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 le rouge et le noir — Carmin (tw)

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Message Sujet: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Mer 14 Oct - 19:14


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

Du sang sur le bec, la mère corbeau ne prête plus que les immondices de ses mots durs. Un combat d’oiseaux de mauvaises augures se fait entendre au travers de ces murs où les âmes ne savent que souffrir et périr. Il n’y a que les débris des sévices disséminés sur le sol, la rage de l’enfant calme éclatant enfant à s’en déloger la voix pour ne plus se faire entendre du tout. Il n’y a pas de larmes car, depuis toujours, la jeune veuve ne sait pas pleurer et ne sait que rire de cet écho grinçant, ne sait que parler de ces murmures glaçants. Il n’y a des sanglots qu’au travers de ces yeux mornes où s’esquissent le désespoir endormi. Il n’y a bien que la mère St-Clair pour déclarer la guerre et faire prendre les armes à cette sale gosse qu’elle aurait voulu plus parfaite, parangon d’exigences rigides, Imra éternelle déception. Et dans ce capharnaüm devenu maelström dans les eaux noires colériques, la gifle tombe sur la pâleur de la joue. Le silence blêmit et la génitrice se fige, la paume brûlante quand l’œillade de sa fille se fait accusatrice. Sa fille sait, depuis longtemps, qu’elle est coupable du crime qui a emporté ce nègre dont elle n’a jamais voulu dans la vie de ses enfants. Jamais. Il était l’inférieur qu’il fallait éliminé, gênant par sa couleur, par ses traditions, par l’influence néfaste (trop bonne) qu’il avait sur son enfant vêtue de féminité. Il ne pouvait être qu’un clébard attiré par la beauté mortelle de sa fille qu’elle chérit sans savoir le faire. Le souffle tremble et de ses lèvres parcheminées, elle aimerait demander pardon mais les femmes de cette famille ne savent pas le dire. Il n’y aura donc pas d’excuses et pas le temps pour en poser les premières syllabes car déjà l’ombre infantile s’enfuit, s’évade dans un couloir, se revêt d’une veste de laine noire qui couvre à peine sa longue robe de jeune adulte endeuillée d’être encore en vie.

Imra claque violemment la porte d’entrée, épilogue à une dispute qui laissera mère et fille blessées pendant de longs jours, comme souvent. Imra qui cherche la vérité, qui voudrait voir son pauvre frère sortir de sa prison de béton qui l’ensevelit et l’étouffe, Imra qui désespère de voir ce monde vriller et elle avec elle. Sur le chemin, elle ne sait pas bien où elle peut aller, peut-être s’échappe t-elle là où elle peut trouver l’ivresse, craque plusieurs allumettes de nicotines sur lesquelles elle tire fébrilement pour se calmer, profiter de l’accalmie qu’offre cet âcre poison qui chatouille la gorge, crachotant sa buée se mêlant au froid qui transi New-York. La pierre sous la poitrine glaviotte quelques battements qui délaisse des bouts d’elle, tombe dans le creux de l’estomac retourné. C’est bien dans ces moments-là que sa solitude se ressent le plus, qu’elle en pressent toute l’immensité. Où aller et où trouver le moindre réconfort qui pourrait l’aider à oublier ? Elle pense à la tombe de Dris qui fut, au-delà d’un amant, un allié, capable d’écouter un peu ses palabres qui s’égaraient. Il riait peut-être de ses bizarreries mais sans méchanceté, hochant la tête en faisant mine de comprendre, son sourire de gamin innocent ne se rendant pas compte qu’il était flairé par une louve capable de le dévorer tout entier et de ne rien laisser de lui. Louve blanche aux yeux noirs dévorant le mouton sorti du troupeau. Il n’y a jamais eu qu’une seule âme pour se lier à la sienne, comprendre ses complexités sans les recracher ensuite, l’avaler toute entière, la façonner sans que la sale gosse ne se rende compte de rien. Le prénom s’invite comme un cancer dans la caboche déjà malade et elle s’arrête, écrase le mégot sur le bitume, sa semelle assassinant rageusement les résidus de sa clope. Elle mire la bâtisse qui enferme, peut-être, Carmin. Tybalt autrefois, elle aimait les consonances d’un prénom de personnage tragique, mourant comme tous les autres, personnage secondaire comme elle l’est dans sa propre vie. Une ombre dont on a parfois pitié ou qu’on hait profondément. Pas d’hésitations lorsqu’elle s’engouffre pour tenter de trouver un refuge, quelque chose, sans se rendre compte que son corps tremble depuis sa sortie théâtrale loin de son foyer calciné par la méchanceté de la marâtre. Le loup griffe à la porte, chienne éperdue et au bout de quelques minutes, personne ne lui ouvre le battant, ne l’attrape pour la laisser s’engouffrer dans sa tanière, singer les draps de leurs cris d’animaux enragés et détruire le silence de leurs murmures fous. Carmin ne lui ouvrira pas sa porte ce soir. Pais ici. Le sourire mauvais, pleine d’envie de destruction, elle recule d’un pas et d’un autre pour ressortir. Elle sait où elle ira.

Je te trouverai, mon Père,
Où que tu te sois caché,
Où que tu prêches ta fausse bonne parole,
Où que tu sois pour leurrer les innocents,
Je te trouverai et t’attendrai.


Laminant les frontières des quartiers de ses pas, elle finit par échouer là où elle se voulait. Elle entend la messe qui bat son plein, les chants religieux qui lui hérissent le poil et insulte ses propres déités. Comme un Diable, elle profane la maison du Seigneur pour trouver refuge dans la loge aux murs assez épais pour étouffer avec peine les échos profonds produits par le haut plafond. Quelque part, les voix de ces inconscients la berce et la voix de Carmin, au travers de ces quelques suppliques de croyants, la fait sourire. Ses doigts aux ongles nus mais bien limés pour une fois, effleure le bureau, la chaise qui se fait trône pour un roi qui ment à tout le monde, aussi aisément qu’un mythomane se ferait passer, pendant des années, pour un prestigieux médecin. Sauf que Carmin n’a pas réellement de famille à décimer. Il n’y a qu’elle ici. Remonte les réminiscences de des premiers regards qui se hasardaient au travers d’une grande cour, âme solitaire mirant ce grand homme dont les œillades la fascinaient sans qu’elle ne le veuille. L’infante  pleine de jeunesse voyait en lui le père parti depuis longtemps, les bras chaleureux, l’attirance première qui tordit, pour la première fois, les viscères de l’enfant prête à devenir adolescente, sans rien comprendre des travers du désir. C’est lui, le premier, qui la mena à l’abattoir. Virginité volée, douloureuse mais les autres fois furent des simulacres d’apothéoses bienvenues, précédents de longues conversations, parfois simplement faites de regards et de rares chuchotements. Des enfants lunes se cachant du soleil et se comprenant sans avoir à en dire beaucoup. Elle entend l’église se vider, entend les pas résonner, l’écume des voix se retirer jusqu’à laisser le paisible silence reprendre sa place. Ce n’est que lorsqu’elle entend la porte grincer et s’ouvrir qu’elle se détourne, apparition dangereuse et venimeuse dont les iris s’aiguisent sur lui, le découpent dans son habit qui le transforme en mensonges. Sourire déviant qui s’esquisse alors que la croupe glisse sur le bord du bureau, s’appuyant de ses deux mains, pleine d’insolence pour ne pas confier sa souffrance, ni dire pourquoi sa joue est encore si rouge. « C’est beau, Carmin. Comme tu sais si bien te foutre de la gueule du monde et du Seigneur. » Un rire soufflé le moque mais le regard le caresse, quelque chose se rassurant en elle car il est enfin là. Les paupières s’abaissent à peine et l’esquisse disparait de l’ourlet qui n’est plus mutin, abandonnant le masque de la fille heureuse. « Je ne savais pas où aller. Tu n’étais pas chez toi alors … je suis venue ici. Ça te dérange ? » Elle se redresse à peine, la laine noire glissant pour dévoiler l’angle de son épaule trop blanche, le défiant par réflexe, car elle ne sait faire que ça. Défier, lever le bouclier pour ne pas laisser l’Autre lui faire mal.


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Jeu 15 Oct - 8:30


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.

Un voile d'ombre planait sur les mortels qui avaient poussé la porte de l'Eglise ce jour-là. Venus pour chanter les louanges du Christ, ils se retrouvaient confrontés à l'ange déchu qui leur faisait la morale. Carmin avait rarement le chapitre lors des messes du dimanche soir. En vérité, il avait rarement le droit de parler. C'était une des choses qui allait de soi pour un prêtre non ordonné. Si ses semblables paraissaient avoir oublié ce détail, ils avaient gardé cette réticence, inconsciemment. Peut-être leur Seigneur les gardait-il d'une nouvelle erreur. Si Carmin venait un jour à être découvert, il savait qu'il s'indignerait et qu'il clamerait que Jésus avait parlé de recevoir la brebis égarée. Mais il n'était pas une brebis égarée, oh non. Le blond aux airs angéliques était bien plus loup que mouton. Et là, ce soir, dans la bergerie, l'animal dévoilait ses crocs en toute modestie. Faire la morale aux pauvres gens, il aimait ça. Son être tout entier se soulevait de plaisir à les voir culpabiliser des mots qu'il disait. Savant prêcheur, il savait appuyer là où le bât blesse. Les confessions des fidèles étaient déformées et anonymisées dans une prêche volontairement mielleuse. La passion ne lui allait pas au teint. Il ne pouvait s'emporter dans ces discours car il savait que son audience l'appréciait pour cette douceur qui le caractérisait. La farce était tellement grande qu'il lui arrivait de regarder toutes ces ouailles hébétées et de rire intérieurement. Pas un rire enfantin, pas le rire d'un adolescent qui jubile d'une moquerie faite à son enseignante... non le rire d'une âme foncièrement dépravée. Une âme dont la peine était tellement gravée dans ses tréfonds, qu'elle ne distinguait plus le bien du mal. Ou si, si si. Carmin savait très bien où était la limite. Mais il avait choisi, volontairement, de ne plus aider son prochain. Le coup de la gifle et de l'autre joue tendue, c'était une leçon destinée aux faibles d'esprit. Croire que ce geste était louable, c'était là toute l'hypocrisie de la sainte Eglise. Car celui qui tendait l'autre joue ne faisait rien d'autre que culpabiliser son agresseur. Le frappé s'imposait alors en être supérieur et abject dans la démarche. Au lieu de rendre la pareille, d'aider à ce que le conflit aboutisse dans une rixe ou joute verbale, il coupait tout et se proclamait "le meilleur des deux". Carmin avait sa vision bien tranchée des versets de la Bible. Mais évidemment, il ne la partageait pas avec l'assemblée du jour. Non.

Sa voix résonnait dans la bâtisse. Ce glas était puissant, ferme, celui d'un homme en qui on pouvait avoir confiance. Droit, il parlait sans hésiter, expliquant les détours du vice. L'expert savait de quoi il parlait et cela émerveillait l'audience. Les hommes étaient accrochés à ses lèvres et certaines dames le toisaient d'un regard songeur. Le discours touchait à sa fin. Le frère Travis acquiesçait de temps en temps, toujours étonné que Carmin soit aussi doué. Le frère Travis souffrait de ce démon qu'on appelle la jalousie. Tous les prêtres de la paroisse étaient au courant. Carmin, lui, était un modèle d'humilité. C'est pourquoi, Carmin s'amusait toujours à prétendre ne pas voir la grande attraction qu'il exerçait sur les paroissiens. Attisant ainsi l'envie du prêtre, l'envie d'avoir cette même aura et ces mêmes louables qualités de désintérêt de soi.

Carmin clôtura. Les gens se levèrent en silence et prenant congé les uns des autres, s'attardaient pour remercier le prêtre pour ses bonnes paroles. « Très intéressant ce passage sur les vertus de l'homme qui s'abstient.  » Frère Travis le raccompagnait à sa cellule. C'était un homme dans la quarantaine, barbu et légèrement bedonnant. Carmin lui fit la causette avant de s'arrêter devant sa loge. Quelque chose clochait mais il ne savait pas encore quoi. Son être tout entier frissonnait du sentiment de danger. Alors, il vit la lumière dépasser sous la porte. Quelqu'un était entré dans sa cellule. Grossier, il n'invita pas le frère Travis à poursuivre la discussion dans sa loge. Carmin Fletcher avait une intuition infaillible. En tant que fauteur de renom, il savait très bien qu'il était toujours en danger de se faire démasquer. C'était un imposteur. Mais un bon imposteur. Vivant dans le mensonge depuis si longtemps, une part de lui avait presque oublié où était la vérité. Parce que Carmin s'était créé sa propre vérité. Une vérité suprême. Et dans cette vérité supérieure, il savait qu'il devait toujours être sur ses gardes. Lorsque Travis se fut éloigné un peu, rabougri d'avoir ainsi été chassé, Carmin ouvrit la porte.

Telle une Déesse désenchantée
Tu m'arraches un sale sourire
Ô, Pêcheresse désabusée
Tu es venue pour souffrir..

Plantée près de mon lit,
Ton regard m'affronte
Et dans ce creux de l'infini
Se lance le décompte


Carmin referme la porte derrière lui. Le sourire esquissé disparaît instantanément. Imra. Imra n'a rien à faire là. De tous les endroits où leurs langues se sont déliées, où leurs corps se sont débattus puis enlacés, celui-ci est le pire. «  Tu n'as rien à faire ici. » Sec, il la chasse sans détour. Quand Carmin est ainsi, nul besoin d'un dictionnaire d'interprétation des mimiques faciales pour comprendre son humeur. Elle se joue de lui en lui demandant si ça le dérange. Imra, sorcière des temps perdus. Elle sait user des mots, elle sait le charmer de son âme brisée. Mais Carmin est courroucé par cette venue improvisée dans sa chambre, ici, au presbytère. « A ton avis Imra?  » Toujours cassant, on devine néanmoins qu'elle est différente des autres. Leur lien est trop fort, trop ancien pour qu'il soit totalement indifférent à sa présence. Pourtant le diable en lui prend le dessus et il imagine comment la punir pour cet affront. Il voit la maison St-Clair et se dessine auprès de la mère d'Imra, pour l'attendre un soir. Vil et sans aucun intérêt pour ce qui tracasse la jeune femme, il préfère lui tourner le dos tandis qu'il ôte sa soutane. Sans se retourner, il lui adresse la parole en murmurant pour ne pas être entendu en dehors de sa chambre.   « Tu as entendu ma prêche?  » En jean et chemise, il lui fait face et sourit. « Aujourd'hui je parlais d'abstinence Imra. Alors si tu es venue chercher quelque réconfort charnel, va retrouver ta mère. Peut-être qu'elle voudra caresser cette joue qu'elle a meurtrie.  » Avaient-ils vraiment besoin de parler? Sans ouvrir la bouche, les deux avaient appris à se comprendre. Dans le silence de la nuit, il leur arrivait de savoir ce à quoi l'autre pensait. Mais malgré cette étrange connexion qui remontait à des années, Carmin et elle étaient toujours aussi imbuvables avec l'autre. Cette remarque froide et cassante manquait de la douceur que le prêtre feignait d'avoir avec les paroissiens. Mais avec Imra, Carmin ne faisait pas semblant. Il ne faisait semblant de rien. Cette image de la jeune femme touchée du doigt de sa mère à l'endroit où elle avait été blessée, cela soulevait un sentiment pervers chez Carmin. Ces femmes qui pensaient pouvoir se passer d'homme... cela l'avait toujours intrigué. Mais derrière le mystère, il avait fini par apprendre à reconnaître leur sceau. La marque des sorcières modernes ne lui était plus inconnue. Et là, sur ce morceau de peau rougie, Carmin n'avait aucun doute.

Il s'assied sur le bord de son lit. « Si t'as pas l'intention de partir, déchausse-toi et parle moins fort.  » Sinon je te ferai taire, pense-t-il. Nul besoin d'énoncer cette évidence. Il sait qu'elle l'a entendu. Il se penche sous son lit et défait une gourde métallique accrochée entre les lattes du matelas. Le récipient tourne entre ses doigts tandis qu'il regarde Imra.
 


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Mar 10 Nov - 13:50


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

Il la chasse, bien sûr. Quelques mots rudes pour peu de tendresse entre eux. Il n’y a rien qui les allie mieux que cette violence banale, que ces saignements à répétitions sortant de leurs bouches de pécheurs bien entraînés. Il faut faire mine de ne pas être blessée par les mots car rien ne la blesse, car Imra est invincible, personne ne saurait l’arrêter, lui ouvrir plus de plaies qu’elle ne s’en ouvre elle-même de ses poignets finement coupés. Tant de sang versé pour des rituels qui appellent des esprits malveillants, des princes démoniaques que le Seigneur faussement adulé par Carmin ne tolèrerait pas. C’est au purgatoire qu’elle finira, si seulement elle croyait en ce Dieu tant vanté. Le visage se froisse de cette hargne qu’elle lui a trop souvent connue, réfutant les étreintes qui ne sont jamais faites de sucre et de miel, beaucoup d’ambroisie, d’ivresse, d’Enfer entre eux quand les corps s’entrechoquent pour quelques moments de perditions. Il n’aime pas voir l’enfant même du Diable au cœur de sa maison de pureté et elle manque d’en rire, un souffle sec et nasale lui échappant, le méprisant d’oser penser que de simples mots la feront déguerpir. Elle restera, s’enraciner aussi sûrement que la pourriture prend vie dans les fruits où s’engoncent les vers, jouera des lieux pour en souiller l’éclat religieux. « Tybalt. » elle le poinçonne de son vrai nom, le recrache de ce murmure voluptueux alors même qu’il ose lui tourner le dos. Il devrait savoir qu’on ne se détourne jamais d’elle aux risques de se retrouver blessé, gravement parfois. La joue brûle et la gorge picote encore des cris échangés avec la mère St-Clair qui doit la maudire d’être ainsi partie au beau milieu d’un affrontement et elle manque de frissonner, de douleur, l’enfant en elle ne pouvant que ressentir le manque des étreintes maternelles, se dégoûtant elle-même d’en venir à quémander l’aumône de quelques caresses pour demeurer vivante un bout d’instant.

La main glisse sur le bois du bureau où il doit souvent s’installer, l’observe se débarrasser de ce qui fait de lui un imposteur de talent. Carmin trompe le monde comme il l’a un jour trompé, troquant sa vertu pour elle ne sait quelle raison, prenant le fin voile de l’hymen d’un corps à peine formé pour les désirs charnels, traumatisant peut-être les viscères qui font d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui. Il est homme et elle oscille entre son mépris pour ce qu’il est et ce que son cœur, pourtant enfermé dans la dureté d’un noir ciment, murmure à le voir ainsi se mouvoir dans la pénombre. Tout n’est que silence, bruissements d’habits, ses doigts et ses ongles ripant à peine sur le bois vernis, tendue comme une offrande, la putain en elle reprenant forcément le dessus pour charmer l’autre car il n’y a que ça qui peut rendre faible tous les hommes, même les plus indifférents. Ils ne résistent jamais à un bout de cuisse pâle dévoilé, à la rondeur d’une épaule que sa veste noire délivre de son carcan sans le vouloir, à la position qui invite à la saisir pour faire d’elle la jouissance incarnée. Le ventre gronde d’une faim vorace qu’il annihilera, peu importe ses mots. Faisant mine de mirer ses ongles, les chevalières à ses phalanges, elle se fige presque lorsqu’il lui avoue le principal sujet de ses prières du soir, relevant ses opales noirâtres sur lui, fixant ce sourire malsain que trop de croyants pensent angéliques. Ils se trompent. Ils ne voient pas, aveuglés par leur Foi, qu’ils s’abandonnent aux mauvaises mains, à la mauvaise oreille tendue. Les derniers mots laissent la ligne de sa mâchoire volontaire se durcir, les molaires s’agressant l’une contre l’autre tandis qu’elle ne peut que relâcher l’impudence d’un rire qui le méprise cette fois, du fiel plein la gorge, vipère ou scorpion, prêt à tuer pour l’affront de ses paroles « Je me fiche de ce que tu leurs racontes, Carmin. » Elle crache son prénom, elle crache son mensonge humain, elle crache sur lui et tente de se venger, chatte en colère, d’avoir pointé sa faiblesse du bout de sa langue. « Ils sont tellement naïfs. Ils pensent vraiment que tu n’as jamais trouvé le Paradis entre les cuisses de quiconque ? A te voir je penserai que c’est du gâchis. Doit y’en avoir des femmes qui se retiennent de penser à toi une fois leurs draps retrouvés. » Le corps glisse et s’éloigne de son promontoire, errant à peine de quelques pas vers lui « Leur si beau, si tendre et si gentil prêtre … Quel dommage. » Elle susurre son sarcasme dans la pénombre, le fantôme s’avance mais s’arrête bien avant qu’il ne puisse l’attraper, se fichant de dévoiler la trace laissée par sa mère contre sa joue arrondie. L’éclat de la peau frappée la hante encore mais ce n’est pas le premier coup donné ni le dernier. C’est ainsi qu’elle s’est élevée au rang d’indépendante, ainsi, pourtant, qu’elle se retrouve à venir trouver la chaleur humaine auprès de l’être conspué.

Là, ainsi, sur ce lit qu’il doit connaître par cœur à présent, faits de grincements agaçants, elle le voit tel qu’il est, pas tel qu’il veut être perçu. Sa voix a perdue toute sa complaisance et la sécheresse lui est désormais offerte. Il l’accepte. Il ne la chasse plus et l’enfant qu’il a é depuis longtemps étreint abdique après quelques secondes d’un regard mutique, une conversation entre aliénés, sauf que l’une ment moins que l’autre et ne fait pas tout pour cacher qu’elle est brisée. Sé déchaussant comme il lui a intimé de le faire, elle s’avance, lui vole la gourde sans s’asseoir auprès de lui « J’parie que c’est pas de l’eau bénite mais … J'trinque pour Jésus ou ... Judas. » Et elle saupoudre son blasphème de quelques gorgées qui agressent sa gorge, quémandant un bout d’ivresse. En quelques mouvements, elle laisse tomber le fin tissus de sa veste pour dévoiler la robe longue aux voiles pourtant bien fin, ne laissant pas de place à l’imagination de ses cuisses pâlottes, à la chair qu’il a tant mortifiée de ses doigts. Une main se tend, se glisse dans les mèches de l’amant, allié, ami, bourreau avant de s’y crisper, refusant de s’asseoir à ses côtés « Fais attention, Carmin, je pourrais te prendre aux mots un jour et ne jamais revenir … Je n’ai jamais rien eu à faire dans ta vie, je peux m’en aller aussi vite que j’suis venue. C’est ce que tu veux ? » Méduse dont les cheveux ne sont pas encore en train de siffler, elle laisse errer ses phalanges refroidies par l’automne peu aimable avec elle, glisse sur la tempe, dévale la joue où l’ongle manque de griffer avant de saisir la mâchoire entre ses doigts, lui tendant la gourde, se penchant à peine pour les laisser à l’abri des plumes noirs de sa longue chevelure, les coupant du monde pour souffler vers lui un tendre « Bois. »  


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Jeu 12 Nov - 20:05


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.

L'appel de la lune est insolent pour ceux qui y répondent. Sans détour, il vous plonge dans vos tourments et vous force à vous y confronter. Là, quand la nuit tombe, quand les ombres se dessinent sur les sols recouverts de quelque manteau de feuilles automnales, les fidèles murmurent leurs appréciations concernant la messe du soir. Mais alors que les croyants sont ravis de rentrer chez eux après avoir fait leur bonne action, leur devoir moral, qui est d'assister aux prêches d'un prêtre au moins une fois la semaine... le prêtre en question se retrouve face au démon lui-même. Fille d'une sorcière, la dame aux cheveux noirs n'avait pas besoin d'incantations magiques pour vous ensorceler. Un seul regard d'Imra pouvait vous faire goûter aux abysses les plus profondes. Les iris dilatées, elle goûte au plaisir de toiser cet hôte qui ne l'a pas invitée à venir partager son intimité. Mais Imra a-t-elle jamais eu besoin d'un carton d'invitation? Le soupir tacite du blond ne manque pas de se faire entendre par l'enfant qui vient jouer avec ses pieds. Il se dévêtit de sa soutane, la laissant regarder ce geste anodin, évitant de lui adresser un seul coup d'oeil.

Exaspération.

Toi, singulière créature,
Toi, d'une meurtrière nature
Que viens-tu faire, impure?
Que cherches-tu, parjure?


Lui jeter de l'eau bénite au visage ne la fera pas fuir. Il y a quelques mois, Carmin avait déjà tenté l'expérience pour le simple plaisir d'agacer la fille du diable. Mais la gamine s'était prise d'un rire dément avant de l'agresser sans détour. Avait-elle jamais été sage? Pouvait-il se vanter d'avoir détruit autre chose que sa chasteté? Imra n'était-elle pas pourrie de l'intérieur depuis son plus jeune âge? Ses griffes avaient plus d'une fois parcouru le dos de son amant maudit. Comme si elle imposait sa marque sur lui, son passage clandestin cherchant à se montrer aux yeux de ceux qui le croyaient pieux.

«  Et je me fiche de ce que tu veux savoir ou non. » Sec, il n'a que faire de ses intérêts. Elle est venue à lui sans demander la permission. Elle ne la demande de toute façon jamais. Mais il ne se laisse pas marcher sur les pieds, pas par elle... et par personne.   « Toutes les femmes ne sont pas comme toi, Imra. La plupart d'entre elles peuvent passer leurs nuits sans rêver de moi... » Il hésite à l'affronter encore plus en poussant le bouchon jusqu'à la défier de quelques mots impies.   «La beauté n'est pas gage de salvation. Ton reflet aurait déjà dû t'apprendre ce simple fait. » Il la regarde au travers du miroir tout petit qui est accroché à son mur. Les voeux de piété des prêtres leur interdisent la contemplation de leur apparence dans des miroirs qui leur ferait apparaître un reflet trompeur. La plupart des prêtres n'en ont même pas. Mais Carmin a demandé une exception. Ses cheveux étant plus longs, il a expliqué maladroitement qu'il se servait du miroir pour vérifier qu'ils ne s'emmêlaient pas. Une piètre excuse qui n'avait pas convaincu le supérieur. Cependant il avait obtenu sa petite dérogation en lui graissant la patte avec une bonne bouteille de vin rouge maison. Comme de quoi, le système était aussi corrompu que partout ailleurs.

« Même Judas ne voudrait pas de toi dans sa clique.  » lui dit-il avec un petit sourire en coin tout en récupérant sa gourde de ses mains pour la porter à ses lèvres. Ce geste puéril les réunit à nouveau. Touchant de sa bouche ce goulot qu'elle vient de désacraliser au gré de sa salive, il la goûte déjà un peu. Imra enlève sa veste, dénudant ses épaules, offrant une vision incandescente de sa personne à celui qui ne l'avait pas appelée à venir le rejoindre. « Depuis quand te souscies-tu de ce que je veux?  » C'est aussi simple que ça. Dans cette relation alambiquée, chacun est à la recherche de ses propres intérêts. Ils souhaitent tous deux dévier leurs propres démons, les nourrir de leurs propres vices. Qu'est-elle venue chercher ce soir? Le réconfort d'un ami après avoir été ainsi giflée par sa mère? Ou la gifle d'un amant pour lui faire oublier qu'elle n'est qu'une femme à la merci de son clan? Qu'importe, elle sait qu'auprès de celui qui est, somme toute, son ami, elle peut tout demander. Recevoir, c'est une autre affaire. Mais elle peut demander. Pour autant qu'elle soit prête à se prendre un rire sadique en plein visage quand il n'est pas d'humeur à satisfaire ses lubies assassines.

Il regarde la gourde à moitié vide tandis qu'elle lui enjoint de boire à nouveau. Perdre le contrôle? Ou se perdre lui? Il porte l'arme à ses lèvres et s'exécute sans protester cette fois. Son regard brille tandis qu'il se lève et qu'il éteint la lumière. Dans l'obscurité la plus totale, il se rapproche de l'endroit qu'il vient de quitter, frôle la succube qui est venue le tenter et se penche par-dessus son épaule. Son souffle effleure la peau brûlante de la sorcière. Il prend son temps avant que le petit déclic ne s'entende. La lampe de chevet allumée, l'ambiance est tamisée. Mais surtout, de la sorte, il n'éveille aucun soupçon si l'on venait à s'aventurer dans les couloirs.

« Déshabille-toi.» Monocorde, il lui dicte ce qu'elle doit faire comme s'il s'adressait à une servante qui doit lui obéir. Il sait pertinemment bien qu'il risque de la voir lui enfoncer un ongle dans la chair ou pire, de s'exécuter. Avec Imra, il n'est jamais certain que la meilleure des alternatives soit de se laisser aller au désir lubrique qu'elle inspire. « Faute de Paradis entre tes cuisses, j'y trouverai peut-être l'Enfer auquel nous sommes tous deux destinés. » Il ne la regarde même pas. Les doigts encerclant la gourde, il semble subjugué par le liquide qui va bientôt manquer. Quelques gouttes. Quelques gouttes lui suffiront, il n'a qu'à en garder quelques gouttes pour le corps de celle qu'il veut souiller de son adoration impie.
 


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Lun 23 Nov - 12:21


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

Cette frustration qui résonne dans sa voix, de sa gorge d’homme aigri, menace de la faire rire. De ce rire assassin, couperet à la lame incisive cassant la moindre envie de se jouer d’elle. Carmin ne la craint pourtant pas. Qu’elle soit sont fléau, sa perdition, le cancer qui le ronge de l’intérieur aussi sûrement que les clopes qu’il use du bout de ses lèvres, elle demeure ce qu’il craint le moins. Il ne la mire avec aucun dégoût mais pas avec indifférence non plus, elle n’est pas une âme parmi d’autres pour celui qui fut, autrefois, l’ombre d’un homme bon. Ou jamais, en réalité. Il a toujours fait paraître un semblant de bienveillance dans ses moindres expressions, joueur se moquant du monde qui l’entoure, un fin politicien du clergé qui sait manier les mots à la perfection. Elle ne retient pas un haussement de sourcil, sans prendre la peine de répondre à la provocation bien inutile. Il sait qu’elle ne rêve pas et que de lui, elle ne fantasme rien puisqu’elle connait déjà tout. Presque. Il est comme un labyrinthe qu’on arpente, où l’on ondoie, où l’on percute des chemins différents, découvrant des couloirs toujours plus sombres ou pourpres, trempant dans la fange du crime, de l’avarice, de la luxure. Il n’est pas homme pieux et il le sait. « Quel fardeau ce doit être pour toi … de baiser un laideron depuis autant de temps. » Et pour sa laideur, elle l’a souvent vu devenir fou, dialoguant d’un corps qui se tord s’étend, qui frappe et percute les reins bien tendus de la nymphe éplorée venant chercher un bout de réconfort malsain entre les mains de celui qui, un jour, lui arrache son voile de jeune vierge. Il la prise et reprise entre ses draps, dans le coin d’une pièce qu’ils ont tachés de leurs râles de bêtes sauvages, jouissant de l’autre, de la douleur, de la peine. Il est l’un des seuls à avoir vu ses larmes quand le bruissement violent d’un orgasme l’a vu se crisper, l’unique à avoir contempler sa faiblesse mais ils le taisent ce soir car il n’y a rien à dire sur un passé qui fait mal et dont les plaies n’ont pas encore cicatrisées.

Elle s’est approchée, ombre couvant une autre, plus grande, prête à la dévorer, elle le sait. Ce soir, il déflorera de nouveau la putain qu’elle fut un jour, malgré la laideur qui marque les traits poupins, vile sorcière au venin venant de s’étendre au goulot d’une gourde emplie d’un alcool dont elle avait tant besoin. La langue file contre l’émail, soufflant un rire à son nez, entre eux, dans ce secret que leurs visages ne laissent voir à personne et au fil de sa chute vers lui, ses cheveux les cachent du miroir qu’il ne devrait point regarder, quelques souffles alcoolisés intoxiquant le silence « Depuis quand tu ne reconnais pas la réthorique ? » Moqueuse et mauvaise, haineuse par-dessus tout, il lui faut se venger sur lui, mordre et battre celui qui le mérite d’une quelconque manière pour oser blasphémer, mentir et trahir. Oh, ils sont deux menteurs à la langue bien trempée d’imagination, des chansons de mensonges plein la bouche. L’ordre gronde et l’homme s’exécute, soumis au féminin malgré lui et le fiel d’un vil désir prend le pas sur le souffle qui demeurait apaisé jusqu’alors. Il s’éloigne, tamise la pièce de cette douce lueur qui fait pourtant penser aux nuances du monde d’Asphodèle, là où les âmes souffrent pour toujours, pétrifiées par Hades lui-même. Le frôlement l’amuse et laisse pourtant siffler le frisson détonant d’une envie dévorante coulant son fiel dans les pommes mûres aux baies endurcies coulant sous le velours de sa robe noire. Chante l’ordre, comme un échange, de sa voix d’homme à la tessiture enjôleuse malgré le fond sans timbre. Une orgue séductrice qui doit, elle le sait, faire rougir bien des pieuses venant serrer les cuisses sur les bancs grinçants de sa paroisse. Asservie sans le voir, la louve s’exécute, se dépare lentement de son velours de nuit pour dévoiler la pâleur lunaire d’une peau où peuvent se voir les veines, dévoilant la poitrine insolente qui n’a besoin d’aucune dentelle pour être retenu, Eve cédant au serpent lui tendant le fruit pourri qui la conduira à sa perte, révélant les bras fins qu’il pourrait tordre et peindre de bleus et morsures, les côtes et la plaine d’un ventre où nul rejeton ne trouvera jamais son lit, le coton noir d’un seul bout de lingerie qui ne cache bientôt plus grand chose de la nudité exposée sans rougir. Il a tout vu. Il a tout vu alors même que l’enfant avait encore la peau glabre, que la puberté commençait à peine à faire poindre les rondeurs qui n’ont pas tant enflées depuis, le miroir derrière eux faisant voir un bout de l’impudence révélée et habillée de l’or de cette doucereuse lumière.

Il pourra tout voir d’elle, de l’ambroisie que le ventre fait suinter entre les cuisses de la maléfique, les filaments noirs des cheveux trop longs flirtant avec les reins où deux fossettes font penser au corps de bois d’un violoncelle dont il tordra bien rapidement les cordes. Elle prend le temps, de se défaire de tout, de batifoler sans rougir dans la minuscule pièce, de déposer sa robe et ce qu’il lui reste de pudeur sur son bureau où il doit prêcher sa bonne Foi. « N’est-ce pas toi Judas, Carmin ? Un beau traître se tenant aux côtés du bon Jésus qui croyait tant à ta bonne Foi, à ton envie de faire le bien. » Elle se détourne pour le morgner, silhouette longiligne qui, de ses doigts errent sur son propre corps, dessine le trait timide d’une épaule à une autre, descend vers la rive séparant les pommes empoisonnés dans lesquelles il plantera les dents et laissera mourir sa langue, en caressant les formes bien timides comparées à d’autres femmes qu’il a pu connaître, flirtant avec le ventre et le nombril et s'arrête avant d'aller plus loin. De ses yeux noirs et tandis qu’elle revient vers lui de son pas bien tranquille « Je me demande ce que tu me trouves. Tu dois jouir entre les cuisses de tant de femmes ne me ressemblant pas, espérant m’oublier. Mais dis moi, Carmin, à qui penses-tu lorsque tu les taches de ton vin ? » Les mains glissent alors sur le visage qu’elle hait et admire mais là aussi, Imra ne dira jamais rien, ses phalanges aux ongles acérés le diront pour elle plongeant dans les cheveux trop longs qui devraient être plus courts, courant dans les racines pour apprécier la douceur d’une chevelure qu’elle aimerait arracher, dégringolant sur la nuque pour se laisser tomber sur les épaules où elle s’appuie comme une fille ivre s’appuierait pour ne pas tomber et ne jamais se relever. De son corps entier penché vers lui, courbant les reins qu’elle tend au vide, approchant sa trogne de féline jusqu’à son visage à la gueule tentatrice, elle laisse l’ourlet des lèvres flirter avec une pommette et une autre, menaçant de mordre la joue, expirant un rire qui le moque, le méprise, l’adore sans l’avouer et elle poursuit ses murmures, tendant enfin sa joue rougie par le courroux de la Mère « J’ai bien le droit à un baiser magique. J’ai encore mal. Cette connasse m’a pas ratée cette fois … » Enfin, elle crache sur l’indigne marâtre, les paupières s’abaissant à peine sur ses yeux ternis d’une tristesse qu’elle ne voudrait dévoiler. « Vous avez le choix de me frapper ou de me pardonner, mon Père. Je suis venue me confesser, à vous d’écouter mes terribles aveux ou d’oublier les vôtres en moi. »


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Jeu 26 Nov - 14:43


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.

Toujours dans la provocation, Imra ne saisit aucun mot à la légère. Elle le prend dans son fourreau, le fait tourner une fois et puis le rejette comme un chat recrache une mouche. Méprisante, elle se joue de ce que Carmin pourrait bien lui reprocher. Elle rit de ce qu'il se plait à lui rappeler. "Baiser un laideron." Crue, elle séduit son âme déjà bien pervertie. Cette bassesse dans le ton, cette virulence dans l'agression, s'il était capable d'aimer, Carmin, il y a fort à parier qu'il aurait pu tomber amoureux de cette démone au nom de St-Clair. Tout fauf sainte, tout sauf claire. Imra, déesse des ires, propriétaire des rires frénétiques des enfers.   « Joue-toi de mes mots si cela te chante. » Mais ses versets sont loin des louanges d'une chanson. Plus proches d'une litanie qu'on fredonne comme un cantique, comme une incantation dangereuse. Il ne l'aurait jamais traitée de laide, quand bien même il adore parler de son âme comme d'une monstruosité de la nature.   « Si tu t'imagines que je sous-entendais que tu étais laide, cela signifie que tu penses pouvoir être sauvée? » Un rire cynique lui échappe. A dire vrai, cette idée est plus comique encore que celle d'une Imra défectueuse sur l'aspect physique. Si peu défectueuse qu'à l'âge de 13 ans, alors que la puberté faisait à peine ses ravages sur le corps de la gamine, Carmin lui volait ses derniers restes d'innocence. Si peu laide, qu'il n'avait jamais pu résister à un des appels de la sorcière. N'était-elle pas une des raisons qui l'avaient poussé à ne jamais laisser son coeur s'ouvrir? N'était-elle pas un motif suffisant pour que l'homme se refuse tout espoir dans le domaine de l'amour?

Quel amour peut survivre
Aux griffes qui ennivrent
Ton coeur malsain
Ton esprit vilain?


Quel amour accepterait que Carmin ait dans sa vie une femme telle qu'Imra? Pourrait-il se délester d'elle? Pourrait-il lui fermer un jour sa porte? Il est évident que non. Alors qu'elle vient ce soir dans sa cellule, qu'elle met en péril son job et sa vie, alors qu'il devrait la chasser sans rechigner... que ne fait-il pas pour mieux la garder?

Elle le tanne, elle l'aguiche. En se moquant de lui, la fille St-Clair attise le feu qui brûle déjà. Mais il ne répond pas. Rhétorique à deux francs, ils savent tous deux que s'ils devaient choisir un camp, ce ne serait ni celui de Jésus ni celui de Judas. Tous deux appartiennent au serpent dans le jardin d'Eden. Tantôt reptile perfide, tantôt pomme tentatrice, ils alternent leurs rôles avec une impardonnable adresse. Le blond soupire. « Judas serait vexé de tomber aussi bas. Je pense être un peu plus doué que lui pour les cachoteries. » Après tout, le crime de l'autre n'avait-il pas été connu et révéler à la planète entière et encore connu deux millénaires plus tard? Preuve de son échec dans la tromperie. Carmin avait la prétention d'être plus talentueux dans ses entreprises nébuleuses.

Imra se dévêtit, se dénude sous les yeux froids de son hôte. Il l'a déjà vue cent fois mais le spectacle ne change pas. Toujours aussi souple, sa silhouette fine se dessine sous son regard impudique. Il dévore sa proie avant même qu'elle n'ait eu le temps d'être étalée sur le plat. Les rougeurs de son visage la rendent encore plus attirante. La souffrance imposée par sa mère, cette trace encore visible sur ses traits, le martyre d'une enfance volée, tout cela a de quoi faire rêver l'homme dont chaque expiration pue le vice.   « Je pense à Marie Madeleine et à son sacrifice lorsqu'elle s'offrait aux hommes. Je vois les souillonnes qui m'ouvrent leurs cuisses comme des pénitences qu'elles s'infligent pour oublier le désastre de leurs vies. » Il sourit en posant sa main sur la cuisse de sa compagne qui se penche et se tord pour le torturer dans le délice de ses tourments. Titillant son visage d'une paire de lèvres trop douces pour être sincères, le prêtre sait qu'on se joue de lui et de ses instincts primaires. Les fesses rebondies en arrière, Carmin les admire par-dessus l'épaule de sa féline invitée du soir.   « Pourquoi poses-tu la question? » Presque accusateur, son ton la défie de dire qu'elle aimerait qu'il pense à elle. Mais jamais Imra ne s'abaissera à cela. Parce qu'elle sait aussi que jamais il ne dirait pareille chose. Lorsqu'il étire les courbes de pêcheresses, Carmin ne pense pas à elle ou rarement. A vrai dire, le charme de la dame aux cheveux d'un noir de jais reste bien loin dans ses pensées quand il peut lui échapper. Comme une malédiction douteuse dont il sait qu'il vaut mieux ne pas la provoquer.

Le minois sage, la gamine demande l'absolution pour un crime qu'elle n'a pas commis. De sa main droite, Carmin touche la peau endolorie avec ce sadisme qui leur est propre. Il appuie dessus sans lui demander si ça fait mal. Il l'espère car c'est la douleur qui provoque la jouissance. Seuls ceux qui ont bien souffert connaissent la valeur d'une délivrance.   « T'ai-je jamais pardonnée mon enfant? » S'il joue au jeu du prêtre pieu avec ses autres ouailles, Imra n'a jamais eu droit à ce rôle. Elle a toujours subi sa main de fer et sa langue de velours, rarement. Mais l'absolution, même en blaguant, pour elle... il ne l'envisage pas.   « Agenouille-toi et parle-moi. » Faisant comme s'il allait l'écouter, il prêche une pêcheresse convaincue. Son regard cache le lubrique derrière une façade professionnelle. Le jeu de rôle est trop parfait que pour ne pas être utilisé.   « Alors dis-moi... quels sont tes pêchés?  » Carmin penche son visage sur le côté, avec une douceur totalement feinte. Il pose son index sous son menton avant de murmurer avec une voix qui semble être celle du malin personnifié.   « Parle sans crainte, révèle-moi tous les tréfonds de ton âme, toutes tes pensées impures et tous tes désirs inassouvis. »  
 


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Mar 1 Déc - 22:06


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

« Personne ne me sauvera. Il serait idiot d’la part d’un homme aussi intelligent que toi de penser qu’il reste quelque chose à sauver en moi. Alors non, je ne sous-entendais rien. » Cause perdue s’avouant à une autre, elle pourrait presque sourire de cette pure vérité. Bateau s’écoulant, troué de toutes parts, rien ne pourrait la ramener à la surface, pas la force de mille hommes ni de mille femmes, elle ne veut même plus être celle qui devra être soignée de sa folie, de sa laideur, de sa grisaille pestilentiel, digne d’un cavalier de l’Apocalypse venant semer sur Terre ses semonces nucléaires, sa maladie putride. Elle ne sait pas aimer, elle ne sait que haïr et détester, elle ne sait pas faire l’amour, elle baise et bataille contre d’autres corps, elle ne sait pas sourire, elle grimace, elle ne sait pas rire, elle grince. Imra est une boite cassée dont la musique ne saurait plus chanter autre chose que de macabres tourmentes que seul Carmin pourrait être capable d’entendre et comprendre. Ils se toisent et ils savent. Ils savent que ni elle ni lui ne pourront être pardonnés pour leurs terribles péchés. Elle n’a commis aucun meurtre mais les esprits savent, sempiternels témoins, ce dont elle est capable, macabre et sanglante, louve aux babines dégoulinantes du sang de ses victimes, veuve noire ne laissant aucun amant indemne. Il est l’unique à savoir se relever de sa haine vorace qui se détient dans les moindres mouvements de ses reins avides. Certains diront qu’elle n’est qu’un mauvais coup, trop empressée, d’autres ont été emportés par sa maladive envie de jouir, de laisser monter l’acmé et s’en aller au facilement qu’un homme se déchire dans le ventre d’une putain sans l’avoir laisser connaître à son tour la puissance d’un éclair tonitruant. Rien. Elle délaisse, elle dévore, elle veut animer un feu qui ne finira pas de s’éteindre même une fois qu’ils se seront liés. Imra St-Clair reviendra éternellement gangréner la vie de Carmin Fletcher, gâcher ses chances de bonheur, l’angélisme qui pourrait l’approcher. Il n’est pas fait, comme elle, pour vivre parmi la normalité, la platitude d’une routine bien huilée qui pourrait bien tourner mais qui finirait par les achever, se flinguant sans avoir à appuyer sur la moindre gâchette.

Tu ne pourrais vivre le bonheur, son illusion au moins, sans moi.
Tu ne pourrais être ivre de ta vile passion, sans moi.
Tu ne pourrais être Toi, Tybalt ou Carmin, sans moi.
Sans moi, qui es-tu ?


Les yeux s’élèvent, roulent, pleine d’insolence, semblant redevenir adolescente quand la trentaine viendra bientôt la percuter, soufflant un « Qu’est-ce que tu peux bien m’cacher ? A moi. » férocité dans ce dernier éclat de voix qui la voit presque lui grogner à la trogne, ombre indiscrète penchée vers lui, inspirant l’odeur de l’homme comme une camée s’alignerait un chemin de cocaïne, comme on prendrait une longue inspiration avant de se laisser tomber dans le vide. Dans la lueur timide, elle est le serpent venant se tendre à Caïn, fils d’Adam, réécrivant l’histoire dont personne n’oserait changer les lignes pourtant. Un rire soufflé dans l’intimité de leurs visages rapprochés, peu impressionné par lui quand l’enfant aurait pu le craindre mais là est tout le danger. Elle ne craint pas Carmin, elle ne le craindra jamais sa parole, ni même les limites qui ne semblent pas exister dans sa psyché fracturée. Fou qui s’ignore, il pourrait bien lui trancher la gorge pour la punir d’être capable d’enflammer les rives de ses hanches où bientôt elle se laissera plonger, il pourrait la condamner, réfléchir longuement avant de se décider à ne faire d’elle qu’un cadavre qu’il fera disparaître aussi sûrement que d’autres victimes disparaissent. De son rire, elle se rit du Diable, elle se moque de ses palabres dans une complicité étrange que nul ne pourrait comprendre « Oh oui, quelle pénitence ça doit-être de t’avoir en elles. Ca peut pas matcher à tous les coups, Carmin ,tu sais bien. Il y a des ventres qui ne sont pas fait pour t’accueillir, que tu sois beau comme Adam ou non. » La main sur sa cuisse ne la dérange pas, laisse remonter le sifflement ardent d’un écoulement divin au sein de son ventre tourmenté, ne cillant même pas alors qu’elle le fixe à l’entente de cette question à laquelle elle ne répondra pas. Se pourrait-il que sa réponse puisse la blesser ? Se pourrait-il qu’elle n’ait pas le pouvoir qu’elle espère tant sur lui ? « Ma question t’emmerde ? » Elle se fiche de la vulgarité qui sonne sous l’étole du toit du Seigneur, se fiche d’apparaître dans sa tenue d’Eve là où elle devrait être recouverte jusqu’aux bouts de ses pieds. Elle devrait être respectueuse d’une religion qui n’est pas la sienne mais la voilà pleine de fiel à l’idée de ne pas être le nom qu’il pourrait jouir à l’oreille des amantes dans lesquelles il se délivre et se débat. La jalousie la pique rarement, la jalousie ne la pique jamais, d’ailleurs. La sauvageonne se voit devenir possessive, plissant les yeux, le meurtrissant de ses orbes noirs qui mériteraient de le voir suffoquer, de la mort au rat plein les prunelles pour un rongeur qui se délecte des chairs humaines et féminines.

Les ongles sur ses épaules sont prêts à se planter avant que la main ne s’élève, ne vienne caresser la blessure qui la voit frémir, serrer les dents, ses lèvres ourlées par l’impudence tiquants à peine sous la rafle de la souffrance encore bien sage. Nora a la main leste, la main cornée, la main d’une travailleuse et ses gifles font aussi mal que les poings d’un homme sur son visage osseux. L’enfant en elle se voit s’agenouiller face au Père qu’il n’a jamais représenté pour elle, lui volant sa pudeur, le dernier voile de sa naïveté, guidée par les mots qui recouvrent les maux du cœur et du corps. Les genoux fragiles mordent le sol tandis que s’élève le visage vers le prête qui doit écouter bien des confessions douteuses.

Un temps passe où elle ne se confie qu’avec ses yeux, laissant ses paumes glisser sur les cuisses encore couvertes de l’amant qu’elle n’invitera pas mais ordonnera d’entrer en son nid infertile. « J’ai beaucoup péché, mon Père, ces derniers temps. » Les phalanges glissent encore et encore sans que les yeux ne cessent de pénétrer l’âtre des prunelles diaboliques « J’ai laissé souvent mes mains errer entre mes cuisses en pensant à un mort qui n’est plus depuis longtemps, j’ai longuement voulu la mort de ma propre mère, j’ai maudit beaucoup d’âmes. » Elle s’accroche au cuir de la ceinture qui ceint encore le corps de l’homme qu’elle veut voir dévêtu, défait la boucle, se penche dans un mouvement presque inhumain, cobra s’approchant de sa victime pour laisser ses lèvres effleurent sa mâchoire, sa langue de serpent pointer, rose et humide, tracer sa voie sur la ligne volontaire d’une mandibule quand la dente de fer quitte le trou de la ceinture pour le délivrer une première fois. « J’ai eu envie de toi, ce soir et d’avoir mal, très mal. Je voudrais être prise ou te prendre, mon Père, pour que tu implores le Seigneur de te délivrer de moi ensuite. Que tu regrettes, un jour, de m’avoir invité dans ton putain de lit et d’avoir aimé être en moi. » Elle grogne désormais, recrache sa colère à l’oreille attentive, ses ignobles confessions, ne citant pas officiellement Dris qu’elle ne pourrait souiller en l’appelant ici, devant Lui. Elle ne peut pas et refuse de laisser revenir le mort que son corps a au moins aimé, par ici, entre eux où l’espace se fait infime. La pointe du nez glisse pour que le face à face soit plus franc, le visage impassible, les timides collines de ses seins laissant deviner les raisins prêts à être cueillis, la ligne de ses reins tendus comme si elle attendait l’amant qui la prendra. De sa propre poigne alors, elle saisit la mâchoire de celui qui veut désormais se faire appeler Carmin, laissant les lunes de ses ongles se planter dans la peau chaude et dont le sel se goûte encore sur sa langue rentrée, sifflant entre ses dents, tout près de cette bouche à laquelle la sienne est prête à s’abandonner « Et toi, mon Père, n’as-tu rien à me confier ? »

Et la main encore libre et cachée dérobe le bouton de fer à sa fente pour l'aider à se dénuder.


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Ven 4 Déc - 14:23


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.



Captif, je suis captif d'une vie qui ne me contrôle pourtant pas. Chacun de mes gestes était un choix. Même toi, au regard de pierre, aux pupilles si sombre qu'on y voyait danser les flammes de l'enfer, même toi... tu étais une décision que j'ai prise. Tu étais peut-être même la première de mes erreurs sciemment commises. Entre les murs de l'établissement scolaire, au milieu des autres écoliers, à ton charme j'ai succombé. Déesse empoisonnée, tu étais parfaite pour démarrer une histoire de perversion, celle de celui qu'on appellerait plus tard ... Carmin.  

Il est évident que personne ne sauvera Imra. Tout comme personne ne pourrait sauver Carmin. Et l'idée même qu'elle puisse trouver un jour quelque part l'absolution lui décoche un sourire mauvais. Il est le premier à l'avoir souillée d'un amour lubrique, d'un amour qui n'en était pas un. Il serait malvenu de sa part de penser qu'un autre pourrait venir réparer ce qui déjà est dévasté dans la belle panthère noire qui gît. Elle agonise depuis des années, prête à tout pour ne pas montrer à quel point elle est déchirée. «Alors cesse de chercher le compliment. Tu sais très bien que ta laideur, c'est celle qui te rend belle à mes yeux. » Sa voix grave traverse les molécules d'air et la pesanteur change autour d'eux. Avec Imra, il ne joue pas les gentils petits blonds qui sont décents et propres sur eux. Avec Imra, sa facette la plus sombre ressort sans la moindre gêne. Elle est l'inspiration suprême de Carmin, l'homme de foi peu pieu. Et c'est ce qui rend leurs jeux aussi tentants, aussi savoureux. Dans la danse des Dieux, il y a une arrogance non dissimulée quant à la fin heureuse qui les attend. Tandis que lorsque les démons sortent pour un tango argentin, la fatalité est celle qui s'invite, qui s'impose et règne sur l'âme des mortels. Tous deux n'attendent pas que leur lendemain soit meilleur. Tous deux ne font que vivre le moment présent, s'accrochant sans le voir aux firmaments de leur propre indécence pour justifier leurs inconsciences.

Insolente, elle se moque de lui. Carmin a-t-il des secrets pour la jument au poil noir? Mammifère farouche que personne n'aura réussi à maîtriser, elle roule des yeux, prétendant s'indigner devant les secrets de son ami. «A ton avis? » Il sourit avant de se mordre la lèvre en la regardant se dandiner. Imra le provoque ne serait-ce qu'en respirant. Son être tout entier est provocation, insolence et insolation. Un insolation lunaire, due à ses racines de sorcière. « Je ne te cache que ce que tu ne dois pas savoir.» Fourbe, il préfère jouer avec le mystère. Pourtant tous deux savent qu'il n'y a pas de réels secrets entre leurs deux personnes. Tout simplement parce qu'ils sont ouverts l'un envers l'autre. Mais ne pas cacher quelque chose ne signifie pas non plus tout dire. Et clairement, s'ils sont les mêmes, cela ne les empêche pas d'avoir des vies très distinctes. Or les deux tourtereaux de la décadence ne se parlent pas tant que ça. Rares ont été les fois où l'un des deux s'est assis et a prononcé ces mots d'une banalité absurde "Ca va?" . Le commun des mortels ne les a jamais atteint. C'est comme si leur relation trônait sur un royaume inédit, voire interdit.

Elle raille. Les femmes se sont succédées sous les coups de bassin du blond. Il y en a eu quelques unes, oui, bien que probablement moins que dans l'imaginaire de la St-Clair. Il secoue la tête sans perdre son sourire sale. « J'ai l'impression que ma vie sexuelle t'intéresse beaucoup ce soir. » Il la regarde avec l'oeil lubrique de celui qui sait qu'elle finira par obtenir ce qu'elle est en train de demander. Il ne s'agit pas vraiment d'ébats ou de combat corps à corps. Non, tous deux se meurtrissent la chair comme un rappel de ce qu'ils sont. Il va la dépuceler une nouvelle fois, punir sa mère à elle en avilissant la fille et laisser cette dernière retirer un plaisir cruel dans sa propre souffrance. Il n'y a pas d'extase dans leur monde, juste une jouissance qu'ils se refusent. Combien de fois Carmin ne s'est-il pas retiré pour le plaisir de la voir grimacer? Combien de fois ne l'a-t-elle pas mordu tandis qu'il se sentait au bord de la défaillance? Leur partage est limité. Ils ne cherchent pas à se faire du bien, au contraire. L'autre est là pour leur rappeler qu'ils ne sont pas voués au bonheur et que c'est ainsi qu'ils ont choisi de vivre leur vie : dans la réalité de leur condition.

« Ouais, elle n'a pas de sens.» Il la fusille du regard pour oser le défier et insister. Il a déjà fait comprendre qu'il ne s'étalerait pas sur le sujet mais la demoiselle préfère s'offusquer que de comprendre le message. « Basta Imra. Change ton répertoire, tu vas finir par être ennuyeuse, ou pire, pathétique. » Pourtant, elle n'a jamais dit que si elle voulait savoir c'était pour l'entendre dire qu'il pensait à elle quand il entrait en elles. Mais leur connexion étrange lui permet de lire en elle, de savoir quelles émotions l'animent. Et là, il voit bien qu'il a effarouché la bête sauvage et qu'il risque de la voir s'hérisser s'il ne la calme pas d'emblée.

Tu penses détenir le pouvoir
Mais tu oublies tes savoirs
Tu oublies que je ne suis roi
Que parce que tu me confies ta foi.


Agenouillée devant lui, elle se confesse comme le ferait une pêcheresse qui cherche le repentir. A quelques détails près. Elle est nue comme un vers et son corps semble, même dans l'immobilité, se tordre, comme possédé. Puis ses paroles n'indiquent pas le besoin d'être pardonnée. Elle prend l'exercice tel qu'il est donné mais évidemment, elle se l'est approprié. Et tandis que de ses lippes, elle délivre les mots, de ses doigts, elle délivre les membres. La ceinture en cuir cède au bout de quelques chipotages adroits. Le prêtre la laisse faire, déterminé à l'écouter sans l'interrompre. Quand sa tirade est terminée, son entreprise aussi. Libéré, il sait qu'elle va bien vite à nouveau l'emprisonner. «Tu te fourvoies. Je ne suis là que pour t'écouter et soigner tes plaies.» Il fait référence aux blessures de l'âme mais sa main appuie sur celle de son visage. Carmin se lève et fait tomber le pantalon qu'elle a aidé à retrouver sa liberté. Le tissu glisse sur ses jambes qui font front au visage de l'effrontée. Il dégage ses pieds, fait glisser ses chaussures calmement, enlève ses chaussettes, sans même la regarder. Nul besoin de plus pour la posséder. « Debout. » Sa voix est sombre, il donne des ordres secs et distants. Ce jeu n'en est pas un. Etre eux, c'est toujours aussi malsain. Derrière elle, il attrape sa chevelure ébène et tire dessus pour voir son visage qui résiste à l'envie de gémir. Plaisir ou douleur, les deux lui vont. L'autre main se pose sur ses pans, ces entrailles qui ne porteront jamais la douceur d'un enfant. « Si tu n'étais pas une monstruosité de la nature, tu aurais pu être celle qui aurait engendré ma descendance.» murmure-t-il dans son cou tout en caressant son nombril. Sa main descend plus bas, à la recherche de l'antre qu'elle ne cherche pas à cacher, dans le but de la préparer. Puis il se ravise. Sec, ce sera plus vif et plus fort. Il dénude le bas de son corps et d'un coup de genou lui enjoint d'écarter les jambes. En trois secondes à peine, Carmin se retrouve en elle. Il sent sa progression freinée par la raideur du chemin, par le fait qu'il ne l'ait pas lubrifié. Et un râle lui échappe. « Tu as mal?» demande-t-il sans une once de regret ou de compassion. Au contraire, il attend qu'elle lui réponde positivement pour sa propre satisfaction.
 


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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Ven 4 Déc - 21:32


le rouge et le noir
Une fille ordinaire, se disait-elle, eût cherché l'homme qu'elle préfère, parmi ces jeunes gens qui attirent tous les regards dans un salon mais un des caractères du génie est de ne pas traîner sa pensée dans l'ornière tracée par le vulgaire.

Douce cavalcade du souffle venant des tréfonds d’une grotte où rien ne grogne plus qu’un cœur enchaîné à un nom qui s’est un jour métamorphosé. Les monstres se mirent et s’affrontent, préliminaires étranges à cet instant nucléaire où le napalm n’épargnera aucun des deux corps. Il s’expose à elle de son sourire de savant fou, se rit d’elle comme elle rira de lui. Ils ne se cachent rien, si ce n’est, certainement, les lumières qui hululent timidement dans leurs vies respectives, de peur que l’un et l’autre ne les éteignent. Certainement que Carmin ne confira pas le nom de femmes ayant pu bouleverser quelque chose en lui, même la plus infime partie. Les liaisons dangereuses n’ont pas leur place en leur monde, ils ne se jouent des autres que dans l’alcôve qui les recouvrent, se rient d’eux mais n’élaborent guère de plan pour tromper ceux qui pensent avoir le don miraculeux de les sauver d’eux-même. Rictus infâme qu’elle lui renvoie en pleine gueule, méprisant son jeu de passe-passe qui ne pourrait que lui donner l’envie, vicieuse, de se rhabiller et repartir en le laissant seul avec ses désirs hurlant au creux de ses reins et sa seule main de pécheur pour se soulager. « Oh oui … Joue les mystérieux avec moi. Toi, Tybalt, le grand homme ayant tant de choses à cacher à la pauvre petite Imra. » Singeant de sa voix faussement innocente et boudeuse, elle grogne sans le vouloir, affamée, prête à dévorer l’agneau qui n’en a jamais été un.

Te souviens-tu de ce premier regard ?
Te souviens-tu de mon corps enfantin s’étant épris du tien ?
Te souviens-tu de nos rires et de nos hurlements de loups sans meutes ?
Te souviens-tu, Tybalt, à quel point nous avons été le Salut de l’autre.



Rien n’est banalité au travers de ce lien de titane qui ne rouille pas malgré la faille qui les fera peut-être, un jour, succomber à la mort. Imra sera peut-être la première à mourir du poison qu’il incarne en elle, laissant flirter son fiel en son ventre dévasté par ses coups de butoir. Tant de fois à gémir ou se retenir de le faire, le frustrant pour qu’il n’entende qu’un froid silence, que le jeu se métamorphose en abomination, hydres à deux têtes se chevauchant pour faire hurler la lave qui dévore leurs hanches de damnés. Elle ne répond rien à la provocation. Les amantes ont pu être nombreuses ou peu à frapper à sa porte et à avoir l’honneur ou l’horreur de se glisser dans son lit, elle ne veut connaître aucun nom, préfère se rire de supposées amantes, se rire de lui qui doit penser parvenir à être lui loin d’elle. Mensonge ambulant, il ne pourrait être plus dans le faux qu’il ne l’est à présent. Elle ne cille pas quand vient la sentence de ce regard fourbe, la bataille de leurs orbes ne cédant aucune place à l’autre, à peine pour hausser les yeux vers un ciel pâle et craquelé « Calme toi. Je suis déjà pathétique. Je suis la pathétique de toutes les putain d’histoires du monde. J’suis pas la princesse, ni la vaillante, ni celle au charisme qui brûle de toute part. » Elle s’approche, elle flirte, elle combat, vorace, tous ses sens hurlant de le tuer sous les battements de ses hanches qui brûlent sous les coups de langue de la luxure « Je suis celle que tu as rencontré un jour et dont personne ne voulait. Je suis le monstre, Carmin. Tout comme toi. Alors je me fiche que tu me trouves pathétique, tu ne fais que dire la vérité et elle ne me blesse pas. Mais qu'est-ce qu'il en est pour toi ? » Encore ce rire, cet éclat de gorge moiré, ce tintement velouté qui raisonne de cette voix de fumeuse et pleine de volupté depuis toujours « Qui est le plus pathétique de nous deux, en réalité ? Poses-toi les putain d'bonnes questions. »

Trouvant le foyer des cuisses entrouvertes, ombrageuse nymphe dénudée des corolles de son satin de fortune, elle s’offre sans réellement le faire, se donne mais n’abandonne jamais réellement. Ses yeux posés sur elle la cisaille et font monter la sève du calice dans lequel il s’est souvent glissé, femme à la trogne enfantine et sombre, à l’âme bien laide.

Je te condamne de mes confessions,
Je te condamne, mon Roi, pour oser me demander de me confier,
Je te condamnerai cent fois et sur cent vies si je le pouvais,
Pour me rendre mon cœur bien faible.


Il la trompe, change les limites, ne s’avouera pas et l’ordre qui sonne lorsqu’il s’élève, titan de glace face à la Nyx sans sentiments, elle sert les dents, de haine, voudrait lui recracher le venin qui pend à ses crocs de vipère. Et pourtant, si la rage est là, le désir, à son tour, la tourmente, l’impatience grouillant entre les pâles cuisses qui ont été teintées des marques de son passage. Elle se redresse, lentement mais se voit surprise par la poigne qui saisit la chevelure qu’aucun ciseau n’a rencontré depuis longtemps, s’étouffe à peine sous la poigne masculine qui force sa nuque à se arquer, sa croupe à trouver le velours chaud d’un désir qui trouvera bientôt l’autel de son ventre suintant de vice. L’ambroisie ne s’écoule pourtant pas encore tandis qu’elle retient l’aveu d’un souffle qui s’échappe et soulève sa poitrine aux pointes venant d’éclore, tordu par la position inconfortable, tiraillant les reins, cisaillant le ventre de côtes se moulant à la peau bien fine de la cage qui supporte ses poumons tourmentés. La paume glisse, serpente, slalome quand il vient la mépriser, guillotine de mots qui pourrait la faire pleurer si elle était encore capable d’une quelconque humanité, d’une empathie qu’elle ne ressent pour personne. Ils sont bien rares ces humains qui ont réussis à la faire basculer jusqu’au bord des larmes. Jamais. Jamais elle ne pleurera pour ce dédain que la dureté qui sillonne contre ses reins dément « Qui te dit que j’aurais eu envie de porter ton sale môme, monstruosité ou non ? Qui te dit que j’en suis même capable ? » La stérilité la guette, elle le sait, comme un instinct qui s’élève en elle depuis l’enfance. Elle ne procréera jamais. Voilà bien la plus grande malédiction qui pourrait lui tomber sur le ventre. « Je ne veux pas de toi, Tybalt. Je ne veux pas de toi … » le murmure-t-elle pour elle ou pour lui, presque mélancolique, fixant le pan de mur, les cils ourlets flirtant avec ses pommettes saillantes, les lèvres entrouvertes sur un soupir vacillant, ne croyant pas à l’espoir de le voir plonger en elle de ses phalanges ayant certainement esquissées le dessin de la croix chrétienne plus tôt. Non, Carmin sait se faire plus cruel. Elle a demandé la douleur, elle l’a exigé, elle l’aura. Sauvageonne prise d’un seul coup, elle se voit prise d’un coup de reins qui pourrait la voir hurler, de douleur, asséchée, lui résistant, palpitant autour de la hampe qui s’infiltre sans merci là où elle l’a invité. La ligne de sa mâchoire se voit contracter, une inspiration signant la seule preuve de la douleur infligée, une plainte manquant de s’échapper de sa gorge arquée. « Non. » crache-t-elle sans hésitation entre ses crocs serrés. « Pas assez. » elle gronde, voit ses mains rejoindre les siennes pour s’agripper à la peau dans la quelle elle plante ses griffes de harpie. « Fais moi gueuler et peut-être que tu auras le droit de jouir à ton tour. » Il aime la retrouver, elle le sent et elle ne manquera pas de bientôt sentir son antre le pleurer de son venin translucide. Sans chercher la libération, elle s’épanche davantage contre lui, sa tête manquant de trouver son épaule, ses hanches oscillant pour laisser les courbes retrouver la ceinture d’Apollon, sans tendresse, malgré la douleur, elle le défie, elle le défiera toujours « C’est tout ce dont tu es capable ? J’t’ai connu plus violent et inventif. » La folie la gagne et elle sourit au plafond, au travers des mèches noirs qui couvrent son visage par endroit, faisant mine de gémir d’un plaisir inouï pour narguer la bête qu’il a en lui, l’écho de son râle de chienne en pleine chaleur se répercutant dans le silence qui les entoure, mélodie factice qui finit par s’achever quand ses reins ne cessent de se mouvoir, d’ondoyer, que la peau gifle la sienne, que les courbes ondulent, qu’il recrache toute sa colère sur elle. « C’est ce que tu veux entendre de moi ? Baise moi bien et on verra ensuite. » Jamais elle ne relâche les rênes de son contrôle, jamais elle ne l’autorise, pas avant qu’il ne la façonne telle une statue de plâtre, pour la voir se plier, enfin, à ses exigences. Elle le fait marcher, courir, galoper jusqu’à ce qu’il s’épuise.

Ce soir, que tu sois Tybalt ou Carmin,
Je te ferai crever en moi.



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Message Sujet: Re: le rouge et le noir — Carmin (tw)   le rouge et le noir — Carmin (tw) Empty Mer 9 Déc - 9:50


le rouge et le noir
Trop longtemps je n'ai respiré autre chose que de la poussière. Je n'ai pas su me calmer chaque fois que je manquais d'air. Mes yeux ne veulent plus jouer, se maquillent d'indifférence. Je renie toute vos innocences.



A-t-on jamais été amis? Y a-t-il quelque chose d'autre que la haine qui nourrit notre lien? Y a-t-il quelque chose entre nous? Ou n'est-ce que la folie de nos démons qui nous unit? Y a-t-il autre chose qu'un feu qui nous brûle, nous consume? Pourrais-tu un jour affirmer que ce qui nous relie ne nous détruit pas aussi? Pourrais-tu affirmer que la jouissance extrême à laquelle tu t'adonnes avec moi n'est pas qu'une punition misogyne, du sexisme envers ton propre sexe? Oh Imra, y a-t-il autre chose que l'enfer pour nos deux corps, pour nos deux âmes ébréchées ? Oh Imra, désires-tu seulement autre chose que ça?  

Pas de draps, pas de prélude. Les chansons de Beethoven resteront silencieuses ce soir car il ne s'agit pas de musique entre eux. Il n'y a aucune mélodie assez affreuse pour ponctuer cet acte charnel entre les deux âmes possédées par un instinct carnassier. En franchissant sa porte, la brune savait qu'elle se jetait dans l'antre du lion et qu'elle n'en sortirait que déchiquetée. En venant ici, elle savait qu'elle se heurterait au froid glacial d'un cœur gelé. Et c'est ce qu'elle recherchait. Tous deux se donnent ce dont ils ont besoin : cette piqûre de rappel du vide dans lequel leurs vies évoluent. Ce vide émotionnel dans lequel leurs sentiments diminuent. « Tais-toi.  » Il aboie comme il le ferait à un sous-fifre qui se doit de lui obéir. Maître éternel, il la considère comme sa soumise, son esclave. Imra n'est pas qu'esclave sexuelle, elle est aussi esclave de son ton, de ses humeurs. Il pourrait la chasser maintenant. Et ils savent tous deux que l'humiliation ne suffirait pas à détruire ce lien puissant qui s'est créé entre eux. Car c'est dans la douleur qu'ils ont trouvé leur force, dans la rancœur qu'ils ont gravé les écorces.

Soupir indifférent,
Qu'as-tu à perdre
A toucher cette enfant
A la déshabiller, à te perdre?


Les vêtements volent, les paroles restent. Leur échange n'est jamais doux, jamais facile. Imra provoque des feux brûlants, elle ne se cache pas de la vérité, elle la provoque avec un sourire dément. Pathétique? Elle se fiche bien de ce qualificatif. On l'a déjà bien plus insultée que cela. Autant en emporte la St-Clair, elle lui crie dessus dans un éclat de voix. Elle lui renvoie l'ascenseur sans aucune compassion, sans aucune tendresse. Et pour toute réponse, un sourire sur son visage se dresse. Le faux prêtre jubile de la voir ainsi se cabrer car il sait que leurs jeux n'en seront que pimentés. « Pauvre Imra, je t'ai heurtée dans ton égo? Tu as besoin de m'avilir pour te sentir mieux?  » La menaçant de son corps tout entier, il la domine sans rien céder. «  Oui petit coeur, je suis pathétique moi aussi. Voilà, tu es rassurée? » La voix empruntant des couleurs mielleuses, il sourit en la narguant. Elle est trop maline pour croire qu'il pense ce qu'il dit. Carmin ne fait jamais que se moquer, il se moque de tout. D'elle et de lui-même, il se fout.

Un enfant de toi.
T'imagines-tu seulement?
Un enfant avec elle.
Jamais, fais-en le serment.


«  Qui essaies-tu de convaincre Imra? » Elle répète qu'elle ne veut pas de lui comme on répète une prière. Il sourit, posant sa main dans son cou, comme un meurtrier qui s'apprête à égorger sa victime. « Moi non plus je ne veux pas de toi et pourtant tu es là, à venir me supplier de te prendre, à me supplier de t'écarter les cuisses pour que tu oublies ta connasse de mère. Et je suis grand seigneur, je t'accorde cette faveur.  » Son ton est glacial. Il pense ce qu'il dit. A force de vivre dans ce monde de désillusion, il a fini par croire qu'il était ce qu'il prétendait être. Mais tous deux sont conscients que leur progéniture ne profiterait à personne. La pauvre bête naîtrait-elle seulement avec une âme? Mais la question ne se pose plus, la question ne se pose pas. Imra n'est pas là pour procréer, elle est là pour défier l'acte destiné à l'engendrement en prouvant encore une fois que ses pans sont tellement souillés que rien n'y naîtra.

La pénétration est sèche comme leur rapport. Douloureuse, elle semble ne pas suffire à celle qui reçoit un corps étranger en elle. Elle se targue qu'il n'est pas assez violent et Carmin souffle rageusement, se retirant sans se faire prier, poussant sur le dos de la femme pour amplifier l'angle de pénétration avant de s'immiscer en elle encore une fois, plus vite et plus loin encore. Pas assez. Il serre les dents tout comme il serre les cheveux qu'il a entre les mains. Les coups de bassin sont virulents, sans aucune tendresse, sans aucun but réel. Cherche-t-il vraiment à lui faire mal ou seulement à la frustrer? Toujours aussi sale, elle se targue de ne rien ressentir, elle se moque de lui jusqu'à en rire. Alors Carmin la redresse et la fait pivoter en attrapant sa hanche. Il la pousse jusqu'au bureau de la cellule et en sort un bonnet fin qu'il pose sur ses mèches blondes quand il participe à certaines messes extérieures. Sans attendre qu'elle lui demande s'il compte faire une bataille de neige, le prêtre lui entrouvre les lèvres et enfonce le tissu dans sa bouche pour la faire taire. Puis, il décadenasse sa porte et la fait sortir dans le couloir qui n'est plus éclairé à cette heure avancée. Il la pousse contre le mur sans réticences aucune, écarte ses jambes au gré de ses mains et pose sa virilité à l'entrée de son intimité. Mais cette fois, il ne retira pas sa main. Quelques doigts poursuivent le chemin de son membre dressé par la fureur plus que par l'envie. Si elle ne veut pas qu'il jouisse, elle devra se plier à une autre volonté : il la forcera à venir bon gré mal gré. Du bout des phalanges, il la cherche dans ses tréfonds, et attrapent ce minuscule morceau propre aux femmes, dont la seule fonction est le plaisir. Les va-et-vient de Carmin sont sans arrêt, puissants et aussi intrusifs que cette main qu'il utilise comme une arme. Entre eux, le plaisir n'est pas une chose positive, n'est pas destiné à rendre heureux. « Que tu le veuilles ou non, tu vas jouir Imra.  » Il la presse contre le mur du presbytère qu'il sait froid et sent son corps qui heurte la pierre à chacun de ses à-coups. Conscient que seule la douleur pourra délivrer ce corps de son propre mal, il passe sa main libre entre le mur et elle et attrape la pointe d'un de ses seins, entre ses doigts, pinçant et continuant tout le reste dans l'attente qu'elle cède.

Tu ne peux que me céder.
Tu es venue pour ça.
Tu ne peux que me remercier
D'encore bien vouloir de toi.



 


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