SAVE THE QUEENS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !

Partagez

 

 le rouge et le noir — Carmin (tw)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty
Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty Mar 15 Déc - 0:02


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

Calice asséchée, c’est à la gorge d’un esprit mort que le Carmin vient s’abreuver de sa rage, mélancolie dévorante qu’il ne peut exprimer dans ce morne quotidien qui pourrait finir par le dévorer. Bien sûr, elle aime sa poigne rigide dans ses cheveux, ses reins à la violence sèche, ripant dans un ventre qui ne ruisselle pas encore assez pour l’accueillir dans les tréfonds désemparés d’un métronome encombré par la haine vorace. Il beugle, aboie, loup en colère aux babines retroussées et l’aliénée se rit encore du fou qui décide de ne lui offrir que la pauvre levrette aussi certainement que quelques clients étant venus perdre leurs vit en elle, semant le lait indélicat de leurs plaisirs dans une capote qui finira par échouer dans une poubelle non loin de l’habitacle où la passe ce sera faite. Elle en a connu des violents, des insatisfaits, des enragés mais aucun ne saurait la faire crisper ses cuisses comme Carmin sait le faire, dévorant de ses mains la peau encore pâle et encore immaculée, épargnée par les passages des griffes de l’âme sauvage et vengeresse qui ne cherche qu’à trouver un pilier contre lequel se heurter. Encore et encore, jusqu’à ce que le pilier cède.

Mais tu sais bien Tybalt,
Que je ne cède pas si facilement,
Qu’il en faudra bien davantage pour me voir luire pour toi,
Que mon cœur, tu ne l’entendras pas battre, sous les seins aux bourgeons agonisants.
Je ne suis qu’un dahlia prêt à faner entre tes doigts, rien de plus.
Ta perdition, victime éternelle et bourreau tout à la fois.


Avilie par la haine, elle le laisse la cambrer, la tordre comme une marionnette qu’il aurait finement ciselée au gré de ses déboires faussement amoureux et érotiques, la laminer plus fort de cette incartade avilissante qui manquerait de faire naître le premier gémissement de douleur tant l’intrusion hurle, brûle et la force à serrer les cuisses pour faire tant cesser la torture que le garder davantage dans le calice qui pleurera bien assez tôt le sang auquel parfois, il s’est abreuvé. Se souvient-il de toutes leurs étreintes ? De ce qu’il voulait pour elle ? De cette violence sexuelle inculquée dès le plus jeune âge ? Ni Tybalt ni Carmin ne furent doux auprès d’Imra, fouillant ses cuisses parfois sans rien attendre, égoïste dans la danse du stupre qui les relie. Elle se souvient des premiers soupirs chantés à l’orée des lèvres qui s’endormaient contre les siennes, des ténèbres qui ensevelissaient leurs étreintes faussement anodines. Rien ne se passe comme sur un grand écran où l’on romantise l’aliénation, où la caricature est bien faite. Tout se fait dans le plus naturel des jeux, dans une osmose innée où l’Imra encore vêtue de ses douceurs enfantines se voyaient prendre par l’homme plus grand et plus fort. Est-ce lui qui a rendu sa haine envers les hommes plus grande encore ? Est-ce Tybalt, le premier, bien avant que sa mère ne l’achève, qui a su planter en elle la graine d’une rage sans limites envers la gente masculine qui ne cesse de lui faire crisper la lippe ? Il se moque d’elle, la méprise tout en la prenant de la plus violente et vicieuse des manières et le souffle torturé éclate à l’aube de ses lèvres sèches où se goûtent encore l’immondice de la gnôle qu’il lui a offerte. Oui, deux pathétiques qui s’enchevêtrent l’un dans l’autre, s’imbriquent, se détruisent, ne se font que peu de bien et pourtant, Carmin demeure son refuge le plus habituel, là où elle toque contre le torse pour trouver la présence du cœur de son roi fou où elle s’épanche sans jamais pleurer, trouvant sa lumière d’obsidienne dans son monde d’obscurité.

Que les esprits lui pardonnent de s’abandonner au mâle,
Que les esprits lui pardonnent si, ce soir encore, joue rougie, elle lui cède,
Que les esprits la châtient plus tard car ce soir, elle souffrira de toute façon.


Ses mots la font sourire amèrement. Oh, elle n’essaie de convaincre personne, pas elle-même qui ne croit en rien d’autres qu’au monde des arcanes, ne donnant sa foi et sa confiance qu’à l’au-delà, elle est morte, morte et mortifiée, abandonnée à ses désirs inavouées, souriant de leurs bêtises communes, de leur déni absolu. Oui, le fruit de leur union serait déjà bien pourri, une pomme déjà gangrénée par le ver de leurs diableries. Ils ne créeraient qu’un monstre errant capable de tuer de ses mains encore potelées, regard vide et effrayant. Il créerait une énième âme dont les confessions pourraient faire frissonner n’importe quel prête à l’oreille bien tendue derrière sa grille le protégeant de tout, du Mal incarné. Voilà que son Mal, à elle, s’impatiente, se dérobe, la vidant d’un seul coup de son intrusion maladive et délirante, la repoussant tandis qu’elle soupire, semblant osciller entre ivresse, désir et choque dont elle ne perçoit rien. Elle se laisse saisir, entrouvrant déjà les lèvres pour mordre ce qui devient bâillon, gémissant pour lui, pour que ses reins s’enflamment, pour que ses hanches s’emplissent du vin de l’imposteur qu’il laissera en elle ou sur elle. Le fixant de ses yeux au travers des mèches folles retombant sur son visage de putain, elle ne le fusille pas du regard, elle le caresse, le lèche et l’adore presque si Imra se voyait capable d’adorer sainement. Comme une condamnée à la potence, elle se laisse guider vers l’extérieur, nue et taiseuse car elle veut bien, s’amusant du jeu le poussant toujours plus loin, à frôler les limites de l’ignominie humaine dans la passion sexuelle.

Dis moi, Carmin, jusqu’où pourrais-tu aller pour moi ?
Dis moi, Carmin, me tuerais-tu tout en me baisant ?
Est-ce triste ou excitant que je t’en crois capable ?


Le bruit sourd de son dos percutant le mur et se répercutant dans l’alcôve nimbée d’ombres ne les arrête pas, elle le sent revenir, glisser et les molaires et crocs de la louve se resserrent sur le tissus qui pourrait l’étouffer. Au travers de la nuit noire, elle le perçoit, Diable déparé de sa sous-pape, les cheveux blonds bien longs dans lesquelles une main ose se plonger quand ses cuisses s’entrouvrent, sentant la main curieuse dévaler la plaine du ventre, trouver le calice emplie et fondre contre la perle sacrée dont les femmes sont parfois dotées. Elle se crispe, tremble, se rétracte quand ses phalanges se plissent dans les mèches d’un amant furieux, un soupir ne pouvant se taire quand l’homme touche à la faiblesse de la femme, ses hanches venant à la rencontre des siennes, poussant pour le repousser ou pour s’animer davantage dans l’incendie qui prend vie entre eux, la sueur venant se glisser dans les plis des seins hauts, entre la peau tendre de ses cuisses, remontant sur la pointe de ses pieds, comme pour fuir l’assaillant ou tenter de s’enrouler autour des hanches qu’elle sait puissantes, qui vacillent contre les siennes et les omoplates à la peau bien fine se heurte et se meurtrissent contre le mur à chaque coups de butoir. Un long râle la voix céder sans jamais le lâcher des yeux, ne voulant que le baiser de ses yeux mornes de corbeau, les ongles raclant les racines de ses cheveux dans lesquelles elle a souvent fondu pour le blesser, pour l’attacher à elle. L’amante ondule et laisse faire son bourreau, son ventre se creusant sous la malice des phalanges qui pincent la baie d’un sein à l’auréole rosée, vrillée par l’abomination de la colère qu’il relâche en elle. Elle se lasse alors de devoir se taire, détourne la tête pour recracher son bâillon, tirant brutalement sur les cheveux blonds et trop longs du Carmin aux yeux rougis de haine « Tu es monstrueux, Tybalt. J’aime ça … » Les parois fielleuses de son ventre se resserrent sur le membre qui l’empli pour se jouer de lui, ne lui réservant que sa danse ondoyante, sa langue venant lécher les lèvres alcoolisées de celui qui fut le premier et sera peut-être le dernier. « Tu me hais ? Dis moi à quel point tu me détestes. » murmure sibyllin dans la gorge noire qui les entourent, pas si loin de là où se prêche la soi-disante pureté. « Mène moi vers l’autel, Tybalt. Baise moi là où tu prêches tes si bonnes paroles. » Une chanson qu’elle gémit contre les lèvres assassines, les caressant de l’ourlet des siennes sans oser un baiser, car elle n’oserait avouer que les baisers entre eux sont souvent des batailles qui font s’entrechoquer l’émail, qui ne sont que douleur et font couleur le sang. « Punis moi si tu es si en colère. Sois un homme ce soir, au lieu de jouer avec le plus facile. »

L’esprit trouée par la cadence des coups de fouets qui font murmurer la peau rencontrant la sienne, elle élève un poignet face à lui, déjà orné de bien des bracelets de cicatrices nés de ses rituels malfaisants, sorcière jusqu’au bout, léchant, vipère, la peau maculée de stigmates « Me tueras-tu ce soir, Carmin ? Je jouirais pour toi si tu oses m'ouvrir un poignet, je te le jure mon Père. » Elle oscille entre ses deux prénoms, pour le rendre fou, pour le déchirer entre sa création et ce qu’il est encore et n’a jamais cessé d’être. Les phalanges de la féline s’élèvent contre la joue à la barbe ne repoussant qu’à peine, doucereuse et presque aimante « Tu es beau quand tu ne m’aimes pas. » Et elle ne lui laisse pas le temps de voir le soufflet d’une gifle arriver, le sentant s’enfoncer bien davantage en elle, expirant presque un cri qui s’emmêle au plaisir et à la douleur, le souffle perturbé comme un vent froid et chaud. « Sois un putain d’homme. » recrache-t-elle, certaine qu’elle ne repartira plus indemne de cette soirée, cherchant sa fin peut-être, l’enfant souffrant de n’avoir jamais su être aimée par sa mère ni par un père, souffrante, au fond, de n’avoir jamais droit à la candeur et de la voir pourrir sous son passage. Ne pouvait-elle pas naître angelot et délicate ? Pieuse et saine d’esprit ?

Me voilà folle, Tybalt.
Me voilà prête à ployer sous tes mains,
Me voilà prête à sombrer ce soir, sur l’autel qui nous appartient.



(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty
Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty Mar 15 Déc - 10:18


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.



Dis moi, Carmin, jusqu’où pourrais-tu aller pour moi ?
Dis moi, Carmin, me tuerais-tu tout en me baisant ?
Est-ce triste ou excitant que je t’en crois capable ?


Sombre ritournelle qui tourne dans sa tête comme s'il l'entendait penser. La gamine qui a treize ans l'avait condamné à aimer le vice de la chair, le plaisir même du sang, est en train de s'immiscer dans sa tête pour lui murmurer des souffles démoniaques. Il la sent qui cherche encore plus de douleur, plus de mal. Il la sent qui se tord mais qui retient ses impulsions cardiaques. Elle ne lui donnera pas ce qu'il veut, elle n'a pas cette générosité. Et ce malgré que la recherche du prêtre n'est autre que de la forcer à jouir pour imposer sa volonté sur la silhouette frêle de cette âme pêcheresse. D'un soupir à l'autre, les corps se cambrent, se poursuivent. Elle se tait, ne dit plus rien et accepte sa prison sans un seul sursaut. Bâillonnée comme une proie d'un violeur qui l'aurait prise en stop en bord de route, elle ne se débat pas. Mais elle n'a pas la résilience d'une victime, oh non, Imra est tout sauf victime. Quand bien même les coups de reins de l'homme sont assassins, quand bien même il la pénètre jusqu'aux seins, c'est elle qui est désormais en charge de la force. Elle a décrété qu'il n'était pas assez bon dans sa violence, pas assez doué pour la tordre. En parlant ainsi, elle sait qu'elle risque de le provoquer à la plier en deux, à lui briser la colonne tant elle suscite la rage en lui.

Rage malsaine que celle d'un adolescent qui se rappelle de tous leurs ébats. Y a-t-il eu jamais quelque émoi entre eux? Autrefois, il regardait son corps infantile et admirait la pureté qu'il aimait tant souiller. Derrière des vêtements qui cachaient un corps frêle, il y avait cette silhouette fine qu'il avait déjà découverte bien plus forte que d'autres. Premier amant de l'enfant, il semblait en être le seul constant. Si ils se haïssent tant, pourquoi toujours en redemander? La force de leur lien est incompréhensible et ce, même pour eux.

Poussée contre le mur du couloir, les entrailles de la sorcière se referment sur la virilité agacée du blond. Il ne fait pas l'amour, il ne baise pas, il frappe. Si son membre était un objet, il serait fouet. Lacérant la peau déjà bien meurtrie de celle qui sera toujours gamine à ses yeux, il la sent qui supplie pour plus de douleur encore. Puis, alors que l'horreur est déjà à son summum, elle incante de ses lippes pour obtenir une nouvelle peine dans son coeur. L'autel. Carmin, homme de foi malgré lui, a embrassé le métier pour narguer sa soeur, pour rendre fiers ses parents. Mais derrière tous les défauts du faux prêtre, il y a une pointe de réelle servitude envers Dieu. En lui déplaisant constamment, c'est sa propre âme qu'il cherche à condamner. Cependant, il demeure un fidèle, un fidèle bien caché. Le parfait opposé de la jouvencelle qui vient ainsi encore une fois lui proposer de se damner avec elle. L'idée le séduit et l'horrifie à la fois. « Tu ne mérites pas ma haine.  » dit-il avec un fiel non contenu, avec une compassion feinte mais réelle aussi. Imra, la condamnée, cherche à se débarrasser de son corps terrestre? Il voit sans besoin de sonder plus loin à quel point l'idée de se faire meurtrir excite la dame qui l'entoure. L'humidité qui émane d'elle ne fait plus de doute : l'effet de cette perspective, de cette seule pensée, a suffi à ouvrir un passage qu'il n'était pas parvenu à contraindre alors qu'il s'y tuait depuis une bonne dizaine de minutes.

Il devrait être horrifié par ce qu'elle lui propose de faire. Son regard descend vers les poignets déjà lacérés et il hésite. C'est la vérité. L'homme qui porte la soutane hésite à ainsi finir de consumer leurs âmes dans un feu de ténèbres dont on ne revient pas. Serrant le poignet dans sa main droite, il laisse les cicatrices se faire sentir sous son derme. Il frissonne, rattrapé par sa propre réalité. L'idée le soulève lui aussi. Laissant le tissu qu'elle a gardé en bouche traîner au sol derrière eux, il la ramène dans sa cellule. «  L'autel est trop bien pour toi. Bien que tu aimerais souiller le monde tout entier, cet endroit ne t'est pas réservé. » Sec, il ne lui dit pas que le soir, des messes sont encore dites et qu'ils pourraient y être surpris. S'il aime le danger, il ne mettra pas sa carrière en danger pour elle. Tu es beau quand tu n'aimes pas. lui dit-elle sans retenue. Les mots sortent sans qu'ils ne les retiennent, spontanément, comme un cri de son coeur dévasté par leur relation purulente. « Et je t'aime quand tu es aussi laide.  » Car cette laideur, cette affreuse image de sa personne, le reflet pure ce qu'elle est, elle ne le montre totalement qu'avec lui. Comme si l'âme dévastée et détestable ne pouvait être comprise que par cette autre âme dévastée et détestable qu'est celle de Carmin.

Imra le somme d'être un homme et il se tourne, refusant de la regarder, réfléchissant à son futur pêché. Il pourrait jouer avec les limites et prendre son petit couteau destiné aux enveloppes en papier pour venir lui ouvrir les veines. Mais loin des contes de vampire où le monstre se retient à temps et la dame revient à elle, il risquerait de la voir mourir sous ses yeux. Faisant volte-face, il la regarde droit dans les yeux. « Non Imra. Tu en as peut-être fini de la vie, mais moi je n'en ai pas fini de toi.  » Aucun de ses mots ne transmet des ondes d'amour, aucun. Cela sonne plus comme une menace que comme une déclaration et ce n'est pas sans raison : c'est une menace. Il la pousse sur le dos sur ce lit qui est le sien et monte sur elle, attrapant un des deux poignets qu'elle voulait saigner. Ses dents se plantent sans détour dans la peau écorchée, il lui faut faire un effort extrême pour réussir à la blesser tandis que son corps s'invite à nouveau en Imra.

Trop tard pour toi
Tu as voulu joué
Tu ne gagnes pas
Tu vas me regretter.


Trois vils coups de reins brusques et sans pitié l'emplissent tandis que le blond sent le sang perler sur ses lèvres. Il est parvenu à la déchirer à plus d'un niveau, sans même avoir jamais anticipé un pareil résultat. Se lâchant et relâchant toute pression au creux de son corps, Carmin grogne, se moquant bien de savoir si elle est parvenue à trouver son plaisir dans cet échange immoral. Il se retire sans crier gare, la laissant vide de lui, et retourne se vêtir du caleçon qu'il venait d'ôter. Fletcher s'assied à la chaise de son bureau et la regarde d'un air brûlant, tel un assassin qui se relève après avoir failli tuer une victime qu'il n'avait pas calculé d'éliminer. « Je suppose que tu n'as pas eu ce que tu voulais.  » Mais cela ne semble pas le déranger plus que ça. L'idée qu'elle soit frustrée dans son désir est une punition sage pour celle qui a essayé de le mener encore plus loin sur le chemin de la dépravation. Et qui a réussi un peu.
 


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty
Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty Sam 19 Déc - 17:07


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

« Et je t'aime quand tu es aussi laide.  »

Mauvais écho. C’est bien tout ce qui résonne dans la caboche détruite de celle à qui l’on offrira nul délice de souffrance. Les pleurs pourraient la tenailler, la frustration la faire devenir Méduse rendant aveugle cet amant ne méritant plus de fondre dans les tréfonds sirupeux de son ventre maintes fois happées par la putride invasion des désirs durcis des hommes parfois incapables de lui faire atteindre la moindre fontaine de Jouvence, orgasme insipide dont elle ne se souvient plus, la tête pleine. Les mirettes se déguisent d’indifférence en le fixant quand bien même les souffles sont courts, quand bien même elle se voit troublée par ce « Je t’aime » qui n’en est pas un. Elle aimerait lui confier que jamais personne ne lui a ce mot de la bonne manière, qu’on lui a souvent cracher, comme un molard noir, comme une régurgitation qui devait la condamner de son acide. Ainsi Carmin se rajoute à la longue liste de celui qui la voit telle qu’elle est et qu’elle se voit : Laide. Mais l’aime-t-il ? « Ne dis pas des mots que tu ne penses pas. » Timbre morne, elle se voit flétrir, cessant les bacchanales qui hantent son corps et ses hanches, rien ne frétillent. Elle veut s’éloigner, l’oublier, fuir les palabres qui l’écorcheront.

Car tu sais bien m’atteindre,
Car, au premier regard, Tybalt,
Tu m’as blessée puis tuée,
Encore, encore, encore.
Un meurtre infini.


Elle se voit, poupée chiffonnée à la mine défaite sous ses lourdes paupières d’oiseau troublé, ramenée dans la cage qui leur sert de secret, souillant les lieux sacrées, entendant la voix de l’amant et bourreau hanté sa tête où ses cheveux cavales le long des épaules, des omoplates saillantes, effleurant presque les reins tendus où la coupe s’est vu rougir par les à-coups l’ayant projetés contre le mur de pierre. Quelques plaies discrètes qui cicatriseront bien vite, elle se dépose, vidée sur le lit, l’observe, Adam plein d’hésitation, levant lentement le menton pour le narguer de son corps qui, malgré elle, malgré toute la haine qui sillonne les monticules de ses seins aux bourgeons rosés, malgré son ventre encanaillé par la passion qui suinte entre ses cuisses qu’elle entrouvre en une invitation silencieuse, rêvant de l’acmé qu’il lui offrira peut-être, elle le sent, le voit, l’observe de ses yeux qui le recueillent comme un souvenir, comme si dix années allaient alors les séparer une fois qu’elle sera chassée ou qu’elle s’enfuira. Car l’une ou l’autre de ses fins est toujours la bonne entre eux. Elle observe le dos où ses griffes ont pu se planter, le corps d’un homme retenu par l’avilissement du mensonge, la beauté dans le creux des reins au fossettes qu’elle perçoit même dans les sourires carnassiers qu’il lui offre et dans ceux, plus doux, plus angéliques, qu’il dissémine à ses sujets. L’amante délaissée patiente, se laisse aller à reprendre la gourde pour boire, boire, boire, s’euthanasier à l’alcool qui glisse comme un poison dans sa fine gorge de vautour, se fichant de la colère qui viendra. Mais le tonnerre ne tarde pas à lui retomber dessus de toute manière car l’Hadès se détourne, empli de désir pour elle ou pour l’immondice de leur relation et tandis qu’elle dérobe les dernières gouttes d’alcool tout en le mirant de ses yeux noirs, la gorge tendue comme pour se laisser égorger, le ventre plat qui ne trouvera nul nid pour un enfant né de la diablerie qu’ils sont en train de créer, elle le voit fondre sur elle; Le fracas de la gourde retombant sur le sol poreux n’est qu’un éclat bien timide comparativement au soupir qui revient, au râle tonitruant qui vient lorsque les crocs de l’homme se pensant immortel fonde dans la peau dans d’un poignet mutilé, que la masculinité emplie de sang revient trouver son refuge en elle.

Imra ne peut cacher ni la douleur, ni l’extase, ses reins se creusant sous les coups sévères qui la dévorent, sous l’émail qui voit les flots purpurins s’évader des veines, dévaler le bras bien pâle, souillant la bouche qui lui accorde enfin le baiser du Diable. Imra sanglote, sa gorge laissant trembler soupirs de perditions et gémissements bien loin de sa voix agressive de vipère. Elle sent les grognements du loup, la cavalcade malsaine des hanches entre ses cuisses, la symphonie du stupre mêlant la peau humide aux battements des cœurs se trahissant l’un l’autre. Sa chevelure aux serpents noirs étalées sur l’oreiller, les monts timides de sa poitrine dévoilée oscillant à peine, elle resserre ses cuisses aussi fort qu’elle le peut quand l’amant délaisse en elle la sève de son péché et Imra détourne le regard, le visage, la joue contre la douceur de l’oreiller pour lui cacher la larme venant s’échapper d’une paupière, suivant les rives de ses tempes quand l’orgasme la dévore mais elle se musèle, fait mine de n’être que douleur, souffrance, d’être victime de sa torture même si les crispations de son ventre sanglotant ne peuvent mentir. Nulle étreinte, nul baiser tendre, nulles paroles pour apaiser les maux de celle qui demanda à être laminée, Carmin la délaisse comme on délaisse les putains, pleine de frissons, le souffle court, oscillant entre sanglots, dévastée par la jouissance morbide, par la douleur irradiant de son poignet meurtri tachant son ventre lorsqu’elle le dépose délicatement contre la plaine creusé de son nombril, tableau de la renaissance laissant voir un corps nu aux cuisses encore entrouvertes, aux orteils mordant les draps, le sang filant sur la peau alors que le murmure du mouvement de sa tête viennent se heurter au grincement lorsque le roi noir s’assoit enfin, l’observant comme si elle n’était rien d’autre qu’un chiot sale à qui il aura donné un peu d’attention avant de le frapper. Les larmes ne sont plus là mais les vertiges le sont, ivre d’avoir avalé trop vite le sang du Seigneur. « Non, je n’ai pas eu ce que je voulais. Et toi ? » Elle se redresse lentement, se fichant bien de tacher le blanc de ses draps de son sang, qu’il se débrouille avec ce qu’elle délaissera d’elle, signant son passage, la semence de l’homme en elle qui ne se fera que peu utile car rien ne fleurit. Elle esquisse un sourire au travers des filets de soie noire de ses cheveux « Tu n’as pas été à la hauteur ce soir, Tybalt. »

Il trône ainsi devant elle, il règne et le loup et la louve se toisent un instant, dans ces moments suspendus qui se couvrent de silence, de non-dits, d’un besoin de dire tant de choses mais Imra est faite d’une fierté empoisonnée quand Tybalt se cache sous le masque de Carmin qui ne dit plus grand chose. « Ne me dis plus de « Je t’aime », Tybalt. Personne ne me l’a jamais dit de la bonne manière. Pas même toi. » L’enfant qu’elle redevient parfois face à lui laisse venir sa déception, sa tristesse, sa gorge froissée. Quelle stupidité d’avoir cru pouvoir trouver un réconfort quelconque par ici.

Où irai-je alors ?
Je n’ai nul part où me cacher, Tybalt,
Mais je n’oserai te l’avouer.


« Que veux-tu faire de moi ce soir si tu n’en as pas fini ? Dehors, il fait froid. Tu vas m’foutre à la porte ou me laisser ici ? »

Un air froid dé défiance qui teinte le visage plein d’ombres, un soupçon de crainte qu’elle s’étonne de ressentir tandis qu’elle se redresse, marchant sans crainte jusqu’à lui, s’abaissant lentement vers lui, les prunelles brumeuses, alcoolisée à l’essence rouge et à la peine cinglante.

« Tu as bien de quoi me débarrasser de ce que tu as laissé entre mes cuisses, non ? Laisse moi me laver si tu veux me voir partir. Mais Dieu sait, mon tendre ange, quand je te reviendrai. Fais bien ton choix, Tybalt. »


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty
Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty Jeu 7 Jan - 9:36


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.



Elle t'a demandé ton âme, elle te l'a demandée.
Diablesse enflammée, elle veut tout te voler.
Elle s'est damnée à tes côtés et tu le sais.
Tu aurais pu la blesser ou du moins essayer
Tu pourrais la griffer, de tes crocs la saigner.
Mais elle est plus monstrueuse que toi milord
Et c'est ce qui a poussé ta confession alors.


Dans un chevauchement de corps, leurs chairs se sont endormies, endolories. Réveillées par l'attaque verbale de la St-Clair, par l'attaque charnelle du Père, les vibrations se ressentent alors dans l'air. Mais Imra n'est pas sage, elle n'est pas une enfant qu'on pervertit. Imra est le serpent dans la légende, celui qui vous demande de sortir de votre cercle de protection, celui qui vous tente pour mieux vous étrangler. Carmin la connaît mieux qu'il ne connaît personne. Ses lèvres la souillent autant que ses verbes. Mais s'il a l'âme déficiente, il sait quand même qu'il ne peut donner tout le vice demandé par cette sorcière. Quelque part, tout au fond, Carmin vit encore dans l'ombre de sa foi. Il déchire la peau sous ses dents qui ne sont pas celles d'un vrai carnassier. La blessure prend plus de temps à se faire car la chair a besoin de se laisser éprouver pour céder. Cependant, la douleur réelle n'est pas chez la demoiselle. Elle se trouve chez son concubin du soir, celui qui voit dans ce noir une âme plus pourrie que la sienne.

Une confession qui s'échappe malgré toi.
A qui d'autre as-tu dit cela?
Ne mens pas, ne mens pas.
Elle est la seule digne de cet amour hors de ta foi.


 « Je t'ai dit de te taire. » Le blond n'a pas envie de la contredire ni de confirmer qu'il ne peut aimer une femme telle qu'elle. Et pourtant, il le fait, dans le secret de sa propre laideur. Leurs ébats continuent, leur perversion n'a plus de limite. Sauf peut-être les réticences du prêtre qui les a ramenés dans sa cellule pour couver la putride gamine, pour la faire échapper aux regards des murs de Dieu. Ses confessions ne l'épargneront pas. Imra est condamnée à ses yeux.

Devant la brune qui nie, Carmin sourit. Sa satisfaction naît à cet instant même. La jouissance douloureuse de son corps ne se compare pas au plaisir ressenti par cet aveu de dépit. Insatisfaite, elle lui promet ainsi le plaisir d'avoir réussi à la soumettre sans lui donner rien, rien en retour. Tu n'étais pas à la hauteur. Son sourire mauvais s'accentue tandis qu'il se rhabille sans égard pour celle qui porte encore en elle les restes de leurs déboires.  « Quelqu'un l'a-t-il jamais été pour toi petite fille? » Il sait très bien que oui. Les autres, il s'en moque. Mais leurs ombres, celles du passé, se sont autrefois comblées d'un épanchement sexuel gratifiant. Le Carmin de l'adolescence, celui du début de la maturité, avait parfois réussi à arracher à cette femme en devenir un soupir de plaisir. Rares, ces Graal n'étaient pas moins prisés par celui qui était le premier à les avoir chercher. Cependant, avec elle, aujourd'hui, Carmin se moquait bien qu'elle jouisse ou non. La jouissance était une punition. L'insatisfaction demeurait un plaisir amer. Dans les bras de la St-Clair, il s'amusait toujours car il était toujours plus disposé à en retirer quelque chose qu'elle, elle l'éternelle refoulée.

 «Tu ne sais pas ce qu'est l'amour mon enfant. » Il se contente de ces mots avant de lui jeter ses vêtements au visage pour qu'elle se rhabille et parte. Il est fatigué et leur jeu a assez duré pour ce soir. Elle n'aura qu'à venir expier les péchés de sa mère une autre fois si cela n'a pas suffi maintenant.  « Oh si, j'ai fini.» Il ne la regarde même pas, déjà affairé à ranger le foutoir qui s'est créé sur son bureau dans les mouvements d'air de leurs passages. Avec la même désinvolture, il ouvre un tiroir et en retire un mouchoir qu'il n'est même pas sûr d'être complètement propre. Il le lui jette comme on jetterait un os à un chien de la rue. Un de ces vagabonds qu'on ne veut pas voir s'approcher de trop près.  «T'as qu'à te servir de ça ou de ce que tu veux, je m'en fiche, te rhabiller et partir. Ta place n'est pas ici. » Il se retourne, la regarde avec cet air indifférent avant de prendre ses clés.  « Dors ici si tu y tiens. Je retourne chez moi. Veille juste à être discrète en partant demain matin.» Mais Carmin sait que ce genre d'ordre donne tout l'inverse chez Imra. Vexée et courroucée par son amant qui la torture de son cynisme, elle risque de s'amuser à faire tout le contraire.  « Je sais où tu vis St-Clair. Je ne suis peut-être pas capable de te faire jouir, mais je saurais te punir. » Il pense à la mère St-Clair, il pense à tout ce qu'il sait d'elle. Triste sort que de devoir ainsi abusé de la confiance obtenue, de menacer la trahison pour éviter qu'elle ne dépasse les bornes. Mais entre eux, cela a toujours été ainsi. Carmin se saisit de sa veste en cuir et s'arrête en sortant pour dire  « Ah et une dernière chose. C'est Carmin. Tybalt n'existe plus. » Il sort en refermant la porte sèchement derrière lui.
 


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé;

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -






le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty
Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
le rouge et le noir — Carmin (tw)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Le rouge et le noir. (Morgan)
» rouge vif (freddie)
» chagrin rouge
» / LA LISTE ROUGE.
» / LA LISTE ROUGE.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SAVE THE QUEENS :: 
 :: boulevard of broken dreams :: version #23 et #24 :: rps
-
Sauter vers: