cross your mind (tybalt)

des années auparavant. avant que ta vie bascule. avant que tu perdes à demi la vue. lorsque tu pouvais encore faire parti de l’armée. lorsque tu n’étais encore une gueule cassée, amochée par le temps et les bombes. lorsque tout te paraissait plus simple.

la mission achevée, il est temps de fouler de nouveau le sol américain. la turquie, somptueux pays. tu songes y retourner un jour, sans ton uniforme. loin de ton devoir. un simple touriste en vacances, si dieu le veut. tu viens d'atterrir à paris, pour une escale plus longue que prévu. un incident sur l’appareil. paris. il y a pire comme lieu d’escale, tu allais en profiter pour visiter quelque peu de nuit pour pouvoir repartir le lendemain, sur un autre vol qui te ramènera chez toi. le téléphone à la main, ton sac sur l’épaule. « oui, roseen, ne t’en fais pas, je... » la cadette inquiète, tu tentes de la rassurer. tu es sain et sauf. tu esquisses un sourire, toujours amusé par son côté à te materner parfois. « je vais à l’hôtel ce soir et je serai là demain. » indubitablement. « à demain, fais attention à toi. » tu finis par raccrocher et glisse le téléphone dans la poche de ton jean. tu finis par être interpellé par une voix derrière toi, tu fronces les sourcils. on appelle monsieur campbell, un employé de l’aéroport qui vient à toi. tu le salues et il en vient un t’expliquer pour s’excuser de la gêne occasionnée par le retard de ton retour en amérique, l’aéroport offre aux passagers l’accès au salon privé de l’aéroport. décontenancé, tu finis le remercier et il s’éloigne avec un fier sourire sur les lèvres. qu’est-ce que tu pouvais bien avoir à faire là-bas ? te retrouver autour du gratin de la haute, tu te dis que tu ferais tâche dans le paysage. concrètement. toi, petit soldat de l’armée américaine. après tout, pourquoi pas. un verre avant de partir en vadrouille ne serait pas une si mauvaise idée. tu regardes ta montre, dix neuf-heures trente. un verre rapide alors. tu cherches la direction du salon en question avant de le trouver. une hôtesse t’accueille et te demander ton nom. un beau sourire orne ton visage alors qu’elle t’invite à la suivre à l’intérieur. l’ambiance est feutrée, ça sent bon le cuir et les tapas grillés. tu observes autour de toi. de nombreux hommes et femmes avec leur laptop, des personnes qui ne savent sans doute pas déconnectés. des tailleurs, des costumes. parfois. des conversations animés et des rires guindés. tu n’es pas vraiment à ta place mais tu peux vite t’y faire. tu n’es pas d’une humeur de chien, aujourd’hui. plutôt ouvert à ce que t’entoure. finalement, elle s’arrête à une table et te laisse t’installer dans un luxueux fauteuil avec vue sur les pistes. vision panoramique qui attire l’oeil. elle te demande ce que tu veux boire. excellente question. « bombay sapphire, s’il vous plaît. » tu la remercie et elle s'éclipse, toujours ce sourire sur les lèvres. ton regard se perd autour de toi. plus précisément, sur la table à côté de toi. un blond. jeune. seul, à vue d’oeil. la trentaine, à première vue. mignon dans son genre. il semble être plongé sur ce qui se trouve sur sa tablette. devant lui, un journal qu’il semble avoir abandonné. tu hésites un instant avant de te pencher vers l’inconnu. « bonsoir, excusez-moi de vous déranger. » un petit sourire étire la commissure de tes lippes. qui l’eut cru ? « vous le lisez encore ? » tu désignes rapidement le quotidien du menton. « est-ce que je peux vous l’emprunter, s’il vous plaît ? » tu croises son regard azur. tu aimes définitivement ce que tu vois. il a du charme, celui-ci. tu calmes la partie de toi qui aime un peu trop les hommes, même si tu ne vois aucune alliance à son annulaire. si ça se trouve, il va te snober de la plus détestable des manières et tu vas quitter cet endroit plus tôt que prévu. qui sait ?