How much to light up my star again {Marynneth}

Le bout de tes doigts entame une danse délicate sur l'arrondi de son ventre. Il y a quelques jours, elle a affirmé avoir senti remuer votre enfant. C'est inédit pour vous. De toutes les grossesses qu'elle a pu débuter par le passé, jamais aucune n'est allée assez loin pour vous permettre de vivre ces petits moments là. et d'une certaine façon, tu dois bien admettre que c'est presque une chance. Tu ne sais pas du tout comment vous l'auriez vécu, dans le cas contraire. Il te semble évident que ça n'aurait été que plus dur encore. De quoi rendre la situation un peu plus concrète et réelle. Trop sans doute. Vous n'auriez jamais pu encaisser des fausses couches après de telles avancées. Pas autant que vous en avez vécu là en tout cas. Et ça aurait définitivement eut raison de votre mariage. Vous avez été forts pourtant. Pendant des années, vous avez tout fait pour conserver votre amour en l'état. Un amour assez puissant et assez dingue dans le genre, pour résister  à toutes les tempêtes. Même les plus dures. Même les plus compliquées et douloureuses. Que vous le vouliez ou non, vous allez certainement en vivre une autre au cours des prochains mois. Avoir un enfant si rapidement après ta sortie de prison, ce n'est sans doute pas l'idée du siècle. Mais vous n'avez pas choisis. La vie s'en est chargée pour vous. Et les médecins sont pour le moins rassurants en ce qui concerne l'avancée de cette fameuse grossesse. Et tout autant surpris que vous. Si ce n'est plus encore. L'historique que vous vous traînez n'est pas des plus positifs. Et l'âge de Mary est supposé vous porter préjudice également. Pourtant, vous vous retrouvez face à cet énorme imprévu. Qui vous rend heureux bien sûr. Mais dont vous vous méfiez encore un peu.

C'est ton cas pour le coup. Tu continues de t'attendre au pire. Tu préfères encore rester sur le qui-vive pour laisser tout à fait exploser ta joie quand tu réaliseras que finalement tout va bien, plutôt que l'inverse. Plutôt que de t'emballer trop sérieusement et de tomber une fois de plus de trop haut. Tu pourrais t'exploser à terre en mille morceaux, si ça venait à arriver. Si vous veniez à perdre ce bébé.  Tu sursautes quand tu sens du mouvement sous la paume chaude et caressante de ta main. Cette fois t'en es bien sûr, elle n'a pas rêvé Mary quand elle t'a dit l'avoir senti donner quelques petits coups de pieds. Tu lèves un regard aussi surpris que brillant d'émotion, dans sa direction. Tu ne pensais vraiment pas pouvoir vivre ce genre de chose un jour. Tu t'étais fait une raison. T'as eus le temps de te mettre en tête que tu n'aurais jamais la chance de fonder une famille avec celle que tu aimes. De te mettre en tête que vous n'étiez peut-être pas fait pour connaître la parentalité en fin de compte. Certains disent qu'un couple qui ne parvient pas à avoir un enfant, n'est peut-être pas compatible. Pour vous, il était hors de question d'envisager une telle idée. Ni même d'envisager d'avoir recours à un don de sperme ou d'ovocytes.  Vous auriez un enfant ensemble, un enfant adopté ou rien du tout. Avec la peine de prison qui a suivit, tu t'es mis en tête que ce serait le "rien". Tu l'as assimilé et accepté. Jusqu'à ce que finalement cette énième grossesse ne vous tombe dessus. Vous étiez persuadés qu'il y avait peu de risque pour qu'elle tombe de nouveau enceinte. En grande partie parce qu'elle a affirmé être ménopausée. Elle a mal lu les signes Marybeth. Mais pour le coup, t'es bien incapable de lui en vouloir. T'as pourtant eus un peu de mal à assimiler et à accepter la chose au début...

25 décembre - flashback :

Premier noël en famille depuis une éternité. T'as encore un peu de mal à te faire à tout ce monde autour de vous, de toi. Et en même temps, t'es évidemment ravi de tous les retrouver. Ta mère aux petits soins, d'une façon relativement exagérée. Vous avez bien fait, Mary et toi, de profiter de quelques jours juste tous les deux. Loin de la ville polluée qu'est New-York. Dans votre petite cabane perdue en plein milieu de la forêt. T'as pris plaisir à faire cette virée aller retour sur ta moto. Autant que t'en as pris à ranger et dépoussiérer votre cabane pour pouvoir y couler quelques jours heureux. T'as pris un plaisir fou à cet instant de vie en pleine forêt. En pleine nature. Des jours que vous vous offrez encore de temps à autre. Rien que tous les deux, quelques week-end par ci par là durant lesquels vous vous enfuyez loin de la grosse pomme. Quant aux retrouvailles avec vos proches, elles se sont faites au compte goutte. Tu ne voulais pas te prendre le tout en plein visage, d'un seul coup. Et ça t'auras au moins permis d'être prêt pour ce noël durant lequel vos deux familles ont décidé de se retrouver. En revanche, ce à quoi tu n'as pas pu te préparer, c'est l'ouverture de tes cadeaux. Des choses relativement simples et logiques. C'est celui que te tend ton épouse quand tu penses les avoir tous ouverts, qui te prend de court. Tu mets un moment avant de comprendre qu'il s'agit d'un test de grossesse. Quand bien même t'as eus l'occasion d'en voir un paquet passer devant tes yeux par le passé.

Sur le coup, tu n'as été que joie euphorique. S'il n'y avait pas eut tant de personnes autour de vous, sans doute même que tu aurais laissé s'échapper une larme ou deux. Mais t'es de ces mecs qui ont beaucoup trop de fierté pour se laisser aller de la sorte. A croire qu'un gars ça ne peut pas pleurer. Tu l'as fait le jour de vos retrouvailles et t'as eus vite fait de reprendre le contrôle pour les faire disparaître ces quelques larmes dans tes yeux. C'est plus fort que toi. T'assumes pas des masses ces instants que tu juges "de faiblesse". Quand bien même Mary affirme le contraire. Prétend que c'est beau, que c'est la preuve que des choses te touchent.  T'en sais trop rien. Ce que tu sais sans l'ombre d'un doute en revanche, c'est que t'as le palpitant qui s'affole sacrément dans ce genre de moment. Et la gorge qui se noue pas mal, certes. Mais ce ne sont que des détails. Et non, tu n'assumes pas du tout le tout. Pas même devant celle qui te connait pourtant mieux que personne. Qui n'a pas eut besoin d'une réaction disproportionnée de ta part devant la découverte de sa grossesse, pour comprendre l'effet que ça avait sur toi. Qui est venue enrouler ses bras fins autour de toi pour te serrer aussi fort que possible tout contre elle, de longues minutes durant.

fin du flashback.

Aujourd'hui plus que jamais, tu réalises ce que vous êtes en train de vivre tous les deux. Plus conscient que jamais du fait que c'est bien votre enfant qu'elle porte. Qui prend maintenant suffisamment de place pour que son ventre commence à s'arrondir. Qui a suffisamment d'énergie ou de force pour manifester sa présence par de légers coups.

L’un comme l’autre, vous avez encore beaucoup de mal à croire à votre chance. C’est presque trop beau pour être vrai. Plus encore parce que vous semblez ne plus avoir l’âge pour ça. Pour pouvoir fonder une famille. Avoir ensemble un enfant biologique. Vous ne pouviez pas même prétendre à l’adoption, avec ton casier judiciaire. Vous l’aviez complètement abandonné l’idée, de toute façon. Que trop conscients du fait que tout était parfaitement réunit pour que les choses s’arrêtent ainsi concernant votre envie de famille. Et vous avez même eus le temps de vous faire à l’idée. Dès l’annonce de ta peine de prison, vous le saviez que vous n’auriez jamais cette chance de fonder ensemble une famille. A vrai dire, tu avais même abandonné l’idée avant ça. La peur d’enchaîner encore de nombreuses fausses couches, aura eu raison de toi de toute façon. Tu n’en pouvais plus de toutes ces peines que vous sembliez vous infliger de façon presque volontaire. A insister encore et encore plutôt que de vous faire une raison et d’accepter le fait que ce serait toujours vous deux et rien que vous deux. Pas de quoi en être tout à fait malheureux non plus te semblait-il alors. Votre amour semblait plus fort que tout, de toute façon. Parce que vous avez été conçus pour être ensemble. Ce qui n’a jamais fait le moindre doute dans vos esprits, à tous les deux. Pourtant, ces tentatives pour enfanter auraient pu avoir raison de votre couple. Elle a toujours été trop bornée à ton goût à ce niveau-là, Mary. Incapable d’accepter cet échec. Quitte à mettre votre mariage en péril alors que tu tentais en vain de lui faire entendre raison.

Tu en as mis du temps avant de vraiment pouvoir envisager l’idée que finalement, oui, tu allais devenir père. Mais maintenant que son ventre s’arrondi comme jamais il ne l’a fait, tu n’as d’autre choix que celui d’y croire. Plus encore alors que tu sens les mouvements sous ta paume exploratrice. Elle t’a prévenu des premiers coups qu’elle a sentis, il y a quelques jours de cela. Mais tu ne pensais pas ça réel. Il te fallait la preuve de la chose. Que tu puisses le constater par toi-même, tout simplement. Et là tu peux effectivement le constater. Et afficher un sourire tout bonnement démesuré. Tu ne savais pas non plus qu’un simple petit coup de pied allait pouvoir te rendre à ce point heureux. C’est pourtant le cas. Tu te retiens de toutes tes forces de hurler ta joie mais tu n’en penses pas moins. Au fond de toi, c’est un feu d’artifice de joie qui explose. Alors même que tu te contentes, à l’extérieur, de sourire et d’offrir un regard brillant à ta chère et tendre épouse. C’est sans te faire prier que tu veilles à graver ce nouveau souvenir dans ton esprit. Il faut dire que vous êtes en train d’en créer tout un tas tous les deux. Deux et demi plus tôt. Même si, là encore, tu peines à assimiler le fait que vous allez réellement être trois, bientôt. Des difficultés à te faire à l’idée parce que, encore une fois, ça te parait être trop beau pour être vrai. Et ce, quand bien même cette certitude se confirme un peu plus chaque jour avec ce ventre qui gonfle de la plus jolie des façons.

Tu n'es pas capable de lui offrir la moindre réponse verbale quand ton épouse te demande si tu as pu sentir le coup. Tu te contentes donc de hocher positivement la tête. Avec une certaine frénésie. T’es un gamin qui découvre le plus beau des cadeaux au pied du sapin. D’autant plus que c’est véritablement ainsi que ça s’est produit. Tu as eu droit à cette annonce le soir du réveillon de noël. Ou plutôt le vingt-cinq, après minuit. Quand vous vous êtes autorisés à vous offrir vos présents. Tu as déjà oublié tous les autres cadeaux alors que depuis ce soir-là, tu ne penses qu’à celui que tu auras réellement dans quelques mois. Plus qu’une poignée de semaines à présent, à vrai dire. Le plus gros de la grossesse étant maintenant passé. Plus que trois mois complets avant que tu ne puisses faire la connaissance avec votre enfant. Votre bébé. Le fruit de votre amour démesuré qui se confirme encore et toujours. Et vous ne savez pas même s’il s’agira d’un garçon ou d’une fille. Parce qu’il s’agit là d’une information pour le moins secondaire. La seule chose qui vous importe, c’est que votre enfant soit en pleine forme. Après une grossesse qui se sera passée le mieux possible. Ce qui semble être bien parti pour le coup. Jusque-là, les médecins sont plus que positifs. Et n’affichent pas le moindre doute quant à la bonne continuité de cette grossesse et de l’accouchement à venir également.

De toute façon, vous n’avez pas besoin de l’information quant au sexe de votre enfant, pour entamer les décorations concernant sa chambre. Vous faites un truc le plus neutre possible à ce niveau-là. Un bébé reste un bébé. Et tu doutes que ta chère épouse devenue bien indépendante en ton absence, ait envie de foutre votre enfant dans une case selon son genre. Elle qui vient de loger sa main sur la tienne pour te guider en direction des parties de son ventre où semble se situer votre bébé. Et ça dure ainsi de longues minutes, sans que tu ne t’en lasses. Tout au contraire. T’es beaucoup trop heureux pour éprouver la moindre lassitude, ça ne fait aucun doute. Tu continues donc d’en profiter très largement. Jusqu’à ce qu’elle n’émette l’idée que tu joues un peu de la guitare pour votre enfant. Et pour elle aussi au passage, t’en es certain. Tu sais qu’elle adore ça quand tu joues pour elle. Et plus encore depuis ton retour chez vous. Comme une preuve véritable de ton retour. Le fait que tu mettes fin au silence qui a sans doute été trop longtemps trop pesant, de cet appartement dans lequel vous vivez depuis bien longtemps tous les deux. Et duquel tu as surtout disparu pendant trop de temps. Dix ans, ce n’est définitivement pas rien. Et en même temps, à l’échelle d’une vie, ça ne semble pas démesuré non plus.

Elle ! Que tu ne peux t’empêcher de la corriger. Tu n’as pas de préférence mais tu dois admettre que l’idée d’avoir une petite fille a germé dans ton esprit jusqu’à prendre beaucoup de place. Jusqu’à se faire certitude pour toi. Et en même temps, tu sais que tu ne seras pas mécontent non plus s’il s’avère que tu t’es trompé et que vous accueillez finalement un petit garçon. Dans tous les cas, tu seras heureux. Parce que tu auras enfin eu la seule chose que la vie semblait vous refuser jusqu’à ce jour. Un enfant. A vous. Un peu de vous deux. Enfin, tu déposes un rapide baiser sur le ventre rond de ton épouse, te redresses en appuie sur une main pour voler un baiser directement à ses lèvres et te lèves. Pour aller récupérer ta guitare qui attend toujours sagement dans un coin de la pièce. Quand tu reviens auprès d’elle, c’est pour t’asseoir à même le sol, le dos contre le canapé à hauteur de son ventre. Histoire de rester à portée de ses doigts. Tu le sais qu’elle aura envie de loger ses doigts sur ton épaule ou dans tes cheveux sombres. Et ça ne sera pas fait pour te déplaire non plus. De la même façon que jouer de la guitare quand elle t’en fait la demande, ne te déplaît pas non plus. Alors tu entames une chanson qu’elle connait aussi bien que toi. Une berceuse que ta mère appréciait tout particulièrement quand tu étais gosse. C’est elle qui t’a fait découvrir le plaisir de la guitare. Elle qui jouait quand vos deux familles se retrouvaient. Elle qui chantait cette chanson quand vous dormiez ensemble tous les trois. Alors tu poses un regard taquin sur le visage de ton épouse pour t’assurer qu’elle l’aura connu. Et avec un peu de chance, elle se rappellera des paroles.