t'étais la raison de mes sourires. (welly #2)

c'est trop tard pour regretter. les mots sont tombés d'sa bouche. la méchanceté. la colère qui rend wes si méchant, si néfaste même. tant pis. la claque est méritée, ça le réveille. du moins, ça le fait prendre conscience qu'il est allé trop loin dans ses gestes et qu'il n'avait pas besoin de lui envoyer la fumée dans la gueule juste pour la provoquer. c'est tellement idiot. mais quand elle revient avec des papiers dans les mains, c'est l'acte ultime d'ce coup de poignard qui s'enfonce au beau milieu d'son bide. il ne le veut pas. il ne veut pas le réaliser. pas elle. juste. pas sally non. on lui a enlevé sa soeur. on peut pas lui enlever cette seconde femme, qui, malgré les apparences de cette soirée catastrophique, est la femme la plus importante de sa vie. wes refuse. rejette même. il garde le dossier dans ses mains, mais finalement, il aimerait juste revenir en arrière, se contenter des messages, et basta. sauf qu'à vouloir ça, il ne l'aurait jamais su.
jamais.
sally remue le couteau dans la plaie. forcément. il ne va pas lui en vouloir pour ça. elle est en train de produire l'être qu'il a été il y a quelques secondes de ça. l'être qui a désormais une marque rouge sur la joue. mérité. encore une fois. six mois ? non. six mois ? et noël ? et son anniversaire ? elle pourrait ne pas être là le jour où il aura trente ans ? elle ne pourrait plus être là le jour où il dépasse ses décennies ? non. non. non. qu'il répète. dans sa tête. se forçant à ouvrir ce dossier. il lit beaucoup de choses. enfin. il survole. elle s'éloigne et lui, lui... il se sent minable. surtout quand elle lui balance dans la tronche ses propres mots. ceux qu'il a sorti, quand ils allaient à boston. je savais pas... il dit. bêtement. non. il savait pas. et il aurait dû réfléchir quand même à ses mots. la voix de wes n'est plus en colère, mais elle est littéralement brisée. il s'en veut. mais comprendre que sally n'est bientôt plus sally. il veut pas. et à quel moment hein ? il n'a pas vu les signes. il n'a rien vu. il réalise que les crises d'angoisses n'en étaient pas. il réalise qu'il avait la vérité sous les yeux depuis tellement longtemps mais qu'il n'a pas été capable de les voir. et puis... il regarde la date, enfin. il tombe sur une date, qui est sans doute le jour où elle a appris la maladie. c'est pour ça que tu m'as quitté. il parle peut-être encore une fois pour lui. et il pleure sans se retenir parce que perdre de base sally, c'est une épreuve si difficile, mais la perdre pour toujours et ne plus voir son visage ? non. il voulait pas de ça. pourquoi tu m'as rien dit ? t'as pas à vivre ça toute seule. parce que wes ose penser qu'elle n'a juste... rien dit à personne. et il a besoin de comprendre là. faut que tu le dises à ta famille. à tes amis. et pourquoi y'a un dossier qui parle de refus ? tu dois prendre ce traitement ! il est déjà en train de s'emballer. son coeur cogne à vitesse folle. t'as pas l'droit de mourir, toi aussi. non. juste. jamais ça. pas maintenant. pas si jeune. pas quand ils pourraient faire des tonnes de choses.

T’ÉTAIS LA RAISON DE MES SOURIRES

Elle allait l'a(b)imer, le brûler, le détruire à petit feu pour l'entrainer dans sa chute. Elle allait faire de lui le pire des condamnés, c'est pour ça qu'elle ne peut pas rester avec lui. Il est là, toujours. Même si la nouvelle est difficile à digérer il est là et pendant quelques secondes, Sally se dit que l'échange se terminera peut-être sur un accord commun, quelque chose de plus facile à avaler que l'oubli. Son corps tremble de colère, de peine, d'appréhension. Son corps tremble et elle ne sait plus bien ce dont elle a envie. Quand le meilleur devient aussi le pire, que sa bouée de sauvetage la lâche pour mieux la noyer. Les mots sont répétés, horloge cruelle qui plane au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Six mois d'inconnu, six mois à avancer les yeux bandés. Ce temps qu'elle veut vivre pleinement, explosant toutes les portes qui se dressent face à elle avec son sourire. Ce sera plus difficile sans Wes, presque impossible. Elle le fera, pour lui, pour que sa peine ne soit pas vaine. Elle lui tourne le dos Sally, mais elle devine les larmes jumelles sur le visage de Wes. C'est trop tôt, trop frais pour se risquer à le prendre dans ses bras. Parce que c'est ce qu'elle fait toujours, la mourante qui console les vivants. Ce jour-là, le monde qu'elle s'est efforcée de construire s'est effondré. En sortant de l'hôpital elle n'a pensé qu'à lui et l'envie inexplicable de le protéger contre vents et marées. « C'est pour ça que je t'ai quitté, oui. C'est injuste hein.. » Une pointe d'ironie dans la voix bancale. C'est injuste, comme cette maladie. C'est injuste de voir un soleil comme Wes s'assombrir. C'est injuste de l'aimer aussi fort. C'est injuste que la personne la plus importante pour elle soit la dernière au courant. Elle est l'unique fautive et ça la tue, anesthésie l'amertume dans sa voix pour ne laisser qu'un murmure filer. Comme une confidence inavouable, ce genre de petits détails qu'il est le seul à connaitre sur elle. « Tout le monde est au courant, t'es le seul que j'ai voulu préserver. » Pour rien du tout au final, une rupture rajoutée au futur deuil. Pour qu'ils se brisent mutuellement dans un combat à mains nues. « Je veux pas de ce traitement. Je n'ai pas envie de devenir un zombie, de broyer du noir, ni de perdre mes cheveux. » Je veux toujours briller dans tes yeux. La dernière phrase prononcée par Wes vient lui assener le coup de grâce. Elle n'a pas le droit de mourir, mais elle n'a pas le choix. Elle n'est pas assez forte pour affronter le mal qui a déjà gagné. Alors elle ne répond pas, mais elle ose enfin se tourner pour affronter son visage. « Je suis tellement désolé.. Tu comprends mieux, maintenant ? » Les peurs et les coups durs, les distances qui s'imposent à elle. Espace imposé entre eux, ses jambes chancellent jusqu'au canapé pour qu'elle attrape un coussin et qu'elle le serre fort contre elle. Le coeur et les yeux débordent, seulement apaisés par un câlin qu'elle ne peut plus demander. Parce que tout est fini.

(c) élissan.

@Wes Burkley

la vérité est douloureuse. peut-être même que wes aurait aimé qu'elle le trompe. il aurait aimé. quitte à être loin d'elle, elle serait toujours vivante. elle aurait eu une belle vie, serait morte à presque cent ans. ou assez longtemps pour qu'elle puisse vivre tous les bonheurs d'une vie. mais là ? c'est injuste. l'apprendre comme ça n'est ni pire, ni mieux. c'était sans doute le destin. peut-être aussi que c'est pour ça qu'il est venu chez elle. pour entendre la vraie vérité. même si elle fait un mal de chien et qu'il a l'impression de suffoquer. sally est malade. mais pas que d'une grippe. pas que d'une gastro. sally a quelque chose qui va finir par la tuer dans six mois. un an, par chance, mais il n'est pas certain qu'on puisse parler de chance quand le temps est compté et qu'il défile déjà à toute vitesse.
bien-sûr qu'il pleure. lui, qui sourit tout le temps, tous les jours. lui, qui est dans des merdes financières pas possibles mais qui a réussi à organiser à la dernière minute un voyage pour elle et ses beaux yeux. et floride hein ? on ira pas en floride. ça sort. d'un coup. dans ses pensées. et c'est bête, parce que c'était qu'un projet dit sur la rigolade, mais il était réellement sérieux, vraiment partant pour qu'ils vivent ça ensembles. tous les deux. un nouveau projet. une nouvelle aventure. du temps avec elle, encore et beaucoup. et sally approuve. lui renvoie même une pique, mais encore une fois, c'est mérité. il en est conscient. peut-être même qu'il n'a pas le droit de pleurer. il passe une main sur sa joue, en vain, les larmes sont trop nombreuses de toute manière. tu m'as quitté parce que t'es malade. voilà. il avait besoin de le dire à haute voix, mais le sanglot lui arrache la gorge à la fin de ses mots. mais ce n'est pas ça qui l'achève. c'est le fait de savoir qu'il est le seul de son entourage à ne pas être au courant. c'est grave quand même, non ? et il n'est pas censé le prendre aussi mal. mais c'est le cas. ça le blesse d'être mis de côté d'un coup. alors quoi ? jamais je n'aurai su pour ta maladie ? c'est peut-être un peu trop froid. comme le froid de ses larmes qui soulagent un tant soi peu sa joue brûlante. mais même ça, ça ne fait pas assez mal. c'est son coeur qui est tiraillé qui n'est qu'une terrible douleur. mais ce traitement peut te sauver ! il relève la voix. mais c'est surtout du désespoir. wes ose croire encore à l'espoir alors qu'il ne se range absolument pas d'leurs côtés. sally se retourne. fait quelques pas. il ose croire qu'elle vient vers lui, mais non, elle se pose sur le canapé. wes est incapable de faire un seul pas. il devrait se rapprocher, lui souffler que ça va aller. mais il est tétanisé. elle est malade. il est le seul à ne pas être au courant, et ça fait plus de cinq mois qu'elle le sait. c'est fou. ça tiraille de partout tant la douleur est insupportable. non. il répond. honnêtement. il faut que tu prennes ce traitement. il faut que tu te soignes. tu peux pas mourir. faut qu'on aille à l'hôpital, maintenant, que tu vois ton médecin et que tu lui dises que tu commences tout ça là. il est presque autoritaire. alors que ce n'est pas à lui de gérer. mais wes ne peut pas laisser sally dépérir. c'est clairement au dessus de ses moyens de la voir mourir sous ses yeux sans être capable de faire quoi qu'ce soit.

T’ÉTAIS LA RAISON DE MES SOURIRES

Un jour, elle se dit que son heure viendra. Et son espoir s’éloigne un peu plus. L'optimisme s’essouffle avec l'impression de revivre l'annonce. Une seconde fois, encore plus douloureuse que la première fois. Parfois, elle a l'impression d'être invincible. Parfois, elle se trompe. Parfois ses connaissances au ventre rond viennent lui demander "et toi, c'est pour quand ?". Alors Sally ne dit rien, elle sourit en haussant les épaules. Elle aimerait leur dire qu'elle a tant d'amour à donner, mais que c'est impossible. Les colliers de pâtes, les empreintes de mains dans l'argile, c'est pour les autres. Les non-malades. Elle pleure, parfois. Comme maintenant, elle pleure son coeur en mille morceaux et ses convictions qui s'envolent. Elle finira seule et elle se dit que c'est peut-être la meilleure solution. Condamnée à la solitude, dans le couloir de la mort. Condamnée à l'aimer, surtout. Derrière la façade de rancune, les sentiments persistent, uniques survivants d'un combat qu'ils mènent depuis trop longtemps. Six mois, peut-être un an. Autant de temps à fermer son coeur pour lui laisser toute la place, même s'il doit vivre sa vie loin d'elle. S'il existe un au-delà, Sally est certaine qu'elle continuera à s'accrocher à lui. Ils n'iront pas en Floride, le prochain voyage de la mourante sera le dernier. Ça la fait presque sourire, cette réflexion, cette lueur de lucidité au milieu du déni. « Tu peux toujours aller en Floride et profiter pour moi. » Elle hausse les épaules alourdies par la peine. Vivre, c'est le plus beau cadeau qu'il puisse lui faire. Exister pour lui, un peu pour elle aussi, pour la faire vivre quelques années de plus à travers ses yeux bruns. Ses lèvres restent muettes quand il répète qu'elle l'a quitté à cause de la maladie. Oui, c'est l'unique raison. Et si elle avait eu le choix, elle lui aurait caché son existence jusqu'au dernier moment, mais la tentation de la chambre d'hôtel est devenue trop forte. « Regarde-nous. Ça t'avance à quoi de le savoir, maintenant ? Ça change la vision que tu as de moi, peut-être ? » Sally n'est plus Sally. Sally est devenue la fille trop jeune pour mourir, celle qui fait fuir les regards et les proches. Elle a envie de crier que le cancer n'est pas contagieux, mais au fond, elle peut comprendre cette peur, cette incompréhension qui se lit sur le visage de Wes. Lui aussi il va partir en embarquant le sourire de la blonde. Elle vacille jusqu'au canapé pour trouver un semblant de réconfort. Elle entend l'espoir dans sa voix tremblante, la ténacité éternelle qui le pousse à parler de ce traitement. Il se trompe. Elle peut mourir. Elle va mourir. C'est une certitude. Une nouvelle fois, ses pupilles se redressent pour capter celles de Wes, se déchirer un peu plus les côtes. Elle pourrait se lever, prendre son visage entre ses mains pour lui glisser la vérité sur son destin, mais elle est blessée. Les larmes roulent sans réussir à retirer l'amertume. « C'est trop tard, je ne prendrais pas ce traitement pour gagner un ou deux mois. Tu sais aussi bien que moi comment ça se termine. » Toujours trop rapidement, dans l'incompréhension et la douleur. Seule. « Commence par ne plus me cracher ta clope au visage. Jamais. » La voix tremble, la voix est dure, elle tient difficilement le coup face à l'angoisse qui affole son souffle. Alors elle s'installe mieux sur le canapé en fermant les yeux. La fraicheur du coussin entre les bras plutôt que la chaleur d'un corps. De son corps.

(c) élissan.

@Wes Burkley

il peut le faire. c'est vrai. il devrait même le faire. ce voyage pour eux deux. ce voyage, en sa mémoire. mais... non. non. non. il ne peut pas aller en floride sans elle. il ne peut pas braver l'océan tout seul. il en a peur. avec sally, c'est pas pareil. c'est la seule qui le pousse dans ses limites. qui le pousse à affronter ses peurs.
c'est fou. il pensait avoir tellement de belles années devant lui. la maladie vient de lui tomber dessus sans qu'il ne soit préparé. pourtant, il doit se mettre dans la tête qu'elle va bientôt ne plus être là pour le voir. pour sourire. et pour respirer. c'est injuste. toute cette situation l'est. wes ne ment pas, ils sont deux personnes trop uniques, trop beaux, pour ce monde remplit de noirceur. elle s'est visiblement fait kidnapper par les bouts de noirs qu'ils ont essayé de braver. en vain. il faut croire. je veux pas faire ça sans toi. il n'en est pas capable. elle le sait. ça le fout mal. et wes essaye de prendre sur lui. en séchant ses larmes. ce serait déjà un bon début. la culpabilité ronge déjà un peu partout dans ses organes. il ne sait pas comment il va réussir à affronter tout ça. ça change beaucoup de choses. elle marque un immense point. ça le calme. il aimerait revenir en arrière et ne pas lui dire des mots dégueulasses. c'est trop tard pour les regrets. il doit assumer. ça craint. putain. j'aurai quand même dû le savoir dès le début... il aurait dû être prêt à ça. et pas à avoir cette boule au ventre que demain, elle parte définitivement de ce monde là. la vie est même injuste. ils ont perdu tellement de temps finalement. six mois, ça ne sera jamais assez pour qu'ils se retrouvent et qu'ils s'aiment. pour qu'elle puisse vivre sa meilleure vie. c'est trop tard. tout est trop tard. il doit s'accrocher et se battre face à ce qu'il est encore capable. wes ose. se rapproche du canapé. il ne la prend pas dans les bras, il n'est pas idiot et sait qu'il n'en a pas le droit. il inspire un bon coup, essaye de déchiffrer quoi que ce soit en lisant un peu plus correctement son dossier médical. tu peux gagner une vie entière. je peux t'avoir avec moi jusqu'à nos quatre vingt dix ans. tu... tu dois l'essayer. tu dois gagner plus de temps. s'il te plaît sally. il se doute qu'il n'est pas le seul à avoir essayer de la faire changer d'avis. mais il ne compte pas la laisser tomber. il ne compte pas la voir se détruire sans rien faire. elle peut se soigner. stade quatre, certes. mais pas stade terminal. je le referai plus, j'suis désolé. pour... les mots et les gestes. c'est pas trop tard pour s'excuser ? elle ne l'a pas encore mis dehors, ça veut dire qu'non. sally. j'peux pas te voir mourir sans me battre pour que tu vives. j'ai pas assuré pour ma soeur, elle a rien pris et... et ça peut pas se reproduire pour toi. je t'en prie. lui fais pas ça sally. parce que si tu meurs, wes, il t'suivra six pieds sous terre.

T’ÉTAIS LA RAISON DE MES SOURIRES

Compter les minutes, puis les secondes. Compter ses pas comme si un décompte s'affichait en permanence au-dessus d'elle. Compter les souffles, les mots, les cœurs brisés et se rappeler de chaque moment. C'est devenu une habitude pour Sally. Prendre sa main pour tout plaquer, fuir dans une nouvelle ville sans se retourner et construire une nouvelle vie éphémère à deux, c'est devenu impossible. Un fantasme tout juste avouable qu'elle a vécu pendant deux jours trop maigres. Ça la blesse profondément, elle a besoin de rester au sol pour mieux reprendre ses esprits avant de se remettre debout. Tomber sept fois, se relever huit, il parait. Elle se relèvera Sally, chaque annonce était moins cruelle que la suivante alors elle le fera. Sans la présence de Wes ce sera juste plus beaucoup plus difficile, mais elle veut lui prouver qu'elle peut garder la tête haute même quand les ténèbres l'entourent. Il ne veut pas partir sans elle, mais Sally refuse aussi de le voir au sol, assommé par l'existence de cette maladie venue s'infiltrer entre eux. « T'as la chance d'avoir un tas d'années devant toi pour vivre, alors fais ce voyage. » La sincérité coule sur sa langue quand les paroles prennent la forme d'un ordre. Il est là, il se rapproche. Il est vivant, en bonne santé et c'est le plus important. La distance qu'il vient de briser permet à Sally de retrouver sa capacité à respirer un peu plus correctement. Son oreille est attentive pendant qu'elle tente de sécher ses larmes d'un revers de main. L'espoir est le crabe de Wes, fidèlement accroché à lui, qu'il le veuille ou non. Même si elle est blessée, elle ne peut pas s'empêcher d'afficher un léger sourire, de ceux qui sont à peine perceptibles, mais qui existent quand même. Elle voudrait le haïr, le rejeter pour couper ce lien définitivement, pour que tout soit plus simple. Elle voudrait lui crier de partir, de s'éloigner du poison qu'elle est en train de devenir, mais elle ne peut pas. Incapable de lui dire qu'il n'y a plus de nous. Juste lui, elle et la maladie au milieu. « Je refuse de devenir un rat de laboratoire, tu comprends ? Je ne gagnerais jamais la bataille alors autant profiter du temps qu'il me reste sans m'empoisonner. » Mais au fond d'elle, l'éventualité résonne, avec toutes les interrogations qui l'accompagnent. Est-ce que tu seras là quand les forces me quitteront, quand les tuyaux seront plus nombreux que les grains de beauté ? Est-ce que tu seras là quand mes cheveux tomberont par poignées, qu'il ne me restera que la peau sur les os ? Dis, est-ce que tu m'aimeras toujours autant si mon visage se délave ? Encore un interdit qu'elle ne peut pas prononcer, une barrière qu'elle dresse toute seule. Avant de reprendre, elle dépose le coussin sur le côté pour se redresser en tailleur et l'observer, simplement. Le contempler comme la personne la plus belle de son existence. « Sophie.. Elle n'a pas pris de traitement, mais elle a été heureuse, non ? Je suis sûre que tu préfères te rappeler de son sourire au lieu de son corps branché dans un lit d'hôpital. C'est la même chose pour moi. » Elle sait bien que le sujet est délicat, que le prénom de sa soeur provoque des vagues d'émotions chez Wes alors elle chuchote presque, éloigne la colère sourde qui gronde pour se faire douce. Elle lève une main pour la poser sur la joue masculine et essuyer l'une des dernières larmes venue s'échouer sur son pouce. « T'es plus beau comme ça. » Un rictus doux sur les lèvres de la cancéreuse, un vrai. Elle l'a toujours admiré pour sa vision des choses, son espoir à toutes épreuves. Son soleil ambulant qui trouvera un second astre pour rendre sa vie plus belle, même si ça doit être loin d'elle.

(c) élissan.

@Wes Burkley

fais ce voyage. oui. fais-le. prouve lui ton amour quand elle sera parmi les étoiles. montre-lui que tu veux te battre et qu'elle cogne toujours aussi fort dans ton coeur.
fais ce voyage, oui. fais le tout seul, pour qu'elle soit fière de toi. fais le. en son honneur, en son image. fais le. aime là, même si elle n'est plus là.
fais le.
hein.
les mots se bousculent dans son cerveau. son coeur est si lourd, et ça fait un mal de chien partout. wes n'est pas capable d'assimiler tout ce qu'il se passe. qui m'aidera à braver l'océan ? c'est une réelle question. il n'y a que sally qui lui laisse la possibilité de ne pas avoir peur. il n'y a qu'elle qui peut l'aider à surmonter ses pires phobies. si elle n'est pas là, où est l'intérêt ? qui va le maintenir dans ses bras pendant les nuits froides dès qu'ils frôleront le nord ? personne. il ne veut personne qu'elle. il ne pourra même pas être capable de vivre ça avec quelqu'un d'autre sans avoir l'impression de la trahir. pas sans toi. il est sérieux. pas sans elle. c'est difficile de se porter jusqu'au canapé. difficile de s'asseoir là. il devrait la prendre dans les bras, il devrait la serrer si fort et lui souffler que ça va aller. mais ... il a peur. peur de ne pas dire ce qu'il faut. ce n'est pas ce qu'elle veut entendre, et non, ça ne va pas aller parce qu'elle est malade et qu'elle va mourir. wes ne peut pas la perdre. égoïstement. il ne le supportera pas. parler de ce traitement, il compte bien le faire. il a besoin qu'elle dise oui. il ira la conduire à l'hôpital. il lui tiendra la main. il peut même lui raser la tête si elle voit que ses cheveux tombent et il lui achètera l'une de ses perruques qui coûte une blinde. mais. peu importe. pour elle, il est encore une fois prêt à tout. elle part défaitiste, ça ne lui plaît pas. tu peux être sauver. tu peux guérir. tu peux faire beaucoup de choses et vivre avec moi jusqu'à ce qu'on soit vieux ! il s'exclame peut-être un peu trop fort. mais tant pis. il est convaincu de ses propres mots. la maladie n'est qu'un obstacle, sally est bien plus forte que ça. tu peux pas mourir. je peux pas te perdre sally. tu peux pas m'faire ça. oui. égoïste. wes ne l'est jamais. il est égoïste quand ça concerne ce bout de jeune femme qui est littéralement l'amour de sa vie. elle se redresse. elle parle de sophie. et c'est plus fort qu'lui. il lâche un nouveau sanglot. il n'aime pas parler de sa soeur en temps normal, c'est encore plus délicat qu'elle la mentionne en se comparant à elle sur ce sujet là. sophie... elle savait pas la maladie. toi tu sais. toi, tu l'sais depuis cinq mois. et toi... non. non. non. tu peux pas. j't'en prie. fais ce traitement. tu vas vivre. tu vas guérir. sa main qui s'appuie sur la sienne, celle qu'elle glisse sur sa joue. elle fait le premier geste, alors il fait le second, en tirant sur son bras pour qu'elle vienne d'un coup dans ses bras. il n'est pas beau. là wes se sent vraiment très moche. avec ses gestes et ses mots. avec sa méchanceté alors qu'elle n'a voulu que le préserver. je t'en prie. sally. fais-le. parce que tu peux pas mourir. tu peux pas m'faire ça. tu peux pas non. alors résiste, vie, avec moi. on sera heureux. t'auras tout ce que tu veux, et t'auras la plus belle des rémissions. mais il se retient de dire ça. il peine à retenir ses larmes, mais il ne se retient pas en venant l'embrasser si fort, là.

T’ÉTAIS LA RAISON DE MES SOURIRES

Il est plus fort que ce qu'il prétend, elle en est persuadée. Il est capable de gravir des montagnes, de faire face aux pires tempêtes et de se relever, toujours. Wes il puise sa force dans son entourage et Sally ne peut pas s'empêcher de penser que quand son corps sera froid, une autre prendra le relais. Ça la perfore de l'imaginer en train de défaillir sous les baisers d'une nouvelle femme, mais elle ne peut pas être égoïste en l'enchainant jusqu'au bout. Il mérite de vivre quelque chose de vraiment beau, qui retourne l'estomac à chaque regard. Il mérite d'être aimé sans date d'expiration. Et cet océan il le bravera un peu pour elle, c'est comme un testament qu'elle lui confie, une dernière mission pour honorer sa mémoire. « Toi. Tu seras sûrement terrorisé, mais tu le braveras cet océan. Je le sais, parce que de nous deux, tu as toujours été le plus fort. » Il doit le faire, il doit lui promettre pour que son coeur s'apaise. Elle ne pourra pas partir sereinement avant d'avoir la certitude qu'il le fera, qu'il surmontera cette épreuve comme il a pu le faire avec la perte de sa soeur. Sally n'a jamais cru être capable de se dissocier de Wes, trop fusionnels, trop beaux pour être séparés. Sauf que le temps est venu mettre des bâtons dans les roues de leur carrosse lancé à toute vitesse. Chute inévitable, fracture du coeur. Le coeur brisé en mille morceaux, il ramasse les éclats sanglants pour les remettre entre ses mains et redonner un peu d'espoir là où il n'y en a pas. Pourtant ça lui fait mal de le voir se battre comme un fauve dans l'arène pour qu'elle accepte de suivre ce traitement. « Les miracles sont réservés aux dessins animés.. Je ne suis pas sauvable, avec ou sans traitement. » Les mots sortent difficilement de sa gorge nouée, elle n'est pas prête à le laisser dans cette ville trop grande pour eux, pas prête à énoncer les vérités qui blessent. Elle le fait, parce qu'il a le droit de savoir après cinq mois passés dans l'ombre. « Je suis désolé... Je ne veux pas mourir... Par contre je veux que tu vives, tu m'entends ? Je veux que tu vives vraiment, sans trainer la jambe. Promets-le-moi. » Sans même s’apercevoir que les larmes sont revenues sur son visage creusé, elle vient essuyer les sanglots de Wes. Il est beau, là. Il est beau même quand il pleure, les blessures à nues devant ses yeux. Il est encore plus beau quand il attrape le poignet de Sally pour l'attirer dans ses bras après l'avoir supplié une ultime fois. Elle a tout juste le temps de retrouver son souffle que les lèvres de Wes entrent en collision avec les siennes. C'est plus doux que jamais, teinté de désespoir alors que le myocarde se désagrège pour de bon. Besoin de s'accrocher pour ne pas perdre pied, elle glisse sa main sur sa nuque pour le garder près d'elle. Voler quelques secondes à l'horloge du temps, c'est tout ce qu'elle peut faire quand les larmes dévalent ses joues. C'est à son tour de prendre l'initiative de mettre fin au baiser, toujours trop court à son goût. La raison qui revient avec violence devant ses yeux désemparés. La main revient se loger sur la joue qu'elle a rougie un peu plus tôt. « Wes... » C'est presque un supplice quand elle vient poser son front contre celui du brun en se laissant envelopper par l'obscurité qui ne l'effraie plus quand elle ferme les yeux. « Nous deux, c'est pas une bonne idée.. » Alors pourquoi elle vient se serrer un peu plus dans ses bras ? « Je veux pas te faire subir tout ça.. Je suis malade, c'est un combat que je dois mener seule... » Sans lui, elle perdra sûrement la tête. Avec lui, elle croulera sous la culpabilité de l'entrainer dans ce gouffre sans fin.

(c) élissan.

@Wes Burkley

wes refuse tout là. il ne veut pas qu'elle baisse les bras. il ne veut pas la perdre non plus, et, il ne veut pas imaginer un instant qu'elle ne sera pas lui demain. ses pensées se répètent, la négation aussi. elle ne peut pas lui faire ça. c'est presque injuste de penser ainsi parce que sally n'a rien demandé à la vie. elle n'a pas voulu être malade, ça lui est tombé dessus, comme ça, au beau milieu d'une vie qui commençait à être belle. au beau milieu d'une relation déjà si sérieuse alors qu'ils n'étaient ensembles que depuis quelques mois. et oui, il comprend trop de choses d'un coup. c'est effrayant. la culpabilité est là. elle le ronge, quand il a l'impression de sombrer d'un coup et de retomber des années en arrière. quand à la place de sally, c'était sa soeur qu'il serrait dans les bras. une seconde personne qu'il surprotège bien trop. il est conscient que ce n'est pas de sa faute, mais deux personnes de son entourage ? ça commence à faire beaucoup... ça commence à l'achever là. il n'aurait jamais, jamais dû lui dire tout ça. il aurait dû comprendre dès les premières minutes que quelque chose n'allait pas. il aurait dû être là dès qu'elle a su, lui tenir la main, et lui promettre que ça irait. peut-être même qu'elle aurait accepté le traitement plus tôt. que des peut-être. que des 'et si ?' mais... ce n'est pas comme ça qu'on refait le monde malheureusement. non j'peux pas affronter ça sans toi. et c'est même pas vrai. ce que tu dis. il n'est pas fort. il croule sous les dettes, il n'arrive pas à se relancer correctement, il n'arrive juste pas à grand chose tout court. et wes veut y croire. il veut que sally accepte ce traitement. il le veut si fort qu'il est déjà en train de sortir des premiers arguments, ou, plutôt qu'il est en train de la supplier pour qu'elle accepte. comme si son choix était déjà fait ; celui de mourir alors qu'elle pourrait vivre. si. tu peux l'être. t'es juste persuadée que tu vas mourir. mais c'est peut-être pas vrai. peut-être qu'oui, tu vas ressembler à un zombie et perdre tes cheveux mais tu vas vivre sally. et dans cinq ans, ça peut n'être qu'un mauvais souvenir... il parle si vite. il essaye de reprendre sa respiration, il reprend à la seconde où elle termine sa phrase d'ailleurs. si tu ne veux pas mourir, bats-toi. et ne la laisse pas gagner. c'est clairement ce que tu fais et... non sally. il faut que tu te battes. sa main vient se blottir sur sa joue. j'peux pas te promettre ça, si toi, tu me promets pas d'essayer. c'est même pas du chantage. c'est une vérité. comment vivre sans elle ? wes n'a, d'base, pas le mode d'emploi pour être quelqu'un de bien. mais il a su l'être. par contre ? le monde d'emploi pour un second deuil ? de cette femme si importante ? non. putain. il ne peut pas. alors il ne réfléchit pas. quand il vient la prendre dans ses bras et qu'il vient l'embrasser si fort. sans réfléchir. il n'a plus envie de réfléchir. le temps est compté, malgré tout. un baiser qui s'arrête trop vite à son goût. une négation, contraste avec les bras qu'elle serre si fort. c'est pas un combat actuellement. c'est... tu laisses juste la maladie te bouffait. laisses-moi être là. viens. on commence ensembles ce combat. j'te lâche pas sally. mais il faut qu'elle dise oui. dans le cas contraire ? wes ne se le pardonnerait jamais. de l'avoir vu mourir sans avoir été capable de gérer quoi que ce soit.

T’ÉTAIS LA RAISON DE MES SOURIRES

Il y a des jours avec et des jours sans. Il y a eu cinq mois avec et cinq mois sang. Moins d'un an que Wes a débarqué dans sa vie sans crier gare, comme le plus beau des boulets de canon. L'échéance de sa vie fixée à six mois, plus ou moins. Ce ne sont que des chiffres, des dates destinées à serrer la gorge de Sally. C'est une voix espiègle sur son épaule qui vient lui rappeler ce qu'elle connait par coeur. Tu es foutue, tu vas mourir. Bientôt, sans lui. Et elle a le crâne qui va exploser sous la pression. Il y a des filles qui rêvent du prince charment, perchées sur leur tour d'ivoire. D'autres qui rêvent de gloire, de strass et de paillettes du haut de leurs talons aiguilles. Sans oublier celles qui veulent une carrière flamboyante, sans hommes, sans enfants, juste quelques liasses. Et il y a Sally qui espère seulement un miracle pour ôter les cellules malades de sa carcasse. C'est tout. C'est une utopie, alors elle s'offre le droit de s'effondrer un peu. Ses dernières forces sont consacrées à Wes, il a besoin de connaitre sa force alors elle lui offre tout ce qu'elle peut, même son sourire fragile et ses mots tremblants. « Arrête.. T'as pas le droit de croire que tu n'es pas fort. C'est pas vrai. Je te connais assez pour le savoir alors n'en doute pas. Jamais. » A travers ses yeux bleus, elle ne voit que lui et son optimisme qui a besoin de redémarrer. Tout le reste est futile, même l'idée d'une potentielle guérison en laquelle elle ne croit pas. C'est presque un adieu qu'elle marmonne, le coeur au bord des yeux. La culpabilité l'assaille quand elle pleure alors que Wes s'accroche comme un désespéré à l'espoir d'une vie qui n'est peut-être pas si abrégée que ça. Ce n'est pas son intérêt auquel elle pense quand le silence s'impose entre eux, juste après le baiser, mais celui de Wes, parce qu'elle s'en veut de lui infliger cette douleur une seconde fois. « Et si le traitement ne fonctionne pas ? Que je meurs quand même dans quelques mois, avec la contrainte de la thérapie en plus ? » Réelle inquiétude qui provoque un long frisson entre ses épaules. Elle a envie de lui dire qu'elle n'est pas encore capable de l'aimer comme au premier jour quand la peur de le faire souffrir entrave sa respiration. Elle a vécu trop d'émotions en trop peu de temps pour se le permettre alors elle s'agrippe à son t-shirt. Elle aimerait être courageuse pour deux, lui promettre que tout ira bien et qu'ils finiront leur vie ensemble, main dans la main dans une maison de retraite. Mais elle ne peut pas, parce qu'elle est trop réaliste. Pourtant, ses lèvres s'articulent dans un nouveau chuchotement. « Je veux bien essayer de prendre un rendez-vous pour en discuter... Par contre, je ne peux pas t'imposer de rester. Tu as des tas de belles choses à vivre, loin des hôpitaux et tu vas les vivre. » Sous les larmes, un sourire se dessine. Elle veut être heureuse par procuration, qu'il expérimente des tas de choses pour deux, qu'il aime quelqu'un sans problèmes au milieu. C'est sûrement ça l'amour, accepter de laisser l'autre partir quand les larmes remplacent les baisers. C'est une évidence difficile à accepter pour Sally, alors elle s'appuie un peu plus contre lui pour le forcer à s'allonger sur le canapé. C'est tout naturellement qu'elle suit le mouvement en posant sa tête contre son épaule. « Il faut que je t'avoue quelque chose... » La moue taquine, elle a besoin de décompresser après tant d'aveux. « Sur la route pour aller à Boston, je dormais pas vraiment... » Un simple baiser à l'angle de sa mâchoire, la malade oublie très vite les distances qu'elle souhaite imposer entre eux, pour le bien de tous. « Les rumeurs disent que tu m'aimes toujours ? » Elle pourrait laisser un léger rire s'échapper, mais la peur de le vexer l'en empêche alors elle pose juste sa main sur le torse masculin, sans caresses ni ambiguïté, juste pour sentir son coeur qui bat toujours. Elle l'aime toujours à la folie, c'est le véritable secret inavouable.

(c) élissan.

@Wes Burkley

» Raison et sentiments ft. Noam
» des sourires en coin, des clins d'oeils, avant le deuil d'un amour en déclin.