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 orties

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Louison Maillard;

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Louison Maillard



scarlett leithold
celticaddiction (ava)
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26
les corps qu’elle sillonne, affamée, estomac battant. volage et errante car l’amour est liberticide
mourir sur scène à la sisyphe, encore et encore

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Message Sujet: orties   orties Empty Mer 3 Fév - 22:57


orties

     
Du bout de la chaussure la canette est projetée, la traînée de ferraille bruite contre la brique et se laisse emporter dans des hauteurs fuligineuses. Le débris se cogne à une benne la gueule ouverte sur le fétide, il ne bouge plus de peur d’avoir meuglé assez fort pour percer la crasse des mendiants et de les voir se ruer sur la dernière goutte de son liquide insipide.

Pourtant il est encore trop tôt, même aux errants, pour se laisser cueillir par la nuit, happer par ses chants et engourdir par son gèle. Mais certains qui errent depuis plus longtemps qu’elle, n’y résistent pas, abattus par la promenade escarpée vers la ration, la remontée incessante d’une allée ou d’un boulevard dans l’ignorance de chacun, de l’écoeurement souvent. Louison, elle, étire le temps, s’égare dans sa ruine. C’est qu’elle n’envie guère le ciel noir et ses promesses, qu’il lui faut voguer longtemps pour trouver un semblant de décence et de sérénité entre les gerbes de pisse et les rats. Elle résonne ainsi des heures durant, jette son amertume aux vitrines et publicités, à cette prostitution alimentaire qu’elles relaient.

Dans les rues abandonnées qui mènent à la friche, ses jambes cèdent à la fatigue sur des morceaux de gravats laissés là pour témoigner de l’ambition destructrice de la cité. Une démolition avortée aux lieux des arts urbains, de la danse à l’adrénaline, l’usé était devenu l’arène des artistes, de ces bons à riens accrochés à leur skate ou à leur joint. Rien qu’un lopin du marginalisme écopant du mépris de la municipalité et des nantis. La blonde y repère quelque part le moelleux d’une gouttière, l’apogée d’un confort invraisemblable décelé sur ce bout de bitume. Elle l’approche, prête à la nuit les songes d’un sommeil le ventre creux.

Le bruit du frottement d’un tissu s’élève dans le silence, interpelle la gamine — et les battements avertis de son coeur — qui s’est prestement détournée de l’oasis. Les sourcils froncés sous la capuche, elle distingue cette ombre toute enveloppée d’obscur. Celle-là semble avoir erré longuement pour se nipper dans la chaleur d’une veste matelassée, fatiguée à quelques endroits où du synthétique blanc déborde. Louison jauge le danger de l’immobile et les opales dardent fixement un sachet blanc posé aux pieds du vagabond, reconnait l’enseigne de fast-food qui l’étiquette. Le panorama lui creuse la faim, dévoie les lambeaux de sa raison. Doucement, elle se courbe pour se saisir d’une pierre qu’elle balance aussitôt à proximité de l’inerte. L’autre demeure ainsi assoupi, sans avoir cure de ce que le destin s’apprête à lui voler en ces temps de pénurie.

Elle a le pas lent mais pressé, le souffle suspendu à la perspective de voir l’ombre se dresser, ivre de l’air qu’on pourrait bien lui dérober d’un geste. Les doigts attaquent le papier avec plus de précaution encore, un son feutré et un peu de chaleur s’échappent lorsqu’elle entame l’effeuillage de l’hamburger judicieusement caché sous les couches. Elle l’empoigne, croque un morceau et, transcendée de plaisir, retombe sur les fesses manquant de faire tomber la victuaille. Dans le vacarme qui n’en est guère un, l’ombre s’agite et se manifeste hors de son vêtement. Toison bouclée et arrogance gravée dans les lignes endormies du visage prennent Louison de stupeur qui lève les bras comme on renonce. « Je suis désolée, ok? C’était sous mes yeux, tu sais bien c’est la loi ici et… Mais je te connais », la môme retire sa capuche pour y voir un peu mieux, joindre le portrait à la mémoire.

On lit sur ses lèvres l’insignifiance d’un rictus tandis qu’elle rajuste sa capuche et croque à nouveau dans le burger avant de le tendre à son propriétaire « tu es là pour t’abriter de la tempête, je suppose? »




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