crystal memphis (sandy)

maison trop grande abritant les déchéances de gamins usés, énième soirée à laquelle kazmir s'invite, passive, qui slalome entre les corps mouvant au rythme de la musique. maison trop grande pour ne pas la ternir, mégots dissimulés, bouteilles d'alcool sur le sol, ça fait tâche avec ce mobilier. éclat du crépuscule absent, atmosphère maussade, des tas de visages inconnus et pièces enfumées par la combustion des cigarettes. vague à l'âme dans le cœur de kazmir, plongée dans une danse amère avec ces gens de passage. rage indolore cette fois, presque inexistante, instant de repos avant l'acte final. verres qu'on lui passe, qu'elle boit d'un trait sans méfiance. gamine perpétuellement au dessus du vide, funambule inconsciente, danger attractif, adrénaline qui fait palpiter son cœur un peu plus vite. parce que kazmir, c'est l'aveuglement face à l'inconnu, les impasses menaces, marcher si près du ravin qu'est la vie en fermant les yeux pour ne pas voir sa propre chute. pour ne pas voir l'échec surplomber ses traits. elle déambule, habitude funeste dans cette grande maison qu'elle rêverait de brûler, de brûler tout les illusions qui vont avec. d'autres verres qu'on lui tend, et qu'elle accepte, sans les compter. inquiétude fugace. pourtant, kazmir, elle remarque pas ce regard insistant sur elle, trop dans le brouillard pour s'en soucier. elle remarque pas cette gamine aussi perdue qu'elle même si ça fait des années qu'elle se côtoient plus ou moins indirectement. ce regard qui la détaille un peu trop, comme si les secrets étaient sur le point d'être dévoilés, de partir en éclats. le corps qui ne supporte plus ses frasques, la tête qui tourne, enfant déchue qui s'assoit, le temps de reprendre son frêle esprit. les yeux clos rêvant d'autres d'horizons, d'autres paysages, de quitter new-york quelques mois, de changer d'air. mais y'a cette voix qui la tire de son début de sommeil, qui l'intrigue. parce que ouais, tu le sais, tu l'as déjà entendue quelque part. pourtant, elle reste là kazmir, prostrée, se retournant pour observer la fameuse personne. et enfin, prénom qu'elle peut mettre sur un visage. sandy. solitude envolée, nuit pleine de surprises, elle le sait.

au bout de ses doigts, le monde frisonne; au creux de ses méninges, l'univers grésille. et là! au bout de ses lèvres! les étoilent fanent.

y a plus de ciel, plus de soleil: juste la sueur des gens qui dansent, juste les lumières effrénées qui tentent de l'éclairer. pas indistincts sur le plancher, faut dire qu'elle sait plus trop comment ça fonctionne: marcher. la fumée des autres semblent remplir le vide de l'existence, alors que son regard virevolte sur tout ce qui s'y offre. sous sa langue s'anime encore la sensation du cacheton pourtant déjà assimilé dans ses veines éparpillées. carcasse éparse gesticule vaguement sous ses ondes, à la recherche de l'inconnu. l'inconnue. sandy sait parfaitement qu'il y a déjà un moment elle l'a vu: hasard, destin; illusion! n'en a que faire, sandy. veut juste la retrouver et lui dire que

-"toi! toi là-bas!"

pense qu'elle crie, que de son injection les mouvements s'arrêtent; le temps aussi? oh putaaaain. elle réalise enfin. d é f o n c é e. voilà ce qu'elle est! peut-être aurait-elle mieux fait de refuser? de toute façon, il est trop tard pour reculer; trop tard, tellement tard! si terriblement tard! une main dans ses cheveux, un bras autour de sa taille. repousse le mouvement; l'inconnu. manque le e! pas lui, c'est elle qu'elle veut! retourne à la chasse, zigzaguant entre les gens faussement heureux. sandy se dit que c'est un peu triste, cette extension de la jeunesse en cigarette. cette pulsation nécessaire d'alcool dans le corps; pour percevoir l'ambiance. la tolérer? sait plus, sait rien. sait juste qu'elle est là. ça y est.

kazmir;
je te vois.
toi aussi, première fois?
étrange plaisir
d'obsession assouvie
dans ses yeux être en vie;
il fait si noir
dans la nuit.

les jambes courent presque, les mèches titubent. ou l'inverse? sandy est face à kaz, comme par magie. par ectasy? sait même pas ce qu'elle a avaler, sait rien.

sait seulement qui tu es.

-"je voulais tellement te dire quelque chose, tellement fort! tu sais... mais j'ai oublié ce que c'était."

alors un peu, elle rit. en la regardant encore un peu. oh, y a un verre dans la main gauche de kazmir! délicatement celui-ci s'approche de ses lippes, y calme le feu. ou l'attise? d'ailleurs par délicatement, il fallait lire 'sournoisement sandy le guide'.

-"j'aime bien les secrets dans tes yeux."

dis, tu veux pas partager un peu?

@kazmir reed