J ' A I L E C I EL B L E U (eloup)

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aime-moi bien peut-être
on verra bien demain si ça peut être
≡ e l o u p

Dans quelle merde tu t'es foutu, Loup ?
Dans quelle merde vous vous êtes foutu ?
Souvent, Loup traine. Il traine les pieds, il traine dehors. Il traine son coeur à ses pieds, il traine les étoiles la nuit (et ça fait même pas des étincelles sous ses godasses abimées). Il a le coeur bleu, il pense beaucoup à Elea, Loup, il pense même (trop) à elle et à ses jolis yeux, qui l'ont transpercé, qu'ont ouvert une nouvelle galaxie dans sa mémoire et ses mots ricochent encore contre les parois.
On dirait qu'Elea c'est devenu la Lune et que Loup, c'est le Soleil.
Ils s'étaient quitté à trois heures quarante sept la dernière fois, il s'en souvient. Il s'en souviendra toujours.
Pourtant, il ne peut s'empêcher de penser à la merde dans laquelle ils se sont fourré. Parce que là, présentement, ils ont les deux pieds dedans. Et Loup, il veut s'en sortir. Il ne veut (plus) entrainer les enfants perdus avec lui. Alors Loup ment. Loup ment et Loup traine Elea dans la boue comme les enfants.
Parce que ce sont des enfants qu'arrivent pas à s'extirper de leurs rêves (éteints) et qui pensaient qu'en s'donnant la main tout irait mieux.
F A U X

La triste réalité est qu'Elea ne peut pas irradier de ses cheveux de soleil et que Loup ne peut que l'obombrer de ses ailes noires provenant de la lune.
Triste réalité
Alors après leurs messages remplis de couteaux, il l'attend. Il l'attend, les mâchoires carrées, les poings serrés. L'envie de la tuer dans la gorge et des flammes dans son estomac.
(Elea, je t'aime autant que je te déteste.)

Y’a cette chose qui cogne dans sa poitrine, un sentiment d'inachevé qui lui reste au fond de la gorge quand son téléphone vibre sur le matelas. Loup.
Souvent elle ferme fort les yeux Elea, se rappelle son visage pour que l’oubli ne s’empare pas de lui. Parce que l’oublie lui vole ceux qu’elle aime parfois et fait tout disparaître. (de son coeur. de ses rêves). Loup. Jusqu’à ce que les rêves deviennent cauchemars. Ils étaient enfants (ne sont que des enfants), deux étoiles perdues dans les rues du Queens. Puis il y a eu le nuage gris.
Alors Elea elle s'imagine ses cheveux ébènes près d’elle et sa main dans la sienne comme réconfort. Loup. Ils auraient du s’envoler ce soir-là, devenir invisibles comme ils l’avaient dit. Peut-être alors que les choses auraient été moins compliquées.
Parce que depuis ce soir là les cauchemars chassent les rêves et Elea elle court dans un labyrinthe, cherche des mots pour la rassurer. Les siens. Mais il n’y a que les couteaux aiguisés à force de mois passés dans le silence, des messages d’une tendresse oubliée et cette impression étrangère qui lui tiraille l’estomac. Loup.
L’atmosphère du parking sous-terrain de son immeuble la fait trembler (ou peut-être est-ce Loup). Parce qu’ici il n’y a pas de comètes, aucune nébuleuse sur laquelle s’envoler. Rien qu’un ciel goudronné, l’enferme sous terre comme si elle avait déjà renoncé. Je suis là. Pourtant dans ses rêves leurs retrouvailles étaient ponctuées d’un sourire et de rires, de mots qui réchauffent et de la douceur de sa main. Alors tu t’es décidé à en parler ? Peut-être qu’elle dort depuis trop longtemps Elea. Mais il y a Loup.
Loup la sauvera, comme la dernière fois (pas vrai?).

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aime-moi bien peut-être
on verra bien demain si ça peut être
≡ e l o u p

- Je suis là.

Elle semble piétinée par les nuits de cauchemars, Elea. Peut-être que ça essore un peu ses entrailles au garçon, peut-être que quelque part dans son cœur ses battements ne se font pas que par nécessité mais peut-être qu’il ressent enfin quelque chose. Boum boum. Boum boum.
B O U M B O U M
Ressentir, si on décortique y a surtout sentir. Sa présence, c’est comme sentir le soleil chaud mais aussi se brûler les pieds sur l’asphalte brûlant d’une longue journée de chaleur. Ses yeux, c’est comme sentir une nuée d’étoile se décrocher de ses yeux pour venir se déposer dans ses mains mais aussi parfois des armes qui ne demandent qu’à être chargées. Ses mains, c’est comme sentir des draps de soie (ou peut-être même de velours) mais c’est aussi sentir des écorchures des escapades tard la nuit (pourtant tu ne devrais pas Elea, dehors y a des monstres, ils ne sont pas que sous le lit ou en toi).
Pourtant, une brèche s’est ouverte face à lui lorsqu’il a croisé son regard Loup, comme un pacte de paix fait dans la guerre qu’est sa tête. Ses mots résonnent quelque peu, cognent surtout. Ça démange dans son crâne. « Je suis là » il aimerait rire. Il s’est toujours senti seul. Il sait qu’elle l’est aussi.

- Alors tu t’es décidé à en parler ?

- Tu parles de ce que tu as fait ?

Loup est l’araignée ourdissant sa toile et Elea est sa proie tant attendue. (T’es prête à tomber dans le piège pour toujours ?)

- Tu vas bien m’écouter à partir de maintenant et tout devrait aller bien pour toi. Si pas, ça reste risque de mal tourner. Compris?

Le garçon sans nom a le visage coloré par la lumière artificielle du parking sous-terrain, une réalité brutale qu’Elea ne veut pas comprendre dessinée à l’encre brune dans son regard.
Elle, elle préfère jouer avec les souvenirs (les bons).
Alors Elea elle se souvient, se souvient du temps suspendu où il lui a offert une partie de son histoire, de ce prénom qu’elle a trouvé si beau. Comme lui. Comme ses mots. Comme cette nuit (ou le début de la nuit). Juste avant que tout parte en vrille. Souvent elle se plaît à penser que Loup lui a ouvert un bout de son cœur, le genre de chemin sinueux et semé d’embûches qu’elle entreprend de suivre chaque fois que ses paupières se font lourdes. Ou peut-être qu’elle aimerait seulement le croire Elea, croire que Loup aussi garde précieusement le souvenir de cette nuit dans sa mémoire. (Est-ce que toi aussi tu penses à moi ?). Pourtant elle n’a jamais osé Elea. Elle a regardé la fiche de contact (souvent), à connaître la suite de chiffres sur le bout des doigts, sans jamais rien faire d’autre qu’espérer. Jusqu’à ce soir.

- Tu parles de ce que tu as fait ?

Et si un jour elle se demande quand est-ce que les choses sont parties en vrille, elle repensera à cette nuit.
Elea elle est comme projetée brutalement dans la belle maison, au milieu du salon qui a marqué sa désillusion. Loup n’y est pas et elle s’épuise à crier à l’aide pour qu’il revienne.

- Tu vas bien m’écouter à partir de maintenant et tout devrait aller bien pour toi. Si pas, ça reste risque de mal tourner. Compris?

Elle ne comprend pas tout de suite Elea, pince ses lèvres dans une expression enfantine paralysée par la peur. Parce qu’elle continue de croire que Loup l’aidera, que lui il trouvera un plan pour les sortir de là. Parce qu’elle met quelques secondes à cerner la nuance. Attend... comment ça ce que j’ai fait ? Elle s’approche encore d’un pas, assez proche pour prendre sa main comme elle a tant rêvé de le faire (n’ose pas). Sauf qu’à cet instant quelque chose a changé et elle peine à savoir quoi. Je suis pas sure de comprendre où tu veux en venir.

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aime-moi bien peut-être
on verra bien demain si ça peut être
≡ e l o u p

Illusions. Tout est brodé. Des dessins qui se superposent. Des décors changeants, des voix chantantes au loin dans la nuit. Des bruits suspects. Des bruits auxquels on s'habitude lorsque l'on vit au Parking.
Et pourtant, tout se suspend, le temps s'arrête, son coeur pourtant lui s'accélère.
A nouveau
Mais pas comme la dernière fois, non. Pas comme cette bulle qu'ils s'étaient créée, faite de douceur et de velours. Il a piétiné le bonheur qu'ils s'étaient inventé sans pitié.
Pourtant il regrette déjà.
Il ne pourra plus revenir en arrière. C'est terminé.
Il a fait son CHOIX
Il aurait voulu être celui qui lui confectionne des vêtements avec des cache-coeurs à l'intérieur, comme pour protéger son myocarde, en guise de gilet pare-balle. Pourtant, a contrario, il deviendra bientôt le bourreau de son coeur. Loup n'a jamais su comment s'y prendre et sans doute, n'y arrivera-t-il jamais.
Avec elle, il aurait voulu. Aurait voulu lui tenir la main et enrouler ses cheveux autour de ses doigts, pour que ses ondulations dansent délicatement sous ses yeux. Il aurait voulu nicher son nez dans son cou et s'endormir en la serrant fort contre elle. (Tu sais Elea, quand j'suis avec toi, j'en oublierai presque Stella. Pourtant, Stella, c'est tout ce que j'ai.)

- Attend... comment ça ce que j’ai fait ?

Ça fait faire de la haute voltige à son cœur de la voir apeurée. De pouvoir lire dans son regard que même de lui, elle se méfie maintenant. (T'as raison, tu sais.)

- Je suis pas sure de comprendre où tu veux en venir.

- Le gars là, qu'on a agressé pendant ce foutu cambriolage. T'es la seule qu'il ait vue, Elea. T'es la seule. Un alibi pourrait très bien prouvé que je n'étais pas là. Tu pourrais porter le chapeau seule.

Elea, ce soir, Loup ne sera pas un être salvateur. L'addition de tes désirs sera juste salée.

- Le gars-là, qu'on a agressé pendant ce foutu cambriolage. T'es la seule qu'il ait vue, Elea. T'es la seule. Un alibi pourrait très bien prouver que je n'étais pas là. Tu pourrais porter le chapeau seule.

C’est comme une bulle de savon qu’on éclate, une bouteille qui se brise sur le carrelage d’une cuisine, une pression désagréable qui encercle son coeur.
Alors il lui semble que ses émotions se font plus fortes, que ses yeux brillent anormalement quand sa tête se secoue sans cesse de gauche à droite. Elea elle aimerait lui courir après, l’entourer de ses bras pour qu'il reste avec elle. Il n’a pas le droit. L’attraper pour ne jamais le relâcher, forcer le destin à faire devenir réel les rêves et irréel les cauchemars.
Sauf que les dés sont pipés, que le cauchemar devient réel quand ses rêves partent en fumée.
Loup. (Me laisse pas). Pour toujours. (C’est ce que je voulais).
Parce que dans ses rêves ils sont heureux à deux, parce que là-bas ils luttent à deux dans un monde trop adulte.
J'pensais que toi tu me comprenais, que toi aussi t'y arrivais pas trop dans ce monde d'adultes.
Tu... tu me laisses tomber avec un mensonge ? Je croyais qu’on était là-dedans tous les deux, que quand tu m’as dit de descendre c’était pour m’aider et tu... m’abandonnes parce que tu veux sauver ton cul ? Sa voix tremble et elle ne sait pas bien si c’est le bruit de son coeur ou de sa colère renaissante. Je croyais qu’on était ensemble... là-dedans.

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on verra bien demain si ça peut être
≡ e l o u p

Il a juste la lourde impression qu’un épais manteau carbone se répand sur eux dans la nuit, qu’il crée des ombres sur les astres les représentant. C’est un enfant qui souffle dans les échos tous ces maux qui pourtant sont enchaînés habituellement mais décident de couper le fil pour s’extirper lourdement d’entre ses côtes.
Et il n’y a qu’avec Elea que c’est comme ça.
Autrefois il y avait Stella, son astre instable, sa venus aux chevilles fondues sur l’asphalte, ses ailes étaient rayées et pourtant elle continuait à irradier de sa différence. Elea aussi est rayée à sa manière. Elea est un tout dont il aimerait être indissociable. Il souhaiterait qu’elle épouse ses traits à tout jamais. (T’es encore d’accord, hein ?)

- Tu... tu me laisses tomber avec un mensonge ? Je croyais qu’on était là dedans tous les deux, que quand tu m’as dit de descendre c’était pour m’aider et tu... m’abandonnes parce que tu veux sauver ton cul?

- Je ne t’abandonne pas. Justement. Il n’y a qu’une seule solution à ce que tu t’en sorte : deviens ma meuf et tu seras tranquille. Avec cette histoire, en tout cas.

Loup ne sait pas comment s’y prendre, Loup n’a jamais reçu de mode d’emploi. Il n’en avait déjà pas quand Stella voulait encore de lui (quand elle était vivante *) et c’était trop tard après. Mais Loup a trop à risquer, il ne veut pas aller en prison et faire tomber tous les enfants perdus avec lui. Il se sent funambule sur le fil rouge de leur destinée et est à deux doigts de tomber (tomber de haut ou tomber amoureux, ça il ne sait pas)

- Je croyais qu’on était ensemble... là dedans.

(J’veux pas, j’veux pas t’abandonner Elea. Mais tu sais ce dont j’ai encore plus peur ? C’est que toi tu le fasses)
(Je suis d é s o l é)
Désolé
Désolé
désolé
Son propre silence crispe ses traits et pourtant il veut sans s’assurer de rester intouchable.

Souvent ils se retrouvent sous la lumière bleutée du bar du coin, Loup sourit, ce genre de sourire qui éclaire tout autour de lui et brille dans la nuit. Souvent elle fait glisser ses doigts entre les siens et Loup il les serre fort. Alors ils marchent, longtemps, ils rient beaucoup, et quand la fatigue devient trop forte c’est toujours dans ses bras qu’elle se retrouve, qu’elle le serre fort pour qu’au matin il soit toujours là. Mais il n’est jamais là Loup. Parce que chaque fois que ses yeux s’ouvrent il n’y a qu’un petit appartement vide et les rêves déjà dilués.
(Je voulais juste que ça devienne réel, toi et moi)
Elea elle a peur ce soir. Peur de ne pas avoir assez de force pour le retenir. Peur qu’il disparaisse et devienne invisible comme il l’avait dit. Lentement le coup sauveur porté à la tête la nuit passée devient un coup dur porté à son cœur, éteint ce truc qu’elle ne définit pas. Elle aurait pu tomber amoureuse Elea, sûrement même qu’elle avait déjà commencé (sinon elle ne rêverait pas de lui, pas vrai ?).
Elea elle s’amourache trop vite sûrement.
Mais Loup s’efface.

- Je ne t’abandonne pas. Justement. Il n’y a qu’une seule solution à ce que tu t’en sortes : deviens ma meuf et tu seras tranquille. Avec cette histoire, en tout cas.

Ses traits sont hésitants, observent ceux de Loup sans savoir quoi faire. Ni même comprendre. C’est assez drôle quand elle y pense. Parce qu’elle en a rêvé tant de fois Elea, se met à rougir quand elle se souvient de ce moment à deux où ses lèvres effleurent les siennes. Elles ont un goût sucré, comme le bonbon dont elle raffolait gamine. Tu me demandes si je veux être avec toi ? Jolie poupée timide ne comprend pas tout de suite qu’elle n’a pas le choix mais Loup s’en charge. Tu... Parce que son visage à Loup n’est pas le même que dans ses rêves, ne lui paraît pas aussi rassurant que la première fois. deviens ma meuf et tu seras tranquille. C’est pas moi que tu veux... tu veux juste t’amuser c’est ça ? Cette nuit, nous deux... y’a pas vérité pour toi, rien qu’un jeu ? Les questions n’en sont pas, ses yeux brillent toujours plus et elle ferme les yeux un instant pour éviter que tristesse ne s’échappe.
(J’te veux mais pas comme ça, pas pour un jeu)

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aime-moi bien peut-être
on verra bien demain si ça peut être
≡ e l o u p

Sa vie est en sursis.
À tel point que son sac à dos est resté semblable depuis son arrivée : zippé.
Il a fini par oublier ce qu’il y a dedans. Sûrement des fringues. Sales. Une trousse. Un cahier à dessin. (Il a arrêté le dessin, de toute façon. Y avait plus sa constellation à dessiner.) Quelques lettres. Une photo de papa et maman.
Que des couteaux pour le cœur, quoi. Pourtant, il se rend compte qu’il devient exactement comme son sac pour Elea : il est occupé avec des ciseaux de découper chaque petit morceau de son myocarde. (J’te jure, c’est pas ce que je voulais)
(Non, j’m’en sors juste pas)
(J’sais pas j’sais pas j’sais pas j’sais pas j’sais …)
(Je t’aime, je peux t’embrasser ?)
Bisous-coccinelle sur la joue, bisous-papillon sur les paupières, bisous-fleurs sur le nez, bisous-bonbon dans le cou. (On aurait pu faire ça, non ? On aurait peut-être pu juste être des Bonnie & Clyde des temps modernes et s’contenter de ça. Pas vrai? J’aurai pu …)

- Tu me demandes si je veux être avec toi?

Il a presque le rouge aux joues Loup, qui l’gagne petit à petit alors il essaye (encore) de garder son faciès fermé.

- Écoute, j’te laisse pas le choix Elea. 1 Tu fais semblant de m’aimer, 2 On baise éventuellement, 3 Tu te comportes comme une parfaite copine. Sinon j’balance ton p’tit cul aux flics qui dur’ra même pas une semaine en taule.

Il aurait juste envie de passer ses doigts autour de son poignet délicat (ils feraient limite deux fois le tour tellement Elea est délicate et est comme une plume) (une plume qu’il a tellement peur de voir s’envoler loin de lui) et de lui dire : je suis là. J’te quitterai jamais.

- C’est pas moi que tu veux... tu veux juste t’amuser c’est ça ? Cette nuit, nous deux... y’a pas vérité pour toi, rien qu’un jeu ?

- Non. Rien. Et pourquoi j’te voudrai vraiment ? hein ?! POURQUOI ?

C’est son ciel qui se déchire et maintenant, il pleut à l'intérieur lui.
Mais qu’est-ce qu’il t’arrive, Loup ?
Pourquoi t’es comme ça ?
(Comme ces gens que tu haïssais, souviens-toi.
Comme ton père.)

Les jolis mots deviennent couteaux et se plantent dans son coeur, terminent d’abîmer les sentiments planqués entre deux battements.
(Où es-tu Loup ?)

- Écoute, j’te laisse pas le choix Elea. 1 Tu fais semblant de m’aimer, 2 On baise éventuellement, 3 Tu te comportes comme une parfaite copine. Sinon j’balance ton p’tit cul aux flics qui dur’ra même pas une semaine en taule.

Elle tremble Elea, recule d’un pas si infime qu’elle ne se sent pas bouger. Sous ses pieds le sol se dérobe, ou peut-être est-ce elle qui peine à tenir debout, comme si le poids des mots étaient trop forts pour elle. Alors elle tombe mentalement Elea, ne trouve pas sa main pour se rattraper. Il n’y a que la voix de Loup qui s’élève dans le parking, résonne parmi les voitures et contre les murs froids, s’infiltre dans la brèche laissée par le couteau. Appuie. Fort. Trop fort.

- Non. Rien. Et pourquoi j’te voudrai vraiment ? hein ?! POURQUOI ?

Elle voudrait s’approcher de lui Elea, courir dans ses bras pour lui murmurer à l’oreille qu’il ne pense pas tout ça, que tout s’arrangera. Mais y’a comme une force invisible qui la maintient au sol, fait perler une larme sur sa joue, puis une sur l’autre. Jusqu’à ce qu’il tue ce qu’il y avait de plus beau entre eux. Les étoiles s’éteignent et elle a peur du noir Elea. Du monstre sous le lit. Du monstre dans le parking.
(Je t’aime)
(-ais?)
(-e)
(Parce que moi je te veux vraiment)
C’est pas toi... Parce qu’elle aimait y croire Elea, croire que le Loup qu’elle a rencontré n’était pas un mirage, que le Loup qui vit dans ses rêves et dans son coeur n’est pas une illusion. J’veux pas. J’veux pas tout ça. Le faux ? Ou la prison ? Les deux. Parce qu’elle a peur Elea, de perdre Loup autant que de crever derrière les barreaux. Parce qu’elle n’a rien pour le retenir, rien qu’un souvenir rayé.
Alors les secondes s’égrènent, les larmes sèchent sur sa joue. Si j’accepte... tu dis rien ? Mais plus que tout, Elea elle refuse encore de le perdre.

» (les nuages scindent le ciel) eloup