dire, à la provoquer dans cette promesse trop rapidement formulée. Dans l'incompréhension, elle ne se détourne pourtant pas. Elle le sonde, comme si elle commençait à voir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Les réponses à ses questions sont au bout du scotch ou de la prochaine vodka. La charmeuse s'indigne qu'il mente, affirme qu'il le fait. Et dans un haussement d'épaules, Carmin lui confirme qu'elle dit vrai. « Oh mais je ne fais que ça. » Mensonge sur mensonge, rien de ce qui sort de cette bouche n'est digne de confiance. Aucun de ses gestes, aucun de ses regards ne peut être analysé comme une preuve de sa personnalité. Toujours caché derrière un rôle qu'il a trop bien performé, il sait mieux qu'elle qu'il n'est que tromperie.

Cependant dans cet élan de fourberie,
Dans cet océan d'insanités,
Tu as réussi à ce qu'elle rie,
Quand elle voulait pleurer.

Et maintenant qu'elle se perd
Dans ton âme débordée,
Peut-être que tu espères
Qu'elle va te sauver...

Mais l'homme que tu es
Ferait peur au Diable lui-même
Evidemment que tu le sais
Et tu n'en sortiras pas indemne.

L'histoire de l'empreinte marquée dans le bois a touché la sensibilité de Cassey. Le geste du prêtre lui revient en pleine face comme un boomerang. Il sourit involontairement. L'alcool le rend clément ou dément. Pourquoi est-il content d'avoir eu un impact positif? Cela ne lui ressemble pas. Avec elle, il ne se ressemble pas. En ce moment, il n'est que l'ombre de Carmin Fletcher. En ce moment, c'est Tybalt qui refait surface, le gamin du lycée, celui qui cachait ses plaies pour ne pas embêter la parenté. Mais cette image l'agace et le sourire s'efface. « Les as-tu sciemment usés avec moi? » demande-t-il sans détour. Il est certain qu'elle n'a pas été sainte nitouche en sa présence. Mais il s'est toujours demandé si c'était volontaire. Le malsain aimerait croire qu'elle cherchait à le pervertir. Le Carmin endolori par l'alcool se demande s'il ne serait pas préférable qu'elle n'ait pas rêvé de lui et de sa soutane.

Un baiser pour le pardon
Oserais-tu me dire non
Alors que je viens de me damner
Alors que je t'ai tout donné.


Elle refuse sans délai. Y a-t-elle seulement réfléchi? Cassey ne peut jouer cette mascarade qu'il a trop longtemps perpétuée. Le rêve éclate, l'atmosphère change soudain pour lui. Trop sûr de lui, il déchante devant les justifications de la minette qui s'explique tant bien que mal. « Tu as plus que je regrette que de toi regretter de ne pas l'avoir fait, cela est assez explicite sur ce que tu ressens. » La gifle est violente pour lui. Il se détourne de celle qu'il tentait de méduser sans voir que c'était lui la proie pour une fois. Intérieurement agité, il hésite à reprendre un verre mais ne s'y résout pas. Un regard vers les jeunes à côté lui fait entrevoir le paquet de clopes qui est nonchalamment abandonné sur le comptoir. Il le saisit sans gêne, l'ouvre et voit que tout ce qu'il lui faut y est. Cigarettes et briquet. Carmin se lève et sort s'aérer, inspirer quelques bouffées de nicotine pour lui changer les idées. Combien de temps avant qu'elle ne sorte? Il n'en sait rien. L'alcool fait qu'il ne sait même pas s'il a fumé une cigarette ou trois pendant ce temps. Les yeux perdus dans le vague, elle arrive à son niveau. Part-elle ou le rejoint-elle? Il n'en sait rien. Il pivote pour la regarder. Il est plus grand qu'elle et il a toujours adoré ce détail. Même sur ses talons, elle ne l'atteint pas. Il sourit en jetant sa cigarette au sol. « Tu devrais rentrer chez toi. La prochaine fois, je risque de ne pas te demander. » A quoi fait-il allusion? Au baiser réclamé? Ou de l'accompagner? Il est volontairement vague. Il fait un pas en avant, tourne sur lui-même, revient dans sa direction, s'arrête et la regarde avant de fuir son regard. Sans poser ses yeux sur elle, préférant regarder un point imaginaire au dessus de son épaule, il murmure « Je ne t'ai dit que la vérité ce soir, que la vérité. Une vérité qui n'a pas le droit d'exister. Mais qui existe malgré tout et que tu es désormais la seule à connaître. » Il tend sa main vers elle avant d'interrompre son geste. « Tu as raison, je regretterai peut-être demain. Mais demain, ce ne sera pas moi. »

☆ ☆ ☆
{  say goodbye
to angel dust  }
crédit/ tumblr ☆ w/@Carmin Fletcher  

Et tu lui offres ton plus beau sourire enjôleur,
tu t’amuses, Cassey, comme si c’était un jeu,
comme un papillon attiré par le feu,
tu joues, indéniablement,
tu joues en oubliant,
comme c’est dangereux,
ou peut-être que c’est ce que tu veux.
Ce qu’elle recherche, ce qu’elle aime. Ce qui la captive, beaucoup trop fort, beaucoup trop vite. Elle se laisse magnétiser, l’oiseau virevoltant, elle approche sans s’inquiéter, des flammes dont elle devrait se préserver. Ou, même, tous les deux, les préserver. Comme un aimant impossible à contrôler. « C’est l’homme qui me tente le plus. » elle avoue sans gêne dans un murmure lascif, les mots qu’elle ne devrait pas dire. Si elle oubliait ses fonctions de prêtre, elle aurait sans doute cherché à le séduire. Il est beau garçon, il a ce charme indescriptible. Ce sourire irrésistible. Ce sourire insolent qui aurait dû lui faire réaliser, qu’il n’est pas aussi innocent que son titre laisse à le penser.

Assurément, c’est l’homme que t’aurais choisi,
c’est l’homme qui t’attire,
quand le prêtre au goût d’interdit,
ne cesse, finalement, de mentir.

Elle se rend compte, lentement, mais sûrement, que derrière le faciès serein mais impénétrable du prêtre, se cache l’homme et ses travers. L’homme, dans tout ce qu’il a de plus complexe. Elle ne s’offusque pas de ses mensonges alors que, peut-être, elle devrait. Des mois qu’il prétend être ce qu’il n’a jamais été. Mais Cassey, elle se focalise surtout sur ce qu’elle découvre de lui. Cette ombre encore à peine perceptible mais qui, déjà, la fascine. Les azurs posés sur lui, elle détaille les traits de ce visage qu’elle connaît pourtant déjà par cœur. Elle a la sensation que, rien n’a changé. Il n’est pas soudain devenu un autre homme que celui qu’elle croyait. Elle essaie d’emmagasiner les informations qu’il lui a données mais en vain. Rien n’y fait, elle n’y arrive pas car, à ses yeux, il reste lui, Carmin. C’est juste une autre couche fragmentée de sa personnalité qui lui est offerte. Moins pure, moins bienveillante, mais plus authentique.
Plus accessible, aussi.

Subterfuge ou non, l’homme aux deux visages l’a aidée quand elle s’est trouvée au plus mal. Il lui a apporté les réponses à ses questions, il l’a soutenue devant l’échec d’une énième relation. Elle n’essaie pas d’en comprendre les raisons. Peut-être est-il aussi mauvais qu’il le prétend, peut-être qu’il l’a fait pour l’avoir sous sa coupe uniquement. Mais Cassey, elle n’est rien. Juste une poupée égarée, qu’il pouvait laisser se perdre un peu plus dans ses chemins tourmentées. Ce n’est pas ce qu’il a fait. Carmin, il a préféré garder un œil sur elle. Et, devant ce constat qu’elle fait à haute voix, le blondinet se met à sourire, comme s’il était heureux de l’impact qu’il a eu. Comme s’il était heureux, d’avoir été là pour elle. Elle le contemple, les iris attendris, alors qu’il tente à son tour d’en obtenir plus. Question délicate pour celle qui sait, celle qui se connaît. Elle a tendance à se montrer charmeuse sans le contrôler. Sans même le réaliser. Avec Carmin, ses intentions étaient loin d’être mauvaises. Elle n’a jamais cherché à le séduire, mais peut-être l’a-t-elle fait de manière imperceptible. « Je me suis surprise à le faire parfois. Mais je me suis empêchée d’aller plus loin sur cette voie. » Car elle n’a jamais voulu que son bien. Elle fait des erreurs, parfois, mais elle n’a jamais voulu nuire à qui que ce soit, Cassey, surtout pas à un prêtre pour la seconde fois. Ce qui l’a rendue, de temps à autre, différente de ce qu’elle est quand elle s’autorise à être elle-même en totale liberté. Peut-être que, comme lui, elle s’est privée. Elle a retenu des envies avant qu’elles ne se mettent à exister. Elle les a empêchées de naître dans son esprit pour que son corps ne finisse pas par les réaliser.

Mais les remparts ont disparu,
la vérité apparue,
autant dans ce qu’il révèle,
derrière le prêtre,
que dans celle que tu dévoiles,
ce que tu cachais jusque-là.

Parfait jeu de miroir, entre les deux âmes vacillantes. Il a osé retirer la soutane, pour un soir. Un soir, où il lui confie ce qu’il a toujours caché. Alors, dans un écho instinctif, la poupée se laisse aller. Nul besoin de se forcer à respecter un serment s’il lui avoue ne pas y croire une seconde. Transparente sur sa manière de penser, elle ne franchit pourtant pas la limite du baiser. Les mots, les mots. Ils n’ont pas d’incidence, ils n’auront jamais de conséquences. Mais elle ne peut pas dépasser la frontière de l’amitié avec un prêtre alcoolisé. Elle refuse de le suivre dans cet état, dans quelque chose qu’il regrettera. Puis, aussi, l’imprévisible n’a pas l’habitude qu’on lui dicte ses dires. L’envie, même effleurée, serait aussitôt effacée, en l’entendant exiger. Silencieuse, devant la réponse de Carmin, la nymphe a le mérite de rester clémente. Elle encaisses les paroles qui ne la touchent pas, révélatrices d’une vérité qu’elle n’a pas cherché à cacher. Elle n’a jamais eu honte de ce qu’elle peut éprouver, Cassey, ses émotions sont trop exacerbées, pour qu’elle n’ose les assumer. Mais, surtout, elle sait qu’elle vient d’atteindre sa fierté. L’égo mal placé, peut-être, de celui qui croyait qu’elle s’exécuterait sans broncher. Elle laisse la virilité de l’homme parler, le regarde partir sans l’en empêcher.

Même quand tu essaies de bien faire,
tu plonges la tête la première,
comme un poison dans tes veines,
tu finis toujours dans les ténèbres.

Un léger soupir s’échappe de ses lippes rosées. Elle se demande si elle devrait le rejoindre mais lui laisse le temps de respirer. Souffler. Elle finit par payer leurs consommations, puis se saisit de son sac à main, et enfin, elle le rejoint. Il est en train de fumer, un autre péché qu’il lui avait caché. La tête relevée vers lui, les océans qui se noient simultanément, elle le contemple sans un mot. Il lui en veut. Ça la ferait presque sourire, de voir l’homme d’église qu’elle a cru si pieux, en plein caprice pour un baiser qu’elle lui a refusé. Mais ses mots la bouleversent, car ils brûlent d’authenticité. De cette vérité qu’il a tant de mal à assumer. « Je ne compte pas m’enfuir parce que tu m’as dit la vérité. » C’est tout l’inverse en vérité. Elle se sent plus proche de lui, plus qu’elle ne l’a jamais été. Non, elle ne va pas s’échapper. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle va se précipiter à l’embrasser. Cassey, dans toutes ses contradictions, elle reste fidèle à elle-même. Elle se trouve au bord du précipice. Elle pourrait reculer et s’enfuir. Fuir loin de cet homme qui lui a menti. Elle pourrait aussi se laisser tomber avec lui. Partir effleurer les abysses. Voir ce qu’elle y trouvera ensuite. Mais non, elle reste, au bord de ce précipice. Pour elle, mais aussi, pour lui. « Je vais rentrer chez moi. Mais, d’abord, je te ramène. » Il a beaucoup trop bu pour qu’elle le laisse partir tout seul. Aucun choix qu’elle lui donne, la main qui part récupérer le jeu de clés qu’elle ne lui avait pas rendu, elle joue de son cristallin, avant de rejoindre la voiture de Carmin. « Je ne te laisse pas le choix, allez. » Elle a senti qu’il fuyait son regard, comme s’il avait trop de mal à la voir. Comme si quelque chose en lui s’était cassé. Elle ne sait pas si c’est son égo qu’elle a trop malmené, ou lui qui est chamboulé. Mais, pour cette nuit, elle veut juste l’aider. Et, ensuite, il pourra la détester.

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{ say goodbye to angel dust}
crédit/ tumblr ☾ w/@Cassey Warren

Maître du jeu,
Tu es piégé.
Dans tes aveux,
tu t'es effrité.

Déesse pêcheresse, elle t'enflamme de ses mots, elle pervertit la petite parcelle de ton âme qui est encore blanche. Tout ça ne vaut rien en comparaison au havre de paix que son oreille te permet. Parce qu'elle t'a ouvert son âme en te laissant t'y abreuver. En te laissant te confesser, toi, de certains de tes pêchés. Elle est devenue prêtresse et toi, homme en peine, en besoin d'une guidance, d'une bonne parole. Mais tu es avide, Carmin, tellement avide. Tu en veux plus, sinon rien. Et tu penses y avoir droit vu qu'elle te malmène en te parlant de celui qui la tente, de l'homme au-delà de celui qui travaille pour la foi. Cependant, toi, tu as perdu la tienne. Perdu dans un amas de pensées où les voix graves et agaçantes d'Hazel te confondent et t'obligent à ramasser les restes du passé. Et parmi ces voix, une seule détonne, une seule résonne. Elle te ramène parmi les vivants pour ensuite rire de toi quand tu l'approches réellement. Car si elle est tentée, elle ne te cède pas.

Cassey, reine des âmes en peine, elle-même experte en la matière, te confie les siennes. Elle te confie moins que ce que tu ne lui donnes ce soir mais elle t'écoute, elle avale tes paroles comme tu avales les déboires.

Elle n'a jamais cherché à te séduire, te dit-elle. Jamais volontairement. Est-ce là du respect ou un manque de désir? Tu ne veux pas chercher à savoir, tu préfères présumer. Car oui, Carmin, tu crois tout savoir. Tu veux tout savoir.

Sauf que la belle te repousse ce soir. Tu lui offres ce que ton alcool pense être une chance exceptionnelle et puis, tu la vois décliner ton offre. Vexé? Oh tu l'es. Mais surtout surpris que la blondinette émette de la résistance. Parce que ton égo ne s'est pas assaini avec le temps, parce que là aujourd'hui, tes démons sont encore plus présents. Tu la fuis comme on fuirait la peste. Elle est une parcelle de ton ancienne humanité, une parcelle évidente de tes faiblesses enfouies au plus profond de ta chaire.

Le tabac quitte tes lippes agressées par l'alcool tandis qu'elle te rejoint. Elle ne veut pas fuir mais elle ne sait pas encore tout. Tu l'évites un moment, préférant te concentrer sur la cigarette qui détruit tout doucement tes poumons. Pêché d'une vie que tu ne peux pas assumer devant tous ceux que tu cotoies au quotidien. La dame Warren essaie d'être douce mais elle ne comprend pas que ce soir, elle se confronte à un nouveau monstre. Tu en es un tous les jours, un monstre déguisé par les artifices de l'hypocrisie. Mais celui-là est du pipi de chat en comparaison avec le gamin qui renaît en toi. Ce môme martyrisé par ses camarades jusqu'à en devenir un bourreau. Ce môme devenu populaire pour ne pas sombrer de l'autre côté. Hazel te sourit depuis l'autre côté de la cour de récré, elle te sourit avant d'éclater de rire. L'image se brouille et tu vois à nouveau les arbres qui se cachent dans la nuit. La voix de celle qui t'accompagne brise le silence de la nuit une nouvelle fois.

Tourné vers elle, tu interromps tes gestes. Et elle interrompt ce moment que vous avez partagé. Amer, tu l'entends te parler comme si tu étais un bonhomme qu'il faut materner. Oh, Carmin, tu détestes qu'elle te prenne de haut ainsi. Mais elle a tes clés et tu n'es pas d'humeur à courir pour lui échapper. Pourtant l'idée te traverse l'esprit. Avec ses talons hauts, elle aurait du mal à te poursuivre. Elle pourrait les enlever mais le ferait-elle? Tu la suis vers ta voiture et te glisse à l'arrière pour lui indiquer qu'elle n'est que ton chauffeur. Le trajet se passe en silence, tu préfères regarder l'horizon assombri plutôt que de jeter un oeil dans sa direction. Une fois arrivés, tu sors sans un merci. Arrivé à la barrière du presbytère vu que c'est ici qu'elle t'a reconduit, tu fais marche arrière et reprend tes clés de ses mains. Tu évites ses yeux, préférant la mépriser avec ton silence tout entier. Puis sans un mot, tu tournes à droite pour rentrer à ton appart'. Tu y seras en 15 minutes mais l'air froid te fera du bien, c'est certain.