jacob bixenman. aeroplane (avatar) ; hécate (icons) ; élissan (sign) 815 766 31 doucereux célibat. livreur pour un resto pas franchement étoilé. queens effervescent, là où on ne dort pas.
Sujet: au creux du monde (meg) Mer 29 Juil - 20:27
au creux du monde
Entre les odeurs graisseuses de nourriture et celle, chaude, presque moite du cuir de la banquette qui te colle au dos ; la soirée commence sous le signe de la simplicité, dans un diner modeste aux allures vintage dont la devanture prétend vous servir les meilleurs plats de New York. Soit. Deux fois la serveuse et venue te demander ce que tu prenais, et deux fois tu lui as répondu que tu attendais quelqu’un. T’es sûrement arrivé trop en avance sans le réaliser, être dans les temps, ça n’a jamais été ton fort. Tu as besoin que les choses s’enchaînent sans y prêter attention ; c’est comme ça qu’on laisse filer le temps sans s’en rendre compte, et c’est comme ça qu’on regrette, aussi. Mais peu importe. Tu joues avec le capuchon d’un des flacons en plastique de sauce posés sur ta table, les yeux sur ton téléphone, regarder l’’écran sans trop le voir, tuer l’attente. Tuer la petite pointe de stress aussi, parce que Meg, Meg ça fait longtemps que tu ne l’as pas revue. Ce n’est pas de l’appréhension, pas au juste, parce que Meg tu la connais et t’es assez naïf pour penser la connaître toujours — le temps ça ne tue pas tout, n’est-ce pas ? À chaque tressaillement du carillon installé au dessus de la porte tu lèves les yeux, toujours déçu au final parce que ça n’est qu’un énième étranger qui s’exclame salut en voyant la serveuse, à croire que tout le monde connaît tout le monde dans ce diner merdique. Faudrait être rudement abruti pour se laisser prendre au piège de la devanture mensongère plus d’une fois, et c’est vrai, comment devient-on habitué de ce genre d’endroits ? La porte est poussée encore une fois, et comme un chien aux aguets tu redresses la tête. « Meg ! » Tu fais un vague geste de la main pour attirer son regard. Tandis qu’elle avance jusqu’à la table, tu te relèves pour la saluer, mais oh tu ne sais pas si tu es censé juste sourire ou bien lui faire une accolade, quelque chose, mais quoi ? Alors tu restes les bras ballants, juste, juste décontenancé par ce que tu vois. C’est comme revoir un vieux dessin-animé qu’on aurait pas vu depuis longtemps, on en reconnaît les traits mais à la fois, c’est déroutant ? L’esprit est un maître dans la distorsion des souvenirs, et Meg ne sera pas passée entre ses mailles. Tu la regardes peut-être un peu trop longuement, et puis tu te fends d’un sourire. « La vache. » Ce n’est pas qu’un tour de ton cerveau, c’est aussi le fait que vous avez, allez, pris presque dix ans depuis la dernière fois. Et le temps ça fait aussi des miracles. « Assieds-toi, je t’attendais pour commander. » Et puis, d’une voix à peine plus basse pour la politesse souvent refoulée. « Ce sera sûrement dégueulasse, le pigeon que je suis s’est fait avoir par la vitrine. » Mais passons. Tu pousses un long soupir et tu lèves encore les yeux vers les siens, vrai sourire aux lèvres cette fois. « Ça fait des siècles. Je suis content que tu sois là. »
Le cœur qui vient tambouriner contre son abdomen, si fort, qu’elle aurait presque la sensation qu’il cherche à sortir, à s’évader. Comme si lui, bien plus qu’elle, prenait conscience de la bêtise qu’elle s’apprête à faire. Elle, véritable chat noir, qui s’évertue jour après jour à repousser les âmes encore vivantes, à éloigner les personnes qui comptent, s’apprête à retrouver un ami oublié. Un ami, un coup de cœur, à l’époque. Celui qui était le grand frère de l’une de ses amies et qu’elle envisageait comme un peu plus. Il te faisait rêver, Coban. Il te faisait oublier les nuits de solitudes, le décès prématuré d’une mère qui n’a pas eu le temps de t’aimer. L’absence d’un père qui ne voulait pas t’aimer. Il te faisait rêver, Coban, te rappelait que la vie avait aussi de bons côtés, le pouvoir d’être drôle, d’être douce, plus que ce que tu connaissais. Mais le temps a fait son œuvre, les amies ce sont éloignées, le chemin de Meg n’était destinée qu’à ses envies passionnées, la danse. Le temps a fait son œuvre, quand la sœur de Coban a suivi le chemin des études et qu’elle, elle est restée au quartier. Puis t’as rencontré Chace, Meg. Et avec lui, t’as ressenti cette même putain d’alchimie que t’éprouvais avec Coban. Sauf que c’était réciproque. Sauf que vous êtes tombés amoureux, l’un de l’autre. Jusqu’à ce que la vie ne vienne de nouveau tout lui reprendre. Jusqu’à ce que la fatalité d’un destin brisé s’abatte sur elle, sur lui, sur cette voiture maudite. Et la mort. Encore la mort. La sensation d’être née dedans, Meg. D’être poursuivie par cette dernière. Comme un voile posé sur ton épaule. Comme une main qui tire vers l’obscurité. Malgré les craintes, malgré les appréhensions, elle a pourtant accepté de le revoir, de le retrouver, après toutes ces années. Un pas, puis l’autre, la féline se glisse à l’intérieur du restaurant, cherche Coban du regard, jusqu’à ce que… Coban ! Un sourire, sincère, comme elle n’en fait que trop peu, ces derniers mois. Un sourire, sincère, heureuse de voir qu’il semble l’être, qu’il semble en bonne santé. Et tu te retrouves plongée des années en arrière, lorsque t’étais toujours forte, bagarreuse, l’esprit exalté qui n’avait jamais peur de rien. Tu te retrouves plongée des années en arrière, Meg, face à lui, toujours aussi beau. Le rire s’échappe de ses lèvres alors qu’elle s’installe en face de lui, un brin gênée, sans vraiment savoir comment se comporter. Peu importe le restaurant, je suis contente d’avoir de tes nouvelles. T’as changé, t’es devenu un vrai homme ! Qu’elle lâche, le regard taquin, en hommage à la relation qu’ils entretenaient avant, toujours à se chamailler, à se taquiner. Mais toi aussi, t’es devenue une femme, Meg. Une femme avec ta part d’ombre, ta part de noirceur qui prend chaque jour un peu plus de place en toi.
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Sujet: Re: au creux du monde (meg) Ven 28 Aoû - 9:52
au creux du monde
C’est en croisant son regard pour la première fois depuis tout ce temps que cette sensation bizarre te mord au ventre ; la sensation impitoyable de réaliser que le temps a passé et bon sang, le temps tu n’en as pas pris soin, le temps il a fugué avant que tu n’aies pu dire attends. Attends, j’arrive, attends j’ai encore des choses à voir, à faire et à dire, attends, je te dis, attends je ne veux pas être demain déjà. T’es dégoûté de l’époque où t’aurais tout donné pour être plus vieux. Mais le monde a toujours tourné à la même vitesse que tu le veuilles ou non, et si Meg a pris dix ans alors toi aussi, t’as cette décennie de plus au cœur et aux poumons. Une petite décennie d’air inspiré, une petite décennie de vie arrachée de tes bras — et Meg rayonnante maintenant, mais n’a-t-elle pas toujours été ainsi ? T’avais pas les yeux pour le voir alors. Tout semblait différent et c’est peut-être pour ça que tu as cette pointe d’appréhension maintenant, t’as peur de la voir changée et de ne plus savoir comment y faire, quoi dire et quoi penser.
Tu souris quand elle arrive et elle te sourit à son tour, ouais tu es un homme mais as-tu tant changé que ça ? « À l’intérieur pas tant que ça, je t’assure. » Nouveau rire, on retrouve nos habitudes joliment laissées de côté, la sagesse commune dit vrai, ce genre de choses, ça ne se perd pas. On les égare, on les oublie, mais elles sont toujours ancrées quelque part, recroquevillées au fond de notre esprit jusqu’au moment propice ou elles pourront ressurgir de nouveau. Ces derniers temps tu as eu tout le loisir de retrouver de vieux sentiments, mais celui-ci est encore un des plus agréables. « Si on ne commande pas ils vont finir par me virer du resto », lâches-tu finalement, un sourire aux lèvres, tendant l’une des cartes recouvertes de plastique à Meg, qu’elle fasse son choix. Elle baisse les yeux vers la carte, et tandis que ses cils noirs recouvrent ses iris, tu as l’image d’un papillon sur le pétale de la paupière, délicat et si fragile brusquement. La vision change et tu remues pour y échapper. « Je croise encore souvent Ella, j’aurais dû lui demander ton numéro plus tôt. » Échapper au temps, encore une fois ? C’est l’histoire de ta vie, dans un sens comme dans un autre. « Qu’est-ce que tu fais alors maintenant ? » T’as eu vent de quelques petites choses d’Ella, et encore, tu préférerais l’entendre de sa bouche à elle, pour avoir la certitude que ces mots lui appartiennent bien.
Réapprendre à voir le monde différemment, oublier le noir et blanc, quelques touches de couleurs aux souvenirs d’antan. Comme Coban. Une petite étoile dans l’obscurité du monde et de sa vie. Une petite étoile venue égayer le quotidien, sortie de nulle part comme un retour en arrière, comme une bouffée d’oxygène tout droit sortie du passé. L’hésitation s’est évadée, laissant place au bonheur de le retrouver. Il te ramène à l’insouciance, Meg. A tes premiers émois. A tes premières envies. Quand t’avais encore cette force, ce courage, cette rage de vivre malgré les épreuves. Malgré une mère décédée. Malgré un père absent. Peut-être sans le savoir, Coban lui faisait du bien. Coban lui apportait ce brin de sécurité et l’envie de se dépasser, toujours un peu plus. Malgré sa peur, malgré l’angoisse et le changement, c’est certainement ce qu’elle vient chercher, de nouveau, auprès de lui, aujourd’hui. Le pari semble gagner, à en croire les rires de l’un comme de l’autre, la complicité à peine retrouvée, les années d’absence effacées. T’es plus la Meg éteinte, amorphe, face à lui. Tu retrouves en toi la gamine que t’étais, la gamine survoltée. Je vois. Ce n’est qu’une apparence alors. Le sourire malicieux, impatiente à l’idée de le découvrir réellement. De le découvrir tel qu’il est vraiment. Le temps s’est écoulé, pour lui aussi. Le temps a peut-être laissé des traces, a peut-être laissé des marques indélébiles sur son passage. Tu ne souhaites pas ça, Meg. Tu ne souhaites pas qu’il souffre des mêmes blessures que toi. Tu ne souhaites pas apprendre que quelque chose de terrible lui est arrivé. Et tu t’interroges sur sa présence, sur son envie soudaine de te revoir. Un vent de nostalgie ou un vide du cœur. Coup d’œil jeté sur la carte, elle s’arrête aux pizzas, on péché mignon, avant de finalement se décider. Classique, je vais prendre une Margherita. Et là encore, elle se souvient des soirées pizzas avec Coban et sa sœur lorsque sa maison à elle était toujours bien trop vide. Un refuge de l’esprit, un refuge du cœur. Le pincement en entendant le nom d’Ella, sa disparition, son retour, ses aveux, de quoi bouleverser un peu plus son existence. Mais elle n’en dira rien. Pas ce soir. Oh pas grand-chose, je suis barmaid pour le moment. Je ne suis pas partie bien loin, comme tu peux le voir. Le sourire venant camoufler le rêve qu’elle ne parvient pas à atteindre, devenir danseuse. Et toi ? Je veux tout savoir ! Tu en sais certainement plus que moi ! Et t’as peur de t’appesantir sur ton cas, Meg. Peur qu’il finisse par découvrir que tu n’es plus que poussières.
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Sujet: Re: au creux du monde (meg) Dim 27 Sep - 21:17
au creux du monde
On va se donner des nouvelles, et on va faire semblant que ça ne fait pas une petite décennie que l’on ne s’est pas vus ? Il y a quelque chose qui s’allume ou bien s’éteint dans ses yeux lorsqu’elle répond à ta question trop anodine ; barmaid, d’accord mais à part ça. À part ça, Meg, à part ce que tu fais de tes journées, tu veux savoir ce qu’elle a fait de son petit cœur, tu veux savoir ce qui l’anime désormais. Mais tu n’en sauras pas plus, apparemment, à moins d’insister. Elle a vite jeté le sujet de côté pour te retourner la question, à laquelle tu réponds par un bref sourire sans joie, le sourire qui dit, on fait aller. « Bah, j’ai un petit job dans un resto. Je livre. » Mais sur ce boulot précaire tu ne veux pas t’étendre car à quoi bon, il n’y a rien de passionnant à en tirer. Et c’est en se faisant cette réflexion que tu réalises que Meg est peut-être un peu trop emballée pour le sujet ouvert ; un peu trop enthousiaste pour que ça soit vrai. Tu fais une petite moue. « Mais c’est pas très intéressant. Ni définitif j’espère. » Mais pour l’instant ça marche et si ça marche alors ça t’évite de te poser trop de questions. De te remettre en question. Tu inclines la tête, relèves les yeux vers les siens — bruns chauds mais couverts d’un voile verglacé. Ça t’embête. Ça te titille, car tu as la sensation vaine de ne pas réussir à totalement percer le voile, ou à peu près du moins, et de cet à peu près tu ne veux pas. Meg c’est une photo sépia qui ne veut pas retrouver de ses couleurs originelles, Meg c’est un souvenir estompé qui ne veut devenir net. Meg elle ne veut pas trop parler parce qu’elle a peur que tu voies quelque chose d’autre que l’image qu’elle projette ? Tu es confus. « Tu ne veux pas m’en dire plus ? Quelle femme mystérieuse. » Un sourire ironique, brève tentative de la mettre plus à l’aise. Brève et vaine tentative de percer l’épais mystère dont elle s’enveloppe avec un enthousiasme tout aussi feint. Ce n’est pas ainsi que les vraies retrouvailles sont supposées se passer, mais tu penses que les choses ne se passent jamais comme elles le devraient. Ja-mais. « Tu comptes rester dans le Queens pour toujours ? » Tu ne sais pas si elle compte vraiment sur quelque chose, mais la question t’est montée à la gorge sans que tu n’y prêtes trop attention. Les choses ne se passent jamais comme elles le devraient parce qu’on prend rarement la vie à bras-le-corps ; et si le problème avait toujours été ce qu’on appelle la maison ? C’est peut-être le problème. S’être fait avalé tout rond dès notre premier souffle par ce petit bout de terre qu’on connaît comme sa poche, ce petit bout de terre qu’on a chéri ou détesté au fil des ans, mais où l’on s’est enchaîné tout seul, au final.
L’intérêt partagé, de l’un, de l’autre, comme lorsqu’ils étaient enfants, comme lorsqu’ils étaient deux gamins, épris, perdus ensemble dans ce vaste monde. Perdus ensemble, différents et à la fois si fusionnels. Ce sentiment retrouvé, aujourd’hui, même des années plus tard, même des années passées avec de nombreuses déchirures. Tu te sens pourtant comme allégée, comme libérée d’un poids, lorsque tu l’écoutes, lorsque tu l’entends. Tu te sens un peu mieux, comme si toute cette colère, toute cette tristesse, étaient mis en pause, juste pour ce repas, Meg. Et Coban, comme toujours, il a cette facilité à lire en elle. A comprendre qu’elle n’est pas aussi heureuse qu’elle souhaite le montrer. Elle n’est pas aussi épanouie qu’elle souhaite le dévoiler. Mais comment le lui dire, comment le lui dire alors qu’il vient tout juste de te retrouver. Comment le lui dire, alors que t’es complètement détruite. Persuadée qu’il mérite mieux. Qu’il mérite bien mieux que des retrouvailles bancales. Qu’une poupée cassée. Qu’un cœur presque mort. Qu’un esprit à l’agonie. Il mérite bien mieux, et c’est ce qu’elle tente de lui offrir. Ce qu’elle tente de lui procurer, du mieux possible. j’ai l’impression qu’on est au même stade de nos vies, tous les deux… comme un signe du destin. Comme un coup de pouce. Tous deux dans des univers similaires, avec des rêves de mieux, des envies d’ailleurs. mystérieuse ? un rire, léger, qui flotte. dis-moi, qu’est-ce que tu aimerais savoir ? après tout, pourquoi te cacher, meg, quand il finira bien par apprendre la vérité. Pourquoi te cacher, si t’as décidé de le retrouver. Puis il y a cette question. Cette question qui vibre comme un cri du cœur. Cette question qui vibre et qui tourne, encore et encore. quitter le queens. à la fois sa maison mais aussi son tombeau. Quitter le queens, virer vers un nouveau monde, un nouvel univers. oh, tu sais, j’en rêvais, je voulais danser. Je veux danser. Mais je n’ai jamais vraiment eu les moyens. pas les moyens, avant. Plus la force, à présent. et toi ? tu veux rester ici ? alors que t’es plein de promesses, coban. Alors que t’es capable de faire tellement de choses, j’en suis certaine.
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Sujet: Re: au creux du monde (meg) Sam 5 Déc - 18:49
au creux du monde
Y a-t-il réellement un stade de la vie qui veuille que l’on se sente aussi perdu ? Entre le naufragé en mer ou bien le rescapé dans le désert, ton cœur balance mais ta tête, elle, reste toujours aussi droite. Vous en seriez au même stade, dit-elle, vous seriez donc tous les deux les yeux dans le brouillard, la vague à l’âme quand le corps voudrait bouger ? Tu sais que tu veux autre chose mais tu ne peux mettre le doigt dessus, tout ce que tu sais c’est que cette vie n’est faite pour durer ; on a ri et on a joué, il faut passer aux choses sérieuses, mais que faire quand on ne sait pas ? C’est les conneries qui te rassurent quelque part, parce qu’il ait impossible d’y placer de grands espoirs, et donc d’être déçu. Meg a des yeux sombres et tu aurais préféré retrouver la Meg d’autrefois, celle qui pétillait d’innocence, d’une fraîcheur qui vous semblait faite pour durer à tous les deux. On peut dire que la vie vous réservait quelques surprises. On peut dire que la vie vous a joué des tours, et qu’ils n’ont pas tous bien fini. Dis, Meg, quels sont ces tours qui font de toi une femme si différente de la fille que j’ai connue ? Dis, Coban, quels sont ces tours qui font de toi cet homme paumé. « Je veux savoir… » Tu réfléchis un instant, en réalité tu n’as aucune idée de ce que tu voudrais savoir à son sujet, un peu tout peut-être, un quelque chose pour te dire qu’elle ne va pas aussi mal que ses yeux le crient. « Je veux savoir si… si tu es heureuse, pour commencer ? » Naïve, naïve question que tu lances comme si tu avais quinze ans de nouveau.
C’est un cri du corps et de l’âme entière, un volcan de lave qui crache sa frustration dans ton crâne. « Je vais pas faire le gosse à te dire que si tu en rêves, tu vas y arriver, ça marche pas comme ça, mais… mais je peux au moins dire que j’espère que tu y arriveras. Un jour. » Tu as une sorte de sourire qui te grimpe au visage, un sourire qui se veut rassurant sans vraiment y parvenir. « Je sais pas si je veux rester mais… le Queens veut que je reste. » Et tu ris. T’as tout ici, même si ton tout n’est qu’un petit rien au final. « Où est-ce que j’irai ? Y a rien pour moi, ailleurs. » Tu le dis d’un air détaché, faussement détaché car ça te touche un peu trop cette réflexion, au final. Y a rien pour toi ailleurs, et t’es pas sûr que quelque chose t’attende encore ici, qu’est-ce qu’il se passerait si tu avais déjà brûlé toutes tes chances ?
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Sujet: au creux du monde (meg) 
Mer 29 Juil - 20:27
Le cœur qui vient tambouriner contre son abdomen, si fort, qu’elle aurait presque la sensation qu’il cherche à sortir, à s’évader. Comme si lui, bien plus qu’elle, prenait conscience de la bêtise qu’elle s’apprête à faire. Elle, véritable chat noir, qui s’évertue jour après jour à repousser les âmes encore vivantes, à éloigner les personnes qui comptent, s’apprête à retrouver un ami oublié. Un ami, un coup de cœur, à l’époque. Celui qui était le grand frère de l’une de ses amies et qu’elle envisageait comme un peu plus. Il te faisait rêver, Coban. Il te faisait oublier les nuits de solitudes, le décès prématuré d’une mère qui n’a pas eu le temps de t’aimer. L’absence d’un père qui ne voulait pas t’aimer. Il te faisait rêver, Coban, te rappelait que la vie avait aussi de bons côtés, le pouvoir d’être drôle, d’être douce, plus que ce que tu connaissais. Mais le temps a fait son œuvre, les amies ce sont éloignées, le chemin de Meg n’était destinée qu’à ses envies passionnées, la danse. Le temps a fait son œuvre, quand la sœur de Coban a suivi le chemin des études et qu’elle, elle est restée au quartier. Puis t’as rencontré Chace, Meg. Et avec lui, t’as ressenti cette même putain d’alchimie que t’éprouvais avec Coban. Sauf que c’était réciproque. Sauf que vous êtes tombés amoureux, l’un de l’autre. Jusqu’à ce que la vie ne vienne de nouveau tout lui reprendre. Jusqu’à ce que la fatalité d’un destin brisé s’abatte sur elle, sur lui, sur cette voiture maudite. Et la mort. Encore la mort. La sensation d’être née dedans, Meg. D’être poursuivie par cette dernière. Comme un voile posé sur ton épaule. Comme une main qui tire vers l’obscurité. Malgré les craintes, malgré les appréhensions, elle a pourtant accepté de le revoir, de le retrouver, après toutes ces années. Un pas, puis l’autre, la féline se glisse à l’intérieur du restaurant, cherche Coban du regard, jusqu’à ce que… Coban ! Un sourire, sincère, comme elle n’en fait que trop peu, ces derniers mois. Un sourire, sincère, heureuse de voir qu’il semble l’être, qu’il semble en bonne santé. Et tu te retrouves plongée des années en arrière, lorsque t’étais toujours forte, bagarreuse, l’esprit exalté qui n’avait jamais peur de rien. Tu te retrouves plongée des années en arrière, Meg, face à lui, toujours aussi beau. Le rire s’échappe de ses lèvres alors qu’elle s’installe en face de lui, un brin gênée, sans vraiment savoir comment se comporter. Peu importe le restaurant, je suis contente d’avoir de tes nouvelles. T’as changé, t’es devenu un vrai homme ! Qu’elle lâche, le regard taquin, en hommage à la relation qu’ils entretenaient avant, toujours à se chamailler, à se taquiner. Mais toi aussi, t’es devenue une femme, Meg. Une femme avec ta part d’ombre, ta part de noirceur qui prend chaque jour un peu plus de place en toi.