san francisco / les cœurs saignent et s'accrochent en haut de tes bas. (thomella)

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{ Les cœurs saignent
Et s'accrochent en haut de tes bas }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

La tendresse dont il fait preuve… sa douceur. Elle l’apaise lentement… sûrement. Elle fait naître une vague de soulagement, comme un nœud qu’il desserre dans son cœur. Il calme, de toute son affection, un peu de toute cette douleur. Il illumine, aussi, une âme trop souvent noyée sous la noirceur. Elle aurait presque envie de rester dans cette position, dans cette étreinte, dans ses caresses. Jusqu’au bout de la nuit. Jusqu’à la fin de sa vie. Mais l’écorchée vive n’a pas l’habitude d’être si démonstrative. Sensible, trop sensible même, elle le cache sous une montagne de cynisme. Car c’est plus facile de paraître sans cœur que de révéler, en réalité, combien il bat jusqu’à la faire plier. Jusqu’à la torturer. Doucement, la ténébreuse s’efforce de reculer, pour mieux le regarder. Ses opales plongées dans les siennes, elle garde leurs doigts entrelacés, sans pouvoir davantage s’éloigner. Sa vision de l’amour est sombre, obscurcie par la souffrance qu’elle ressent depuis des années. Une souffrance si immense qu’elle a éclipsé, après tout ce temps, le peu de bonheur dont elle a pu profiter. Comme si tu ne te souvenais plus, ce que c’était. Comme si tu ne savais plus, aimer. Mais tu sais, moins encore, être aimée. Attentif, attentionné au possible, son confident ferait tout pour la comprendre. Même s’il n’a jamais éprouvé ce qu’elle ressent. En guise de réponse, à ses mots d’encouragement, la belle abîmée détourne la tête, trop abattue. Trop perdue. Il y a longtemps que t’as cessé de te battre… parce que tu le faisais, autrefois. Tu y croyais, autrefois. Mais ça ne t’a rien apporté. Ça ne t’a jamais rien donné. Non, Ella, tu n’es définitivement pas faite pour le bonheur. Pas prête, non plus, à briser encore ton cœur. C’est le silence qui répond, juste avant que son acolyte ne décide subitement de bondir du lit. Surprise, la jeune femme le suit de ses grands yeux noirs ahuris alors qu’il s’agite, déjà prêt à lui faire découvrir la ville. Si elle n’est jamais venue à San Francisco, elle n’imaginait pas faire du tourisme. C’est pour voir la mère de son ami qu’ils sont venus ici. C’est pour apaiser son âme meurtrie qu’ils ont entrepris ce périple. Mais peut-être que cela lui ferait du bien. Peut-être que c’est ce dont il a besoin. Alors, c’est sans hésiter que t’es prête à le suivre. Tu irais n’importe où, Ella, juste pour le voir sourire. Juste pour le voir heureux… parce qu’il paraît bien heureux, en ce moment, Thomas. Plus heureux qu’il ne l’était il n’y a pas si longtemps. Elle ne sait pas ce dont il s’agit, mais quelque chose lui dit que cela a tout à voir avec cette fille. Mystérieuse jeune femme qui semble l’avoir captivée, suffisamment pour qu’il veuille lui en parler. Poussée par la curiosité, la tourmentée veut tout savoir. Elle n’a pas besoin d’attendre longtemps puisque, à peine sortis de la chambre, il la pousse lui-même à lui faire subir son interrogatoire. – Comment elle est ? Comment tu l’as rencontrée ? Sa main dans celle de son ami, la belle le suit dans les rues de cette ville qu’elle ne connaît pas. C’est bien rapidement qu’elle choisit de poser la question la plus importante. – Qu’est-ce qu’il se passe entre vous ? elle l’interroge, un fin sourire sur les lippes. Plus intéressée par ce qu’il a bien à lui raconter que par les décors offerts dans cette ville. Son ami, indéniablement, plus précieux que le tourisme.

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{ Les cœurs saignent
Et s'accrochent en haut de tes bas }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

Les heures qu’ils s’apprêtent à vivre ne seront pas faciles.
Elles seront douloureuses, tortueuses pour lui. Mais pour elle aussi. Parce qu’elle a fini par s’attacher à Thomas, elle aurait le cœur aussi meurtri que le sien si ces retrouvailles avec sa mère se passaient mal. Si le face-à-face avec l’homme qui l’a fait tant souffrir, se passait mal. Elle ne sait que trop bien combien il a souffert, lui aussi. Autant qu’elle, peut-être même plus qu’elle. Ce qu’il a subi de son beau-père est affreux, tellement monstrueux. Au-delà de la complicité qui a su naître au fil du temps, c’est peut-être elle qui les a rapprochés la première, la souffrance. C’est ce qui les pousse à être présents, l’un pour l’autre, l’un avec l’autre. Toujours, en toutes circonstances. C’est bien pour cette raison également que t’es venue avec lui, Ella. Pour être là. Elle appréhende un peu, la tourmentée, mais l’instant n’est pas encore arrivé. Ils ne sont encore que tous les deux, rien que tous les deux, pour profiter de cette douce soirée. Les confidences délivrées de son côté, la ténébreuse est bien décidée à en savoir plus à son tour. La première surprise passée, elle accepte de le suivre, dans les rues de la ville, faire un peu de tourisme. Mais son attention reste braquée sur son précieux ami. Lui et tout ce qu’il se doit de lui confier, lui qui ne lui a rien dit. Elle découvre, finalement sans grand étonnement, qu’il a rencontré une fille. La raison, peut-être, de ce sourire retrouvé sur ses lippes. Elle apprend par contre, sans du tout s’y attendre, qu’il l’a rencontrée dans un club de striptease. – Ah ouais, carrément. Tu caches bien ton jeu, toi ! elle le taquine, l’esquisse d’un sourire empreint de malice. Elle ne juge pas la manière dont il a rencontré cette femme, elle n’essaie même pas d’avoir plus de détails. Elle est prête à accepter seulement ce qu’il voudra bien lui confier… Comme il l’a fait avec toi, avec patience, avec confiance. Il t’a seulement laissé parler, sans jamais te forcer. Il t’a laissée te livrer. C’est à toi de lui rendre la pareille, à toi d’en faire de même… il le mérite bien, Thomas. La sulfureuse découvre également que la demoiselle se prostitue. Il se sent proche d’elle, différemment des autres, différemment de ce qu’il a connu avant elle. Et puis, enfin, il lui confie, avoir couché avec elle. Sans l’interrompre, la belle s’installe à ses côtés à l’entrée de ce skate parc. Les jambes lâchées dans le vide, elle les fait bouger distraitement, alors que ses opales se tournent vers son ami. – J’espère que… ça s’est bien passé. lui dit-elle, cette fois sans le taquiner, la voix bien plus douce. Elle sait que c’est un moment important pour la plupart des gens, la première fois, plus encore pour lui qui a subi la violence avant d’en connaître l’affection. Elle lève son regard vers le ciel, en quête des lumières célestes, alors qu’elle ajoute. – Et j’espère que tu vas être heureux, avec elle ou même sans elle… j’veux dire, c’est encore plus dur d’être bien, tout seul, tu vois. Elle le sait, Ella, elle a été brièvement heureuse lors de ses premiers émois… mais, au fond, elle n’a jamais appris à être heureuse toute seule. Ni même à vivre toute seule. – Mais, dans tous les cas, sache que moi, j’suis là. Elle est là, Ella, elle sera toujours là. Elle a abandonné trop de personnes pour refaire cette erreur. Elle ne le fera pas avec celui qui a désormais sa place tout entière dans son cœur.

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Et s'accrochent en haut de tes bas }
crédit/ tumblr ☾ w/@Thomas Farrel

L’appréhension de Thomas est palpable, comme une tension qui prend place dans l’atmosphère. Comme une peur irraisonnée mais bien compréhensible qu’il parvient aisément à lui transmettre. Elle ressent son angoisse comme si c’était elle qui allait vivre ce moment si difficile, Ella. Elle éprouve si intensément toutes les craintes de son ami, elle n’ose même pas imaginer combien lui doit les ressentir. C’est bien pour cette raison que, malgré tout ce qui pourra arriver, elle veut être là pour lui. Que la mère du jeune homme puisse penser qu’elle est sa petite-amie, à côté de tout le reste, c’est bien minime. Mais l’éventualité envisagée déclenche un léger rire de la féline alors qu’elle hausse les épaules avec nonchalance. – Ça me dérange pas de jouer la copine parfaite si tu veux. Cela aurait le mérite de les détendre, un peu, de jouer un tel rôle. Elle est loin d’être la petite-amie parfaite, Ella. Dans la seule véritable relation amoureuse qu’elle ait eue, elle a trahi l’homme dont elle était pourtant amoureuse. Mais elle sait bien mieux faire semblant. C’est bien ainsi, après tout, qu’elle est parvenue à survivre financièrement depuis des années. Elle séduit les hommes pour mieux trouver son intérêt. Mais, avec Thomas, c’est bien différent. Elle ne se pose pour autant pas de questions. Elle veut seulement être là pour lui, rien d’autre n’a plus d’importance pour elle durant ce séjour. Et, parce qu’elle sent qu’il est de plus en plus angoissé, la tourmentée s’efforce de changer de sujet pour parler du sourire qu’il semble avoir retrouvé.  Il ne semble pas avoir de difficultés à se confier à elle, ce qui la touche assurément. Elle l’écoute avec attention lui parler de cette femme puis, surtout, de ses résolutions pour l’avenir. Il ne veut plus souffrir. Cela paraît être, comme, une évidence à ses yeux. C’est si différent pour l’âme en détresse. Torturée, l’âme à l’agonie, elle déploie toutes les forces qui lui restent dans le seul fait de survivre. Ils ont ce point en commun, tous les deux, la souffrance. C’est elle qui les a unis rapidement, instinctivement. C’est elle qui a rendu leur relation aussi fusionnelle. Mais elle est heureuse d’entendre qu’il est prêt à laisser tous ces démons le quitter. C’est précisément la raison pour laquelle ils sont venus dans cette ville retrouver son passé. – Bien sûr que non, t’as rien fait de mal. T’as raison, t’as le droit d’être heureux, Thomas. elle affirme en glissant son bras autour de sa taille pour l’enlacer. Elle ne saurait pas en dire autant, Ella, elle n’a jamais trouvé le courage de se relever. Mais que lui, après tout ce qu’il a subi, soit capable de le faire, lui donne peut-être un infime espoir d’y parvenir à son tour un jour. Un faible sourire apparaît sur le visage de la belle écorchée quand, justement, elle l’entend lui demander si elle est heureuse. Il le sait, Thomas, qu’elle n’est pas heureuse. Il l’a vue s’effondrer, il y a quelques heures à peine. Et, au-delà de cette peine de cœur, il y a beaucoup trop longtemps qu’elle vit l’âme en peine. – Là, tout de suite, je suis bien avec toi. Mieux vaut prendre la vie comme elle vient, comme il l’a lui-même énoncé, n’est-ce pas ? Elle sentira les démons la submerger bien assez tôt. En attendant, elle a seulement envie de savourer ces quelques heures de répit accompagnée de son ami.