crystal memphis. (aminn)

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{ crystal memphis }
crédit/ tumblr ☆ w/@Aminn Ben Rhiad  

La voix monocorde de son interlocuteur lui donne du fil à retordre. Millionnaire, possédant une culture qui n’a d’égal que son impressionnant patrimoine, le quadragénaire n’a hélas, pas bénéficié d’une aura bien captivante. Il raconte les vestiges de l’Antiquité, toutes les ruines que l’ancien Monde a laissé. Il évoque les beautés abîmées, les pierres sauvées, les bijoux préservés. Tous les objets d’art qu’il possède, résultats d’un héritage transmis de génération en génération, dans une famille qui n’a jamais voulu s’en séparer. Jamais, jusqu’à ce que lui ait décidé de changer la tradition. C’est elle, antiquaire renommée, mais pas la plus réputée, qu’il a choisie pour y arriver. Cassey, elle lui était reconnaissante, jusqu’au moment où elle l’a rencontré. Quinze petites minutes seulement ont passé… une éternité. Une éternité passée à l’écouter déblatérer tant de détails qui ne l’intéressent pas. Il fait perdurer une conversation qui aurait pu être bien plus professionnelle. Et, aussi, bien plus éphémère. Il donne le sentiment à la poupée de vouloir seulement faire passer un temps qui lui est bien plus précieux quant à elle. Les quelques brèves tentatives pour frôler la vie personnelle de la demoiselle ont vite été écourtées par celle qui ne cesse de revenir au véritable sujet. Et cela aurait pu durer des heures… Cela aurait duré des heures…

S’Il n’était pas arrivé.

Lui, jeune homme d’une vingtaine d’années et des poussières, le sourire pétillant toujours aux lèvres. La sirène a l’habitude de le rencontrer dans les bars où elle peut aller s’amuser. Ou, parfois, dans les clubs où elle termine ses soirées. Elle passe du bon temps avec lui à chaque fois, s’amuse avec lui quand elle n’est pas en train de s’en jouer, séductrice invétérée. Mais elle ne s’attendait aucunement à le retrouver à la terrasse de ce café. Il est encore relativement éloigné mais, derrière son thé glacé, Cassey ne peut retenir de temps à autre un regard vers lui. C’est étrange de le voir, lui, dont elle apprécie la compagnie au gré des moments qu’ils peuvent partager, alors qu’elle se trouve en plein rendez-vous professionnel. Comme si, les deux fragments d’une vie déjà bien mouvementée, étaient soudain prêt à entrer en collision. Lui, cet homme trop sérieux, trop morose et définitivement trop ennuyeux… et Aminn, celui qui partage ses nuits arrosées, fugaces, et à la fois si vraies. Lui, Aminn, qui connaît le flambeau véritable qui se cache derrière ses jolies ailes d’ange.

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{ crystal memphis }
crédit/ tumblr ☆ w/@Aminn Ben Rhiad  

Fracassante est l’arrivée du môme qu’elle n’avait pas prévu de recroiser dans ces circonstances. Fracassante comme le tapage qu’il crée, subitement, attirant toute les attentions. La sienne, il l’avait déjà, avec plus ou moins de discrétion. Les azurs n’ont plus besoin de se forcer à dévier entre le complice de ses dérives nocturnes et le collectionneur qui se tient devant elle. Iris focalisés sur lui, elle observe la joute verbale entre l’homme en colère et celui qui ne semble n’en avoir absolument rien à faire. Éclats de voix, éclats de verre ; de son métier de serveur, ne reste que des débris qu’il ne cherche nullement à sauver. La nymphe l’observe, incapable de détourner le regard ailleurs. Mais elle ne s’attend pas à le voir arriver, à ses côtés, comme si maintenant qu’il était renvoyé, elle n’avait elle non plus plus aucune raison de rester. La raison, elle est là, elle se tient bien droite devant elle, tout du moins il essaie. Le trapu, qui doit avoir dix bons centimètres de moins qu’elle, paraît encore plus courbé quand le gamin aux allures de dieu vivant avance jusqu’à elle ; et qu’il le fait disparaître. Le port altier, la poupée le contemple de cet air interrogatif, qui lui demande ce qu’il peut avoir à l’esprit. Les analectes empourprés qu’elle décèle autour de ses pupilles assombries lui font saisir combien il est loin d’être dans son état normal. Un peu comme elle l’a été, avec lui, toutes les fois où elle acceptait sans rechigner le joint qu’il lui tendait. Les pulpeuses qui caressaient le bâtonnet que ses lèvres avaient brassé, les bouches en mal d’amour et d’envie qui se frôlaient. Il n’est pas si différent, Aminn, c’est bien le souci. Il est foncièrement le même oiseau de nuit dont elle apprécie dangereusement la compagnie.

Seulement, l’astre solaire encore loin d’être tombé,
rattrapée par le sens des réalités,
même Cendrillon disparaît après minuit,
alors elle n’est pas là, pas vraiment, Bonnie.

Si elle s’est révélée impénétrable devant les discrètes tentatives de drague, Cassey, elle ne sait pas pour autant comment réagir, une fois si près de lui. Ou lui, si près d’elle, de sa vie. De cet homme qui les fixe, l’air incrédule, en s’inquiétant de savoir comment la jolie antiquaire si professionnelle peut être lié au camé qui vient de se faire virer. Et les paroles qui arrivent, insouciantes mais dévastatrices. Le nuisible ne se doute pas des opportunités qu’il pourrait lui faire perdre, juste en prouvant qu’elle est loin de lui être étrangère. « Vous connaissez ce garçon ? » la moue qu’elle empêche d’apparaître devant le surnom échappé avec dédain ; qui lui rappelle que son partenaire de jeux n’est qu’un gamin. Et le gamin n’a pas conscience qu’il y a un temps pour s’amuser ; un autre pour la réalité. « Tu n’es pas dans ton état normal. » elle finit par rétorquer, le ton amer, sous les lunes préoccupées de celui qui ne cesse de dévier de l’ébène à la princesse. Celui qui doit devenir dingue, à force de se demander comment ils se connaissent.

Et tu l’entends, la petite voix,
celle qui te tente, déjà,
celle qui te murmure de le rejoindre,
alors que c’est la dernière chose que tu devrais faire.