i'm paralyzed. (trejan)

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{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Rien.
Il n’y a plus rien.
Plus rien dans son cœur, plus rien dans son corps, plus rien dans son âme. Elle est, comme, vide. Juste une enveloppe charnelle dénuée de vie. Il n’y a plus rien au fond de sa poitrine, plus rien que ce trou béant qui hurle cette souffrance infinie.
Elle ne parvient pas à l’accepter, Alix.
Il y a cette douleur lancinante en elle qui lui rappelle sans cesse. Mais, en même temps, elle a la sensation que rien n’est réel. Qu’elle va entendre Ses petits pas vaporeux fouler le sol avec légèreté ; qu’elle va reconnaître le son cristallin de Sa voix fluette l’appeler ; qu’elle va La retrouver.
Sa fille, sa fille tant aimée.
Il y a ce fragment d’elle qui ne veut pas, ne veut pas réaliser. Comme si elle était dans un cauchemar tortueux dont elle ne parvenait pas à se réveiller. Mais ce vide dans son cœur lui rappelle constamment le manque laissé par son absence.

Il y a comme un trou noir,
à l’intérieur de toi.

Il engloutit tout ce qu’elle pourrait ressentir, tout ce qu’elle est censée ressentir. Toute la tristesse et le chagrin éprouvés, toutes les larmes réprimées sur le minois éreinté. Carcasse creuse dont il ne ressort aucune perle salée. Juste ce trou noir qui absorbe toute son énergie ; toute la vie en elle. Et les envies vengeresses qui, déjà, sommeillent. Encore trop secouée par le drame qui vient juste d’arriver, la fille Ferreira se laisse seulement avaler par cette torpeur. Toute cette noirceur qui prend le pas sur elle ; qui enveloppe son corps pour mieux s’engouffrer dans son âme.

Tu te laisses dévorer, Alix,
l’éclipse est définitivement assombrie.

Nuit d’insomnie,
le mari – aussi épuisé qu’elle – enfin endormi au fond du lit,
elle est seule, Alix.
Seule avec ce néant abyssal, seule prisonnière dans les affres impénétrables. Les doigts fébriles encerclés autour du breuvage cuivré, l’âme brisée essaie de se focaliser sur la brûlure infligée par l’alcool ; plutôt que celle qui consume impitoyablement son myocarde calciné. Le scotch n’a pas l’effet escompté mais elle s’y complaît, un peu, quand elle entend taper à l’entrée. Dans un soupir las de vivre, la louve blessée, le cristal toujours dans la main délicate, approche pour ouvrir la porte en verre ; lui laissant vite apercevoir le doux visage de son plus jeune frère. – Trejan… il y a l’envie, subite, de l’étreindre ; se blottir dans les bras familiers de son frangin. Mais la retenue impériale l’en empêche ; la crainte aussi sans doute de céder aux faiblesses diluviennes. Elle s’écarte d’un pas sur le côté pour le laisser entrer, avant de la fermer. – Tu veux un verre ? elle lui demande en s’avançant dans le salon de l’immense demeure. L’immense demeure qui lui paraît encore plus colossale maintenant que l’antre est vide ; vide autant que son cœur.

c'est comme si en un instant tout s'était évaporé
comme si le sol gelé où la flaque d'eau restait depuis des années, avait pris en guise de plaisir la folie de la faire disparaître, là où la joie se faufilait, semble t-il que tout a disparu. le cœur brisé chez tout le monde, mais surtout chez elle. y'a ces multiples questions, qui se répètent, parce-que du peu dont l'école est dans ta mémoire, il n'y a jamais eu de cours pour être un petit-frère parfait peu importe la situation, alors t'es clairement entrain de te poser des questions.
est-ce que je dois dire ça? ou non?
faire ça? ou pas du tout?
t'en sais rien et ça te rends fou, parce-que t'aimes malgré tout pouvoir gérer les choses.

et puis merde que tu te dis, tu réfléchis pas, tu viens directement de finir la boxe du soir. t'as l'arcade en sang et les bleus un peu partout qui seront bien visibles d'ici une dizaine de minutes mais pas grave, t'as sauté dans ta bagnole après. encore transpirant, avant de foncer chez alix, parce-que t'as ce sentiment, que ce soir. ce soir là: il doit vraiment être a chier. alors t'as même pas réfléchi, les phares que t'as pas allumé t'ont laissé conduire dans le noir avec de la musique en guise de garde-fou. et bordel comme a ton habitude, tu roules n'importe comment, comme un malade, jusqu’à en finir un jour empalé dans un mur ou quelconque autre structure.
t'es devant la porte, tu souffles un instant, les lumières allumées te rassurent sur le fait qu'ils sont sûrement encore debout, alors tu toques, une fois. deux fois. et t'attends, dans la pénombre, et la porte s'ouvre. un grand sourire sur le visage qui semble s'évaporer devant la tristesse de sa sœur. "j'étais occupé.. mais je t'ai dis que j'allais passer aujourd'hui." parce-que c'est un rituel ou presque, de venir la voir rien qu'elle le même jour chaque semaine, un truc de vieux mais soit. et tu la regardes un air attendri, avant qu'elle dise le mot que t'aime le plus au monde. alors c'est l'instinct qui réponds bêtement "je dis pas non à un bon verre."

tu sembles pas forcément faire du bruit, t'as les mains dans les poches, alors tu souffles bêtement, osant pas regarder la vérité en face "t'es toujours aussi triste?.." et ça t'ennuies de dire ça: vérité? ça te fais chier de dire ça, toi qui a vu tes aînés comme les piliers incassables, tu te dis qu'ils sont finalement comme toi. alors c'est en se retournant vers ton aînée que tu rajoutes calmement "je sais que ça fait mal.. mais parfois.. faut arrêter d'y penser sinon on se jette déjà dans la tombe." c'est cru, mais tu sais pas forcément faire le juste milieu entre être un mec bien et un connard. alors c'est pendant un instant l'option numéro deux qui l'emporte. a voir au deuxième round quel pion sera de sortie.

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{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

C’est le monde entier qui s’écroule.
Plus de raison d’existence,
une vie qui perd tout son sens.
Elle a perdu sa fille, à cause des trafics, à cause de sa famille. Mais il n’y a plus qu’eux aujourd’hui. L’homme qu’elle aime aussi brisé qu’elle, il ne comprendrait certainement pas les ombres obscures qui commencent déjà à s’esquisser dans son âme détruite. Eux, peut-être qu’ils comprendraient. Eux, jamais, ne la laisseraient tomber. Mais, là, tout de suite, elle est incapable de parler. Ni à Trejan, ni à n’importe qui.

Même respirer est devenu un supplice.

Elle observe le visage frêle et attendrissant de son cadet. Quelque part, avec grande difficulté, les rouages de son esprit embrumé tentent de se remettre à fonctionner. Et, se rappeler, le rituel instauré. Elle laisserait entrevoir l’ombre d’un sourire, Alix, si seulement elle en avait la force. Elle n’a plus l’énergie à rien, sauf peut-être ce verre qu’elle lui propose. Il pénètre dans l’antre cruellement vide. Vide de tout sourire, vide de tout rire, vide de toute vie. C’est comme si, le décès de Flora, avait balancé une sorte de malédiction. Une condamnation pour les habitants restants. Une damnation pour ses parents. Ceux qui n’ont pas su la protéger. Elle, n’a pas su la protéger.

C’est toi qui l’as mise en danger,
toi qui as tout risqué,
pour l’honneur des Ferreira,
t’as perdu Flora.

Depuis qu’elle a rencontré l’homme de sa vie, la féline a toujours eu la sensation qu’elle devait choisir. Choisir entre lui et sa famille ; choisir entre son sang et son mari ; choisir entre l’amour qui l’a vue grandir et celui auquel elle a dit oui ; choisir entre les deux fragments de sa vie.

Victoire attribuée aux Ferreira,
une nouvelle fois.

Occupée à servir la boisson ambrée, les prunelles posées sur le verre, plutôt que sur son frère. Elle est, comme, une bombe à retardement. Il le sait, Trejan, il sait que derrière la glace, il y a le feu au bord de l’implosion. Elle a toujours été ainsi, la louve en perdition. Seule héritière féminine de l’empire familial, elle a appris à contenir ses émotions. Mais, quand elles ressortent, elles sont violentes. Trop violentes pour son plus jeune frère maladroit et chancelant. Les mots glissent sur la carcasse vide ; peut-être parce que c’est ainsi qu’ils ont été élevés dans la famille. De manière à ne rien ressentir. Rien éprouver. Rien montrer, surtout. – Je vais bien.  elle l’arrête, net. Et, un peu trop froidement, elle lui tend son verre. Le corps frêle qu’elle laisse tomber sur le canapé, l’écorchée reprend d’un ton amer. – Je dois préparer l’enterrement de ma fille, Trejan. La tombe, je suis déjà dedans. Sa voix est un peu trop sèche ; aux airs autoritaires. La vérité, c’est qu’elle ne supporte pas plus que lui que son plus jeune frère, celui qu’elle a toujours préservé, puisse la découvrir dans un état de faiblesse. Elle ne supporte même pas, l’idée de craquer dans ses bras. La ténébreuse porte le cristal jusqu’à ses lèvres pour en boire une gorgée salvatrice. – Il t’est arrivé quoi au visage ? elle l’interroge, observatrice, tente de reprendre son rôle de grande sœur. Elle l’est toujours ; elle a toujours son frère ; ses frères.
Elle a seulement cessé d’être une mère.

Et la douleur est toujours là,
tapie dans l’ombre,
la fauve attend patiemment,
le moment où elle bondira.

y'a cette odeur macabre en plein cœur de cette maison il y'a quelques temps si joyeuse pourtant. comme si la faucheuse s'était cachée dans un placard et allait nous tomber dessus à n'importe quel instant, comme si le monde s'était mis en pause ici. comme si la roue infernale des problèmes avait encore joué des tours. comme si elle avait encore gagné. le croupier distribue les cartes et semble adorer nous offrir les cartes qui nous éloigneront le plus du jackpot.

mais parait-il qu'on ne peut rien y faire,
que c'est la vie.
alors faut se laisser faire.

alors ça a beau faire mal, qu'on soit impuissant face à cela, c'est pourtant impossible de contrer cela, on prie tous pour s'en sortir, et vivre de jours plus heureux, mais alix a perdu la foi, sans même qu'elle le dise, son visage la trahira, et même si ses mots vont a l'encontre de ce qu'elle voudra avouer, son regard laissera l'appel à l'aide résonner, en espérant qu'un jour, quelqu'un puisse le capter. mais dans toute cette folie, y'a ces questions qui reviennent.

que fais ton mari alix?
affalé dans un lit?
putride victime de ce monde,
il semble finalement plus faible.
que quiconque.

tu perds ton regard sur la décoration, l'instant d'après, bien trop perdu devant la détresse d'alix qu'il ne saurait sûrement pas canaliser, et pourtant, il y va, quitte à ce qu'elle le foute a la porte d'ici cinq minutes, il le faut. c'est comme pour retirer une morceau de verre sous la peau, faut d'abord le retirer.. pour mieux guérir. sinon c'est la gangrène et la mort à coup sûr. alors douce alix, laisses donc tes proches retirer ce bout de verre, qu'on puisse peut-être.. te sauver. il souffle un instant, agacé de la réponse de alix, sachant qu'elle ment, et il est de ces gens qui détestent ça. alors il acquiesce un instant. il attrapera le verre ensuite, avant de voir sa propre sœur s'affaler comme une ratée dans ce canapé où il imagine les scènes de déprime en pleine nuit. alors à ses mots il souffle un instant donc "on est tous déjà dans la tombe alix.." simple allusion au fait que la mort viendra forcément nous chercher, il posera son regard sur son aînée avant de dire bêtement "tu devrais lâcher du leste, parce-que moi j'ai pas envie de préparer ton enterrement alix." il souffle doucement, avant de porter ce verre à ses propres lèvres pour la première fois, finissant celui-ci en cul-sec donc, avant de le poser sur cette table adjacente, les mains rejoignant ses poches. il arquera un sourcil a la remarque de alix qui fut pourtant bien logique vu ton état. alors tu semble réciter un discours préparé au préalable. "rien ne t'en fais pas."
tu veux mentir,
on va être deux alix.
j'suis le champion dans ce monde là je te promets.

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{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Y'a plus de vie. Y'a plus de bruit, plus de rires, plus de sourires qui l'illuminent. Y'a plus rien depuis qu'elle a perdu sa fille. Autant dans la demeure glaciale, que dans son cœur macabre. Plus rien du tout, chez elle, en elle. Alix, elle est vide à l'intérieur. Elle essaie de s'en dédouaner, couper court à l'inquiétude qui va si mal à la famille bien trop dure dans laquelle elle a grandi. Elle essaie de maquiller la douleur, l'écorchée, derrière le contrôle absolu, derrière la maîtrise implacable. Mais elle a perdu cette lueur, cette flamme ; celle qu'elle avait, brillante, incandescente, dans le regard. Et son frère, il ne semble pas comprendre une chose pareille. Comme si elle se lamentait sur son sort pour une bêtise, une connerie, quelque chose qui n'en vaut définitivement pas la peine.

Mais c'est ma fille que j'ai perdue, bordel,
ma fille, ma chaire,
tu comprends, Trejan, que je ne la reverrai plus ?
tu comprends que je l'ai définitivement perdue ?
tu comprends que je voudrais mourir mille fois,
juste pour la revoir,
juste pour la serrer dans mes bras,
juste pour elle, pour Flora,
non, tu ne comprends pas, ça ?

C'est peut-être ce qu'elle lui dirait. Si elle savait parler. Si elle savait exprimer les émotions torturées. C'est ce qu'elle dirait, sans doute, si elle possédait encore la force de se confier. Seulement il n'y a plus que ce mal en elle, ce mal qui la ronge, ce mal qui la dévore. Il la consume comme un acide qui désagrège sa carcasse, pour mieux s'immiscer dans ses entrailles ; pour briser définitivement son âme. Mais elle n'a pas le droit d'aller mal. Non, les Ferreira, ils n'ont pas le droit d'aller mal. Jamais. Comme des êtres aseptisés, faits pour engendrer le chaos, faits pour détruire tout ce qu'ils peuvent toucher. Sauf qu'Alix, elle avait choisi de construire. Alix, elle avait choisi la vie. Alix, elle avait une fille. Et on lui a tout enlevé, tout pris. Les mots de son cadet, elle les trouve injustes, elle les trouve durs. Elle les trouve insupportables. Insoutenables.

Pourtant, de tous, je croyais que tu le comprendrais,
je croyais que s'il y en avait bien un qui comprendrait,
ce serait toi, toi, Trejan.

Trejan, le cœur trop fébrile, pour cette famille. Il n'imagine pas combien elle peut souffrir. Peut-être qu'il n'aime pas la voir dans cet état, Alix. Peut-être qu'il ne veut pas la voir à l'agonie. Il a sûrement même un peu peur d'assister à une déchéance à laquelle il n'est pas préparé. C'est pour lui, aussi, qu'elle essaie de le rassurer. - J'ai pas prévu de mourir. non, pas tout de suite. Pas maintenant, pas temps qu'elle n'aura pas vengé sa fille. Elle laisse l'éthanol brûler son œsophage une nouvelle fois. Comme si l'alcool pouvait lui faire oublier tout ce mal. Moins, peut-être que les histoires de son frère. Mais il refuse de parler, exactement comme elle. à fleur de peau, la mère endeuillée a la sensation douloureuse qu'il joue avec ses nerfs. - T'es pas avec les autres, là. Tu peux me parler à moi. elle s'entête, elle le rappelle ; comme s'il avait omis à qui il s'adresse. Il a toujours su qu'il pouvait se confier à sa sœur. Alix, elle n'est pas concernée par les rivalités fraternelles ; encore moins par leur volonté à tout prix de cacher toutes leurs faiblesses. Alix, elle se croit différente d'eux mais elle est exactement la même.
C'est pour ça que sa fille va finir six pieds sous terre.

à peine rentré, il entends au fond de la pièce le reste des larmes qui coulent comme une canalisation qui goutte. il pourrait entendre les chaussures d'alix claquer le sol sans même qu'elle ne bouge, entendre la mouche voler pour de vrai, où peut-être même les voitures qui passent dans la rue en contre-bas. la détresse qui émane des coussins sur lesquels ils doivent s'affaler chaque soir auront le droit de ce soupir, désemparé, et de cette main dans les cheveux, plutôt par le panache de faire comme les acteurs hollywoodiens plus qu'autre chose, les questions qui se répètent parfois trop, l'envie d'secouer sa sœur qu'il n'a jamais vu comme ça, mais la peur d'recevoir dans le meilleur des cas rien qu'une claque. sauf qu'ici, c'est pas la boxe, tu répondras pas, et surtout pas sur elle. alors tu la fermes, comme tu sais si bien le faire trejan.

mais alix, le monde aura beau se briser,
dieu l'a inventé en sept jours.
avec nous, on te le referait.
et cela, en seulement trois.
sauf que je parle comme eux,
comme ceux à qui j'aimerais tellement,
dire d'aller se faire foutre.

il inspire un instant, ce long souffle à l'odeur toxique, l'acide répandu dans cette pièce qui remonte au cerveau, la tête qui tourne un instant, plus vraiment sûr d'où foutre ses pieds, renier la vérité qui se dresse face à toi, parce-que tu peux pas. parce qu'on peut pas se condamner à vivre ce truc infernal alix. peut-être que c'est trop tard, mais tant qu'on a le parachute, qu'on l'ouvre a mille mètres ou à cent mètres, les gens survivent dans les deux cas. s'il te plait. et c'est le cœur d'un frère qui appelle à l'aide, par le besoin de retrouver ce seul repère.
un sourcil s'arque à la remarque de alix, pas bien sûr qu'elle l'aie compris cet appel à l'aide, de cette phrase insouciante, peut-être trop méchante, qui lui fait comprendre que ce monde a besoin d'elle, que le monde de trejan a besoin d'alix. il haussera bêtement les épaules, avant de rajouter comme né de la dernière pluie "j'espère bien." le verre claquera la table, comme le début de la guerre sonnée par le général. un trop long problème qui se finira bien que dans les comtes de fées. et à la phrase de alix, il rigolera presque, ça se verra sur son visage, avant d'ajouter ces mots soufflés entre les lippes "une simple passion.. c'est secret alix." où t'es juste surement trop protectrice comme vous tous d'imaginer le petit dernier se foutre sur la gueule dans un ring sans raison, juste par plaisir, et peut-être de devoir avouer qu'il est finalement vraiment doué pour quelque chose. 'fin les années lycées auraient du faire leur travail, comme ces combats entre adolescents amateurs ou aucune défaite avait été encaissée par le gamin.
mais soit,
pourquoi tout ramener à moi?
quand le problème dans ma vie,
est que tu n'es plus la même?

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{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Il y a trop de choses qu'ils ne savent pas se dire. Trop de secrets inavoués, trop de souffrances voilées, dans cette famille. L'amour est puissant, pourtant, si fort qu'il pourrait frôler les firmaments. Seulement, aux astres, ils ont préféré le désastre. À la lumière, ils ont choisi les ténèbres. Aux longues effusions d'amour, ils ont choisi la haine ; la colère ; tout pour ne pas paraître faible. Alix, elle aurait voulu que ce soit différent pour Trejan. Elle aurait voulu qu'il soit épargné de la tradition familiale. Trop jeune pour cet enfer, trop doux pour devenir cruel. Elle a tenté, toute l'enfance du garçon, de lui faire comprendre qu'il a le droit d'avoir mal ; le droit de pleurer quand ça ne va pas ; le droit au désespoir.

Mais le droit au désespoir,
toi, tu le prends pas,
le cœur tout noir,
mais les larmes,
elles ne coulent pas.

Elle ne pourrait pas lui reprocher ses silences quand elle refuse obstinément de se confier en sa présence. Elle ne lui a sans doute pas si bien inculqué des valeurs qu'elle n'a pas su elle-même appliquer. Elle s'en rend compte, Alix, quand elle le voit se replier ; se refermer exactement comme elle l'a fait. Elle se souvient, le cœur trop amer, de ce temps où il n'avait pas de secret, pas pour elle. L'âme brisée, déjà trop éreintée, pour lutter ; pas contre son cadet ; elle finit par soupirer. - Je suis désolée, Trejan. elle lance, soudain, ses prunelles noires qui rencontrent enfin les siennes. - Je te demande de me parler alors que je suis incapable moi-même d'y arriver… La louve blessée ose pour la première fois, un peu, se livrer ; ouvrir la porte cloisonnée d'un cœur loin d'être cicatrisé. Sûrement qu'il ne le sera jamais. - C'est juste que… je peux pas craquer, tu comprends ? Parce que si je le fais, je… elle va s'effondrer. Et elle n'a pas le droit de s'effondrer, Alix, pas le droit de tomber. Pour son mari, pour sa famille ; mais aussi pour elle, sa fille. Elle doit garder toute la maîtrise qu'elle sait si bien conserver pour être capable de la venger. Elle doit… continuer de se battre, pour Flora. Aussi pour lui, Trejan. - Il faut que tu sois mobile du buste. pour éviter les coups au visage ; pour éviter qu'un connard te fasse mal. Loin d'être naïve, elle devine plus qu'elle ne sait, la passion qui peut l'animer. Elle ne va pas le forcer à parler mais la combattante avérée ne peut retenir un conseil. Encore trop songeuse, elle porte le breuvage ambré jusqu'à ses lèvres. - Ok, t'as pas besoin des conseils de ta grande sœur. Mais écoute-moi, s'il-te-plaît. Peut-être que moi, j'ai besoin de veiller sur mon petit frère.

Parce que, Trejan,
c'est tout ce qui me reste,
jouer la sœur inquiète,
prendre soin de mon petit frère,
toi, vous, c'est tout ce qui me reste.

il pourrait y'avoir un semblant de musique triste pour laisser le spectateur profiter de cette scène, digne d'un film hollywoodien, la vraie question réside dans l'entraille du problème: est-ce que l'on récolte ce que l'on sème? ou c'est un magnifique hasard qui nous joue à nous, ferreira de sang, un tour? l'impression d'être un acteur bloqué dans son rôle tout les jours, incapable de décider de quand s'arrêter, impossible de faire autre chose. l'envie de tout casser s'émane parfois de ton âme, de ton cœur et de tes entrailles.

mais bordel alix,
ça a beau faire mal.
mais fallait s'y attendre non?
dans tout les films, ceux qui raccrochent les gants.
ont toujours la vie dure.

foutue dystopie, là où le monotone, la mort, et la tristesse sont mots précurseurs de ce tableau. un soucis primordial, quand les rôles sont pour la première fois inversés, là où tu dois être là pour elle, et qu'elle.. doit être faible, mais la connaissant. jamais elle osera. pour des histoires d'égo, parce-que c'est toujours cette merde qui l'emporte. et ça t'énerves, alors tu dis rien non plus. et une fois que t'as une idée en tête, pour te l'enlever c'est pas simple, alors tu es froid. glacial, la brume de décembre serait bien trop douce comparée a la gueule défigurée que tu abordes devant elle. il haussera bêtement les épaules à la remarque de alix.. avant de répondre bêtement "désolée d'avoir peur de me parler?.." parce-que tu l'as au travers, toi qui doit encore et tout le temps tout dire, qu'on te prenne encore pour ce gamin fragile que tu n'es quasiment plus, à ta vingt-quatrième année bien engagée. puis, il ne fera qu'acquiescer aux prochains mots de alix, n'y prenant presque aucune importance. parce qu'on te fous de côté, c'est pas par protection, c'est par choix. tu le perçois ainsi, et ça ne changera pas ton avis. il souffle un instant à la dernière phrase d'alix avant de dire sans soucis "on te laissera tous du temps, tu pourras te barrer des business sans soucis... toi." il semble alors enfoncer ses mains dans ses poches, abordant son air renfermé qu'il garde si bien sur le visage, il peut comprendre la tristesse de sa sœur, mais il ne peux pas comprendre l'envie de se morfondre et de s'auto-mutiler mentalement en se comportant ainsi. puis la remarque d'alix fait tilt dans ton cerveau, sourcil arqué.

donc toi, alix ferreira romani.
tu veux m'apprendre a me battre?
quand c'est la seule porte de sortie que j'ai.
bien marrant, mais soit.

il ne relèvera pas, il sourira simplement a sa remarque un instant, avant de dire l'air las. "t'en fais pas je gère." désolé alix, mais tu pourras rien sauver, si sur un ring ton petit frère se fait humilier, rien ne pourra changer ça. c'est la vie. c'est là où les tripes sont le plus importantes. et pas dans ces affaires louches dans lesquelles on baigne tous, et dans lesquelles j'ai été foutu sans même en avoir le choix. mais pas grave. ça rapporte de l'argent parait-il, ça vaux le cout. l'argent est supérieur aux plaisirs de la vie selon vous, chacun sa manière de vivre. puis tu te prépares déjà à la remarque d'alix comme quoi elle ne veux pas voir son frère se faire réduire en cendres, alors tu sors ce vieux papier que l'entraineur a pour passion de faire avec chacun de ses boxeurs.

trejan ferreira.
poids légers.
récapitulatif combat: 18-1-1 (8 knock-outs.)

alors le vieux papier jeté sur la table, il regarde alix avant de dire simplement "j'te dis que je gère. t'en fais pas." il la regarde un instant, avant de reprendre de plus belle "et me fais pas de leçons de morale parce-que je dis rien sur ça. j'en ai vraiment pas besoin alix s'il te plait."

le couteau lancé.
tu veux l'attraper?
ou le laisser te planter?

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{ I'm paralyzed }
crédit/ tumblr ☾ w/@Trejan Ferreira

Elle est responsable. Responsable du décès de Flora. Ce sont les autres qui ont porté le coup fatal, les autres qui ont brisé son petit corps fragile, mais c’est elle qui l’a tuée. C’est elle qui l’a mise en danger quand elle a choisi de replonger dans les affaires criminelles. Comme un vice dont elle est incapable de se passer, Alix ; elle qui voit toutes les drogues comme des preuves ultimes de faiblesses. Alix, la seule came qui la possède, c’est la famille qui l’a vue naître. Unique source de confit entre elle et son mari ; principale source de conflit des deux fragments de la belle éclipse. Elle se fracturerait en deux, la fille Ferreira, si seulement elle le pouvait. Elle a tenté de s’enfuir, mais ça aussi, cela lui est impossible. C’est plus fort qu’elle, ça palpite dans ses veines. Elle a tout fait pour leur échapper mais elle leur est revenue, encore et encore, comme une putain de junkie en manque. Pour la mafia, elle a tout risqué, même Flora.

Alors comment,
comment pourrait-elle mettre des mots sur ce qu’elle ressent,
parler, ce serait affronter sa culpabilité,
parler, ce serait admettre que c’est elle qui l’a tuée.

Le silence résonne, glacial et imposant, suite à la question de Trejan. L’âme écorchée évacue le sujet comme elle poserait un simple voile sur une plaie. Elle ne refuse pas de se confier à lui, pas uniquement. C’est la peur de se confronter elle-même à des sentiments trop lourds à porter. Et le pousser à la confidence, aussi, en lui confiant ses envies de vengeance. Elle ne veut pas le mêler à ses sombres desseins, elle refuse d’assombrir un peu plus le destin qu’il n’a déjà pas choisi lui-même. Il est plus aisé, tellement plus aisé de dévier l’échange sur son cadet. La reine de meute sait mieux s’occuper de son louveteau préféré plutôt que de se risquer à avouer sa propre vulnérabilité. Mais il la repousse, son petit frère, comme s’il voulait lui faire payer son mutisme. Comme s’il voulait la condamner à la même froideur que celle qu’elle lui fait subir.

Depuis quand tu me caches des trucs aussi importants, Trejan,
depuis quand tu m’écartes de ton existence,
depuis quand tu me tortures avec ton silence ?

Elle essuie le coup sans rien dire, Alix, et se contente d’observer le bout de papier froissé qu’il balance sur la table en verre ; plus pour la faire taire que pour se confier à elle. Le feuillet abîmé entre les doigts, l’aînée scrute attentivement les résultats marqués ; elle remarque qu’il ne s’en sort pas si mal même si l’inquiétude ne s’en ira pas avec une telle facilité. – Bien, tu gères. elle répète, la voix à peine convaincue. Elle aurait voulu qu’il leur en parle, ou au moins, elle, le savoir. Mais son frangin la connaît beaucoup trop bien. Il ne lui laisse pas le temps d’ajouter un mot qu’il lui demande instantanément d’éviter la leçon de morale. Il y a l’agacement qui gronde, le feu qui la consume derrière le visage de la poupée des glaces. – Je veux seulement que tu fasses attention. Tu imagines le nombre de personnes qui rêveraient de mettre à terre le petit Ferreira ? elle s’emporte, déjà ; la voix calme, le corps beaucoup moins, elle se relève, le cristal toujours à la main. – Ils ont tué ma fille ! Ils ont tué ma fille, Trejan, alors excuse-moi si je suis un peu sur la défensive et un peu trop protectrice avec mon frère, excuse-moi de m’intéresser encore à toi. elle se serre un autre verre ; qu’elle boit d’une traite. L’alcool vient brûler sa gorge mais encore pas suffisamment. Elle voudrait ressentir autre chose, ressentir quelque chose qui comble suffisamment ce vide. Mais il n’y a toujours que ce putain de vide.

un loug souffle d'exaspération, ce n'est que cela qu'on l'on parviendrait a sentir a travers les lèvres du jeune ferreira, encore une fois bien trop chouchouté par les plus vieux, comme incapable de rien, agacé d'être vu comme cette brebis galeuse, soit. le plus simple est de se taire. il est froid trejan, parce qu'il en a marre d'être là que quand ça va, et que quand les problèmes tombent du ciel, il doit s'évacuer, s'effacer, comme si sa présence n'était importante que selon les périodes, alors il se plaint trejan, il essaye déjà de faire comprendre, lui qu'on a forcé a suivre la destinée familiale alors qu'il rêvait de tout sauf ça, peut-être qu'il aurait pu aller à l'université. m'ouais bof.. il se venge de tout ces moments où on l'oublie, de ces moments où il ne doit qu'être statue. de ces repas de familles où ils parlent tous sans soucis et que tes mots ou même tes idées sont jetés sur le bord comme un chien boiteux sur l'autoroute. plein de rancœur, il hait ses pairs tout autant qu'il peut les adorer, ce dessin a double vision, c'est comme ça au creux de son âme, un autre complexe qui anime le garçon. bordel t'es un paradoxe trejan, est-ce qu'un jour tout cela se calmera?

bordel alix tu comprends pas?
tu ne comprendras donc jamais?
que je ne suis plus le gamin d'antan?
que comme pour ta fille, vous l'avez tué?

il regarde sa sœur l'air agacé, bien visible sur le visage, le regard fermé, bien trop froid pour offrir le moindre sentiment chaleureux à son aînée a l'instant. le vieux papier qui a vécu des semaines, des mois et quelques années déjà dans les mains de celle-ci, le secret un poil offert à la sœur. il la regarde simplement et hochera la tête, suivi d'un simple "je te l'ai dis" en guise de réponse. un semblant de gentillesse qui s'évaporera aux mots de sa sœur, bordel alix. son regard se fixera sur elle, peut-être l'une des seules fois de sa vie qu'il n'aura pas vraiment peur de regarder sa sœur de la sorte, peut-être un peu trop mal. trejan qui répondra aussitôt "mais bordel je m'en fous de qui veux me foutre à terre. ils en sont pas capable alix putain." t'es conne ou te le fais exprès? qui se retient de sortir aussitôt, et les poings qui directement se fermeront à sa putain de phrase qui te fera perdre les pédales alors que tu enlèves tout signe émotionnel envers la douleur qu'elle peut ressentir. "j'suis pas toi. ni ton putain de mec, ni ta fille qui est pas là et qui sera jamais là. ils m'attaquent. j'riposterais. j'suis plus le petit frère gentil alix. tu aurais du t'en rendre compte quand vous m'avez tous poussé a vous rejoindre." laches-tu de rage et de haine, la gorge bien rouge comme un adolescent prépubère qui s'égosillerait sur un jeu vidéo, et sa main qui se jette sur le papier encore sur la table pour l'enfoncer dans sa poche. et les pieds qui semblent vouloir s'orienter vers la sortie.
alors comme ça alix,
tu veux être invivable?
je te jure que je gagnerais.
que la partie commence.